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Stalker

3 279 octets ajoutés, 14 novembre 2012 à 13:25
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======Le son du puits ======
 
 
La bande-son du film est particulièrement importante. <ref>Cf. '''Gestenkorn et Strudel,''' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 97 ; '''J. Mitry''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', tome 2, "La Parole et le son", pp. 87-176. </ref> Elle participe pleinement à l'émergence d'une partie poétique du film. Plus encore, elle ancre le film dans une dimension profonde. Elle est, si l'on ose dire, sa quatrième dimension. [[Tarkovski Andreï|Andreï Tarkovski]] dit qu'en fin de compte seule la course-poursuite constitue le côté science-fiction de la nouvelle des Strougatski. <ref>'''Andreï Tarkovski''', ''Dossier Positif-Rivage,'' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'' </ref>
 
Le plus bel exemple de l'invocation de cette "quatrième dimension" au sens figuré et au sens réel se trouve au plan 116b. En effet, ce n'est que longtemps après que nous entendons un premier impact de la pierre contre les parois du puits. L'Écrivain s'assied au bord du puits, et nous entendons un second bruit qui provient du puits.
 
Andreï Tarkovski a un goût prononcé pour la profondeur de champ. Elle est souvent dédoublée par l'utilisation de panoramique ou par une vue en plongée, comme la scène avec le [[Ballon (aérospatiale)|ballon]] dans le prologue d'''[[Andreï Roublev]]''. Ici, nous avons la profondeur invisible du sol, c'est-à-dire la profondeur du puits, comme si la pierre "crevait", littéralement, "le plancher de l'image". D'autre part, la reconversion tarkovskienne s'enchaîne comme il se doit par la parole, autre élément de la bande-son. L'Écrivain assis au bord du puits, en attente, au bord du "gouffre de l'inspiration", commence un long monologue : "''Encore une expérience. Les expériences, les faits… Mais les faits n'existent pas, ici surtout. (…) Quel foutu écrivain suis-je, si je hais l'écriture ? Écrire, c'est un supplice, une humiliation, comme s'extirper des hémorroïdes. (…) Je pensais les changer, c'est moi qu'on a changé (…) Autrefois l'avenir était le prolongement du présent… A présent l'avenir se confond avec le présent. Sont-ils prêts à cela ? Ils ne veulent rien savoir, ils ne font que s'empiffrer !'' " C'est face à la caméra, face au monde, que l'Écrivain dévoile à haute voix ses pensées <ref> Qui sont peut-être les pensées même d' Andreï Tarkovski, ce qui explique le fait que l'Écrivain parle face au "monde". Souvent un auteur parle par l'intermédiaire de ses acteurs. Comme dans le prologue du ''[[Miroir (Le)|Miroir]]''. </ref> : il est venu dans la Zone, parce qu'il avait perdu l'inspiration, cela nous le savons dès les présentations, au bar, au [[#ancre_16a|plan 16a.]] <ref>- L'Écrivain : (Au Professeur.) "''Quel besoin avez-vous de la Zone ?'' "<br/>
- Le Professeur : " ''D'une certaine façon, je suis un savant. Et vous, quel besoin en avez-vous ?''<br/>
- L'Écrivain : " ''J'ai perdu l'inspiration…''"<br/>
- Le Professeur : " ''Alors, votre plume est tarie ?'' </ref> A présent, (plan 116) l'Écrivain est devant un "puits tari", un puits qui ne lui livre que l'écho de son vide, d'un long vide. De plus, il cherchait "l'inspiration vénale", au [[#ancre_85|plan 85.]]
 
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