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Trébuchement

37 octets ajoutés, 2 avril 2012 à 01:55
Aussitôt après la fin du poème, au '''<span id="ancre_69">plan</span> 69''', le Professeur trébuche. Ses compagnons l'aident à se relever. Le Stalker lui dit : "''Ne nous portez pas malheur.''" Voilà que le Stalker devient [[Superstition|superstitieux]] (…) : "Le faux pas, qui contrarie l'ordre des choses, symbolise un obstacle tout en mettant dans une posture délicate, passe généralement pour un mauvais présage. L'origine de cette croyance remonterait à un temps où le manque de tenue, même involontaire, était très sévèrement jugée. (…) Trébucher en partant en voyage ou en débutant une entreprise devrait inciter à modifier ses projets." <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 1728. Par ailleurs, cf., '''J. Donner''', dans ''La Nuit des forains'' (1953) Frost (le clown) dans l'eau qui trébuche devant Alma et les officiers. Ces derniers ont défiés Alma de se baigner nue avec eux. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|Op. cit.]]'', p. 49. </ref>
Soulignons le fait qu'au [[#ancre_1|plan 15]], lorsque l'Écrivain accompagne le Stalker au bar, il monte les marches de l'escalier, glisse et tombe un genou à terre, il dit en râlant : "''C'est plein de flotte ici.''" A ce moment-là, le Stalker ne dit rien. Ce n'est que dans la Zone qu'il est attentif aux gestes de ces compagnons. L'Écrivain sent que le Professeur défaille, puisqu'il demande au Stalker : (dans un endroit de la Zone où ils ont de…l'eau jusqu'aux chevilles.) : " ''Mais où est le Professeur. (…) (il) a disparu.''" (Plan 72.) Le trébuchement du Professeur nous relie de nouveau au sac. Car c'est le moment où il le perd, et en le perdant, il perd son vœu le plus cher : détruire [[Chambre#"La chambre des Désirs"|"la chambre des désirs"]]. Non seulement le Professeur va défaillir (en ne voulant plus s'engager dans la Zone), il va aussi disparaître. Mais pas pour longtemps, puisqu'il réapparaît au plan 74. Le Stalker lui dit : "''Comment êtes-vous arrivé ?''" Il répond : "''Une grande partie du chemin… Je l'ai fait à quatre pattes.''" <ref>Cf. '''Gerstenkorn et Strueder''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_2|op. cit.]]'', p. 78. </ref> C'est-à-dire, sur les mains et les genoux. Comme un nouveau-né ! D'ailleurs peu après, aux plans 76 et 78, les paroles du Professeur vont prendre "forme". En effet, au moment du repos du groupe, le Professeur essaie de trouver une manière confortable pour s'asseoir, il plie les genoux et pose la tête sur son sac. Il n'est plus un nouveau-né, mais un fœtus, "le fœtus de la Zone". (…) "Les bambaras appellent le genou le"nœud du bâton de la tête", et y établissent le siège du pouvoir politique." <ref>'''Zahan Dominique''', ''Sociétés d'initiation Bambara'', Le N'Domo, le Kore, Paris-La Haye, 1960. </ref> "Ils rejoignent en cela de nombreuses traditions anciennes qui font du genou "le siège principal de la force du corps… le symbole de l'autorité de l'homme et de sa puissance sociale." <ref>'''Lanao-Villene G.''', ''Le livre des symboles'', 6 vol. 6, 1, 26. Bordeau-Paris, 1926-1935. </ref> "De là le sens des expressions : plier le genou = faire acte d'humilité ; faire plier les genoux = imposer sa volonté à quelqu'un, voir le tuer ; etc." <ref>'''Chevalier/Gherrbrant,''' ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'',p. 476</ref>
Chez Tarkovski, les êtres et les objets ont une tendance irrésistible de se courber vers la terre. Nous l'avons vu avec l'Ecrivain et le Professeur, mais le Stalker aussi exprime cette attirance. En effet, au plan 47, le Stalker se détache du groupe, il est au milieu des herbes hautes, il s'agenouille et il s'allonge de tout son long dans les herbes, ventre contre terre. En témoignage de quoi ? En signe de vénération ou de respect? Ou par peur ? Par soumission ? Ou par adoration ? Par ailleurs, cette attraction est particulièrement représentée dans la partie suivante.