« Couronne » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
|||
Ligne 29 : | Ligne 29 : | ||
<td>106</td> | <td>106</td> | ||
</tr> | </tr> | ||
<tr> | |||
<td><strong>Stars on my crown</strong></td> | |||
<td><em> Stars on my crown </em></td> | |||
<td><strong>Tourneur jacques</strong></td> | |||
<td>Fitts M., nouvelle de Brown Joe David</td> | |||
<td><strong>1950</strong></td> | |||
<td>USA</td> | |||
<td>89</td> | |||
</tr> | |||
</table> | </table> | ||
<center>* * *</center> | <center>* * *</center> | ||
==Autres titres de films== | ==Autres titres de films== |
Version du 17 avril 2012 à 01:48
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Couronne de fer (La) | La Coronna di ferro | Blasetti Alessandro | Ravolini C.Castellani R.Zorzi G. Blasetti AZucca G | 1941 | Italie | 106 |
Stars on my crown | Stars on my crown | Tourneur jacques | Fitts M., nouvelle de Brown Joe David | 1950 | USA | 89 |
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
1900 | Novecento | Bertolucci Bernardo | Arcalli F. Bertolucci B. |
1976 | Italie | 310 |
Andreï Roublev | (Voir détail : Andreï Rublyov) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Konchalovsky A. |
1969 | URSS | 215 |
Cercle des Poètes Disparus (Le) | Dead Poets Society | Weir Peter | Schulman T. | 1989 | USA | 128 |
Mathilde §. La mère de Mathilde apparaît elle lui dispose d’une couronne autour de la tête Φω. 51. Plan 1178. |
(Voir détail : Mathilde) | Mimica Nina | Mimica Nina | 2004 | Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne | 97 |
Stalker | (Voir détail : Stalker) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Strougatski A. et B. |
1979 | URSS | 161 |
Viridiana | Viridiana | Buñuel Luis | Buñuel L. Alejandro J. |
1961 | Mexique Espagne |
90 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
1900 (Novecento), de Bernardo Bertolucci
Olmo, le courageux, dispose autour de sa tête une couronne de… grenouilles. (Cf. Photogramme – Couronne 2.)
Liens spécifiques du film
Voir :
Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski
Au plan 124, c'est la nuit, Roublev est dans les champs, en présence d'une jeune femme. Dans le plan qui suit :
Plan 125 - 19 [1]: 1h 01' 10" : C'est le jour, il entre dans la cour fermée d'une ferme, il passe derrière une vieille femme qui, curieusement, se balance sur une balançoire au son strident. Elle est face à nous. Il s'arrête quelques instants. C'est en fait, un premier indice du "vieillissement"de Roublev. [2] Il traverse toute la cour, et passe sous un porche. Il fait à peine quelques pas, une couronne en paille, parmi d'autres couronnes fixées sur le porche, tombe en silence sur le sol. (Cf. Photogramme – Couronne 2.)
Nous avons parlé des cas de figures de la porte. Nous avons également parlé de sa structure architectonique. Le passage, si l'on ose dire, du rationnel à l'irrationnel ou du raisonnable au superstitieux, s'effectue simplement par la fixation d'un élément hétérogène à la structure élémentaire de la porte à un niveau singulier, généralement dans sa partie supérieure. Nous voulons préciser, que le substantif "porte" doit être considéré dans un sens très large : toute ouverture pratiquée dans un mur (ou un obstacle) à savoir, de la porte d'entrée d'une maison jusqu'à la grange (comme c'est le cas ici, au plan 126.) Ensuite, en ce qui concerne les objets spécifiques de fixation, ils sont disposés en fonction de leur caractère magique, en fait essentiellement prophylactique. [3] La question de la prophylaxie est essentielle à la cinémancie. Elle s'inscrit de fait, si l'on ose dire, dans un processus pro-mancie, par l'ambition de favoriser des périodes heureuses, grâce à l'intervention d'objets spécifiques selon un rituel et une période précise. Cette question est prépondérante, nous allons la traiter par morceaux, au fur et à mesure des exemples filmiques, car elle déborde sur des figures majeures et spécifiques.
La valeur prophylactique de la couronne
Au plan 126 où nous avons, en définitive, une superposition de trois figures : la porte, la couronne et la chute. (…) "Le symbolisme de la couronne tient à trois facteurs principaux. Sa place au sommet de la tête…, sa forme circulaire…, enfin la matière… On a observé que le mot couronne est originellement très proche du mot "corne" et exprime la même idée ; celle d'élévation, de puissance, d'illumination.(…) Dès la plus haute antiquité, une valeur prophylactique à été attribué à la couronne. Elle tenait cette valeur de la matière dont elle était faite, fleurs, feuillage, métaux et pierres précieuses, et de sa forme circulaire, qui l'apparentait au symbolisme du ciel." [4] Cependant, de ce qui précède, nous retenons un symbolisme particulier qui est en rapport avec le symbolisme du mariage. En effet, les principaux symboles du mariage sont le voile, l'anneau et la couronne : (…) "Le voile [5] symbolise la volonté et la prière de la vierge d'être préservée de toute souillure… L'anneau symbolise l'attachement à la foi… Ensuite l'évêque pose une couronne sur la tête de la vierge, en disant : Reçois un signe du Christ sur la tête afin que tu deviennes son épouse, et si tu demeures dans cet état. Tu seras couronnée pour l'éternité." [6]
Par ailleurs, Fillipetti et Trotereau démontrent que l'origine de ces images remonte à l'aube des temps, bien avant la période antique, à une époque presque pré-historique. Ces images sont issues de rites païens de célébration ou de cérémonie. [7] Longtemps l'église était hostile à de telles pratiques (surtout le culte des eaux, des pierres, des arbres). Elle mena une lutte constante contre de telles pratiques. Par exemple, l'église reprend à son compte l'essentiel des rites et des croyances concernant les pouvoirs immenses prêtés au monde végétal : (…) "Ainsi, l'instant magique de la cueillette se raccorde progressivement aux grandes fêtes religieuses : de nombreuses régions (France) ont voué un culte particulier aux plantes. Celles qui sont cueillies la veille de la Saint-Jean (Millepertuis, Verveine, Menthe, etc.) sont alors tressés en couronne, liées en bottes et suspendues au-dessus des portes et des fenêtres des habitations, dans les granges et les étables qu'elles protègent des forces malignes." [8]
Variation autour de la couronne
Le plan 126 est important, (Cf. Photogramme – Couronne 1), parce qu'il est le seul qui montre directement une vraie couronne. Mais, avant cela, il y a eu deux couronnes suggérées : la première, est une allusion, qui est indissociable de la figure du Christ ; la couronne d'épines qui est absente dans la Passion du Christ. La seconde, est une "étincelle", c'est la couronne de feu éphémère, quand le pied de la robe de Roublev prend feu. Cependant le plan 126 est problématique, il a un sens fuyant et il est, de plus, ambivalent car s'il peut suggérer, par déviation, une métaphore qui représente Roublev, il peut aussi bien exprimer une métaphore de la jeune femme nue. Grâce à ces références formelles, la forme d'une couronne suggère des qualités sexuelles. [9]
Par ailleurs, nous observons, dans la poétique de l'image de Tarkovski, que tous les êtres et tous les objets ont une constante tentation de quitter le ciel pour la terre, de tomber par terre : Efim, le cheval noir, le bouffon, le bourgmestre (sur une roue), Kyril, le chien noir, le cygne blanc, la croix, le Christ et enfin, ici, c'est la couronne qui tombe. Il faut dire que le cinéaste a toujours accordé une grande valeur à la terre et à son équivalence spirituelle la mère. Nous constatons qu'à travers toutes ces figures, il y a une forte allusion à une espèce de métempsycose du déplacement de l'âme dans et vers la terre. (C'est aussi, par exemple, la représentation de la figure du totenbaum –la barque sculptée d'Efim - qui suggère cette idée.) Cela justifie, en fin de compte, la figure des pieds, et celle de Marie qui se jette aux pieds du Christ. En outre, Gilbert Durand, démontre que (...) "l'image de la couronne et de l'auréole s'anastomose [10] à la constellation symbolique du cercle et du mandala." [11] Pour sa part, Bachelard dévoile bien que le vrai sens dynamique de l'auréole n'est rien d'autre que : (...) "La conquête de l'esprit qui prend peu à peu conscience de sa clarté (…) l'auréole réalise une des formes du succès contre la résistance à la montée." [12] En conclusion au plan 126, nous observons, avec Gilbert Durand, qu'il y a un nouveau régime de l'image : "Une euphémisation de la chute en descente, et du gouffre en coupe. La nuit annonciatrice de l'aube." (p. 7.) Cela correspond très exactement à ce que nous observons dans le plan 126. [13] Cependant, ce qui est pertinent à propos du nouveau régime de l'image, nous le verrons au fur et à mesure, c'est qu'en réalité nous allons assister, en plus, à un nouveau régime de la composition des épisodes filmiques. Ils vont subir un changement important par rapport à ce que nous avons vu. Le plan 126 amorce ces nouveaux changements. Andreï Roublev sort de la grange, la couronne est derrière lui, il assiste, devant lui, au réveil grandiose de la nature : nous distinguons au loin des chevaux paisibles qui broutent l'herbe.
Voir aussi
La couronne qui tombe annonce une circularité de la quête de Roublev.
Liens spécifiques du film
Voir : Andreï Roublev
Stalker, d’Andreï Tarkovski
La couronne des fils de fer enchevêtrés
Nous avons vu précédemment, en conclusion au plan 126, d’Andreï Roublev, (Cf. Photogramme – Couronne 1) que nous observons, avec Gilbert Durand, qu'il y a un nouveau régime de l'image : "Une euphémisation de la chute en descente, et du gouffre en coupe. La nuit annonciatrice de l'aube." (p. 7.)
Il en est de même dans Stalker, en ce qui concerne d'une part, la couronne (l'auréole de l'Écrivain), des fils de fer enchevêtrés rappelant une couronne d’épines, que l’Ecrivain disposera sur sa tête (Cf. Photogramme – Couronne 3) ; et d'autre part, du puits (la coupe), (Cf. Photogramme - Puits).
Liens spécifiques du film
Voir : Stalker
Viridiana, de Luis Buñuel
Couronne en feu
La petite Rita tient dans ses mains la couronne d'épines de Viridiana.(Cf. Photogramme – Couronne 4).
En la manipulant, elle se pique le doigt (Cf. Photogramme – Couronne 5).
Puis (…) d'un geste désinvolte elle la lance dans le feu et la couronne d'épines se transforme en une inquiétante couronne de feu. (…) Symbole de la libération de Viridiana, la couronne d'épines qui la punissait et la défendait des mauvaises pensées brûle comme un brasier." [14](Cf. Photogramme – Couronne 6)
Liens spécifiques du film
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.
- ↑ Là aussi, ne peut-on pas dire qu'il s'agit d'une espèce de transfert d'identité ou de résonance ?
- ↑ Sur cette question, Cf. Hervé Fillipetti et Janine Trotereau, Symboles et pratiques rituelles dans la maison paysanne.- Architecture et Vie Traditionnelles, op. cit.
- ↑ Chevalier/Gherrbrant, Dictionnaire des Symboles, op. cit., p. 303 sq.
- ↑ Nous sommes tenté de considérer la cape du Christ et de Roublev comme une voile, ce qui permet d'ouvrir de nouvelles perspectives.
- ↑ M.-M. Davy, Un traité de la vie solitaire : Lettre aux frères du Mont-Dieu, op. cit., pp. 24 sq.
- ↑ Pierre Manoury, Les talismans opératifs, op. cit.
- ↑ Fillipetti et Troutereau, op. cit.,p. 114.
- ↑ Dans Viridiana, la petite Rita tient dans ses mains la couronne d'épines de Viridiana. En la manipulant, elle se pique le doigt, puis (…) d'un geste désinvolte elle la lance dans le feu et la couronne d'épines se transforme en une inquiétante couronne de feu. (…) Symbole de la libération de Viridiana, la couronne d'épines qui la punissait et la défendait des mauvaises pensées brûle comme un brasier." F. Cesarman, Luis Buñuel, traduit de l'espagnol par Annie Morvan, Editions du Dauphin, Paris, 1982, p. 163.
- ↑ Anastomose : Communication naturelle ou pratiquée chirugicalement entre deux conduits de même nature. Du grec, anastomôsis, « embouchure ».
- ↑ Op. cit., p.169. Cf. aussi sur ce point : Jung, Libido, p. 281 sq.
- ↑ Gaston Bachelard, L'air et les songes, op. cit., pp. 67-68.
- ↑ Il en est de même dans Stalker, en ce qui concerne d'une part, la couronne (l'auréole de l'Écrivain), Cf. Photogrammes Couronne 3 : Stalker, plan 120 ; et d'autre part, du puits (la coupe), Cf. Photogramme Puits, plan 116b.
- ↑ F. Cesarman, op. cit., p. 163.