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Dans la séquence, la chute du prince se traduit par une culmination à un haut degré paroxystique d'un certain nombre de figures ; en empruntant une courbe visuelle sinusoïdale, avec une alternance de prises de vues hautes et basses. En effet, les Tatars torturent le trésorier, le prince, en hauteur, assiste à la scène. Au sol le martyr est traîné par le cheval, nous survolons Vladimir dans la fumée. En hauteur, sur la coupole de l'église, il y a des irréductibles, au sol, le prince regarde. Nous volons avec les oies blanches, pour rejoindre Thomas.<ref>Encore une fois, les déplacements et les mouvements de la caméra sont des indicateurs de faits [[Thèse:Résumé|cinémantique]]. </ref> La constante qui anime le prince, c'est finalement sa qualité de spectateur. Son seul acte de bravoure, si on peut l'appeler ainsi, hormis la petite course à cheval, a consisté à poursuivre et à tuer un seul [[Scie#La figure de la scie sifflante dans Andreï Roublev d’Andreï Tarkovski|homme]] russe, jeune et sans armes. Mais partout ailleurs, il ne fera que regarder, ou attendre en regardant, comme dans l'épisode annexe du baiser de la croix. (Hormis le songe éveillé de sa lutte contre son frère.) En définitive, le prince se laisse distancer par le Tatar et par son frère. Il sera aussi, en situation d'[[attente]]. | Dans la séquence, la chute du prince se traduit par une culmination à un haut degré paroxystique d'un certain nombre de figures ; en empruntant une courbe visuelle sinusoïdale, avec une alternance de prises de vues hautes et basses. En effet, les Tatars torturent le trésorier, le prince, en hauteur, assiste à la scène. Au sol le martyr est traîné par le cheval, nous survolons Vladimir dans la fumée. En hauteur, sur la coupole de l'église, il y a des irréductibles, au sol, le prince regarde. Nous volons avec les oies blanches, pour rejoindre Thomas.<ref>Encore une fois, les déplacements et les mouvements de la caméra sont des indicateurs de faits [[Thèse:Résumé|cinémantique]]. </ref> La constante qui anime le prince, c'est finalement sa qualité de spectateur. Son seul acte de bravoure, si on peut l'appeler ainsi, hormis la petite course à cheval, a consisté à poursuivre et à tuer un seul [[Scie#La figure de la scie sifflante dans Andreï Roublev d’Andreï Tarkovski|homme]] russe, jeune et sans armes. Mais partout ailleurs, il ne fera que regarder, ou attendre en regardant, comme dans l'épisode annexe du baiser de la croix. (Hormis le songe éveillé de sa lutte contre son frère.) En définitive, le prince se laisse distancer par le Tatar et par son frère. Il sera aussi, en situation d'[[attente]]. | ||
Il reste deux faits significatifs en ce qui concerne l'extrême brièveté des séquences du [[Pied#Le baiser des pieds|Baiser de la croix]]. C'est un fait singulier qui est à ajouter au compte des traits psychologiques du prince. En effet, si les séquences sont courtes, c'est parce qu'elles étaient courtes dans son esprit, c'est pour montrer qu'il considérait cet acte hautement sacré comme un acte quelconque, sans une grande importance. Et c'est peut-être, au moment où il se trouve en pleine [[trahison]], qu'il se souvient soudainement de ce moment. Si, avec les séquences de Kyril, nous avons traversé le désordre et le trouble, avec le prince nous descendons de plusieurs degrés pour assister au [[passage]] de la mort. L'image la plus extraordinaire est celle de [[cheval]] noir, qui est, cette fois-ci encore, le messager de la mort qui conduit l'âme du malheureux dans l'au-delà, au-delà de la fumée de Vladimir. Au bout de son regard Kyril portait, en contre-champ, la colère et la discorde alors que celui du prince portait, au bout de son regard, la désolation, la torture et la mort. Il devient le prince de la mort, qui contemple la chute de Vladimir. Tout ce qui reste d'un peuple descend une pente à 45°. Ce plan en écho inversé par rapport au [[Unité du plan#Le Nouveau Testament : La Passion du Christ|plan 93]] où dans la scène du portement de la croix, la foule monte une pente. C'est d'ailleurs aussi le cas dans la même séquence lorsque le Christ monte, de face, une petite colline annonçant la Passion du Christ. Le [[Foule# | Il reste deux faits significatifs en ce qui concerne l'extrême brièveté des séquences du [[Pied#Le baiser des pieds|Baiser de la croix]]. C'est un fait singulier qui est à ajouter au compte des traits psychologiques du prince. En effet, si les séquences sont courtes, c'est parce qu'elles étaient courtes dans son esprit, c'est pour montrer qu'il considérait cet acte hautement sacré comme un acte quelconque, sans une grande importance. Et c'est peut-être, au moment où il se trouve en pleine [[trahison]], qu'il se souvient soudainement de ce moment. Si, avec les séquences de Kyril, nous avons traversé le désordre et le trouble, avec le prince nous descendons de plusieurs degrés pour assister au [[passage]] de la mort. L'image la plus extraordinaire est celle de [[cheval]] noir, qui est, cette fois-ci encore, le messager de la mort qui conduit l'âme du malheureux dans l'au-delà, au-delà de la fumée de Vladimir. Au bout de son regard Kyril portait, en contre-champ, la colère et la discorde alors que celui du prince portait, au bout de son regard, la désolation, la torture et la mort. Il devient le prince de la mort, qui contemple la chute de Vladimir. Tout ce qui reste d'un peuple descend une pente à 45°. Ce plan en écho inversé par rapport au [[Unité du plan#Le Nouveau Testament : La Passion du Christ|plan 93]] où dans la scène du portement de la croix, la foule monte une pente. C'est d'ailleurs aussi le cas dans la même séquence lorsque le Christ monte, de face, une petite colline annonçant la Passion du Christ. Le [[Foule#ancre_257p|plan 257]] annonce la Passion de Roublev, car dans la Chute de la [[foule]], il y a la chute de Roublev, avec tout le poids atlantiste et même sisyphien de l'homicide qu'il porte sur son épaule. Mais avant d'aborder ce thème, il reste la chute de l'apprenti Thomas. | ||
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Version du 21 décembre 2011 à 03:56
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Jeune Fille et la Mort (La) | Death and the Maiden | Polanski Roman | Dorfman A., Yglesias R. |
1995 | Angleterre France |
99 |
Mort aux trousses (La) | North by Northwest | Hitchcock Alfred | Lehman E. | 1995 | USA | 135 |
Mort à Venise | Morte a Venezia | Visconti Luchino | Badalucco N., Visconti L. |
1971 | France Italie |
131 |
Trois vies et une seule mort | Trois vies et une seule mort | Ruiz Raoul | Bonitzer P., Ruiz R. |
1996 | France Portugal |
123 |
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski
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[1]
[2]
L’homicide d’Andreï Roublev
Nous sommes au cœur du VIème épisode. La Passion selon André, 2ème partie. L’Invasion. Les habitants de Vladimir résignés, sont à l’intérieur de l’église, à l’extérieur les tatars défoncent la porte à coup de bélier.
Plan 236-53-3 [3]: 1h 46' 58" : Roublev passe derrière une colonne. Il retrouve la sourde-muette, il lui tient le bras et l'aide à se mettre à genoux, parmi la foule qui, elle aussi, est à genoux. Nous entendons les derniers coups de bélier. Brusquement :
Plan 237-54-4 : 1h 47' 08" : la grande double porte de l'église s'ouvre. Les Tatars entrent, leur chef en tête. Ils tuent les Russes soumis qui sont à portée de bras et sans grande résistance.
Plan 238-55-5 : 1h 47' 17" : Le prince [4]entre à son tour.
Plan 239-56-6 : 1h 47' 30" : Plan général en plongée. Bataille générale ou plutôt carnage des tatars. Arrêt sur un escalier en plan moyen.
Plan 240-57-7 : 1h 47' 37" : La muette est emmenée sur le dos d'un envahisseur à un étage supérieur. Roublev monte à son tour. Nous entendons un coup violent. Un casque dégringole le long de l'escalier. Cette image complète la figure de l'escalier du plan 233. C'est en haut de l'escalier que Roublev commettra un homicide pour délivrer la muette d'un viol certain, de plus, cet homicide est commis à l'intérieur d'une église. Est-ce que Roublev devient un ange exterminateur ? En effet, il monte l'escalier d'un trait, deux marches à la fois, sans aucune hésitation. Le casque qui dégringole est une représentation de la tête fracassée de l'envahisseur. L'image s'arrête un instant sur le casque au sol, autre image du seuil de la mort.
La figure des trois encensoirs oscillant
Plan 241-58-8 : 1h 48' 09" : Lire la suite.
La torture du trésorier
Plan 242-59-9 : 1h 48' 56" : Lire la suite.
La chute du prince et lutte du peuple
Du plan 244 au plan 267, nous allons assister à la chute du prince (frère du Grand Prince) et du supplice du trésorier, avec la scène de l’avalement de l’huile bouillante. Cette scène ne préfigure-t-elle pas le silence de Roublev ? [5] Mais l'horrible supplice ne s'arrête pas là. On accroche le malheureux par les pieds à la queue d'un cheval…noir. Le cheval furieux, sort de l'église.
Dans la séquence, la chute du prince se traduit par une culmination à un haut degré paroxystique d'un certain nombre de figures ; en empruntant une courbe visuelle sinusoïdale, avec une alternance de prises de vues hautes et basses. En effet, les Tatars torturent le trésorier, le prince, en hauteur, assiste à la scène. Au sol le martyr est traîné par le cheval, nous survolons Vladimir dans la fumée. En hauteur, sur la coupole de l'église, il y a des irréductibles, au sol, le prince regarde. Nous volons avec les oies blanches, pour rejoindre Thomas.[6] La constante qui anime le prince, c'est finalement sa qualité de spectateur. Son seul acte de bravoure, si on peut l'appeler ainsi, hormis la petite course à cheval, a consisté à poursuivre et à tuer un seul homme russe, jeune et sans armes. Mais partout ailleurs, il ne fera que regarder, ou attendre en regardant, comme dans l'épisode annexe du baiser de la croix. (Hormis le songe éveillé de sa lutte contre son frère.) En définitive, le prince se laisse distancer par le Tatar et par son frère. Il sera aussi, en situation d'attente.
Il reste deux faits significatifs en ce qui concerne l'extrême brièveté des séquences du Baiser de la croix. C'est un fait singulier qui est à ajouter au compte des traits psychologiques du prince. En effet, si les séquences sont courtes, c'est parce qu'elles étaient courtes dans son esprit, c'est pour montrer qu'il considérait cet acte hautement sacré comme un acte quelconque, sans une grande importance. Et c'est peut-être, au moment où il se trouve en pleine trahison, qu'il se souvient soudainement de ce moment. Si, avec les séquences de Kyril, nous avons traversé le désordre et le trouble, avec le prince nous descendons de plusieurs degrés pour assister au passage de la mort. L'image la plus extraordinaire est celle de cheval noir, qui est, cette fois-ci encore, le messager de la mort qui conduit l'âme du malheureux dans l'au-delà, au-delà de la fumée de Vladimir. Au bout de son regard Kyril portait, en contre-champ, la colère et la discorde alors que celui du prince portait, au bout de son regard, la désolation, la torture et la mort. Il devient le prince de la mort, qui contemple la chute de Vladimir. Tout ce qui reste d'un peuple descend une pente à 45°. Ce plan en écho inversé par rapport au plan 93 où dans la scène du portement de la croix, la foule monte une pente. C'est d'ailleurs aussi le cas dans la même séquence lorsque le Christ monte, de face, une petite colline annonçant la Passion du Christ. Le plan 257 annonce la Passion de Roublev, car dans la Chute de la foule, il y a la chute de Roublev, avec tout le poids atlantiste et même sisyphien de l'homicide qu'il porte sur son épaule. Mais avant d'aborder ce thème, il reste la chute de l'apprenti Thomas.
Voir aussi
Des images poétiques qui introduisent souvent un développement sur l'idée de la mort ou d'une fin : plans 19 - 21 ; 44 ; 86 ; 126 ; 131 ; 147 ; 169 ; 207 ; 240 ; 241 ; 242 ; 291 ; 319 ; 367 - 388 - Comparaison du drap (linceul) d’Andreï Roublev avec Nazarin, de Luis Buñuel -
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Plan "
Liens spécifiques du film
Voir : Andreï Roublev
Liens spécifiques du film
Voir : Miroir (Le)
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.
- ↑ Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode, le troisième chiffre aux plans du films depuis le début de la partie.
- ↑ Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode, le troisième chiffre aux plans du films depuis le début de la partie.
- ↑ Afin de ne pas confondre les deux frères, nous appelons le premier, le prince, et le second, le Grand Prince.
- ↑ Nous pouvons comparer l'atrocité occultée, mais terriblement présente, de cette scène, avec le plan 94 de L'intendant Sancho de Mizoguchi. Lorsque l'intendant Sancho applique un fer chauffé, en hors-champ, sur le front de Namiji parce qu'elle avait tenté de s'enfuir. Il en est aussi de même, dans le plan 119 du même film lorsque Mutsu-Waka/Zuchio (frère d'Anju) marque un vieillard au fer rouge. (Cf. L'Avant-Scène Cinéma, 1979, pp.13 et 16.) Nous remarquons que ce qui compte dans ces scènes, c'est le haut degré d'horreur qui anime les bourreaux. Nous entendons, en voix-off, le cri de la femme et de l'homme chez Mizoguchi, et un long son de gargarisme épouvantable, à la limite du soutenable, chez Andreï Tarkovski.
- ↑ Encore une fois, les déplacements et les mouvements de la caméra sont des indicateurs de faits cinémantique.
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Andreï Roublev | (Voir détail : Andreï Rublyov) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Konchalovsky A. |
1969 | URSS | 215 |
Opening Night | Opening Night | Cassavetes John | Cassavates J. | 1977 | USA | 144 |
Miroir (Le) | (Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106 |
Retour (Le) | Vozvrashcheniye | Zvyaguintsev Andreï | Moïseenko V. Novotoski A. |
2003 | Russie | 105 |
Viridiana | Viridiana | Buñuel Luis | Buñuel L. Alejandro J. |
1961 | Mexique Espagne |
90 |