Épluchure

De Cinémancie
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Photogramme – Épluchure 1. Viridiana, Plan 40a. Viridiana qui épluche une orange.

Autres titres de films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Exécution Ordinaire (Une)
§. L'automne 1952. Une jeune médecin urologue et magnétiseur qui pratique dans un hôpital de la banlieue de Moscou cherche désespérément à tomber enceinte de son mari, un physicien désabusé qui ne survit que grâce à l'amour qui le lie à sa femme. (Lire la suite : [1] (Pitch du film.)
Exécution Ordinaire (Une) Dugain Marc Dugain Marc 2010 France 105
Hironedelle ne fait pas le Printemps (Une)

§. Sandrine cherche à fuir le stress parisien et son travail d'informaticienne pour s'installer dans une ferme isolée sur le plateau du Vercors et devenir agricultrice.(Lire la suite : [2](Pitch du film.)

§. Adrien re-épluche les épluchures de Mathilde.
Hironedelle ne fait pas le Printemps (Une) Carion Christian Assous Eric et Carion Christian 2001 France 103
Maison des Esprits (La)
§. Dans l'Amérique du Sud des années 20, un riche propriétaire terrien, Esteban Trueba, épouse Clara, une jeune femme dotée d'étranges pouvoirs et du don de divination. (Lire la suite : [3] (Pitch du film.)
House of the Spirits (The) August Bille Aaes Annemarie, August Bille, d'après Allende Isabelle 1994 USA 140
Miroir (Le)

§. Φω. Plan 145

Zerkalo Tarkovski Andreï Tarkovski A.

Micharine A.

Et poèmes d'Arseni Tarkovski.
1975 URSS 106
Pledge (The) Pledge (The) Penn Sean Kromolowski Jerzy, Olson-Kromolowski Mary 2001 USA 124
Viridiana Viridiana Buñuel Luis Buñuel L.
Alejandro J.
1961 Mexique
Espagne
90
Tristana
§. Don Lope est un grand bourgeois tolédan d'âge mur, oisif, libéral, anticlérical et don juan. Orpheline, Tristana est recueilli par cet aristocrate vieillissant de Tolède, qui devient son tuteur, puis son amant. (Lire la suite : [4](Pitch du film.)
Tristana Buñuel Luis Alejandro Julio, Buñuel Luis d'après le roman de Galdós Benito Pérez 1970 Espagne, France, Italie 105
Visiteur (Le)

§. La Mère et l’Enfant qui épluchent des pommes de terre.

Φω. 25, plan 52.
Muukalainen Valkeapää Jukka-Pekka Forsström J.
Valkeapää J.-P.
2008 Finlande, Angleterre, Allemagne 98


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Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films

L’épluchure dans Viridiana de Luis Buñuel

Version courte

Photogramme - Épluchure 2 : Viridiana, Plan Plan 40b. Don Jaime admiratif devant l’épluchure d’orange.
Photogramme - Épluchure 2 : Viridiana, Plan Plan 40b. Don Jaime admiratif devant l’épluchure d’orange.


Viridiana épluche une orange. L'épluchure forme en se déroulant une longue spirale. (Cf. Photogramme – Épluchure 1. ) Elle pose le fruit sur une soucoupe et la porte à don Jaime, qui est assis près de la cheminée.


Don Jaime est en train de nettoyer ses pipes. Il les abandonne pour admirer la spirale : "Je n'ai jamais su faire çà, je suis très nerveux." (Cf. Photogramme – Épluchure 2.)


Encore une problématique à inclure dans le cadre de la géométrie cinémantique. Ne peut-on pas voir dans cette forme une espèce de déroulement de la destinée ?

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Version longue

Chapitre 10 : 0h 15’ 32’’ – 0h 16’ 52’’ : Plan 40. La fin du déjeuner – Explication sur le somnambulisme de Viridiana

Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme – Épluchure 1. (bis) - Plan 40a. Viridiana qui épluche une orange.
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme – Épluchure 1. (bis) - Plan 40a.
Viridiana qui épluche une orange.

Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme – Épluchure 2. (bis) - Plan 40b. Don Jaime admiratif devant l’épluchure d’orange..
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme – Épluchure 2. (bis) - Plan 40b.
Don Jaime admiratif devant l’épluchure d’orange.
  • Photogramme – Épluchure 1. (bis) – Plan 40a.   0h 15' 32" : Gros plan sur les mains de Viridiana en train de peler un fruit. L’épluchure forme en se déroulant une longue spirale. Elle pose le fruit sur une soucoupe et la porte à Don Jaime, qui est assis près de la cheminée, où un beau feu est allumé. Don Jaime est en train de nettoyer ses pipes. Il les abandonne pour remercier sa nièce de son chef-d’œuvre. Il admire la spirale : « Je n’ai jamais su faire ça, je suis très nerveux. (Cf. Photogramme – Épluchure 2. (bis) – Plan 40b )

- Viridiana (Elle contemple le feu. Puis elle se rapproche de Don Jaime, l’air perplexe.) : Pourquoi ne m’avez-vous pas réveillée ?
- Don Jaime (En train de manger son fruit.) : On dit que c’est dangereux.
- Viridiana : Ne le croyez pas. Il y a quelques années, la dernière fois où je me suis promenée endormie, on m’a réveillée en me giflant. Et vous voyez je suis encore vivante ! (Soudain, son visage s’assombrit.) Ce qui me préoccupe, c’est d’avoir porté des cendres sur votre lit.
- Don Jaime : Pourquoi ? Ce n’est pas plus étrange qu’autre chose. Les somnambules ne savent pas ce qu’ils font.
- Viridiana (En secouant la tête négativement.) : Non, mon oncle. Les cendres veulent dire pénitence, et mort.
- Don Jaime : Alors, la pénitence pour toi, qui vas être nonne, et la mort pour moi, qui suis le plus vieux. (Viridiana s’est assise. Ramona qui est entrée un instant auparavant sert une tasse de café à Don Jaime.) Demain, si tu veux bien, je t’accompagnerai au village quand tu partiras.
- Viridiana : Merci, mon oncle.
- Don Jaime (Regarde la pipe qu’il est en train de bourrer.) : Ce soir, il faudra faire quelque chose de spécial en signe d’adieux.
- Viridiana : Ce que vous voudrez.
- Don Jaime (Tend à sa nièce un morceau de fruit. Elle le prend et avec un air faussement détaché.) (Cf. Photogramme 40 – Plan 40c ) : Je voudrais que tu me fasses un plaisir. Une chose innocente, mais qui me tient beaucoup à cœur.
- Viridiana : Aujourd’hui, je ne peux rien vous refuser.
- Don Jaime : Alors, tu feras ce que je te demanderai ?
- Viridiana (Sans inquiétude, mord sur le quartier de fruit que son oncle lui a donné.) : Ce que vous voudrez. Ordonnez-moi.
- Don Jaime  (Il la regarde avec gratitude. Mais aussitôt il est plein de pudeur.) : Non, attends… (Il sourit gauchement.) Quelle sottise ! Cela me coûte beaucoup de te le dire.  » (Il prend une gorgée de café, rallume sa pipe. Il hoche la tête comme s’il avait pitié de lui-même.)

Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme 40 - Plan 40c. Don Jaime tend à sa nièce un morceau de fruit.
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme 40 - Plan 40c.
Don Jaime tend à sa nièce un morceau de fruit.
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Est-ce que le morceau d’orange est une allusion au fruit défendu ? Au corps de Viridiana ?

Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme – Épluchure 2. (bis) - Plan 40b. Détail Un agrandissement de l’épluchure d’orange.
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme 39 (bis) - Plan 40b. Détail
Un agrandissement de l’épluchure d’orange.

Reprenons dès le début, c’est Viridiana qui épluche le fruit et qui l’apporte sur une soucoupe, pour l’offrir à Don Jaime. C’est métaphoriquement, comme si elle s’offrait, inconsciemment à Don Jaime. Il en est de même quand Don Jaime contemple la spirale de l’épluchure, il admire la dextérité de Viridiana à découper la « peau » du fruit avec précision, mais ne peut-on pas dire qu’il contemple le « corps » de Viridiana ? « Un corps parfait qui se déroule devant lui », et qu’il tient par la main. Un corps qui est à la portée de sa main, et ça va être le cas. D’ailleurs, si l’on observe attentivement le photogramme du plan 40b, détail, nous constatons une similitude schématique frappante, (un parallélisme de plus, doublée d’une résonance), entre le corps de Viridiana et l’épluchure. En effet, l’amorce de l’épluchure qui est ronde, correspond à la tête et le reste de la spirale au corps. De plus, l’image montre Viridiana de dos, en face du feu de la cheminée. Le feu de sa détermination qui va hélas, indirectement céder.

Mais ne peut-on pas également déduire que la forme générale de l’épluchure, telle qu’elle est représentée dans le plan 39, devient une métaphore globale du « fruit défendu » ? Ne devient-elle pas ainsi, à la fois, l’arbre, le serpent et le fruit ? Nous assistons alors, à une intense condensation (concentration) et une inversion de la scène biblique de l’histoire d’Adam et d’Eve, puisque c’est Don Jaime qui donne un morceau du fruit à Viridiana. [5]


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La relation de l’épluchure avec les cendres

Il reste enfin un autre point important que nous risquons de passer sous silence, car très souvent, nous n’établissons pas de lien entre les plans, nous avons tendance à les traiter séparément, sans chercher les relations et les combinaisons qui peuvent s’établir entre eux, nous avons déjà parler de ces aspects. Ainsi, en ce qui concerne la scène de l’épluchure, il est important de se rappeler ce qui s’est passé dans les plans précédents et qui sont en étroite relation avec celui-ci, et c’est d’ailleurs ce qui préoccupe Viridiana. Il s’agit des plans 23 – 33, les cendres sur le lit de Don Jaime. Nous retrouvons alors un autre parallélisme :

[Parallélisme 4]  : Viridiana vide la corbeille de cendre sur la couverture près des fleurs d’oranger (0h 12' 49") / Viridiana pose l’épluchure et l’orange sur une soucoupe et la porte à Don Jaime (0h 15' 32")

Ce qui est pertinent dans ce parallélisme et qui offre un dénominateur commun, c’est que les cendres et l’épluchure sont des « restes », pour ne pas dire des déchets ; le premier c’est ce qui reste d’une combustion, le second c’est l’enveloppe, la peau, à retirer pour accéder au fruit. Or, dans les deux cas, c’est Viridiana qui apporte les restes à Don Jaime.

A présent observons la descente de Don Jaime dans une spirale dangereuse.


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Liens spécifiques du film



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Pledge (The), de Sean Penn

The Pledge de Sean Penn. Photogramme – Épluchure 3. 0h 42’ 05’’. Jerry fume une cigarette et l’écrase dans l’épluchure d’une orange.
The Pledge de Sean Penn. Photogramme – Épluchure 3. 0h 42’ 05’’. Jerry fume une cigarette et l’écrase dans l’épluchure d’une orange.

The Pledge de Sean Penn. Photogramme – Épluchure 4. 0h 42’ 22’’. Stan qui prend la cigarette écrasée dans l’épluchure pour les jeter dans la poubelle.
The Pledge de Sean Penn. Photogramme – Épluchure 4. 0h 42’ 22’’. Stan qui prend la cigarette écrasée dans l’épluchure pour les jeter dans la poubelle.

Jerry a fait la promesse de trouver le meurtrier de Ginny Larsen, mais il est à la retraite. Il rend visite à son collègue, l’inspecteur Stan Prolack afin d’obtenir des informations sur d’autres crimes similaires.

Dans son bureau Stan mangeait une orange, et Jerry fumait une cigarette. (Cf. Photogramme – Épluchure 3.) L’épluchure de l’orange va devenir un substitut de cendrier. Jerry écrasera sa cigarette dans l’épluchure, et Stan va jeter l’ensemble dans la poubelle. (Cf. Photogramme – Épluchure 4.)

Il nous semble que ce petit détail est important, il résume la situation de Stan vis-à-vis de Jerry. En effet, le geste de Stan est révélateur, il indique d’abord, une personne qui presse un fruit pour en tirer tout le jus, ensuite il jette l’ensemble dans la poubelle. C’est en fait un présage (ou une apodose) qui résume la situation du film, puisque Jerry va s’investir totalement dans l’affaire, il va en quelque sorte « donner tout son jus », et à la fin, Stan, va tourner le dos à Jerry et le quitter à un moment fatidique, comme si cela signifiait : « le jeter à la poubelle ».

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Notes et références

  1. Cette dernière est à son grand effroi appelée secrètement à soigner Staline, malade, au seuil de la mort, et qui vient de se débarrasser de son médecin personnel. Le dictateur s'insinue dans le couple et installe avec la jeune femme une relation où se mêlent confidences et manipulation. Tour à tour amical et pervers, le monstre livre son art de la terreur comme on ne l'a jamais vu.
  2. Adrien est un vieux paysan décidé à vendre son exploitation. Mais il n'a pas envie de transmettre son savoir, surtout à une Parisienne qui le dérange dans son train-train quotidien. En proie à des difficultés financières, il lui cède toutefois sa ferme mais n'envisage pas de l'épauler. Seule, Sandrine va s'occuper de la chèvrerie, veiller à l'aménagement de l'ancienne étable en gîte de montagne et mettre en place un site Internet pour vendre ses produits. Dubitatif, Adrien va la regarder transformer la ferme où il a passé toute sa vie. Ces deux personnes aux caractères diamétralement opposés vont devoir cohabiter pendant un hiver et un printemps. Peu à peu, des liens très forts vont se nouer entre eux.
  3. La popularité politique d'Esteban s’accroît et il voit sa famille se déstabiliser. L'éclatement politique du début des années 70, achève de les séparer, brisant les espoirs de bonheur de sa fille.
  4. Mais bientôt, elle l'abandonne et part vivre avec un peintre, Horacio. Quelques années après, la jeune femme revient malade d'une tumeur à la jambe...
  5. Nous imaginons que cette hypothèse peut surprendre et que l’on est en droit de poser la question de sa légitimité. Après tout, est-on obligé de pousser une hypothèse à un tel degré ? Ce que l’on peut dire, c’est que nous n’inventons rien. L’analyse part toujours à partir de l’image, et c’est à l’appui des données des images que nous arrivons parfois à des hypothèses surprenantes.
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