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Stalker

4 478 octets ajoutés, 12 décembre 2012 à 19:35
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======Le puits : Recueil d’infiltration======
 
 
Voilà donc "la vérité" de l'Écrivain ou sa contradiction, et par prolongement la vérité sur la création proprement dite. L'éternelle question : vivre pour créer ou créer pour vivre ? Devant le puits, l'Écrivain a compris que la création aussi a besoin de "hauts-fourneaux". Ici, le puits est renversé, il plonge indéfiniment dans une terre sans fin. En général, un puits sert à recueillir les eaux d'infiltration ou alors à l'exploitation d'un gisement. Pour l'Écrivain il s'agit des infiltrations de la "liqueur de l'inspiration" ou des gisements de l'inspiration. Par ailleurs, la présence de ce long "anneau noir" dans le bunker suggère une laisse gigantesque. L'Écrivain souhaiterait y être attaché, comme le Stalker, par le cou. D'ailleurs, au plan 116, l'Écrivain épuisé par le voyage va s'allonger près du puits, en position fœtale. Il surnage dans une eau entourant le puits. Le fond et la forme se rejoignent.
 
Par ailleurs, il faut situer le plan du puits qui succède en fait à la séquence du tunnel ([[#ancre_96|plans 96]] à 110.) C'est un autre développement "plan à plan". C'est ici un développement purement plastique : le tunnel incurvé, horizontal et le puits droit, vertical. L'Écrivain jette une pierre dans le puits, et devant le tunnel, puisque le tirage au sort le désigne pour aller en premier dans le tunnel, qui est en fait le "hachoir". Il demande au Stalker de lui jeter une bandelette lestée, pour lui indiquer le chemin. Le Stalker n'en avait plus, il cherche autour de lui et trouve une grosse pierre qu'il jette rapidement en refermant violemment la porte. (Cf. '''[[#ancre_97cp|Photogramme - 59.]]''')
 
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======L’Écrivain est-il un saint homme ?======
 
 
A travers ces plans, nous pouvons aussi déduire que l'Écrivain devient en quelque sorte un Stalker. En effet, dans le tunnel, c'est l'Écrivain qui va guider les autres, comme d'ailleurs il va les guider aussi dans le bunker. Il reste enfin, dans ce registre un fait qui a eu lieu au plan 69. En effet, le Stalker et l'Écrivain veulent traverser une corniche étroite surplombant un précipice. L'Écrivain décontracté dit au Stalker : "Rappelez-vous que Saint-Pierre faillit se noyer." <ref> "Seigneur, sauve-moi." alors qu'il commence à s'enfoncer dans les flots. (Mathieu XIV, 22-23.) Cf. '''Gerstenkorn et Strudel''', ''Etudes Cinématographiques,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'',p. 86.</ref> Le Stalker laisse tomber un écrou. Long temps de silence avant le son de chute dans l'eau (en voix-off), il dit à l'Écrivain : " Allez-y l'Écrivain." <ref>Cette citation peut être considérée à la lettre comme un [[clédon]]. Elle peut signifier "Allez-y, l'Écrivain, devenez Saint Pierre." Est-ce l’Écrivain va devenir "un saint homme" ? Après le tunnel-hachoir, il se métamorphose, et porte le substitut de la couronne d'épines, qui exprime finalement le portement de la souffrance du groupe. Enfin, devant la chambre des désirs, il n'exprimera pas le désir d'entrer, à une nuance près, que nous verrons à ce moment. </ref> Le temps de silence avant le son de la chute de l'écrou exprime la distance. L'écrou devient un agent qui mesure une distance importante et dangereuse (comme au plan 116). Dans les deux plans 69 et 116, les cadrages sont en plan rapproché sur les personnages. Dans les deux cas, on peut dire, "qu'on regarde avec nos oreilles". Ainsi la monumentalité est suggérée par le vide, par une audition du vide. Et, à ce moment-là le Professeur disparaît. <ref>Ainsi, nous pouvons considérer cet aspect (l'[[objet]] qui suggère la distance) comme un épiphénomène. Au [[Trébuchement#ancre_69|plan 69]], le Professeur disparaît. Mais est-ce qu'on peut dire de même pour le plan 116 ? Qu'une partie de l'Écrivain a disparu ? Une partie non sanctifiée ? </ref> Toutefois, nous devons remarquer pour conclure, que le son exprime en définitive, la "personnalité" des protagonistes : un bruit alternatif, court et sec ou long et aquatique (ambivalence du Stalker) ; un bruit en écho et sans fond (l'Écrivain) ; un bruit "mou" et imperceptible (allusion au [[Sac#Première apparition du sac à dos du Professeur|sac du Professeur]]). Mais dans ces cas spécifiques, nous ne sommes plus dans un registre [[Thèse:Résumé|cinémantique]], mais plutôt dans un registre "[[phonomantique]]".
 
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