« Cloche » : différence entre les versions

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[[Fichier: Cloche_Andreiroublev_Tarkovski_1600p.jpg|500px|thumb|right| ''[[Andreï Roublev]]'', '''[[#ancre_357|plan 357]]. ''' Après avoir complètement enlevé le moule d'argile, Boris s'assied près de la cloche.]]
[[Fichier: Cloche_Andreiroublev_Tarkovski_1600p.jpg|500px|thumb|right|alt=''[[Andreï Roublev]]'', '''[[#ancre_357|plan 357]]. ''' Après avoir complètement enlevé le moule d'argile, Boris s'assied près de la cloche.|''[[Andreï Roublev]]'', '''[[#ancre_357|plan 357]]. ''' Après avoir complètement enlevé le moule d'argile, Boris s'assied près de la cloche.]]


==Autres titres de films==
==Autres titres de films==
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Pour la pleine compréhension de la fonte d'une cloche, nous devons parler de quelques aspects techniques élémentaires : (…)"la fonte d'une cloche comprend trois opérations successives : le tracé, le moulage, la coulée dans le moule du métal en fusion. (Généralement du bronze : 18 à 22 % d'étain et 78 à 82 % de cuivre.) Le tracé consiste à déterminer la forme et les proportions de la cloche. Le moulage s'exécute dans la fosse même où doit avoir lieu la coulée. Il consiste dans l'établissement du moule (a.) et de la "fausse cloche" ou noyau (b.) séparés l'un de l'autre par une certaine épaisseur de terre (c.) Le moule étant achevé, on le sèche au moyen d'un feu allumé sous le noyau ; les diverses pièces constituant le moule." <ref>D''ictionnaire Larousse'', article : cloche.  </ref> (Cf. Schéma - Cloche )  
Pour la pleine compréhension de la fonte d'une cloche, nous devons parler de quelques aspects techniques élémentaires : (…)"la fonte d'une cloche comprend trois opérations successives : le tracé, le moulage, la coulée dans le moule du métal en fusion. (Généralement du bronze : 18 à 22 % d'étain et 78 à 82 % de cuivre.) Le tracé consiste à déterminer la forme et les proportions de la cloche. Le moulage s'exécute dans la fosse même où doit avoir lieu la coulée. Il consiste dans l'établissement du moule (a.) et de la "fausse cloche" ou noyau (b.) séparés l'un de l'autre par une certaine épaisseur de terre (c.) Le moule étant achevé, on le sèche au moyen d'un feu allumé sous le noyau ; les diverses pièces constituant le moule." <ref>D''ictionnaire Larousse'', article : cloche.  </ref> (Cf. Schéma - Cloche )  


<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:clochep1.jpg|200px|thumb|right|'''Schéma - Cloche ''' : La fonte d'une cloche :
<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:clochep1.jpg|300px|thumb|right|alt=|'''Schéma - Cloche ''' : La fonte d'une cloche :
a. moule ;
a. moule ;
b. fausse cloche ;
b. fausse cloche ;
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''' <span id="ancre_348">Plan</span> 348-37 :''' '' 2h 42' 38''&quot; : Plan général de la fonderie. On fait couler le bronze.
''' <span id="ancre_348">Plan</span> 348-37 :''' '' 2h 42' 38''&quot; : Plan général de la fonderie. On fait couler le bronze.
<span id="ancre_350p"></span> [[Fichier:Clochep2_Andreiroublev_Tarkovski_yeux creation_1600.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Cloche 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 350'''.  La forge qui propose l'image "des yeux de la création."|'''Photogramme - Cloche 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 350'''.  La forge qui propose l'image "des yeux de la création." ]]


''' <span id="ancre_350">Plan</span> 350-39 :''' '' 2h 44' 06''&quot; : Le plan propose l'image "des yeux de la création". Boris devient en quelque sorte une incarnation d'Héphaïstos, le dieu forgeron. (Cf. '''Photogramme – Cloche 1''')
''' <span id="ancre_350">Plan</span> 350-39 :''' '' 2h 44' 06''&quot; : Le plan propose l'image "des yeux de la création". Boris devient en quelque sorte une incarnation d'Héphaïstos, le dieu forgeron. (Cf. '''Photogramme – Cloche 1''')
<span id="ancre_350p"></span> [[Fichier:Clochep2_Andreiroublev_Tarkovski_yeux creation_1600.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Cloche 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 350'''.  La forge qui propose l'image "des yeux de la création." ]]


''' <span id="ancre_353">Plan</span> 353-42 :''' '' 2h 46' 00''&quot; : Boris tâte le moule. On commence à casser le moule.
''' <span id="ancre_353">Plan</span> 353-42 :''' '' 2h 46' 00''&quot; : Boris tâte le moule. On commence à casser le moule.
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=====L’élévation de la cloche=====
=====L’élévation de la cloche=====


<span id="ancre_367p"></span> [[Fichier:clochep4.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Cloche 3''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 367'''.  Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des [[Corde|cordes]], le poids imposant de la cloche.|'''Photogramme - Cloche 3''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 367'''.  Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des [[Corde|cordes]], le poids imposant de la cloche.]]


''' <span id="ancre_367">Plan</span> 367-56 :''' '' 2h 52' 49''&quot; : Plan général du chantier de la cloche. Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des cordes, le poids imposant de la cloche. Tout le village commence à se réunir pour l'ultime acte d'élévation. (Cf. '''Photogramme – Cloche 3''')
''' <span id="ancre_367">Plan</span> 367-56 :''' '' 2h 52' 49''&quot; : Plan général du chantier de la cloche. Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des cordes, le poids imposant de la cloche. Tout le village commence à se réunir pour l'ultime acte d'élévation. (Cf. '''Photogramme – Cloche 3''')
<span id="ancre_367p"></span> [[Fichier:clochep4.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Cloche 3''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 367'''.  Des robustes paysans alignés en rangs, tirent grâce à des [[Corde|cordes]], le poids imposant de la cloche.]]




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<span id="ancre_385p"></span> [[Fichier:Cheval_Tarkovski_Andreïroublev_cloche1_1600_3_dame blanche.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Cloche 4''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 385'''.  La dame en blanc, accompagnée d'une petite fille et d'un cheval noir, traverse la foule en souriant en direction de Boris.|'''Photogramme - Cloche 4''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 385'''.  La dame en blanc, accompagnée d'une petite fille et d'un cheval noir, traverse la foule en souriant en direction de Boris.]]


Comment ne pas voir un rapprochement entre le motif des anges et celui des deux personnages singuliers que nous rencontrons lors de l'élévation de la cloche : la petite fille et la dame en blanc accompagnées du cheval noir. En effet, nous pensons assister ici à une [[apparition]] dans le sens mystique du terme : en fait, ces deux personnages sont invisibles, ils n'apparaissent à la limite que pour Boris. (Cf. '''Photogramme – Cloche 4.''')
Comment ne pas voir un rapprochement entre le motif des anges et celui des deux personnages singuliers que nous rencontrons lors de l'élévation de la cloche : la petite fille et la dame en blanc accompagnées du cheval noir. En effet, nous pensons assister ici à une [[apparition]] dans le sens mystique du terme : en fait, ces deux personnages sont invisibles, ils n'apparaissent à la limite que pour Boris. (Cf. '''Photogramme – Cloche 4.''')
<span id="ancre_385p"></span> [[Fichier:Cheval_Tarkovski_Andreïroublev_cloche1_1600_3_dame blanche.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Cloche 4''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 385'''.  La dame en blanc, accompagnée d'une petite fille et d'un cheval noir, traverse la foule en souriant en direction de Boris.]]


En effet, au plan 385 leur passage pose problème : tout le peuple est debout en silence, il attend avec impatience le son de la cloche. Et nous voyons ces deux personnages au premier plan, qui traversent l'image allégrement, en souriant. Le peuple statique n'est pas étonné de les voir passer. Pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas réels. C'est encore une innovation particulière du réalisateur : rendre l'irréel réel. Ainsi donc, ces deux personnages sont comme des divinités protectrices, qui ont toujours guidé l'audacieux Boris. Nous venons de l'entendre, son père ne lui a pas transmis le secret de la fonte de la cloche, il a donc tout le temps improvisé, inventé, imaginé. Et à son tour, Boris, touché par la grâce, guidera et amènera l'âme troublée et obscurcie de Roublev vers la lumière, vers la peinture. Le cheval noir qui accompagne les deux personnages est aussi à considérer attentivement. En effet, nous avons vu le [[Cheval#ancre_5ap|cheval noir]] dans tous ses états, gesticulant, dégringolant, transpercé, etc. A présent nous le voyons, (au plan 385 et 389) obéissant, majestueux, amical : c'est en fait une [[métaphore]] de la transformation (presque divine) du peuple. D'animal instinctif, il devient humain et raisonnable. De plus, il faut ajouter un autre point qui est en rapport direct avec le 1er épisode : le cheval noir était aussi une apparition, nous en avons pour preuve le fait de le voir au [[Cheval#Les métamorphoses de la figure du cheval noir|plan 5]], et de le voir disparaître au plan 6, au moment ou Efim sort de l'église. Et lors du vol d'Efim, les plans en plongée ne présentent aucune trace de l'animal. Ainsi le cheval noir constitue un liant qui conclut en boucle le film. Mais il n'est pas le seul ; il y en a plusieurs. C'est ce qui fait de ce film un chef d'œuvre à part dans le cinéma et cela pour plusieurs raisons.
En effet, au plan 385 leur passage pose problème : tout le peuple est debout en silence, il attend avec impatience le son de la cloche. Et nous voyons ces deux personnages au premier plan, qui traversent l'image allégrement, en souriant. Le peuple statique n'est pas étonné de les voir passer. Pourquoi ? Parce qu'ils ne sont pas réels. C'est encore une innovation particulière du réalisateur : rendre l'irréel réel. Ainsi donc, ces deux personnages sont comme des divinités protectrices, qui ont toujours guidé l'audacieux Boris. Nous venons de l'entendre, son père ne lui a pas transmis le secret de la fonte de la cloche, il a donc tout le temps improvisé, inventé, imaginé. Et à son tour, Boris, touché par la grâce, guidera et amènera l'âme troublée et obscurcie de Roublev vers la lumière, vers la peinture. Le cheval noir qui accompagne les deux personnages est aussi à considérer attentivement. En effet, nous avons vu le [[Cheval#ancre_5ap|cheval noir]] dans tous ses états, gesticulant, dégringolant, transpercé, etc. A présent nous le voyons, (au plan 385 et 389) obéissant, majestueux, amical : c'est en fait une [[métaphore]] de la transformation (presque divine) du peuple. D'animal instinctif, il devient humain et raisonnable. De plus, il faut ajouter un autre point qui est en rapport direct avec le 1er épisode : le cheval noir était aussi une apparition, nous en avons pour preuve le fait de le voir au [[Cheval#Les métamorphoses de la figure du cheval noir|plan 5]], et de le voir disparaître au plan 6, au moment ou Efim sort de l'église. Et lors du vol d'Efim, les plans en plongée ne présentent aucune trace de l'animal. Ainsi le cheval noir constitue un liant qui conclut en boucle le film. Mais il n'est pas le seul ; il y en a plusieurs. C'est ce qui fait de ce film un chef d'œuvre à part dans le cinéma et cela pour plusieurs raisons.

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