Superstition : Différence entre versions

De Cinémancie
Aller à : navigation, rechercher
Ligne 5 : Ligne 5 :
  
 
<center>* * *</center>
 
<center>* * *</center>
 +
 +
  
 
==Philosophie : "L'Aufklarüng"==
 
==Philosophie : "L'Aufklarüng"==
 +
  
 
''Sensus communis'' (sens commun), Emmanuel Kant propose trois maximes qui sont utiles à l'explication des principes de cette critique : (…) "1. Penser par soi-même ; 2. Penser en se mettant à la place de tout être humain ; 3. Penser toujours en accord avec soi-même. La première est la maxime de la pensée ''sans préjugé'', <ref>Soulignés dans le texte.  </ref> la deuxième celle de la pensée ''ouverte'', la troisième celle de la ''pensée conséquente''. La première est la maxime d'une raison qui n'est jamais passive. Le préjugé est la tendance à la passivité (…) et le plus grand des préjugés consiste à se représenter la nature comme n'étant pas soumise aux règles que l'entendement, de par sa propre loi essentielle, met au principe de la nature - c'est la ''superstition. L'Aufklarüng'', c'est se libérer de la superstition ; (…) l'aveuglement où nous plonge la superstition, et qu'elle va même jusqu'à exiger à titre d'obligation, souligne de manière remarquable le besoin d'être guidé par d'autres… " <ref>'''E.Kant''', ''Critique de la Faculté de Juger'', traduction par Marc B. de Launay, Editions Gallimard, 1985, §40, V, 294-295, pp. 245-246.  </ref>
 
''Sensus communis'' (sens commun), Emmanuel Kant propose trois maximes qui sont utiles à l'explication des principes de cette critique : (…) "1. Penser par soi-même ; 2. Penser en se mettant à la place de tout être humain ; 3. Penser toujours en accord avec soi-même. La première est la maxime de la pensée ''sans préjugé'', <ref>Soulignés dans le texte.  </ref> la deuxième celle de la pensée ''ouverte'', la troisième celle de la ''pensée conséquente''. La première est la maxime d'une raison qui n'est jamais passive. Le préjugé est la tendance à la passivité (…) et le plus grand des préjugés consiste à se représenter la nature comme n'étant pas soumise aux règles que l'entendement, de par sa propre loi essentielle, met au principe de la nature - c'est la ''superstition. L'Aufklarüng'', c'est se libérer de la superstition ; (…) l'aveuglement où nous plonge la superstition, et qu'elle va même jusqu'à exiger à titre d'obligation, souligne de manière remarquable le besoin d'être guidé par d'autres… " <ref>'''E.Kant''', ''Critique de la Faculté de Juger'', traduction par Marc B. de Launay, Editions Gallimard, 1985, §40, V, 294-295, pp. 245-246.  </ref>
  
 
Toutefois, il y a une précision majeure que Kant apporte dans son texte en ce qui concerne l'Aufklarüng, (…) "Elle est ''in thesi'' chose facile, mais ''in hypothesi'' un problème difficile et une affaire de longue haleine : en effet, ne pas laisser passive sa raison et se donner constamment à soi-même sa propre loi est sans doute chose très aisée pour l'homme qui veut ne correspondre qu'à sa finalité essentielle et n'exige pas de savoir ce qui dépasse son entendement; (…) il est nécessairement très difficile de maintenir ou de produire dans la manière de pensée (…) cette simple négativité (qui constitue ce qui est véritablement) l'Aufklarüng. (''idem''.)"
 
Toutefois, il y a une précision majeure que Kant apporte dans son texte en ce qui concerne l'Aufklarüng, (…) "Elle est ''in thesi'' chose facile, mais ''in hypothesi'' un problème difficile et une affaire de longue haleine : en effet, ne pas laisser passive sa raison et se donner constamment à soi-même sa propre loi est sans doute chose très aisée pour l'homme qui veut ne correspondre qu'à sa finalité essentielle et n'exige pas de savoir ce qui dépasse son entendement; (…) il est nécessairement très difficile de maintenir ou de produire dans la manière de pensée (…) cette simple négativité (qui constitue ce qui est véritablement) l'Aufklarüng. (''idem''.)"
 +
 +
 +
<center>*</center>
 +
  
  
Ligne 17 : Ligne 24 :
  
 
Nous ouvrons une parenthèse, en ce qui concerne un problème important : "le taux d'accroissement des populations", qui a fait un bond gigantesque. Françoise Choay <ref>''L'Urbanisme, utopies et réalités, Une anthologie'', Editions du Seuil, 1965,  </ref>, considère la période entre 1800 et 1895. Elle constate : (…) "l'accroissement des villes supérieures à 100.000 habitants passe en France de 3 à 12, en Allemagne de 2 à 28, en Grande-Bretagne de 2 à 30 et aux Etats-Unis d'une à 28." Par ailleurs, Michel Ragon <ref>''Histoire de l'Architecture et de l'Urbanisme moderne'', Editions du Seuil, 1986, tome 1, p.180.  </ref>, précise que, (…) "du début du XIXè siècle, à la deuxième moitié du XXè siècle. L'Angleterre passait de 9 à 45 millions d'habitants, les Etats-Unis de 5 à 123 millions et l'Allemagne de 24 à 66 millions d'habitants." Nous voulons démontrer par-là, chiffres à l'appui, qu'il y a un changement radical des données démographiques et topographiques, qui doivent nous conduire à considérer avec un tout autre regard, l'évolution de la superstition. Il en est de même, pour les routes, les auto-routes, les voies navigables, les voies aériennes et les chemins de fer. Ils ne sont pas uniquement un moyen de transport rapide. Ils sont aussi (et surtout) relativement sécurisants. Il y a très peu de chance de rencontrer un fauve ou un reptile dans un train. (…) "Les premiers chemins de fer datent de 1825. En 1850, l'Europe entière à quelques 20.000 Km. Cent ans après, le réseau mondial atteint 1.250.000 Km. <ref>'''Ragon''', ''op.cit.'', p.25.  </ref>
 
Nous ouvrons une parenthèse, en ce qui concerne un problème important : "le taux d'accroissement des populations", qui a fait un bond gigantesque. Françoise Choay <ref>''L'Urbanisme, utopies et réalités, Une anthologie'', Editions du Seuil, 1965,  </ref>, considère la période entre 1800 et 1895. Elle constate : (…) "l'accroissement des villes supérieures à 100.000 habitants passe en France de 3 à 12, en Allemagne de 2 à 28, en Grande-Bretagne de 2 à 30 et aux Etats-Unis d'une à 28." Par ailleurs, Michel Ragon <ref>''Histoire de l'Architecture et de l'Urbanisme moderne'', Editions du Seuil, 1986, tome 1, p.180.  </ref>, précise que, (…) "du début du XIXè siècle, à la deuxième moitié du XXè siècle. L'Angleterre passait de 9 à 45 millions d'habitants, les Etats-Unis de 5 à 123 millions et l'Allemagne de 24 à 66 millions d'habitants." Nous voulons démontrer par-là, chiffres à l'appui, qu'il y a un changement radical des données démographiques et topographiques, qui doivent nous conduire à considérer avec un tout autre regard, l'évolution de la superstition. Il en est de même, pour les routes, les auto-routes, les voies navigables, les voies aériennes et les chemins de fer. Ils ne sont pas uniquement un moyen de transport rapide. Ils sont aussi (et surtout) relativement sécurisants. Il y a très peu de chance de rencontrer un fauve ou un reptile dans un train. (…) "Les premiers chemins de fer datent de 1825. En 1850, l'Europe entière à quelques 20.000 Km. Cent ans après, le réseau mondial atteint 1.250.000 Km. <ref>'''Ragon''', ''op.cit.'', p.25.  </ref>
 +
 +
 +
 +
<center>*</center>
 +
  
  
Ligne 23 : Ligne 35 :
  
 
Michel Leibovici note : (…) "Que la frontière qui sépare les domaines magiques et divinatoires est incertaine au niveau ethnologique. D'autre part, dans l'état actuel de nos connaissances, l'autonomie du devin par rapport au magicien dans les civilisations de la haute époque historique (Mésopotamie notamment) prête encore à discussion." <ref>'''Caquot/Leibovici''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. XIII.  </ref>
 
Michel Leibovici note : (…) "Que la frontière qui sépare les domaines magiques et divinatoires est incertaine au niveau ethnologique. D'autre part, dans l'état actuel de nos connaissances, l'autonomie du devin par rapport au magicien dans les civilisations de la haute époque historique (Mésopotamie notamment) prête encore à discussion." <ref>'''Caquot/Leibovici''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. XIII.  </ref>
 +
 +
 +
<center>*</center>
 +
  
  
Ligne 53 : Ligne 69 :
  
 
<center>* * *</center>
 
<center>* * *</center>
 +
 +
 +
 +
 +
[[#ancre_1|Haut de page]]
 +
 +
 +
 +
 +
[[Thèse:Introduction|Introduction à la cinémancie]]
 +
 +
 +
 +
 +
[[Dictionnaire:Liste des mots|Liste des mots]]  -  [[Dictionnaire:Liste des films|Liste des films]]  -  [[Dictionnaire:Liste des réalisateurs|Liste des réalisateurs]]

Version du 1 avril 2012 à 20:56

La Charrette Fantôme.



* * *


Philosophie : "L'Aufklarüng"

Sensus communis (sens commun), Emmanuel Kant propose trois maximes qui sont utiles à l'explication des principes de cette critique : (…) "1. Penser par soi-même ; 2. Penser en se mettant à la place de tout être humain ; 3. Penser toujours en accord avec soi-même. La première est la maxime de la pensée sans préjugé, [1] la deuxième celle de la pensée ouverte, la troisième celle de la pensée conséquente. La première est la maxime d'une raison qui n'est jamais passive. Le préjugé est la tendance à la passivité (…) et le plus grand des préjugés consiste à se représenter la nature comme n'étant pas soumise aux règles que l'entendement, de par sa propre loi essentielle, met au principe de la nature - c'est la superstition. L'Aufklarüng, c'est se libérer de la superstition ; (…) l'aveuglement où nous plonge la superstition, et qu'elle va même jusqu'à exiger à titre d'obligation, souligne de manière remarquable le besoin d'être guidé par d'autres… " [2]

Toutefois, il y a une précision majeure que Kant apporte dans son texte en ce qui concerne l'Aufklarüng, (…) "Elle est in thesi chose facile, mais in hypothesi un problème difficile et une affaire de longue haleine : en effet, ne pas laisser passive sa raison et se donner constamment à soi-même sa propre loi est sans doute chose très aisée pour l'homme qui veut ne correspondre qu'à sa finalité essentielle et n'exige pas de savoir ce qui dépasse son entendement; (…) il est nécessairement très difficile de maintenir ou de produire dans la manière de pensée (…) cette simple négativité (qui constitue ce qui est véritablement) l'Aufklarüng. (idem.)"


*


Évolution de l'urbanisme

Nous ouvrons une parenthèse, en ce qui concerne un problème important : "le taux d'accroissement des populations", qui a fait un bond gigantesque. Françoise Choay [3], considère la période entre 1800 et 1895. Elle constate : (…) "l'accroissement des villes supérieures à 100.000 habitants passe en France de 3 à 12, en Allemagne de 2 à 28, en Grande-Bretagne de 2 à 30 et aux Etats-Unis d'une à 28." Par ailleurs, Michel Ragon [4], précise que, (…) "du début du XIXè siècle, à la deuxième moitié du XXè siècle. L'Angleterre passait de 9 à 45 millions d'habitants, les Etats-Unis de 5 à 123 millions et l'Allemagne de 24 à 66 millions d'habitants." Nous voulons démontrer par-là, chiffres à l'appui, qu'il y a un changement radical des données démographiques et topographiques, qui doivent nous conduire à considérer avec un tout autre regard, l'évolution de la superstition. Il en est de même, pour les routes, les auto-routes, les voies navigables, les voies aériennes et les chemins de fer. Ils ne sont pas uniquement un moyen de transport rapide. Ils sont aussi (et surtout) relativement sécurisants. Il y a très peu de chance de rencontrer un fauve ou un reptile dans un train. (…) "Les premiers chemins de fer datent de 1825. En 1850, l'Europe entière à quelques 20.000 Km. Cent ans après, le réseau mondial atteint 1.250.000 Km. [5]


*


Ethnologie

Michel Leibovici note : (…) "Que la frontière qui sépare les domaines magiques et divinatoires est incertaine au niveau ethnologique. D'autre part, dans l'état actuel de nos connaissances, l'autonomie du devin par rapport au magicien dans les civilisations de la haute époque historique (Mésopotamie notamment) prête encore à discussion." [6]


*


L'attitude du primitif

En résumant , nous retrouvons trois aspects qui vont nous intéresser : (…) "la loi de Participation, l'Expérience et l'Observation." [7] "Tout ce qui apparaît d'insolite, de fortuit, d'extraordinaire, de frappant et d'imprévu est interprété comme une manifestation des puissances occultes. (…) Pour la mentalité primitive, (…) le monde visible et le monde invisible n'en font qu'un. (p.104.) (…) Les rêves ont une place importante presque régulière dans les relations avec le monde invisible, mieux : au Gabon, "un songe est plus probant qu'un témoignage". (p.107) Les présages ont une place de choix, "ils sont des révélations qui se produisent spontanément". (p.127.) Tout ce qui est insolite est révélation. Tout accident est révélation, car il n'y a rien de fortuit, et ce qui sort tant soit peu de l'ordinaire manifeste l'action des puissances occultes (p.128). Les présages sont à la fois des prédictions, des promesses et des garanties. (p.143) "Quand le présage est funeste. Le primitif a développé (…) "Toute une casuistique pour fournir le moyen de tourner la difficulté, et d'interpréter dans un bon sens les mauvais présages ou au moins les neutraliser. (p.146.) D'abord en considérant que la décision n'est pas sans appel, et poursuivre la recherche du présage favorable. [8] (146.) En second lieu : "empêcher celui-ci (le présage funeste) de porter la force maligne jusqu'à sa destination, s'ils l'arrêtent en route, du même coup ils la paralysent et ils en préviennent l'effet. (p.148.) [9] Ou alors, détruire ce véhicule (si c'est un oiseau ou un lézard par exemple.) (p.151.)


* * *


Voir aussi


* * *


Notes et références

  1. Soulignés dans le texte.
  2. E.Kant, Critique de la Faculté de Juger, traduction par Marc B. de Launay, Editions Gallimard, 1985, §40, V, 294-295, pp. 245-246.
  3. L'Urbanisme, utopies et réalités, Une anthologie, Editions du Seuil, 1965,
  4. Histoire de l'Architecture et de l'Urbanisme moderne, Editions du Seuil, 1986, tome 1, p.180.
  5. Ragon, op.cit., p.25.
  6. Caquot/Leibovici, op. cit., p. XIII.
  7. Lucien Lévy-Bruhl, La Mentalité Primitive, Editions Retz- C.E.P.L., (1922), 1976. 102-151.
  8. Lucien Lévy-Brhul, Chapitre V. pp. 145 sq.
  9. Nous faisons remarquer que cette "parade" est effectuée aussi par les romains.


* * *



Haut de page



Introduction à la cinémancie



Liste des mots - Liste des films - Liste des réalisateurs