Coffre

De Cinémancie
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La Corde, Alfred Hitchcock en studio dirigeant les acteurs. Au premier plan le coffre de la monstruosité recouvert d'une nappe.
La Corde, Alfred Hitchcock en studio dirigeant les acteurs. Au premier plan le coffre de la monstruosité recouvert d'une nappe.

«  Le coffre est un objet qui s'ouvre. Quand il se ferme, il est rendu à la communauté des objets ; il prend sa place dans l'espace extérieur. Mais il s'ouvre ! Alors, cet objet qui s'ouvre est, dirait un philosophe mathématicien, la première différentielle de la découverte. (…) Le dehors est rayé d'un trait, tout est à la nouveauté, à la surprise, à l'inconnu. Le dehors ne signifie plus rien. Et même, suprême paradoxe, les dimensions du volume n'ont plus de sens parce qu'une dimension vient de s'ouvrir : la dimension d'intimité.  »
— Gaston Bachelard. [1]


Titres des films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée (min.)
Têtes Vides Vherchent Coffres Vleins
§. Boston, 1950. Escroc à la petite semaine, Tony Pino vit de petits larcins et d'arnaques plus ou moins minables. (Lire la suite : [2] (Pitch du film.)
Brink's Job (The) Friedkin William Green Walon, d'après le livre de Behn Noel, Big Stick Up At Brink's 1978 USA 104
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Autres titres de films

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Bright Star

§. La romance passionnée au XIXème siècle, à la fin de la vie du poète anglais John Keats (1795-1821) et de Fanny Brawne

§. Vers la 63ème minute, la clé du coffre, tout un symbole.
Bright Star Campion Jane Campion Jane 2010 Angleterre, Australie, France, USA 120
Corde (La)

§. Deux étudiants en suppriment un troisième, pour la seule beauté du geste. Défi suprême, le meurtre précède de peu une soirée où ils reçoivent les parents de la victime et leur ancien professeur.

§. Le comble de l'extrême perversité et de la folie, c'est que le corps du malheureux sera déposé dans un coffre sur lequel seront placé les accessoires de la réception.
Rope Hitchcock A. Laurents A. 1948 USA 80
Da Vinci Code

§. Une nuit, le professeur Robert Langdon, éminent spécialiste de l'étude des symboles, est appelé d'urgence au Louvre : le conservateur du musée a été assassiné, mais avant de mourir, il a laissé de mystérieux symboles... (Lire la suite : [3]) (Pitch du film.)

§. Vers la 38ème minute, le cryptex, un coffre fort portable, attribué à Léonard de Vinci.
Da Vinci Code (The) Howard Ron Goldsman Akiva, d'après le roman éponyme de Dan Brown 2006 USA 149 – 174 (V.L.)
Fenêtre sur cour Rear Window Hitchcock Alfred Woolrich C. (nouvelle) Hayes J. M. 1954 USA 109
Or des Mers (L')
§. Parce qu'il a trouvé une caisse au contenu mystérieux rejeté par la mer, un vieux pêcheur méprisé se voit courtisé par la habitants de l'île d'Hoédic. (Pitch du film.)
Or des Mers (L') Epstein Jean Epstein Jean 1933 France 72
Pays de la Violence (Le) I walk the Line Frankenheimer John Sargent Alvin, d’après la nouvelle de Jones Madison 1970 USA 97
Scoop
§. L'enquête du célèbre journaliste d'investigation Joe Strombel, consacrée au "Tueur au Tarot" de Londres, tourne court quand il meurt de façon aussi soudaine qu'inexplicable. Mais rien, pas même la mort, ne peut arrêter Joe. (Lire la suite : [4]) (Pitch du film.)
Scoop Allen Woody Allen Woody 2006 USA 96
Source (La) Jungfrukällan (littéralement : La Source de la vierge) Bergman Ingmar Isaksson U. 1960 Suède 89
Théorème

§. Un jeune homme d'une étrange beauté s'introduit dans une famille bourgeoise. Le père, la mère, le fils et la fille succombent à son charme. Son départ impromptu ébranle tous les membres de la famille... (Pitch du film.)

§. Vers la 53ème minute.
Teorema Pasolini Pier Paolo Pasolini Pier Paolo 1968 Italie 98
Vie est belle (La)
§. Giosué dans le coffre métallique
Vita é bella (La) Benigni Roberto Benigni Roberto et Cerami Vincenzo 1997 Italie 117
Viridiana Virdiana Buñuel Luis Buñuel Luis
Alejandro J.
1961 Mexique
Espagne
90
Visiteur (Le) Muukalainen Valkeapää Jukka-Pekka Forsström J.
Valkeapää J.-P.
2008 Finlande

Angleterre

Allemagne
139
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Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film

Pays de la Violence (Le), de John Frankenheimer

Résumé du film

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 1. Buddy et Alma McCain dans la camionnette.


Henry Tawes (Gregory Peck)[5], la cinquantaine passée, est le shérif d’une petite ville du Tennessee (centre est des États-Unis). C’est un homme honnête et bon. Un jour, il rencontre une jolie jeune femme, Alma McCain (Tuesday Weld), qui pourrait être sa fille. Le père d’Alma tient une distillerie clandestine, c’est la seule ressource de la famille. Alma, transformé en « Lolita », séduira le sérieux shérif afin qu’il « ferme les yeux » sur l’activité illégale de son père. Le shérif ne résistera pas longtemps aux charmes irrésistibles de la jeune fille, il va finir par succomber à cette douce folie amoureuse, non seulement en protégeant son père, mais aussi en décidant d’enlever sa fille, de quitter sa femme et son travail.


0h 03’ 40’’ – Alma et Buddy « jouent » avec une camionnette - Première rencontre du shérif et d’Alma

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 2. Le shérif qui observe la fuite du conducteur (Buddy McCain).

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 3. Image révélatrice : Première rencontre du shérif et d’Alma qui se retrouve au fond de la camionnette. Au fond d’un véhicule qui est en infraction aux codes de la route. Il est à remarquer que la position recroquevillée d'Alma au fond du camion, fait penser à un « coffre ».

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 4. - Henri (off) : Votre nom ?
- Alma : Alma McCain.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 5. Derrière la pare-brise fêlée de la camionnette, l’impact des lignes de fêlures sur l’âme du shérif.


À un virage, une vieille camionnette déboule d’une manière inquiétante, en dépassant largement les limites réservées à sa trajectoire, la voiture enjambe un talus, revient sur la route. La conduite est dangereuse. Nous devinons aisément que le conducteur ne sait pas conduire.

Photogramme 1 . 03' 46" : Gros plan sur le conducteur et son coéquipier. Il s’agit du jeune Buddy et de sa sœur Alma, son aînée. Buddy est fou de joie de conduire une vraie voiture. Sa sœur lui demande d’aller plus vite.

A cet instant précis, le shérif en embuscade, voit passer la conduite bizarre de la « camionnette ivre » et immédiatement se lance à sa poursuite.


Photogramme 2. 04' 30" : L’enfant est pris de panique, la camionnette s’enfonce dans un près, aussitôt Buddy sort du véhicule, sans s’inquiéter de sa sœur, et prend la fuite. Le shérif s’arrête sur le bas-côté, il observe la scène.

Il sort de sa voiture de fonction et se dirige calmement, vers la camionnette, la contourne, s’approche de la porte du conducteur.

Photogramme 3. 04' 52" : Alma est tapie au fond du véhicule, elle a l’air craintive. Le shérif s’incline légèrement à l’intérieure de la camionnette et demande : « 
- Ca va ?
- Oui, shérif.
- Sortez de là.
- Bien, shérif.
- C’est qui dans les taillis ?
- Hein !
- Quelqu’un s’est échappé.
- Ça c’est Buddy. Mais c’est qu’un gamin.
(…) (Elle raconte l'incident des chaussures de crocodiles de grande taille.)
- Votre nom ?
- Alma McCain. (Cf. Photogramme - 4. 05' 55")
- Où habitez-vous ?
- Gatesboro Road. On est arrivés récemment. Avant, on était à Loomis Canyon.(Cf. Carte géographique.)
- Qui ça, « on » ?
- Mon père, Buddy, Clay et moi. Clay a presque 18 ans. Mais ils sont pas à la maison, ils bossent.
- Où ça ?
- A l’usine. Mais c’est du travail quand même. Ca fait rentrer de l’argent, c’est bien. (Elle sourit. Henri est dubitatif. )
- C’est très bien (Elle sort de la camionnette.)
- Ils sont chez Kingman. Ils fabriquent des cafetières.
- Et votre mère ?
- J’en ai pas. Je fais la cuisine et je m’occupe de Buddy.
- Moi, je vous dis ce que j’ai vu : c’était un petit garçon qui conduisait. Et vous êtes pas un petit garçon à ce que je sache. (Elle rit.)
- Non, shérif. (Temps de silence prolongé.) N’arrêtez pas Buddy. Je suis responsable de lui. Il est encore petit. (Elle lui prend le chapeau de Buddy des mains. (07' 17") Je vous en serais vraiment reconnaissante.
- Montez. (Cf. Photogramme - 5. 05' 55")
- Dites à votre père que le shérif Tawes a dit : que les gens qui conduisent doivent avoir leur permis…
- Entendu shérif. Je vous remercie infiniment.
- Et dites aussi à votre frère de mettre des chaussures à sa taille.
- Oui shérif. »





Par la suite, grâce à une manœuvre habile d'Alma, le shérif va tomber amoureux de sa grâce juvénile. Mais un inspecteur fédéral, Bascomb, aura comme mission d'enquêter sur les distilleries clandestines que le shérif par ailleurs va découvrir chez les McCain. Inquiet, le shérif prend la décision grave, et contre la loi, d'arracher une page du registre du comté.


0h 28’ 53’’ – La page arrachée du registre

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 6. La main du shérif qui compose la combinaison du coffre de la police pour sortir un grand registre. Est-ce le registre des arrivées dans la comté, comme l’a prétendu Alma ?


Photogramme 6. 28' 53" : Gros plan de la main du shérif qui ouvre un coffre métallique en faisant tourner le code d'une combinaison. Il sort un grand livre du genre registre. Il s’installe à son bureau et commence à consulter le registre. Est-ce le registre des arrivées dans la comté, comme l’a prétendu Alma ?Il arrive à la page McCain. (Cf. Photogramme - 7. 29' 21") Il boit un verre de whisky. Il déchire la page.(Cf. Photogramme - 8. 29' 38")

29' 43" : Au même moment, en face du commissariat, Hunnicutt est en civile dans une salle de jeux où l’on joue au billard, il mange des pop-corn. Mais d’une nature fouineuse, il monte de la cave de la salle de jeux, pour observer le shérif qui est encore dans son bureau. Il continue à manger ses pop-corn pour voir que le shérif sort de son bureau, monte dans sa voiture, et part.


 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 7. Le shérif consulte le registre et trouve la page des McCain, la page qui représente Alma.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 8. Le shérif vide un verre de whisky et sépare la page des McCain en la déchirant.



0h 30’ 53’’ – Le shérif chez lui - 2

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 9. À son retour du commissariat, le shérif trouve son père assis dans une véranda en verre, qui ressemble à une cage en verre. Une métaphore d'un « coffre ».

De retour, le shérif passe voir son père qui est assis paisiblement dans une véranda vitrée qui ressemble à une cage en verre. Le shérif derrière la porte vitrée de la véranda sourit à son père : «  T’es pas couché ? (Cf. Photogramme - 9. 31' 19")
- Ils ont coupé l’arbre du vieux Linton.
- Oui, je sais.
- Il essayait de se raccrocher à quelque chose.
- C’était pas son arbre.
- J’ai eu vision. Je dormais. Le chien a aboyé et je me suis réveillé. Les filles vont revenir. Ta mère aussi. On ira pêcher tous ensemble.
- D’accord, papa.
- Le chien aboie. La campagne est en feu. Je reste assis. J’entends tes sœurs. Elles vont revenir, je le sais.
- C’est possible, papa, (Il se déplace vers la porte d’entrée de la maison.) tarde pas à aller te coucher.»

32' 09" : La femme du shérif est couchée dans le lit, comme l’autre nuit : « 
- T’as finis ta paperasserie ?
- (Le shérif, les mains croisées derrière la tête.) Oui.
- T’as l’air crevé…»

Cut.



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Source (La), de d'Ingmar Bergman

Plan 103

C'est le moment où Karin s'enfonce dans la forêt et Ingeri se rend dans la maison du gardien du pont.

 
La Source, Plan 103. Le Gardien ouvre un petit coffre et renverse le contenu devant Ingeri.


Plan 103. Dans la cabane :
- Ingeri : (…)" Tes voisins sont loin d'ici?"
- Gardien : " J'entends ce que je veux, et je vois ce que je veux." (…) "Toi aussi, tu peux entendre comme moi… si tu le veux. Ecoute!" (Le bruit sourd d'un galop de cheval s'entend au loin.)
- Ingeri : "Quel est ce grondement dehors?"
- Gardien : "Trois hommes morts sont allés à cheval vers le nord." (…) (Il ouvre un petit coffre, et renverse le contenu devant Ingeri. Il lui présente les objets.) (…) (Il prend un doigt coupé)"Le sang cesse de couler"(Il prend un coquillage)"Le poisson arrête sa course." (Il le repose et prend une plume) "L'aigle suspend son vol." (…) "Voici ta puissance."
Ingeri troublé lui dit : "Tu t'es souillé, tu as fait des offrandes à Odin." (Cf. Photogramme - Plan 103.)

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Viridiana de Luis Buñuel

0h 10’ 27’’ – Plans 17 – 22. Don Jaime nostalgique – Le coffre de feue Dona Elvira

 
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme - Plan 18.
Don Jaime tente de passer à son pied une des chaussures de son épouse.

Plan 17. 00h 10' 27" : Plan rapproché sur un feu de bois qui brûle dans une cheminée du salon. Panoramique à droite, sur la pendule qui marque deux heures du matin. La mélodie du carillon domine la musique du phonographe qui joue le quatrième mouvement de la Neuvième symphonie de Beethoven. Au fond, la chambre de Don Jaime éclairée par une lampe à pétrole.

  • Photogramme – Plan 18. 00h 10' 48" : Don Jaime est assis devant un grand coffre de bois sculpté qu'il vient d'ouvrir. Il regarde un vêtement de mariée qui est sans doute celui que portait feue Dona Elvira le jour de ses noces. Nous distinguons posé sur le couvercle du coffre, entres autres, le voile de la mariée. Don Jaime se déchausse et tente de passer à son pied nu une des chaussures de son épouse.


  • Photogramme – Plan 19a. 00h 10' 51" : Gros plan sur le pied droit de Don Jaime chaussé par la chaussure à talon de feue Dona Elvira. Il enlève la chaussure et la jette dans le coffre, pour saisir un bouquet de fleurs artificielles (Cf. Photogramme - Plan 19b.00h 10' 58"), il contemple le bouquet quelques secondes (Cf. Photogramme - Plan 19c.00h 11' 03"), et le jette sur le lit.

 
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme - Plan 19a.
Gros plan du pied féminin de Don Jaime.

 
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme - Plan 19b.
Plan rapproché de l'intérieur du coffre.

 
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme - Plan 19c.
Don Jaime contemplant le vieux bouquet de fleurs artificielles.


Plan 20. 00h 11' 06" : Gros plan sur le phonographe. Pourquoi y-a-t-il ce plan de transition avec le plan 19c, le moment où Don Jaime jette le bouquet de fleurs sur le lit ?


Plan 21 00h 11' 14" : Retour sur Don Jaime devant le coffre. Il sort du coffre une gaine de satin à rubans qu'il tient en mains, il se lève et se dirige vers un miroir. Il se ceinture de la gaine et contemple son visage.



Le parallélisme d'objet chez Buñuel

Nous appelons un parallélisme d'objet ou d'élément, la présence de deux choses différentes qui ont souvent une même morphologie. En langage savant, nous dirons une tautologie, qui veut dire en grec : « la même chose » [6] Cet aspect prend chez Buñuel une valeur significative qui doit nous interpeller. Le parallélisme d'objet glisse dans le corps du film d'une façon discrète mais il devient le “ciment” qui relie des blocs d'images avec des concepts différents, comme par exemple la poignée de la corde à sauter et la pis de la vache , mais encore dans la même période du film, le clou sur lequel Don Jaime accroche la corde et les monumentales clous des instruments de la crucifixion. De la sorte, cet aspect devient un déclencheur poétique qui anime et stimule l'imagination. Il est à noter que les deux couples cités sont représentés durant les dix premières minutes du film, ils sont donc inclut dans un temps relativement court, en simplifiant nous obtenons les parallélismes temporelles suivants :

[Parallélisme 1] : Poignée de Corde (00h 02' 48") / Pis de vache (00h 07' 52")
[Parallélisme 2] : Clou de Corde (00h 03' 22") / Clous de la crucifixion (00h 07' 23")

Le parallélisme entre la valise de Viridiana et le coffre de Don Jaime

Il s'agit, sous la forme d'un tableau du :

[Parallélisme 3] : Valise de Viridiana (00h 07' 23") / Coffre de Don Jaime (00h 10' 48")

Valise de Viridiana Coffre de Don Jaime
Taille Petit Grand
Espace Mobile Immobile
Temps Photogramme 6 – Plan 3c. 00h 03' 32" : La voiture à cheval s'arrête devant le perron de la maison. Viridiana descends, c'est le cocher qui sort la petite valise banale de Viridiana. C'est un coffre de bois sculpté, il fait partie des meubles. Il est posé dans la chambre depuis le décès de Dona Elvira, depuis plus de vingt ans. Photogramme 23 – Plan 18. 00h 10' 48" : Don Jaime est assis devant le coffre qu'il vient d'ouvrir.
Contenant Instruments de crucifixion : objets de souffrance et de douleur. Habits de mariage : Enveloppe de bonheur, le scellement dans la joie, d'une union.
Objets Un crucifix en bois, une couronne d'épines, un marteau, des clous, une éponge. Nous distinguons un vêtement de mariée, un voile, un bouquet de fleurs artificielles, une chaussure à talon.
Position des objets L'ensemble est posé sur un coussin à même le sol. Les accessoires cités sont jetés avec une certaine négligence.
Situation des personnages Viridiana est à genoux, en signe de vénération et de soumission. Don Jaime, au contraire, cherche plutôt à s'amuser avec les contenants du coffre, comme s'ils étaient des jouets sexuels. Est-ce un travestisme inconscient, inavoué ?

A travers la comparaison et la description du tableau nous obtenons un calque psychologique relativement précis des deux personnages. En effet, Gaston Bachelard, dans un chapitre consacré à la question du coffre, considère, avec raison, que nous pénétrons dans les “images du secret”. [7] Un peu plus loin, il précise : “Le coffre est un objet qui s'ouvre. Quand il se ferme, il est rendu à la communauté des objets ; il prend sa place dans l'espace extérieur. Mais il s'ouvre ! Alors, cet objet qui s'ouvre est, dirait un philosophe mathématicien, la première différentielle de la découverte. (…) Le dehors est rayé d'un trait, tout est à la nouveauté, à la surprise, à l'inconnu. Le dehors ne signifie plus rien. Et même, suprême paradoxe, les dimensions du volume n'ont plus de sens parce qu'une dimension vient de s'ouvrir : la dimension d'intimité.” [8] Mais chez Buñuel la représentation des images d'intimité se complique un peu, puisqu'il associe deux contenants différents ayant des contenus également différents. Ainsi, nous ne pouvons pas dire dans la comparaison, qu'avec les contenants ouverts, “le dehors ne signifie rien”. Nous avons vu la place des contenants quand les objets sont dehors, et la différence de comportement entre Viridiana et Don Jaime devant les objets. N'y-a-t-il pas ici une dialectique influente et communicative entre le dedans et le dehors ? Nous ne pouvons pas non plus dire, dans notre cas, que “les volumes n'ont plus de sens”. Il nous semble, qu'au contraire, ils vont acquérir un caractère de monumentalité, surtout avec la situation de Viridiana, quand Ramona regarde par le trou de la serrure (Plan 8), à ce moment là, c'est la chambre de Dona Elvira qui devient un coffre monumental, dont Ramona souhaite percer le secret. Et si nous allons jusqu'au bout de notre raisonnement, au plan 8, Viridiana elle-même devient comme un objet, qu'on va bientôt manipulé. Du côté de Don Jaime, le cadrage du plan est significatif, puisque nous assistons à toute la scène, en restant au seuil de la chambre, devant une porte sculptée ouverte. Autre représentation d’un coffre à l’intérieur d’un coffre (monumental).

Toutefois il y a un dénominateur commun qui relie les deux contenants, il s’agit de feue Dona Elvira, Viridiana est dans sa chambre au moment où elle ouvre sa propre valise, Don Jaime est dans sa chambre quand il ouvre le coffre des habits de mariage. Et justement ce qui est frappant dans la comparaison du tableau, c’est le comportement des deux personnages, Viridiana en prière et Don Jaime qui s’amuse, seul, à faire la noce. En somme, grâce à ces deux passages nous entrons dans ce que Bachelard appelle « la topo-analyse des espaces intimes ». [9]

Enfin, le coffre n’a pas fini de nous livrer des surprises que nous allons voir plus loin. A présent nous revenons à la suite de la séquence : Don Jaime devant le coffre, plan 21.

Plan 22 00h 11' 19" : Plan américain. Don Jaime se ceinture de la gaine, nous apercevons seulement le buste de Don Jaime. Il contemple son visage.

Soudain, un bruit le fait tressaillir. Il cache la gaine et demande d'une voix angoissée : « Qui est là ?  » Il range rapidement la gaine et d'autres accessoires dans le coffre, et il avance vers la porte.

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Visiteur (Le) de Jukka-Pekka Valkeapää

Résumé du film

Il était une fois, un enfant qui vivait avec sa mère dans le cœur d'une forêt, dans le grand nord, son père était en prison.
L'enfant était muet, il avait comme seul compagnon un cheval blanc qui s'approchait peu de lui, le cheval était toujours caché au fond de l'étable.
L'enfant et le père avaient un secret, il s'agit d'un petit objet mystérieux que l'enfant caché soigneusement dans un double fond d'une petite boîte métallique en forme de coffre. Avant de rendre visite à son père, l'enfant cherchait l'objet mystérieux dans un puits abandonné, au fond de la forêt.
Un jour, un visiteur (mystérieux) apparaît, avec un billet du père, afin de rester un moment avec la mère et l'enfant.





Chez le père, en prison - Première apparition du coffre

Photogramme - Plan 7. 03' 54" : L'Enfant entre dans la cellule, son père l'attendait assis à califourchon, sur un banc. L'Enfant s'assied du côté droit du banc et dépose devant son père, le petit coffre mystérieux (Première apparition).

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme - plan 7, première allusion au mystérieux petit coffre.

Photogramme - Plan 8. 04' 03" : Le surveillant ferme la porte de la cellule, nous regardons la scène à travers l'œilleton de la porte (3ème barrage).

Le Père est visiblement animé, il parle sans cesse à son Enfant, mais pour le moment, nous n'en saurons rien. Ce dernier, le regard baissé vers le sol, écoute avec attention. Il faut noter la position des deux mains posées sur les cuisses, qui témoignent d'une attitude rare et inhabituel pour un enfant. Une attitude, si l'on ose dire, pharaonique.

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme - plan 8, nous regardons la scène à travers l'œilleton circulaire de la porte (3ème barrage).





Chez la mère - "Le Trésor"

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme - plan 16, l'Enfant se dirige dans le coin de la chambre, mais la caméra reste au seuil de la chambre (5ème barrage). Il commence par enlever des planches du sol.

Photogramme - Plan 16. 06' 43" : Il se dirige dans le coin de la chambre, mais la caméra reste au seuil de la chambre (5ème barrage). Il commence par enlever des planches du sol.

Photogramme - Plan 17. 07' 02" : A travers l'étrange ouverture. L’Enfant se laisse glisser dans l'espace exigu, constitué en fait de deux planchers, le sol de la chambre et le plafond de la chambre de dessous, celle ou dort sa Mère. Il ferme derrière lui avec un petit tapis.

Cette ouverture et l'espace qu'elle représente, constituent une autre innovation du film, avec l'introduction d'élément inaccoutumé, qui dévie complètement le sens traditionnel d'une habitation. C'est une image très rare au cinéma, pour ne pas dire unique. L'habitation est ainsi divisée en trois parties (viables et perceptibles à l'écran), de la sorte nous retrouvons une représentation métaphorique de la famille : la Mère au rez-de-chaussée, l'Enfant au milieu et le Père au 1er étage. Est-ce le signe de la trinité ?

Par ailleurs, nous obtenons au sens propre et au sens figuré, grâce au mouvements de la caméra, à la fois, une découpe-balayage vertical (de haut en bas) et horizontal (au milieu) de la maison. Est-ce le signe de la croix ?

Photogramme - Plan 18. 07' 30" : Dans la pénombre, l'Enfant rampe jusqu'au fond de sa cachette, vers ce qui semble être son « trésor ». Il sort le mystérieux « coffre » et le dispose parmi une collection d'autres objets, aussi mystérieux que le coffre. Nous distinguons de droite à gauche : trois objets sphériques, dont le troisième est fortement coloré en vert, une espèce de corne, un quatrième objet sphérique qui fait penser à une perle, un amas de petit bout de ficelle, le coffre, un objet indéfini, un petit jouet ayant la forme d'un éléphant et une plume alternée de deux couleurs.


L'image est intéressante, elle va nous livrer un indice, car comme nous allons le voir, c'est toujours dans l'ombre ou l'obscurité complète d'un puits ( plan 144), que l'Enfant cherchera « l'objet mystérieux ».


Photogramme - Plan 19. 07' 44" : L'Enfant retire une espèce de bouchon situé sur la surface du plancher, et regarde à travers le trou. Toutefois, nous ne saurons pas, encore, ce qu'il regarde.

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme - plan 17, l'Enfant se laisse glisser dans l'espace exigu, constitué en fait de deux planchers, le sol de la chambre et le plafond de la chambre de dessous, celle ou dort sa Mère.

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme - plan 18, l'Enfant sort le mystérieux « coffre » et le dispose parmi une collection d'autres objets, aussi mystérieux que le coffre.

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme plan 19, l'Enfant retire une espèce de bouchon situé sur la surface du plancher, et regarde à travers le trou. Toutefois, nous ne saurons pas, encore, ce qu'il regarde.





L'arrivée du « Visiteur »





Photogramme - Plan 54. 14' 52 " : A travers l'obscurité de la forêt, sous une pluie battante, surgit un homme habillée sombrement, comme s'il annonçait un sombre avenir.[10] Il est habillé d'un long manteau et un chapeau noirs, il marche très doucement en enserrant les plis du manteau sur son corps. C'est le mystérieux Visiteur. Il avance en direction de la Mère et l'Enfant.

 
Le Visiteur, photogramme - plan 54, A travers l'obscurité de la forêt, sous une pluie battante, surgit un homme habillée sombrement, comme s'il annonçait un sombre avenir. Il est habillé d'un long manteau et un chapeau noirs.





Le lendemain - « De-puits »





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Le Visiteur, photogramme - plan 133, à son réveil, sa première tache (qui restera pour nous, un grand mystère), consiste à se rendre à l'étable, et de prendre une corde suspendue à un crochet.

 
Le Visiteur, photogramme - plan 134b, ensuite, à travers une ouverture de l'étable (barrage), nous observons une scène insolite : l'Enfant va enrouler minutieusement et très calmement, la corde autour de sa petite taille.

Photogramme - Plan 133. 25' 41" : A son réveil, la première tache de l'Enfant (qui restera pour nous, un grand mystère), consiste à se rendre à l'étable, et de prendre une corde suspendue à un crochet.

Photogramme - Plan 134b. 25' 48" : Ensuite, à travers une ouverture de l'étable (barrage), nous observons une scène insolite : l'Enfant va enrouler minutieusement et très calmement, la corde autour de sa petite taille.


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Nous souhaitons ouvrir une parenthèse, afin de dire, que c'est cette image qui nous a poussé à prendre ce film en considération, dans le cadre d'une étude de film plan par plan. En effet, il nous semble que cette image a une « aura » et une portée très pertinentes, dont nous ignorons encore les pleines ramifications, mais d'ores et déjà, nous pouvons associés cette image, à plusieurs plan du film, en particulier, le plan 28, l'association avec la manivelle du puits d'eau, plus précisément la partie cylindrique de la manivelle. De la sorte, grâce à cette façon inhabituelle d'enrouler une corde autour de la taille (ce qui signifie, qu'il faudrait, par la suite, dérouler la corde), la taille de l'Enfant devient, une sorte de manivelle, qui semble puiser des « fruits inattendus ». Par ailleurs, nous aurons un autre plan avec une manivelle minuscule, celle d'un phonographe (plan 327b). Enfin, une autre association pertinente, c'est le lien avec l'eau, une eau insaisissable, puisque la manivelle est destinée à chercher quelque chose dans les profondeurs de la terre (pour un puits) ou des sons qui remplissent l'espace environnant (phonographe). Nous refermons la parenthèse.

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Plans 135 - 137. 25' 59" - 26' 40" : L'Enfant marche dans une forêt luxuriante. Il est attentif aux bruits de la forêt, il regarde derrière lui, et à côtés, pour voir s'il n'est pas suivit. Il arrive au bord d'une petite rivière. Un petit radeau est amarré à un petit poteau.

Photogramme - Plan 138. 26' 58" : Il monte sur le radeau et grâce à une perche en bois qu'il appuie au fond de l'eau il dirige son embarcation avec précision, tout en restant à l'affût des bruits environnants. Il est à noter un fait intéressant, le radeau est en fait une vieille porte en bois muni d'une poignée. Ce qui implique une association avec la maison.

Photogramme - Plan 140. 27' 19" : L'Enfant arrive à la destination voulue, il s'agit d'un vieux puits dans une vieille ruine en pierre, l'ensemble est abandonné, la végétation se prolifèrent d'une façon anarchique. Il s'assied sur une pierre, il sort le petit coffre (3ème représentation) enroulé, à son tour, d'une fine ficelle, et le dépose à côté de lui. Il attend, comme s'il craignait ce qu'il allait faire, comme si c'est une chose difficile à accomplir.

Photogramme - Plan 141. 27' 38" : Il décide d'accomplir ce qu'il doit faire. Il se dirige vers le puits.

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme - plan 138, l’Enfant monte sur le radeau et grâce à une perche en bois qu'il appuie au fond de l'eau il dirige son embarcation avec précision, tout en restant à l'affût des bruits environnants.

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme - plan 140, l’Enfant arrive à la destination voulue, il s'agit d'un vieux puits. Il s'assied sur une pierre, il sort le petit coffre (3ème représentation) enroulé, à son tour, d'une fine ficelle, et le dépose à côté de lui.

 
Le Visiteur, (Muukalainen), photogramme - plan 141, l'Enfant décide d'accomplir ce qu'il doit faire. Il se dirige vers le puits.
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Plan 142. 27' 51" : Devant le puits, il déroule la corde qui était enroulé autour de sa taille.

Photogramme - Plan 143. 27' 57 : D'une main experte, il effectue une boucle à la corde afin d'obtenir un nœud, qu'il accroche à un crochet en fer.

 
Le Visiteur, photogramme - plan 143, d'une main experte, il effectue une boucle à la corde afin d'obtenir un nœud, qu'il accroche à un crochet en fer. ».


Photogramme - Plan 144. 28' 06" : L'Enfant déroule la ficelle du petit coffre qu'il dispose autour du cou et descend dans le puits en se suspendant à la corde.

 
Le Visiteur, photogramme - plan 144, l'Enfant déroule la ficelle du petit coffre qu'il dispose autour du cou et descend dans le puits en se suspendant à la corde.

Plan 144b. 28' 48" : L'Enfant descend dans le puits, l'image est fixe sur le crochet et la corde tendu. Nous entendons des halètements, des bruits divers. Ensuite, après 38 secondes d'éclipse visuel, l'Enfant remonte.

Encore un barrage visuel, cette fois ci c'est un barrage total, puisque nous ne verrons pas ce que l'Enfant cherche, et qui constitue un des secrets du film, que nous devons contourner.

Photogramme - Plan 145. 28' 49" : L'Enfant s'assied au bord du puits, et enroule, de nouveau, la petite ficelle autour du petit coffre, qu'il mettra dans sa poche.

 
Le Visiteur, photogramme - plan 145, l'Enfant s'assied au bord du puits, et enroule, de nouveau, la petite ficelle autour du petit coffre, qu'il mettra dans sa poche.

Plan 147. 28' 59" : L'Enfant traverse la forêt dans le sens inverse, pour revenir à la maison.

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Photogramme - Plan 149. 29' 26" : Dans sa cachette, l'Enfant « prépare » le petit coffre. Il dispose de l'objet mystérieux (celui du puits) dans le fond du coffre, ensuite, il ajoute un double fond, il s'agit d'une petite plaquette métallique incurvée à ses bords de quelques centimètres comme un « U » renversée, la plaquette a la même largeur du coffre. Enfin, il rajoute du tabac à enrouler pour faire des cigarettes.

 
Le Visiteur, photogramme - plan 149, dans sa cachette, l'Enfant « prépare » le petit coffre. Il dispose de l'objet mystérieux (celui du puits) dans le fond du coffre, ensuite, il ajoute un double fond, il s'agit d'une petite plaquette métallique incurvée à ses bords de quelques centimètres comme un « U » renversée, la plaquette a la même largeur du coffre. Enfin, il rajoute du tabac à enrouler pour faire des cigarettes.

La seconde visite en prison

 
Le Visiteur, (Muukalainen), Photogramme - plan 152, une porte s'ouvre, laissant apparaître un surveillant. La lumière orangée est particulière, elle suggère, comme nous le verrons, une représentation du Père. L'Enfant se lève de son banc. Il faut noter la présence du petit coffre qui est posé au bout du banc, dans l' ombre.

Plan 151. 29' 52" : Dans la salle d'attente de la prison, nous entendons des bruits de gouttes d'eau et de porte qui grince.

Pour cette seconde visite, le rythme des plans va changer, nous allons voir des nouveaux plans qui vont combler les lacunes de la première visite. En effet, durant cette visite, nous allons comprendre un certain nombre de choses, à propos de cet objet mystérieux.

Tout d'abord, il fallait soudoyer le surveillant :

Photogramme - Plan 152. 29' 59" : Une porte s'ouvre, laissant apparaître un surveillant. La lumière orangée est particulière, elle suggère, comme nous le verrons, une représentation du Père. L'Enfant se lève de son banc. Il faut noter la présence du petit coffre qui est posé au bout du banc, dans l' ombre.


Photogramme - Plan 155. 30' 23" : A l'entrée du surveillant dans la petite salle, l'Enfant se lève et se met près du mur. Le surveillant s'approche du banc, prend le petit coffre, l'ouvre, et prend du tabac. Il fera cette opération machinalement, dans le noir, comme s'il a toujours fait. C'est son « tarif » pour fermer les yeux sur le passage illicite du petit coffre.


L'utilisation répétitive des jeux d'ombres [11] fortement contrastés, comme nous l'avons souvent vu, attribue au film un mode de langage supplémentaire qui contribue à créer un niveau ou un registre de lecture supplémentaire. Ces jeux d'ombres ressemblent à la technique dite de « l'ombre chinoise », qui envoient le film dans le monde féerique du conte.

 
Le Visiteur, (Muukalainen), Photogramme - plan 155, à l'entrée du surveillant dans la petite salle, l'Enfant se lève et se met près du mur. Le surveillant s'approche du banc, prend le petit coffre, l'ouvre, et prend du tabac. Il fera cette opération machinalement, dans le noir, comme s'il a toujours fait. C'est son « tarif » pour fermer les yeux sur le passage illicite du petit coffre.


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Plans 156 - 158. 31' 07" - 31' 23" : Les plans suivants sont en gros plan, ils présentent directement, le moment ou le Père consulte un livre (la bible ?).

Photogramme - Plan 159. 31' 20" : Le Père choisit soigneusement une page, il la déchire, il dispose du tabac au milieu de la feuille et l'enroule pour en faire une grosse cigarette.


 
Le Visiteur, photogramme - plan 159, le Père choisit soigneusement une page, il la déchire, il dispose du tabac au milieu de la feuille et l'enroule pour en faire une grosse cigarette.


Il faut noter la présence sur les phalanges de la main droite du Père, des « tatouages » spécifiques, les symboles des jeux de cartes qui sont de couleur bleu (comme la chemise du Visiteur). Les symboles sont représentés de la façon suivante : carreau (index), cœur (majeur), pique (annulaire), trèfle (auriculaire). C'est une liaison directe, que nous allons voir bientôt, avec le Visiteur.

Photogramme - Plan 161. 31' 40" : Le Père allume sa cigarette, et souffle savoureusement la fumée. Le bout incandescent orangé de la cigarette est un rappel de la lumière orangée du plan 152.


 
Le Visiteur, photogramme - plan 161, le Père allume sa cigarette, et souffle savoureusement la fumée. Le bout incandescent orangé de la cigarette est un rappel de la lumière orangée du plan 152.

Plans 162 - 164. 31' 46" - 32' 10" : Le Père surveille un autre gardien de la prison (celui qui se trouve sur le toit transparent), ensuite, il souffle la fumée sur le visage de l'Enfant, c'est le signal pour savoir s'il peut chercher le « trésor » dans le double fond du petit coffre, car l'enfant surveille le gardien de la porte. L'Enfant acquiesce de la tête.

Photogramme - Plan 165. 32' 15" : Le Père soulève le petit cache (le double fond), et prend avec deux doigts l'objet mystérieux au fond du coffre. Nous apprenons ainsi, que l'objet mystérieux est de petit taille, comme une perle par exemple.


 
Le Visiteur, Photogramme - plan 165, le Père soulève le petit cache (le double fond), et prend avec deux doigts l'objet mystérieux au fond du coffre. Nous apprenons ainsi, que l'objet mystérieux est de petit taille, comme une perle par exemple.

Plans 167 - 170. 32' 42" - 33' 10" : Le Père rassuré de la présence du petit objet dans sa poche. Il commence à parler à son fils. C'est le premier dialogue important du film. Le fait que nous n'avons eu le droit qu'à quelques brides de mots jusqu'ici, donne, tout à coup, beaucoup de poids aux mots prononcés par le Père. (Rappelons que l'Enfant est muet, il n'y a donc que le Père qui parle, l'Enfant se contente de hocher la tête.)

- Le Père : « Vous avez eu une visiste ? »
- L'Enfant hoche la tête en acquiesçant.
- Le Père : « Il va se reposer encore un moment. »
- « Tenez-vous à l'écart. »
- « Il n'y a eu personne d'autre ? » (Il jette la cigarette, à peine entamée au sol.) (Plan 170a.)
- L'Enfant hoche la tête en acquiesçant. - Le Père : « Bien. »

(…)


- Le Père : « Tu es un bon garçon. »
- « Bientôt, je vais rentrer. »
- « Mais d'ici là, c'est toi l'homme de la maison ? » (Plan 180)
- « Tu dois veiller à ce que tout se passe bien, compris ? »
- « Et n'oublie pas. » (Il pointe le doigt sur le coffre, en donnant des petits coups.) (Plan 181.)






La troisième visite en prison

Plans 260 - 261. 47' 44" - 47' 52" : C'est la répétition, presque à l'identique du plan 165.

Plans 265 - 281. 48' 27" - 50' 50" : Le Père satisfait d'avoir de nouveau l'objet mystérieux. Il commence à poser des questions à l'Enfant, mais le ton va changer au fur et à mesure :
- Le Père : « Tout va bien à la maison ? »

- L'Enfant incline la tête en acquiesçant. (Oui) - Le Père : « Pas de problème avec ce Visiteur ? »
- L'Enfant hoche la tête. (Non)
- Le Père : « Il est reparti ? »
- « Il est encore là ? » (Plan 266)
- L'Enfant hoche la tête. (Oui)
- Le Père : « Où dort-il ? »
- « Dans l'écurie ? » (Plan 269)
- L'Enfant hoche la tête. (Non)
Le Père commence à s'emporter :
- « Écoute-moi bien. »
- « Il n'a plus rien à faire là. » (Plan 271)
- « Il doit partir. »
- « Ce n'est pas quelqu'un de bien, tu comprends ? »
Le Père écrit sur une feuille déchiré de son livre, et la donne à son Enfant. (Plan 273.)
- « Donne ça à ta Mère. »
Il prend les deux mains de l'Enfant (plan 277), comme au plan 172.
- « Je serai bientôt de retour à la maison. Ne l'oublie pas un seul instant. »
Il lui redonne le petit coffre (plan 280).
- « Et ça, c'est notre secret. A nous seuls. »






La disparition du Visiteur





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Plans 531 - 532. 1h. 27' 13" - 1h. 27' 30" : Retour à la maison. L'Enfant veille sur sa Mère en dormant sur une chaise. Sur la table de la cuisine, il y a une boîte et les cartes de jeu du Visiteur.

Photogramme - Plan 532. 1h. 27' 33" : Plan anachronique car l'Enfant sur sa chaise en regardant à droite, il est à côté de la table de la cuisine, sur laquelle est posée le petit coffre avec le couvercle ouvert, et le jeu de carte du Visiteur, comme nous l'avons vu au plan 487b.

 
Le Visiteur, Photogramme - plan 532, plan anachronique car l'Enfant sur sa chaise en regardant à droite, il est à côté de la table de la cuisine, sur laquelle est posée le petit coffre avec le couvercle ouvert, et le jeu de carte du Visiteur, comme nous l'avons vu au plan 487b.

Dernière visite à son Père

Plans 533 - 541. 1h. 27' 43" - 1h. 29' 34" : Le Père attendait l'Enfant, ce dernier pose le petit coffre (plan 537). Avant d'ouvrir le petit coffre, le Père pose des questions à l'Enfant :
- Le Père : « Cet homme est parti ? »
- L'Enfant hoche la tête en acquiesçant. (Sourire du Père).
Il veut prendre le petit coffre. Mais au dernier moment, il demande à voir les mains de l'Enfant : « Donne-moi tes mains. »

Photogramme - Plan 548. 1h. 30' 01" : Le Père saisit fermement les deux mains de l'Enfant. On distingue nettement des ampoules.

 
Le Visiteur, Photogramme - plan 548, le Père saisit fermement les deux mains de l'Enfant. On distingue nettement des ampoules.


Photogramme - Plan 552. 1h. 30' 38" : Il ouvre le petit coffre, et le renverse sur le banc, l'Enfant a remplacé l'objet mystérieux par la tête d'une poule que la Mère a tranchée.

 
Le Visiteur, photogramme - plan 552, le Père ouvre le petit coffre, et le renverse sur le banc, l'Enfant a remplacé l'objet mystérieux par la tête d'une poule que la Mère a tranchée.

Plans 553 - 576. 1h. 30' 42" - 1h. 31' 55" : La réaction du Père est immédiate : « Qu'est-ce que tu as fait ? », il répète la phrase deux fois. Il saisit l'Enfant et commence à le frapper d'une façon terrible. L'Enfant était incapable de s'échapper du Père, étant allongé sur le banc, et les sabots qui glissaient sur la surface du banc. Heureusement plusieurs gardiens interviennent et sauve l'Enfant.

Photogramme 117 - Plan 577. 1h. 31' 57" : L'Enfant pousse alors un cri fort.

 
Le Visiteur, Photogramme - plan 577, le Père ouvre le petit coffre, et le renverse sur le banc, l'Enfant pousse alors un cri fort.






Conclusion : La forme du film

Le Visiteur : « un film-coffre »

Nous avons vu ailleurs, qu'il y a des variations dans la forme générale d'un film. Habituellement, les films sont des « films-flèches » (une suite linéaire avec un début, un milieu et une fin). Cependant, il y a des exceptions, comme par exemple, « le film-éventail » , (Mathilde, Mimica Nina), ou alors, « le film-cloche » , (Andreï Roublev d'Andreï Tarkovski), et, il nous semble qu'avec Le Visiteur, nous avons affaire à un « film-coffre ».

En effet, au fur et à mesure de nos commentaires, nous avons souvent parlé des innovations du film (les barrages, le cadrage et la bande-son). En fait, ces innovations participent à l'émergence d'une qualité qui résume la forme générale du film : Le Visiteur est un « film-coffre ».

Cette forme-coffre, consolide les voeux du réalisateur : 1. Le film conte ; 2. Inspiration d'une peinture-image d'Andrew Wyeth, Christina's World.


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Description d'un coffre

En principe, un coffre est un ouvrage fabriqué à partir de différents matériaux (bois, métal, céramique). Dans le film, c'est un coffre en fer, cette matière s'associe avec la cellule de prison où se trouve « coffrer » le Père.

Un coffre peut avoir plusieurs formes. Dans le film, il a une forme traditionnelle, en miniature : « c'est un meuble en forme de caisse ». (Dictionnaire Hachette) muni d'un couvercle mobile, attaché sur un côté à la caisse.

Un coffre sert à ranger des objets précieux, des souvenirs, des images, des objets auxquels on tient. Le mot dérive du grec « kophinos » (corbeille), latinisé en « cophinus ».


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Double-coffre : Double-emploi : Double-vision

Dans Le Visiteur, l'objet coffre a un double-empoi :

  • 1. Il sert à déposer un objet mystérieux ;
  • 2. Il sert à passer illicitement « l'objet mystérieux » à l'intérieur du coffre, grâce à un dispositif simple.

Il nous semble que cette dernière caractéristique, participe également dans la construction filmique, dans le sens que le film s'articule sur deux registres :

  • 1. Un registre connu (le tabac) ;
  • 2. Un registre inconnue (l'objet mystérieux).


 
Le Visiteur (Muukalainen), schéma des deux registres du coffre dans le film.

Cette qualité du double est largement distribuée tout au long du film. A commencer par les deux mondes : le monde du Père (la prison) et de la Mère (la maison), les deux « Pères » (le Père et le Visiteur - ce qui implique un double complexe d'Œdipe), les deux étages de la maison, les deux édifices (la maison et l'étable), les deux puits (le puits de la maison et le puits en ruines), les deux types de cordages (l'une traditionnelle, la seconde fabriquée), les deux handicaps (la Mère qui boîte, l'Enfant qui est muet), la forêt divisée en deux (par la rivière), les deux manivelles (celle du puits et du phonographe).





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Notes et références

  1. La Poétique de l'Espace, chapitre III, "Le Tiroir, les coffres et les armoires, P. U. F. Paris, (1957) 1998, p. 88.
  2. Lorsqu'il se rend compte que la sécurité de la Brink's, société de transports de fonds, présente d'énormes lacunes, il décide de monter avec quelques amis malfrats ce qui restera comme l'un des casses du siècle.
  3. Avec l'aide de la cryptologue Sophie Neveu, Langdon va mener l'enquête et découvrir des signes dissimulés dans les œuvres de Léonard de Vinci. Tous les indices convergent vers une organisation religieuse aussi mystérieuse que puissante, prête à tout pour protéger un secret capable de détruire un dogme deux fois millénaire... De Paris à Londres, puis en Écosse, Langdon et Sophie vont tout tenter pour déchiffrer le code et approcher les secrets qui remettent en cause les fondements mêmes de l'humanité… (Source : AlloCiné.)
  4. A peine arrivé au purgatoire, il décide de transmettre ses toutes dernières informations à la plus charmante des étudiantes en journalisme : Sondra Pransky. De passage à Londres, Sondra entend le fantôme de Joe s'adresser à elle durant un numéro de magie de l'Américain Splendini, alias Sid Waterman. Bouleversée et folle de joie à l'idée d'avoir déniché le scoop du siècle, l'effervescente créature se lance avec Sid dans une enquête échevelée, qui les mène droit au fringant aristocrate et politicien Peter Lyman. Une idylle se noue en dépit de troublants indices semblant désigner le beau Peter comme le "Tueur au Tarot". Le scoop de Sondra lui sera-t-il fatal ? (Source : AlloCiné.)
  5. 5 avril 1916 – 12 juin 2003
  6. Du grec ταὐτολογία, composé de ταὐτό, « la même chose », et λέγω, « dire » : le fait de redire la même chose. Source : wikipédia.
  7. Cf. G. Bachelard, La Poétique de l'Espace, chapitre III, "Le Tiroir, les coffres et les armoires, P. U. F. Paris, (1957) 1998, p. 82.
  8. Ibid, p. 88.
  9. Ibid, p. 89.
  10. Ce plan rappelle le plan 9 , du Miroir d'Andreï Tarkovski.
  11. Utilisé d'abord à des fins religieuses (évoquer l'âme des morts) et d'exorcisme, il est rapidement devenu une forme particulièrement séduisante de spectacle populaire, mettant en scène aussi bien de grands poèmes épiques que des satires politiques ou grivoises, comme le célèbre Karagöz de Turquie par exemple. (Source : Wikipédia)


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