Psychanalyse
« Jung résume l'esprit en trois temps :
1. L'esprit contient un principe psychique spontané de mouvement et d'activité ;
2. Il a la qualité de créer librement des images au-delà de notre sens de la perception (…) ;
3. L'esprit développe un sens de la manipulation autonome et souveraine de ces images. »
— Maire-Louise von Franz. [1]
Autres titres de films
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
A dangerous Method §. La liaison passionnelle de C. G. Jung et d'une de ses patientes, Sabina Spielrein, sur fond d'histoire de la psychanalyse et de confrontation avec Sigmund Freud. (Pitch du film.) |
A dangerous Method | Cronenberg David | Hampton Christopher, d'après le roman de Kerr John | 2011 | Allemagne, Angleterre, Canada, Suisse | 93 |
Andreï Roublev | Andreï Rublyov | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Konchalovsky A. |
1969 | URSS | 215 |
Confidences Trop Intimes §. Anna devait commencer une cure de psychnalyse. Elle se trompe de porte et entre dans le cabinet d'un conseiller fiscal. Un jeu étrange se met en place. (Pitch du film.) |
Intimate Strangers | Leconte Patrice | Leconte Patrice, Tonnerre Jérôme | 2004 | France | 104 |
Conséquences de l'Amour (Les) §. Titta di Girolama vit depuis huit ans dans une chambre d'hôtel d'un petit village suisse. Huit ans à passer du hall au bar de l'hôtel, sans parler à qui que ce soit. Quels sont ses secrets ? (Pitch du film.) |
Conseguenze dell'Amore (Le) | Sorrentino Paolo | Sorrentino Paolo | 2004 | Italie | 99 |
Folle mission du docteur Schaefer (La) §. Un psychanalyste engagé par la CIA pour soigner le président des États-Unis, déchante vite et décide de s'enfuir. Mais la CIA ne l'entend pas ainsi. (Pitch du film.) |
President's Analyst (The) | Flicker Theodore J. | Flicker Theodore J.n | 1967 | USA | 103 |
Maison du Docteur Edwardes (La). §. Constance, médecin dans un asile d'aliénés, cache le nouveau directeur chez son professeur qui va analyser les rêves du directeur, devenu malade, et trouve l'origine de son déséquilibre. (Pitch du film.) |
Spellbound | Hitchcock Alfred | Hecht Ben, Hitchcock Alfred et Romm May E. | 1945 | USA | 111 |
Mathilde | Mathilde | Mimica Nina | Mimica Nina | 2004 | Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne | 97 |
Passage à l’Acte §. Un psychanalyste à la vie dissolue est confronté à un patient difficile qui se vante de ses crimes. Se pose alors un cas de conscience. (Pitch du film.) |
Passage à l’Acte | Girod Francis | Girod Francis, Miller Gérard, Grisolia Michel d'après le roman Neutralité Malveillante de Gattégno Jean-Pierre | 1996 | France | 105 |
Pledge (The) | Pledge (The) | Penn Sean | Kromolowski Jerzy, Olson-Kromolowski Mary | 2001 | USA | 124 |
Extrait de page : Les origines de la cinémancie
Psychanalyse et cinéma
Dans L'inquiétante étrangeté, ou Sigmund Freud analyse le Moïse de Michel-Ange, il fut vivement séduit par le procédé d'un amateur d'art italien, Morelli, qui consistait de détourner le regard de l'impression d'ensemble ou des grands traits d'un tableau et à mettre en relief : (…) "L'importance caractéristique de détails secondaires, … ongles des mains, des lobes des oreilles, …" Freud conclut : "Je crois que son procédé est étroitement apparenté à la technique de la psychanalyse médicale. Celle-ci aussi est habituée à deviner des choses secrètes et cachées à partir de traits sous-estimés ou dont on ne tient pas compte, à partir du rebut - du "refuse"[2] - de l'observation."[3] D'autre part, B. Balázs admet que (…) "la psychanalyse a été une bonne étude préparatoire à la représentation filmique des représentations intérieures."[4] Par ailleurs, Roger Dadoun écrit : (…) "Il est frappant de voir à quel point psychanalyse et cinéma parlent un langage voisin sinon commun, arpentent et creusent les mêmes terrains, la psychanalyse par le mot et la mise en concept, le cinéma par l'image et la mise en scène."[5] Plus loin, il fait remarquer que c'est en 1895, qu'on voit apparaître le premier livre de Freud, Etudes sur l'Hystérie et la première projection du cinématographe Lumière, qui a lieu le 28 décembre de la même année. Il conclut : (…) "Un tel phénomène culturel de naissance jumelle offre plus qu'une anecdotique coïncidence, il se révèle comme le fruit de recherches caractérisées par un parallélisme frappant."[6]
Or, la cinémancie ressemble au procédé de Morelli, sauf que l'importance des détails est mise en rapport avec l'ensemble de l'œuvre. Ainsi, trois grandes caractéristiques vont nous intéresser. D'abord, il s'agit de la question des détails, à ce propos, B. Balázs écrit : (…) "que nous pouvons observer de près… en quelque sorte, les atomes de la vie (qui nous révèle ici ses secrets les plus intimes, les plus cachés), mais encore, que cette intimité du détail et sa valeur d'ambiance sont préservées d'une manière bien différente qu'au théâtre ou dans une peinture…[7] La seconde caractéristique concerne le mécanisme du "transfert", "qui fait le patient projeter et fixer sur la personne de l'analyste des figures, émotions, sentiments, "imagos" qui encombrent, obèrent, bloquent ou enrayent le "vécu de l'individu".[8] Enfin, la troisième caractéristique s'intéresse à "l'aliénation", "précisément fondé sur l'exceptionnelle aptitude au cinéma à pénétrer dans la constitution psychique du sujet, à violer et voler "pensées et sentiments", à les remplacer par d'autres choisis et imposés par des pouvoirs extérieurs, rendant ainsi l'individu "étranger" à lui-même."[9]
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski
Le rêve de la tête dévissée
- Le rêve de la tête dévissée (Plans 274 - 270)
Mathilde, de Mimica Nina
Résumé du film
Sur une plage, on retrouve le cadavre d'un colonel des Casques bleus. Auprès de lui, une adolescente mutique, Mathilde. De nationalité croate, la jeune fille est accusée du crime et arrêtée. Un docteur (pédo-psychologue) est chargé par l'ONU de comprendre comment le chemin de cette enfant perdue a croisé celui du défunt. Il découvre peu à peu la vérité : l'officier De Petris avait choisi Mathilde comme appât pour débusquer un des criminels de guerre recherchés par le Tribunal pour l'ex-Yougoslavie. Mais son plan ne prévoyait pas qu'il tombe lui-même amoureux et se trouve ainsi entraîné dans un piège mortel.
Chapitre 1 : Ouverture
Plan 61 : 0h 02' 44": Flashforward. Première apparition de Mathilde en présence du Docteur. Ils sont silencieux.
Plan 69 : 0h 03' 03": Flashback. Le Docteur est en compagnie dun capitaine sur la plage près de corps de De Petris. Il est chargé de questionner Mathilde, car elle a avouée qu’elle a tuée le colonel. Le Docteur incrédule demande : « Pourquoi-moi ?
- Parce que vous connaissez le véritable meurtrier : un criminel de guerre serbe, responsable du meurtre de plus de 200 enfants (…) Aidez-nous à capturer l’homme qui a tué votre femme et votre fils. »
Il s’agit de Paradic, que nous verrons furtivement dans le plan suivant.
Photogramme - Plan 81. 0h 03' 44" : Flashforward. Le Docteur tente de faire parler Mathilde : « On peut-être des amis, Mathilde ? » En guise de réponse, Mathilde écrit quelques mots sur une feuille : « Fuck You ».
Plan 101 : 0h 04' 27": Le Capitaine croate continue à informer le Docteur : « De Petris et Mathilde ont passé une nuit ensemble. Elle n’a révélée que ça.
- Que s’est-il passé, en bas ?
- Elle le sait, elle. Faites-la parler, cette garce. »
Photogramme - Plan 103 : 0h 04' 41": Flashforward. Mathilde ne veut toujours pas parler, elle est très agitée, elle donne un coup de pieds à une poubelle, en disant au Docteur : « T’as qu’à parler, toi.
- Voyons voir. Il était une fois une jeune fille qui s’appelait Mathilde. » Transition narrative avec le plan suivant.
Chapitre 2 : Mathilde avec un « h »
Photogramme - Plan 459 : 0h 21' 52": Flashforward. Mathilde fume une cigarette en présence du Docteur. Elle pose la cigarette debout sur la table. Elle s’incline de côté, en regardant les volutes de fumée, et dit, presque pour elle-même : « Regarde, c’est des nuages qui dansent au-dessus des océans. » Progressivement, le Docteur commence à s’attacher à Mathilde (comme d’ailleurs, tous ceux qui l’approchent). Il la regarde avec émerveillement.
Chapitre 4 : Le billet pour Mostar
Plans 882 - 903 : 0h 42' 56"- 0h 44' 25" : Flashforward. Mathilde très affectée, regarde le vide par une fenêtre. Le Docteur hésitant, lui demande doucement : « Mathilde, le colonel a été tué par un 5,75. Tes armes à toi, c’était vraiment des 5,75 ?
- Sûrement que oui.
- Je devrais le savoir.
- D’habitude, je deale des winchesters.
- Chut ! Ces cons pourraient te croire.
- Je veux qu’ils me croient. Et toi aussi. Qu’est-ce que tu veux d’ailleurs ?
- Je veux que Paradic paie pour tous ces crimes. Je veux te voir libre. » Mathilde prend un sandwich enveloppé d’un aluminium :
- « Qui te dit que je ne suis pas libre ?
- Comment tu comptes sortir d’ici ? Grâce à ton Plan Parfait ?
»
Mathilde sourit quand elle a entendue les deux mots magiques « Plan Parfait » et jette le sandwich dans la poubelle.
Chapitre 5 : Les découvertes du Docteur
Photogramme - Plan 987 : 0h 51' 02": Flashforward. Le Docteur essaye de soutirer des informations auprès de Rita. Cette dernière refuse. Le Docteur insiste. Rita lui arrache un dessin de Misho de la main du Docteur est écrit au dos, un nom : Kraj. C’est le village natale de Mathilde, Rita ajoute : « Les parents de Mathilde sont morts. Tués par le premier obus qui a touché le village. »
Plan 1002 : 0h 52' 12" : A Kraj, un village en ruines, le Docteur rencontre un facteur qui continuait à distribuer le courrier dans des maisons inexistantes. Le Docteur demande au facteur s’il connaît Mathilde. Ce dernier répond : « Mathilde ? Elle s’appelle Maria ! Elle nous rendait fous avec tous ses noms. Qu’est-ce qu’elle devient ?
- Je cherche sa maison.
- Moi aussi. J’ai des amendes à déposer. »
Photogramme - Plan 1028 : 0h 52' 35": Le docteur, à l’appui d’un dessin de Misho, suppose que la maison de Mathilde est une maison avec une girouette munie d’un coq. [10]
Par ailleurs, le dessin de l’enfant est révélateur, nous distinguons, un coq bleu qui baigne dans un ciel orange, chargé de nuage bleus mais par endroit le ton est plus clair. La sérénité du ciel est troublée par la présence de nombreux traits. Est ce que ces traits suggèrent la représentation enfantine des petits bonhommes, en forme de bâtons ? Dans ce cas alors, l’image peut représenter la mort, les âmes des trépassés qui montent au ciel. Nous y reviendrons sur ce dessin.
Photogramme - Plan 1031 : 0h 52' 46": Le Docteur indique au facteur en pointant le desin de Misho sur une maison au bout du village avec une girouette, en lui disant : « C’est celle là.
- Vous êtes fou ? C’est la maison de Paradic… Celle de Maria est plus loin. »
Plan 1023 : 0h 53' 26" : Le facteur demande au Docteur de dire à Mathilde (Maria) de : « Payer l’électricité. S’ils s’aperçoivent que personne ne vit ici, je perds mon boulot. Et j’ai une mère, une grand-mère et un chien à nourrir. Maria elle n’a personne à charge.
- Elle a un petit frère.
- Non, elle est fille unique.
- Et Misho, alors ?
- Vous le connaissez ? »
Pledge (The), de Sean Penn
23ème chapitre : Jerry chez la doctoresse.
- Jerry cherche des réponses (1h 04’ 30’’)
Voir
- Les associations : Le rêve (C. G. Jung)
- Parapsychologie (C. G. Jung)
- Psychopathologie de la vie quotidienne (S. Freud)
- La théorie de l'appareil psychique : Le « ça » le « moi » et le « surmoi » (S. Freud)
Notes et références
- ↑ La psychologie de la divination. Éditions Albin Michel, 1995, Paris. p. 25.
- ↑ C'est S. Freud qui souligne.
- ↑ Sigmund Freud, L'inquiétante étrangeté et autres essais, traduit de l'allemand par Bertrand Féron, Editions Gallimard, Paris, (1924, dans la suite de notre texte, la première date, entre parenthèses correspond à la première édition), 1994, p. 103.
- ↑ Béla Balázs, L'esprit du cinéma, op. cit., p. 161. La réflexion de Balázs concerne le film de G.W. Pabst, Les mystères d'une âme.
- ↑ Roger Dadoun, Cinéma, psychanalyse et politique, Editions Séguier, Paris, 2000, p. 13.
- ↑ op. cit., p. 23.
- ↑ B. Balázs, Le cinéma, nature et évolution, op. cit., p. 23. Par ailleurs, B. Balázs nous prévient : (…) "Plus les morceaux de détails des films sont riches, plus l'ensemble devient banal." L'esprit du cinéma, op. cit., p. 142. Cf. également, Jean Epstein, Tome 1, "Réalisation de détail" op. cit., pp. 105-111 et p. 146. J. Mitry, tome 1, op. cit., p. 207 ; (…) "certains détails en les considérant d'une façon plus profonde, (…) jouent peut-être un rôle décisif, il n'est pas interdit de les charger d'un sens qui ne le doit qu'à la vision personnelle de l'auteur, à ce qu'il découvre en eux de signification "possible", p. 351 ; (…) "La mise en valeur du détail est toujours le résultat d'une vision personnelle (de l'auteur)." p. 359 ; (…) "Le particulier, le détail, implique toujours l'intensité." pp. 361 ; 379. Tome 2, op. cit., pp. 50 et 306. Gaston Bachelard, (…) "Le rôle du détail créateur dans la rêverie." L'Eau et les rêves, Essai sur l'imagination de la matière, Editions Librairie José Corti, 1942, p. 99. Jorn Donner écrit à propos de La nuit des forains (1953) d'Ingmar Bergman (…) "Jamais il (Bergman) n'a poussé si loin l'observation naturaliste des détails." Ingmar Bergman, Editions Seghers, Paris, 1970, p. 48.
- ↑ Roger Dadoun, op. cit., p. 11. Cf. également, E. Morin, op. cit., p. 77, "transferts réciproques incessants entre l'homme microcosme et la macrocosme" ; p. 93. Christian Metz, op. cit., p.21. Jean Mitry, op. cit.,pp. 182-192. J. Donner, Transfert de personnalité chez Bergman, op. cit., p. 132.
- ↑ Roger Dadoun, op. cit., p. 31, voir également p. 105 et 176. Vois par ailleurs, chez E. Morin, op. cit., "la projection ou l'aliénation, "entfremdung", p. 32 ; "L'aliénation totale de l'être humain en son double", p. 38 ; "Une force aliénante tend à prolonger et extérioriser le phénomène d'âme en phénomène animiste", p. 74 ; p. 92 ; "Tout commence, toujours, par l'aliénation", p. 94 ; p. 95. J. Mitry, tome 1, op. cit., p. 13. F. Cesarman, op. cit., pp. 42 ; 44 ; 106. J. Donner, (…) "Aliénation qui peut être liée à de très concrètes expériences de déshumanisation et de mécanisation dans notre culture." pp. 102 ; 121 ; 141. Iouri Lotman, Esthétique et sémiotique du cinéma, traduit du russe par Sabine Breuillard, Editions sociales, Paris, 1977, p. 10.
- ↑ La question de la girouette est intéressante, nous avons retenu cette signification de Dubois Eric : « Il ne s'agit pas du coq gaulois, mais bien du coq de Saint Pierre. Il a été placé sur le toit de nos églises (en France) pour nous rappeler que l'homme est une girouette, comme Saint Pierre qui un soir avec Jésus se faisait fort de mourir pour lui, et peu après, par peur des romains, le trahit 3 fois avant que le coq ne chante 2 fois. Mais de son regard, Jésus le pardonna, comme il nous pardonne à nous aussi si nous regrettons nos fautes. (Lire la page.)
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