Passage

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Nostalghia, plan 102.  Le Poète dans le sombre passage, comme un passage d'une "sombre décision" : aller à Bagno-vignoni, et accomplir le mystère de Sainte Catherine.
Nostalghia, plan 102. Le Poète dans le sombre passage, comme un passage d'une "sombre décision" : aller à Bagno-vignoni, et accomplir le mystère de Sainte Catherine.

Titres des films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée (min.)
Droit de Passage Crossing Over Kramer Wayne Kramer W. 2009 USA 112
Passage à l’Acte Passage à l’Acte Girod Francis Girod F., Grisolia M., Miller G. 2006 France 105
Passages Lu Cheng Chao Yang Chao Yang 1939 Chine 112
Route des Indes (La) A Passage to India Lean David Forster E.M., Lean D., Rau S. R. 1985 Angleterre 165


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Autres titres de films

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Andreï Roublev Andreï Rublyov Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Konchalovsky A.
1969 URSS 215
Miroir (Le)
§. Passage du monde animé au monde inanimé
Zerkalo Tarkovski Andreï Tarkovski A.

Micharine A.

Et poèmes d'Arseni Tarkovski.
1975 URSS 106
Nostalghia Nostalghia Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Guerra T.
1983 URSS
Italie
130
Stalker Stalker Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Strougatski A. et B.
1979 URSS 161


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Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films

Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski

Voir : Passage du noir au blanc à la couleur

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Conclusion du 1er épisode : Représentation sur la thématique de passage

Les principales associations, et les principales propositions s'appuient d'abord sur l'image. Le poids de la représentation formelle est incontournable. (Nous devons peut-être, là encore, parler des lois de la représentation formelle.) Ces représentations sont soutenues par une technicité filmique dans le cadrage, le découpage et le montage. Nous pouvons voir par exemple le développement dynamique de l'arbre/barque. Le plan au niveau de sa composition, de sa constitution, de sa représentation, participe au développement imaginaire du film. Toutes ces propositions vont établir des liaisons étroites entre différents concepts de passage. Il y a tout d'abord des concepts de passages sémantiques : passage animal/végétal, avec l'exemple du ballon-citrouille ; le passage humain/animal, la foule/le cheval noir ; enfin, les passages végétal/humain, l'arbre/barque. Ensuite il y a les codes de passage terrestre : la navigation, par mer, par air, par terre. Enfin, le passage métaphysique, qui installe si l'on ose dire, une méta-morphisation d'espèces ou de genres.


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Liens spécifiques du film

Voir : Andreï Roublev


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Nostalghia d’Andreï Tarkovski

Rêve de la Traductrice

Voir : Rêve de la Traductrice

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"Le hall d'hôtel Palma" - Variations sur le thème de passage : Postures et costumes

Plan 19 : 13' 19" : Le Poète et la Traductrice sont dans le hall sombre d'un hôtel. La composition du plan indique d'emblée la relation des deux personnages. C'est une relation de passage, comme un couloir, qui sert à passer d'une chambre à une autre. Ils attendent la réceptionniste de l'hôtel pour s'y établir. La Traductrice dit au Poète : « Je ne te comprends vraiment pas. Tout ça pour cette "Madonna del Prato". On a traversé la moitié de l'Italie dans le brouillard, et tu n'es même pas entré la voir. »

Le Poète ne répond pas, il a l'air d'écouter, mais ce n'est pas sûr qu'il écoute. Il est "perdu" dans ses pensées. Il fume une cigarette. Il est habillé d'un manteau sombre, qu'il ne quittera qu'une seule fois, quand il va rencontrer "le Fou".
- Le Poète : (Déviant la conversation.) " Que lis-tu ?"
- La Traductrice : " Arséni Tarkovski, des poésies."
- Le Poète : "Jette ça."
- La Traductrice : "Le Traducteur est un grand poète."
- Le Poète : "La poésie est impossible à traduire, comme l'art."

Plan 21 : 15' 18" : La Traductrice commence à raconter au Poète, une petite histoire qui va nous intéresser.
- La Traductrice : " A Milan, une domestique a mis le feu à une maison…"
- Le poète : " Quelle maison ?"
- La Traductrice : " La maison de ses patrons. Par nostalgie elle voulait rentrer en Calabre. Elle a brûlé la maison qui s'opposait à ce désir. Pourquoi ton musicien Sisnovski serait-il entré en Russie s'il savait qu'il redeviendrait esclave ? " (Le Poète se lève, commence à marcher.)
- Le poète : (Il lui tend une lettre.) "Lis… et tu comprendras… C'est la lettre de Bologne. (Celle du compositeur russe Sisnovski) … Il se mit à boire, et après il s'est suicidé…"

Cette histoire est à rapprocher de l'immolation par le feu de Domenico "le Fou", à la fin du film. Dans ce cas, c'est son corps qui s'opposait à son désir d'apporter la paix dans le monde. Soulignons aussi les relations qui se créent : Maisonfeucorpsmanteau

Nous remarquons que le Poète sursaute quand il entend le mot "maison". Il demande : "quelle maison ?" C'est un point important, puisque le dernier plan du film, nous présente le Poète assis, avec le même manteau, sur le sol, près de lui une flaque d'eau et un chien.

Photogramme - Chien 1 : Nostalghia, Plan 24. La dame au chien noir et blanc. La robe du chien ne préfigure-elle pas le dilemme du Poète et celui de la traductrice ?
Photogramme - Chien 1 : Nostalghia, Plan 24. La dame au chien noir et blanc. La robe du chien ne préfigure-elle pas le dilemme du Poète et celui de la traductrice ?

Plan 24 : 16' 13" : Une élégante résidente de l'hôtel traverse le couloir, tenant en laisse un chien blanc et noir. (Cf. Photogramme – Chien 1.)


La robe du chien ne représente-elle pas le dilemme du Poète ? Ou celui de la Traductrice ? N'est-il pas une figure de "l'hésitation" ? Ne sera-t-il pas lié au lieu ? Mais le Poète est toujours "absent". Il est suspendu à ses idées. Il est ailleurs. Il pense au plan suivant :

Photogramme - Chien 2 : Nostalghia, Plan 25.  La fille du Poète qui s'amuse avec le chien en lui lançant un bout de bois.
Photogramme - Chien 2 : Nostalghia, Plan 25. La fille du Poète qui s'amuse avec le chien en lui lançant un bout de bois.


Plan 25 : 18' 56": (4ème flash-back, en noir et blanc.) Dans ce plan, il y a une dissociation de la bande-son et de la bande-image. La bande-son continue l'action du plan 24 : la concierge montre les chambres séparées au couple. La bande-image montre de nouveau la femme du Poète de face, elle regarde à droite du cadre : un enfant suivi par un berger allemand et par une jeune fille. Celle-ci lance un bout de bois, au-delà d'une flaque d'eau, pour amuser le chien. (Cf. Photogramme – Chien 2.)

Plan 26 : 19' 29" : C'est un plan de transition. La bande-son rejoint la bande-image. La concierge continue à parler à la Traductrice. Elles montent un escalier, la concierge est inquiète du silence du Poète. Elle dit (au moment où la jeune fille jette le bout de bois au chien, au plan 25) "Nos clients reviennent." Comment ne pas voir d'une part, une transition subtile entre la dernière phrase de la concierge, et le dernier geste de la jeune fille. (Voir : Clédon.) Nous verrons en fait, comme le chien noir et blanc tenu en laisse, le poète sera aussi "tenu en laisse", et au lieu de rentrer chez lui, à Moscou, il va "choisir" au dernier moment d'accomplir son geste "héroïque", "sisyphien" dirait F. Ramasse, d'abord, en refusant de se rendre dans son espace "euphorique" (Moscou)[1] et d'accomplir le "Mystère de sainte-Catherine".


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Passages et messages

Plan 98 : 1h 31' 31" : Le Poète est devant le parvis d'un grand hôtel romain. Il vérifie ses sacs de voyage. Il est prêt à partir.

Plan 99 : 1h 32' 48" : La Traductrice est au téléphone. Elle lui demande de la part du "Fou" : "Si tu as fait ce que tu avais à faire." Une servante passe derrière Vittorio, et ferme soigneusement des rideaux blancs.

Plan 102 : 1h 25' 48" : Le Poète change son projet, celui de rentrer à "la maison". Il demande au taxi de le conduire à Bagno-Vignoni. Il fait quelques pas, il passe sous un porche sombre. Il reste dans l'ombre quelques secondes. (Cf. Photogramme – Passage.)


L'image n'indique-t-elle pas "la sombre décision" du Poète.

Il allume une cigarette, qu'il rejette aussitôt, en posant la main sur le cœur, comme s'il souffrait. C'est grâce à ce plan (et au plan 27d), que le cinéaste montre les problèmes de santé du Poète. Il est cardiaque et mourra au bout de sa mission.

(Lire la suite : A propos de l’immolation du Fou, plans 103 à 108.)

Bagno-Vignoni : La traversée de la piscine de Sainte Catherine.

Photogramme - Manteau 2 : Nostalghia, Plan 119h. Le poète protège la flamme de la bougie avec son manteau.
Photogramme - Manteau 2 : Nostalghia, Plan 119h. Le poète protège la flamme de la bougie avec son manteau.


Plan 119 : 1h 48' 18" : Le Poète allume la petite bougie, celle que le "Fou" lui a donnée. Il commence d'abord par toucher le bord de la piscine (119b). Aussitôt qu'il a fait quelques pas, la bougie s'éteint (119c). Il allume la bougie une seconde fois, il ouvre son manteau, et abrite la flamme de la bougie du vent. (119 e) Ce n'est qu'à la troisième tentative qu'il réussit à avancer, sans que la bougie s'éteigne. (Cf. Photogramme – Manteau 2.)


Il arrive enfin au bord opposé de la piscine, il est extrêmement épuisé, il s'agrippe à un petit escalier métallique. (119i) Il réussit à fixer la bougie sur le bord de la piscine. Il pousse un petit cri, et s'effondre. (119 j)

Plan 121 : 1h 57' 06" : Gros plan de la bougie allumée.

Lire la suite :


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Liens spécifiques du film

Voir : Nostalghia


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Notes et références

  1. Remarquons au passage, une fois de plus, la concomitance de la "fiction" et de la "réalité", car ce récit, comme nous l'avons déjà dit, concerne la vie personnelle et autobiographique du réalisateur, il illustre en quelque sorte, le geste "héroïque" d'Andreï Tarkovski, de rester en Europe et de ne plus rentrer en URSS : (…) "Le film est devenu l'écho de mon état d'âme, de ma souffrance : l'écho d'un homme qui a quitté sa patrie depuis un an." François Ramasse, op. cit., p 120. Citée dans le dossier de presse du film, propos recueillis par Cesare Biarese.


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