« Mort » : différence entre les versions

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===Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski===
===Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski===


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<ref>Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.</ref>
<ref>Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode, le troisième chiffre aux plans du films depuis le début de la partie. </ref>
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====Dernière chute de l’apprenti Thomas====
Au [[Cygne#ancre_86p|plan 86]], Thomas déploie l'aile d'un cygne mort. Dans cette partie "l'[[aile]] de la mort" va l'emporter. Un archer tatar embusqué le perce d'une flèche (plan 262-79-2). Thomas [[Trébuchement|trébuche]] et tombe dans une rivière. Une matière qui rappelle des flocons de neige en suspension flotte et file sur l'eau : l'âme blanche du trépassé qui franchit la mort.
Cet épisode isolé est problématique. Pourquoi Tarkovski choisit-il de l'inclure ici ? Quelle est la relation de cette partie avec tout l'épisode ? Et avec Roublev ? D'ailleurs, que fait Roublev ? Il est physiquement absent depuis le [[Paille#ancre_181|plan V-181]], (1h 29' 01") au moment où il sort de l'église poursuivit par la muette. Nous n'allons l'apercevoir qu'un bref instant au [[Homicide#ancre_236|plan 236]], et nous n'assistons qu'en voix-off à l'homicide involontaire qu'il commet au plan 240. Nous allons le revoir que dans la 12ème partie, celle qui va suivre. En fait, la petite séquence de la mort de Thomas est relativement importante car elle permet d'établir un pont entre les deux dernières parties, dans la mesure où elle suspend l'action, sans brutalité, de la Chute du prince et dans la mesure où elle établit un raccord avec le plan des oies volantes ([[Cruauté#ancre_258p|plan 258]]), qui amorce, par le vol, une [[liaison]] avec le plan 261 où l’on voit Thomas haletant dans le bois. Nous avons déjà souligné l'importance du rapport entre le plan 258, et le plan 86, celle de l'aile déployée du cygne mort. Ainsi,Andreï Tarkovski accumule les liaisons entre les parties et tout le film, pour aboutir à des renforcements des voies sémantiques, comme des éclaircissements. Il y a donc la création de lectures multiples.
En effet, nous avons vu que dans le dernier plan de la 4ème partie du IIIème épisode, le plan 86, il concluait la première rencontre de Roublev et de Théophane, et qu’il amorçait, avec quatre plans de vues maritimes, la Passion du Christ, en commençant par un plan rapproché du morceau de [[drap]], qui rappelle l’image d’une aile d'[[oiseau]]. Alors que le [[Cygne#ancre_86p|plan 86]] annonçait la [[Trois (chez Tarkovski)|trinité]] : Théophane, Roublev et Thomas, le [[Cruauté#ancre_258p|plan 258]] annonce d'abord, une rupture de cette trinité, et la reconstitution d'une seconde trinité : Théophane (mort), Roublev et la sourde-muette.
Il y a une substitution : Thomas qui n'arrêtait pas de mentir est remplacé par une simple d'esprit qui ne parle pas. Il ne faut pas oublier non plus les rapports qui vont se créer avec le poids de la parole, notamment lorsque le trésorier avale de l'huile bouillante ([[Cruauté#ancre_253p|plan 253]]), et par le silence pénitent de Roublev. La seconde trinité est relativement silencieuse, puisque Théophane est mort, la sourde-muette ne parle pas, et Roublev ne veut plus parler.<ref>C'est en fait une anticipation du prologue du film ''[[Le Miroir]]'', quand la parapsychologue ordonne à Iourri de parler haut et fort. </ref> Ensuite, il reste à souligner l'importance du 3ème facteur des deux trinités : Thomas et la sourde-muette. Ils deviennent, en quelque sorte, des messagers, "les messagers du destin", ce qui est, en définitive, un rôle fondamental dans le film. On peut se demander si ce n'est pas pour renforcer le rôle de Boris ([[Drap#ancre_313|plan 313]]), le fondeur de [[cloche]], dans le dernier épisode, et qui va guérir Roublev de son écrasante apathie en lui redonnant l'envie de peindre. Ainsi finalement, les petits rôles de messagers, et il y en a plusieurs dans le film : Kyril, Théophane, le Grand Prince, l'évêque et enfin Roublev, ont chacun leurs messagers ou leurs apprentis. Ces petits rôles ont donc un poids énorme, car ils représentent en définitive Roublev lui-même, comme le messager avec le spirituel, et donc de l'art.


Il reste encore un dernier indice dans le cadre qui associe le [[cygne]] mort et Thomas : les deux sont isolés, seuls, ils ont quitté leurs groupes. C'est quand il quitte le groupe dans la [[Feu#Andreï Roublev prend feu|Fête]] que Roublev rencontre les pires aventures, comme cela sera d’ailleurs aussi le cas pour [[Chien#Les enchaînements de la figure du chien|Kyril]]. Thomas rejoint "le fleuve de la mort", et Roublev dans la partie suivante est au bord du "fleuve du doute". Il est à l'intérieur de l'église détruite, calcinée par endroits.


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====Voir aussi====


Des images poétiques qui introduisent souvent un développement sur l'idée de la mort ou d'une fin : plans 19 - 21 ; 44 ; 86 ; 126 ; 131 ; 147 ; 169 ; 207 ; 240 ; 241 ; 242 ; 291 ; 319 ; 367 - 388 -
====Cheveux en nattes et rêve de la tête dévissée====
Comparaison du drap (linceul) d’Andreï Roublev avec Nazarin, de Luis Buñuel -
 
 
*'''Cheveux''' : [[Cheveux#La figure des cheveux d’après la bible |Lire la suite]]
*'''Rêve''' : [[Rêve#Le rêve de la tête dévissée|Lire la suite]].


Ainsi, en comprenant la gravité de son acte ([[homicide]]), Roublev comprend aussi la puissance de son acte. Mais il se hâte aussitôt "d'offrir son silence à Dieu". Cette idée suggère l'idée de laisser "Dieu parler", et de l'entendre à un moment donné, par l'intermédiaire d'un jeune homme, qui va surmonter (comme lui) des obstacles considérables. Il s'agira de Boris, le fondeur de [[cloche]]. Le [[Rêve#Le rôle des animaux dans le rêve de Roublev|cheval noir]] devient en quelque sorte une signature du silence, c'est-à-dire le potentiel d'une énergie instinctive, pure et libre, une énergie qui se suffit à elle-même. Toutefois, à l'opposé, il reste à envisager une autre hypothèse : le cheval noir comme représentation de l'homme abattu. En effet, la plupart du temps, nous avons vu le cheval noir uniquement dans des situations dramatiques. Ainsi le cheval noir bouleverse "l'épaisseur des significations données". Comme si Tarkovski voulait nous faire comprendre qu'une image, un symbole, une figure n'ont pas un statut définitif, mais qu’au contraire, c'est une masse fluide, toujours en mouvement. C'est un organisme vivant, toujours en croissance d'où les tendances (inconscientes) du réalisateur à personnifier et à individualiser ces images. Chez Tarkovski même la mort n'est pas un état définitif. Enfin, le cheval noir, n'aura pas fini de nous étonner.


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====Conclusion du VIème épisode : La [[Thèse:Résumé#cinémancie|cinémancie]] : Hypothèse d’une incidence paroxystique====


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Le VIème épisode à lui seul, aborde de bout en bout, le régime de la guerre, avec tout son cortège de malheurs, de douleurs et de confusion. Confusion d'abord dans le montage, avec l'apparition d'une structure en flash-back éclaté de très courte durée. <ref>Procédé qui rappelle celle de ''Citizen Kane'', d'Orson Welles ou de ''Thomas Garner'' de William K. Howard, plus récemment ''Pulp Fiction'' de Quentin Tarentino ou ''Le Barbier de Sibérie'' de Nikita Mihkalkov.  </ref> Confusion entre les périodes intra-filmique : l'[[hésitation]] du prince (VIème épisode) et d'Efim (Ier épisode), les associations de la natte (VIème épisode) et de la [[couronne]] (Vème épisode), les [[cheveux]] (VIème épisode) et les algues (IVème épisode). Confusion à l'intérieur de l'image : le plan de la [[scie]], la [[vache]] en feu , le cheval qui dégringole l'[[escalier]], le cheval recouvert d’une [[cape]], le [[chat]] qui "grossit" en cheval, etc. Confusion enfin du prince et de Roublev lui-même.
 
Grâce à certaines valeurs dans ces ensembles de données, nous avons dégagé l'hypothèse selon laquelle, une incidence paroxystique est (toujours) inscrite dans un cadre cinémantique. Cette hypothèse nous a permis de vérifier qu'un processus [[Thèse:Résumé|cinémantique]] est toujours inscrit dans une suite d'images, une suite de temps linéaire ou chronologique.
 
Les questions qui nous préoccupent sont de plusieurs natures. D'abord, en ce qui concerne les qualités d'une image cinémantique <ref>Que nous avons suggéré dans l'Introduction générale d'appeler "l'Imancie", abréviation d'"image cinémantique".  </ref> : a-t-elle un régime particulier ? Qu'est-ce qui nous autorise à parler d'image cinémantique ? Est-ce que c'est précisément une image ? Ou un état ? Ou est-ce alors un état de l'image ? D'autre part, s'agit-il d'une seule image ? Ou de plusieurs ? Dans le cas de plusieurs images, s'agit-il de plusieurs états ? Ensuite, en ce qui concerne les qualités d'un [[objet]] cinémantique <ref>Abréviation envisagée "l'Obmancie". </ref> : quelle est la nature d'un objet simple (quelconque) qui possède des qualités cinémantique ? Quelles sont ces qualités ? Qu'est-ce qui les détermine ? Par ailleurs, comment doit-on envisager l'interférence de plusieurs objets ?


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''' <span id="ancre_30">Plan</span> ''' '' ''&quot;
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<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:p.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Génuflexion 1''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan '''.  ]]


====Voir aussi====


<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:genuflexionp1.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Génuflexion 1''' : ''Nostalghia'', '''Plan 6'''.  ]]
Des images poétiques qui introduisent souvent un développement sur l'idée de la mort ou d'une fin : plans [[Montgolfière#ancre_19|19 - 21]] ; [[Porte#ancre_44p|44]] ; [[Cygne#ancre_86p|86]] ; [[Couronne#ancre_126bp|126b]] ; [[Barque#ancre_131p|131]] ; [[Chemin#ancre_147p|147]] ; [[Cruauté#ancre_168p|168]] ; [[Scie#ancre_207p|207]] ; [[Homicide#L’homicide d’Andreï Roublev|240]] ; [[Objet oscillant#ancre_241p|241]] ; [[Banc#ancre_242|242]] ; [[Pierre#ancre_291|291]] ; [[Drap#ancre_319p|319]] ; [[Cloche#L’élévation de la cloche|367 - 388]]  


<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:eaup1.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Réalité''' : ''Le Miroir'', '''Plan 25'''.  L'eau qui ruisselle le long des murs de l'appartement.  ]]
[[Drap#Comparaison du drap d’Andreï Roublev avec Nazarin, de Luis Buñuel |Comparaison du drap (linceul) d’Andreï Roublev avec Nazarin, de Luis Buñuel]]  


<span id="ancre_107ap"></span>[[Fichier:eaup5.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Sac 6''' : ''Stalker'', '''Plan 107a'''.  ]]


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====Liens spécifiques du film====
====Liens spécifiques du film====




Voir : ''[[Andreï Roublev]]''
Voir : ''[[Andreï Roublev]]''
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===Le Miroir, d'Andreï Tarkovski===
====La disposition des cheveux et la mort====
La figure particulière des [[cheveux]] suspendus devant le visage ([[Cheveux#ancre_24dp|plan 24d]]), presque tressés en nattes par l'effet de l'humidité, et qui tombent au sol, suggère, par ailleurs, la figure de la mort. Elle nous rappelle la figure de l'[[Cheveux#ancre_Franp|anse du célèbre Vase François]] du musée de Florence, qui représente Patrocle ramenant Achille mort sur son épaule. En effet, les cheveux de ce dernier sont suspendus, ce qui rappelle ceux de Maroussia. Ainsi, coup sur coup, nous avons une autre duplication de la figure de la mort, une autre "miroirisation". En somme une "mort dans l'âme", qui subit à son tour une duplication : mort dans l'âme de Maroussia femme-épouse, et mort dans l'âme de Maroussia citoyenne-camarade. Un autre exemple de plan d'une personne dont le visage est caché par les cheveux se trouve dans le film de Bernardo Bertolucci, ''[[1900|Novecento]]''.




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====Liens spécifiques du film====
 
Voir : La « balance de la mort »,[[Bombe#ancre_110p|plan 110]]
 
 




Voir : ''[[Miroir (Le)|Miroir (Le)]]''
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====Liens spécifiques du film====




Voir : ''[[Miroir (Le)|Miroir (Le)]]''


== Voir aussi ==


*[[Oiseau]]




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