Jeu
Titres des films
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
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Ame en Jeu (L') | Prendimi l'anima | Faenza Roberto | Arduini G., Defilippi A. |
2004 | Angleterre, France, Italie | 115 |
Hors Jeu | Offside | Panahi Jafar | Panahi J., Rastin S. | 2006 | Iran | 88 |
Jeu d'enfant (Un) | Jeu d'enfant (Un) | Tuel Laurent | Tuel L., Verluca C. |
2001 | France | 85 |
Jeu de Rôles | Nadie conoce a nadie | Gil Mateo | Gil M. | 2000 | Espagne | 108 |
Jeu fatal | Pistol Whipped | Reiné Roel | Zeik J. D. | 2008 | USA | 95 |
Jeux de Dupes | Leatherheads | Clooney George | Branthley D., Clooney G., Reilly R., Schiff S., Soderbergh S. | 2008 | USA | 114 |
Jeux de Gangs | Havoc | Kopple Barbara | Gaghan S. | 1939 | Allemagne USA |
85 |
Jeux d'enfants | Jeux d'enfants | Samuel Yann | Samuel Y., Cukier J. | 2003 | France | 93 |
Petit Jeu Sans Conséquence (Un) | Petit Jeu Sans Conséquence (Un) | Rapp Bernard | Dell J., Garcia A.-M., Rapp B. | 2004 | France | 88 |
Règle du Jeu (La) | Règle du Jeu (La) | Renoir Jean | Koch C., Renoir J. |
1939 | France | 115 |
Trouble Jeu | Hide and Seek | Polson John | Schlossberg A. | 2005 | USA | 96 |
Autres titres de films
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Fureur de Vivre (La) | Rebel without a cause | Ray Nicholas | Ray N. Shulman I. |
1955 | USA | 111 |
Jeune Fille à la Perle (La) | Girl with a Pearl Earring | Webber Peter | Chevalier T., Hetreed O. |
2003 | USA | 95 |
Maître (Le) §. Le jeu du verre |
(Voir détail : Mistrz) | Piotr Trzaskalski | Lepianka W. Trzaskalski P ; |
2005 | Allemagne Pologne |
117 |
Mathilde L'expression "arrête ce petit jeu !" |
(Voir détail : Mathilde) | Mimica Nina | Mimica Nina | 2004 | Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne | 97 |
Miroir (Le) | (Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106' |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film.
Le Miroir, d’Andreï Tarkovski
Jeux et enjeux
Plan 87b : 48' 14" : Ignat est au téléphone, il parle à son père. [1] Nous traversons le temps pour rejoindre l'enfance de son père. Un temps lointain : le téléphone tient lieu d'une allégorie de la distance.
Plan 89 : 50' 17" : Changement de cadre. C'est l'hiver, il y a de la neige partout. Plan général d'un champ de tir pour des jeunes adolescents. Le passage cinématographique est encore en miroir : Ignat au téléphone écoute son père quand il était adolescent. La séquence commence par la Rousse, pour s'arrêter sur un adolescent, un orphelin qui a perdu ses parents à Stalingrad. Il s'agit de la séquence ou l'orphelin n'exécute pas l'ordre de "tourner". L'orphelin répond : "tournez-vous, ça veut dire 360°" (plan 93). L'entraîneur agacé lui dit : "quels degrés, tournez-vous." La réponse du jeune est en fait une mise au point. En effet, ce passage rejoint et alimente de nouveau, selon une nouvelle configuration, les constatations sur la valeur des mots. L'adolescent prend les mots aux pieds de la lettre. Il exécute exactement la signification réelle du mot, et pas, ce qu'il sous-entend. [2] Un mot n'est pas une seule chose, et une chose n'est pas un seul mot, il existe entre eux un champ de relation et de signification. Pour être juste, l'expression de l'entraîneur aurait dû être : "tournez-vous face aux cibles."
Plan 94 : 53' 08": Cependant, l'adolescent finit par accepter de s'aligner avec ses camarades, mais pas pour longtemps. Il se lève, monte un petit escalier, s'assied sur un petit banc, sort de son cartable une grenade et la pose sur la table. A partir de là, tout se précipite : un autre adolescent prend la grenade, quelqu'un d'autre la dégoupille et la laisse rouler le long du petit escalier. L'entraîneur, ayant aperçu la grenade, se projette en avant en faisant tomber ses couvre-chefs.
Plan 104 : 54' 52" : Nous entendons les battements de cœur de l'entraîneur. Zoom avant sur la tête de l'entraîneur, sur la surface ronde et rasée du crâne, sur laquelle nous constatons qu'il manque un fragment d'os. Nous apercevons les "battements du cerveau" à travers la peau. (Cf. Photogramme Grenade à blanc.)
Un adolescent hurle : "elle est à blanc." L'entraîneur se lève et dispose sur sa tête d'abord une calotte métallique de protection, ensuite sa casquette.
De la grenade à blanc, à la bombe atomique
C'est sans doute par l'éclat métallique d'une bombe que l'entraîneur a perdu une petite partie de sa boîte crânienne. Nous sommes de nouveau dans une structure en miroir. Mais il y a plus : c'est que cette séquence hautement "épidermique", pour ne pas dire "transdermique", a certainement des rapports avec la séquence de la buée sur la table ou sur le miroir. Nous avons vu l'extrême brièveté de ces instants, cela indique aussi l'extrême brièveté du fait d'être blessé ou plutôt l'extrême fragilité de la vie. Et c'est encore un développement de la figure de la limite, comme avec la barrière ou la clôture.
Plan 107 : 56' 17" : Amorce de deux plans documentaires sur la 2ème Guerre Mondiale: Au bord d'un fleuve, un soldat complètement nu porte à son épaule gauche une énorme caisse de munitions. Peut-être la nudité de l'homme exprime son innocence, quand il était enfant, quand il n'avait rien à cacher ou tout simplement, l'innocence des soldats en général. A proximité du soldat il y a une espèce de radeau, sur lequel d'autres soldats ont de la peine à installer un canon. Mais le canon et quelques soldats tombent à l'eau. C'est un signe avant-coureur de tout le passage suivant : "La traversée du lac de Sivas." Dans l'épisode précédent, avant de passer les séries de documentaires, Andreï Tarkovski installe un à trois plans entre les plans du film. Dans cet épisode, il a placé des courtes séquences tournées. Grâce à cette technique de montage alterné, les plans du film qui suit deviennent à leur tour comme des inserts. Comme par exemple, le plan 113, un oiseau qui quitte un arbre et vient de se poser sur la tête de l'orphelin.
Il y a donc comme un effet d'inversion "en miroir", les plans du film devenant en quelque sorte, les documentaires de la réalité de la guerre. Ainsi les documentaires deviennent le cœur du film, [3] très particulièrement "La traversée du lac de Sivas".[4] Cet épisode montre l'ampleur de la pensée poétique d'Andreï Tarkovski. Comme dans les deux séries de documentaires de l'épisode de la question espagnole, dans lesquels nous assistons d'une part à la douleur du peuple espagnol, suivie par le désir de "progrès scientifique des autorités soviétiques" (les plans de l'aérospatiale soviétique), l'ensemble est précédé par "le scandale" des réfugiés espagnols. Dans cet épisode, nous l'avons vu, il y a d'abord la précision d'un mot "tournez", suivie par la séquence de la fausse grenade. Si comme on l'a dit dans "La question espagnole", les soviétiques "jouaient au ballon", ici, ce sont les enfants qui "jouent à la guerre". Mais "La Traversée du lac de Sivas" nous montre cette fois-ci les soviétiques, plus exactement les soldats du régime soviétique, qui sont bel et bien dans la guerre. Deux détails vont retenir notre attention dans cette série : Des bouts de papiers surnagent à la surface d'une eau putride : la raison, la sagesse, les "mots" n'ont plus de poids dans cette guerre (Plan 110-5). Seuls comptent, les deux obus portés, attachés avec une corde au cou des soldats : comme une balance de la guerre, "une balance de la mort".(Cf. Photogramme Bombe.)
La série de "La Traversée du lac de Sivas" s'achève sur un plan en insert de l'orphelin qui tombe sur la neige et se relève les larmes aux yeux. Aussitôt après, c'est une seconde série de documentaires qui défilent. Il s'agit en fait d'un résumé de la 2nd Guerre Mondiale. Nous citons les passages pertinents et en ordre : Des coups d'obus qui vont interrompre l'insert ; un char d'assaut dans un carrefour en pleine ville ; une rue animée et agitée, le peuple qui salue les vainqueurs ; des déflagrations d'obus la nuit ; un drapeau nazi déchiré ; Hitler abattu ; un feu d'artifice gigantesque ; un homme pleurant, près de lui des béquilles ; une explosion atomique ; un avion ; et ses pilotes ; un champignon atomique.
Nous constatons d'abord que la structure du montage du documentaire obéit à une règle diégétique de narration : chaque plan du documentaire annonce celui qui le suit. Ensuite, nous remarquons qu'ils sont inscrits dans la suite et le prolongement des plans de l'épisode du film. En effet, nous passons d'une grenade à blanc inoffensive, à des obus portés par des soldats, et au bout de la chaîne, à la bombe atomique. Soulignons aussi que le Passage de la grenade à la bombe atomique [5] rappelle le Passage du verre de la lampe à pétrole au fenil en feu. Ce n'est pas un hasard. Cette composition obéit à une structure qui passe du particulier au général, mais à des degrés extrêmes.
PlanPlan 113 : 1h 01' 18" : Retour au camp de tir. L'adolescent est debout, il tient un cartable de la main gauche, se dirige vers un arbre. Il est debout en face de l'arbre. Un oiseau émerge du coin bas gauche de l'image et vient se poser sur sa tête. (Cf. Photogramme – Oiseau.)
Ne peut-on pas voir une certaine analogie par la position de l'oiseau (sur le centre de la tête), et une similitude avec le crâne trépané de l'entraîneur ?
Une troisième série clôture l'épisode, c'est la série chinoise. Elle culmine avec l'aspect idolâtre de l'image de Mao Tsé Toung. (Cf. Photogramme – Statues de Mao Tsé Toung)
Cette succession des plans de l'un au multiple, et la réflexion en miroir du portrait sous verre, nous montrent l'intégration et la condensation du multiple dans l'un, mais en même temps, elle nous indique aussi l'absurdité de cette croyance aveugle en une idole. En résumé, Il faut distinguer, d'une part, les liaisons qui s'installent dans les épisodes, d'autre part, les liaisons qui s'installent entre les épisodes. Une liaison est soit un aspect de concordance analogique dans la ressemblance ou la vraisemblance, soit alors au contraire un aspect antinomique, dans la contradiction ou l'opposition.
Enfin, quand l'adolescent dit : "tournez-vous, ça veut dire 360°," l'entraîneur dubitatif répond : "quels degrés, tournez-vous". Voilà encore un clédon supplémentaire : nous avons vu par exemple, presque tous les degrés du feu : d'une cigarette jusqu'à la bombe atomique ; en passant entre autres par une image non moins négligeable, celle du feu et de la rousse aux lèvres fendues, celle du feu et de la femme aux cheveux de feu… Il suffit de s'arrêter sur une image du film, pour dégager d'autres constatations, d'autres observations.
Liens spécifiques du film
Voir : Miroir (Le)
Voir aussi
- Mathilde (Film de Mimica Nina):
Notes et références
- ↑ _ Le père : "Tu connais des filles."
_ Le fils : "A quoi bon."
_ Le père : "A ton âge, j'aimais déjà, pendant la guerre, une rousse. Notre instructeur lui faisait la cour…" - ↑ Comme dans Napoléon de Sacha Guitry, Joséphine devant la porte de Napoléon fâché. Elle lui dit : "Ouvrez-moi !" Elle devait dire : "Ouvrez-moi la porte !"
- ↑ Ce qui correspond plus ou moins au souhait du réalisateur.
- ↑ Tarkovski écrit : (…) "Ce lac, cet énorme marécage, (…) situé entre la péninsule de Crimée et l'Ukraine, a été, pendant la grande offensive de 1943, le théâtre d'une héroïque et meurtrière traversée par l'Armée rouge, effectuée de plein jour, sous la mitraille des avions allemands." Le Temps Scellé, op. cit., pp. 122-124.
- ↑ La bombe atomique qui est l'inquiétude permanente de Tarkovski, jusqu'au point de devenir un élément central de son dernier film Le Sacrifice.