« Stalker » : différence entre les versions

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Voilà que le Stalker devient [[Superstition|superstitieux]] (…) : "Le faux pas, qui contrarie l'ordre des choses, symbolise un obstacle tout en mettant dans une posture délicate, passe généralement pour un mauvais présage. L'origine de cette croyance remonterait à un temps où le manque de tenue, même involontaire, était très sévèrement jugée. (…) Trébucher en partant en voyage ou en débutant une entreprise devrait inciter à modifier ses projets." <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 1728. Par ailleurs, cf., '''J. Donner''', dans ''La Nuit des forains'' (1953) Frost (le clown) dans l'eau qui trébuche devant Alma et les officiers. Ces derniers ont défiés Alma de se baigner nue avec eux. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|Op. cit.]]'', p. 49. </ref>
Voilà que le Stalker devient [[Superstition|superstitieux]] (…) : "Le faux pas, qui contrarie l'ordre des choses, symbolise un obstacle tout en mettant dans une posture délicate, passe généralement pour un mauvais présage. L'origine de cette croyance remonterait à un temps où le manque de tenue, même involontaire, était très sévèrement jugée. (…) Trébucher en partant en voyage ou en débutant une entreprise devrait inciter à modifier ses projets." <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 1728. Par ailleurs, cf., '''J. Donner''', dans ''La Nuit des forains'' (1953) Frost (le clown) dans l'eau qui trébuche devant Alma et les officiers. Ces derniers ont défiés Alma de se baigner nue avec eux. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|Op. cit.]]'', p. 49. </ref>


Soulignons le fait qu'au [[#ancre_15|plan 15]], lorsque l'Écrivain accompagne le Stalker au bar, il monte les marches de l'escalier, glisse et tombe un genou à terre, il dit en râlant : "''C'est plein de flotte ici.''" A ce moment-là, le Stalker ne dit rien. Ce n'est que dans la Zone qu'il est attentif aux gestes de ces compagnons.
<span id="ancre_geste2"></span>Soulignons le fait qu'au [[#ancre_15|plan 15]], lorsque l'Écrivain accompagne le Stalker au bar, il monte les marches de l'escalier, glisse et tombe un genou à terre, il dit en râlant : "''C'est plein de flotte ici.''" A ce moment-là, le Stalker ne dit rien. Ce n'est que dans la Zone qu'il est attentif aux gestes de ces compagnons.


Le trébuchement du Professeur nous relie au sac. Car c'est le moment où il le perd, et en le perdant, il perd son vœu le plus cher : détruire "la chambre des désirs". Non seulement le Professeur va défaillir (en ne voulant plus s'engager dans la Zone), il va aussi disparaître. Mais pas pour longtemps, puisqu'il réapparaît au plan 74.  
Le trébuchement du Professeur nous relie au sac. Car c'est le moment où il le perd, et en le perdant, il perd son vœu le plus cher : détruire "la chambre des désirs". Non seulement le Professeur va défaillir (en ne voulant plus s'engager dans la Zone), il va aussi disparaître. Mais pas pour longtemps, puisqu'il réapparaît au plan 74.  
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Par ailleurs, cette ordalie est doublée d'un [[présage]], comme le "présage-ordalie" ou "présage-épreuve" conté par Apollonios de Rhodes dans les Argonautiques (III, 317sq.) (…) : "Les Argonautes arrivent devant les Symplégades, roches au choc meurtrier, écueil mobile qui barre l'entrée du Bosphore. (…) Sur les conseils du devin aveugle Phinée, ils lâchent une [[colombe]]. Si elle arrive à passer, ils passeront eux aussi. Cette épreuve provoquée, ce présage-ordalie est sans recours. (…) Le sort des hommes est inscrit dans celui de la colombe qui le préfigure et le détermine. En fait, le passage du navire va répéter exactement le vol de l'oiseau. Celui-ci arrive à franchir la passe mais les rochers se referment et pincent les plumes les plus longues de sa queue. De même façon, le navire qui s'est lancé entre les écueils quand ceux-ci se furent écartés de nouveau parvient à passer mais sa poupe fut endommagée comme l'avait été la queue de la colombe. Le vol de l'oiseau avait ainsi préfiguré et même déterminé le destin des hommes. Il y a là un lien de causalité primitive qui est obscurci chez les auteurs classiques et naturellement dans notre vision mais que l'étude comparative permet de discerner clairement. De la même façon, les oracles grecs déterminaient et créaient l'avenir annoncé par eux." <ref>'''Raymond Bloch''', ''La divination dans l'Antiquité'' , P.U.F. 1984, p. 14sq.  </ref> Comme par ailleurs, l'écrit L. Lévy-Bruhl, l'analyse des faits recueillis chez les primitifs peut jeter une nouvelle lumière sur les présages dans les sociétés classiques et mieux les faire comprendre. <ref>'''L. Lévy-Bruhl''', ''La mentalité primitive'', Paris, 1922, p. 125.  </ref> Le fait que l'allumette soit entière, préfigure "le succès" de l'écrivain. Lui aussi, sera entier. Enfin, un geste significatif est encore à retenir. Au moment où l'Écrivain scrute attentivement le tunnel, il porte l'allumette à sa bouche, comme pour une paisible promenade. (Cf. '''Photogramme – 58.''')
Par ailleurs, cette ordalie est doublée d'un [[présage]], comme le "présage-ordalie" ou "présage-épreuve" conté par Apollonios de Rhodes dans les Argonautiques (III, 317sq.) (…) : "Les Argonautes arrivent devant les Symplégades, roches au choc meurtrier, écueil mobile qui barre l'entrée du Bosphore. (…) Sur les conseils du devin aveugle Phinée, ils lâchent une [[colombe]]. Si elle arrive à passer, ils passeront eux aussi. Cette épreuve provoquée, ce présage-ordalie est sans recours. (…) Le sort des hommes est inscrit dans celui de la colombe qui le préfigure et le détermine. En fait, le passage du navire va répéter exactement le vol de l'oiseau. Celui-ci arrive à franchir la passe mais les rochers se referment et pincent les plumes les plus longues de sa queue. De même façon, le navire qui s'est lancé entre les écueils quand ceux-ci se furent écartés de nouveau parvient à passer mais sa poupe fut endommagée comme l'avait été la queue de la colombe. Le vol de l'oiseau avait ainsi préfiguré et même déterminé le destin des hommes. Il y a là un lien de causalité primitive qui est obscurci chez les auteurs classiques et naturellement dans notre vision mais que l'étude comparative permet de discerner clairement. De la même façon, les oracles grecs déterminaient et créaient l'avenir annoncé par eux." <ref>'''Raymond Bloch''', ''La divination dans l'Antiquité'' , P.U.F. 1984, p. 14sq.  </ref> Comme par ailleurs, l'écrit L. Lévy-Bruhl, l'analyse des faits recueillis chez les primitifs peut jeter une nouvelle lumière sur les présages dans les sociétés classiques et mieux les faire comprendre. <ref>'''L. Lévy-Bruhl''', ''La mentalité primitive'', Paris, 1922, p. 125.  </ref> Le fait que l'allumette soit entière, préfigure "le succès" de l'écrivain. Lui aussi, sera entier. Enfin, <span id="ancre_geste3"></span>un geste significatif est encore à retenir. Au moment où l'Écrivain scrute attentivement le tunnel, il porte l'allumette à sa bouche, comme pour une paisible promenade. (Cf. '''[[#ancre_97bp|Photogramme – 58.]]''')




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- Stalker : ''J’ai toujours peur de choisir. '' (La sonnerie continue de retentir.) ''C’est terrible de se tromper.  ''(L’Ecrivain se précipite machinalement sur le téléphone.) ''Mais il faut bien un premier.''  <br/>
- Stalker : ''J’ai toujours peur de choisir. '' (La sonnerie continue de retentir.) ''C’est terrible de se tromper.  ''(L’Ecrivain se précipite machinalement sur le téléphone.) ''Mais il faut bien un premier.''  <br/>
- L’Écrivain : (le combiné à l’oreille) ''Non, ce n’est pas une clinique !'' (Il raccroche et il s’approche du Stalker '' « Un premier » ! voyez-vous ça !  ''  <br/>  
- L’Écrivain : (le combiné à l’oreille) ''Non, ce n’est pas une clinique !'' (Il raccroche et il s’approche du Stalker '' « Un premier » ! voyez-vous ça !  ''  <br/>  
Le Professeur esquisse le geste d’aller prendre le combiné.<br/>
<span id="ancre_geste4"></span>Le Professeur esquisse le geste d’aller prendre le combiné.<br/>
- Stalker : ''Ne touchez pas !  ''»  
- Stalker : ''Ne touchez pas !  ''»  


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- L’Écrivain : « ''Moi ? je ne veux pas.  '' <br/>  
- L’Écrivain : « ''Moi ? je ne veux pas.  '' <br/>  
- Stalker : (off) ''Je sais, ce n’est pas si facile. Ne craignez rien, ça passera.  '' <br/>
- Stalker : (off) ''Je sais, ce n’est pas si facile. Ne craignez rien, ça passera.  '' <br/>
- L’Écrivain : ''Cela m’étonnerait… que ça passe…  '' (Il avance face caméra.) '' D’abord, en me souvenant de ma vie. Je ne deviendrais pas meilleur. Et puis, ne sens-tu pas à quel point… à tel point, c’est… bas ?  '' (De dos, il s’avance vers les deux hommes en jetant la couronne d’épine. Il ramasse un caillou au pied du Stalker, le jette dans un geste désœuvrement. Derrière eux, le Professeur fouille dans son sac.) '' S’abaisser, pleurnicher, prier ?  ''  <br/>  
- L’Écrivain : ''Cela m’étonnerait… que ça passe…  '' (Il avance face caméra.) '' D’abord, en me souvenant de ma vie. Je ne deviendrais pas meilleur. Et puis, ne sens-tu pas à quel point… à tel point, c’est… bas ?  '' (De dos, il s’avance vers les deux hommes en jetant la couronne d’épine. <span id="ancre_geste5"></span>Il ramasse un caillou au pied du Stalker, le jette dans un geste de désœuvrement. Derrière eux, le Professeur fouille dans son sac.) '' S’abaisser, pleurnicher, prier ?  ''  <br/>  
- Stalker : ''Quel mal y a-t-il dans la prière ? Vous dites ça par orgueil. Calmez-vous, vous n’êtes pas encore prêt, ça arrive assez souvent.  '' (Au Professeur) '' Voulez-vous passer le premier ? ''  (Le Professeur s’avance vers eux.)<br/>
- Stalker : ''Quel mal y a-t-il dans la prière ? Vous dites ça par orgueil. Calmez-vous, vous n’êtes pas encore prêt, ça arrive assez souvent.  '' (Au Professeur) '' Voulez-vous passer le premier ? ''  (Le Professeur s’avance vers eux.)<br/>
- Le Professeur : '' Moi !  '' (Il retourne vers son sac. Il en sort un objet cylindrique.)<br/>
- Le Professeur : '' Moi !  '' (Il retourne vers son sac. Il en sort un objet cylindrique.)<br/>
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'''<span id="ancre_133">Plan</span> 133''' :  ''2h 17' 01"'' : Plan de demi-ensemble vu de l’intérieur du bar au travers de l’encadrement de la porte en verre. C’est un plan en barrage, comme au [[#ancre_120bp|plan 120b]]. La femme du Stalker est dehors avec sa petite fille. Elle l’aide à enlever ses béquilles et à s’asseoir sur un banc. <ref>Nous avons vu les béquilles au [[#ancre_5p|plan 5]], et nous avons entendu l’Écrivain en parler, au [[#ancre_85p|plan 85]].</ref> Au fond de l’image une brume épaisse enveloppe des bâtiments d’usine et des cheminées d’une centrale nucléaire. (Cf. '''Photogramme – 81.''') La femme s’avance, attache ses lacets, monte les quelques marches, et entre à l’intérieur, face à la caméra. Elle se passe une main dans les cheveux. <ref>L’Écrivain effectuera ce geste deux fois : au [[#ancre_14|plans 14]] et [[#ancre_60|60]] </ref>  
'''<span id="ancre_133">Plan</span> 133''' :  ''2h 17' 01"'' : Plan de demi-ensemble vu de l’intérieur du bar au travers de l’encadrement de la porte en verre. C’est un plan en barrage, comme au [[#ancre_120bp|plan 120b]]. La femme du Stalker est dehors avec sa petite fille. Elle l’aide à enlever ses béquilles et à s’asseoir sur un banc. <ref>Nous avons vu les béquilles au [[#ancre_5p|plan 5]], et nous avons entendu l’Écrivain en parler, au [[#ancre_85p|plan 85]].</ref> Au fond de l’image une brume épaisse enveloppe des bâtiments d’usine et des cheminées d’une centrale nucléaire. (Cf. '''Photogramme – 81.''') La femme s’avance, attache ses lacets, monte les quelques marches, et entre à l’intérieur, face à la caméra. <span id="ancre_geste6"></span>Elle se passe une main dans les cheveux. <ref>L’Écrivain effectuera ce geste deux fois : au [[#ancre_14|plans 14]] et [[#ancre_60|60]] </ref>  


'''<span id="ancre_134">Plan</span> 134''' :  ''2h 17' 47"'' : Les trois hommes sont accoudés à la table haute. Le Stalker donne à manger au chien noir de la Zone, qui se trouve dans l’un des encadrements de fenêtre. Le barman apparaît dans le fond, il regarde face caméra, en direction de la femme en hors champ. Il allume une cigarette. Le Professeur et l’Écrivain s’aperçoivent aussi de la présence de la femme. La femme avance vers les trois hommes.
'''<span id="ancre_134">Plan</span> 134''' :  ''2h 17' 47"'' : Les trois hommes sont accoudés à la table haute. Le Stalker donne à manger au chien noir de la Zone, qui se trouve dans l’un des encadrements de fenêtre. Le barman apparaît dans le fond, il regarde face caméra, en direction de la femme en hors champ. Il allume une cigarette. Le Professeur et l’Écrivain s’aperçoivent aussi de la présence de la femme. La femme avance vers les trois hommes.

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