« Into the Wild » : différence entre les versions
Ligne 1 669 : | Ligne 1 669 : | ||
'''<span id="ancre_10">Photogramme 10 :</span>''' : [[#Légendes des colonnes|Séquence]] 20 [B - 2] - '''Plan 196. ''' ''0h 12' 57"'' : Mme McCandless, interloquée, se lève, parmi toute la foule assise, et prend une photo de son fils. C’est, hélas, la dernière photo qu’elle aura prise de son fils. Nous verrons bientôt, une relation avec la photographie. Nous distinguons à la droite de sa mère, son père Walt, et à sa gauche, sa soeur Carine. | '''<span id="ancre_10">Photogramme 10 :</span>''' : [[#Légendes des colonnes|Séquence]] 20 [B - 2] - '''Plan 196. ''' ''0h 12' 57"'' : Mme McCandless, interloquée, se lève, parmi toute la foule assise, et prend une photo de son fils. C’est, hélas, la dernière photo qu’elle aura prise de son fils. Nous verrons bientôt, une relation avec la photographie. Nous distinguons à la droite de sa mère, son père Walt, et à sa gauche, sa soeur Carine. | ||
'''<span id="ancre_11">Photogramme 11 : </span>''' : [[#Légendes des colonnes|Séquence]] 21 [Aa - 1] - '''Plan 209.''' '' 0h 13' 42"'' : C'est la fin de remise de diplômes. Les jeunes diplômés lancent leur [[Chapeau|chapeaux]] (graduation hat) dans le ciel. | '''<span id="ancre_11">Photogramme 11 : </span>''' : [[#Légendes des colonnes|Séquence]] 21 [Aa - 1] - '''Plan 209.''' '' 0h 13' 42"'' : C'est la fin de remise de diplômes. Les jeunes diplômés lancent leur [[Chapeau|chapeaux]] (graduation hat) dans le ciel. Des images en flashback défilent : le jour où les parents de Christopher ont reçu leurs diplômes à l’université de Grey Oak, et en voix-off, sa version sur la rencontre de ses parents, qui constitue une des raisons principales de sa « fuite » : « ''Je les vois devant l’entrée d’honneur de leur fac à eux. Je vois mon père passer sous l’arche de Grey Oak, les carreaux rouges semblent reluisants derrière sa tête. Je vois ma mère tenant quelques [[Livre|livres]] sur les hanches, devant le pilier de brique et derrière elle, la grille de fer forgé, encore ouverte, hérissée de piques noires, en ce matin de mai.'' » | ||
'''<span id="ancre_12">Photogramme 12 : </span>''' : [[#Légendes des colonnes|Séquence]] 22 [B - 3] - '''Plan 217. ''' ''0h 13' 45"'' : « C’est la remise des diplômes. » | '''<span id="ancre_12">Photogramme 12 : </span>''' : [[#Légendes des colonnes|Séquence]] 22 [B - 3] - '''Plan 217. ''' ''0h 13' 45"'' : « C’est la remise des diplômes. » | ||
Ligne 1 681 : | Ligne 1 681 : | ||
<gallery caption=" "> | <gallery caption=" "> | ||
Fichier:intothewildp13.jpg|'''Photogramme 11''' : ''Into The Wild'', '''Plan 209'''. Les jeunes diplômés lancent leur chapeaux (graduation hat) dans le ciel. | Fichier:intothewildp13.jpg|'''Photogramme 11''' : ''Into The Wild'', '''Plan 209'''. Les jeunes diplômés lancent leur chapeaux (graduation hat) dans le ciel. Des images en flashback défilent : le jour où les parents de Christopher ont reçu leurs diplômes à l’université de Grey Oak. | ||
Fichier:intothewildp12.jpg|'''Photogramme 12''' : ''Into The Wild'', '''Plan 217'''.« ''C’est la remise des diplômes.'' » | Fichier:intothewildp12.jpg|'''Photogramme 12''' : ''Into The Wild'', '''Plan 217'''.« ''C’est la remise des diplômes.'' » | ||
Fichier:intothewildp11.jpg|'''Photogramme 13''' : ''Into The Wild'', '''Plan 223'''. «(...) ''Ne faites pas ça ! Tu te trompes de femme. Tu te trompes d’homme. Vous ferez des choses que jamais vous auriez cru faire.'' » | Fichier:intothewildp11.jpg|'''Photogramme 13''' : ''Into The Wild'', '''Plan 223'''. «(...) ''Ne faites pas ça ! Tu te trompes de femme. Tu te trompes d’homme. Vous ferez des choses que jamais vous auriez cru faire.'' » |
Version du 9 novembre 2012 à 15:09
Aspects techniques du film
- Titre : Into the Wild
- Réalisation : Sean Penn
- Année de réalisation : 2007
- Titre original : Into the Wild
- Autre titre : Vers l'Inconnu (Québec)
- Pays : USA
- 147 minutes, couleur
- Nombre de plans (ici, "plan" désigne,"tout morceau de film compris entre deux changements de... plan) : 1815
- Langue : Anglais
- Production : Sean Penn
- Scénario : Sean Penn, adapté du roman Voyage au bout de la solitude de Jon Krakauer
- Directeur Photographie : Eric Gautier
- Décors : Derek R. Hill
- Costumes : Mary Claire Hannan
- Son : Martin Hernández
- Musique : Michael Brook, Kaki King, Eddie Vedder
- Montage : Jay Cassidy
- Principaux acteurs :
- Christopher McCandless ou Alexandre Super-Vagabond : Emile Hirsch
- Billie Mc Candless, la mère de Christopher : Marcia Gay Harden
- Walt McCandless, le père de Christopher : William Hurt
- Carine McCandless, la soeur de Christopher : Jena Malone
- Jan Burres : Catherine Keener
- Rainey, le compagnon de Jan : Brian Dierker
- Wayne Westerberg, l'ami de Christopher : Vince Vaughn
- Tracy : Kristen Stewart
- Ron Franz : Hal Holbrook
- Kevin : Zach Galifianakis
- Ranger Steve Koehler : Steven Wiig
Résumé du film
Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui.
Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres.
Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.
Auteur : Internet
Introduction : Into the Wild - La terre était son jardin, les fleuves sa piscine et le livre son bâton
« Ne scrutez pas trop profondément l'abîme de peur que l'abîme ne vous rende soudain votre regard. »
— Nietzsche
Le film Into the Wild est, en ce qui nous concerne, un des plus beaux films que l'Amérique a pu sortir ces dernières décennies. Enfin, un nouveau souffle s'élève, une nouvelle fraîcheur anime l'écran, des nouveaux horizons s'ouvrent et se découvrent, une nouvelle thématique prend place et se développe, les anciens schémas sont abandonnés. Comme du reste pour les autres films que nous avons traité dans notre dictionnaire. Nous nous intéressons, en fin de compte, à des films qui portent une vision globale sur le monde et l'humanité, du glissement du particulier eu général. Et surtout, qu'un film n'est pas les péripéties d'une histoire « EN » image, mais le développement des histoires « DE » l'image. La différence est de taille. En général, les images sont plus importantes que l'histoire.
Into the Wild : Une expérience filmique
Toutefois, Into the Wild est un film inspiré d'une histoire vraie, vécue réellement.[1] Ce n'est pas une fiction. Ce qui confère à ce film un intérêt particulier, car l'approche avec la réalité est directe. Nous avons constaté, au cours d'une petite recherche, que le film a été abondamment étudié et discuté. Le film a d'ailleurs, son site officiel. Mais, nous avons délibérément, en un premier temps[2] ignoré ces études et discussions, afin de nous focaliser essentiellement sur les images du film, et comme Christopher, l'héros du film, nous avons voulu considérer l'expérience filmique comme une expérience, une initiation. D'ailleurs, c'est certainement ce point qui rend le film si attachant et si attractif : le fait de partager une expérience inédite et inouïe au grand nombre.
Il nous semble, comme nous allons le découvrir, au fur et à mesure, que cette expérience a des racines beaucoup plus profondes que nous osons l'imaginer. En fait, l'expérience de Christopher est finalement un grand exploit. Il est le nouveau pionnier à la découverte d'une nouvelle dimension de l'âme humaine. La naissance d'un nouvel idéal.
La partition du film
Into the Wild est divisée en six parties inégales. L'ouverture et cinq chapitres. Pour notre part, nous avons ajouté cinq parties, ce qui porte l'ensemble à onze parties. Les parties ajoutées concernent souvent une période temporelle importante :
- Ouverture ;
- 2 ans avant le « Magic Bus » - Atlanta ;
- Chapitre 1. Ma nouvelle naissance ;
- Chapitre 2. Adolescence, ainsi va le monde ;
- 19 mois avant le Bus - Dakota ;
- Mer de Cortez - Los Angeles :
- Chapitre 3. L'âge adulte ;
- Chapitre 4. La famille ;
- « Magic Bus » - Neuvième semaine ;
- Dernier Chapitre : Accéder à la sagesse ;
- Le livre bâton.
Nous avons beaucoup insisté sur les images, les sons (bruitage) et les dialogues importants du film, mais, nous n'avons pas abordé les relations de la musique et les paroles de chansons avec le film.[3]
(18 mai 2010)
Les rapports entre le film de Sean Penn et le livre de Jon Krakauer
[Supplément ajouté le 25 février 2011.]
Comme nous l'avons annoncé précédemment, nous élargissons nos perspectives de recherche en incluant des passages du livre de Jon Krakauer[4]. En effet, il nous semble que le livre de Krakauer, apporte des éclaircissements et des informations pertinents à la fois, au niveau technique et au niveau sémantique du film.
Le livre de Jon Krakauer est divisé en dix-huit chapitres et un épilogue. Nous les résumons succintement :
- Au Cœur de l'Alaska (The Alaska Interior) - 28 avril 1992, dernière conversation de Chritopher avec Jim Gallien, le conducteur du pick-up qui le déposera à l'intérieur de l'Alaska ;
- La Piste de Stampede (The Stampede Trail) - L'historique de la Piste tracée en 1930, par un mineur, Earl Pilgrim, et de la Fairbanks company (1961) - Le Bus 142, D-9 Caterpillar - La découverte du corps de Christopher, par des trappeurs, le 6 septembre 1992 ;
- Carthage, Dakota du sud - 10 septembre 1990, la rencontre de Christopher et de Wayne Westerberg - 12 Mai 1990, la cérémonie de remise des diplômes, Atlanta ;
- Detrital Wash (rivière qui coule en Arizona) - La découverte, par des Rangers, de la Datsun Jaune (B210 de 1982) - 10 août 1990, rencontre Jan Burres et Bob (Rainey) - Walt et Billie McCandless engagent un détective privé, Peter Kalitka - 28 octobre 1990, achat du canoë - Décembre 1990, le Mexique - 24 février 1991, retour à Detrital Wash ;
- Bullhead City ( ville située aux abords du fleuve Colorado dans le Comté de Mohave en Arizona au Sud-Ouest des Etats-Unis) - Mai 1991, Christopher y restera plus de deux mois - c'est l'épisode des « chaussettes » au McDonald - Novembre 1991, Slab City, seconde rencontre avec Jan et Rainey - Tracey ;
- Anza-Borrego (réserve naturelle située dans l'état de Californie, à l'ouest des États-Unis) - Janvier - mars 1992, Salton Sea, Ron Franz - La ceinture - La longue lettre à Ron Franz ;
- Carthage - Avril 1992 - Retour chez Wayne - Christopher déposera son Journal et son album photo, et fait intéressant, il lui donnera sa ceinture de cuir ;
- Alaska - Les messages positives et négatives lors de la parution de l'article sur Christopher McCandless dans Outside - Récits sur d'autres aventuriers qui ont parcouru l'Alaska et qu'on a comparés à McCandless : Gene Rossellini, en 1977, il va se livrer à une expérience anthropologique : vivre, dans un milieu vierge, sans la technologie moderne ; John Mallon Warterman, alpiniste téméraire des glaciers du pays ; Carl McCunn ; Everett Ruess ;
- Davis Gulch -(Premier canyon en aval du Ravin de Soda sur le Fleuve Escalante) - L'histoire d'Everett Ruess, en 1934, âgé de vingt ans, il va marcher dans le désert, et il n'en sortira pas. Comme Christopher McCandless, il va changer son nom, une première fois en Lan Rameau, et une seconde fois en Everett Rulan ;
- Fairbanks - L'article du The New York Times du 13 septembre 1992, qui relate la mort d'un autostoppeur. Curieusement, on ignorait l'identité du jeune homme - Jim Gallien (la dernière personne qui a conduit Christopher à travers la piste de Stampede (Stampede Trail) contacte les autorités en charge de l'enquête pour annoncer qu'il connaissait le jeune homme - Intervention de Wayne Westerberg, il avait entendu la nouvelle à la radio, car Gallien a raconté que Christopher était du Dakota du Sud. Grâce au numéro de sécurité social fournit par Wayne, les autorités ont localisé l'adresse de Christopher en Virginie du Nord ;
- Chesapeake Beach (Maryland) - Courte biographie des parents de Christopher, Walt, le père ; Billie, la mère et des histoires de l'enfance de Christopher, comme par exemple, le désir d'escalader à douze ans « Keyhole » (14,256 feet = 4427m), situé dans le Longs Peak au Colorado, un des plus haut sommet des Rocheuses. Les parents étaient fatigués et épuisés au bout de 3900m. , mais Chris voulait tout de même continuer… - La passion des McCandless pour la musique - Le chien de Carine, Buckley qui va devenir le chien de Chris - La question de la difficulté d'entente avec ses parents, un ami d'enfance, Eric Hathaway raconte : « Chris n'aime pas qu'on lui dise ce qu'il faut faire. Je pense qu'il aurait été malheureux avec n'importe quels parents ; il avait des ennuis avec l'idée entière de parents. » [ « Chris just didn't like being told what to do. I think he would have been unhappy with any parents ; he had trouble with the whole idea of parents. » (J.K. p. 115.)] - Les facilités de Christopher pour entreprendre des affaires, grâce à ces économies il va pouvoir s'acheter, sa Datsun Jaune B210 d'occasion ;
- Annandale (Virginie) - 10 juin 1986, le cadeau de Christopher à son père : le télescope Questar (considéré comme la "Rolls-Royce" des télescopes astronomiques) - Christopher, programmateur de logiciel. Il travaille pour la société de ses parents. Son père raconte : « Le programme qu'il a écrit pour nous cet été était impeccable... Nous l'utilisons toujours aujourd'hui et avons vendu les copies du programme à beaucoup de clients.... Mais quand j'ai demandé à Chris de me montrer comment il l'a écrit ... il a refusé : Tout ce que vous devez savoir c'est que cela fonctionne »... [ « The program he wrote for us that summer was flawless... We still use it today and have sold copies of the program to many clients.... But when I asked Chris to show me how he wrote it... he refused. « All you need to know is that it works'... » (J.K. p. 120.)] - Christopher voyage en Californie, il apprend à El Segundo la vérité à propos de ses parents. Carine nous apprend : « Si quelque chose le dérangé, il ne viendrait pas directement le dire. Il le gardait pour lui, laissant les mauvais sentiments se construire. [ « If something bothered him, he wouldn't come right out and say it. He'd keep it to himself, harboring his resentment, letting the bad feelings build and build. » (J.K. p. 121.)] - Juillet 1992, le réveil de Billie au milieu de la nuit, elle entendait Christopher l'appelait : « Maman ! Aide-moi ! » [ « Mom ! Help me ! »] ;
- Virginia Beach'- Souvenirs de Carine - Seconde allusion à Buckley, le chien de berger du Shetland. Chris était « fou » de ce chien [ « Crazy about Buck. »] Elle pense que si Chris aurait amené Buck avec lui, les choses auraient été différentes : « Chris n'a pas pensé deux fois qu'il risque sa propre vie, mais il n'aurait jamais mis Buckley dans n'importe quelle sorte de danger. » [ « Chris didn't think twice about risking his own life, but he never would have put Buckley in any kind of danger. » (J.K. p. 128)] - La grande tristesse de Carine, quand elle apprendra le 17 septembre 1992, la disparition de son frère - Le lendemain, elle part avec Sam McCandless à Fairbanks pour chercher la dépouille de Christopher ;
- The Stikine Ice Cap (La calotte glacière Stikine est un grand champ de glace à cheval sur l' Alaska et la Colombie-Britannique. (Source : Wikipédia) - Jon Krakauer revient sur la dernière carte postale que Christopher écrira à Wayne, celle qu'on verra au début du film, mais seulement la seconde partie, la première partie a été occulté : « Si cette aventure m'est fatale et vous ne recevez plus jamais des nouvelles de moi de nouveau, je veux que vous sachiez que vous êtes un grand homme. Je marche maintenant dans la nature sauvage. » [ « If this adventure proves fatal and you don't ever hear from me again I want you to know you're a great man. I now walk into the wild. » (J.K. p. 133-134.)] Il semblerait qu'il y a eu une grande spéculation à propos de cette carte, elle devenait une déclaration mélodramatique qui laisser entendre que Christopher avait l'intention de se suicider, et qu'il n'aurait jamais eu l'intention de revenir. Toutefois, il nous prévient qu'il n'est pas si sûre. Il pense que sa mort n'était pas planifiée, et que c'était essentiellement un « terrible accident ». Il en est convaincu en fonction des documents qu'il a eu l'occasion de lire, des hommes et des femmes que Christopher a côtoyé, mais c'est surtout d'une conviction personnelle [ « from a more personal perspective »] : L'ascension de J.K. en 1977, en solitaire, du « Devils Thumb » (littéralement « Pouce des Diables » en français) est une montagne située au sein de la calotte glaciaire du Stikine Ice cap, près de Petersburg), à l'âge de vingt-trois ans. Ses raisons étaient enflammées par les écrits de Nietzche, Kerouac et surtout John Menlove Edwards. Les conditions climatiques seront très pénibles ;
- The Stikine Ice Cap (2) - Suite des aventures de J.K. dans le Devils Thumb, il est prisonnier du glacier, sans aucun moyen de contacter le monde extérieur - Les ambitions de son père Lewis Krakauer qui avait l'intention de diriger Jon vers une carrière médicale - Le père sera malade du syndrome post-polio et il finira dans un asile psychiatrique - J.K. établira une comparaison entre son père et celui de Christopher - Jon réussira à survivre et à revenir de Devils Thumb. Il pense qu'en fin de compte, si Christopher n'a pas réussi de revenir c'était largement une question de chance ;
- The Alsaka Interior - 15 avril 1992, Christopher quitte Carthage, Dakota du Sud, et commence sa "grande odyssée de l'Alaska" - Trois jours plus tard il traverse la frontière canadienne - Le 21 avril, il est à Liard River Hotsprings, il rencontre Gaylord Stuckey, un routier de 63 ans, qui va conduire Christopher, durant trois jours, sur plus de 1000 miles (1600 km.) jusqu'à l'université de l'Alaska à Fairbanks. Il restera trois jours - Il trouve le livre sur les plantes comestibles, de Priscilla Russell Kari : Tanaina Plantlore/Dena'ina K'et'una : An Ethnobotany of the Dena'ina Indians of Southcentral Alaska - Achète deux cartes postales, sur lesquelles il écrira ses derniers messages, l'un à Wayne, le second à Jan Burres - Il achète un fusil semi-automatique Remington, calibre .22 - Le 28 avril il rencontre Jim Gallien - Trois heures plus tard, Jim Gallien laisse Christopher sur Stampede Trail, c'est le début de l'aventure - La traversée de la rivière Teklanika, celle qu'il ne pouvait plus emprunter au mois de juillet. Ainsi, au mois d'avril, il faisait très froid, la rivière était à son niveau le plus bas. Christopher ne s'est pas douté qu'en traversant la rivière, il traversait le Rubicon - Mai 1992, le credo de Christopher : « Deux ans à parcourir la terre. » - La dure réalité de la situation, le 9 mai, Christopher écrit dans son Cahier : « 4ème journée de famine » - Mais, par la suite, la chasse sera fructueuse - Le 9 juin, l'élan tuée (MOOSE) - Du 10 au 14 juin, dépeçage ratée de la bête : « Une des plus grande tragédie de ma vie ». - Le 2 juillet, Christopher termine la lecture du livre de Tolstoï. Il décide de revenir - Il part le 3 juillet, il parcourt 20miles (32 km.), après deux jours. Il ne trouvera plus la rivière du mois d'avril, mais « un lac de trois acres qui recouvre la piste », [ « a three-acre lake covering the trail » (J.K. p. 168)] (1 acre = Mesure agraire dans les pays anglo-saxons (environ 40 ares) (1 are = 100 m²) - Il pensait qu'en étant patient et en attendant un moment, la rivière finira par baisser de niveau ;
- The Stampede Trail - 1 - La question de la carte topographique : McCandless n'en avait pas - Un an plus tard, J.K. était de l'autre côté de la rivière Teklanika, il avait emporté une carte topographique, de 1 : 63,360 d'échelle (Ce qui implique que sur la carte, un inch = 1 mile ( 1 inch = 2.54 cm. / 1 mile = 1.6 km.) - Elle indique qu'à un mile et demi, il y avait une station de l'U.S. Geological survey - J.K. traverse la rivière avec trois compagnons : Roman Dial, Dan Solie et Andrew Liske, ils découvrent également, qu'il y avait un câble en acier qui traverse la rivière, mis en place depuis 1970, destiné aux équipes d'hydrologistes - Conclusions de J.K. : « Parce qu'il n'avait aucune carte topographique, il ne pouvait pas concevoir que le salut était si proche. » [ « Because he had no topographic map, however, he had no way of conceiving that salvation was so close at hand. »] - Christopher a également manqué d'emporter avec lui, des pièces d'équipement considéré comme des éléments essentiels par beaucoup d'habitants de l'Alaska : un fusil de grand calibre, une carte, une boussole et une hache. [« He lacked certain pieces of equipment deemed essential by many Alaskans : a large-caliber rifle, map and compass, an ax.»] - Toutefois, Christopher avait des ambitions spirituelles "grandioses" - Christopher dans sa grande aventure, cherchait essentiellement a « exploré le pays intérieur de sa propre âme », [ « To explore the inner country of his own soul. »]
- The Stampede Trail - 2 - 8 juillet 1992, Christopher est de retour au bus - Impossible de savoir ce qu'il projetait de faire - Il termine Docteur Jivago, il note : « Le bonheur n'est réel seulement s'il est partagé » - Le 30 juillet : « Extrêmement faible. Faute de pot. Graines. Impossible de se tenir debout. Inanition. Grand danger. » - Il meurt, le 19 août - La question de la racine de patate sauvage, Hedysarum alpinum - La confusion avec la Wild Sweet Pea (Pois de senteur), Heydesarum mackenzii ;
- Epilogue - Le pèlerinage de Walt et Billie McCandless en Alaska - Ils vont se tenir silencieux à 10 mètres du Bus - Billie reconnaîtra que l'endroit est très beau - Elle comprends la fascination de son fils pour ce lieu - Walt installe un mémorial, une simple plaque à l'intérieur de la porte du Bus.
[Supplément ajouté le 25 février 2011.]
Séquences simplifiées du film
Légendes des colonnes
- N° d'ordre de la séquence (il s'agit d'un ou plusieurs plans, d'une seconde à quelque minutes, qui concernent un seul événement) ;
- N° d'ordre du plan ;
- Temps chronologique du film.
[A] Parties du film qui concerne les parents de Christopher. Cette partie est divisée en deux sous-parties :
[Aa] Les événements concernant le passé des parents de Christopher ;
[Ab] Les événements concernant la réaction des parents de Christopher racontés par sa sœur Carine, souvent en voix-off.
[B] Flashback Les événements parcourus par Christopher (Alexandre Supertramp) depuis son diplôme à l'Ermory University à Atlanta, et le chemin emprunté jusqu'en Alaska.
[C] Partie du film qui concerne le séjour de Christopher en Alaska.
Avertissement :
Le découpage des plans, des séquences et des parties du film sont personnelles, et il suffit d'une seule omission pour modifier l'ensemble du film, or, au cours de notre analyse, nous avons constaté des omissions au niveau du numéro d'ordre des plans et des séquences. Nous n'avons pas estimé qu'il est important de corriger le décompte de l'ensemble, puisqu'il nous semble que l'essentiel c'est d'avoir d'une part l'ensemble du film du début à la fin, et d'autre part de désigner de quel plan nous parlons. Nous nous tenons donc au chiffre attribué.
Par ailleurs, l'un des grands avantages du découpage est d'éviter les répétitions et les redondances, ainsi, il suffit de faire allusion ou un lien à un plan, pour savoir duquel il s'agit. Un simple chiffre qui remplace tout un commentaire.
Ouverture
(Le nom entre deux "∗" est le nom d'un lieu)
1 | 2 | 3 | C |
---|---|---|---|
Alaska | |||
01 | 001 | 00'00 | 1. ∗1 - Yukon (Alaska)∗ en stop |
02 | 009 | 00'24 | 2. 1992 |
03 | 011 | 00'28 | 3. Premier mot : Wayne |
04 | 012 | 00'44 | 4. ∗2 - Fairbanks∗ |
05 | 018 | 00'46 | 5. Le pouce levé (code de l'autostoppeur) |
06 | 026 | 01'07 | 6. Première allusion au livre sur la faune et la flore |
07 | 033 | 01'30 | 7. ∗3 - Regulus∗ |
08 | 035 | 01'39 | 8. ∗4 - Stampede∗ |
09 | 036 | 01'53 | 9. Générique |
10 | 037 | 02'51 | 10. La fin du chemin |
11 | 045 | 03'41 | 11. I now walk into the wild (Je marche maintenant dans la nature sauvage) |
12 | 060 | 05'13 | 12. Le bonnet orange |
13 | 082 | 06'44 | 13. Première apparition du « Magic Bus » |
14 | 118 | 09'01 | 14. Le matelas frappé |
15 | 125 | 09'31 | 15. La fonte de la glace |
16 | 127 | 09'38 | 16. Le panneau d'écriture 1 |
17 | 157 | 11'17 | 17. La chasse suspendue d'un élan |
18 | 162 | 11'31 | 18. Le panneau d'écriture 2 |
∗ Emory University, Atlanta ∗ / Deux ans avant le « Magic Bus »
1 | 2 | 3 | Aa | B |
---|---|---|---|---|
∗ 6 - Grey Oak ∗ | ∗ 5 - Atlanta ∗ | |||
19 | 173 | 12'03 | 1. Les parents de Christopher | |
20 | 193 | 12'47 | 2. Le saut de Christopher | |
21 | 203 | 13'27 | 1. La faculté des parents | |
22 | 217 | 13'54 | 3. Chapeaux des diplômés en l'air (« Graduation hat ») |
|
23 | 226 | 14'34 | 4. Le doigt dans le verre | |
24 | 264 | 16'25 | 5. Projet et cadeau refusé | |
25 | 312 | 18'37 | 6. Les livres de Christopher | |
26 | 321 | 19'04 | 7. Les photos des parents dans la poubelle | |
27 | 333 | 19'23 | 8. Surimpression feu et immeubles |
Chapitre 1 : Ma Nouvelle Naissance
1 | 2 | 3 | Aa | Ab | B |
---|---|---|---|---|---|
28 | 340 | 20'14 | 9. Route inondable | ||
29 | 353 | 21'22 | 10. Dollars brûlés | ||
30 | 357 | 21'33 | 11. ∗ 7 - Lake Mead Arizona ∗ | ||
31 | 360 | 21'42 | 12. Plantes sauvages comestibles | ||
32 | 370 | 22'27 | 13. Le nouveau Nom : Alexander Supertramp | ||
33 | 374 | 22'53 | 1. (Voix-off) Carine | 14. Pouce levé | |
34 | 390 | 23'57 | 2. Nouvelle voiture | 2. Retour des lettres | |
36 | 398 | 24'33 | 15. Christopher batteur | ||
37 | 399 | 24'41 | 16. ∗ 8 - Pacific Crest Trail, Californie du Nord ∗ | ||
38 | 400 | 24'46 | 17. Christopher marche sur un arbre couché | ||
39 | 411 | 25'32 | 18. Trouve un chapeau | ||
40 | 416 | 26'06 | 19. 1ère rencontre : Jan et Rainey | ||
41 | 418 | 26'14 | 20. « Tu es un cuir ! » | ||
42 | 430 | 26'55 | 21. « Se nourrir des plantes ! » | ||
43 | 445 | 28'11 | 3. Anniversaire du père | ||
44 | 480 | 30'34 | 22. « J'ai toujours eu peur de l'eau » | ||
45 | 526 | 34'54 | 23. « Merci Jan et Rainey. » |
Chapitre 2 : Adolescence, Ainsi va le monde
1 | 2 | 3 | B | C |
---|---|---|---|---|
Californie | Alaska | |||
46 | 540 | 36'34 | 24. Pomme | |
47 | 548 | 37'57 | 19. Ceinture 1. | |
48 | 552 | --'-- | 20. Boule de papier/poubelle (à côté) | |
49 | 556 | 38'24 | 21. Autosuggestion | |
50 | 561 | 38'41 | 22. Chasse | |
51 | 565 | 39'01 | 23. Ceinture 2. | |
52 | 575 | 39'31 | 24. Fonte des neiges |
19 mois avant le Bus
1 | 2 | 3 | Aa | Ab | B |
---|---|---|---|---|---|
∗ 9 - Sud Est Dakota ∗ | |||||
53 | 585 | 40'02 | 25. Dans une machine agricole : Wayne | ||
54 | 592 | 40'53 | 26. Poker | ||
55 | 609 | 41'42 | 27. Récolte de Blé | ||
56 | 625 | 42'34 | 28. Au fond du puits | ||
57 | 633 | --'-- | 29. Le projet de Christopher | ||
58 | 684 | 45'39 | 30. Champ de blé | ||
59 | 691 | 45'52 | 3. Sœur 1. | ||
60 | 699 | --'-- | 31. Décodeur piraté | ||
61 | 701 | 46'21 | 32. Split screen | ||
62 | 702 | 46'24 | 33. Discussion avec un trappeur | ||
63 | 707 | 47'64 | 34. Christopher au piano | ||
64 | 715 | 47'33 | 35. Arrestation de Wayne | ||
65 | 741 | 49'01 | 4. Datsun lavée | ||
66 | 743 | 49'18 | 4. Sœur 2. | ||
67 | 758 | 51'15 | 36. Enterre ses affaires | ||
68 | 762 | 51'28 | 37. Projet descente fleuve | ||
69 | 782 | 52'08 | 38. En canoé | ||
70 | 805 | 54'05 | 39. « C'est moi Supertramp » | ||
71 | 810 | 54'29 | 40. 3ème rencontre : les Danois | ||
72 | 843 | 56'09 | 41. Itinéraire | ||
73 | 855 | 57'07 | 42. ∗ 10 - Barrage de Hoover ∗ | ||
74 | 858 | 57'35 | 43. ∗ 11 - Golfe de Californie ∗ | ||
75 | 872 | 58'51 | 44. Christopher prend la fuite | ||
76 | 873 | 59'08 | 5. (Voix-off Carine) | 45. Veut téléphoner à sa sœur | |
77 | 886 | 1h 00'17 | 6. La peine de Carine | ||
78 | 903 | 1h 01'19 | 5. Chris à 4 ans | ||
79 | 917 | 1h 02'09 | 46. Lettre à Wayne |
"∗"Mer de Cortez - Los Angeles"∗"
1 | 2 | 3 | B |
---|---|---|---|
80 | 925 | 1h 03'02 | 47. ∗ 12 - Mer de Cortez ∗ |
81 | 940 | 1h 04'01 | 48. Christopher écoute Président George Bush père à la télévision |
82 | 951 | 1h 04'47 | 49. Christopher chante dans un wagon : ni téléphone, ni piscine, ni petite bête. |
83 | 971 | 1h 07'04 | 50. ∗ 13 - Los Angeles ∗ |
84 | 979 | 1h 07'55 | 51. « Je n'ai plus mes papiers ! » |
85 | 981 | 1h 08'10 | 52. « Vous avez un livre ? » |
86 | 1014 | 1h 09'40 | 53. Christopher habillé d'une façon élégante |
Chapitre 3 : L'âge Adulte
1 | 2 | 3 | Aa | Ab | B | C |
---|---|---|---|---|---|---|
87 | 1023 | 1h 10'15 | 54. Christopher dans un wagon | |||
88 | 1033 | 1h 10'48 | 55. Christopher est frappé | |||
89 | 1057 | 1h 11'02 | 56. Faisceau de lumière | |||
90 | 1070 | 1h 11'54 | 25. Papier/Poubelle 2. | |||
91 | 1072 | 1h 12'04 | 26. Ceinture 3. | |||
92 | 1080 | 1h 12'30 | 27. | |||
93 | 1095 | 1h 12'47 | 28. « Quand on pense de trop » | |||
94 | 1103 | 1h 14'03 | 29. Sous la douche | |||
95 | 1104 | 1h 14'07 | 57. * 14 - Holy Moses / Wash * | |||
96 | 1105 | 1h 14'38 | 6. Dispute parents | 7. (Voix-off Carine) | ||
97 | 1116 | 1h 15'23 | 58. Christopher lis | |||
98 | 1120 | 1h 15'37 | 30. | |||
99 | 1126 | 1h 16'27 | 31. Sommet colline | |||
100 | ---- | 1h --'-- | 32. Douche 2. | |||
101 | 1133 | 1h 17'02 | 59. Mc Do sans chaussettes | |||
102 | 1143 | 1h 17'50 | 8. (Voix-off Carine) | |||
103 | 1144 | 1h 17'59 | 9. Douleur parents | |||
104 | 1151 | 1h 18'46 | 60. Sur la route | |||
105 | 1162 | 1h 20'02 | 33. L'élan abattu | |||
106b | 1180 | 1h 20'43 | 34. Petit carnet | |||
107a | 1182 | 1h 20'44 | 35. Élan dépecé | |||
107b | 1192 | 1h 21'27 | 35b. Christopher tient le cœur de l'animal | |||
107c | 1194 | 1h 21'54 | 35c. Christopher lave ses mains | |||
108 | 1217 | 1h 23'03 | 36. Fumage de l'élan | |||
109 | 1226 | 1h 24'16 | 37. Déception | |||
110 | 1229 | 1h 24'46 | 38. « Une des plus grandes tragédies » |
Chapitre 4 : La Famille
1 | 2 | 3 | B |
---|---|---|---|
111 | 1234 | 1h 25'21 | 61. Sur la route |
112 | 1240 | 1h 25'58 | 62. Seconde rencontre avec Jan et Rainey |
113b | 1251 | 1h 26'50 | 63. 4 mois avant le « Magic Bus » |
114 | 1252 | 1h 26'51 | 64. 1ère rencontre avec Tracy |
115 | 1266 | 1h 27'04 | 65. Dialogue Christopher et Rainey |
116a | 1281 | 1h 28'23 | 66. Ballade 1 : Christopher et Tracy |
117a | 1324 | 1h 31'05 | 67. Confession de Jan à propos de son fils Reno |
118 | 1340 | 1h 33'57 | 68. |
119 | 1347 | 1h 34'25 | 69. Ballade 2 : Christopher et Tracy |
120 | 1377 | 1h 35'00 | 70. Christopher et Tracy chantent |
121 | 1394 | 1h 37'36 | 71. « N'oublie jamais, si tu veux vraiment quelque chose... » |
122 | 1418 | 1h 40'07 | 72. Le Bonnet orange |
« Magic Bus » - Neuvième semaine
1 | 2 | 3 | C |
---|---|---|---|
123 | 1421 | 1h 40'29 | 39. « J'ai vécu bien des choses...» |
124 | 1433 | 1h 41'50 | 40. Christopher veut rentrer au pays |
125 | 1456 | 1h 43'48 | 41. Le bonnet orange 3. |
126 | 1458 | 1h 43'52 | 42. Christopher ne peut pas traverser la rivière |
Dernier Chapitre : Accéder à la sagesse
1 | 2 | 3 | B |
---|---|---|---|
127 | 1476 | 1h 45'45 | 73. * 15 - Salton Sea * |
128 | 1481 | 1h 46'03 | 74. Station d'essence |
129 | 1483 | 1h 46'17 | 75. 4ème nouvelle rencontre : Ron |
130 | 1491 | 1h 46'47 | 76. * 16 - Sources chaudes : Oh-My-God * |
131 | 1511 | 1h 49'35 | 77. Christopher et Ron grimpent une colline |
132 | 1512 | 1h 50'02 | 78. Ron invite Christopher chez lui |
133 | 1520 | 1h 51'20 | 79. Atelier gravure sur cuir |
134 | 1534 | 1h 52'25 | 80. A la pêche avec Ron |
135 | 1545 | 1h 53'32 | 81. L'histoire de Christopher sur la ceinture (4.) |
136 | 1551 | 1h 54'03 | 82. « L'Alaska, mais qu'est-ce que tu fuis, enfin ? » |
Le Livre Bâton
1 | 2 | 3 | Ab | B | C |
---|---|---|---|---|---|
137 | 1595 | 1h 57'51 | 42. Chasse infructueuse | ||
138 | 1603 | 1h 58'12 | 43. Ceinture 5. | ||
139 | 1621 | 1h 58'36 | 44. « Comment s'appelle cette plante ?» | ||
140 | 1623 | 1h 58'56 | 45. « Donner un nom à toute chose... » | ||
141 | 1635 | 2h 00'29 | 46. Non comestible / Plante vénéneuse | ||
142 | 1639 | 2h 01'07 | 47. Comestible | ||
143 | 1647 | 2h 01'28 | 48. Les deux plantes se ressemblent | ||
144 | 1648 | 2h 01'47 | 49. Livre bâton | ||
145 | 1650 | 2h 01'58 | 50. Essaye de vomir | ||
146 | 1659 | 2h 03'04 | 51. L'Ours | ||
147 | 1666 | 2h 04'10 | 83. Cadeaux/Ron | ||
148 | 1700 | 2h 08'32 | 52. Liste d'amis | ||
149 | 1710 | 2h 09'31 | 10. Père/Chaussée | ||
150 | 1712 | 2h 09'35 | 84. | ||
151 | 1713 | 2h 09'44 | 53. | ||
152 | 1717 | 2h 10'23 | 54. « Le bonheur n'est réel que partagé. » | ||
153 | 1730 | 2h 11'51 | 55. « J'ai vécu heureux.» | ||
154 | 1732 | 2h 12'08 | 56. Signe : Christopher J. M. | ||
155 | 1733 | 2h 12'32 | 57. L'agonie | ||
156 | 1770 | 2h 12'53 | 58. Rêve ? Chris rencontre ses parents | ||
157 | 1808 | 2h 13'31 | 59. Derniers moments | ||
158 | 1814 | 2h 15'21 | 60. In Memeory | ||
159 | 1815 | 2h 15'54 | 61. Carine et les cendres |
Photogrammes du film - Analyse et liens spécifiques du film
Into The Wild, de Sean Penn (2007)
Prologue - Le rêve prémonitoire
Le film commence par une citation poétique de Lord Byron [5] qui résume l'état d'esprit de Christopher McCandless :
« Il y a le plaisir dans les bois impraticables,
Il y a le ravissement sur le rivage solitaire,
Il y a la société où personne ne s'immisce,
Par la mer profonde et la musique dans son hurlement
J'aime pas l'homme moins, mais la Nature plus. »
[« There is pleasure in the pathless woods,
There is rapture on the lonely shore,
There is society where none intrudes,
By the deep sea and the music in its roar
I love not man the less, but Nature more. »]
Aussitôt après, Billie McCandless, la mère de Christopher, se réveille brusquement au milieu de la nuit, elle réveille son mari : « J'ai été sûr que j'ai entendu Chris m'appeler ... je ne sais pas comment je le surmonterai jamais. Je ne rêvais pas. Je ne l'ai pas imaginé. J'ai entendu sa voix ! Il priait. ' Maman! Aidez-moi ! ' Mais je ne pouvais pas l'aider parce que je n'ai pas su où il était. » [« I was sure I'd heard Chris calling me... I don't know how I'll ever get over it. I wasn't dreaming. I didn't imagine it. I heard his voice ! He was begging. 'Mom ! Help me!' But I couldn't help him because I didn't know where he was. » (J.K. p. 125)]
Le choix de Sean Penn d'ouvrir le film avec une double entrée est des plus subtils. Il accorde ainsi, une priorité à la poésie, qui laisse supposer que le parcours de Christopher est un parcours poétique ; il accorde également une priorité aux poids des mots, qui seront soulignés dans le générique. D'autre part, si le film commence par l'angoisse cauchemardesque d'une mère, qui fait en quelque sorte un rêve prémonitoire lui annonçant une terrible nouvelle (c'était au mois de juillet 1992), il se poursuit, cependant, par le « rêve éveillé » de son enfant, Christopher qui a décidé de vivre, seul, dans la nature sauvage (Into the Wild).
Ouverture - Le Yukon (Alaska) en Stop
« Il n'y a d'homme plus complet que celuiqui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie. »
Alphonse de Lamartine.
—
Cartographie 1 : Séquence 1 [C - 1] : Le Yukon en stop : 3 destinations indiquées : Fairbanks, Regulus et Stampede.
Séquence 2 [C - 2] - Plan 9. 0h 00' 24" : 1992 : Une date écrite verticalement, à la craie sur une barre rouillée d'un train de marchandise. Premier indice de la valeur grandissante de l'écriture et de l'acte d'écrire.
Photogramme 1 : Séquence 6 [C - 6] - Plan 26. 0h 00' 28" : Aux paysages fabuleux de l'Alaska, va venir s'ajouter, en surimpression, une grande feuille transparente, et sur toute sa largeur, Christopher va écrire une lettre à son ami Wayne, autre indice révélateur sur l'écriture, mais parfois, les valeurs sont si évidentes que nous ne leur accordons aucune valeur :
« Un bonjour de Fairbanks.
J’y suis depuis deux jours.
Pas facile la traversée du Yukon en stop.
Mais, j'y suis enfin.
J’ai trouvé un nouveau bouquin sur la faune et la flore du coin. »
Première allusion au livre.
Séquences 9 [C - 9] - Plan 36. 0h 01' 53" : « ... Je suis prêt et je me suis équipé pour vivre dans la nature.
Je ne redescendrai peut-être pas avant longtemps.
Je voulais te dire que t’es un type vraiment génial. »
[Voir également J.K. chapitre 14]
Séquences 9 et 10 [C - 9 et 10] - Plans 36 - 37. 0h 01' 53" - 0h 02' 51" : 3ème destination indiquée : Stampede.[6] Suivi du générique en surimpression. Au même moment, une camionnette circule dans le grand nord, elle arrive jusqu’à la fin d'un chemin. Christopher descend de la camionnette, le conducteur lui offre des bottes épaisses, il lui dit que son adresse est à l'intérieur.
Photogramme 2 : Séquence 11 [C - 11] - Plan 45. 0h 03' 41" : La lettre continue :
« I NOW WALK
INTO THE WILD. »
(Je marche maintenant dans la nature sauvage.)
Image révélatrice : l’importance de l'ordre de grandeur, par rapport à la taille minuscule de Christopher, qui est presque insignifiante et dérisoire devant le gigantisme du Nord. Il est à souligner également d’une part, l’axe de direction, vers le grand Nord, et la taille des lettres, qui dépasse de loin la taille du personnage.
Un mot à propos du climat continental à l'intérieur de l'Alaska. Il peut se résumer en moyenne en deux saisons, un hiver très long, du mois d'octobre au mois d'avril (moyenne température : 0° à -28°C.), et un printemps relativement court, du mois de mai au mois de septembre (moyenne température : 2° à 22°C.) (Source : Wikipédia)
Photogramme 3 : Séquence 12 [C - 12] - Plan 60. 0h 05' 13" : Il marchera dans le grand Nord avec une certaine jubilation, il arrivera à un petit arbre et posera à sa cime un bonnet orange. Nous verrons ultérieurement la valeur de ce bonnet.
Photogramme 4 : Séquence 13 [C - 13] - Plan 82. 0h 06' 44" : Il traversera un fleuve (il s'agit de la rivière Teklanika, voir J.K. chapitre XVI), continuera à marcher, et tout à coup, il découvre, du bas d’une colline, perdu au milieu de nulle part, une structure métallique qui rappelle le toit d’un Bus. Il laisse tomber son sac à dos, grimpe la petite colline, et, surprise, il voit devant lui, un Bus. C’est le « Magic Bus ».[Voir J.K. chapitre 2]
Photogramme 5 : Séquence 14 [C - 14] - Plan 118. 0h 09' 01" : Il visite le Bus, il ouvre un placard, découvre des ustensiles de cuisine, ensuite, un lit, un baril incliné horizontalement avec un conduit métallique : une cheminée. Il sort le matelas, et commence à le frapper avec un bâton.
Photogramme 6 : : Séquence 15 [C - 15] - Plan 125. 0h 09' 31" : Il s’installe dans le Bus, il fait fondre de la glace sur la cheminée, en remuant avec son couteau. Nous verrons plus loin dans le film une relation avec cette image. Encore une fois, dans un film, c’est les relations, les combinaisons et les associations entre les images qui comptent.
Séquences 16 [C - 16] - Plan 127. 0h 09' 38" : Aussitôt après, il prend un panneau en bois, et commence par graver le texte suivant, qui est en quelque sorte, son credo, et que nous verrons en deux fois : « Deux ans à parcourir la terre, ni téléphone, ni piscine, ni petite bête, ni cigarettes. Le summum de la liberté, un extrémiste, un esthète voyageur, qui est chez lui sur la route. Maintenant, après deux ans passés sur les routes, commence enfin l’aventure ultime, le suprême combat qui anéantirait l’affreux imposteur qui vit en moi, achevant ainsi la révolution spirituelle. »
[Version originale : « Two years he walks the earth. No phone, no pool, no pets, no cigarettes. Ultimate freedom. An extremist. An aesthetic voyager whose home is the road. Escaped from Atlanta. Thou shalt not return, cause «the West is the best.» And now after two rambling years comes the final and greatest adventure. The climactic battle to kill the false being within and victoriously conclude the spiritual pilgrimage. Ten days and nights of freight trains and hitchhiking bring him to the Great White North. » (Source IMDB)]
Photogramme 7 : : Séquence 17 [C - 17] - Plan 157. 0h 11' 17" : Il est à la chasse, il surprend un élan (ou orignal), il pointe son fusil (semi-automatique Remington, calibre .22) [Voir J.K. chapitre 16] , mais un petit élan passe derrière sa mère. Il hésite à tirer, il baisse son fusil et laisse les bêtes tranquilles.
Cette image est importante, car elle sera d'une part, en relation avec une séquence tragique du film : l’élan tué ; et d’autre part, elle montre l’attachement qu’accorde Christopher à la famille, il ne voulait pas séparer la mère de son petit. Ce qui est en fin de compte une contradiction, car il s’est délibérément séparé de sa mère (et de son père), il a, si nous osons dire, intentionnellement « tiré » sur ses parents, il a tiré une croix sur ses parents, il voulait les rayer de sa pensée.
[Voir J.K. chapitre 11]
Nous pouvons donc dire que cette relation, mère et enfant, est une problématique majeure dans le film, et cette relation ne concerne pas seulement Christopher, elle concernera également deux protagonistes importants du film : Jan, la compagne de Rainey, qui va lui offrir le bonnet orange ; et Ron, qui va lui offrir un carton plein d'affaires : canne à pêche télescopique, une machette, etc. Ce qui est révélateur, c’est qu’il acceptera les cadeaux de ses nouveaux amis, mais il refusera la nouvelle voiture que ses parents voulaient lui offrir.
Nous constatons ainsi, comment les significations d'une image déborde (ou coule, ou se verse) sur d’autres images, et lui confèrent de la sorte une épaisseur qui ira grandissante.
Photogramme 8 : : Séquence 18 [C - 18] - Plan 162. 0h 11' 31" : Nous retrouvons la suite du credo de Christopher : « Loin de la civilisation empoisonnée, il fuit, et seul arpente la terre pour se perdre en pleine nature sauvage (WILD). Alexander Supertramp, Mai 1992. »
[Version originale : «No longer to be poisoned by civilization he flees, and walks alone upon the land to become lost in the wild. Alexander Supertramp, May 1992 » ]
Le credo de Christopher est significatif sur plusieurs niveaux. Tout d’abord, au niveau de la forme, nous verrons au cours du film l’extraordinaire enchaînement qui va s’établir entre le panneau de bois et un accessoire vestimentaire, la ceinture. Ensuite, au niveau du fond, nous pouvons déduire qu’une certaine culpabilité l’accable, une faute que Christopher tentera de corriger. Pour lui, c’est un « combat » qui doit anéantir « l’affreux imposteur » qui vit en lui. Enfin, à qui il adresse ce texte énigmatique ? A lui-même ou est-ce une forme de testament, une explication de son geste ? Une explication sera fournie par deux moments du film : 1. Quand il est au volant du Bus et parle à un personnage imaginaire (son père) avec un accent africain (dans la version française) ; 2. Le soir de l’autosuggestion, que nous verrons au moment venu. Ce qui explique peut-être le fait qu’il parle à la troisième personne.
Les diplômes - Emory University, Atlanta - 2 ans avant le « Magic Bus »
« Je n'hésiterai jamais à le déclarer,le diplôme est l'ennemi mortel de la culture. »
Paul Valéry
—
Séquences 19 [B - 1] - Plan 173. 0h 12' 03" : Flashback. C'est une journée festive de remise de diplômes. Nous rencontrons les parents de Christopher.
Photogramme 9 : : Séquence 20 [B - 2] - Plan 193. 0h 12' 47" : Le maître de cérémonie annonçait au fur et à mesure les noms des lauréats, ces derniers montaient sur l’estrade, avec une certaine retenue, pour ne pas dire une appréhension de l'événement. Et quand le maître annonce : Christopher Johnson McCandless, nous entendons d'abord, le bruit de pas précipités, puis le public est ébahit de voir une personne qui saute littéralement sur l’estrade en bois et qui avance d’un pas décidé et déterminé, avec aplomb. Le public applaudit.
Contrairement aux autres lauréats, Christopher semble intrépide et résolu. Comme si c’était une simple formalité, content d’en finir rapidement. Il vient de recevoir un diplôme qui lui ouvre les portes de l’Université de Harvard, mais il ne pense qu’à ses parents. Il ne pense qu’à quitter ses parents, l’université et toute la société. C’est un jeune homme pressé, comme il va le dire dans ce qui semble être un monologue : « Je veux vivre. »
Photogramme 10 : : Séquence 20 [B - 2] - Plan 196. 0h 12' 57" : Mme McCandless, interloquée, se lève, parmi toute la foule assise, et prend une photo de son fils. C’est, hélas, la dernière photo qu’elle aura prise de son fils. Nous verrons bientôt, une relation avec la photographie. Nous distinguons à la droite de sa mère, son père Walt, et à sa gauche, sa soeur Carine.
Photogramme 11 : : Séquence 21 [Aa - 1] - Plan 209. 0h 13' 42" : C'est la fin de remise de diplômes. Les jeunes diplômés lancent leur chapeaux (graduation hat) dans le ciel. Des images en flashback défilent : le jour où les parents de Christopher ont reçu leurs diplômes à l’université de Grey Oak, et en voix-off, sa version sur la rencontre de ses parents, qui constitue une des raisons principales de sa « fuite » : « Je les vois devant l’entrée d’honneur de leur fac à eux. Je vois mon père passer sous l’arche de Grey Oak, les carreaux rouges semblent reluisants derrière sa tête. Je vois ma mère tenant quelques livres sur les hanches, devant le pilier de brique et derrière elle, la grille de fer forgé, encore ouverte, hérissée de piques noires, en ce matin de mai. »
Photogramme 12 : : Séquence 22 [B - 3] - Plan 217. 0h 13' 45" : « C’est la remise des diplômes. »
Photogramme 13 : : Séquence 21b [Aa - 1b] - Plan 223. 0h 14' 14" : « Ils vont se marier. Ce sont des enfants, ils sont bêtes, ils se savent innocents, ils ne veulent de mal à personne. Je voudrais leur dire, arrêtez ! Ne faites pas ça ! Tu te trompes de femme. Tu te trompes d’homme. Vous ferez des choses que jamais vous auriez cru faire. »
A peine la phrase achevée, nous aurons une image qui aura une répercussion terrible à la fin du film. Le père qui tire son pantalon sur ses chevilles, laissant apparaître des pieds sans chaussettes (plan 1710).[7]
Christopher continue son monologue : « Vous ferez souffrir des enfants. Et vous souffrirez vous-mêmes atrocement. Vous souhaiterez mourrir. Voilà ce que je voulais leur dire en cette fin de mai. Mais, j'en ferais rien. Je veux vivre. »
Photogramme 14 : : Séquence 23 [B - 4] - Plan 226. 0h 14' 34" : Gros plan du doigt du père de Christopher qui remue des glaçons dans un verre. En attendant l’arrivée des enfants dans un restaurant, pour fêter la remise du diplôme de son fils.
Nous avons vu précédemment, au plan 125, Christopher qui chauffe de la neige pour avoir de l'eau tempérée. C’est juste avant l’écriture de son credo. Il nous semble que ces deux plans (125 et 226) montrent des indices révélateurs pour la suite des événements. Le plan 226, donne une indication qui témoigne d’un point de vue psychologique, du « climat » froid qui va s’installer entre le père et le fils. En outre, le père remue les glaçons avec un doigt, plus précisément l’index, le doigt accusateur, qui indique une direction (ici, la glace, le froid, le Nord), et au plan 125, Christopher remue la neige avec un couteau.
Séquence 23b [B - 4b] - Plan 226. 0h 14' 35" : La discours de Christopher sur ses parents continue, en voix-off : « Je les prends comme des poupées de papier mâle et femelle et les frottent à la hanche tel du silex pour retirer des étincelles. Je leur dit : faites ce que vous alliez faire, et moi je raconterais ce qui s'est passé. »
Entre temps Christopher et Carine arrivent dans la Datsun Jaune, devant le restaurant, et du coup, nous comprenons qu’en réalité, tout le discours en voix-off, c’était Christopher qui le lisait à sa sœur. Elle lui dit :
- « C’est quoi ce texte ? »
- (Christopher enlève ses lunettes), « Tu vois, ça aurait pu être écrit par l’un de nous deux. » (Il lui offre le livre de poésie), « Tiens, il y a des poèmes géniaux là-dedans. »
Séquence 24 [B - 5] - Plan 264. 0h 16' 25" : Dans le restaurant, la fête commence bien, Christopher est de bonne humeur : « Avec mes notes, je pourrais entrer en droit à Harvard. » Son père lui demande : « C’est mérité, et ta bourse, il te reste combien ?» Christopher consciencieux lui répond : « Très exactement, 24.500 $ et 68 cents, je suis passé à la banque ce matin.» Mais, la situation va changer d'abord (et entre autres), quand une bande de joyeux sportifs entre dans le restaurant en célébrant une victoire sur une autre équipe, et aussitôt après, la mère de Christopher lui déclare qu’ils vont lui faire un cadeau, une nouvelle voiture, à la place « de ce tas de ferrailles » . Cette remarque, le bruit dans la salle, et certainement le fait d'être en présence de ses parents, vont agacer Christopher et il va changer de comportement en devenant irritable : « Quel tas de ferraille. (...) Une nouvelle voiture qu’est-ce que j’en ferrais ? La Datsun marche très bien. (...) Acheter ! Acheter ! » Le père conclut : « Il faut toujours que tu fasses des histoires. »
Les dernières paroles du père sont prophétiques, on les appellent également un clédon. Il faut être attentif aux paroles des personnes, car ils cachent souvent des indices révélateurs : il est vrai que Christopher va faire « des histoires », qui seront à la fois merveilleuses et terribles. C'est le premier clédon dans le film, il y en aura d'autres.
Séquence 24 [B - 5b] - Plan 303. 0h 18' 12" : Christopher est de retour dans son appartement, il salue sa soeur par la fenêtre qui a gardé sur sa tête le chapeau (graduation hat) de son frère. Elle dit son dernier au revoir à son frère, à travers la fenêtre de la voiture de son père. En réalité, c’était un adieu.
Photogramme 15 : : Séquence 25 [B - 6] - Plan 312. 0h 18' 37" : Après les adieux à la famille, les choses se précipitent. Christopher s'installe à son bureau. Les livres de Christopher est la première image importante qui se présente, nous trouvons entre autres, de haut en bas : Boris Pasternak, Docteur Zhivago ; Wallace E. Stegner, The Spectator Bird ; Henry D. Thoreau, Walden ; or, Life in the woods ; Nicolai Gogol, Tarras Bulba ; Jack London, White Fang (Croc-Blanc).
Séquence 25 [B - 6b] - Plan 319. 0h 18' 56" : Consciencieusement, Christopher rédige une lettre à une association : « Voici mes économies pour soulager la faim dans le monde. »
Photogramme 16 : : Séquence 26 [B - 7a] - Plan 321. 0h 19' 04" : Il sort de son portefeuille une photographie de ses parents, il la regarde quelques secondes.
Photogramme 17 : : Séquence 26 [B - 7b] - Plan 323. 0h 19' 07" : Et sans état d’âme, il la jette dans la poubelle.
Photogramme 18 : : Séquence 27 [B - 7c] - Plan 325. 0h 19' 08" : Par contre, il commence à découper systématiquement et avec un geste précis, son permis de conduire, sa carte d’étudiant, et autres cartes.
Ainsi, il faut souligner le fait, que la photographie de ses parents n’a pas été découpée, elle n'a pas subit le même sort que ses différentes cartes, elle à été jetée dans la poubelle. C'est un indice d'une valeur psychologique remarquable, le document représentant ses parents a été écarté, en revanche, les documents qui représentent Christopher ont été découpés.
Photogramme 19 : : Séquence 27 [B - 8] - Plan 333. 0h 19' 23" : Après une paire de ciseaux, Christopher va réserver le feu à un dernier document, sa carte de sécurité sociale. Et grâce à une surimpression, le feu va devenir une étincelle qui va brûler « symboliquement » la ville d'Atlanta. L'image inaugure le premier nouveau chapitre de Christopher : Sa nouvelle naissance. Comme le feu, sa nouvelle vie sera fugace, ardente et rapide.
Chapitre 1. « Ma Nouvelle Naissance »
« Chaque voyage est le rêved'une nouvelle naissance. »
Jean Royer
—
Séquence 28 [B - 9] - Plan 340. 0h 20' 14" : Dans sa Datsun Jaune, Christopher quitte Atlanta et roule vers l’ouest. Rappelons ce qu'il disait dans son credo en anglais : « The west is the best (l'ouest est le mieux).»
Photogramme 20 : : Séquence 29 [B - 10] - Plan 353. 0h 21' 22" : Il quittera Atlanta, et hélas, il sera obligé de quitter sa Datsun jaune, car elle sera littéralement engloutie par une énorme vague d'eau. Mais avant l’engloutissement, il va rouler sur des routes sans fin, il aura des réflexions sur l’intérêt de l’errance : « On ne saurait nier que l’errance nous a toujours exalté. Nous y voyons un moyen d’échapper à l’histoire, à l’oppression, à la loi, aux tracasseries. La liberté absolue. Et la route mène toujours vers l’ouest».
[Version originale]« It should not be denied that being footloose has always exhilarated us. It is associated in our minds with escape from history and oppression and law and irksome obligations. Absolute freedom. And the road has always led west.» (Source : IMDB)
Ainsi, pour sa nouvelle naissance, il ne sortira pas du ventre de sa mère, mais de la carcasse ( « tas de ferrailles » ) de sa voiture. L’eau de la vague remplaçant le liquide placentaire, c’est une espèce de fécondation par la seconde mère de Christopher : la mère nature.
Résigné et déterminé, Christopher va continuer à poursuivre son plan, après avoir dévissé la plaque d’immatriculation de sa voiture, il va entreprendre un geste inouïe et très rare dans notre société : brûler de l'argent.
Cartographie 2 : : Séquence 30 [B - 11] - Plan 357. 0h 21' 33" : Christopher arrive dans la belle région de Lake Mead Arizona. Il est utile d’ouvrir une parenthèse et d'aborder une comparaison des rapports de distance entre le continent américain et le continent européen par exemple, d’où l’intérêt des cartes géographiques. En effet, la distance entre sa Virginie natale et l'Arizona est approximativement de 1900 miles, ce qui équivaut à peu près à 3100 Km. De plus, cette distance n’est qu'une (petite) étape durant sa grande Odyssée. L’ordre de grandeur de la distance témoigne de la profondeur de son « plan ».
Christopher arrive dans la belle région de Lake Mead Arizona. Il est utile d’ouvrir une parenthèse et d’aborder une comparaison des rapports de distance entre le continent américain et le continent européen par exemple, d’où l’intérêt des cartes géographiques. En effet, la distance entre sa Virginie natale et l’Arizona est approximativement de 1900 miles, ce qui équivaut à 3100 Km.
Photogramme 21 : : Séquence 31 [B - 12] - Plan 360. 0h 21' 42" : Après un périple si long, Christopher se repose dans une tente. Il a les pieds nus qui ont souffert de son voyage. À ses pieds, se trouve un livre sur les Plantes Sauvages Comestibles (Edible Wild Plants). Ainsi, Christopher ne souhaite pas seulement vivre dans une nature sauvage, mais il souhaite également la manger. Son « plan » est à la fois, physique, spirituelle, psychologique, et organique.
Photogramme 22 : : Séquence 32 [B - 13a] - Plan 369. 0h 22' 23" : Christopher est dans une station service, il a les cheveux mouillés, il est rasé, il décide : « Il me faut un nom. » Il fouille dans une poubelle, et trouve un tube de rouge à lèvre entamé.
Photogramme 23 : : Séquence 32 [B - 13b] - Plan 371. 0h 22' 27" : Muni du rouge à lèvre, Christopher écrit sur toute la largeur du miroir : « Alexander Supertrmap, July 1990. »
L'image est extraordinaire, elle mérite qu'on s'y arrête. Tout d'abord, le choix du support est pertinent : un miroir, à travers lequel nous distinguons le double virtuel de Christopher. Il aurait pu choisir un mur à l'extérieur, un tronc d'arbre, un support qui ne sera pas effacé dans la journée. Il nous semble que par son choix, Christopher affirme l'aspect éphémère de son « plan ». La question qui se pose est celle de savoir où se trouve Christopher, par rapport à son double : Alexander, est-ce qu'il est de l'autre côté du miroir ? Ou devant le miroir ? Ensuite, son geste d'écriture rejoint, non seulement le panneau de son « credo », mais aussi le générique du film, ainsi, nous constatons le « poids des mots » qui commence à prendre une épaisseur significative pour devenir une part active du film, et terminer en instrument de mort. Enfin, dans la prolongation des mots, il reste la couleur rouge, qui n'est pas innocente, et qui semble être en relation avec la fin tragique de l'élan, l'animal, que nous verrons ultérieurement.
Photogramme 24 : Séquence 33 [B - 14 / Ab - 1] - Plan 374. 0h 22' 53" : Innovation dans le film, l'introduction d'un « Split Screen » (l'écran est partagé en une ou plusieurs parties), ils seront nombreux dans le film. La plupart du temps ils montrent d'une part, Christopher, et d'autre part, sa famille. Ce qui confère au split screen un rôle diégètique [8] temporel important.
Pour ce premier split screen, nous distinguons à droite, Christopher le pouce levé, on le verra souvent dans cette attitude. Et à gauche, des images des parents de Christopher qui succèdent à des images de l'apartheid en Afrique du Sud, et qui correspondent en voix-off, à Carine qui raconte : « Fin juin, la fac nous envoya le dernier bulletin de Christopher : A, en Histoire de l'apartheid ; A, en Histoire contemporaine, (...) Très doué mon frère. »
Photogramme 22 : Into The Wild, Plan 369. Christopher est dans une station service, il a les cheveux mouillés, il est rasé, il décide : « Il me faut un nom. » Il fouille dans une poubelle, et trouve un tube de rouge à lèvre entamé.
Séquence 34 [Ab -2 / Aa - 2] - Plan 390. 0h 23' 57" : Deux moments forts dans cette double séquence : 1. Le retour des lettres que les parents ont envoyé à Christopher, ce dernier s'arrangea pour que la poste réexpédies les lettres qu'au mois d'août. 2. La nouvelle voiture des parents.
Cartographie 3 : : Séquence 37 [B - 16] - Plan 399. 0h 24' 41" : Nouvelle destination de Christopher : Pacific Crest Trail, Californie du Nord. Août 1990. Distance parcourue : Arizona - Californie : 683 miles (1100 Km.) Au total : Depuis Atlanta : 2583 miles (4200 km.)
Photogramme 25 : 38 [B - 17] - Plan 400. 0h 24' 46" : Dans une forêt luxuriante, Christopher marche sur le tronc d'un arbre couché. Nous avons déjà rencontré cette situation singulière. En particulier dans Andreï Roublev (Photogramme Arbre 6) et L'intendant Sancho (Photogramme Arbre 8).
Photogramme 26 : Séquence 39 [B - 18] - Plan 411. 0h 25' 32" : Un peu plus loin, Christopher trouve un chapeau en paille, il le ramasse, et il le dispose sur sa tête.
Photogramme 27 : Séquence 40 [B - 19] - Plan 416. 0h 26' 06" : Christopher avec son nouveau vieux chapeau, fait sa première rencontre de voyage, il s’agit d'un couple de hippy dans un camping-car : Jan et Rainey.
Séquence 41 - 42 [B - 20 - 21] - Plans 418 - 440. 0h 26' 14" - 0h 27' 47" : Le soir, au cours du repas, Rainey demande à Christopher : « Alors, comme ça, tu es un cuir ?
- Comment ça un cuir !»
C'est Jan qui répond : « Des mecs comme toi, qui font la route sans véhicules, comme tu le fais. Nous on est des « caoutchouc » parce qu’on a un véhicule. (...) Alex pourrait avoir une bagnole, lui aussi, mais, il a décidé que son pognon il fallait le brûler. Pourquoi tu as fais ça ?
- J’en voulais pas, j’ai pas besoin d’argent. Ca rend prudent.
- Il y a des cas ou il faut être prudent. Tu exagères. » En feuilletant son livre sur les plantes « C’est vrai, il est sympa ton bouquin. Se nourrir des plantes, c’est une jolie idée, mais tu n’iras pas loin.
- L’essentiel ce n'est pas d'aller loin, mais le chemin pour y arriver.
- Ton père et ta mère ils sont où ?
- Ils vivent leurs vies quelque part.
- Soit juste avec tes parents. Tu as été aimé, ça se voit.
- Il faut être juste.
- Tu sais de quoi je parle.
- Alors, je paraphraserais Thoreau : Plutôt que l’argent, l’amour, la loyauté, la gloire, et la justice, je veux la vérité. »
[Version originale] « I'm going to paraphrase Thoreau here... rather than love, than money, than faith, than fame, than fairness... give me truth. » (Source IMDB)
Séquence 43 [Aa - 3] - Plan 445. 0h 28' 11" : Flashback. Atlanta. Anniverssaire du père. Cadeau de Christopher (J.K. chapitre 12). Réflexion de Carine : « Papa a été le petit génie, que la NASA avait engagé pour concevoir les radars du satellite américain, qui serait notre réponse aux Spoutniks. Maman et lui créèrent une boîte de conseil combinant l'énergie et l'ingéniosité de maman au trésor des connaissances de papa. Mais quand ils eurent gagné leurs premier million, le carriérisme et l’argent viennent renforcer leurs aveuglement. Je me rappelle le premier conseil de famille pour nous apprendre le projet de divorce. Ils voulaient qu’on choisisse avec lequel d’entre eux on voulait vivre. Qu’est-ce qu’on a pleuré. Il n’y a jamais eu de divorce. Mais les disputes et les conseils de famille ne cessèrent jamais. On a pas tardé à se renfermer Chris et moi. (...) »
Photogramme 28 : Séquence 44 [B - 22a] - Plan 466. 0h 29' 31" : Flashforward. Californie du Nord. C’est le lendemain de la soirée avec Jan et Rainey, ils sont au bord d'une plage idyllique. Jan se promène, seule, au bord de la mer, Rainey est assis sur un petit rocher et Christopher est parti chercher du bois, il revient avec des fagots de bois attachés d'une manière ingénieuse, à l'indienne.
Photogramme 29 : Séquence 44 [B - 22b] - Plan 472. 0h 29' 53" : Quand Rainey aperçoit Christopher et son chargement, il eu un petit rire : « Eh bien, mon vieux, si je craque une allumette, j'aurais la grillade et le chauffage en même temps. » Christopher remarque que Jan marche loin sur le sable, il demande : « Et Jan, elle va où ?
- Tu sais mon pote, il y a des jours, où la vie n’est pas rose pour les hippies. »
A ce moment, Christopher se débarrasse de son fardeau, et grâce à quelques petits sauts, très agiles, il s’assied près de Rainey, pour contempler le paysage.
C'est le second saut remarquable de Christopher, nous avons vu le premier, lors de la remise des diplômes. C’est un indice révélateur, il semble indiquer que Christopher ne se déplace pas en « glissant » sur la surface des choses, mais en « sautant ». Il indique également une énergie débordante et abondante.
Séquence 44 [B - 22b] - Plan 480. 0h 30' 34" : Si le premier saut a étonné sa mère, le second saut a rendu Rainey consterné : « Dis-donc, mon salaud, t’es un rapide toi !
- C'est pas faux.
- Des fois, c'est dingue. Les événements se précipitent d’une drôle de manière. Cette femme là, ça fait des années que je l’aime mon pote. Elle a vécu des sacrés trucs. Jusque là on s’est accommodé, sans jamais aborder le sujet. Et puis, quand on t’as rencontré sur la route hier. Le sujet qu’on a jamais osé aborder. Voilà qu’elle s’est mise à en parler. Tu vois ce que je veux dire.
- Je crois que oui.
- Et tu crois quoi ?
- Ben... Certains se figurent qu'ils n’ont pas droit à l'amour, alors doucement ils s’éloignent, pour se perdre, pour essayer de rattraper leurs passés.
[Version originale]« Some people feel like they don't deserve love. They walk away quietly into empty spaces, trying to close the gaps of the past. » (Source : IMDB)
- Tu es un sacré visionnaire ! Nom de dieu. Tu ne serais pas Jésus des fois ?
- Non mais tu ne t'es pas regardé !
- Tu ne veux pas marcher sur l'eau, pour me la ramener.
- Non, j'ai peur de la flotte, depuis toujours, il faut bien un jour que je surmonte ma peur. Alors, » (Il saute encore au bas du petit rocher) « Je me jette à l'eau, si toi tu ramènes le bois pour le feu.»
Photogramme 30 : Séquences 44 et 45 [B - 22c et 23] -Plans 490 - 526. 0h 31' 41" - 0h 34' 54" : Christopher rejoint Jan sur la plage, ils nagent ensemble comme des enfants. Le soir, autour d'un feu de camp, ils partagent un dîner. Le lendemain matin, Jan est surprise et triste de remarquer l'absence de Christopher, seul témoignage de son passage, une inscription sur le sable : « THANK YOU JAN AND RAINEY. »
Photogramme 28 : Into The Wild, Plan 466. C’est le lendemain de la soirée avec Jan et Rainey, ils sont au bord d'une plage idyllique. Jan se promène, seule, au bord de la mer, Rainey est assis sur un petit rocher et Christopher est parti chercher du bois, il revient avec des fagots de bois attachés d'une manière ingénieuse, à l'indienne.
Encore une fois, nous avons une inscription éphémère et momentanée qui ne durera pas la journée.
Chapitre 2. « Adolescence, Ainsi va le monde »
« L'adolescence est le seul tempsoù l'on ait appris quelque chose. »
Marcel Proust.
—
Photogramme 31 : Séquence 46 [B - 24] - Plan 540. 0h 36' 34" : Le pouce levé, il a encore parcouru du chemin, il a traversé plein de paysage. Il arrive à un pont, il s'assied en son milieu et il commence à manger une grosse pomme rouge tout en lui parlant : « (...) Je suis Supertramp, et toi tu es Super pomme... »
[Version originale]« You are really good. I mean, you're like, a hundred thousand times better than like any apple I've ever had. I'm not Superman, I'm Supertramp and you're super apple. You're so tasty, you're so organic, so natural. You are the apple of my eye, ha! » (Source : IMDB)
Photogramme 32 : Séquence 47 [C - 19] - Plan 548. 0h 37' 57" : Flashforward. Alaska. Magic Bus - Troisième semaine. Christopher commence à maigrir d'une manière alarmante. La ceinture n'est plus serrée sur son corps. Il est inquiet pour les parts de rationnement du riz, il écrit dans son cahier : « Alerte riz. »
Photogramme 33 : Séquence 49 [C - 21] - Plan 556. 0h 38' 24" : C'est la nuit, Christopher lève les bras et commence une autosuggestion : « Tu es fort. Tu peux aller où tu voudras. L'argent, le pouvoir sont une illusion. Tout est là. On peut le faire, moi et toi. »
Photogramme 34 : Séquence 51 [C - 23] - Plan 565. 0h 39' 01" : La ceinture ne tient plus son pantalon, il ajoute grâce à son couteau, un trou supplémentaire.
Séquence 52 [C - 24] - Plan 575. 0h 39' 31" : Christopher est allongé sur sont lit dans le bus. La neige est encore abondante. Et puis soudain, deux oiseaux se manifestent avec gaieté. La neige commence à fondre. A travers une fenêtre du bus, Christopher ouvre les yeux en écoutant la disparition goutte à goutte de l'hiver, il sourit à l'apparition salvatrice du printemps.
19 mois avant le Bus
« L'obstacle nous fait grands. »
— André Chénier
Cartographie 4 : Nouvelle destination de Christopher : Sud-Est Dakota , 10 septembre 1990. Distance parcourue : Californie - Dakota : 1496 miles (2400 Km.) Au total : Depuis Atlanta : 4079 miles (6600 km.)
Séquence 53 [B - 25] - Plan 585. 0h 40' 02" : Flashback. Dans des vastes champs de céréales, Christopher conduit une énorme machine agricole, sous les yeux du patron : Wayne Westerberg. Christopher est heureux.
Photogramme 35 : Séquence 54 [B - 26] - Plan 592. 0h 40' 53" : Le soir, toute l'équipe s'amuse et boit de la bière. Wayne demande : « Aller, on se le fait ce poker ? » Christopher enchaîne « Deux dollars, quatre dollars, six dollars, tout le pognon sur le tapis, et tout le monde va se faire plumer comme il faut.
- Et toi, tu ne joues pas ?
- Non. » L'équipe éclate de rire.
Cette dernière remarque est relativement pertinente. Christopher encourage l'équipe à jouer, il impose les mises, mais lui, il n'y prend pas part. Il reste en dehors, comme un observateur. Il ne participe pas au jeu de société, le poker, mais se crée son propre jeu : « Vivre dans la nature sauvage, seul », sans partager son jeu.
Photogramme 36 : Séquence 56 [B - 28] - Plan 625. 0h 42' 34" : Après la récolte, Christopher était au fond d'un puits, en train d'aspirer les grains de maïs. Image prémonitoire. Wayne tend sa tête : « Alors, ce boulot, qu'est-ce que t'en dis ?
- J'en dis, que j'adorre ! »
Photogramme 37 : Séquence 57 [B - 29] - Plans 629 - 683. 0h 42' 41" - 0h 45' 38" : Le soir, dans un cabaret, Christopher partage son projet à Wayne : « Tu ne connais pas une librairie, ou une bibliothèque, où je trouverais des livres sur la chasse.
- Pour ce genre de truc, tout ce qui concerne la chasse, le séchage, la salage, le fumage, la viande et le reste, tu t'adresses à Kevin, en vert là-bas, c'est ton homme. C'est un vrai trappeur, Kevin. Pourquoi tu veux savoir tout ça ?
- Je pars pour l'Alaska.
- L'Alaska, l'Alaska ou une ville en Alaska. Tu sais il y a une superette dans les villes d'Alaska.
- Non Wayne, en ALASKA, c'est là où je veux aller me perdre au fin fond du pays, m'enfoncer dans la nature, sans personne autour, je ne veux plus me faire chier avec des horaires, surtout pas de montre, ni de carte, je ne veux rien, rien que moi, tout seul, au milieu des montagnes, avec les rivières, le ciel, les animaux, je veux me perdre dans tout ça, être au cour de la nature.
- La vie sauvage !
- SAUVAGE ! » Bruit guttural de fauve. (Cf. Photogramme 37.)
- « Une fois qu'on est perdu loin de tout, on fait quoi, dis-moi, on fait quoi ?
- Je ne sais pas moi, tu vis tout simplement. Tu te contente d'être là, de vivre le moment présent, de profiter de chaque seconde. A mon retour, je pourrais écrire un livre sur mon expérience,là-bas, mes voyages, comment j'ai quitter cette société.
- CETTE SOCIÉTÉ !
- SOCIÉTÉ, mon pote, la société. Tu vois, il y a un truc qui cloche. Tu veux que je te dise. Je n'arrive pas à comprendre, pourquoi dans la vie la plupart des gens sont aussi méchants les uns avec les autres, ça me dépasse, ça mène nulle part, leur obsession, du jugement, du contrôle, de l'ordre et toutes leurs conneries. Tu vois.
- Je ne vois pas bien de qui tu veux parler au juste.
- Mais si, mes parents, les hypocrites, les hommes politiques, les emmerdeurs. »
- (Wayne lui donne une petite tape au front) « Tu déconnes petite tête. Il ne faut pas aller creuser trop profond dans ces histoires. Tu te fais du mal. Alex, tu es un jeune gars génial, mais je me permet de te dire que tu es surtout jeune comme gars » (En criant) « Tu ne peux pas jouer au feu comme ça, tout le temps. Il faut que tu te calmes, détends-toi. » (...)
La serveuse ayant écouté Wayne lui demande : « Tu es qui toi pour donner des conseils ?
- Je suis Monsieur Bonheur. (...) » Il se retourne vers Christopher : « Souviens-toi de ce qui s'est passé dans les années 40, avec l'affaire Roosvelt. »
[Version originale]
« Wayne Westerberg : Outdoorsman. What's your fascination with all that stuff?
Christopher McCandless : I'm going to Alaska.
W : Alaska, Alaska? Or city Alaska? Because they do have markets in Alaska. The city of Alaska. Not in Alaska. In the city of Alaska, they have markets.
C : No, man. Alaska, Alaska. I'm gonna be all the way out there, all the way fucking out there. Just on my own. You know, no fucking watch, no map, no axe, no nothing. No nothing. Just be out there. Just be out there in it. You know, big mountains, rivers, sky, game. Just be out there in it, you know ? In the wild.
W : In the wild.
C : Just wild!
W : Yeah. What are you doing when we're there? Now you're in the wild, what are we doing?
C : You're just living, man. You're just there, in that moment, in that special place and time. Maybe when I get back, I can write a book about my travels.
W : Yeah. Why not?
C : You know, about getting out of this sick society. Society!
W : [coughs] Society! Society!
C : Society, man! You know, society! Cause, you know what I don't understand? I don't understand why people, why every fucking person is so bad to each other so fucking often. It doesn't make sense to me. Judgment. Control. All that, the whole spectrum. Well, it just...
W : What "people" we talking about?
C : You know, parents, hypocrites, politicians, pricks.
W : [taps Chris' head] This is a mistake. It's a mistake to get too deep into all that kind of stuff. Alex, you're a hell of a young guy, a hell of a young guy. But I promise you this. You're a young guy! Can't be juggling blood and fire all the time!
[laughs] »
(Source : IMDB)
Le dialogue entre Wayne et Christopher résume en partie la profondeur de la pensée de ce dernier. Tout d'abord, il nous semble qu'on ne peut pas écarté l'effet euphorique de l'alcool dans un excès de détermination. Comme si cela devenait un défi. D'ailleurs, c'est au cours de ce dialogue qu'on a la première allusion pour son voyage dans le grand Nord, en Alaska. Ensuite, nous retrouvons les mêmes préoccupations de Christopher : la recherche des solutions dans des livres, des librairies, des bibliothèques, c'est Wayne qui lui conseille de s'adresser à Kevin, «un vrai trappeur » , c'est-à-dire de faire appel à un savoir et une expérience humaine directe. Et, c'est ce qu'il va faire, mais, hélas, comme nous allons le découvrir au moment opportun, le savoir d'un vrai trappeur était un échec, car elle n'a pas suffit à épargner Christopher de la faim. Entre apprendre une chose la première fois et l'exécuter il y a une grande différence.
[Voir J.K. chapitre 17]
Enfin, nous anticipons sur notre conclusion, et nous en dévoilons une partie, car elle va nous permettre de préciser notre idée. En effet, dès le début, nous nous sommes posé des questions pour savoir pourquoi Christopher à fait ce choix extrême, difficile et hors du commun, d'aller en Alaska. C'est d'ailleurs, ce qui est fascinant, captivant et admirable dans les décisions de Christopher. Il nous semble qu'en partie son choix était un « rêve d'enfant », dans son sens noble et sain, celui d'un retour à « l'homme originel », ou « le premier homme », le retour à l'âge de pierre et de feu, le retour à une espèce de pureté que Christopher pensait retrouver. C'est pour cette raison peut-être qu'il était contre le progrès et qu'il va la quitter. Nous y reviendrons sur cet aspect particulier car en fin de compte comme nous allons le voir, tous les indices convergent finalement vers ce point précis.
[Voir J.K. chapitre 17]
Séquence 59 [Ab - 3] - Plan 691. 0h 45' 52" : Atlanta. Gros plan sur le visage triste de Carine, la soeur de Christopher, qui pense à son frère « En apprenant, par le fisc, que Chris a fait don de ces économies pour soulager la faim dans le monde. Maman et papa se mobilisèrent, ils engagèrent un détective privé et alertèrent la police fédérale. »
[Voir J.K. chapitre 4]
Séquence 60 [B - 31] - Plan 699'. 0h 46' 13' : Dakota. Christopher découvre que Wayne « fourgues des décodeurs piratés. »
[Voir J.K. chapitre 12]
Photogramme 38 : Séquence 62 [B - 33] - Plan 702. 0h 46' 24" : Split Screen 2. Christopher discute avec Kevin le trappeur, ce dernier lui dit : « Il te faut une arme. Tu prendras quoi ?
- Surêment une 22, une carabine 22 long rifle.
- Pourquoi pas. Une fois que tu as tué le gibier, il ne faut pas perdre du temps. La chose que tu dois faire en priorité, c'est de découper la viande, proprement. Et tu n'as pas beaucoup de temps pour le faire, une ou deux heures, ça dépend de la météo. (...) Surtout avec les mouches, tu as intérêt à faire gaffe, parce que si jamais elle se pose sur ta viande, elles vont chier leurs larves et asticots de merde (...) C'est trop tard. »
Voici donc le cours de Kevin, Christopher prenait note sur son petit carnet, que nous verrons plus loin.
Séquence 64 [B - 35] - Plan 715. 0h 47' 53" : Nous assistons à l'arrestation de Wayne par le F.B.I. à cause des décodeurs. C'est le moment choisit par Christopher pour partir, de nouveau, sur les routes.
Photogramme 39 : Séquence 65 [Aa - 4] - Plan 741. 0h 49' 01" : Flashback. Atlanta. Christopher lave sa voiture. Nous entendons en voix-off Carine qui raconte les découvertes de son frère : « A la fin de sa terminale. Chris s'acheta une Datsun d'occasion pour traverser le pays. Il est parti presque tout l'été. Dès que j'ai appris qu'il était rentré, j'ai couru le voir dans sa chambre. En Californie, il avait vu des vieux amis de la famille. Il a appris que le coup de foudre et le mariage de nos parents n'étaient qu'un mensonge pour masquer la triste vérité. Quand ils se sont rencontré, Papa été déjà marié. Et même après la naissance de Chris, il avait eu un autre fils avec sa première femme, Marcia, avec laquelle il n'avait pas encore divorcé. Du coup, Chris et moi, devenions soudain des bâtards. Débordant d'arrogance, Papa se moquait de la souffrance qu'il causait. Et Maman, dans son rôle honteux et gênant d'ancienne maîtresse, devint la complice de cette tromperie. La fragilité du cristal n'est pas une faiblesse, mais une qualité. Mes parents savaient qu'il fallait manipuler le cristal avec soin. Sinon il se briserait. Mais s'agissant de mon frère, ils ne comprirent pas qu'en choisissant le secret il le briserait, ils se blesseraient eux aussi. Leurs impostures et l'abandon par mon père de son autre fils, furent pour Chris l'anéantissement de toute vérité.Le cours de sa vie s'inversa, comme s'inverserait celui d'un fleuve, roulant soudain vers sa source. Ses révélations sapèrent l'effondrement de son identité.Son enfance perdit toute réalité à ses yeux.Chris ne leur dit jamais qu'il savait. Et me fit promettre le silence. »
[Version originale]
« The year Chris graduated high school, he bought the Datsun used and drove it cross-country. He stayed away most of the summer. As soon as I heard he was home, I ran into his room to talk to him. In California, he'd looked up some old family friends. He discovered that our parents' stories of how they fell in love and got married were calculated lies masking an ugly truth. When they met, Dad was already married. And even after Chris was born, Dad had had another son with his first wife, Marcia, to whom he was still legally married. This fact suddenly redefined Chris and me as bastard children. Dad's arrogance made him conveniently oblivious to the pain he caused. And Mom, in the shame and embarassment of a young mistress, became his accomplice in deceit. The fragility of crystal is not a weakness but a fineness. My parents understood that a fine crystal glass had to be cared for or it may be shattered. But when it came to my brother, they did not seem to know or care that their course of secret action brought the kind of devastation that could cut them. Their fraudulent marriage and our father's denial of his other son was, for Chris, a murder of every day's truth. He felt his whole life turn, like a river suddenly reversing the direction of its flow, suddenly running uphill. These revelations struck at the core of Chris' sense of identity. They made his entire childhood seem like fiction. Chris never told them he knew and made me promise silence, as well. »
(Source : IMDB)
Photogramme 40 : Séquence 67 [B - 36] - Plan 758. 0h 51' 15" : Christopher enterre des affaires dans deux sacs en plastique dans un trou de sable. Nous distinguons difficilement le contenu des sacs. Cependant, nous apercevons un livre.
SéquenceS 68 et 69 [B - 37 et 38] - Plans 762 - 804 0h 51' 28" - 0h 54' 04" : La transition avec ces séquences sont remarquables, en effet, ils font la jonction avec les propos de Carine, sur : « Le cours de sa vie (qui) s'inversa, comme s'inverserait celui d'un fleuve, roulant soudain vers sa source. » Ainsi, Christopher projette de descendre le fleuve. Ils prends des renseignement auprès d'un agent occupé au téléphone, et il apprends qu'il faut un permis, sinon, il faut attendre douze ans pour descendre le fleuve. Il ne tient pas compte de la loi et de ses représentants, il s'achète un canoë (jaune), et il descend les rapides, sans casque, avec une dextérité et un courage extraordinaire. Rappelons d'une part, qu'il a toujours eu peur de l'eau, et qu'il n'avait jamais entrepris un tel sport.
Photogramme 41 : Séquence 70 [B - 39] - Plan 805. 0h 54' 05" : Le bonheur manifeste de Christopher d'avoir passé une épreuve redoutable. Il lève les bras en signe de victoire. Il pense : « Admettre que la vie humaine soit gouverné par la raison, c'est détruire toute possibilité de vie. » [Version originale] « If we admit that human life can be ruled by reason, then all possibility of life is destroyed. » (Source : IMDB)
Photogramme 42 : Séquence 71 [B - 40] - Plan 810. 0h 54' 29" : Une surprise attendait Christopher sur un parcours calme du fleuve. Il fait sa deuxième rencontre : un couple de Danois : Mass et Sonia. Mass n'en revient pas de voir Christopher débarquer d'un fleuve réputé difficile : « On vient de Copenhague, et toi tu viens des Rapides. (...) Tu es un barjot toi ! Tu es dingue ! Sonia t'approches pas ! t'approches pas ! » (En pointant son doigt.)
Photogramme 43 : Séquence 72 [B - 41] - Plan 843. 0h 56' 09" : Mass très heureux de rencontrer un homme intrépide et courageux qui aime la nature, l'invite à partager un sandwich : « (...) Alors, tu vas où ?
- Je réfléchis encore.
- Tu ne sais pas ? (...)
- Non.
- On est super contents de te rencontré. (...)
- Oui.
- Si tu continues ta descente, tu vas jusqu'au Mexique.
- Oui.
- Je vais te dire avec ton kayak, tu continues ta descente tranquille, tu arrives au barrage de Hoover. Tu fais le tour, et après le barrage, tu continues à suivre le cours jusqu'à Mexico.
- Tu es sûre de ça ?
- Oui. » Il demande à Sonia de sortir une carte [Voir J.K. chapitre 17]. (...)
- « C'est ici, c'est a presque 200 miles.
- Je me demande si je ne peux pas descendre avec le kayak jusqu'au Golfe de Californie ?
- Tu peux, c'est sûre, regarde. Si tu veux je peux t'accompagner, on laisse Sonia ici. On va jusqu'au Mexique tout les deux. (...) Car, je vais te dire, tu as certainement une maîtresse mexicaine. »
Séquence 75 [B - 44] - Plan 872. 0h 58' 51" : Hélas, le bonheur des Danois était de courte durée, car aussitôt Christopher était obligé de prendre la fuite, puisqu'il est poursuivit par la brigade fluviale.
Séquence 76 [B - 45] - Plan 873. 0h 59' 08" : Christopher voulait téléphoner à sa sœur. Il veut introduire la pièce de 25 cents dans la fente du téléphone, il hésite, et à la dernière seconde, il donne la pièce à une personne qui n'en avait plus.
Séquence 77 [Ab - 6] - Plan 886. 1h 00' 17" : Atlanta. Carine en voix-off : « Je me demandais, pourquoi il ne m'a pas rappelé en espérant tomber sur moi ? Il aurait pu raccrocher si ce n'était pas moi. Pourquoi il n'avait pas écrit par l'intermédiaire d'un ami ? Ca m'a fait de la peine. Et finalement, je me suis dit que c'était bien. Il savait que je l'aimais assez, pour supporter son silence. Cela m'aidait à me rappeler, contre la rébellion, contre la colère, autre chose le guidait. Chris avait toujours foncé, il avait été toujours un aventurier. (...) »
Séquence 79 [B - 46] - Plan 917. 1h 02' 09" : Christopher écrit une lettre à Wayne : « Quelle horreur de mettre en cage, un fauve tel que toi. La route est trop facile avec l'argent que tu m'as filé. (...) J'ai décidé de vivre cette vie pendant un bout de temps. Cette liberté, cette pure beauté sont trop délectables pour que j'y renonce. » [« The freedom and simple beauty is too good to pass up... »] (Source : IMDB)
Mer de Cortez, 2 décembre 1990
« Le vrai sage est celui qui fonde sur le sable. »
— Henri de Régnier.
Cartographie 5 : Séquence 80 [B - 47] - Plan 925. 1h 03' 02" : Nouvelle destination de Christopher : Golfe de Californie et Los Angeles. Décembre 1990. Distance parcourue : Dakota - Los Angeles : 2051 miles (3308 Km.) Au total : Depuis Atlanta : 6130 miles (9908 km.)
Photogramme 44 : Séquence 80 [B - 47] - Plan 925. 1h 03' 02" : Split Screen 3. Christopher et au Mexique. Il traîne derrière lui son canoë. Il va passer 36 jours dans une grotte et il va perdre son canoë durant une tempête. Il décide de revenir sur ses pas et de retourner dans son pays.
Photogramme 45 : Séquence 81 [B - 48] - Plan 940. 1h 04' 01" : N'ayant plus des papiers certifiant son identité, l'agent à la douane au poste frontière avec les Etats-Unis, lui fait comprendre qu'il ne pourra pas entrer dans le pays sans papiers. Christopher dira au douanier : « J'ai bouffé assez de sable. » L'agent lui demande d'attendre. Entre temps, Christopher regarde des images à la télévision : Le président George Bush père évoque les raisons de l'invasion en Iraq : « A ceux qui posent la question, pourquoi agir maintenant au lieu d'attendre, je répondrais simplement que le monde ne peut plus attendre. » Ce discours sonne comme un clédon, une parole prophétique, Christopher comprend qu'il vaut mieux agir que d'attendre.
Séquence 82 [B - 49] - Plan 951. 1h 04' 47" : Christopher est heureux d'entrer de nouveau dans son pays. Il est tel un clandestin, dans un wagon d'un train de marchandise, il chante : « (...) Ni téléphone, ni piscine, ni petites bêtes. (...) » C'est un passage de son credo, qu'il écrira à son arrivée en Alaska.
Photogramme 46 : Séquence 83 [B - 50] - Plan 971. 1h 07' 04" : Il arrive dans la mégapole de Los Angeles, et visiblement il est mal à l'aise. Il n'est pas dans son élément. Il souffre. Il s'inscrit dans un centre d'accueil, sous le nom d'Alexander Supertramp, pose ses affaires dans une consigne, et sort faire un tour dans la cité des anges.
Photogramme 47 : Séquence 86 [B - 53] - Plan 1015. 1h 09' 40" : Il se promène dans différents quartiers. Soudain, il s'arrête devant la vitrine d'un restaurant chic et voit un jeune homme élégant qui dîne, il imagine que cette personne aurait pu être lui-même. Tout à coup, la personne se transforme en Christopher et lui fait un signe avec la main. Il se précipite alors vers le centre d'accueil, retire ses affaires, et quitte la grande ville.
Photogramme 45 : Into The Wild, plan 940. N'ayant plus des papiers certifiant son identité, l'agent à la douane au poste frontière avec les Etats-Unis, lui demande d'attendre. Entre temps, Christopher regarde des images à la télévision : Le président George Bush père évoque les raisons de l'invasion en Iraq.
Chapitre 3. L'âge adulte
« Qu'est-ce qu'un adulte ?Un enfant gonflé d'âge. »
Simone de Beauvoir.
—
Photogramme 48 : Séquence 88 [B - 54] - Plan 1033. 1h 10' 48" : Si, jusqu'à présent, les voyages clandestins de Christopher dans des trains marchandises se passaient relativement bien, hélas, en partant de Los Angeles il sera repéré par le service de contrôle des trains et il sera rudement tabassé et menacé de mort, s'il récidive. C'est ce qui explique peut-être le fait d'avoir accomplit un petit trajet. (Cf. Cartographie 6 )
Il faut noter le rapprochement du faisceau lumineux sur le visage de Christopher, qui rejoint le photogramme 40, quand il a enterré ses affaires.
Photogramme 49 : Séquence 91 [C - 26] - Plan 1072. 1h 12' 04" : Flashforward. Split Screen 4. Une image qui montre la cause et l'effet : à gauche, Christopher cueille des plantes, à droite, il constate que son pantalon ne tient plus, et va serrer sa ceinture.
Séquences 92 à 94 [C - 27 à 29] - Plans 1074 - 1103. 1h 12' 06" - 1h 14' 03" : Christopher s'organise à l'intérieur et à l'extérieur du Bus. Il construit également avec une grande ingéniosité et des moyens rudimentaires, un passage sur une rivière, qu'on verra plus loin, au plan 1164.
Photogramme 50 : Séquence 96 [Ab - 7 ; Aa - 6] - Plan 1106. 1h 14' 38" : Flashback. Christopher est de retour à Holy Moses, le lieu où il a enterré ses affaires. Voix-off de Carine « Dans les lettres que Chris m'écrivait de la fac. Je voyais bien que les histoires de nos parents continuaient à le tourmenter. Il disait que moi seul pouvait comprendre, ce qu'il avait à dire. » Christopher déterre les affaires du plan 758. Et on passe ensuite, à une grande dispute des parents de Christopher, devant les enfants, à propos de l'argent des cadeaux de Noël. (Vraisemblablement, à cette époque, ils n'étaient pas trop riches). Christopher se précipite sur sa sœur et la serre dans ses bras.
Photogramme 51 : Séquence 99 [C - 31] - Plan 1126. 1h 16' 27" : Flashforward. Christopher se promène sur les territoires vierges du pays, il grimpe une petite colline, il ouvre les bras comme des ailes d'oiseau, la caméra commence à tourner autour de lui, comme s'il voltigeait dans le ciel pure.
Photogramme 52 : Séquence 101 [B - 59] - Plan 1133. 1h 17' 02" : Flashback. Christopher travaille dans un Mac Donald, une responsable lui dit gentiment : « Alex je ne veux pas te harceler, je trouve que tu fais du boulot top, je t'aime bien tu sais, et moi, je voudrais vraiment t'aider à partir pour l'Alaska, mais, il faudrait que tu portes des chaussettes. » La caméra s'incline sur les pieds chaussés de Christopher mais sans chaussettes. Cette image semble être en rapport avec le plan 223.
[Voir J.K. chapitre 5]
Séquences 102 - 104 [Ab - 8 - 10] - Plans 1143 - 1161. 1h 17' 02" - 1h 18' 45" : Mai 1991. Christopher avec son sac à dos est de nouveau en chemin. En voix-off Carine raconte la douleur des parents : « Près d'une année étant passé après la disparition de Chris. La colère de mes parents, leur désespoir, leur remord, firent place à la douleur, et la douleur sembla les rapprocher, même leurs traits avaient changé. (…) A chaque vagabond qu'elle croise, elle se convainc que c'est Chris. J'ai peur pour la mère qu'elle est, son instinct semble pressentir la menace d'une perte, si gigantesque et irrévocable, que l'esprit se refuse à en prendre la mesure. Je commence à me demander si je comprends encore tout ce que Chris a à dire. Mais je me reprends, il me dit, que ces gens ne sont plus les parents qu'il a connu. (...) N'empêche, tout ce que Chris dit doit être dit, et je crois que tout ce qu'il fait doit être fait. C'est notre vie. »
[Voir J.K. chapitre 11]
Séquence 105a [C - 33] - Plan 1162. 1h 20' 02" : Flashforward. Christopher le torse nu est à la chasse. Il porte une casquette de base-ball verte, comme celle du trapeur Kevin au plan 702. Soudain, il voit non loin de lui, un élan qui traverse paisiblement le pré. Christopher est pris de panique, il sursaute sur place, (admirablement interprété par Emile Hirsch), il pointe le fusil sur la bête, il la vise, il tire cinq coups de suite, et l'abat.
Photogramme 53 : Séquence 105b [C - 33] - Plan 1164. 1h 20' 22" : Ensuite, il court précipitamment vers le Bus, en empruntant le substitut de pont qu'il a construit.
Photogramme 54 : Séquence 106a [C - 34] - Plan 1178. 1h 20' 43" : Il entre dans le Bus, en ouvrant la portière de l'intérieur à travers une vitre cassée.
Photogramme 55 : Séquence 106b [C - 34] - Plan 1180. 1h 20' 48" : Il pose le fusil et un sac en plastique transparent, Il ouvre un tiroir, il prend le petit carnet noir, il se demande à voix haute en feuilletant le carnet : « C'est où ? » Il cherche les notes qu'il avait écrit, à propos des étapes à suivre quand une bête est abattu.
Photogramme 56 : Séquence 107a [C - 35] - Plan 1182.. 1h 20' 53" : Il commence par dépecer difficilement la bête.
Photogramme 57 : Séquence 107b [C - 35] - Plan 1192. 1h 21' 27" : L'odeur du dépeçage est insupportable. Il dispose de sa chemise autour du nez, pour ne pas sentir les odeurs. Il commence à extraire le cœur de la bête. Ensuite, il marche avec le cœur dans ses mains. C'est peut-être l'une des images qui traduit au mieux le fait d'être « au cœur de la vie sauvage ». Cette vie sauvage qu'il tient, à présent dans ses mains. Mais, en même temps, l'image propose un gangster qui vole avec regret, le cœur de la nature.
Photogramme 58 : Séquence 107c [C - 35] - Plan 1194. 1h 21' 54" : Ses mains sont rouges de sang de l'animal. Il essaye de les laver avec l'eau de la rivière, mais il sait que toute l' eau de l'Alaska ne suffira pas à nettoyer son âme de cette terrible épreuve.
Séquence 108 [C - 36] - Plan 1217. 1h 23' 03" : Triste et bouleversé, Christopher continue les étapes afin de préparer la viande, il commence à faire une installation pour fumer les morceaux de viande. Mais, il remarque que des mouches commencent à venir. Il les chassent en hurlant : « Dégagez ! » L'installation terminée, il met le feu, et pense à voix haute à son père quand ils préparaient un barbecue : « Papa, je peux allumer le barbecue s'il te plaît !
- Pour une fois, écoute Chris, tu peux aller chercher l'essence si tu veux.
- Papa s'il te plaît, aller, s'il te plaît.
- (La mère) Après tout, pourquoi pas, aller Walter laisse-le essayer.
- La ferme. La ferme je t'ai dit, j'ai dit non une fois, ne m'oblige pas à le répéter, tu entends. C'est d'accord, tu as compris pauvre conne, tu as compris. Tu as entendu pauvre conne.
- Pardon, excuse-moi Walter. Je te demande pardon. »
Malheureusement, le fumage de Christopher a échoué, il remarque des mouches et des larves sur la viande. Il rejoint de nouveau le Bus, et il écrit dans son cahier, les larmes aux yeux : « J'aurais jamais dû tuer cet l'élan. Une des plus grandes tragédies de ma vie. »
Photogramme 59 : Séquence 110a [C - 38] - Plan 1230. 1h 25' 00" : Il retourne sur le lieu de la « tragédie ». Il s'assied sur un rocher, et derrière lui, des loups commençaient à manger les morceaux de viande. Il pense : « On ressentait la présence d'une force, qui n'était pas tendre pour l'homme, c'était une région de paganisme et de superstition, où habitaient des hommes plus proche de la roche et des bêtes sauvages que nous. »
Photogramme 60 : Séquence 110b [C - 38] - Plan 1234. 1h 25' 19" : La séquence termine avec Christopher nu, qui nage sur le dos, les bras en croix et qui se laisse aller au gré de la rivière. Une surimpression du passage d'un train fait la transition avec le chapitre suivant.
Chapitre 4. La Famille
« Nous tenons de notre familleaussi bien les idées dont nous vivons que la maladie dont nous mourrons. »
Marcel Proust.
—
Cartographie 6 : Séquence 113a [B - 63] - Plan 1240. 1h 25' 58" : Flashback. 4 mois avant le Bus. Janvier 1992. Nouvelle destination de Christopher : Salton Sea. Janvier 1992. Distance parcourue : Los - Angeles - Slab city : 189 miles (304 Km.) Au total : Depuis Atlanta : 6319 miles (10212 km.)
Photogramme 61 : Séquence 112 [B - 62] - Plan 1240. 1h 25' 58" : Dans une caravane Jan se détend avec son chien. Soudain le chien s'échappe. Il sort de la caravane. Jan le suit, intrigué. Elle veut contourner la caravane, elle s'arrête devant un sac à dos qui lui rappelle quelqu'un. Aussitôt, elle voit Christopher avec un grand sourire. Ils s'enlacent avec ferveur. Christopher n'a jamais été aussi heureux.
Photogramme 62 : Séquence 113b [B - 63] - Plan 1252. 1h 26' 50" : Une image de Slab City, « c'est un lieu de campement situé en plein désert près de Salton Sea, dans le Sud-Est de la Californie, où se retrouvent des squatteurs et des propriétaires de véhicules de loisirs de toute l'Amérique du Nord. L'appellation Slab City vient des plaques (slabs en anglais) et des pylônes de béton témoins de la base militaire abandonnée depuis la Seconde Guerre mondiale. Située directement à l'Est de l'autoroute fédérale de Califonie 111, l'entrée de Slab City est facilement reconnaissable grâce à la Salvation Mountain colorée : une petite colline couverte de peintures et de versets de la Bible, un projet du résident Leonard Knight. » (Source : Wikipédia)
Photogramme 63 : Séquence 114 [B - 64] - Plan 1251 : 1h 26' 51" : C'est le soir, les amis de nouveau réunis se rendent à un festival de musique. Une chanteuse se présente : « Salut, je m'appelle Tracy. » C'est la première rencontre avec Christopher. Et comme le hasard fait bien les choses, sa caravane est juste en face de celle de Jan et Rainey.
Séquence 115a [B - 65] - Plan 1266. 1h 27' 04" : Christopher et Rainey sont sous un auvent, ils vendent des livres. Et en attendant les clients ils discutent. Christopher lui parle des préparatifs de son projet pour aller en Alaska. Rainey lui propose de l'aider financièrement, car Christopher l'aide pour la vente des livres, ce dernier refuse : «C'est un vrai tournant dans ma vie, quand je vous aie rencontré. »
Photogramme 64 : Séquence 115b [B - 65] - Plan 1270. 1h 28' 00" : Rainey dévie la conversation et lui montre la caravane dans laquelle habite Tracy. Comme par enchantement, c'est elle qui décide de venir voir Christopher.
Séquence 115c [B - 65] - Plan 1272. 1h 28' 06" : Tracy essaye d'engager la conversation avec Christopher, mais on le sent mal à l'aise, il répond laconiquement, comme il l'a déjà fait avec le couple de Danois au plan 843. Il s'animera quand il va commencer à parler de la chanson de Tracy. Elle lui propose de faire une ballade vers la Salvation mountain, il accepte.
Photogramme 65 : Séquence 116 [B - 66] - Plan 1281. 1h 28' 23" : Ils rencontrent l'artiste résident, auteur des peintures de la colline. Ils leur fait visiter le lieu. Il faut souligner l'attitude de Christopher qui regarde ses pieds, et n'accorde pas d'importance ni à Tracy, ni au travail de peinture de la colline, ou plutôt à ce qui est écrit sur la façade : « God is love (Dieu est amour). »
Photogramme 66 : Séquence 116b [B - 66] - Plan 1282. 1h 28' 32" : Leonard, l'artiste explique « Il y a plein de touristes qui viennent ici. Et, quand ils voient cette portière là-haut ça leur plaît vachement. »
L'oeuvre de Leonard est à souligner, elle propose métaphoriquement, d'une part, et à une échelle miniaturisée, la multitude de trajet que Christopher à emprunter (ou tout autre spectateur) pour arriver au puits de lumière, d'autre part, elle semble indiquer les points de jonction qui représentent les relations humaines avec des nœuds de tension et des traits d'extensions.
Photogramme 67 : Séquence 116c [B - 66] - Plan 1283. 1h 28' 39" : Leonard, continue : « Alors j'en ai trouvé des tas d'autres, et puis, j'ai les ai monté là-haut, et j'ai tout riveté ensemble. » Christopher est intrigué : « Et les poteaux de téléphone, ils viennent d'où ? » Leonard ne répond pas à la question, mais il continue : « Alors là, il y a plein de monde dans la vallée qui m'adore. C'est vrai, le monde entier, je crois ont de l'amour pour moi, et je travaille pour leur rendre cet amour immense, et, c'est ... à peu près tout, car, je suis super content.
- Vous croyez vraiment à l'amour, alors ?
- Oui, plus que tout, ... ça crève les yeux que le monde entier vit une histoire d'amour bouleversante, grâce à dieu, et cet amour infini qui nous offre, alors là, est-ce que j'ai répondu à ta question. (...) Je crois que le bien s'améliore. (...) »
Le poteau de téléphone semble attirer Christopher. Quand il pose la question à Leonard, l'artiste dévie la conversation, soit il n'a pas entendu, soit il fournit d'avance une interprétation, comme le poteau est le support de l'ensemble, il devient alors une représentation de ce dont il parle : l'amour, puisqu'il tient tout. Ainsi, le poteau symbolise l'axe du monde, mais cette axe, n'est pas en continu, il a été rafistolé en plein milieu, comme s'il a été cassé. Il semble alors représenter métaphoriquement Christopher lui-même.
Photogramme 68 : Séquence 116d [B - 66] - Plan 1297. 1h 29' 43" : Avant de partir, Leonard propose aux jeunes gens de laisser une empreinte de leur mains dans de l'argile.
Tracy était contente de laisser une empreinte de sa main à côté de celle de Christopher, son regard traduisait comme une espèce de prière d'un certain accomplissement, un rapprochement avec Christopher.
Séquence 117a [B - 67] - Plan 1324. 1h 31' 05" : La prière de Tracey ne sera pas exaucée, car il nous semble que Christopher est plutôt attiré par Jan. Le soir, Tracey préparait le repas avec Rainey, et Jan commence à raconter son histoire à Christopher : « Tu vois, j'étais à peine plus âgée que Tracey, quand je suis tombé enceinte.
- Wouah.
- Oui ... Je pensais que mon mari et moi allons apporter la paix sur terre. Faire des enfants, rester ensemble toute notre vie. Je reconnais que je me suis fait avoir sur toute la ligne. Il est parti, sans moi. Alors j'ai... Bon bref, je me suis retrouvé sans personne pour m'aider à élever Reno. C'est mon fils, et il s'appelle Reno. Ensuite, j'ai rencontré Rainey. C'était vraiment chouette, ça m'a fait un bien fou. A cette époque, Reno était déjà un adolescent. A ce moment-là, il se préparait à prendre son indépendance. Je n'ai plus des nouvelles de lui, depuis au moins... 2 ans. Je ne sais même pas où il est ?
- J'aimerais bien qu'un jour tu me le présente.
- Est-ce qu'ils savent au moins où tu es ? » (En lui caressant le visage tendrement.)
Mais, l'aparté de Jan et Christopher sera troublé par Tracey qui les invitent à venir manger.
Photogramme 69 : Séquence 117b [B - 67] - Plan 1283. 1h 33' 24" : Christopher se lève, met les deux mains sur la chaise de Jan et lui dit « Tu veux aller manger, ou tu préfères rester ici, parce que je peux rester avec toi toute la nuit si tu veux. » Jan le regarde quelques instants, et elle propose d'aller à table, une manière indirecte d'écarter la demande de Christopher.
Photogramme 70 : Séquence 119a [B - 69] - Plan 1350. 1h 34' 25" : Quelques temps plus tard. Christopher s'exerçait avec Rainey en faisant des abdominaux. Tracey était en face fixant du regard la scène. Rainey encourage Christopher d'aborder Tracey, sinon : « Elle va exploser. »
A ce moment-là, un enfant passe avec une voiturette et essaye de traîner derrière lui un sapin de Noël. Ne réussissant pas à effectuer la manœuvre, il va descendre de son jouet et va pousser l'ensemble. Cette image suggère une résonance avec Christopher, puisque Rainey comme l'enfant, doit pousser Christopher à aller voir Tracey.
Photogramme 71 : Séquence 119b [B - 69] - Plan 1352. 1h 34' 36" : Christopher tourne la tête en direction de la caravane de Tracey. Nous apercevons l'enfant et sa voiturette derrière lui qui continue à pousser.
Séquence 119c [B - 69] - Plan 1355. 1h 34' 57" : Christopher va rendre visite à Tracey, il avait des doutes qui seront confirmé, en ce qui concerne l'âge de Tracey : elle a 16 ans. Ils vont finir par chanter ensemble.
Photogramme 72 : Séquence 121 [B - 71] - Plan 1394. 1h 37' 36" : C'est le départ de Christopher. Il dit ses adieux à Tracey, triste et bouleversée, il conclut : « N'oublie jamais, si tu veux vraiment quelque chose dans la vie. Fonce et attrape-le. »
[ When you want something in life, you just gotta reach out and grab it. ](Source : IMDB)
A l'instant où Christopher termine sa phrase, Tracey avance vers lui, et lui serre tendrement avec ses bras. C'est encore un clédon, une parole prophétique que Tracey a traduit instantanément.
Photogramme 73 : Séquence 122 [B - 72] - Plan 1418. 1h 40' 07" : Jan dépose Christopher avec le camping-car sur une route, et avant de faire demi tour, elle lui offre un cadeau, en le lui donnant par la fenêtre tout en lui disant au revoir. Christopher ouvre le cadeau et il trouve un bonnet orange tricoté à la main, qu'il met aussitôt sur sa tête. Jan avait tenu donc sa promesse (elle lui avait dit, lors de leur première rencontre, s'il passait les voir elle lui ferait un cadeau).
Par la suite, nous entendons en voix-off Carine : «Il s'est passé un an et demi de ce que papa a appelé le coma artificiel. »
« Magic Bus » - Neuvième semaine - Août 1992
«Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent c'est pour toujours. »
Christian Bobin.
—
Photogramme 74 : Séquence 123a [C - 39] - Plan 1421. 1h 40' 29" : Flashforward. Alaska. Christopher est allongé sur son lit, les pieds posés sur les bords de la fenêtre, comme s'ils annonçaient bientôt un départ imminent. Il est en train de lire un livre de Leon Tolstoï, Le Bonheur Conjugal (Family Happiness) : « J'ai vécu bien des choses. Et je crois avoir trouvé maintenant ce que requiert le bonheur, une vie tranquille et retiré à la campagne avec la possibilité d'être utile à des gens[9] à qui on peut faire du bien et qui n'ont pas l'habitude à que l'on en fasse. (...) »
[Version originale]« I have lived through much, and now I think I have found what is needed for happiness. A quiet secluded life in the country, with the possibility of being useful to people[10] to whom it is easy to do good, and who are not accustomed to have it done to them; then work which one hopes may be of some use; then rest, nature, books, music, love for one's neighbor -such is my idea of happiness. And then, on top of all that, you for a mate, and children perhaps -what can more the heart of man desire ? »
Au cours de la lecture, gros plan sur le mot gens (people), qui va se détacher de la page et qui va grossir, comme si ce mot va s'inscrire dans son esprit. Christopher semble avoir trouvé une raison fondamentale de rejoindre une certaine société.
Photogramme 75 : Séquence 123b [C - 39] - Plan 1430. 1h --' --" : A peine Christopher vient de terminer sa lecture, une image délicate et fragile s'affiche à l'écran, l'image contraste d'une manière extrême l'hostilité, la dureté et l'inhospitalité de la région du grand Nord. C'est aussi une image, pleine de promesse, qui semble annoncer la bonne résolution de Christopher de rejoindre les gens qu'ils aiment. Avant son départ de Slab City, (c'était après la nouvelle année 1992) il demandera à Rainey s'il a pris des bonnes résolutions, ce dernier lui réponds « t'inquiétes pas. » L'image de la fleur violette sur le fond en camaïeu bleu pâle et jaune, représente la quiétude de l'esprit que recherche Christopher.
Photogramme 76 : Séquence 124a [C - 40] - Plan 1435. 1h 41' 50" : La décision est prise, Christopher retourne de nouveau au pays. Il prend une douche, puis commence à ranger dans son sac-à-dos les livres, les conseillers et les compagnons invisibles de Christpher.
Photogramme 77 : Séquence 124b [C - 40] - Plan 1441. 1h 42' 47" : Sur le chemin de retour, Christopher croise des hiboux. Il est, comme d'habitude, admiratif et émerveillé, il imite l'ululement de l'hibou.
D'un point de vue symbolique, l'hibou, « parce qu'il n'affronte pas la lumière du jour, il est symbole de tristesse, d'obscurité, de retraite solitaire et de mélancolie. La mythologie grecque en fait l'interprète d'Atropos, celle des Parques qui coupe le fil de la destinée. » [11] D'un point de vue superstitieux l'animal n'est pas de bonne augures, sauf pour les anciens Athéniens, car « ils l'avait consacré avec la chouette à Athéna, déesse de la sagesse. » [12]
Photogramme 78 : Séquence 124c [C - 40] - Plan 1452. 1h 43' 37" : Finalement, l'hibou n'était pas de bonne augures, dès que Christopher aperçoit la rivière de loin, à travers les branches des arbres, il commence par entendre le grondement de son flot ininterrompu. Il s'approche inquiet, il enlève sa casquette verte (celle qu'il portait avec la tragédie de l'élan). Il est près du bord, et il s'aperçoit, que le paysage n'est plus le même, la rivière a pris de l'ampleur et de la hauteur.
[Voir J.K. chapitre XVI]
Photogramme 79 : Séquence 125a [C - 41] - Plan 1458. 1h 43' 48" : Pourtant, c'est bien de là qu'il est passé, il voit de l'autre côté du fleuve, le bonnet orange qu'il avait lui-même posé sur la cime d'un arbre au plan 60.
Par ailleurs, il est à noter l'arbre couché dans l'image qui ressemble à celui du plan 400.
Photogramme 80 : Séquence125b [C - 41] - Plan 1461. 1h 44' --" : Christopher décide de traverser. Il pose son pied sur une branche d'arbre, mais elle se casse en deux. Ce tronc cassé, semble rappeler la « blessure » du poteau de téléphone au plan 1283, une blessure peinte avec du rouge brun.
Photogramme 81 : Séquence 125c [C - 41] - Plan 1466. 1h 44' --" : Christopher tombe dans l'eau tumultueuse et essaye de s'accrocher à des petites branches afin de ne pas être emporté par le fleuve colérique.
Séquence 126 [C - 42] - Plan 1458. 1h 43' 52" : Il retourne au Bus. La nuit est noire et pluvieuse. Il allume une lampe à pétrole et il écrit dans son cahier : « Catastrophe. Traversée impossible. »
Dernier Chapitre : Accéder à la sagesse
«La route de l'excès mène au palais de la sagesse. »
William Blake.
—
Photogramme 82 : Séquence 129 [B - 75] - Plan 1483. 1h 46' 17" : Flashback. Sources chaudes Oh-My-God. Desert Anza Borrega. 12 janvier 1992. Christopher est dans une station service, il remplit ses réservoirs d'eau. Il fait du stop pour revenir à sa tente dans le désert. Une voiture s'arrête. C'est sa première rencontre avec Ron Franz.
Séquence 130a [B - 76] - Plan 1491. 1h 46' 47" : Ils arrivent sur le lieu de campement de Christopher. Ils descendent de la voiture, et Ron dubitatif dit : « Ça alors, ce n'est pas banal. Une question dit : ils ne te dérangent pas trop tous ces drogués qui fument des joints, ces nudistes là-bas de l'autre côté ?
- Non. Il ne me dérangent pas, ils restent entre eux.
- Tu m'as l'air d'un petit gars plutôt futé, ou je me fais des idées.
- J'ai la tête sur les épaules, du moins je l'espère.
- Oui, c'est bien ce que j'ai pensé... Dis-moi, ça fait combien de temps que tu es là ?
- Une semaine ou deux.
- Et avant où tu étais ?
- Ici et là, j'ai bourlingué, je bouge pas mal ces derniers temps.
- Quel âge tu-as ?
- 23 ans.
- 23 ans. Dis-donc fiston, sans vouloir t'ennuyer, tu ne crois pas que tu dois faire des études, ou de trouver un boulot stable, pour pouvoir gagner ta vie ?
- Ecoutez, je vais vous dire, l'idée de faire carrière, c'est une invention du 20ème siècle. Moi, je n'y trouve pas mon compte. Ne vous en faites pas pour moi, j'ai fait 4 ans de fac, je ne suis pas du tout indigent, je vis comme ça, parce que je l'ai choisi.
[Mr. Franz I think careers are a 20th century invention and I don't want one. ]
- Dans le désert ?
- Oui, dans le désert.
- Où elle est ta famille ?
- Il reste plus que moi.
- Ça c'est terrible.
- Eh monsieur, venez, je vais vous faire voir un truc. »
Photogramme 83 : Séquence 131 [B - 77] - Plan 1511. 1h 49' 35" : Ils grimpent une colline, à peine quelques mètres plus loin, Ron est essoufflé : « C'est un peu raide pour moi.
- D'accord, de là, on a déjà une superbe vue, vous ne trouvez pas. Quand on est au sommet on peut même voir le lac de Salton.
- On voit le lac de Salton de là-haut ?
- Oui monsieur.
- Mince alors.
- Vous ne voulez pas continuer ?
- Non, moi et l'escalade, ça fait deux. »
Séquence 132 [B - 78] - Plan 1512. 1h 50' 02" : Ron invite Christopher dans sa maison. Il raconte : « J'ai passé presque toute ma vie dans l'armée. Le soir du nouvel an 1957, mon unité était stationné à Okinawa, ma femme et mon fils qui étaient resté ici, avaient pris la voiture, malheureusement, ils avaient croisé un type qui a bu un verre de trop, il les a pas raté, ils sont morts sur le coup. (...) J'ai bu du whiskey à en crever. Mais, assez vite, je me suis rendu compte que ça ne les ramèneraient ni l'un, ni l'autre. (...) Alors, j'ai arrêté le whiskey. Net. Voilà, tu sais toute l'histoire. Ma vie se résume à ça.» En montrant d'un geste sa maison.
- « Et ça ne vous arrive jamais de voyager.
- Non, je n'ai pas trop envie de m'éloigner de l'atelier. Parce que je fait pas mal de gravure sur cuir, je me suis installé un petit coin pour travailler dans le garage. Et entre ça et ma retraite, je m'en sors plutôt bien. (...)
- Quand on aura fini de dîner, j'aimerais bien que vous me montriez ça.
- Vraiment ?
- Ben oui !
- Ca me fait drôlement plaisir que tu dises ça.»
Photogramme 84 : Séquence 133 [B - 79] - Plan 1520. 1h 51' 20" : Un peu plus tard. Dans l'atelier. Christopher découvre le cuir : « C'est incroyable comme c'est malléable !
- Oui.
- Quand le cuir est mouillé, on peut faire tout ce qu'on veut.
- Oui. C'est comme du beurre, c'est formidable, et ensuite, ça durci, ça ne bouge plus. »
Christopher va profiter de ce nouveau savoir, pour se confectionner durant ces moments de loisirs, (entre des moments de préparation physique), une ceinture personnelle, celle qu'il va porter tout le temps. (Mais dans le livre de J. Krakauer, Christopher offrira la ceinture à Wayne. J.K. chapitre 7.)
Photogramme 85 : Séquence 135 [B - 81] - Plan 1545. 1h 53' 32" : L'iconographie de la ceinture. Christopher raconte à Ron l'histoire de la ceinture, qu'il vient de finir : « Là, j'étais dans le Dakota du sud, j'ai bossé dans un silo à grain, pour un type qui s'appelait Wayne, il était vraiment génial. Après j'ai descendu le Colorado, jusqu'au Grand Canyon, je me suis payé les Rapides, et je peux vous dire, que c'est de loin, le truc le plus terrifiant que j'ai jamais fait de ma vie.
- Oui, je te crois.
- Et j'ai suivi le Colorado jusqu'au Mexique, je suis arrivé à Golfo, où je suis resté coincé. Là, c'est le mont du salut.
- Oui, et le N, qu'est-ce que ça veut dire ?
- C'est le Nord. »
Séquence 136a [B - 82] - Plan 1551. 1h 54' 03" : Transition avec le plan suivant, Christopher est parti s'entraîner en compagnie de Ron qui est resté dans la voiture, ce dernier est abasourdi d'apprendre la région où Christopher veut se rendre : « L'ALASKA, mais qu'est-ce que tu fuis à la fin ?
- Vous savez Ron, je peux vous poser la même question, sauf que moi je connais déjà la réponse.
- Ah oui, sans blague.
- Oui, je la connais. Il faut que vous sortiez de votre trou, de votre maison vide et de votre petit atelier. Il faut reprendre la route. Je suis sérieux, vous avez des années devant vous. Il faut que vous changiez radicalement de mode de vie. Vous savez bien que l'âme humaine puise sa substance dans des expériences inédites. [(The core of mans' spirit comes from new experiences.)] Regardez-vous, quoi, espèce d'âne bâté. Vous en avez pas marre ?
- Qui ça moi, âne bâté !
- Oui.
- Je t'en ficherais moi des ânes bâtés.(...)
- Oui, montez me voir !»
[Tout le dialogue entre Ron et Christopher était en réalité une longue lettre que ce dernier écrira à Ron. J.K. chapitre 6)
Photogramme 86 : Séquence 136b [B - 82] - Plan 1577. 1h 56' 19" : Ron arrive au haut de la colline il s'assied près de Christopher en lui donnant une petite tape amical : « Tu vas me manquer quand tu seras dans le Nord.
- Vous me manquerez aussi Ron. Vous avez tort de croire que la joie de vivre tient principalement aux rapports humains. Vous vous trompez. Dieu on a mit dans tout ce qui nous entoure. On retrouve dans chaque détail, chaque petite chose dans la vie quotidienne. Pour percevoir ces choses, il suffirait de changer de point de vue.
- Oui, tu as raison, je vais réfléchir à ça.
- ...
- Non sérieusement je le ferais. J'ai quelque chose à te dire. D'après ce que tu m'as dit, et ce que j'ai pu reconstituer de ton passé, et je sais que ça n'a pas été facile, avec ton père, ta mère et tout le reste, j'ai compris aussi, que tu avais des problèmes avec la religion, mais nous sommes d'accord pour reconnaître qu'il existe un mystère, quelque chose de plus grand que nous que tu as appelé dieu, mais . quand on pardonne à son frère. on aime. Et quand on aime... la lumière divine descend sur nous.
- Nom de dieu !
- Je t'ai dit de surveiller ton langage.»
[Version originale]« - R.: I'm going to miss you when you go.
- C. : I will miss you too, but you are wrong if you think that the joy of life comes principally from the joy of human relationships. God's place is all around us, it is in everything and in anything we can experience. People just need to change the way they look at things.
- R. : Yeah. I am going to take stock of that. You know I am. I want to tell you something. From bits and pieces of what you have told me about your family, your mother and your dad... And I know you have problems with the church too... But there is some kind of bigger thing that we can all appreciate and it sounds to me you don't mind calling it God. But when you forgive, you love. And when you love, God's light shines through you.
- C. : Holy shit! » (Source : IMDB)
Le Livre Bâton
«Un livre a ceci de particulier qu'il peut être interprété comme on veut. »
Sören Kierkegaard.
—
Cartographie 7 : Dernière destination de Christopher : Désert Anza Borrega - Alaska . Mai 1992. Distance parcourue : 3621 miles (5827 Km.) Au total : Depuis Atlanta : 9940 miles (16039 km.)
Séquence 137 [C - 42] - Plan 1595. 1h 57' 51" : Flashforward. Christopher est au milieu d'un pré, aucun gibier en vue, il crie : « J'ai faim ! »
Photogramme 87 : Séquence 138a [C - 43] - Plan 1603. 1h 58' 12" : Christopher commence à perdre le contrôle sur lui-même. Il ne se maîtrise plus, il est énervé, de mauvaise humeur, car il a faim. Il enlève sa ceinture, et il ajoute encore un trou de maintien avec son couteau. Il faut noter qu'il fait les trous sur les figures qu'il a dessiné quand il était avec Ron.
Photogramme 88 : Séquence 138b [C - 43] - Plan 1605. 1h 58' 18" : Christopher serre la ceinture sur un corps qui a beaucoup maigrit depuis son arrivée.
Photogramme 89 : Séquence 138c [C - 43] - Plan 1610. 1h 58' 26" : Christopher tout en marchant, avec anxiété, lit le livre de Boris Pasternak, Docteur Jivago : « A l'instant elle découvrit le but de sa vie. Elle était ici bas pour comprendre le sens de son fol enchantement... et appelé chaque chose par son vrai nom... » Tout à coup, il s'arrête aux derniers mots qu'il commence à répéter : « Par son vrai nom... Par son vrai nom... » Ce qui est extraordinaire dans cette phrase, c'est qu'on a encore affaire à un clédon, une parole prophétique, qui se trouve au début de la phrase : « A l'instant elle découvrit le but de sa vie. » Or, à cet instant, Christopher à son tour, découvrira qu'il faut nommer chaque chose : « Par son vrai nom. » Ce Clédon est lourd de conséquence, car, à la fin, il va donner son vrai nom dans le petit message qu'il laissera pour la postérité. Il faut noter enfin, que dans ce plan, Christopher porte des lunettes.
Photogramme 90 : Séquence 140a [C - 45] - Plan 1623. 1h 58' 56" : Christopher muni de son livre sur les plantes (celui du plan 26, à droite), sort précipitamment du bus, il s'approche d'une plante, et commence à vérifier sa structure : « C'est quoi ça. Comment s'appelle cette plante ? C'est quoi déjà. Heydesarum alpinum, racine de patate sauvage, (...) » Mais, curieusement, il ne porte pas de lunettes. Est-ce un oubli ? Est-ce de la précipitation ? De plus, le crépuscule est bien avancé, il n'y a plus beaucoup de lumière.
Séquence 140b [C - 46] - Plan 1623. 1h 58' 56" : Il entre dans le bus, il lit quelques pages près du feu, et il s'endort sur le sol du bus.
Photogramme 91 : : Séquence 141 [C - 46] - Plan 1635. 2h 00' 29" : Il se réveille brusquement, il a mal au ventre, il a du mal à se tenir debout. Il aperçoit le livre des plantes sur son lit. Il réussit à le saisir. Nous sentons que chaque geste est devenu difficile. Il consulte le livre, à la lumière du jour, et commence à comprendre : la Wild Sweet Pea (Pois de senteur), Heydesarum mackenzii, est non comestible, en anglais : Inedible .
Photogramme 92 : : Séquence 142 [C - 47] - Plan 1639. 2h 01' 07" : Tandis que la Wild Potato Alaska Carrot, (Racine de Patate sauvage) Hedysarum alpinum, est comestible, en anglais : Edible.
Séquence 143 [C - 48] - Plan 1647. 2h 01' 28" : Christopher continue la lecture du livre : « ...Vénéneux, veines latérales, ... ingérée, les symptômes incluent paralysie, inhibition de la digestion et nausées... Les deux plantes se ressemblent, sans traitement conduit à l'inanition et à la mort. »
Photogramme 93 : Séquence 144 [C - 49] - Plan 1648. 2h 01' 47" : Christopher commence à réaliser la terrible situation dans laquelle il se trouve. Le livre étant souple, il l'enroule, et il en donne deux coups sur la tête.
Photogramme 94 : Séquence 145 [C - 50] - Plan 1650. 2h 01' 58" : Christopher essaye de réagir. Il introduit sa main dans la bouche afin de vomir. Mais c'était trop tard.
Photogramme 95 : Séquence 146a [C - 51] - Plan 1659. 2h 03' 04" : Christopher écrit dans son carnet : « Jour 100. Vivant, mais extrême faiblesse. » Il va à la rivière chercher de l'eau. En revenant, il a des vertiges, tout tourne autour de lui. Tout à coup, un énorme ours brun, avance majestueusement vers Christopher. Ce dernier est médusé, pétrifié. Il ne bouge plus.
Photogramme 96 : Séquence 146b [C - 51] - Plan 1660. 2h 03' 08" : L'ours s'approche et flaire Christopher pétrifié. Et puis, il se retourne et s'en va.
La question de la présence de l'ours à cet instant de détresse est surprenante. Nous avons pensé à plusieurs hypothèses : 1. L'ours représente Christopher en miroir, ou il est devenu comme un ours, un être solitaire et singulier ; 2. Christopher est « réellement » dans le cœur de la nature il en fait partie, et l'ours reconnaît un membre de son monde ; 3. L'ours en flairant Christopher, devine que ce dernier est malade, et par conséquent, il risque de s'empoisonner à son tour ; 4. L'ours est une hallucination, c'est une projection de la vision de Christopher.
Séquence 146c [C - 51] - Plan 1662. 1h 03' 08" : Christopher sentant de plus en plus que ses forces le quittent, s'habille chaudement, comme si c'était cela le message de l'ours. Il va s'allonger sur son lit en fermant même son capuchon, et tout porte à croire, que les séquences qui vont suivre, sont des séquences que Christopher à imaginer ou penser, pendant ces moments tragiques :
Photogramme 97 : Séquence 147a [B - 82] - Plan 1666. 1h 04' 10" : Flashback. 22 mars 1992. Christopher décide de partir de chez Ron. Ce dernier insiste pour lui offrir une boîte avec des affaires : « Une machette, une canne à pèche télescopique et des bricoles. » Et il lui propose de l'emmener sur une route passante pour poursuivre son aventure.
Séquence 147b [B - 82] - Plan 1687. 1h 06' 25" : Christopher et Ron arrivent à un carrefour, Christopher veut descendre de la voiture, ils prononcent simplement ces quelques mots sibyllins : « Bon voilà. » Mais Ron le retient : « Attends, j'ai eu une idée. » Il lui propose, ouvertement, de l'adopter et d'en faire son unique héritier. Christopher est pris au dépourvu. Il garde le silence quelques instants. Il nous semble, qu'il ne voulait pas heurter Ron, il lui dit : « On verra cela à mon retour. »
Séquence 148 [B - 83] - Plan 1700. 1h 08' 32" : Sans transition, nous aurons en retour, une série de portraits des bons amis de Christopher : d'abord, sa sour, Carine, ensuite succèdent par ordre d'apparition après sa « Nouvelle Naissance » : Jan et Rainey, Wayne, les Danois, Mass et Sonia à Las Vegas et enfin Tracy.
Photogramme 98 : Séquence 149 [Ab - 10] - Plan 1710. 2h 09' 31" : A la série heureuse des amis de Christopher, va succéder une image d'une tristesse infinie, peut-être la plus angoissante du film, le père de Christopher qui sort de la maison, les yeux en larmes, et tel un somnambule, il va marcher en titubant, au milieu de la chaussée, et il va accomplir le même geste qu'il a fait, il y avait de cela, plus d'une vingtaine d'années, avant la naissance de Christopher, quand il a reçu son diplôme, il était heureux, il avançait en relevant son pantalon, laissant apparaître des chevilles nues, sans chaussettes. Ensuite, il va se laisser tomber sur son séant au milieu du chemin en tirant sur son pantalon.
Nous aurons à plusieurs reprises des images de chevilles nues. La première fois, nous venons de le voir, c'était au plan 223, ensuite, au plan 360, au plan 1133 quand Christopher travaillait au Mac Do, et les dernières images de Christopher debout, quand il s'est lavé les pieds, avant de se mettre dans le lit. Ces images nous interpellent. Il serait intéressant de savoir ce que le réalisateur voulait signifier en présentant cette figure (au moins cinq fois), pour laquelle nous accordons d'habitude si peu d'importance. Mais, il nous semble que cette figure c'est l'arbre qui cache la forêt. C'est d'ailleurs la figure des pieds qui va consolider une hypothèse que nous en parlerons plus loin. Ce que nous pouvons dire pour le moment, c'est le fait que nous négligeons souvent la figure des pieds, car c'est bien grâce à ses pieds que Christopher a pu parcourir plus de 16000 km. (C'est à peu près une fois et demie le diamètre de la terre, ou la circonférence du cercle polaire Arctique).
En ce qui concerne l'image dramatique du père, c'était peut-être sa façon de partager devant la société sa profonde tristesse, comme s'il voulait maudire le jour où il a eu son diplôme. Il y a là, une inversion radicale dans l'expression des deux images et, nous passons d'un régime d'un bonheur immense plan 223 à un régime d'une tristesse intense (plan 1710). Ensuite, il s'assied au milieu de la chaussée, car il a compris que c'est seulement à partir de là, qu'il a une petite chance de retrouver son fils. Il a compris que c'est là, sur les routes, où habite son fils. Il voulait être avec son fils, au même niveau que son fils.
Photogramme 99 : Séquence 152 [C - 53] - Plan 1717. 2h 10' 23" : Si au plan 1710, le père de Christopher voulait partager sa douleur, dans le plan présent, Christopher consacrera ces dernières forces pour écrire avec une main tremblante et incertaine, entre deux paragraphes d'un livre (Docteur Jivago ?) : « Le bonheur n'est réel que partagé. ( Happiness only real when shared.) »
Photogramme 100 : Séquence 153 [C - 54] - Plan 1730. 2h 11' 51" : Ensuite, on assistera à une transition entre le panneau d'écriture et son nom d'emprunt : Alexander Supertramp, et le petit message d'adieu : « J'ai vécu heureux et j'en remercie le Seigneur. Au revoir et Dieu vous bénisse tous. Appelez chaque chose par son vrai nom. » Mais, cette fois-ci, il signera de son vrai nom : « Christopher Johnson McCandless. »
Séquence 155 [C - 56] - Plan 1733. 1h 12' 32" : Pour traduire l'agonie de Christopher, le réalisateur va choisir d'une part d'accélérer la cadence des plans, presque d'une façon stroboscopique, ainsi nous passons d'un régime de 1 plan/4.5 secondes (plan 1, au plan 1732) à un régime de 1 plan/2.3 s. (plan 1732 - 1808), avec également une alternance de lumière forte et d'ombre sombre. D'autre part, il va ajouter sur la bande son le battement d'un cœur qui va durer presque 90 secondes sans interruption.
Photogramme 101 : Séquence 156 [C - 57] - Plan 1770. 2h 12' 53" : Dans cette grande agitation de lumière, d'ombre, d'image et de son, la dernière image que « verra » Christopher sera sa réunion avec ses parents, il court vers eux, ces derniers l'accueillent les bras grands ouverts, il a cette dernière réflexion : « Et si je souriais, si je courais me jetait dans vos bras ?
Verriez-vous alors, ce que je vois maintenant ? »
[« What if I were smiling and running into your arms ?
Would you see then what I see now ? » (Source : IMDB)]
Photogramme 102 : Séquence 158 [C - 59] - Plan 1814. 2h 15' 21" : « Deux semaines après la mort de Chris, des chasseurs découvrirent son corps dans le bus. Cet autoportrait était dans son appareil photo. » En mémoire de Christopher Johnson McCandless. 12 février 1968 - 18 août 1992.
Séquence 159 [C - 60] - Plan 1815. 2h 15' 54" : « Le 19 septembre 1992, Carine emporta les cendres de son frère d'Alaska jusqu'à la côte Est. Elle les transportait dans son sac à dos. »
« Les auteurs remercient Jon Krakauer et la famille McCandless pour son courageux soutien. »
[Version originale] Title Card: In memory / Christopher Johnson McCandless / February 12, 1968 - August 18, 1992
Title Card: Two weeks after Chris's death, moose hunters discovered his body in the bus.
[This self-portrait was found undeveloped in his camera]
Title Card: On September 19, 1992, Carine McCandless flew with her brother's ashes from Alaska to the eastern seaboard. She carried them with her on the plane... in her backpack.
Title Card: The filmmakers thank Jon Krakauer for his guidance and gratefully acknowledge Walt, Billie, Carine and the entire McCandless family for their brave support in the making of this film.
(Source : IMDB)
Conclusions provisoires : Christopher McCandless : Un homme original à la recherche de l'homme originel
Afin de saisir, d'emblée, notre stratégie d'analyse, nous allons paraphraser Christopher, ainsi, au plan 1577, quand il était assis avec Ron au sommet d'une petite colline, il lui parlait des « expériences inédites », il a ajouté qu'il suffisait de changer de « point de vue » pour que les choses apparaissent différemment. C'est notre projet d'analyse : le changement d'angle de vue à partir d'un objet, « d'un détail, de chaque petite chose dans la vie quotidienne » . C'est peut-être pour cette raison que les photogrammes issues du film risquent de paraître, parfois, « dé-placé », « trans-formé ».
L'arrêt sur image
Certes, « l'arrêt sur image » confère à cette dernière un poids et une épaisseur qu'elle n'a pas forcément quand elle est intégrée à l'intérieur de son régime de projection normal (24 photogrammes/seconde). Cependant, l'arrêt sur image, offre des qualités exceptionnelles. Elle permet d'ouvrir des nouvelles perspectives. Ainsi, si l'on considère l'ensemble d'un film qui propose une perspective axiale, l'arrêt sur image va faire apparaître des perspectives latérales (comme par exemple d'un point de vue architectural, l'église de Santo Spirito à Florence de Brunelleschi).
Le monde est toujours « déjà là »
Ensuite, l'arrêt sur image offre une qualité phénoménologique, dans le sens que Maurice Merleau-Ponty a attribué à ce terme, et qui va nous intéresser à plus d'un titre. En effet, l'auteur écrit : « La phénoménologie c'est l'étude des essences, et tous les problèmes, selon elle, reviennent à définir des essences : l'essence de la perception, l'essence de la conscience par exemple. (...) C' est aussi une philosophie qui replace les essences dans l'existence et ne pense pas qu'on puisse comprendre l'homme et le monde autrement qu'à partir de leur « facticité[13] ». (...) « C'est aussi une philosophie pour laquelle le monde est toujours « déjà là ». [14] Or, il nous semble que Christopher refusait obstinément d'une part, le monde « déjà là », et d'autre part, la « facticité de ce monde ». Il recherchait un monde complexe d'un autre ordre, à travers les nombreuses citations ponctuées dans le film, nous pouvons déduire que cette complexité, peut se décliner en un monde de nature sauvage et de vérité.
L'odyssée de Christopher
En somme, nous pouvons diviser les voyages ou les parcours de Christopher en deux types :
Voyage dynamique, nomade (séquences B)
Christopher sera souvent sur les routes, il est chez lui sur les routes. Il va traverser les Etats-Unis schématiquement de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud (constatons au passage le signe de la croix). A deux moments, il va se retrouver en dehors du pays : au Mexique et puis en Alaska. Comme s'il recherchait un lieu précis pour « commencer enfin l'aventure ultime ». Au Mexique, il passera 36 jours dans une grotte, et comme il le dira plus tard : « J'en ai bouffé du sable » . Mais apparemment l'expérience mexicaine n'était pas concluante. Il décide alors de voyager au Nord, et en Alaska, il va « bouffer » une plante vénéneuse.
Voyage statique, sédentaire (séquences C)
En Alaska, Christopher va découvrir, dès les premiers jours, le « Magic Bus », qui était « déjà là », comme si le bus l'attendait. C'est son nouveau berceau qui est déjà équipé : lit, table, chaise, cheminée, ustensiles de cuisine. Mais, hélas, ce berceau refuge deviendra aussi son tombeau.
Au cours de son séjour en Alaska, nous constaterons qu'il consacre un temps considérable à la recherche de nourriture, aliment indispensable pour son corps, or Christopher recherchait surtout une nourriture spirituelle. Nous pensons qu'il voulait commencer à écrire son « livre ». Plusieurs indices semblent le démontrer. D'abord, à deux reprises, nous le verrons jeté, une boulette de papier dans une poubelle (plans 552 et 1070), et à deux reprises la boulette manque la poubelle et tombe à côté. En principe, nous jetons une boulette de papier dans une poubelle parce qu'elle est inutile, parce qu'elle nous ne satisfait plus. Ensuite, il écrivait souvent sur son petit carnet des mots numérotés. Il nous semble que ces mots, en majuscules, étaient des chapitres de son futur livre. Enfin, le seul livre qu'il aura écrit (dans le film), ce sont les dessins gravés sur sa ceinture, qui raconte linéairement, son voyage où « l'essentiel ce n'est pas d'aller loin, mais le chemin d'y arriver. »
La « Sainture »
Nous nous sommes permis de transformer le mot ceinture en « sainture » afin de lui donner, exceptionnellement, une connotation spirituelle, car il nous semble que c'est elle qui va métaphoriquement, représenter l'ascension spirituelle de Christopher, ou pour être plus précis, devrions-nous dire « l'étranglement corporelle » pour une élévation spirituelle. Une ceinture est en principe, un accessoire vestimentaire destiné à tenir un pantalon au niveau de la taille. Généralement elle est constitué d'une bande de cuir munie d'une boucle formée d'un dispositif simple qui permet d'ajuster la ceinture en fonction de la taille des personnes. Mais, chez Christopher, cet accessoire va acquérir une dimension nouvelle. Elle ne va pas se serrer seulement sur son corps, elle va aussi serrer son esprit. On s'explique.
La première allusion concernant la ceinture est indirecte. Elle remonte au plan 127, avec le panneau d'écriture. Christopher met de l'ordre dans le bus, et commence à écrire en majuscule, en gravant avec un couteau, ce que nous avons appelé son « credo » (sa profession de foi). C'est donc par la gravure, et les leçons de Ron sur l'utilisation du cuir, que Christopher va fabriquer sa propre ceinture, sur laquelle il va ajouter son périple avec des motifs qui représentent les principales étapes parcourues. C'était en hiver 1992, trois mois avant le bus. Ainsi, au plan 127, aux premiers jours du bus, il portait « déjà » sur lui, le discours de son credo : « deux ans à parcourir la terre », « le summum de la liberté », « un voyageur qui est chez lui sur la route », etc. Il faut noter l'association morphologique entre une ceinture et une route, au niveau de la linéarité en bande de l'objet. De plus, les motifs sont dessinés linéairement et selon l'ordre chronologique des lieux, mais curieusement, les motifs courent de gauche à droite, c'est-à-dire de l'Ouest à l'Est : Dakota, les Rapides, Golfo, un parcours en flèche qui termine avec la lettre N, suivie d'un triangle, et que Christopher interprète comme étant le Nord.
En arrivant donc au bus, sur la ceinture, il y avait les motifs gravés en surface sur le cuir avec deux trous pour accueillir le petit crochet de la boucle. Mais par la suite, Christopher en maigrissant, et afin de tenir son pantalon, il était obligé d'ajouter des trous supplémentaires, d'une façon rudimentaire, avec la pointe de son couteau (peut-être celui que Ron lui avait offert). Nous le verrons accomplir le geste de percer la ceinture deux fois dans le film, au plan 565 et au plan 1072. Or, en accomplissant ce geste, il ajoutait un trou noir sur les motifs qu'il a si joliment dessinés et gravés. Ainsi, des gros points noirs vont venir s'aligner sur une représentation des deux années qu'il a consacré à « parcourir la terre ». Il est à souligner qu'à la dernière image de Christopher debout, celle qui précède la rencontre avec l'ours, Christopher ne portait plus la ceinture.
Ainsi, la question qui se pose est celle de savoir quelle valeur doit-on accorder aux trous dans la ceinture ? Est-ce qu'on doit les interpréter comme des gros points de suspension ? S'agit-il d'un « esprit » en suspension ? Ou alors, comme le dit Christopher, encore une fois, on doit changer d'angle de vue, et regarder ailleurs. Ainsi, en regardant à travers les trous, c'est la question du livre qui s'impose, par une association parallèle d'écriture et de narration. (Voir également, le parallèle avec la parabole du Christ sur les trous d'une aiguille.)
Le Livre Bâton
Il en sera beaucoup question de livre dans le film. Tout d'abord, il faut souligner que le film est inspiré du livre de Jon Krakauer Voyage au bout de la solitude (1996). Ensuite, par définition, un livre est un objet constitué d'un certain nombre de page relié ensemble et formant un bloc solidaire. C'est donc un objet relativement fragile qu'il faut manipuler avec délicatesse. Il est en principe destiné à être préservé dans une bibliothèque. C'est un objet plutôt domestique (du latin, domus, maison). Or voilà que les livres de Christopher vont parcourir avec lui, sur son dos, comme si c'était un fardeau, un voyage de plus de 16000 Km. Nous pouvons donc nous demander, si c'est les livres en tant qu'objet qui sont visé (la forme), ou bien le contenu et le savoir (le fond).
Enfin, les allusions ou citations directes ou indirectes de livre dans le film sont nombreuses et portent à la méditation, jusqu'au point de dire que les livres ont une part importante dans le film. Ils ont le rôle parfois fatal, d'un acteur invisible. Ainsi, au début, le livre c'est le « bâton » sur lequel Christopher va prendre appui pour parcourir son voyage, et à la fin, le livre va devenir un bâton avec lequel il va se donner des coups. Regardons rapidement les différentes allusions ou représentations d'un livre dans le film :
- Plan 26, première apparition du « livre-assassin » ;
- Plan 209, les livres que la mère de Christopher portaient sur la hanche ;
- Plan 226, le livre de poésie qu'il offre à sa sour ;
- Plan 312, les livres préférés de Christopher ;
- Plan 360, le livre sur les plantes sauvages comestibles, ce n'est pas le même livre que celui du plan 26 ;
- Plan 430, Jan : «Il est intéressant ton livre, mais tu n'iras pas loin. » C'est un clédon terrible. En effet, Christopher n'ira pas loin avec ce type de livre ;
- Plan 431, la citation de Thoreau ;
- Plan 520, Christopher lis (I);
- Plan 633, les livres sur la chasse (discussion avec Wayne) ;
- Plan 684, le projet de Christopher d'écrire un livre ;
- Plan 758, il enterre un livre dans un sac ;
- Plan 981, à Los-Angeles, il demande : «Vous avez un livre. »
- Plan 1119, Christopher lis (II) ;
- Plan 1266, il vend des livres avec Jan et Rainey ;
- Plan 1421, lecture d'un passage de Pasternak (Docteur Jivago) (I), sur l'amour des gens ;
- Plan 1433, il range ces livres ;
- Plan 1534, Christopher lis (III) ;
- Plan 1603, lecture d'un passage de Pasternak (II) ;
- Plan 1621, lecture à propos des plantes sauvages locales ;
- Plan 1717, il écrit dans le livre de Pasternak « Le bonheur n'est réel que partagé. »
Ainsi, il y a au moins une vingtaine d'allusions ou représentations d'un livre, il nous semble donc, qu'on peut dire que le réalisateur a voulu insister lourdement sur cet objet culturel. Par ailleurs, le temps consacré aux représentations d'un livre dans le film dépassent l'ensemble des personnes que Christopher a rencontré. On peut donc avancer l'hypothèse que le réalisateur veut établir une association étroite entre un livre et un voyage, qui peut prendre la forme de la maxime suivante : Lire c'est voyager avec l'esprit et voyager c'est lire avec les sens du corps. Mais en même temps, l'auteur nous préviens qu'un livre peut-être dangereux et qu'il ne peut pas remplacer l'expérience humaine directe et vivante.
Mais, pour finir, il reste encore une hypothèse à propos des deux plantes du livre (plans 1635 et 1639). Ne peut-on pas voir dans ces deux plantes, une représentation métaphorique des deux personnalités qui habitent notre héros ? Ne peut-on pas voir dans cette méprise « le suprême combat qui anéantirait l'affreux imposteur qui vit en (lui), achevant ainsi la révolution spirituelle » ? C'est comme si Christopher va « absorber » Alexander, pour commencer enfin « l'ultime aventure » . Ainsi, quand Christopher s'allonge sur son « lit » et qu'il s'est chaudement habillé, cagoule fermée, c'est pour entreprendre, un nouveau voyage, une nouvelle aventure, et que cette fois-ci, nous ne n'en saurons rien.
Cependant, à la lumière de nos propos, une double question se pose : quel est l'ordre spirituel et quels sont les rapports avec l'homme originel que Christopher vise ?
Christopher est-il Christophile (ami du Christ) ?
Nous allons avancer une hypothèse qui va certainement soulever des objections, mais nous allons nous appuyer sur des indices issues du film, par conséquent ces indices vont devenir des arguments qui vont soutenir notre hypothèse qui est la suivante : Ne peut-on pas voir chez Christopher, un « Christophile » moderne ?
Nous allons commencer par regarder les associations directes ou indirectes avec le Christ. La première association forte avec le Christ qui donne au caractère de Christopher une abnégation et un altruisme hors du commun, nous la trouvons au plan 319, quand il va donner ces économies pour soulager la faim dans le monde. Ce don est inscrit en parallèle avec un passage de la Bible, que nous rappelons :
« Il se mettait en route quand un homme accourut et, s'agenouillant devant lui, il l'interrogeait : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » (Mc 10:17)
(...)
« Alors Jésus fixa sur lui son regard et l'aima. Et il lui dit : " Une seule chose te manque : va, ce que tu as, vends-le et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens, suis-moi. » (Mc 10:21)
« Mais lui, à ces mots, s'assombrit et il s'en alla contristé, car il avait de grands biens.'' » (Mc 10:22)
(...)
Et la suite des propos du Christ est troublante :
« Il est plus facile à un chameau de passer par le trou de l'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu ! » (Mc 10:25) Cette dernière citation semble être en relation avec les trous de la ceinture, elle lui donne du relief et semble témoigner son aspect spirituel.
Par ailleurs, nous trouvons d'autres associations intéressantes avec le Christ, c'est la valeur des pieds, que nous n'allons pas revenir dessus. Ensuite, durant le dialogue avec Rainey : «Tu ne sera pas Jésus. Tu ne pourras pas marcher sur l'eau, pour me ramener Jan » ( plan 470 ), Christopher ne marchera pas sur l'eau, mais il va glisser avec un canoë, sur un parcours réputé difficile, les Rapides du Colorado ( plan 805) ; les 36 jours dans une grotte au Mexique, parallélisme avec les 40 jours dans un désert du Christ ( plan 925) ; les bras en croix au sommet d'une colline (plan 1126) ; la ballade dans la Salvation Mountain (plan 1281) ; le bonnet orange, comme un substitut de la couronne de « lumière » ( plan 1418) ; le séjour dans les Source chaudes Oh-My-God, dans le désert ( plan 1491) ; le dernier message écrit : j'ai vécu heureux et j'en remercie le Seigneur. Appelez chaque chose par son vrai nom ( plan 1730) ; le pardon posthume (plan 1770). Il y a également un parallélisme avec l'ancien testament, avec la pomme ( plan 540) et la couleuvre chez les hippies (plan 1495). Il reste encore, le nom, Chris, qu'utilisait Carine pour désigner Christopher, et enfin, une ressemblance troublante à la fin du film, avec une représentation d'un Christ moderne.
Nous arrivons donc à un nombre d'indices considérables, il nous semble alors que le propos du film n'offre pas seulement un nouveau regard sur un nouvel idéal, mais également le croisement avec une dimension spirituelle ou sacrée, « d'appelez chaque chose par son vrai nom. »
[Voir J.K. chapitre 17 - "Christopher avait des ambitions spirituelles "grandioses"]
Into the Wild : un film inépuisable
A l'issue de notre première conclusion, nous avons constater que nous n'avons pas épuisé les riches ressources du film, et qu'il reste beaucoup d'aspects qui n'ont pas été abordés ou alors seulement d'une façon partielle. Nous pensons que nous allons le faire, par la suite, au cas par cas, dans le corps du dictionnaire. Les aspects les plus importants sont les suivants. Tout d'abord, les objets concernant des accessoires vestimentaires. En fait, nous avons abordé séparément les pieds et la ceinture, nous pensons qu'il fallait construire une combinaison : tête, taille, pieds (début, milieu, fin), et qu'il fallait inclure les couvre-chefs, le chapeau en paille, le bonnet orange, la casquette verte. Ensuite, il y a un aspect pertinent, qui concerne la figure de la « maison » , et qu'on appellera « l'homme-escargot ». En effet, Christopher, portera, comme un escargot, sa maison sur le dos, dans un sac-à-dos (entres autres, plans 82, 1143 et 1240). L'approche est intéressante, car, il était obligé de porter ce qui était fondamentalement utile et formellement léger.
Il reste enfin, les clédons, les paroles prophétiques, (plans 418 , le livre sur les plantes, 940, le discours du Président Bush sur l'attente, 1394, le message à Tracy, 1421, 1610, le livre de Pasternak I et II) ; la poubelle, (plans 323, 369 et les boulettes de papier dans la poubelle, plans 552 et 1070) ; les relations humaines, les différentes rencontres de Christopher (plans 416, Jan et Rainey, 810, Sonia et Mass, 1251, Tracy, 1483, Ron) ; le téléphone et le poteau téléphonique, (plans 873 et 1281) ; la question de la couleur, la Datsun jaune (plans 340 et 353), le canoë jaune (plans 762 et 805), la pomme rouge (plan 540), le bonnet orange (plans 60 et 1418) ; les animaux, l'élan (plans 157 et 1164), l'hibou (plan 1441), l'ours (plan 1659) ; les arbres (plans 60, 400 et 1461) les plantes (plans 1072 et 1430) ; le sable (plan 940), etc.
(11 juin 2010 - 27 février 2011)
Notes et références
- ↑ Voyage au bout de la solitude (Into the Wild) est une biographie de Christopher McCandless écrite par Jon Krakauer, publiée en 1996. Elle retrace l'histoire véridique de ce jeune homme qui avait troqué la civilisation pour un retour à la vie sauvage, et y avait trouvé la mort. Il s'agit d'une version longue d'un article de Krakauer, intitulé Death of an Innocent et paru dans le numéro de janvier 1993 de Outside. (Source : Wikipédia)
- ↑ En un second temps, nous pensons consulter des études sur le film, afin d'élargir nos perspectives de recherche.
- ↑ Nous voulons, toutefois, souligner un fait qui nous a frappé : de voir en rappel, l'aboutissement du projet des chansons de Jim Morrison, le chanteur de The Doors. Les rapprochements sont troublants et nombreux. Au niveau des titres des chansons : Wild child, Easy ride, Runnin' Blue, People are strange, Break on through, You're lost, Queen Of The Highway, Indian Summer, Riders On The Storm, Yes, the River Knows, Celebration of the Lizard : Wake Up, A Little Game, Not to Touch the Earth, The Palace of the Exile. Au niveau des textes des chansons, nous citons seulement quelques uns : The West is the best, Blue Bus (The End) ; Run, run, run, (The Celebration of the Lizard) ; We want the world and we want it. Now ! » (« Nous voulons le monde et nous le voulons. Maintenant ! »). (When The Music's Over). Par ailleurs, il faut noter des rapprochements avec les paysages et les concepts morissonien récurrents : le désert, le feu, la grotte, la nature sauvage, la lutte contre l'esclavagisme moderne, la détermination de l'individu, le réveil, l'énergie. Il reste enfin, le divorce sans appel de Christopher et de Jim avec leur parents. Toutefois, il y a bien entendu des points qui les séparent fondamentalement : Christopher évitera le recours à l'alcool et aux substances psychotiques ; Jim affirmera sa vision au centre de la société, tandis que Christopher cherchera la solitude extrême.
- ↑ Krakauer Jon, Into The Wild, 1996, Pan Books Edition, London, 2007. (Première publication, Villard Books, Randhom House, Inc. New York, 1998.)
- ↑ Rappelons que Lord Byron, était un philhellène, il était à l'origine de la libération des grecs sous la domination ottomane, il va mourir à Missolonghi, en Grèce, le 19 avril 1824. Les grecs vont lui rendre hommage en appelant « Vyronos » une belle colline de la ville d'Athènes.
- ↑ Stampede : Le grand danger que craint le cow-boy survient lorsque la nuit tombe. Dès lors, une attention de tous les instants devient nécessaire afin d'éviter un drame. En effet, le moindre cliquetis, le moindre hurlement de coyote ou un orage (très violents dans les Grandes Plaines) peut faire peur au troupeau : c'est alors la grande crainte des cow-boys, le troupeau fonce droit devant lui : c'est le stampede. Il vaut mieux alors ne pas être sur son chemin, et « passer d'un enfer à l'autre » selon l'expression du temps. (Source : Wikipédia)
- ↑ Il y a également un autre plan avec Christopher sans chaussette, quand il travail au Mac Donald (plan 133).
- ↑ Étienne Souriau définit le terme diégèse ainsi : « Tout ce qui est censé se passer, selon la fiction que présente le film ; tout ce que cette fiction impliquerait si on la supposait vraie. » Vocabulaire d'esthétique, p. 240.
- ↑ C'est nous qui soulignons
- ↑ It is us who underline
- ↑ Chevalier / Gherbrant, Dictionnaire des Symboles, op. cit., p. 504.
- ↑ Mozzani Éloïse, Le Livre des Superstitions. Mythes, Croyances, Légendes, op. cit.
- ↑ Caractère de ce qui est artificiel.
- ↑ Phénoménologie de la perception, avant-propos, p. I.