Bright Star

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Bright Star de Jane Campion. L'une des affiches du film. Une image révélatrice, le poète John Keats “murmure aux yeux” de Fanny Brawne un rêve : « Je rêve que nous sommes des papillons, nous avons seulement 3 jours à vivre. Avec vous, ces 3 jours valent mieux qu'une cinquantaine d’année d'une vie ordinaire.»
Bright Star de Jane Campion. L'une des affiches du film. Une image révélatrice, le poète John Keats “murmure aux yeux” de Fanny Brawne un rêve : «  Je rêve que nous sommes des papillons, nous avons seulement 3 jours à vivre. Avec vous, ces 3 jours valent mieux qu'une cinquantaine d’année d'une vie ordinaire.»
« ÉTINCELANTE ÉTOILE

(Seconde version)
Étincelante étoile ! Que ne suis-je aussi immuable que toi -
Non que je veuille, comme toi, en une splendide solitude
suspendu au faîte de la nuit,
Suivre du regard, les paupières éternellement ouvertes,
Tel l’Ermite de l’univers qui veille infatigablement, ...
(Avril 1819. Revu en 1820.) (Lire la suite.[1])  »


« BRIGHT STAR
(Second version)
Bright star ! would I were steadfast as thou art —
Not in lone splendour hung aloft the night,
And watching, with eternal lids apart,
Like Nature’s patient, sleepless Eremite, ...»
(April, 1819 - Revised : 1820.)

John Keats. [2]


Aspects techniques du film

  • Titre : Bright Star
  • Titre original : Bright Star
  • Réalisation : Campion Jane
  • Année de réalisation : 2010
  • Pays : Angleterre, Australie, France, USA
  • 120 minutes, couleur
  • Langue : Anglais
  • Production : Chapman Jan
  • Scénario : Campion Jane
  • Directeur Photographie : Fraser Greig
  • Décors : Watts Charlotte
  • Costumes : Patterson Janet
  • Musique : Bradshaw Mark
  • Montage : Franceschi Alexandre de
* * *

Principaux acteurs

  • Ben Wishaw : John Keats
  • Abbie Cornish : Fanny Brawne
  • Kerry Fox : Mrs. Brawne, la mère de Fanny
  • Thomas Sangster : Samuel Brawne, le frère de Fanny
  • Edie Martin : Toots, la petite soeur de Fanny
  • Paul Schneider : Charles Brown, l'ami inséparable de John
  • Olly Alexander : Tom Keats, le frère de John
  • Claudie Blakley : Maria Dilke
  • Gerard Monaco : Charles Dilke
  • Antonia Campbell-Hughes : Abigail O'Donaghue
  • Samuel Roukin : John Reynolds


* * *


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Les photogrammes pertinents du film

0h 00’ 00’’ – « Des mots à l'aiguille »

  • Photogramme 1. Premier plan du film. 00h 00' 10" : En très gros plan, une aiguille pique et traverse un morceau de tissu : la première image combine à la fois des qualités poétiques raffinées et un fort aspect réaliste. D'ailleurs, cette élégante combinaison traverse le film de part en part. Le titre du film s'écrit et s'inscrit en surimpression. L'aiguille continue à piquer le tissu.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 1. Premier plan du film.
La réalisatrice a l'ambition de combiner l'art de la couture et de la poésie.
  • Photogramme 2.. 00h 00' 39" : La main qui coud, est celle de Fanny Brawne, elle vit un amour passionné et partagé avec le poète John Keates [3]

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 2.
Fanny Brawne coud près de sa fenêtre aux subtiles lueurs vert-bleu.

Au bas de l'image nous distinguons une partie d'un lit, une personne semble dormir.

  • Photogramme 3. 00h 00' 52" : C'est la petite sœur de fanny, Toots, qui semble à nos yeux, jouer un rôle significatif du film. En effet, le rôle de Toots, dépasse les liens de parenté pour développer des liens symboliques et poétiques rares.

Elle est l'ombre poétique de Fanny Brawne, qui ne la quitte que rarement. D'ailleurs, elles partagent la même chambre.


 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 3.
Le réveil de Toots, la petite sœur de Fanny. Première apparition.
  • Carte géographique. Ancrage spatio-temporel. Inscription du nom d'un village et d'une date : Hampstead Village, Londres, 1818.

 
Bright Star de Jane Campion. Carte géographique. Correspondance géographique : A . Hampstead Village ; B. Londres. Distance : 8.5 km. (5.3 miles)


  • Photogramme 4. 00h 01' 02" : La sortie de la famille Brawne. Ils vont chez Maria et Charles Dilke, des amis à Mme Brawne, qui hébergent John Keats et son ami, Charles Brown.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 4.
La Sortie de la famille Brawne. Une image magnifique.

La combinaison de la sortie de la famille avec le linge blanc suspendu au premier plan participe dans l'émergence de sens poétique, dans la mesure que le linge qui virevolte au grès du vent (comme les mots du poète), confère à l'image une espèce de dynamisme comparable au vol d'un insecte important dans le film, que nous allons bientôt voir  : les papillons. Ainsi, si l'on dire, l'image papillonne. D'autre part, le linge nous ramène à la combinaison “couture-poèsie”.


Chez Maria et Charles Dilke, la relation entre Fanny Brawne et Charles Brown sont très tendus. Elle ne lui sert pas la main : « Je ne sers pas la main de l'ennemi ! »


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0h 05’ 25’’ – Les plis des combinaisons

Fanny Brawne consacre une partie importante de son temps à coudre.

  • Photogramme 5. 00h 05' 31" : Les doigts agiles de Fanny qui confectionne une collerette pour sa nouvelle robe.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 5.
La confection d'une collerette à trois plis.

Fanny racontera à John : « C'est la première fois qu'une robe dans tout Hampstead, a une collerette à trois plis comme celle que je portes. »

Encore une fois, ne peut-on pas voir une combinaison, une relation entre les plis de la robe et les plis d'un poème ?

  • Photogramme 6. 00h 05' 38" : Fanny assise sur son lit, regarde attentivement la collerette.

L'image ne suggère-t-elle pas une double aile d'un insecte magnifique, celle d'un papillon par exemple ?

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 6.
Fanny examine sa collerette à trois plis.


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0h 06’ 02’’ – Tout objet de beauté est une joie éternelle

Début d'un montage alterné : introduction de la séquence de Toots et Samuel chez un libraire.

  • Photogramme 7. 00h 06' 10" : Toots demande si le livre de poésie de John Keats, "Endymion", est sorti.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 7.
Toots et Samuel Brawne chez un libraire. Au second plan, Samuel consulte le livre de Keats, il a pris le premier d'une pile de vingt.


  • Photogramme 8. 00h 06' 13" : Entre temps, Fanny essaye d'ajuster la collerette sur son cou.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 8.
Fanny porte sa collerette devant un miroir.

Les enfants sont de retour. Toots tend le livre empaqueté vers Fanny occupée, elle lui demande de retirer le paquet et de commencer à lire.

  • Photogramme 9. 00h 07' 00" : Toots lisant le début du livre : Tout objet de beauté est une joie éternelle :

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 9.
Toots lisant la poésie.

«Tout objet de beauté est une joie éternelle :
Le charme en croît sans cesse; jamais
Il ne glissera dans le néant, mais il gardera toujours
Pour nous une paisible retraite, un sommeil
Habité de doux songes, plein de santé, et qui paisiblement respire.» (Lire la suite.[4])

Endymion, [5] livre I, 1-4
(Avril-décembre 1817.)

John Keats. [6]

«A thing of beauty is a joy for ever :
Its loveliness increases; it will never
Pass into nothingness; but still will keep
A bower quiet for us, and a sleep
Full of sweet dreams, and health, and quiet breathing. »

(Lire la suite.)

Mais, au 5ème vers (Habité de doux songes, plein de santé, et qui paisiblement respire), Fanny prend le livre des mains de Toots et commence à lire.


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0h 07’ 40’’ – La discussion autour d'Endymion

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 10.
La discussion autour d'Endymion.

Une soirèe mondaine. Fanny est rayonnante dans sa nouvelle robe (son nouveau poème). A la fin d'une danse, elle demande à Samuel de dire à John Keats qu'elle souhaite lui parler.

  • Photogramme 10. 00h 08' 31" : Fanny attendait John dans une anti-chambre de la grande salle de bal. John entre dans la pièce. Fanny commence à réciter le début d'Endymion : « Un objet de beauté est une joie sans fin / Sa beauté l'embellit, jamais, il ne glissera dans le néant.

- John Keats : Vous avez lu Endymion.
- Fanny Brawne : J'aurais tellement voulu l'adorer.
- John Keats : Mais vous l'avez détesté.
- Fanny Brawne : Je ne saurais dire.
- John Keats : Redoutiez-vous de parler avec franchise.
- Fanny Brawne : Jamais.
- John Keats : Alors dites-moi.
- Fanny Brawne : Euh, non, excusez-moi, j'entends rien à la poésie.
- John Keats : Je n'y entends pas grand chose, non plus, semble-t-il ! Je garde bon espoir malgré tout.
- Fanny Brawne : L'espoir peut être utile.
- John Keats : Mais !
- Fanny Brawne : L'espoir et le résultat sont deux choses différentes. L'un ne garantit en rien que l'on atteigne l'autre.
- John Keats : Croyez-vous que l'on progresse avec l'expérience.
- Fanny Brawne : Oui ! Peut-être ! Je n'ai jamais su coudre aussi bien.
- John Keats : Ah !
- Fanny Brawne : C'est la première fois qu'une robe dans tout Hampstead, a une collerette à trois plis comme celle que je portes.
- John Keats : Là derrière-vous, n'est-ce pas la même que je vois.  »

*

- A thing of beauty is a joy forever / Its loveliness increases. It will never Pass into nothingness.
- You've read Endymion.
- I wanted to adore it.
- But you hated it?
- I can't say.
- Are you frightened to speak truthfully ?
- Never.
- Well, tell me then.
- No. I'm not clever with poetry.
- Well, neither, it seems, am I.
- Still I have some hope for myself.
- I think hope useful.
- But...
- Hope and results are different. One doesn't necessarily create the other.
- Would practice help ?
- It might. I wasn't always able to stitch so well.
- Ah !
- This is the first frock in all of Woolwich or Hampstead to have a triple-pleated mushroom collar.
- Isn't that an identical one behind you ?
[7]

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0h 10’ 11’’ – Le ruban du panier

  • Photogramme 11. 00h 10' 11" : Une main experte coupe avec une paire de ciseaux le bout d'un ruban.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 11.
La bande de ruban découpé.


  • Photogramme 12. 00h 10' 12" : Le bout du ruban découpé, c'est celle de Toots, qui ne comprend pas bien pourquoi Fanny coupe un bout de son ruban.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 12.
Toots essaye de comprendre le geste de sa sœur.

Toots court prévenir sa mère que Fanny lui a “piqué” un bout de son ruban, sans sa permission.

  • Photogramme 13. 00h 10' 14" : Fanny qui plie le bout de ruban afin d'en faire un nœud pour décorer un panier de gâteaux à l'intention de John Keats. Elle sait que son frère Tom est très malade.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 13.
Fanny et le ruban de Toots.

Toots revient avec sa mère près de Fanny, nous l'entendons dire : « Fanny à couper un bout de mon ruban sans me demander la permission. (Mme Brawne lui demande la raison de son geste.) Que faites-vous Fanny ?
- Fanny Brawne : J'essaye d'apporter un peu de réconforts à un mourant.
- Mme Brawne : De qui parlez-vous ? Pour qui est-ce ?
- Fanny Brawne : Je ne saurais offrir au pauvre frère de Mr. Keats un cadeau qui ne soit pas parfait. (Cf. Photogramme 14. 0h 10' 28")

Cut.


*

- Mama! Fanny has cut my ribbon, and she never asked.
- What are you doing, Fanny ?
- Trying to bring some comfort to a dying man.
- What dying man ? Where are you taking them ?
- I cannot offer poor Mr. Keats' brother anything that's not perfect.
[8]

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 14.
Fanny qui s'applique avec grande méticulosité.
* * *


  • Photogramme 15. 00h 11' 01" : Fanny, Toots et Samuel, l'inséparable trio va rendre visite à John Keats. Fanny frappe à la porte, elle porte le panier de la main gauche.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 15.
L'inséparable trio va rendre visite à John Keats. Fanny tient le précieux panier de sa main gauche.

Comme d'habitude, Charles Brown ne voulait pas les recevoir : « Nous travaillons Mlle Brawne ! (Fanny insiste) J'ai un cadeau pour votre frère, Mr. Keats.  » (Ce dernier demande à Charles de les laisser entrer.)

Fanny et les enfants entrent. Charles Brown chaparde un gateau du panier : « Vous êtes un singe ignoble. (A partir de cet instant, Charles commence à imiter un singe.) Attention ! Vous pénétrez dans la cage au singe. » (…)

Ce petit échange témoigne des relations froides entre Fanny et Charles. Fanny est vexée, elle décide de ne pas rester et de repartir. Elle sera poursuivie par John Keats qui lui propose de faire la paix, et de l'accompagner pour voir Tom, et de lui offrir elle-même son cadeau. Mais, l'état de santé de Tom ne lui permettait pas de recevoir des visites.


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0h 12’ 50’’ – Le mot d'esprit

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 16.
John Keats court rejoindre Fanny dans la forêt.
  • Photogramme 16. 00h 12' 57" : Elle sera poursuivie par John Keats qui lui propose de faire la paix, et de l'accompagner pour voir Tom, et de lui offrir elle-même son cadeau. Fanny accepte d'accompagner John, malgré les réticences de Toots.

John demande à Fanny : « Préférez-vous que nous passions par l'étang ou par les bois ? J'ai exploré tous ses petits sentiers. Ils sont plus nombreux que vos longs cils. »

L'association des sentiers et des cils est originale. Ainsi, l'exploration des petits sentiers témoigne d'une “aventure” personnelle, au cœur de la nature, qui sera métamorphosée ultérieurement en vers poétique, l'exploration serait à la base de la création poétique de John Keats ; d'autre part, les sentiers qui sont plus nombreux que les longs cils de Fanny, rappelle le verset 30 de l’Évangile selon Mathieu : “Dieu connaît même le nombre des cheveux de notre tête.” L'association est magnifique, elle propose l'émergence d'un contenu poétique à partir du battement des cils, les « gardiens » de l’œil. Et l’œil en question c'est celui de Fanny, celle qui l'aime. Cette hypothèse rejoint le symbolisme des cils dans la poésie arabe et persane, les cils sont considérés comme les armes de l'amour, lui-même instillé dans les yeux. On les compare à des lances, à des épées, à des flèches : tes cils sont des flèches dans l'arc formé par tes sourcils, et qui toutes atteignent leur but. [9]

- Fanny Brawne (répond à John avec incrédulité.) : Mes longs cils ?
- John Keats : Eh hum !
- Fanny Brawne : Vous savez, je ne comprends pas comment vous supporter Mr. Brown, toute la journée. Il n'a jamais aucun mot d'esprit. Pas un seul.
- John Keats : Vous aimez les mots d'esprit ?
- Fanny Brawne : Je m'en délecte.
- John Keats : Vous aimez ce qui est à la mode ?
- Fanny Brawne : Oui. Oui, je l'avoue. (En souriant.)
- John Keats : Les hommes qui aiment provoquer par leurs discours, mais jamais ne vous émeuvent
- Fanny Brawne : J'aime ce qui me distrait.
- John Keats : Je connais ces bandits. Ils sont maniérés dans tout ce qu'il font, qu'ils soit entrain de dîner, ou qu'ils se servent d'un verre de vin.
- Fanny Brawne (s'arrête de marcher.) : Vos critiques s'adressent à moi ?
- John Keats : Non, je prends la défense de Mr. Brown, dont je connais la générosité.
- Fanny Brawne (en haussant le ton.) : Mais vous m'attaquez en le défendant.
- John Keats : Pardonnez-moi. J'ai passé trop de temps au chevet de mon frère.
- Fanny Brawne : Cela empêche-t-il d'apprécier un joli mot d'esprit. »

*

- Would you like to go by the pond or through the woods ? I've explored all these paths, which are more in number than your eyelashes.
- My eyelashes ?
- Eh, hum !
- You know, it amazes me, you can sit opposite Mr. Brown all day. I've never heard him say one thing of wit. Not one.
- You favor wit ?
- I rate it the highest.
- You like the fashionables ?
- Yes, I do.
- Men who say things that make you start without making you feel ?
- Things that are amusing.
- I know these dandies. They have a mannerism in their very eating and drinking, their handling of a decanter.
- You are making an attack on me ?
- No, I am defending Mr. Brown's generous, good heart.
- By attacking myself.
- Forgive me.
- I've been too long at my brother's sickbed.
- Can we not still appreciate clever humor ?
[10]

* * *

Nous allons avancer dans le film. Nous occultons les parties suivantes :

  • La visite à Tom, seul John entre dans la chambre du malade ;
  • Une partie d'une soirée mondaine en présence de John Keats.
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Les critiques de la poésie de Keats

Au cours de la soirée, dans un salon, Fanny discute avec deux dames, la première dame raconte : « Nous parlions avec votre mère de la critique d'Endymion dans Blackwoods.
- Fanny Brawne : On dit qu'elle est très mauvaise !
- Seconde dame : Nul n'aurait osé user des comparaisons aussi profanes et vulgaires que celle employées ici, par ce fils prometteur.
- Fanny Brawne : Le début, ils ne l'ont pas aimé ? Il est parfait, même moi, j'ai su le reconnaître.
- Première dame : Vous appréciez la poésie maintenant ?
- Fanny Brawne : Eh, non, les poèmes demeurent pour moi un mystère.
- Seconde dame (entre dans la pièce John Reynolds) : John vous voilà, nous disions justement que vous avez pris la défense du poème de Mr. Keats.
- John Reynolds : Oh oui... «Je me suis attaché à rien, mais aimé qu'un rien, mais rien vu ni senti qu'un rêve immense, oh je suis présomptueux envers l'amour, envers le ciel, les éléments, et envers ce qu'il y a un homme à l'autre.» Le rythme est magnifique et unique, il use des rimes suspendues qui font subtilement le lien et les répétitions vous transportent au firmament. Je me suis attaché à rien, mais aimé qu'un rien, mais rien vu, (…) C'est immense, et cela les critiques n'en disent rien. »

*

- We were just telling Mrs. Brawne of John Keats' review in Blackwood's.
- Was it so very bad ?
- No man could have profaned and vulgarized every association in the manner which has been adopted by this son of promise.
- Did they not admire the opening ? It was perfect. Even I could know that.
- Do you Like poetry, Miss Brawne ?
- No. Poems are a strain to work out.
- John, we are talking, or are about to talk, of your defense of Mr. Keats' poem Endymion.
- Yes.
I have clung
To nothing, lov'd a nothing, nothing seen
Or felt but a great dream ! O I have been
Presumptuous against Love
Against the sky
Against all elements, against the tie
Of mortals each to each
The rhythm is beautiful and unique.
There are rhymes, but not on the beat.
They're quiet, but binding.
And the repetitions set you up to fly.
(...)
It's beautiful.
Well, there are immaturities,
but there are also immensities,
and that is what they didn't say.
It was said. You said it, Brother.
[11]

* * *
  • John Keats chante dans une chorale ;
  • La leçon de danse de Fanny et des enfants – L'annonce de la mort de Tom Keats.


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0h 19’ 33’’ – La mort de Tom Keats

Dés que Fanny apprend la mauvaise nouvelle, elle va se réfugier dans sa chambre et fera les gestes qu'elle maîtrise au mieux : la couture.

  • Photogramme 17. 00h 20' 02" : Fanny en larmes, commence par déchiré un bout de tissu en deux. L'image suggère cette séparation brutale qu'exprime la mort. Un vide qui se crée.

 
Bright Star de Jane Campion. Photogramme 17. L'image suggère cette séparation brutale qu'exprime la mort.


  • 00h 20' 22" : La mère de Fanny entre dans sa chambre, elle réalise qu'elle souffre et aucun mot pourra la soulager. Elle aide sa fille à coudre la taie d'oreiller du défunt Tom.
  • 00h 20' 30" : Les deux femmes se mettent à l'ouvrage et relient les bouts de tissus. Les gestes sont adroits et parfaits.


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Notes et références

  1. ...
    Le mouvement des eaux qui, en leur tâche rituelle,
    Baignent de leur pureté lustrale les rivages humains de la terre,
    Ou contempler le masque léger que la neige nouvelle
    A posé sur les montagnes et les landes —
    Non ! — et pourtant, toujours immuable, inaltérable toujours,
    La joue appuyée sur la jeune gorge blanche de la beauté que j’aime,
    Que ne puis-je épouser à jamais la douce houle de sa poitrine,
    A jamais demeurer éveillé en une délicieuse inquiétude,
    Sans cesse, sans cesse, l’écouter reprendre tendrement son souffle,
    Et ainsi vivre toujours, ou bien me pâmer et mourir.
    ...
    The moving waters at their priestlike task
    Of pure ablution round earth’s human shores,
    Or gazing on the new soft fallen mask
    Of snow upon the mountains and the moors —
    No — yet still steadfast, still unchangeable,
    Pillow’d upon my fair love’s ripening breast,
    To feel for ever its soft fall and swell,
    Awake for ever in a sweet unrest,
    Still, still to hear her tender-taken breath,
    And so live ever — or else swoon to death.
    (John Keats)
  2. KEATS John . Selected poems - Poèmes choisis (bilingue) Traduction, préface et notes par Albert Laffay, pp. 288-289. Éditions Aubier/Flammarion, Paris.
    John Keats, né le 31 octobre 1795 à Finsbury Pavement, près de Londres, mort à Rome de la tuberculose le 24 février 1821, est un des poètes romantiques anglais les plus importants de sa génération. (Source : Wikipédia.)
  3. Cf. supra.
  4. Aussi, chaque matin, tressons-nous
    Des guirlandes de fleurs pour mieux nous lier à la terre,
    Malgré les désespoirs et la cruelle disette
    De nobles natures, malgré les sombres journées
    Et tous les sentiers malsains et enténébrés
    Ouverts à notre quête; oui, malgré tout cela,
    Une forme de beauté écarte le suaire
    De nos âmes endeuillées. Tels sont le soleil, la lune,
    Les arbres vieux ou jeunes qui offrent le bienfait de leurs printaniers ombrages
    Aux humbles brebis; tels sont encore les narcisses
    Et le monde verdoyant où ils se logent, les ruisseaux limpides
    Qui se bâtissent un frais couvert
    En vue de l’ardente saison, le taillis au fond des bois,
    Richement parsemé de la splendeur des roses musquées;
    Telle, aussi, la magnificence des hautes destinées
    Que nous avons rêvées pour les plus grands des morts;
    Tels, encore, tous les contes charmants lus ou entendus,
    Fontaine intarissable d’un breuvage immortel
    Qui s’épanche en nos cœurs du bord même des cieux.

    Et ce n’est pas seulement pendant une heure brève
    Que nous pénètrent ces essences; non, comme les arbres
    Qui chuchotent autour du temple sont bientôt devenus
    Aussi précieux que le temple lui-même; ainsi, la lune,
    La poésie — cette passion — merveilles infinies,
    Nous hantent jusqu’à devenir le réconfortant flambeau
    De nos âmes et s’attacher à nous d’un lien si étroit
    Que, dans le plein soleil comme sous un ciel couvert et sombre,
    Il nous les faut toujours à nos côtés, ou c’est la mort.»


    «A thing of beauty is a joy for ever :
    Its loveliness increases; it will never
    Pass into nothingness; but still will keep
    A bower quiet for us, and a sleep
    Full of sweet dreams, and health, and quiet breathing.
    A bower quiet for us, and a sleep
    Full of sweet dreams, and health, and quiet breathing.
    Therefore, on every morrow, are we wreathing
    A flowery band to bind us to the earth,
    Spite of despondence, of the inhuman dearth
    Of noble natures, of the gloomy days,
    Of all the unhealthy and o’er-darkened ways
    Made for our searching : yes, in spite of all,
    Some shape of beauty moves away the pall
    From our dark spirits. Such the sun, the moon,
    Trees old and young, sprouting a shady boon
    For simple sheep; and such are daffodils
    With the green world they live in; and clear rills
    That for themselves a cooling covert make
    ‘Gainst the hot season; the mid-forest brake,
    Rich with a sprinkling of fair musk-rose blooms :
    And such too is the grandeur of the dooms
    We have imagined for the mighty dead;
    All lovely tales that we have heard or read :
    An endless fountain of immortal drink,
    Pouring unto us from the heaven’s brink.

    Nor do we merely feel these essences
    For one short hour; no, even as the trees
    That whisper round a temple become soon
    Dear as the temple’s self, so does the moon,
    The passion poesy, glories infinite,
    Haunt us till they become a cheering light
    Unto our souls, and bound to us so fast,
    That, whether there be shine, or gloom o’ercast,
    They alway must be with us, or we die.»

    (John Keats)
  5. Le motif du déguisement de Diane, par lequel la déesse essaie de détourner son protégé de son propre culte, est repris par Keats dans son Endymion (1818). Ici, la feinte est double : dans le premier livre, Diane visite Endymion dans ses rêves sous le nom de Cynthia. Le jeune homme en tombe amoureux et se lance dans une quête pour la retrouver. Dans le quatrième livre, elle revêt la forme d'une jeune Indienne et finit par vaincre les résistances du jeune homme, qui abandonne son vœu pour l'amour de la déesse. La déesse se manifeste finalement sous sa véritable identité, et pardonne à Endymion sa « trahison » pour faire de lui son consort immortel. Le poème a été interprété comme une allégorie néo-platonicienne, représentant la quête humaine de l'idéal. (Source : Wikipédia.)
  6. KEATS John . Selected poems - Poèmes choisis (bilingue) Traduction, préface et notes par Albert Laffay, pp. 144-145. Éditions Aubier/Flammarion, Paris.
  7. Source :Bright Star Script - Dialogue Transcript
  8. Ibid
  9. Source : Wikipédia.
  10. Ibid
  11. Ibid


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