Croix

De Cinémancie
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Titres des films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée (min.)
Croix de fer Cross of iron Peckinpah Sam Epstein J. J., Hamilton J., Kelley W. 1978 Angleterre, Allemagne 135
Croix de bois Croix de bois Bernard Raymond Bernard R., Lang A 1932 France 108
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Autres titres de films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Andreï Roublev (Voir détail : Andreï Rublyov) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Konchalovsky A.
1969 URSS 215
Nostalghia (Voir détail : Nostalghia) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Guerra T.
1983 URSS
Italie
130
Stalker (Voir détail : Stalker) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Strougatski A. et B.
1979 URSS 161


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Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films

Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski

Les figures de la croix dans Andreï Roublev

Au VIème épisode :

Plan 242-59-9 [1] : 1h 48' 56" : Gros plan d'une croix en fer chauffée sur un feu ardent. L'extrémité de la croix est tenue par un Tatar. (Cf. Photogramme - Croix 1.)



Photogramme - Croix 1 : Andreï Roublev, Plan 242a. La croix en fer chauffée.



Un groupe de Tatars torture le trésorier de l'église : ils veulent savoir où se trouve l'or. Ils chauffent à blanc la croix en fer. Panoramique en plan rapproché sur un groupe de tatars autour du supplicié qui est attaché à un banc. Ils redressent le banc (Cf. Photogramme - Croix 2.) et ils rapprochent la croix chauffée des yeux du trésorier.



Photogramme - Croix 2 : Andreï Roublev, Plan 242b. Les tatars redressent le banc sur lequel est couché le trésorier. Le mouvement du banc d'une position horizontal à une position verticale propose l'idée de la représentation d'une croix.


Nous avons déjà vu la figure du banc au plan 51 : Théophane le Grec allongé sur un banc ; et au plan 101, c'est le Christ qui est allongé sur une croix. Par ailleurs, soulignons la figure superposée du banc couché et du banc debout qui suggère, sur deux temps, la figure de la croix. De plus, la figure du banc rappelle un cercueil en bois sur quatre petits pieds. Est-ce que donc que la valeur du banc au plan 51 évoque la mort de Théophane [2] ? Pour annoncer l'avenue de Roublev ? Et le trésorier, sera-t-il par un détour étonnant, considérée comme une métaphore de la peinture de Roublev, comme un trésor ?




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Croix embrassé et pied piétiné

VIème épisode - 9ème partie :



Plan 244-61-1 : 1h 50' 16" : Nous sommes à l'intérieur de l'église. En plan rapproché, le Grand Prince embrasse son frère, tout en piétinant, en croix, du bout de son pied droit, le pied droit de son frère.

Plan 245-62-2 : 1h 50' 43" : Le prince est béni, il embrasse la croix que lui tend le métropolite, puis il embrasse la main du métropolite.

Plan 246-63-3 : 1h 51' 14" : Plan rapproché du Grand Prince chuchotant à l'oreille d'un proche des propos inaudibles.

Trois plans, trois directions : le pied écrasé, la croix embrassée, la voix (royale) chuchotée. Ce sont d'ailleurs ces trois moments qui concluent l'épisode de la rencontre entre les deux princes. L'épisode de la rencontre commence par une allusion au baiser de la croix, et il se termine par une confirmation de cette allusion. Dans cette partie le prince embrasse la croix, dans la partie précédente cette même croix est devenue un instrument de supplice. Dans la 6ème partie, le prince songe à écraser la figure de son frère sur la neige. Dans cette partie, lui-même a son pied écrasé par son frère. Nous avons vu que certaines valeurs de la figure des pieds : symbole de pouvoir, de commencement, de fin, de purification. Mais ici, la figure des pieds est accompagnée par la figure du baiser, cour de l'épisode. D'ailleurs, nous pouvons dire, que la figure d'un pied écrasant un autre pied, est aussi en quelque sorte une figure altérée du baiser qui est en somme : (…) "un symbole de l'union et de l'adhésion mutuelle, qui prit, dès l'antiquité, une signification spirituelle. (...) Baiser signifie "adhésion d'esprit à esprit". C'est pourquoi l'organe corporel du baiser est la bouche, point d'issue et source du souffle." [3]



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Liens spécifiques du film

Voir : Andreï Roublev



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Nostalghia d’Andreï Tarkovski

Torche humaine en croix

Plan 105 : 1h 41' 04" : Le Poète revient devant la piscine mystérieuse de sainte Catherine. (Voir : Passage)

Retour à Rome :

Plan 108 : 1h 43' 35" : Plan rapproché sur le "Fou à cheval". Il continue à discourir : "Où suis-je quand je ne suis pas dans la réalité ? Ni dans mon imagination ? (…) Les grandes choses finissent, ce sont les petites qui durent… " Un collègue du "Fou", tient un bidon d'essence dans la main. Il monte l'échafaudage et donne le bidon au "Fou" (plan 109a). "Le Fou" s'asperge d'essence (110). Brusquement, la chienne Zoé se redresse (112). "Le Fou" allume le briquet (113). Zoé est inquiète (114). Plan d'ensemble du "Fou" en feu, et de la curieuse assemblée (115).

La Traductrice arrive aux pieds d'un escalier monumental (116). Zoé commence à aboyer avec vigueur (117). "Le Fou", en feu, descend (en off) de l'échafaudage, et vient mourir en croix aux pieds des gens (118). (Cf. Photogramme - Croix 3.)




Photogramme - Croix 3 : Nostalghia, Plan 113. « Le Fou » en feu, qui vient mourir en croix aux pieds des gens.



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Liens spécifiques du film

Voir : Nostalghia



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Stalker, d’Andreï Tarkovski

La figure de la croix dans « l'Avant-Zone »

Plan 43 : 36' 22" : Les premiers plans de "l'Avant-Zone" dévoilent un paysage brumeux. Parmi les rares vestiges d'une civilisation passée, nous distinguons des poteaux électriques en bois penchés de côté. La disposition particulière des deux poteaux va nous introduire de nouveau dans une dimension biblique. En effet l'image inclut et suggère, si l'on ose dire, (…) "les croix du Golgotha", "ce qui veut dire lieu des crânes." [4] La fugacité et la présence étincelante de cette portion d'image sont à comparer, par exemple, avec l'ampoule qui implose au plan 8. Il nous semble qu'une grande part de l'art cinématographique de Tarkovski réside dans la mise en ouvre de "moments-clés", de "moments-éclairs". A ce propos le cinéaste écrit que : "La polysémie de l'image réside dans sa nature intrinsèque." [5] Mais, cette "image" devient une image-éclair qui structure alors l'ensemble de l'épisode, voire l'ensemble du film. Cela explique l'importance de certaines séquences longues, car les unes sans les autres ne peuvent coexister.

Ainsi, grâce à la simple présence de cette puissante figure ascensionnelle, la croix, Tarkovski suggère donc, par extension (et par culture) le port de la croix. Il reste à savoir qui des trois protagonistes est le Christ. Est-ce que c'est l'Écrivain ? Comme nous allons le voir au plan 120, des fils de fer enchevêtrés rappelant une couronne d'épines, qu'il disposera sur sa tête, pourraient le désigner comme le Christ ? Est-ce que cela veut dire qu'il est sur la voie du Christ ? "Un Christ" qui s'intronise? Est-ce que la voie du Christ est accessible à ceux qui la choisissent ?

Plan 48 : 43' 02" : Le Professeur discute avec l'Écrivain, toujours à propos du météorite.
- L'Écrivain : " Mais vous, qu'en pensez-vous ?"
- Le Professeur : " Je ne pense rien. Tout ce qu'on veut Un message à l'humanité, comme dit un collègue ou un cadeau."
- L'Écrivain : " Un drôle de cadeau ! Pourquoi l'auraient-ils fait ?

Le Stalker de retour répond en voix-off : " Pour nous rendre heureux." Mais soudain, au plan 49, à peine termine-t-il sa phrase qu'une partie d'un poteau derrière le Stalker se détache, et tombe dans un bruit de câble qui se casse. Comme si la Zone répondait en écho au Stalker ou alors à l'Écrivain ! (Cf. Photogramme - Croix 4.)



Photogramme - Croix 4 : Stalker, Plan 48. Au retour du Stalker dans l'avant-Zone, une partie d'un poteau se détache et tombe.



L'image est d'autant plus ambiguë qu'elle procède par "stratification sémantique". D'une part, c'est la barre horizontale du poteau qui tombe, comme si le poteau de la Zone "baissait les bras". De plus, elle tombe sur un enchevêtrement hétéroclite de fils. D'autre part, l'altération du symbole puissant de la croix est aussi source d'ambiguïté ! L'aspect iconoclaste, surtout, suggère-t-il l'abandon de la religion au profit d'une mutation païenne ? Est-ce le retour du culte des idoles ? Ou est-ce la super-civilisation qui veut bannir le religion ? Comme le couperet d'une guillotine (allusion formelle), ne peut-il pas suggérer également un point de rupture ?




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Liens spécifiques du film

Voir : Stalker



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Notes et références

  1. Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode, le troisième chiffre aux plans du films depuis le début de la partie.
  2. En effet, Théophane sera mort dans la partie qui suit.
  3. Georges Vajda, L'amour de Dieu dans la théologie juive au moyen-âge, Paris, 1957.
  4. Mathieu 27 : 33
  5. Andreï Tarkovski, Journal, 1970-1986, traduit du russe par Anne Kichilov avec la collaboration de Charles H. de Brantes, Éditions Cahier du Cinéma, (1988), 1993, p. 99 : le 4 février 1974.




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