Chance

De Cinémancie
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alt=Stalker, Photogramme 48 : Plan 97a. Le Stalker pase entre les deux hommes et vient se placer légèrement à droite. Il casse une allumette, et se retourne vers eux : La plus longue ira en premier.
Stalker, Photogramme 48 : Plan 97a. Le Stalker pase entre les deux hommes et vient se placer légèrement à droite. Il casse une allumette, et se retourne vers eux : « La plus longue ira en premier. (Il tend sa main avec les deux allumettes entre ses doigts.) Tirez. (L’Écrivain tire une allumette.) Cette fois-ci vous n’avez pas eu de chance.  » (Lire le début.)

L'étymologie du mot chance, ou « hasard heureux » est intéressante, il dérive du latin populaire, cadentia, de cadere, « tomber », ce qui donne des mots comme « chanceler », osciller, perdre l'équilibre, hésiter. [1] Ainsi, on peut dire que la chance est un état d’oscillation (de recherche d’équilibre) entre deux côtés. Il y a une préférence, une ambition de « tomber » d’un côté (le bon) et d’éviter l’autre côté (la malchance). Ce qui implique qu'au cinéma, saisir la chance n'est pas évidente, puisque les moments en question sont fluctuantes et uniques. Il en sera ainsi dans Stalker, avec le cas de l’Écrivain ; et dans Charley-le-Borgne, avec le cas de l’Indien. Cependant, dans Into the Wild, Christopher était à 5 kilomètres d’un refuge (synonyme de provision), mais il l’ignorait parce qu’il n’a pas emporté avec lui une carte détaillée des lieux. Dans ce film, la chance est affaire de connaissance. Dans Le Maître, pour réussir un tour de lévitation, le Maître devait boire de l’alcool. Dans Retour à Cold Mountain, le manteau que Ruby offre à Pandle ne lui a pas porté chance.

Par ailleurs, selon une tradition attestée chez les anciens grecs qui « croyaient à la jalousie des dieux », [2] il ne faut jamais souhaiter bonne chance à quelqu'un, au risque d'attirer sur lui le mauvais sort. On remplace le souhait par le fameux « merde ». [3] Nous verrons que dans les Âmes Grises un tas de merde n’annonce rien de bon.



Titres des films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée (min.)
Chance sur Deux (Une)
§. Alors qu’elle cherche à découvrir qui est son père, une jeune femme est mêlée à une guerre des gangs. (Pitch du film.)
Chance sur Deux (Une) Leconte Patrice Dewolf Patrick, Frydman Serge 1998 France 109
Lost Chance for Love
§. À Londres. Un Américain divorcé et malchanceux dans le travail rencontre par hasard une Londonienne tout aussi seule que lui. (Pitch du film.)
Lost Chance Harvey Hopkins Joel Hopkins Joe 2008 USA 93
Lucky Girl
§. Une fille chanceuse et le jeune manager d'un groupe de rock poursuivit par la déveine, échangent mystérieusement leur bonne fortune lors d'un bal costumé.
Just My Luck Petrie Donald Bernstein Jonathan, Blackwell Mark, Greer James, Harris Amy, King Marlene 2006 USA 112
Lucky Number (The)
§. Un ex-footballeur professionnel, aidé par une séduisante jeune femme tente de récupérer un ticket de loterie gagnant qu'il a utilisé pour payer un commerçant. (Pitch du film.)
Lucky Number (The) Asquith Anthony Asquith Anthony, Furber Douglas, Schulz Franz 1933 USA 72
Lucky One (The)
§. Un soldat américain découvre une photo d’une jeune femme enfouie dans le sol. Il la glisse dans sa poche et se met à avoir de la chance. (Pitch du film.)
Lucky One (The) Hicks Scott Fetters Will 2012 USA 101
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Autres titres de films

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Ah, si j’étais riche
§. Aldo passe des moments difficiles : procédure de divorce, dettes, incertitude de l’emploi. Mais la chance lui sourit en gagnant un pactole au loto. (Lire la suite : [4]) (Pitch du film.)
Ah, si j’étais riche Munz Michel, Bitton Gérard Munz Michel, Bitton Gérard 2002 France 105
Âmes Grises (Les)
§. Durant l'hiver 1917, le meurtre d'une fillette met en émoi un paisible village situé non loin de la ligne de front. Plusieurs notables sont soupçonnés du crime. (Pitch du film.)
Âmes Grises (Les) Angelo Yves Angelo Yves, d'après l'oeuvre de Philippe Claudel 2005 France 106
Charley-Le-Borgne Charley-One-Eye Chaffey Don Leonard Keith 1974 USA 96
Fille sur le Pont (La)
§. "Vous avez l'air d'une fille qui va faire une connerie", déclare l'homme qui s'approche d'Adèle, penchée sur le parapet d'un pont avec une grosse envie de noyer ses malheurs dans la Seine. Il s'appelle Gabor, il est lanceur de couteaux et il a besoin d'une cible. (Lire la suite : [5]) (Pitch du film.)
Fille sur le Pont (La) Leconte Patrice Frydman Serge 1999 France 90
Into The Wild Into The Wild Penn Sean Sean Penn,
roman de Jon Krakauer
2007 USA 147
Ligne Rouge 7000

§. Une tranche de vie de trois pilotes automobiles à Daytona. Pat Kazarian dirige l'écurie dans laquelle courent Mike et Jim. (Lire la suite : [6]) (Pitch du film.)

§. « Dan McCall a lucky man. »
Red Line 7000 Hawks Howard Hawks Howard, Kirgo George, McNeil Steve 1965 USA 110
Maître (Le) Mistrz Piotr Trzaskalski Lepianka W., Trzaskalski P ; 2005 Allemagne, Pologne 117
Parcours de Légende (Un)
§. Harry Vardon est issu d'un milieu très modeste mais s'illustre dans un sport généralement réservé aux classes sociales aisées, le golf. (Lire la suite : [7]) (Pitch du film.)
Greatest Game Ever Played Paxton Bill Frost Mark d'après son roman 2006 Canada, USA 120
Retour à Cold Mountain Cold Mountain Minghella Anthony Minghella Anthony, d'après le roman éponyme de Frazier Charles (1997) 2004 USA 148
Stalker Stalker Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Strougatski A. et B.
1979 URSS 161
Titanic

§. Southampton, 10 avril 1912. Le paquebot le plus grand et le plus moderne du monde, réputé pour son insubmersibilité, le "Titanic", appareille pour son premier voyage. (La suite : [8] (Pitch du film.)
§. Jack Dawson a eu la chance de gagner son ticket au jeu de cartes.

§. Jack se vante devant Rose DeWitt : « Je fabrique ma propre chance. »
Titanic Cameron James Cameron James 1997 USA 194
Trois Ponts sur la Rivière
§. Arthur, professeur d'histoire angoissé et fragile, qui doute et s'inquiete de tout, se décide a faire le voyage à Lisbonne pour rencontrer l'eminent historien a l'origine de sa thèse. (Lire la suite : [9]) (Pitch du film.)
Trois Ponts sur la Rivière Biette Jean-Claude Biette Jean-Claude 1999 France 117
Vainqueur du Destin

§. Biopic de la vie et de la carrière du célèbre joueur de baseball, Lou Gehrig (Pitch du film.)

§. Lors d'une cérémonie, nous apercevons un fer à cheval monumental fait avec des fleurs.
Pride of the Yankees (The) Wood Sam Mankiewicz Herman J. Swerling Jo, d'après une histoire originale de Gallico Paul 1942 USA 128
Veine de… (Une)
§. Un employé de banque, Johnny Dalton, vient au secours d'un riche bookmaker et reçoit une belle récompense. Mais celle-ci correspond tout juste à un trou dans les comptes de la banque. (Pitch du film.)
Double Dynamite Cummings Irving Crane Harry, Manheim Mannie, Shavelson Melville, d'après l'hsitoire de Leo Rosten 1951 USA 80
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Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film

Les Âmes Grises, d'Yves Angelo

0h 04’ 34’’ – L'arrivée de la nouvelle institutrice : Lysia Verhareine

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 1. 0h 05' 46". Le gant de Lysia qui tombe.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 1. 0h 05' 46".
Le gant de Lysia qui tombe.

L'institutrice habillée d'un long manteau rouge, qu'elle ne quitte jamais, arrive dans une calèche, elle se rend à la mairie, elle rencontre le maire qui est heureux de la recevoir : « Bonjour, bonjour, vous tombez du ciel, on peut dire que vous me sauvez, 20 jours que les gamins n'ont pas école. (…) Enfin, vous êtes là, c'est le principal, je vous montre l'école et puis votre logement. Alors comme ça vous êtes du Nord.
- Arras.
- Arras, Ah ! Vous étiez institutrice là-bas ? (A peine, il termine sa phrase, un gant de l'institutrice tombe au sol, elle s'arrête pour le ramasser.) (Cf. Photogramme 1 (0h 05' 46") et Photogramme 2 (0h 05' 48") Arras, c'est une grande ville. Jamais mis les pieds. Et comment vous êtes venu par chez nous ? Vous avez de la famille ici ?
- Je voulais m'éloigner.
- Vous savez chez nous, c'est tout petit. (Ils sont à l'extérieur. Des nombreux soldats traversent la rue. ) Vous vous habituerais, il y en a de plus en plus. C'est comme le canon, au début on entend que ça, et après, on finit par s'y faire... Vous verrez, en plus, on a de la chance, on a le coteau, ça nous fait comme un rideau. (Avant d'entrer dans un bâtiment, il lui montre avec le menton, puisqu'il porte les sacs de l'institutrice.) La guerre est de l'autre côté. (L' institutrice s'arrête une seconde et regarde le fameux coteau.) Le logement est au fond. Il y aura sans doute un petit peu de ménage, je me chargerais de ces affaires, je n'ai pas eu le temps de m'en occuper et puis il y a eu personne qui est venu les réclamer. (Il sort un trousseau de clés et ouvre la porte.) »

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 2. 0h 05' 48". Lysia ramasse le gant avant d'entrer dans la chambre de l'instituteur.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 2. 0h 05' 48".
Lysia ramasse le gant avant d'entrer dans la chambre de l'instituteur.

0h 06’ 35’’ – La chambre de l'instituteur Le Contre

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 3. 0h 06' 43". La chambre de l'instituteur.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 3. 0h 06' 43".
La chambre de l'instituteur.
  • Photogramme 3. 00h 06' 43" : La chambre est dans un état indescriptible, le sol est jonché par des petits bouts de papiers découpés, avec par ci et par là, des tas d'excréments. Sur les murs, nous lisons des extraits de La Marseillaise, écrit vraisemblablement avec les excréments de l'instituteur. L'odeur était certainement insoutenable. Nous entendons des dizaines de mouches qui voltigent. (Cf. Photogramme 4. (0h 06' 57") Le maire est abasourdi, il demande à la nouvelle institutrice, de ne pas entrer, elle entre quand même, elle regarde l'état de la chambre. Elle avance doucement vers la fenêtre, qu'elle ouvre. (Cf. Photogramme 5. (0h 07' 17")


Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 4. 0h 06' 57". Le sol est jonché par des petits bouts de papiers découpés, avec par ci et par là, des tas d'excréments.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 4. 0h 06' 57".
Le sol est jonché par des petits bouts de papiers découpés, avec par ci et par là, des tas d'excréments, sur lesquels voltigent des mouches.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 5. 0h 07' 17". Lysia ouvre la fenêtre afin de respirer un air frais.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 5. 0h 07' 17".
Lysia ouvre la fenêtre afin de respirer un air frais.

On peut alors imaginer la dégradation de l'état de santé mentale de l'instituteur quand il se trouvait dans sa chambre.

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Charley-Le-Borgne, de Don Chaffey

Résumé du film

Un déserteur rencontre un Indien paisible nommé Taureau-Assis. Ils vont devenir des amis. L'Indien va prendre en affection un coq borgne qu'il appellera « Charley ». Mais ils sont poursuivis par un chasseur de primes qui va réussir à retrouver leurs traces. Dès lors, il ne cessera pas d'humilier le soldat. L'Indien va réagir le jour où le chasseur tuera Charley.

0h 30’ 40’’ – Le chariot abandonné – Apparition de Charley-Le-Borgne – Les deux premières allusions à la chance

A la recherche de nourriture, les deux hommes s'éloignent de l'église et inspectent les lieux environnants.

  • Photogramme 7. 00h 31' 04" : Le Soldat découvre un homme allongé sur un âne blanc et un chariot abandonné : «  Il m'a l'air mort. Alors ? (En riant.) Tu ne vas pas le scalper ? »

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 7. Les deux hommes découvrent l'homme mort et son chariot.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 7.
Les deux hommes découvrent l'homme mort et son chariot.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 8. La première apparition du Coq : Charley-Le-Borgne.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 8.
La première apparition du Coq : Charley-Le-Borgne.
  • Photogramme 9. 00h 31' 21" : L'Indien est intrigué par le coq, il s'approche de sa cage suspendu. Entre temps le Soldat commence à inspecter le chariot. Nous pouvons voir les intérêts des deux hommes, le premier est attiré par le coq, le second à la recherche d'objets matériels.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 9. Les deux hommes inspectent le chariot.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 9.
Les deux hommes inspectent le chariot.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 10. L'Indien qui sympathise avec le coq.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 10.
L'Indien qui sympathise avec le coq.


  • Photogramme 11. 00h 31' 28" : L'Indien constate alors que le coq est borgne, peut-être un œil qu'il a perdu au cours d'un combat. Et c'est peut-être ce handicap qui le rapproche du coq : ce dernier a perdu un œil, l'Indien a “perdu” son pied.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 11. Le coq borgne.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 11.
Le coq borgne.
  • Photogramme 12. 00h 31' 55" : De son côté, au cours de son inspection, le Soldat découvre un fusil.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 12. Le Soldat découvre un fusil.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 12.
Le Soldat découvre un fusil.
  • Photogramme 13. 00h 32' 01" : Et, comme à son habitude, le Soldat continue à “plaisanter” avec l'Indien. Il pointe le canon du fusil vers l'Indien : « O.K. L'Indien, prépare-toi à retrouver ton terrain de chasse. »

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 13. Gros plan du bout du canon du fusil pointé vers l'Indien.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 13.
Gros plan du bout du canon du fusil pointé vers l'Indien.
  • Photogramme 14. 00h 32' 06" : L'Indien remarque le fusil pointé vers lui, il ne sait pas quoi faire, il recule d'un pas.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 14. L'Indien menacé par le Soldat.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 14.
L'Indien menacé par le Soldat.
  • Photogramme 15. 00h 32' 07" : Le Soldat soutient sa menace, et finit par tirer à blanc accompagné d'un éclat de rire : « Tu es un Indien sacrément chanceux.

- L'Indien : Et s'il avait été chargé ?
- Le Soldat : Tu serais un Indien mort. Rien de plus. (Éclat de rire.) »

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 15. Le Soldat tire à blanc, en direction de l'Indien.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 15.
Le Soldat tire à blanc, en direction de l'Indien.


  • Photogramme 16. 00h 33' 00" : Les deux hommes se dirigent vers l'arrière du chariot et continue à le fouiller. Le Soldat pense à haute voix : « Voyons s'il y a des munitions. (Il en trouve un sac.) Il doit bien y avoir une centaine de balles. (Entre temps l'Indien trouve une petite bouteille de Whisky.) »

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 16. L'Indien trouve une petite bouteille de Whisky.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 16.
L'Indien trouve une petite bouteille de Whisky.

Le Soldat arrache la bouteille des mains de l'Indien : « Qu'as tu trouvé ? (Il boit le liquide de la bouteille.) C'est du bon whisky. (L'Indien tend la main pour saisir la bouteille.) Doucement avec ça, je connais les effets sur les peaux-rouges. N'y touche pas. (Il dépose la bouteille loin de l'Indien.) »

  • Photogramme 17. 00h 33' 29" : Après le fusil, le Soldat trouve un revolver : « Regarde ça. Ça doit être notre jour de chance. Un quarante-cinq.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 17. Le Soldat trouve un revolver.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 17.
Le Soldat trouve un revolver.

Le soldat réfléchit deux secondes et tend le revolver à l'Indien « Prends-le, j'ai un élan de générosité. (L'Indien est étonné par cette subite générosité, il regarde le Soldat quelques secondes.)
- L'Indien (Le revolver à la main, il demande) : Balles ?
- Le Soldat : Cherche-les toi-même ? »

0h 38’ 04’’ – La visite inattendue de deux mexicains – La 3ème allusion à la chance


  • 00h 38' 13" : Soudain, l'Indien entend le bruit des roues d'un chariot. Il détourne la tête en direction du bruit, qui s'amplifie et finit par s'arrêter. Il distingue deux hommes, l'un âgé et l'autre jeune, des mexicains reconnaissables aux larges chapeaux. En apercevant l'Indien, l'homme âgé commence à avoir un petit rire moqueur, et commence à parler en espagnole. Ensuite, avec un ton sarcastique, il s'adresse à l'Indien : « Excusez-moi, senor. Auriez-vous de l'eau à nous offrir ? (Cf. Photogramme 18. 0h 39' 19")

- L'Indien (En répondant avec un sourire.) : Dans le puits. Servez-vous.
- Le Mexicain âgé : Qu'on se serve ? (Temps de silence et puis sur un ton plus menaçant.) Tu vas y aller, oui ! (Éclats de rire des deux Mexicains.)
- L'Indien (En secouant la tête.) : Non ! Vous y allez.
- Le Mexicain âgé (Passe les rênes du chariot au jeune, saisit un fusil et ordonne l'Indien.) : Non, c'est toi qui vas y aller. »

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 18. Le mexicain âgé demande de l'eau à l'Indien.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 18.
Le mexicain âgé demande de l'eau à l'Indien.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 19. Les mexicains menaçants sont à présent menacés.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 19.
Les mexicains menaçants sont à présent menacés.

L'Indien en voyant que son interlocuteur ne plaisantait pas, sous la menace du Mexicain, il se lève et se dirige vers le puits. Comme il boitait, les mexicains se moquent de lui. Le jeune commence avec sa main portée sur sa bouche à faire des “ou-ouh”, le cri des indiens. Le vieux continue à rire de plus belle.

  • Photogramme 19. 00h 39' 30" : Mais, tout à coup, le Soldat entre de la droite en riant encore plus fort que les Mexicains et en pointant son fusil vers eux, il s'adresse à l'Indien. « Tu vois ça ? On va avoir notre banque privée ici. (Gros plan d'une pancarte en bois sur laquelle nous lisons : “Banco D Misas”. La pancarte est clouée sur le côté du chariot face au Soldat. Nous comprenons le sourire béat du Soldat. Il suffisait d'attendre pour voir une banque devant l'église.) (Cf. Photogramme 20. 0h 39' 42") Je crois que tu es bien un Indien chanceux, après tout. (Gros plan sur l'Indien qui ne répond pas, et qui baisse la tête, imaginant la suite tragique des événements.)

- Le Mexicain âgé (Debout est inquiet.) : Une banque, ici, senor ? Une banque ?  »

Le Soldat continue à sourire en silence en fixant du regard le mexicain âgé. Ce dernier comprenant que la situation est inespérée, essaye une dernière tentative, il pointe son fusil vers le Soldat, mais encore une fois, le Soldat tire le premier en abattant le mexicain âgé. Le jeune mexicain tente de réagir, mais c'était trop tard, le Soldat l'abat également.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 20. La pancarte : “Banco D Misas”, clouée sur le côté du chariot des mexicains.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 20.
La pancarte : “Banco D Misas”, clouée sur le côté du chariot des mexicains.

0h 46’ 55’’ – L'arrivée du chasseur de primes

  • Photogramme 21. 00h 46' 55" : Le Soldat veut revenir à la charge, il a préparé un drap pour le lancer sur Charley. Mais une grande surprise l'attend. Ils entendent un bruit en direction de la porte d'entrée. Ils se retournent en arrière, pour voir un homme qui les tient en joue, c'est le chasseur de primes.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 21. L'arrivée du chasseur de primes.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 21.
L'arrivée du chasseur de primes.
  • Photogramme 22. 00h 46' 59" : Les trois hommes s'observent un court instant. L'Indien commence à se baisser légèrement afin de prendre en main l'arme qui est fourré dans sa botte droite. La botte gauche est toujours enfournée dans un cageot en osier. Mais, le Chasseur ne lui laisse aucune chance, il tire en direction du pied : « Vas-y, l'Indien. Je rêve de t'exploser la cervelle. Maintenant, sors ton arme. Doucement. Jette-là vers moi. (L'Indien s'exécute, le Chasseur ramasse l'arme et la met dans une de ses nombreuses poche de sa veste.) Maintenant, sortez.  » (00h 47' 43")

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 22. Gros plan sur les pieds de l'Indien.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 22.
Gros plan sur les pieds de l'Indien.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 23. Le Chasseur demande à l'Indien sa corde.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 23.
Le Chasseur demande à l'Indien sa corde.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 24. Le Chasseur montre l'affiche récompensant la capture du Soldat.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 24.
Le Chasseur montre l'affiche récompensant la capture du Soldat.


Les deux hommes sortent de l'église. Le Chasseur ordonne : « Mettez-vous contre le mur. Retournez-vous. Les mains contre le mur. (L'Indien retourne la tête pour voir les intentions du Chasseur.) Ne bouge pas d'un cheveu ou je repeins le mur de ton sang. (Il prend le fusil du Soldat et vide le chargeur.) Tourne-toi et ôte ton chapeau, le nègre. (Le Soldat s'exécute.) Ça fait des jours que je te traque. Si mon cheval n'avait pas claqué, je t'aurais attrapé plus tôt. Je devrais te tuer sur-le-champ. (En secouant la tête.) Tu n'es pas humain. Les nègres ne sont pas humains. (Il ordonne le Soldat de prendre le fusil et le revolver et de les jetés dans le puits.) Où sont tes manières, le nègre ? (Le Chasseur lui donne un coup pied dans la figure. Le Soldat tombe.) Tu as oublié ? Aux blancs, tu dois dire “monsieur”.
- Le Soldat : Oui, monsieur.
- Le Chasseur (Second coup de pied.) : Redis-le avec plus de conviction.
- Le Soldat : Oui, monsieur.
- Le Chasseur : C'est mieux. Et maintenant, obéis.
- Le Soldat (Il jette les armes dans le puits, et pense à voix basse.) : (L'un des noirs, élus de Dieu. )
- Le Chasseur : Reviens-là (En direction de l'Indien.) Va chercher ma corde, l'Indien? Dépêche-toi ! (Cf. Photogramme 23. 0h 51' 48") (le Soldat continue à marcher.) Arrête-toi là, le nègre. Donne-moi une raison de te tuer, je n'hésiterai pas. (Il lui montre l'affiche récompensant sa capture. (Cf. Photogramme 24. 0h 51' 59") L'armée veut que tu reviennes. Pour donner un spectacle. 500 dollars si je te ramène vivant. Seulement dix, mort. (L'Indien tiens la corde dans la main.) Sinon, je t'aurais descendu il y a cinq minutes. Allonge-toi, le nègre. Attache-le bien, l'Indien. (Cf. Photogramme 25. 0h 52' 29") (L'Indien attache les pieds et les mains du Soldat. Le Chasseur s'approche pour vérifier les nœuds.) Vous avez fait quoi pendant tout ce temps ?
- L'Indien : Rien.
- Le Chasseur : Ne me mens pas. Il y a quoi, là ?
- L'Indien : Des poules.
- Le Chasseur : Vous avez fait la fête ? Qui est enterré dans ces tombes ? (Aucune réponse.) J'aimerais savoir.
- L'Indien : Deux Mexicains.
- Le Chasseur : Qui les a tués ? Ce noiraud merdeux ? Combien avez-vous récolté ?
- L'Indien : Rien. De vieux habits.
- Le Chasseur : Allons dans l'église, l'Indien. (Les deux hommes entrent dans l'église. Le Chasseur inspecte le lieu.) (Cf. Photogramme 26. 0h 55' 00") Vous avez pris vos aises. (Il saisit la bouteille de Whisky.) Whisky de Maïs ? Que Dieu bénisse cette maison. (Il en boit une gorgée.)»

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 25. Le Chasseur montre l'affiche récompensant la capture du Soldat.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 25.
Une résonance : la corde qui encercle la tête du Soldat.

Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 26. Le Chasseur inspecte l'église. Charley est toujours posé sur la croix.
Charley-Le-Borgne de Don Chaffey. Photogramme 26.
Le Chasseur inspecte l'église. Charley est toujours posé sur la croix.


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Into the Wild, de Sean Penn

Résumé du film

Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui.

Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres.

Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.

Les rapports entre le film de Sean Penn et le livre de Jon Krakauer

  • (15) The Stikine Ice Cap (2) - Suite des aventures de Jon Krakauer (J.K) dans le Devils Thumb, il est prisonnier du glacier, sans aucun moyen de contacter le monde extérieur - Les ambitions de son père Lewis Krakauer qui avait l'intention de diriger Jon vers une carrière médicale - Le père sera malade du syndrome post-polio et il finira dans un asile psychiatrique - J.K. établira une comparaison entre son père et celui de Christopher - Jon réussira à survivre et à revenir de Devils Thumb. Il pense qu'en fin de compte, si Christopher n'a pas réussi de revenir c'était largement une question de chance ;

Le Livre Bâton

Résumé :

Plan 1595. 1h 57' 51" : Flashforward. Christopher est au milieu d'un pré, aucun gibier en vue, il crie : « J'ai faim ! »

Photogramme 27  : Plan 1603. 1h 58' 12" : Christopher commence à perdre le contrôle sur lui-même. Il ne se maîtrise plus, il est énervé, de mauvaise humeur, car il a faim. Il enlève sa ceinture, et il ajoute encore un trou de maintien avec son couteau. Il faut noter qu'il fait les trous sur les figures qu'il a dessiné quand il était avec Ron.

Photogramme 27 : Into The Wild, plan 1603. Il faut noter que Christopher fait les trous sur les figures qu'il a dessiné quand il était avec Ron.
Photogramme 27  : Into The Wild, plan 1603. Il faut noter que Christopher fait les trous sur les figures qu'il a dessiné quand il était avec Ron.

Photogramme 28 : Séquence 138b [C - 43] - Plan 1605. 1h 58' 18" : Christopher serre la ceinture sur un corps qui a beaucoup maigrit depuis son arrivée.

Photogramme 28 : Into The Wild, plan 1605. Christopher serre la ceinture sur un corps qui a beaucoup maigrit.
Photogramme 28  : Into The Wild, plan 1605. Christopher serre la ceinture sur un corps qui a beaucoup maigrit.

Photogramme 29  : Plan 1648. 2h 01' 47" : Christopher commence à réaliser la terrible situation dans laquelle il se trouve. Le livre étant souple, il l'enroule, et il en donne deux coups sur la tête.

Photogramme 29 : Into The Wild, plan 1648. Christopher commence à réaliser la terrible situation dans laquelle il se trouve. Le livre étant souple, il l'enroule, et il en donne deux coups sur la tête.

Photogramme 30 : Plan 1659. 2h 03' 04" : Christopher écrit dans son carnet : « Jour 100. Vivant, mais extrême faiblesse. » Il va à la rivière chercher de l'eau. En revenant, il a des vertiges, tout tourne autour de lui. Tout à coup, un énorme ours brun, avance majestueusement vers Christopher. Ce dernier est médusé, pétrifié. Il ne bouge plus.

Photogramme 30 : Into The Wild, plan 1659. Christopher va à la rivière chercher de l'eau. En revenant, un énorme ours brun, avance majestueusement vers lui. Ce dernier est médusé, pétrifié.
Photogramme 30  : Into The Wild, plan 1659. Christopher va à la rivière chercher de l'eau. En revenant, un énorme ours brun, avance majestueusement vers lui. Ce dernier est médusé, pétrifié.

Photogramme 31 : Séquence 146b [C - 51] - Plan 1660. 2h 03' 08" : L'ours s'approche et flaire Christopher pétrifié. Et puis, il se retourne et s'en va.

Photogramme 31 : Into The Wild, plan 1660. L'ours s'approche et flaire Christopher pétrifié. Et puis, il se retourne et s'en va.
Photogramme 31  : Into The Wild, plan 1660. L'ours s'approche et flaire Christopher pétrifié. Et puis, il se retourne et s'en va.

Le père abattu

Photogramme 32  : Into The Wild, plan 1710. Le père de Christopher qui sort de la maison, les yeux en larmes, il va marcher en titubant, au milieu de la chaussée, et il va accomplir le même geste qu'il a fait, il y avait de cela, plus d'une vingtaine d'années, quand il a reçu son diplôme, il avançait en relevant son pantalon, laissant apparaître des chevilles nues, sans chaussettes.

Photogramme 32 : Plan 1710. 2h 09' 31" : A la série heureuse des amis de Christopher, va succéder une image d'une tristesse infinie, peut-être la plus angoissante du film, le père de Christopher qui sort de la maison, les yeux en larmes, et tel un somnambule, il va marcher en titubant, au milieu de la chaussée, et il va accomplir le même geste qu'il a fait, il y avait de cela, plus d'une vingtaine d'années, avant la naissance de Christopher, quand il a reçu son diplôme, il était heureux, il avançait en relevant son pantalon, laissant apparaître des chevilles nues, sans chaussettes. Ensuite, il va se laisser tomber sur son séant au milieu du chemin en tirant sur son pantalon.


En ce qui concerne l'image dramatique du père, c'était peut-être sa façon de partager devant la société sa profonde tristesse, comme s'il voulait maudire le jour où il a eu son diplôme. Il y a là, une inversion radicale dans l'expression des deux images et, nous passons d'un régime d'un bonheur immense plan 223 à un régime d'une tristesse intense (plan 1710). Ensuite, il s'assied au milieu de la chaussée, car il a compris que c'est seulement à partir de là, qu'il a une petite chance de retrouver son fils. Il a compris que c'est là, sur les routes, où habite son fils. Il voulait être avec son fils, au même niveau que son fils.

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Maître (Le), de Piotr Trzaskalski

Résumé du film

Alexandre, dit "le maître", excelle dans l'art du lancer de couteaux. Mais cet ancien soldat russe qui a vécu l'enfer de la guerre en Afghanistan est aussi très porté sur la bouteille. Un jour, alors qu'il a encore une fois trop bu, il ouvre toutes les cages des animaux du cirque. Renvoyé, Alexandre décide de monter son propre numéro et de se lancer sur les routes de Pologne. Lors de ses pérégrinations, il rencontre Andzela, une prostituée, et Mlody, un accordéoniste. La première devient son assistante, et le second son accompagnateur musical. Le trio est bien décidé à amasser suffisamment d'argent pour se rendre à Paris. Mais l'apparition de la belle Anna change radicalement la donne...

Le second spectacle

Photogramme 33 : Le Maître, Plan 53a. Le spectacle a déjà eu lieu, et l’équipe se repose. Alexandre est assis au pied de la scène, une bouteille de vodka à la main. Il invite le pompier à boire.

Photogramme 33. Plan 53a. 00h 24' 04" : Un pompier en uniforme de parade ivre, tourne pour s'amsuer, le disque géant du spectacle dépourvu des quatre cœurs. Cette fois-ci, le spectacle a déjà eu lieu, et l’équipe se repose. Alexandre est assis au pied de la scène, une bouteille de vodka à la main. Il invite le pompier à boire :
- Alexandre : Tiens. (Il lui tend la bouteille).
- Le pompier : Je ne peux plus (…)
- Alexandre : Tiens, bois.
- Le pompier : Je ne peux pas, (balbutiant) si ça brûle, le garage, les camions, (…) qui l’éteindrais ?
- Alexandre : Moi j’éteindrais.
- Le pompier : Allez, tu éteindras… Toi l’artiste, tu éteindrais ?
- Alexandre : J’éteindrai d’une main, comme ça.
Le Maître fait un tour de magie en faisant disparaître sa cigarette allumée dans le creux de sa main. Et, en ouvrant sa main, il y avait une nouvelle cigarette qu’il offre au pompier. Il se lève en laissant le pompier perplexe et se dirige vers une auberge.

Photogramme 34. Plan 53b. 00h 25' 28" : Devant l’entrée de l’’auberge, il y avait une table vide sur lequel se trouvait une poule. Alexandre, s’arrête devant la table, en posant ses deux mains sur les bords, et fixe la poule d’un air amusé. Il nous semble que nous avons affaire à une image-clé, qui sera en relation avec la séquence de « l’omelette » (plans 67b et 68), que nous verrons plus loin.

Photogramme 34 : Le Maître, Plan 53b. Alexandre, s’arrête devant la table, en posant ses deux mains sur les bords, et fixe la poule d’un air amusé.

Photogramme 35. Plan 55. 00h 27' 36" : Alexandre entre dans l’auberge, et il trouve Angela et le Musicien qui s’embrassent. Alexandre désinvolte lance au Musicien : Il y a chez toi un secret, je ne sais pas quoi ?

Ensuite, il sort de l’auberge, il se dirige vers la table, y dispose une bouteille, et sans toucher la bouteille, il réussit à la faire léviter. Le Musicien regarde le prodige avec étonnement.

Photogramme 35 : Le Maître, Plan 55. Alexandre se dirige vers la table, y dispose une bouteille, et sans toucher la bouteille, il réussit à la faire léviter. Le Musicien regarde le prodige avec étonnement.


Le lendemain du quatrième jour

Photogramme 36. Plan 56. 00h 28' 27" : C’est le matin, l’équipe range les affaires dans le Bus. Le Musicien s’approche d’Alexandre et lui dit :
- C’était génial, hier, la bouteille (…) Tu pourras aller à Paris.
- Alexandre : Aucune chance.
- Le Musicien : Pourquoi ?
- Alexandre : Parce que je ne le contrôle pas. Si je n’ai pas bu, ça ne marche pas.
- Le Musicien : Pourquoi ?
- Alexandre : C’est la vie….

Notons au passage, la boîte au carton que porte le Musicien, et la corde qu’Alexandre enroule en boule. Autres indices intéressants qui sont significatifs et révélateurs sur le caractère et l’évolution des deux personnages.

Photogramme 36 : Le Maître, Plan 56. L’équipe range les affaires dans le Bus. Notons au passage, la boîte au carton que porte le Musicien, et la corde qu’Alexandre enroule en boule. Autres indices intéressants qui sont significatifs et révélateurs sur le caractère et l’évolution des deux personnages.
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Retour à Cold Mountain, d'Anthony Minghella

Le cas du manteau de Pangle

Retour à Cold Mountain de Minghella Anthony. Photogramme 37. Pangle porte le manteau de Ruby : première apparition du manteau.
Retour à Cold Mountain de Minghella Anthony. Photogramme 37. Pangle porte le manteau de Ruby : première apparition du manteau.

Retour à Cold Mountain de Minghella Anthony. Photogramme 38. Le manteau de dos.
Retour à Cold Mountain de Minghella Anthony. Photogramme 38. Le manteau de dos.

Ruby (Renée Zellweger) découvre un étranger qui volait du maïs. C'était son père Stobroad Thewes (Brendan Gleeson) qui l'avait abandonné quand elle était une petite fille. Elle va lui pardonner, mais elle ne pourrait pas lui offrir un refuge à la ferme, car l'impitoyable Teague (Ray Winstone) et ses miliciens cherchent les déserteurs.

Avant de repartir, Ruby propose d'offrir à son père un manteau, ce dernier décline l'offre, mais il suggère de l'offrir à un de ses amis musicien, Pangle (Ethan Suplee), qui n'en a pas. (Cf. Photogrammes 37 et 38.)

Les valeurs du manteau

Un refuge « mobile »

Ruby n'a pas pu offrir un refuge à son père et ses amis, mais elle offrira à l'un deux, un “refuge mobile”. Mais ce refuge était un peu trop voyant. Il était fabriqué à partir de deux textures différentes : Un côté appartenait à un pasteur et un autre à un cheval. Ruby disait (à Pangle) : « Prie ou hennis, suivant le cas. » (Technique du patchwork.)

Toutefois le manteau n'a pas porté chance à Pangle, certes, il a eu chaud un moment, mais pas pour longtemps.

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Stalker, d'Andreï Tarkovski

« La Zone »

L’extérieur de la « Zone »


Les écarts de l’Écrivain dans la Zone

Stalker, Photogramme 39 : Plan 55a. Le Professeur se dirige avec précaution à l’endroit où l’écrou vient atterrir, en contournant la grosse caisse en bois.
Stalker, Photogramme 39 : Plan 55a. Le Professeur se dirige avec précaution à l’endroit où l’écrou vient atterrir, en contournant la grosse caisse en bois.

Stalker, Photogramme 40 : Plan 55b. L’Écrivain qui monte sur l’une des caisses en travers du chemin.
Stalker, Photogramme 40 : Plan 55b. L’Écrivain qui monte sur l’une des caisses en travers du chemin.

Stalker, Photogramme 41 : Plan 57a. Le Stalker, furieux, lance une courte barre de fer sur l’Écrivain en criant : « Non, n’y touchez pas ! »
Stalker, Photogramme 41 : Plan 57a. Le Stalker, furieux, lance une courte barre de fer sur l’Écrivain en criant : « Non, n’y touchez pas !  »

Stalker, Photogramme 42 : Plan 61a. Une voix caverneuse venant d’ailleurs se manifeste gravement à l’intention de l’Écrivain : « Halte, ne bougez pas. »
Stalker, Photogramme 42 : Plan 61a. Une voix caverneuse venant d’ailleurs se manifeste gravement à l’intention de l’Écrivain : « Halte, ne bougez pas.  »

Stalker, Photogramme 43 : Plan 61b. En fin de plan, un objet flou, comme un voile transparent sombre, traverse l’écran de haut en bas.
Stalker, Photogramme 43 : Plan 61b. En fin de plan, un objet flou, comme un voile transparent sombre, traverse l’écran de haut en bas.
Nous retrouvons la même situation dans Le Miroir, au plan 23, au réveil d'Aliocha, une serviette blanche mystérieuse, traverse le cadre de la porte.

Plan 55 : 51' 55" : Trois grosses caisses en bois jonchent le sol. Apparaît le Professeur de dos. Il se dirige avec précaution à l’endroit où l’écrou vient atterrir et le ramasse. (Cf. Photogramme 39.) Puis apparaît, en sifflant, l’Écrivain qui monte sur l’une des caisses en travers du chemin. (Cf. Photogramme 40.)

Les Photogrammes 39 et 40 présentent les différences dans les traits de caractère et le comportement de la part du Professeur et de l’Écrivain. Le premier suit scrupuleusement les consignes, il obéit aux règles établit par le Stalker, le second, constate finalement, que les dangers de la Zone sont « exagérés », qu’il peut se permettre quelques écarts : il commence à marcher en sifflant, il se place à côté du Professeur, jette un coup d’œil vers le Stalker, il se baisse et négligemment, tire sur une racine qui fait trembler un arbuste. Le Stalker crie : « Arrêtez c’est interdit !  »

Plans 56 - 57 : 52' 48" : Le Stalker se baisse sur ses genoux, il crie une seconde fois à l’intention de l’Écrivain : « Non, n’y touchez pas !  » Au sol, il trouve une courte barre de fer, il s’en empare, et la lance vers les deux hommes, en criant : « N’y touchez pas, je vous dis ! (Cf. Photogramme 41.)
- L’Écrivain : Vous êtes fou ou quoi ?
- Stalker : Ce n’est pas un lieu de promenade. (Il avance vers eux) La Zone demande du respect, sinon elle châtie.
- L’Écrivain : Elle « châtie » ! Essayez donc encore une fois. Vous avez perdu la langue ?
- Stalker : Je vous l’avais demandé ! (Le Professeur intervient, en changeant de sujet.)
- Le Professeur : C’est par là-bas ?
- Stalker : Oui, on monte, on entre et… c’est à gauche. Ne passons pas par là. Faisons le tour.
- L’Écrivain : Et pourquoi ça ?
- Stalker : Dans la Zone, le chemin le plus droit n’est pas le plus court. Plus on va loin, moins on risque.
- L’Écrivain : (Il relace un de ses souliers.) Tout droit, c’est danger mortel ?
- Le Professeur : C’est dangereux, vous dit-on.
- L’Écrivain : Et en faisant le tour ?
- Stalker : Aussi. Mais ici, on ne doit pas passer.
- L’Écrivain : Qui ne doit pas ? Et si moi je veux… (…) Pourquoi faire un détour, quand c’est juste là ! Il y a un risque de toute façon. Au diable…
- Stalker : Vous le prenez trop à la légère.
- L’Écrivain : J’en ai marre de vos écrous et de vos bandelettes. Faites ce que vous voulez, je vais par ici. (Il sort sa bouteille de son manteau.)
- Le Professeur : Vous êtes un insensé.
- L’Écrivain : Vous pouvez parler… (Il porte la bouteille à ses lèvres. Le Stalker la lui prend comme s’il voulait en boire aussi.)
- Stalker : Vous permettez ? » (Il s’éloigne d’eux, il sort du cadre, les deux hommes l’observent. On entend le bruit que fait le liquide en atteignant le sol. L’Écrivain fronce les sourcils.

Plan 58 : 54' 40" : Le Stalker est debout près d’une dalle de pierre émergeant des herbes, en train de verser le contenu de la bouteille : « Vous sentez… L’herbe…  » (3ème allusion à l’odeur des plantes.)

Plan 59 : 54' 50" : Gros plan de l’Écrivain regardant le Stalker.
- L’Écrivain : «  Alors, raison de plus…
- Le Professeur : (off) Quoi, « raison de plus » ?  »
Le Stalker prend l’Écrivain par le bras : «Attendez !
- L’Écrivain : Bas les pattes.
- Stalker : Bien… Mais alors… Je prends…. Le Professeur à témoin, je ne vous y ai pas envoyé, vous y allez de votre propre gré.
- L’Écrivain : Parfaitement. Quoi, encore ?
- Stalker : Rien, allez-y… Que Dieu vous protège… Écoutez si soudain vous remarquez quelque chose… ou si vous ressentez quelque chose d’insolite… revenez immédiatement, sinon…
- L’Écrivain : Ne me jetez pas votre ferraille dans la nuque.  »

Plans 60 - 61 : 56' 23" : L’Écrivain se dirige très lentement, vers une grande batisse en pierre avec une grande entrée sans porte. A peine quelques pas, il s’arrête, il se passe la main sur la tête. Le vent se lève. Il commence à s’avancer timidement. Le vent s’amplifie, faisant ployer les herbes et les branches de l’arbre. L’Écrivain fait quelques pas. Un bruit de grincement se fait attendre, comme le grincement du poteau qui tombe. Et une voix caverneuse venant d’ailleurs se manifeste gravement : « Halte, ne bougez pas. » (Cf. Photogramme 42.) Suivie immédiatement d’un zoom arrière et d’un chœur de voix mêlées au bruit du vent. Le zoom découvre les parois sombres de la bâtisse, et en fin de plan, un objet flou, comme un voile transparent sombre, traverse l’écran de haut en bas. (Cf. Photogramme 43.)

Nous retrouvons la même situation dans Le Miroir, au plan 23, au réveil d'Aliocha, une serviette blanche mystérieuse, traverse le cadre de la porte.

Plan 62 : 57' 41" : Le Professeur et le Stalker observent l’Écrivain :

- Stalker :«  Pourquoi vous…
- Le Professeur : Quoi, « pourquoi ? »
- Stalker : Pourquoi l’avez-vous arrêté ?
- Le Professeur : Moi ? Je pensais que c’était vous…  »

Plans 63 - 65 : L’Écrivain se retourne vers les deux autres, et puis revient vers eux. Il s’approche d’eux. Nous entendons le son de sa respiration, il a eu vraisemblablement peur : « Mais pourquoi m’avez-vous dit d’arrêter ? (Plan 65)
- Stalker : Je n’ai pas dit d’arrêter.
- L’Écrivain : Qui alors, vous ? (Le Professeur fait non de la tête.) Bon sang de bonsoir !
- Le Professeur : Vous êtes champion, camarade Shakespeare ! Avancer vous faisait peur, reculez vous faisait honte, vous donnez l’ordre à vous-même d’une voix déguisée. Ça vous a même déssaoulé.
L’Écrivain va pour protester.
- Stalker : Ça suffit !
- L’Écrivain : Vous avez vidé ma bouteille.
- Stalker : Ça suffit, je vous dis… La Zone est un système très compliqué. Il y a plein de pièges, qui sont tous mortels. J’ignore ce qui s’y passe en l’absence des hommes, mais dès qu’ils apparaissent tout se met en mouvement… Des pièges disparaissent, d’autres les remplacent. Des endroits qui étaient sûrs deviennent infranchissables. La route devient simple et facile… ou bien semée d’embûches. C’est ça la Zone… On pourrait la croire capricieuse, mais à chaque instant… elle est telle que nous l’avons faite… par notre propre état d’esprit… Il y a même eu des cas où… les gens rebroussaient chemin à mi-parcourts… D’autres mourraient au seuil même de la chambre. Tout ce qui se passe ici dépend non de la Zone, mais de nous.
- Le Professeur : (Off) Elle laisse passer les bons et tue les méchants !
- Stalker : Je ne sais pas. Je crois qu’elle laisse passer ceux… qui n’ont plus aucun espoir… Ni les bons, ni les mauvais… Les malheureux. Mais le plus malheureux périra vite s’il ne sait pas se conduire… Vous avez de la chance qu’elle vous ait prévenu. »

Apparition du chien noir

Stalker, Photogramme 44 : Plan 79. Première apparition du chien noir dans la Zone.
Stalker, Photogramme 44 : Plan 79. Première apparition du chien noir dans la Zone.

Stalker, Photogramme 45 : Plan 83. Le chien noir s’approche du Stalker, et vient se coucher contre lui.
Stalker, Photogramme 45 : Plan 83. Le chien noir s’approche du Stalker, et vient se coucher contre lui.

Plan 79 : 1h 13' 38" : Au fond et au centre d’une étendue marécageuse, apparaît un chien noir. Il avance vers les trois hommes. Le Professeur répond à l’Écrivain : « D’accord, j’œuvre en vue du Nobel… ( Le chien s’arrête, aux aguets.) (Cf. Photogramme 44.) Et vous, vous courez après quoi ? Vous voulez offrir à l’humanité… (Plan 80 : Le Stalker a les genoux recroquevillés.) les perles de votre inspiration vénale ?
- L’Écrivain : Je me fous de l’humanité. (Plan 81 ) Une seule personne m’intéresse – moi. Je tiens à savoir… si je vaux quelque chose ou si je suis une merde, comme d’autres.
- Le Professeur : (off) Et si vous découvrez que vous êtes…
- L’Écrivain : (off) Savez-vous, Monsieur Einstein… Je ne discuterai pas avec vous. (Tête du Stalker de face) De la discussion jaillit la vérité, qu’elle soit maudite ! Écoutez Géronimo ! (Plan 82 )Vous avez conduit des tas de gens ici…
- Stalker : Pas autant que j’aurais voulu.
- L’Écrivain : (off) Là n’est pas la question. Pourquoi venaient-ils ici, que voulaient-ils ?
- Stalker : Trouver leur bonheur, je pense.
- L’Écrivain : (off) Quel genre de bonheur ?
- Stalker : Les gens ne parlent pas de ce qui leur est le plus cher. Ça ne regarde ni vous ni moi.
- L’Écrivain : (off)Vous avez eu bien de la chance : de ma vie je n’ai rencontré un seul homme heureux.
- Stalker : Moi non plus. Ils sortent de la Chambre, je les reconduis et on se revoit plus jamais. Les désirs ne se réalisent pas immédiatement.
- L’Écrivain : (off) Et vous, cette « chambrette » ne vous a jamais… tenté personnellement ?
- Stalker : Je suis bien comme je suis.  »

Stalker, Photogramme 46 : Plan 85. L’Écrivain : De toute façon toute votre technologie… ces hauts fourneaux et toutes ces roues… et tout ce remue-ménage… en vue de moins travailler et bouffer davantage – ne sont que béquilles et prothèses. L’humanité existe pour créer. Créer des oeuvres d’art. Et ça ne lui rapporte rien, à l’opposé des autres actions humaines. Les grandes illusions ! Images de la vérité absolue. Vous m’écoutez, Professeur ?
Stalker, Photogramme 46 : Plan 85. L’Écrivain : De toute façon toute votre technologie… ces hauts fourneaux et toutes ces roues… et tout ce remue-ménage… en vue de moins travailler et bouffer davantage – ne sont que béquilles et prothèses. L’humanité existe pour créer. Créer des œuvres d’art. Et ça ne lui rapporte rien, à l’opposé des autres actions humaines. Les grandes illusions ! Images de la vérité absolue. Vous m’écoutez, Professeur ?


Le « Tunnel-Hachoir »

Stalker, Photogramme 47 : Plan 96. Vue du large tunnel incurvé et sombre.
Stalker, Photogramme 47 : Plan 96. Vue du large tunnel incurvé et sombre.

Stalker, Photogramme 48 : Plan 97a. Le Stalker pase entre les deux hommes et vient se placer légèrement à droite. Il casse une allumette, et se retourne vers eux : La plus longue ira en premier.
Stalker, Photogramme 48 : Plan 97a. Le Stalker pase entre les deux hommes et vient se placer légèrement à droite. Il casse une allumette, et se retourne vers eux : La plus longue ira en premier.

Stalker, Photogramme 49 : Plan 97b. L’Écrivain porte l’allumette à sa bouche.
Stalker, Photogramme 49 : Plan 97b. L’Écrivain porte l’allumette à sa bouche.

Plan 96 : 1h 27' 10" : Vue d’un large tunnel incurvé très sombre. Des ouvertures au plafond projettent un peu de lumière du jour sur le sol boueux. On entend le bruit amplifié par l’écho d’une porte qui s’ouvre. (Cf. Photogramme 47.)

- L’Écrivain : (off)«  C’est par là qu’il faut aller ?
- Stalker : (off) Hélas, il n’y a pas d’autre voie.  »

Plan 97 : 1h 27' 40" : Les trois hommes sont au seuil du tunnel. L’Écrivain est appuyé contre le sas en fer recouvert d’épaisse poussière et de toiles d’arraignées. Le professeur est à côté de lui, à droite. Derrière, le Stalker.

- L’Écrivain : (off)«  C’est plutôt sombre, hein, Professeur ? Je ne tiens pas à m’y aventurer le premier. Serpent rusé ne se porte pas volontaire.
- Stalker : (off) Tirons au sort. Vous n’êtes pas contre ?
- L’Écrivain : Si. Je préfèrerais un volontaire. (Le Stalker s’avance près d’eux.)
- Stalker : Avez-vous des allumettes ? (Le Professeur sort une boîte de sa poche et la lui donne.) Merci. (Le Stalker passe entre les deux hommes et vient se placer légèrement à droite. Il casse une allumette, et se retourne vers eux.) La plus longue ira en premier. (Cf. Photogramme 48.) (Il tend sa main avec les deux allumettes entre ses doigts.) Tirez. (L’Écrivain tire une allumette.) Cette fois-ci vous n’avez pas eu de chance.  »

Le Stalker jette son allumette, l’Écrivain porte l’allumette à sa bouche et s’avance, (Cf. Photogramme 49.) il considère à nouveau le tunnel : « Vous devriez y jeter un écrou.
- Stalker :(off) Bien sûr... voilà. (Il cherche autour de lui, et ramasse un objet qu’on ne voit pas. L’Écrivain lui laisse la place. Le Stalker lève sa main armée d’un gros caillou qu’il lance dans le tunnel. Il se dégage de l’entrée en fermant violemment la porte devant lui. Puis il la rouvre. Le Stalker demande à L’Écrivain : Encore un ?
- L’Écrivain : Bon… J’y vais.  »

Le Bunker
*

L’Écrivain est-il un saint homme ?

A travers ces plans, nous pouvons aussi déduire que l'Écrivain devient en quelque sorte un Stalker. En effet, dans le tunnel, c'est l'Écrivain qui va guider les autres, comme d'ailleurs il va les guider aussi dans le bunker. Il reste enfin, dans ce registre un fait qui a eu lieu au plan 69. En effet, le Stalker et l'Écrivain veulent traverser une corniche étroite surplombant un précipice. L'Écrivain décontracté dit au Stalker : "Rappelez-vous que Saint-Pierre faillit se noyer." [10] Le Stalker laisse tomber un écrou. Long temps de silence avant le son de chute dans l'eau (en voix-off), il dit à l'Écrivain : " Allez-y l'Écrivain." [11] Le temps de silence avant le son de la chute de l'écrou exprime la distance. L'écrou devient un agent qui mesure une distance importante et dangereuse (comme au plan 116). Dans les deux plans 69 et 116, les cadrages sont en plan rapproché sur les personnages. Dans les deux cas, on peut dire, "qu'on regarde avec nos oreilles". Ainsi la monumentalité est suggérée par le vide, par une audition du vide. Et, à ce moment-là le Professeur disparaît. [12] Toutefois, nous devons remarquer pour conclure, que le son exprime en définitive, la "personnalité" des protagonistes : un bruit alternatif, court et sec ou long et aquatique (ambivalence du Stalker) ; un bruit en écho et sans fond (l'Écrivain) ; un bruit "mou" et imperceptible (allusion au sac du Professeur). Mais dans ces cas spécifiques, nous ne sommes plus dans un registre cinémantique, mais plutôt dans un registre "phonomantique".

*

Plan 117 : 1h 44' 45" : Le Stalker, du fond du bunker, interpelle l’Écrivain : «Vous en avez de la chance ! Mon Dieu, à présent…Vous allez vivre cent ans !
- L’Écrivain : Pourquoi pas éternellement ? Comme le juif errant !  »

L’Écrivain se dirige vers les deux hommes.

Plan 118 : 1h 45' 58" : Gros plan du Stalker. Il continue à parler à l’Écrivain : « Vous êtes sûrement un homme merveilleux. Je n’en ai jamais douté, mais vous avez souffert… un tel martyr ! Ce tunnel est un endroit terrible… Le plus terrible de la Zone. On l’appelle le « hachoir », mais il est pire que ça. Que de gens ont péri ici ! Porc-épic y a sacrifié son frère… Un garçon si fin, si doué ! Écoute plutôt :

Voilà l’été passé
Comme s’il n’avait jamais existé
L’air est encore doux
Mais cela ne suffit pas
Tout ce qui pouvait arriver
M’est tombé dans les mains,
Telle une feuille à cinq doigts.
Mais cela ne suffit pas.
Ni le mal ni le bien.
N’ont existé en vain.
Il est clair, mon feu à moi.
Mais cela ne suffit pas.
Sous son aile, la vie m’a pris.
M’a protégé et sauvé.
Da la chance elle me donna.
Mais cela ne suffit pas.
Les feuilles n’ont pas brûlé.
Les branches n’ont pas cassé.
Le jour est clair comme du verre.
Mais cela ne suffit pas.
Ils sont bien, ses vers, pas vrai ?  »

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Notes et références

  1. Dictionnaire Hachette.
  2. Revue des Traditions populaires, 1886, Paris, Maisonneuve frères et Ch. Leclerc, I, p. 149.
  3. Eloïse Mozzani, Le livre des superstitions, op. cit., p. 329.
  4. Au moment ou il voulait annoncer la nouvelle à son épouse, il aperçoit qu’elle le trompe. Il décide de ne rien lui dire, mais il profite de sa nouvelle richesse.
  5. Adèle n'a jamais eu de chance mais, quitte à mourir, autant se rendre utile. Ces deux destins félés qui se rencontrent vont devenir les deux morceaux d'un numéro gagnant. Mais la chance c'est fragile, il suffit qu'Adèle et Babor se tournent le dos, fassent un pas l'un sans l'autre, et elle s'envole.
  6. Jim devait se marier avec Holly, mais il meurt dans un accident de voiture. Entre temps, Pat remplace Jim par Ned Arp, qui a un faible pour sa petite sœur, Julie.
  7. Véritable prodige, tout le monde l'encourage à poursuivre dans cette discipline mais son père s'y oppose
  8. Quatre jours plus tard, il heurte un iceberg. A son bord, un artiste pauvre et une grande bourgeoise tombent amoureux.
  9. Claire, qu'il a quittée il y a quelque temps, et qu'il vient de revoir, va devenir la partenaire idéale pour ce voyage de la seconde chance d'un couple qui n'avait pas tout a fait épuisé son potentiel d'affinités.
  10. "Seigneur, sauve-moi." alors qu'il commence à s'enfoncer dans les flots. (Mathieu XIV, 22-23.) Cf. Gerstenkorn et Strudel, Etudes Cinématographiques, op. cit.,p. 86.
  11. Cette citation peut être considérée à la lettre comme un clédon. Elle peut signifier "Allez-y, l'Écrivain, devenez Saint Pierre." Est-ce l’Écrivain va devenir "un saint homme" ? Après le tunnel-hachoir, il se métamorphose, et porte le substitut de la couronne d'épines, qui exprime finalement le portement de la souffrance du groupe. Enfin, devant la chambre des désirs, il n'exprimera pas le désir d'entrer, à une nuance près, que nous verrons à ce moment.
  12. Ainsi, nous pouvons considérer cet aspect (l'objet qui suggère la distance) comme un épiphénomène. Au plan 69, le Professeur disparaît. Mais est-ce qu'on peut dire de même pour le plan 116 ? Qu'une partie de l'Écrivain a disparu ? Une partie non sanctifiée ?


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