« Pied » : différence entre les versions
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<td> USA</td> | <td> USA</td> | ||
<td> 109</td> | <td> 109</td> | ||
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<td><span id="ancre_titan"> </span> '''Choc des Titans (Le) ''' <br/> | |||
'''§.''' La dernière bataille pour le pouvoir met en scène des hommes contre des rois et des rois contre des dieux. Mais la guerre entre les dieux eux-mêmes peut détruire le monde. (Lire la suite : <ref>Né d'un dieu mais élevé comme un homme, Persée ne peut sauver sa famille des griffes de Hadès, dieu vengeur du monde des Enfers. N'ayant plus rien à perdre, Persée se porte volontaire pour conduire une mission dangereuse et porter un coup fatal à Hadès avant que celui-ci ne s'empare du pouvoir de Zeus et fasse régner l'enfer sur terre. A la tête d'une troupe de guerriers courageux, Persée entreprend un périlleux voyage dans les profondeurs des mondes interdits. Luttant contre des démons impies et des bêtes redoutables, il ne survivra que s'il accepte son pouvoir en tant que dieu, qu'il défie son destin et crée sa propre destinée.</ref>) (Pitch du film.) </td> | |||
<td>'' Clash of the Titans''</td> | |||
<td>'''Leterrier Louis'''</td> | |||
<td> Beachnam Travis, Manfredi Matt et Hay Phil, d'après le scénario de Cross Beberly</td> | |||
<td>''' 2010 '''</td> | |||
<td> Angleterre, USA</td> | |||
<td>106</td> | |||
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<td><span id="ancre_delos"> </span> '''De l'Os et de Rouille''' <br/> | |||
'''§.''' Ça commence dans le Nord. | |||
Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau. | |||
(Lire la suite : <ref>A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. | |||
Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose. | |||
Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. | |||
Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions. | |||
Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre. </ref>) (Pitch du film.) </td> | |||
<td>'' De l'Os et de Rouille''</td> | |||
<td>'''Audiard Jacques'''</td> | |||
<td> Audiard Jacques, Bidegain Thomas et Davidson Craig</td> | |||
<td>''' 2012 '''</td> | |||
<td> Belgique, France</td> | |||
<td>122</td> | |||
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<td> USA</td> | <td> USA</td> | ||
<td> 97</td> | <td> 97</td> | ||
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<td><span id="ancre_piani"> </span> '''Pianiste (La)''' <br/> | |||
'''§.''' Erika Kohut (Isabelle Hubert), la quarantaine, est un honorable professeur de piano au Conservatoire de Vienne. Menant une vie de célibataire endurcie chez sa vieille mère possessive (Annie Girardot), cette musicienne laisse libre cours à sa sexualité débridée en épiant les autres. (Lire la suite : <ref>Fréquentant secrètement les peep-shows et les cinémas pornos, Erika Kohut plonge dans un voyeurisme morbide et s'inflige des mutilations par pur plaisir masochiste. <br/> | |||
Jusqu'au jour où Walter (Benoît Magimel), un élève d'une vingtaine d'années, tombe amoureux d'elle. De cette affection naît une relation troublante, mouvementée et perverse entre le maître et son disciple.</ref>) (Pitch du film.) </td> | |||
<td>'' Klavierspielerin (Die)'' </td> | |||
<td>'''Haneke Michael '''</td> | |||
<td>Haneke Michael d'après le roman éponyme de Jelinek Elfriede</td> | |||
<td>'''2001'''</td> | |||
<td> Autriche, France</td> | |||
<td>130</td> | |||
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<td>France</td> | <td>France</td> | ||
<td>122</td> | <td>122</td> | ||
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<td><span id="ancre_ruban"> </span> '''Ruban Blanc (Le) ''' <br/> | |||
'''§.''' Un village protestant de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914). L'histoire d'enfants et d'adolescents d'une chorale dirigée par l'instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans... (Lire la suite : <ref>D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ? </ref>) (Pitch du film.) <br/> | |||
'''§.''' Eva aux pieds de l'instituteur (vers la 54e minute.)</td> | |||
<td>'' WeiBe Band (Das) ''</td> | |||
<td>''' Haneke Michael '''</td> | |||
<td> Carrière Jean-Claude, Haneke Michael </td> | |||
<td>''' 2009 '''</td> | |||
<td> Allemage, Autriche, France, Italie</td> | |||
<td>144</td> | |||
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<td>'''[[#ancre_3m4|Viridiana]]'''</td> | |||
<td>''Virdiana''</td> | |||
<td>'''Buñuel Luis'''</td> | |||
<td>Alejandro J., Buñuel L.</td> | |||
<td>'''1961'''</td> | |||
<td>Mexique<br /> | |||
Espagne</td> | |||
<td>90</td> | |||
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<td>139</td> | <td>139</td> | ||
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<td><span id="ancre_trist"> </span> '''Tristana ''' <br/> | |||
'''§.''' Don Lope est un grand bourgeois tolédan d'âge mur, oisif, libéral, anticlérical et don juan. Orpheline, Tristana est recueilli par cet aristocrate vieillissant de Tolède, qui devient son tuteur, puis son amant. (Lire la suite : <ref>Mais bientôt, elle l'abandonne et part vivre avec un peintre, Horacio. Quelques années après, la jeune femme revient malade d'une tumeur à la jambe... </ref>) (Pitch du film.) </td> | |||
<td>'' Tristana ''</td> | |||
<td>''' Buñuel Luis'''</td> | |||
<td> Alejandro Julio, Buñuel Luis, d'après le roman de Pérez Galdós Benito</td> | |||
<td>''' 1970 '''</td> | |||
<td> Espagne, France, Italie</td> | |||
<td>105</td> | |||
</tr> | |||
<tr> | |||
<td><span id="ancre_volve"> </span> '''Volver''' <br/> | |||
'''§.''' Madrid et les quartiers effervescents de la classe ouvrière, où les immigrés des différentes provinces espagnoles partagent leurs rêves, leur vie et leur fortune avec une multitude d'ethnies étrangères. | |||
(Lire la suite : <ref>Au sein de cette trame sociale, trois générations de femmes survivent au vent, au feu, et même à la mort, grâce à leur bonté, à leur audace et à une vitalité sans limites. </ref>) (Pitch du film.) </td> | |||
<td>'' Volver'' </td> | |||
<td>'''Almodóvar Pedro '''</td> | |||
<td>Almodóvar Pedro</td> | |||
<td>'''2006'''</td> | |||
<td> Espagne</td> | |||
<td>121</td> | |||
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<td><span id="ancre_whate"> </span> '''Whatever Works''' <br/> | |||
'''§.''' Boris Yellnikoff est un génie de la physique qui a raté son mariage, son prix Nobel et même son suicide. Désormais, ce brillant misanthrope vit seul, jusqu'au soir où une jeune fugueuse, Melody, se retrouve affamée et transie de froid devant sa porte. (Lire la suite : <ref>Boris lui accorde l'asile pour quelques nuits. Rapidement, Melody s'installe. Les commentaires cyniques de Boris n'entament pas sa joie de vivre et peu à peu, cet étrange couple apprend à cohabiter. Malgré son esprit supérieur, Boris finit par apprécier la compagnie de cette simple jeune femme et contre toute attente, ils vont même jusqu'à se marier, trouvant chacun leur équilibre dans la différence de l'autre. | |||
Un an plus tard, leur bonheur est troublé par l'arrivée soudaine de la mère de Melody, Marietta. Celle-ci a fui son mari, qui l'a trompée avec sa meilleure amie. Découvrant que sa fille est non seulement mariée, mais que son époux est un vieil excentrique bien plus âgé qu'elle, Marietta s'évanouit. Pour détendre l'atmosphère, Boris emmène Melody et sa mère au restaurant avec un ami, Leo Brockman...</ref>) (Pitch du film.) </td> | |||
<td>'' Whatever Works'' </td> | |||
<td>'''Allen Woody '''</td> | |||
<td>Allen Woody</td> | |||
<td>'''2009'''</td> | |||
<td> USA</td> | |||
<td>90</td> | |||
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<td><span id="ancre_yeele"> </span> '''Yeelen – La Lumière ''' <br/> | |||
'''§.''' Suivant la tradition bambara, un jeune homme s'apprête a recevoir le savoir destiné a lui assurer la maîtrise des forces qui l'entourent. (Lire la suite : <ref>Cependant le père du jeune Nianankoro voit d'un mauvais oeil son fils devenir son égal aussi sa mère éloigne le jeune homme. Au cour de ce voyage initiatique, Nianankoro va apprendre à tester ses forces et ses pouvoirs qu'il devra inévitablement confronter a ceux de son père. </ref>) (Pitch du film.) <br/> | |||
'''§.''' Lavement des pieds. (''00h 36' 15"'')</td> | |||
<td>'' Yeelen''</td> | |||
<td>'''Cissé Souleymane'''</td> | |||
<td>Cissé Souleymane</td> | |||
<td>''' 1987 '''</td> | |||
<td>Allemagne, Burkina Faso, France, Japon, Mali</td> | |||
<td>106</td> | |||
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</table> | </table> | ||
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Voir : [[Nostalghia]] | Voir : [[Nostalghia]] | ||
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center> | |||
<span id="ancre_3m4"> </span> | |||
===Viridiana de Luis Buñuel=== | |||
==== Pitch du film==== | |||
La jeune Viridiana souhaite entrer au couvent, mais la mère supérieure exige avant tout que la jeune femme aille rendre visite à son vieil oncle et bienfaiteur Don Jaime. Celui-ci, troublé par la ressemblance de sa nièce et de sa femme décédée, tente d'abuser sexuellement de la jeune femme. Choquée, Viridiana s'enfuit mais apprend que son oncle s'est suicidé. Se sentant coupable la jeune femme décide de revenir au domaine et de dédier sa vie à aider les gens pauvres. Elle héberge donc les mendiants du village dans la maison de son oncle dont elle a hérité à sa mort... | |||
<center>* * *</center> | <center>* * *</center> | ||
<span id="ancre_vir202"> </span> | |||
====0h 02’ 50’’ – Plans 2 – 4. Viridiana accepte l'invitation – « La Corde – Serpent » ==== | |||
<span id="ancre_vir03"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana3_Bunuel_cordeasauter.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 2.''' Première apparition de la corde à sauter. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 2.''' <br/>Première apparition de la corde à sauter. ]] | |||
<span id="ancre_vir202a"> </span> | |||
=====Plan dynamique 1 : les pieds de Rita===== | |||
* <span id="ancre_2">'''[[#ancre_vir03|Photogramme – Plan 2.]] '''</span> ''00h 02' 48"'' : '''Plan dynamique.''' <ref>'''Le Plan dynamique''' est un plan cinématographique singulier, nous l'avons appelé ainsi, faute d'autre nom. Le plan dynamique ne correspond pas complètement à la notion classique de la profondeur de champ, qui se définit comme : (…) "La profondeur de la zone de netteté… La P.D.C. est plus grande lorsque la focale est plus courte." ('''Aumont, Marie, Bergala, Vernet''', ''Esthétique du film'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_5|op. cit.]]'', p. 22.) Le plan dynamique s'effectue en fait de plusieurs façons. Soit le début du plan rapproché (ou gros plan) est fixe, et à ce moment là, l'objet ou la personne s'écarte et laisse entrevoir à l'arrière tout le champ. De plus, il y a soit un accompagnement d'un zoom avant, soit d'un travelling-avant ou latéral, ainsi nous entrons en profondeur dans le champ, comme ce sera le cas dans le [[Montgolfière #ancre_15p|plan 6]] d'[[Andreï Roublev]]. Soit alors à partir d'un plan rapproché (ou gros plan) qui subit un mouvement panoramique de bas en haut ou de haut en bas, de gauche à droite ou de droite à gauche. [[Passion#ancre_dyna|Lire la suite]]</ref> Plan rapproché sur les jambes de la petite Rita qui saute à la '''[[Corde#ancre_3m2|corde]]'''. Rita est la fille de Ramona, la servante de Don Jaime. Elle joue à la corde avec une grande dextérité. Avec ses '''[[Pied|pieds]]''', elle fait rapidement, différentes petites figures, elle avance, elle recule. Derrière elle, apparaît Don Jaime. Il suit pendant quelques secondes les jambes de Rita. | |||
Comme nous allons le voir plus loin, il nous semble qu'à travers ce “plan acrobatique”, on trouve réunit des arguments forts du film. Et on peut aller encore plus loin, pour dire que chaque plan d'un film de Buñuel offre des qualités exceptionnelles : il y a souvent une si grande justesse dans la présentation des éléments qui composent le plan, sans parler des magnifiques [[Liaison (cinématographique)|liaisons]] entre les plans, que l'artiste effectue avec un grand art. En effet, on peut se demander si le plan 2 n'est pas une réponse au '''[[Viridiana#ancre_vir02|plan 1b]]''', comme le dit l'expression populaire : Viridiana devant la Mère Supérieure « ''ne sait jamais sur quel pied danser'' ». | |||
<span id="ancre_vir04"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana4b_Bunuel_cordeasauter_poignée_0h_03_18.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 3b1.''' <br/>« Don Jaime : ''... Elle te plaît, la corde que je t'ai offerte ? '' <br/> | |||
- Rita : ''On peut mieux sauter parce qu'elle a des poignées. '' » | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 3b1.''' <br/>« Don Jaime : ''... Elle te plaît, la corde que je t'ai offerte ? '' <br/> | |||
- Rita : ''On peut mieux sauter parce qu'elle a des poignées. '' » ]] | |||
<center>[[#ancre_1|▲]]</center> | |||
<span id="ancre_vir202b"> </span> | |||
=====Plan dynamique 2 : les pieds de Rita 2===== | |||
<span id="ancre_vir05"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana4_Bunuel_cordeasauter.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 3b2.''' Don Jaime accroche la corde à un clou fixé à un tronc d'arbre. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 3b2.''' <br/>Don Jaime accroche la corde à un clou fixé à un tronc d'arbre. ]] | |||
<span id="ancre_virser"> </span> | |||
[[Fichier: serpent à deux têtes.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - serpent à deux têtes.''' Comparons l'analogie entre un segment de la ligne du serpent et de la corde accrochée à l'arbre au photogramme 5. | Représentation de Tlaloc. ''' Photogramme - serpent à deux têtes.''' <ref>L'original beaucoup plus petit de ce serpent à deux têtes (aujourd'hui conservé au British Museum) date du XIVe ou du XVe siècle et est fait de bois incrusté d'une mosaïque en turquoise et en coquillage. Le serpent était une des représentations de Tlaloc, dieu aztèque de la pluie, et il aurait été porté en pendentif par un prêtre sacré. Cette pièce faisait probablement partie du trésor envoyé par Moctezuma à Cortès pour tenter de convaincre celui-ci de quitter le Mexique. (Source : Musée Canadien de l'Histoire.) </ref><br/>Comparons l'analogie entre un segment de la ligne du serpent et de la corde accrochée à l'arbre au photogramme 5. ]] | |||
<span id="ancre_vir06"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana5_Bunuel_arrivee.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 3c.''' L'arrivée de viridiana chez Don Jaime. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 3c.''' <br/>L'arrivée de Viridiana chez Don Jaime. ]] | |||
<span id="ancre_3a">''' Plan 3a '''</span><ref>"Ibid"</ref> : Plan rapproché sur Rita essoufflée. Don Jaime s'approche d'elle. Nous entendons le bruit d'une voiture à cheval qui s'arrête non loin. Rita cesse de sauter et regarde la voiture : «<br/> | |||
- Don Jaime : ''C'est assez pour aujourd’hui, Rita. Elle te plaît, la corde que je t'ai offerte ? '' <br/> | |||
- Rita : ''On peut mieux sauter parce qu'elle a des poignées. '' (Cf. ''' [[#ancre_vir04|Photogramme - Plan 3b1.]]''' ''00h 03' 18"'')<br/> | |||
- Don Jaime : ''Aller, va jouer. '' » | |||
* <span id="ancre_3b">'''[[#ancre_vir05|Photogramme – Plan 3b2.]] '''</span> ''00h 03' 22"'' : Rita court en abandonnant la corde à Don Jaime qui l'accroche à un clou fixé au tronc d'un grand '''[[Arbre|arbre]]'''. | |||
Une question s'impose : Pourquoi Don Jaime accroche la corde à un arbre ? Est-ce une place ordinaire pour une corde ? Mais, il nous semble qu'avec Buñuel, nous devons passer à un autre registre, ne peut-on pas dire que la corde devient une '''[[Représentation (métaphorique)|représentation métaphorique]]''' du serpent. | |||
L'argument que nous avançons est d'abord morphologique : la [[ligne]]. En effet, André Virel en voyageant dans le Sud-Cameroun, observe que les pygmées, «''dans leur [[langage]] de chasse, représentent le serpent d'un trait sur le sol. Certains graffitis de l'époque paléolithique n'ont sans doute pas d'autre signification. On peut dire qu'ils ramènent le serpent à son expression première. Il n'est qu'une ligne, mais une ligne vivante ; une abstraction. La ligne n'a ni commencement ni fin ; qu'elle s'anime, et elle devient susceptible de toutes les représentations, de toutes les métamorphoses.'' » <ref> '''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' p. 867. </ref> | |||
D'autre part, dans son essai sur les civilisations sud-américaines, Hermann von Keyserling écrit : «''le serpent est un complexe archétypale, lié à la froide, gluante et souterraine nuit des origines. Une unique multiplicité primordiale, qui ne cesse de se détortiller, de disparaître et de renaître. La vie des bas-fonds doit précisément se refléter dans la conscience diurne sous la forme d'un serpent.''» <ref> '''KEYSERLING H. von,''' ''Méditations sud-américaines.'' Traduction de A. Beguin. Paris, 1932, p. 20.</ref> | |||
Soulignons enfin, que Luis Buñuel (1900 – 1983) poursuivra sa carrière d'abord en Amérique, entre 1933 – 1935, où il travaille pour le Musée d'Art Moderne, ensuite expatrié au Mexique après l’avènement de Franco au pouvoir de 1947 à 1958, c'est sans doute à cette époque qu'il va s'intéresser aux civilisations sud-américaines. Et le premier film qu'il réalise de retour en Europe est justement Viridiana. (Cf. ''' Photogramme – serpent à deux têtes du British Museum.''') | |||
Ainsi, la corde comme un serpent va se faufiler dans le film pour proposer à chaque [[apparition]] une nouvelle charge émotionnelle et significative, en reflétant les couches profondes de la conscience des protagonistes. | |||
<center>*</center> | |||
* <span id="ancre_3c">'''[[#ancre_vir06| Photogramme – Plan 3c.]] '''</span> ''00h 03' 32"'' : La voiture à cheval s'arrête devant le perron de la maison. Don Jaime se dirige vers elle. Viridiana descends. | |||
Le cocher sort la petite valise de Viridiana. Ramona apparaît et se dirige vers l'invitée, suivit par Rita qui lui dit : « ''Bonjour. '' <br/> | |||
- Viridiana : '' Ça va ?'' <br/> | |||
- Ramona : ''Soyez la bienvenue, Mademoiselle. Je suis Ramona, la servante de Don Jaime. '' <br/> | |||
- Viridiana : ''Ah ! Très heureuse. '' <br/> | |||
- Don Jaime : ''Virdiana ! '' (Elle s'excuse auprès de Ramona et va à la rencontre de son oncle. Les deux personnes s'observent un instant.) » (Cf. ''' [[#ancre_vir07|Photogramme - Plan 3d.]]''' ''00h 03' 47"'')<br/> | |||
- Viridiana : ''Oui, mon oncle. Comment allez-vous ? '' <br/> | |||
- Don Jaime : ''Bien, bien. L'autocar a eu de retard, n'est-ce pas ? Comment a été le voyage ? '' <br/> | |||
- Viridiana : '' Excellent. Quel endroit charmant et calme, mon oncle !'' <br/> | |||
- Don Jaime : ''Tu vas te croire encore au couvent. '' » | |||
Le visage de Don Jaime commence à avoir un intérêt croissant à l'égard de sa nièce. | |||
<span id="ancre_vir07"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana6_Bunuel_1ere_rencontre.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 3d.''' Première rencontre de Viridiana et de Don Jaime. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 3d.''' <br/>'''[[Première|Première]]''' rencontre de Viridiana et de Don Jaime. ]] | |||
<center>[[#ancre_1|▲]]</center> | |||
<span id="ancre_vir202c"> </span> | |||
=====Plan dynamique 3 : les pieds du couple===== | |||
<span id="ancre_vir08"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana7_Bunuel_1ere_rencontre_les pieds_00_03_58.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 4a.''' Les pieds de Don Jaime et de Viridiana. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 4a.''' <br/>Les '''[[Pied|pieds]]''' de Don Jaime et de Viridiana. ]] | |||
* <span id="ancre_4a">'''[[#ancre_vir08| Photogramme – Plan 4a.]] '''</span><ref>"Ibid"</ref> ''00h 03' 58"'' : Plan rapproché sur les '''[[Pied|pieds]]''' de Don Jaime et de Viridiana. Ils bavardent. Nous apercevons dans la voix de Don Jaime l'intérêt qu'il porte à la jeune femme. Un intérêt discutable : « <br/> | |||
- Don Jaime : ''Combien de temps vas-tu rester ? '' <br/> | |||
- Viridiana : ''Très peu, mon oncle. Je n'ai droit qu'à quelques jours. '' <br/> | |||
- Don Jaime : ''Cela t'a-t-il été difficile de l'obtenir ? '' <br/> | |||
- Viridiana : ''Non, je suis venue sur l'ordre de La Supérieure. '' <br/> | |||
- Don Jaime (Don Jaime triste, s'arrête.) : ''Il t'intéressait donc si peu de me voir ? '' <br/> | |||
- Viridiana : ''A dire vrai pas beaucoup. Je ne sais pas mentir. J'ai pour vous du respect et de la reconnaissance parce que matériellement je vous dois tout, mais pour le reste... '' <br/> | |||
- Don Jaime (Avec mélancolie.) : ''Aucune affection... '' <br/> | |||
- Viridiana (Déterminée.) : ''Aucune. '' <br/> | |||
- Don Jaime : ''Tu as raison. La solitude m'a rendu égoïste. Maintenant je regrette que nous ne nous soyons pas vu davantage. Il est trop tard, n'est-ce pas ? '' <br/> | |||
- Viridiana (Très indifférente.) : '' Oui. Il est trop tard.'' (Ils passent sous un grand arbre. Au loin, on distingue les champs abandonnés en friche.) '' Mon oncle, vous avez beaucoup négligé les champs.''<br/> | |||
- Don Jaime : ''Cela fait vingt ans que les herbes ont tout envahi. Dans la maison, sauf au premier étage, les araignées pullulent. Je sors très rarement. '' (Nous entendons une voix d'enfant qui provient de l'arbre.)<br/> | |||
- Voix de Rita : ''C'est vrai. Et quand il sort il me fait sauter... '' (Cf. ''' [[#ancre_vir09|Photogramme - Plan 4b.]]''' ''00h 04' 50"'') (Viridiana est étonnée, elle regarde vers l'arbre.)<br/> | |||
- Don Jaime : ''Viens ici, mon petit [[chien]] ! '' <br/> | |||
- Viridiana : ''Qui est-ce ? '' <br/> | |||
- Don Jaime : ''La fille de Ramona, ma domestique, c'est une sauvageonne. '' <br/> | |||
- Viridiana : ''Viens ! '' (Rita disparaît.) <br/> | |||
- Don Jaime : ''Comme tu ressembles à ta tante ! Jusqu'à la démarche ! '' <br/> | |||
- Viridiana : ''Je le sais, mon oncle, vous me l'avez déjà dit. '' <br/> | |||
- Don Jaime : '' Tu vois ? Même la voix !'' » | |||
<span id="ancre_vir09"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana8_Bunuel_Rita dans l'arbre_00_04_50.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 4b.''' Rita au milieu du feuillage de l'arbre. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 4b.''' <br/>Rita au milieu du feuillage de l'arbre.<br/> ''' [[#ancre_vir203d|Lire notre hypothèse.]]''' ]] | |||
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center> | |||
<span id="ancre_vir203"> </span> | |||
====0h 05’ 16’’ – Plans 5 - 11. Le premier soir chez Don Jaime – La valise de Viridiana==== | |||
<span id="ancre_vir10"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana9_Bunuel_pied harmonium_00_05_18.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 5.''' Les pieds de Don Jaime sur les pédales de l'harmonium. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 5.''' <br/>Les pieds de Don Jaime sur les pédales de l'harmonium. ]] | |||
<span id="ancre_vir11"> </span> | |||
[[Fichier: Viridiana10_Bunuel_litausol_0h_05_43.jpg|300px|thumb|right|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 6a.''' Viridiana prépare son lit au sol. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 6a.''' <br/>Viridiana prépare son lit au sol. ]] | |||
Cet épisode se caractérise par l'alternance de deux séquences : <br/> | |||
* Don Jaime qui joue à un harmonium au son sinistre ; | |||
* Viridiana qui se prépare à aller se coucher. | |||
<span id="ancre_vir203a"> </span> | |||
=====Plan dynamique 4 : les pieds de Don Jaime sur les pédales de l'harmonium===== | |||
* <span id="ancre_5">'''[[#ancre_vir10|Photogramme – Plan 5.]] '''</span><ref>"Ibid"</ref> ''00h 05' 16"'' : Plan rapproché. Nous entendons de la musique classique. Les pieds de Don Jaime actionnent les pédales de l'instrument. Les mains jouent sur le clavier. | |||
<center>*</center> | |||
* <span id="ancre_6b">'''[[#ancre_vir11|Photogramme – Plan 6a.]] '''</span> ''00h 05' 43"'' : Viridiana est dans la chambre de Dona Elvira, l'épouse défunte de Don Jaime. Elle n'a pas l'intention de dormir dans le lit de Dona Elvira, elle prépare un lit au sol. ''' | |||
* <span id="ancre_6b">'''[[#ancre_vir12|Photogramme – Plan 6b.]] '''</span> ''00h 05' 51"'' : Viridiana se dirige vers le miroir, elle enlève une coiffe qui retenait ses [[cheveux]] et les laisse descendre sur les épaules. Elle réfléchit, elle l'a l'air soucieuse. | |||
* <span id="ancre_6c">'''[[#ancre_vir13|Photogramme – Plan 6c.]] '''</span> ''00h 06' 08"'' : Viridiana retourne vers le lit et commence à se déshabiller. Elle ôte sa robe puis s'assied sur le bord du lit pour retirer ses bas noirs, laissant apercevoir une jambe d'une blancheur et d'une forme parfaites. | |||
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====Les “perspectives” des pieds dans Viridiana de Buñuel==== | |||
Les cadrages successives sur, et à partir des pieds des protagonistes sont révélateurs et ouvrent des nouvelles perspectives. Tout d'abord, il est rare au cinéma d'accorder une si grande importance aux membres inférieurs. Le choix de Buñuel n'est pas innocent. Il veut nous indiquer une orientation. Il veut attirer notre attention. Ainsi, jusqu'à présent, nous venons de voir les six premiers plans du film, et nous constatons que cinq plans sur six, commencent à partir du bas du corps. Il s'agit en effet, des '''plans [[#ancre_vir03|2]]''', 3a, '''[[#ancre_vir08|4a]], [[#ancre_vir10|5]] et [[#ancre_vir13|6c]]''' ; il est à noter que les plans en question vont nous conduire au plan 6c, à la jambe parfaite de Viridiana. Pourquoi donc cette redondance ? | |||
De plus, à ces plans, il y a des parallélismes métaphoriques qui sont engendrés soit dans la composition d'un objet (la corde), soit dans la composition d'un plan, ainsi, ne peut-on pas ajouter dans le même registre le '''plan [[#ancre_vir11|6a]]''' ? Quand Viridiana prépare son lit au sol, c'est-à-dire aux “pieds” du lit de Dona Elvira. Et enfin, en allant un plus loin, un élément indirecte nous conduit à la corde à sauter, ne peut-on pas dire que les poignées de la corde sont les “pieds” de la corde ? Plus exactement la tête et le pied de la corde ? Ainsi, au '''plan [[#ancre_vir04|3b1]]''', quand Rita montre une poignée de la corde, elle montre métaphoriquement le “pied” de la corde. Cette dernière métaphore rejoint alors l'image du [[#ancre_virser|serpent à deux têtes]]. | |||
Certes notre raisonnement peut paraître troublant, mais il nous semble que le cinéma de Buñuel propose souvent un excès de langage, parfois vertigineux, de l'imagination poétique et de son inclusion dans notre réalité. C'est peut-être pour cette raison que le cinéma de Buñuel est tellement bouleversant et déconcertant. | |||
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En simplifiant, nous obtenons la première équation <ref>'''Une équation''' désigne la résultante d'une association de concepts qui stimule une analyse en proposant un raccourci, et en évitant un long discours par des répétitions. Nous comptons sur l'indulgence des lecteurs de cet écart inhabituel dans le monde cinématographique.</ref> suivante : <br/> | |||
'''[1] : Corde → Pied → Poignée → Serpent''' <br/> | |||
<span id="ancre_vir203d"> </span> | |||
Et, en fonction des données filmiques, nous pouvons ajouter une seconde équation qui s'impose : <br/> | |||
'''[2] : Corde → Serpent → Arbre''' <br/> | |||
En ce qui concerne l'introduction de l'arbre, il s'agit du '''plan [[#ancre_vir09|4b]]''', Rita au milieu du feuillage de l'arbre. Ainsi, l'arrivée de Viridiana est ponctuée au début par Rita qui saute à la corde au pied d'un arbre, et à la fin par Rita au milieu de la couronne d'un arbre (ou houppier <ref>Un houppier ou couronne, est la partie d'un arbre constituée de l'ensemble des branches situées au sommet du tronc (des branches maîtresses aux rameaux). (Source : Wikipédia.)</ref>.) Alors, quel est le rôle de Rita ? Pourquoi Buñuel lui accorde une si grande importance ? Est-ce qu'il vise la personne, une petite fille, ''une sauvageonne'' comme le dit Don Jaime ? Ou faudrait-il voir autre chose ? En fonction des images, et des équations que nous venons de proposer, une hypothèse se présente, elle est susceptible d'être une “personnification” du serpent, et donc de la tentation qui est une thématique centrale du film. Ce qui pourrait expliquer le '''plan [[#ancre_vir09|6b]]''', le moment où Viridiana évite (ou [[Hésitation|hésite]]) de regarder son reflet au [[miroir]], et par la suite les plans des instruments de la crucifixion, il s'agit des plans [[Viridiana#ancre_vir15|9]] et [[Viridiana#ancre_vir16|11]]. | |||
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[[Fichier: Viridiana11_Bunuel_5_46_miroir.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 6b.''' Viridiana devant le miroir. Elle évite de regarder son reflet. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 6b.''' <br/>Viridiana devant le miroir. Elle évite de regarder son reflet. ]] | |||
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[[Fichier: Viridiana12_Bunuel_pied viridiana_00_06_06.jpg|400px|thumb|center|alt= ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 6c.''' La jambe parfaite de Viridiana. | ''Viridiana'' de Luis Buñuel. ''' Photogramme - Plan 6c.''' <br/>La jambe parfaite de Viridiana. ]] | |||
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*'''[[Viridiana#ancre_vir203e|Lire la suite de la séquence.]]''' | |||
*'''[[Viridiana|Lire le début du film.]]''' | |||
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Dernière version du 5 mai 2015 à 13:10
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Amour, six Pieds sous Terre (L’) | Plots with a View | Hurran Nick | Ponzlov F. | 2002 | Allemagne, Angleterre, USA | 94 |
Chaussure à son Pied | Hobson’s Choice | Lean David | Browne W., Lean D., Spencer N., pièce de Brighouse H. | 1954 | Angleterre, | 107 |
Comtesse aux pieds nus (La) | The Barefoot Contessa | Mankiewicz Joseph L. | Mankiewicz J. L. | 1954 | USA | 130 |
La Ciociara - La Paysanne aux pieds nus | La Ciociara | Sica Vittorio de | Moravia A. Zavattini C. |
1961 | Italie | 110 |
Pieds nus dans le Parc §. Un couple de jeunes mariés tente de se frayer un chemin vers le bonheur entre les dures réalités économiques et une belle-mère. (Pitch du film) |
Barefoot in the Park | Saks Gene | Simon Neil, d'après l'une de ses pièces | 1967 | USA | 104 |
Pieds sur Terre (Les) | Down to Earth | Weitz Chris et Paul | C.K. L., Crouther L., LeRoi A., Crouther L., scénario du film Le Ciel peut Attendre, par Beatty W., et May E. | 2001 | USA | 100 |
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Andreï Roublev | Andreï Rublyov | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Konchalovsky A. |
1969 | URSS | 215 |
Cavaliers (Les) | Horsemen (The) | Frankenheimer John | Kessel Joseph, d’après son roman | 1971 | USA | 109 |
Choc des Titans (Le) §. La dernière bataille pour le pouvoir met en scène des hommes contre des rois et des rois contre des dieux. Mais la guerre entre les dieux eux-mêmes peut détruire le monde. (Lire la suite : [1]) (Pitch du film.) |
Clash of the Titans | Leterrier Louis | Beachnam Travis, Manfredi Matt et Hay Phil, d'après le scénario de Cross Beberly | 2010 | Angleterre, USA | 106 |
De l'Os et de Rouille §. Ça commence dans le Nord. Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau. (Lire la suite : [2]) (Pitch du film.) |
De l'Os et de Rouille | Audiard Jacques | Audiard Jacques, Bidegain Thomas et Davidson Craig | 2012 | Belgique, France | 122 |
Into The Wild §. Φω. Plans : 223 - 360 - 1281 - 1460 |
Into the Wild | Penn Sean | Sean Penn, roman de Jon Krakauer |
2007 | USA | 147 |
Mouchette | Mouchette | Bresson Robert | Bresson Robert, d’après le roman de Bernanos (1937) | 1967 | France | 82 |
Nostalghia | Nostalghia | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Guerra T. |
1983 | URSS Italie |
130 |
Pays de la Violence (Le) §.Φω. 1 - 2 |
I walk the Line | Frankenheimer John | Sargent Alvin, d’après la nouvelle de Jones Madison | 1970 | USA | 97 |
Pianiste (La) §. Erika Kohut (Isabelle Hubert), la quarantaine, est un honorable professeur de piano au Conservatoire de Vienne. Menant une vie de célibataire endurcie chez sa vieille mère possessive (Annie Girardot), cette musicienne laisse libre cours à sa sexualité débridée en épiant les autres. (Lire la suite : [3]) (Pitch du film.) |
Klavierspielerin (Die) | Haneke Michael | Haneke Michael d'après le roman éponyme de Jelinek Elfriede | 2001 | Autriche, France | 130 |
Rideau Déchiré (Le) | Torn Curtain | Hitchcock Alfred | Moore Brian | 1966 | USA | 128 |
Retour de Martin Guerre (Le) | Retour de Martin Guerre (Le) | Vigne Daniel | Carrière J.-Cl., Vigne D., roman de Zemon Davis N. | 1982 | France | 122 |
Ruban Blanc (Le) §. Un village protestant de l'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale (1913/1914). L'histoire d'enfants et d'adolescents d'une chorale dirigée par l'instituteur du village et celle de leurs familles : le baron, le régisseur du domaine, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans... (Lire la suite : [4]) (Pitch du film.) |
WeiBe Band (Das) | Haneke Michael | Carrière Jean-Claude, Haneke Michael | 2009 | Allemage, Autriche, France, Italie | 144 |
Viridiana | Virdiana | Buñuel Luis | Alejandro J., Buñuel L. | 1961 | Mexique Espagne |
90 |
Visiteur (Le) §. Φω. Plans : 14b - 25 - 26 - 52 - 126 |
Muukalainen | Valkeapää Jukka-Pekka | Forsström J. Valkeapää J.-P. |
2008 | Finlande Angleterre |
139 |
Tristana §. Don Lope est un grand bourgeois tolédan d'âge mur, oisif, libéral, anticlérical et don juan. Orpheline, Tristana est recueilli par cet aristocrate vieillissant de Tolède, qui devient son tuteur, puis son amant. (Lire la suite : [5]) (Pitch du film.) |
Tristana | Buñuel Luis | Alejandro Julio, Buñuel Luis, d'après le roman de Pérez Galdós Benito | 1970 | Espagne, France, Italie | 105 |
Volver §. Madrid et les quartiers effervescents de la classe ouvrière, où les immigrés des différentes provinces espagnoles partagent leurs rêves, leur vie et leur fortune avec une multitude d'ethnies étrangères. (Lire la suite : [6]) (Pitch du film.) |
Volver | Almodóvar Pedro | Almodóvar Pedro | 2006 | Espagne | 121 |
Whatever Works §. Boris Yellnikoff est un génie de la physique qui a raté son mariage, son prix Nobel et même son suicide. Désormais, ce brillant misanthrope vit seul, jusqu'au soir où une jeune fugueuse, Melody, se retrouve affamée et transie de froid devant sa porte. (Lire la suite : [7]) (Pitch du film.) |
Whatever Works | Allen Woody | Allen Woody | 2009 | USA | 90 |
Yeelen – La Lumière §. Suivant la tradition bambara, un jeune homme s'apprête a recevoir le savoir destiné a lui assurer la maîtrise des forces qui l'entourent. (Lire la suite : [8]) (Pitch du film.) |
Yeelen | Cissé Souleymane | Cissé Souleymane | 1987 | Allemagne, Burkina Faso, France, Japon, Mali | 106 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski
Au 3ème épisode
Au Plan 82, Théophane le Grec est assis « en majesté », éclatant de lumière, les pieds nus jusqu’aux genoux plongés dans une fourmilière. Les fourmis courent sur ses pieds dans tous les sens. (Cf. Photogramme – Pied 1.)
Au 4ème épisode
Au Plan 116, Andreï Roublev était venu chercher du bois, et c'est lui qui commence à prendre feu. Le plan 116 est inducteur de plusieurs propositions imaginaires. Nous venons de voir un cas de figure. Un second cas, serait la descente de Roublev en enfer. Un troisième cas : la flamme de feu, le feu éthéré, qui atteint Roublev par ses pieds, par la base de son être. Par ailleurs nous avons déjà vu dans la Passion du Christ, au plan 100a, le Christ qui laisse tomber sa cape au sol. (Cf. Photogramme – Pied 2.)
La redondance de la figure des pieds
L'importance de la figure des pieds (par sa répétition aussi) mérite qu'on s'y arrête un instant. (…) "Etant le point d'appui du corps dans la marche, le pied, pour les Dogons est tout d'abord un symbole d'assise, une expression de la notion du pouvoir, de chefferie, de royauté. (…) Il désigne également la fin puisque, toujours dans la marche, le mouvement commence par le pied et se termine par le pied. Symbole de pouvoir, mais aussi de départ et d'arrivée, il rejoint le symbolisme de la clef, elle-même expression de la notion de commencement. (…) Le pied de l'homme laisse son empreinte sur les sentiers –bons ou mauvais- qu'il choisit en fonction de son libre arbitre… Ceci explique les rites de lavement des pieds, qui sont des rites de purification. (…) Selon les psychanalystes (Freud, Jung, etc.) le pied aurait une "signification phallique" et la chaussure serait un symbole féminin." [9] "Il sous-tend aussi l'idée d'origine, on dit chez les Bambaras que le pied est le premier bourgeonnement du corps de l'embryon. (…) Il s'oppose d'autre part à la tête qui en est la fin… Le Bambara enseigne que la tête ne peut rien sans le pied." [10] Paul Diel dans "Le symbolisme dans la mythologie grecque", précise que le pied serait aussi (…) "un symbole de la force de l'âme, en ce qu'il est le support de la station debout…" Le pied vulnérable (Achille), le boiteux (Héphaïstos), toute déformation du pied révèle une faiblesse de l'âme. [11] Le côté versant superstitieux du pied est en grande partie issue de ce tissu symbolique. [12]
Le baiser des pieds
Dans le VIème épisode, La Passion selon André, L’Invasion
Plan 244-61-1 [13] : 1h 50' 16" : Nous sommes à l'intérieur de l'église. En plan rapproché, le Grand Prince embrasse son frère, tout en piétinant, en croix, du bout de son pied droit, le pied droit de son frère.
Plan 245-62-2 : 1h 50' 43" : Le prince est béni, il embrasse la croix que lui tend le métropolite, puis il embrasse la main du métropolite.
Plan 246-63-3 : 1h 51' 14" : Plan rapproché du Grand Prince chuchotant à l'oreille d'un proche des propos inaudibles.
Trois plans, trois directions : le pied écrasé, la croix embrassée, la voix (royale) chuchotée. Ce sont d'ailleurs ces trois moments qui concluent l'épisode de la rencontre entre les deux princes. Dans la 6ème partie, [14] le prince songe à écraser la figure de son frère sur la neige. Dans cette partie, lui-même a son pied écrasé par son frère. Nous avons vu certaines valeurs de la figure des pieds : symbole de pouvoir, de commencement, de fin, de purification. Mais ici, la figure des pieds est accompagnée par la figure du baiser, cœur de l'épisode. D'ailleurs, nous pouvons dire, que la figure d'un pied écrasant un autre pied, est aussi en quelque sorte une figure altérée du baiser qui est en somme : (…) "un symbole de l'union et de l'adhésion mutuelle, qui prit, dès l'antiquité, une signification spirituelle. (…) Baiser signifie "adhésion d'esprit à esprit". C'est pourquoi l'organe corporel du baiser est la bouche, point d'issue et source du souffle." [15]
Liens spécifiques du film
Voir : Andreï Roublev
Mouchette, de Robert Bresson
Liens spécifiques du film
Voir : Mouchette
Nostalghia, d’Andreï Tarkovski
Le rêve des pieds
Après la visite du Poète de la « Maison de la fin du monde », et de son « initiation » par le « Fou » au Mystère de Sainte-Catherine. Au :
Plan 72 : 1h 03' 20" : Il est étonné de trouver sur son lit la Traductrice en train de se sécher les cheveux.
Plan 74f : 1h 07' 38": La Traductrice est debout les mains vides. Elle est dans le coin où elle a jetée la brosse. Le monologue n'a pas cessé depuis le plan 74e : "La nuit même où je t'ai connu… J'ai rêvé d'un ver tout mou avec plein de pattes… Sur la tête… Il m'a piqué : il était venimeux… Je cognais la tête de tous côtés. Et la sale bête est tombée devant l'armoire… J'essayais de l'écraser, mais en vain… Je tombais toujours à côté. Je n'arrivais pas à l'écrabouiller… Depuis cette nuit-là, je touche mes cheveux. Heureusement qu'il n'y a rien d'intime entre nous !"
Dans le rêve de la Traductrice, nous constatons des faits qui nous conduisent de nouveau au concept du "parallélisme analogique". En effet, le ver l'a piquée au niveau de la tête. D'autre part, ce symbole thériomorphique, [16] exprime un conflit érotique : (…) "C'est ce qui apparaît avec une clarté particulière dans le motif de la "violence". (…) Ce thème présente d'innombrables variantes. L'arme du meurtre est une lance, une épée, un poignard, (…) et la violence consiste en une effraction, une poursuite, un vol ou bien quelqu'un est caché dans l'armoire ou sous le lit." Cependant, il semblerait que ce "conflit érotique" ait subi une altération spirituelle, car la Traductrice a été piquée au niveau de la tête, et donc de l'intellect et de la raison. Quand "la sale bête est tombée devant l'armoire", elle a essayé de l'écraser avec son pied, [17] mais elle n'a pas réussi. Le passage de la tête aux pieds est significatif, puisqu'il suggère le passage d'une fonction supérieure à une fonction inférieure.
Liens spécifiques du film
Voir : Nostalghia
Viridiana de Luis Buñuel
Pitch du film
La jeune Viridiana souhaite entrer au couvent, mais la mère supérieure exige avant tout que la jeune femme aille rendre visite à son vieil oncle et bienfaiteur Don Jaime. Celui-ci, troublé par la ressemblance de sa nièce et de sa femme décédée, tente d'abuser sexuellement de la jeune femme. Choquée, Viridiana s'enfuit mais apprend que son oncle s'est suicidé. Se sentant coupable la jeune femme décide de revenir au domaine et de dédier sa vie à aider les gens pauvres. Elle héberge donc les mendiants du village dans la maison de son oncle dont elle a hérité à sa mort...
0h 02’ 50’’ – Plans 2 – 4. Viridiana accepte l'invitation – « La Corde – Serpent »
Plan dynamique 1 : les pieds de Rita
- Photogramme – Plan 2. 00h 02' 48" : Plan dynamique. [18] Plan rapproché sur les jambes de la petite Rita qui saute à la corde. Rita est la fille de Ramona, la servante de Don Jaime. Elle joue à la corde avec une grande dextérité. Avec ses pieds, elle fait rapidement, différentes petites figures, elle avance, elle recule. Derrière elle, apparaît Don Jaime. Il suit pendant quelques secondes les jambes de Rita.
Comme nous allons le voir plus loin, il nous semble qu'à travers ce “plan acrobatique”, on trouve réunit des arguments forts du film. Et on peut aller encore plus loin, pour dire que chaque plan d'un film de Buñuel offre des qualités exceptionnelles : il y a souvent une si grande justesse dans la présentation des éléments qui composent le plan, sans parler des magnifiques liaisons entre les plans, que l'artiste effectue avec un grand art. En effet, on peut se demander si le plan 2 n'est pas une réponse au plan 1b, comme le dit l'expression populaire : Viridiana devant la Mère Supérieure « ne sait jamais sur quel pied danser ».
Plan dynamique 2 : les pieds de Rita 2
Plan 3a [20] : Plan rapproché sur Rita essoufflée. Don Jaime s'approche d'elle. Nous entendons le bruit d'une voiture à cheval qui s'arrête non loin. Rita cesse de sauter et regarde la voiture : «
- Don Jaime : C'est assez pour aujourd’hui, Rita. Elle te plaît, la corde que je t'ai offerte ?
- Rita : On peut mieux sauter parce qu'elle a des poignées. (Cf. Photogramme - Plan 3b1. 00h 03' 18")
- Don Jaime : Aller, va jouer. »
- Photogramme – Plan 3b2. 00h 03' 22" : Rita court en abandonnant la corde à Don Jaime qui l'accroche à un clou fixé au tronc d'un grand arbre.
Une question s'impose : Pourquoi Don Jaime accroche la corde à un arbre ? Est-ce une place ordinaire pour une corde ? Mais, il nous semble qu'avec Buñuel, nous devons passer à un autre registre, ne peut-on pas dire que la corde devient une représentation métaphorique du serpent.
L'argument que nous avançons est d'abord morphologique : la ligne. En effet, André Virel en voyageant dans le Sud-Cameroun, observe que les pygmées, «dans leur langage de chasse, représentent le serpent d'un trait sur le sol. Certains graffitis de l'époque paléolithique n'ont sans doute pas d'autre signification. On peut dire qu'ils ramènent le serpent à son expression première. Il n'est qu'une ligne, mais une ligne vivante ; une abstraction. La ligne n'a ni commencement ni fin ; qu'elle s'anime, et elle devient susceptible de toutes les représentations, de toutes les métamorphoses. » [21]
D'autre part, dans son essai sur les civilisations sud-américaines, Hermann von Keyserling écrit : «le serpent est un complexe archétypale, lié à la froide, gluante et souterraine nuit des origines. Une unique multiplicité primordiale, qui ne cesse de se détortiller, de disparaître et de renaître. La vie des bas-fonds doit précisément se refléter dans la conscience diurne sous la forme d'un serpent.» [22]
Soulignons enfin, que Luis Buñuel (1900 – 1983) poursuivra sa carrière d'abord en Amérique, entre 1933 – 1935, où il travaille pour le Musée d'Art Moderne, ensuite expatrié au Mexique après l’avènement de Franco au pouvoir de 1947 à 1958, c'est sans doute à cette époque qu'il va s'intéresser aux civilisations sud-américaines. Et le premier film qu'il réalise de retour en Europe est justement Viridiana. (Cf. Photogramme – serpent à deux têtes du British Museum.)
Ainsi, la corde comme un serpent va se faufiler dans le film pour proposer à chaque apparition une nouvelle charge émotionnelle et significative, en reflétant les couches profondes de la conscience des protagonistes.
- Photogramme – Plan 3c. 00h 03' 32" : La voiture à cheval s'arrête devant le perron de la maison. Don Jaime se dirige vers elle. Viridiana descends.
Le cocher sort la petite valise de Viridiana. Ramona apparaît et se dirige vers l'invitée, suivit par Rita qui lui dit : « Bonjour.
- Viridiana : Ça va ?
- Ramona : Soyez la bienvenue, Mademoiselle. Je suis Ramona, la servante de Don Jaime.
- Viridiana : Ah ! Très heureuse.
- Don Jaime : Virdiana ! (Elle s'excuse auprès de Ramona et va à la rencontre de son oncle. Les deux personnes s'observent un instant.) » (Cf. Photogramme - Plan 3d. 00h 03' 47")
- Viridiana : Oui, mon oncle. Comment allez-vous ?
- Don Jaime : Bien, bien. L'autocar a eu de retard, n'est-ce pas ? Comment a été le voyage ?
- Viridiana : Excellent. Quel endroit charmant et calme, mon oncle !
- Don Jaime : Tu vas te croire encore au couvent. »
Le visage de Don Jaime commence à avoir un intérêt croissant à l'égard de sa nièce.
Plan dynamique 3 : les pieds du couple
- Photogramme – Plan 4a. [23] 00h 03' 58" : Plan rapproché sur les pieds de Don Jaime et de Viridiana. Ils bavardent. Nous apercevons dans la voix de Don Jaime l'intérêt qu'il porte à la jeune femme. Un intérêt discutable : «
- Don Jaime : Combien de temps vas-tu rester ?
- Viridiana : Très peu, mon oncle. Je n'ai droit qu'à quelques jours.
- Don Jaime : Cela t'a-t-il été difficile de l'obtenir ?
- Viridiana : Non, je suis venue sur l'ordre de La Supérieure.
- Don Jaime (Don Jaime triste, s'arrête.) : Il t'intéressait donc si peu de me voir ?
- Viridiana : A dire vrai pas beaucoup. Je ne sais pas mentir. J'ai pour vous du respect et de la reconnaissance parce que matériellement je vous dois tout, mais pour le reste...
- Don Jaime (Avec mélancolie.) : Aucune affection...
- Viridiana (Déterminée.) : Aucune.
- Don Jaime : Tu as raison. La solitude m'a rendu égoïste. Maintenant je regrette que nous ne nous soyons pas vu davantage. Il est trop tard, n'est-ce pas ?
- Viridiana (Très indifférente.) : Oui. Il est trop tard. (Ils passent sous un grand arbre. Au loin, on distingue les champs abandonnés en friche.) Mon oncle, vous avez beaucoup négligé les champs.
- Don Jaime : Cela fait vingt ans que les herbes ont tout envahi. Dans la maison, sauf au premier étage, les araignées pullulent. Je sors très rarement. (Nous entendons une voix d'enfant qui provient de l'arbre.)
- Voix de Rita : C'est vrai. Et quand il sort il me fait sauter... (Cf. Photogramme - Plan 4b. 00h 04' 50") (Viridiana est étonnée, elle regarde vers l'arbre.)
- Don Jaime : Viens ici, mon petit chien !
- Viridiana : Qui est-ce ?
- Don Jaime : La fille de Ramona, ma domestique, c'est une sauvageonne.
- Viridiana : Viens ! (Rita disparaît.)
- Don Jaime : Comme tu ressembles à ta tante ! Jusqu'à la démarche !
- Viridiana : Je le sais, mon oncle, vous me l'avez déjà dit.
- Don Jaime : Tu vois ? Même la voix ! »
0h 05’ 16’’ – Plans 5 - 11. Le premier soir chez Don Jaime – La valise de Viridiana
Cet épisode se caractérise par l'alternance de deux séquences :
- Don Jaime qui joue à un harmonium au son sinistre ;
- Viridiana qui se prépare à aller se coucher.
Plan dynamique 4 : les pieds de Don Jaime sur les pédales de l'harmonium
- Photogramme – Plan 5. [24] 00h 05' 16" : Plan rapproché. Nous entendons de la musique classique. Les pieds de Don Jaime actionnent les pédales de l'instrument. Les mains jouent sur le clavier.
- Photogramme – Plan 6a. 00h 05' 43" : Viridiana est dans la chambre de Dona Elvira, l'épouse défunte de Don Jaime. Elle n'a pas l'intention de dormir dans le lit de Dona Elvira, elle prépare un lit au sol.
- Photogramme – Plan 6b. 00h 05' 51" : Viridiana se dirige vers le miroir, elle enlève une coiffe qui retenait ses cheveux et les laisse descendre sur les épaules. Elle réfléchit, elle l'a l'air soucieuse.
- Photogramme – Plan 6c. 00h 06' 08" : Viridiana retourne vers le lit et commence à se déshabiller. Elle ôte sa robe puis s'assied sur le bord du lit pour retirer ses bas noirs, laissant apercevoir une jambe d'une blancheur et d'une forme parfaites.
Les “perspectives” des pieds dans Viridiana de Buñuel
Les cadrages successives sur, et à partir des pieds des protagonistes sont révélateurs et ouvrent des nouvelles perspectives. Tout d'abord, il est rare au cinéma d'accorder une si grande importance aux membres inférieurs. Le choix de Buñuel n'est pas innocent. Il veut nous indiquer une orientation. Il veut attirer notre attention. Ainsi, jusqu'à présent, nous venons de voir les six premiers plans du film, et nous constatons que cinq plans sur six, commencent à partir du bas du corps. Il s'agit en effet, des plans 2, 3a, 4a, 5 et 6c ; il est à noter que les plans en question vont nous conduire au plan 6c, à la jambe parfaite de Viridiana. Pourquoi donc cette redondance ?
De plus, à ces plans, il y a des parallélismes métaphoriques qui sont engendrés soit dans la composition d'un objet (la corde), soit dans la composition d'un plan, ainsi, ne peut-on pas ajouter dans le même registre le plan 6a ? Quand Viridiana prépare son lit au sol, c'est-à-dire aux “pieds” du lit de Dona Elvira. Et enfin, en allant un plus loin, un élément indirecte nous conduit à la corde à sauter, ne peut-on pas dire que les poignées de la corde sont les “pieds” de la corde ? Plus exactement la tête et le pied de la corde ? Ainsi, au plan 3b1, quand Rita montre une poignée de la corde, elle montre métaphoriquement le “pied” de la corde. Cette dernière métaphore rejoint alors l'image du serpent à deux têtes.
Certes notre raisonnement peut paraître troublant, mais il nous semble que le cinéma de Buñuel propose souvent un excès de langage, parfois vertigineux, de l'imagination poétique et de son inclusion dans notre réalité. C'est peut-être pour cette raison que le cinéma de Buñuel est tellement bouleversant et déconcertant.
En simplifiant, nous obtenons la première équation [25] suivante :
[1] : Corde → Pied → Poignée → Serpent
Et, en fonction des données filmiques, nous pouvons ajouter une seconde équation qui s'impose :
[2] : Corde → Serpent → Arbre
En ce qui concerne l'introduction de l'arbre, il s'agit du plan 4b, Rita au milieu du feuillage de l'arbre. Ainsi, l'arrivée de Viridiana est ponctuée au début par Rita qui saute à la corde au pied d'un arbre, et à la fin par Rita au milieu de la couronne d'un arbre (ou houppier [26].) Alors, quel est le rôle de Rita ? Pourquoi Buñuel lui accorde une si grande importance ? Est-ce qu'il vise la personne, une petite fille, une sauvageonne comme le dit Don Jaime ? Ou faudrait-il voir autre chose ? En fonction des images, et des équations que nous venons de proposer, une hypothèse se présente, elle est susceptible d'être une “personnification” du serpent, et donc de la tentation qui est une thématique centrale du film. Ce qui pourrait expliquer le plan 6b, le moment où Viridiana évite (ou hésite) de regarder son reflet au miroir, et par la suite les plans des instruments de la crucifixion, il s'agit des plans 9 et 11.
Notes et références
- ↑ Né d'un dieu mais élevé comme un homme, Persée ne peut sauver sa famille des griffes de Hadès, dieu vengeur du monde des Enfers. N'ayant plus rien à perdre, Persée se porte volontaire pour conduire une mission dangereuse et porter un coup fatal à Hadès avant que celui-ci ne s'empare du pouvoir de Zeus et fasse régner l'enfer sur terre. A la tête d'une troupe de guerriers courageux, Persée entreprend un périlleux voyage dans les profondeurs des mondes interdits. Luttant contre des démons impies et des bêtes redoutables, il ne survivra que s'il accepte son pouvoir en tant que dieu, qu'il défie son destin et crée sa propre destinée.
- ↑ A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il la ramène chez elle et lui laisse son téléphone. Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose. Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions. Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre.
- ↑ Fréquentant secrètement les peep-shows et les cinémas pornos, Erika Kohut plonge dans un voyeurisme morbide et s'inflige des mutilations par pur plaisir masochiste.
Jusqu'au jour où Walter (Benoît Magimel), un élève d'une vingtaine d'années, tombe amoureux d'elle. De cette affection naît une relation troublante, mouvementée et perverse entre le maître et son disciple. - ↑ D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?
- ↑ Mais bientôt, elle l'abandonne et part vivre avec un peintre, Horacio. Quelques années après, la jeune femme revient malade d'une tumeur à la jambe...
- ↑ Au sein de cette trame sociale, trois générations de femmes survivent au vent, au feu, et même à la mort, grâce à leur bonté, à leur audace et à une vitalité sans limites.
- ↑ Boris lui accorde l'asile pour quelques nuits. Rapidement, Melody s'installe. Les commentaires cyniques de Boris n'entament pas sa joie de vivre et peu à peu, cet étrange couple apprend à cohabiter. Malgré son esprit supérieur, Boris finit par apprécier la compagnie de cette simple jeune femme et contre toute attente, ils vont même jusqu'à se marier, trouvant chacun leur équilibre dans la différence de l'autre. Un an plus tard, leur bonheur est troublé par l'arrivée soudaine de la mère de Melody, Marietta. Celle-ci a fui son mari, qui l'a trompée avec sa meilleure amie. Découvrant que sa fille est non seulement mariée, mais que son époux est un vieil excentrique bien plus âgé qu'elle, Marietta s'évanouit. Pour détendre l'atmosphère, Boris emmène Melody et sa mère au restaurant avec un ami, Leo Brockman...
- ↑ Cependant le père du jeune Nianankoro voit d'un mauvais oeil son fils devenir son égal aussi sa mère éloigne le jeune homme. Au cour de ce voyage initiatique, Nianankoro va apprendre à tester ses forces et ses pouvoirs qu'il devra inévitablement confronter a ceux de son père.
- ↑ Chevalier/Gherrbrant, Dictionnaire des Symboles, op. cit., p. 749.
- ↑ Dominique Zahan, op. cit.,p. 51.
- ↑ Comme le boiteux dans Viridiana, il dévoile une faiblesse de l'âme. Mais la question qui se pose est celle de savoir de quelle âme s'agit-il ? Celle du boiteux ? Ou celle de don Jaime ? Ou encore celle de Viridiana elle-même. (Cf. Corde.)
- ↑ Chez Buñuel, écrit F. Cesarman : (…) "Les chaussures et le pied sont à plusieurs reprises utilisés en substitution de l'impossibilité d'atteindre l'amour désiré. C'est dans L'Age d'or que ces objets apparaissent pour la première fois très clairement, lorsque la protagoniste, devant la perte de l'homme aimé, baise et suce le pied d'une statue." p. 52. (Cf. Photogramme). "Dans El, Francisco a une façon singulière de regarder les pieds des adolescents et derrière ce regard se cachent des pensées érotiques, probablement homosexuelles…" pp. 122 et 151.
- ↑ Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode, le troisième chiffre aux plans du films depuis le début de la partie.
- ↑ Rappellons que dans cet épisode (L’Invasion), nous assistons à l’apparition du montage alterné et la division de l’épisode en douze parties. Les parties sont formées de séquences longues et de séquences courtes. Les parties en question sont des séquences courtes de deux ou trois plans.
- ↑ Georges Vajda, L'amour de Dieu dans la théologie juive au moyen-âge, Paris, 1957.
- ↑ Néologisme forgé par Gilbert Durand, il désigne la morphologie monstrueuse, ici, c'est le ver mou avec plein de pattes, et venimeux. Cf. Les structures anthropologiques de l'imaginaire. op. cit., pp. 71-96.
- ↑ Cela nous le supposons, puisqu'elle ne dit pas comment elle s'est prise pour le faire.
- ↑ Le Plan dynamique est un plan cinématographique singulier, nous l'avons appelé ainsi, faute d'autre nom. Le plan dynamique ne correspond pas complètement à la notion classique de la profondeur de champ, qui se définit comme : (…) "La profondeur de la zone de netteté… La P.D.C. est plus grande lorsque la focale est plus courte." (Aumont, Marie, Bergala, Vernet, Esthétique du film, op. cit., p. 22.) Le plan dynamique s'effectue en fait de plusieurs façons. Soit le début du plan rapproché (ou gros plan) est fixe, et à ce moment là, l'objet ou la personne s'écarte et laisse entrevoir à l'arrière tout le champ. De plus, il y a soit un accompagnement d'un zoom avant, soit d'un travelling-avant ou latéral, ainsi nous entrons en profondeur dans le champ, comme ce sera le cas dans le plan 6 d'Andreï Roublev. Soit alors à partir d'un plan rapproché (ou gros plan) qui subit un mouvement panoramique de bas en haut ou de haut en bas, de gauche à droite ou de droite à gauche. Lire la suite
- ↑ L'original beaucoup plus petit de ce serpent à deux têtes (aujourd'hui conservé au British Museum) date du XIVe ou du XVe siècle et est fait de bois incrusté d'une mosaïque en turquoise et en coquillage. Le serpent était une des représentations de Tlaloc, dieu aztèque de la pluie, et il aurait été porté en pendentif par un prêtre sacré. Cette pièce faisait probablement partie du trésor envoyé par Moctezuma à Cortès pour tenter de convaincre celui-ci de quitter le Mexique. (Source : Musée Canadien de l'Histoire.)
- ↑ "Ibid"
- ↑ Chevalier/Gherrbrant, Dictionnaire des Symboles, op. cit. p. 867.
- ↑ KEYSERLING H. von, Méditations sud-américaines. Traduction de A. Beguin. Paris, 1932, p. 20.
- ↑ "Ibid"
- ↑ "Ibid"
- ↑ Une équation désigne la résultante d'une association de concepts qui stimule une analyse en proposant un raccourci, et en évitant un long discours par des répétitions. Nous comptons sur l'indulgence des lecteurs de cet écart inhabituel dans le monde cinématographique.
- ↑ Un houppier ou couronne, est la partie d'un arbre constituée de l'ensemble des branches situées au sommet du tronc (des branches maîtresses aux rameaux). (Source : Wikipédia.)
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