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''' <span id="ancre_147">Plan</span> 147-5 :''' '' 1h 11' 32''" : Tout à coup, apparaît, dans le coin gauche de l'image, un point noir qui grossit rapidement, et qui avance en oblique en direction des deux peintres. C'est un cavalier sur un cheval noir qui galope à toute vitesse. Il arrive à la hauteur des deux peintres, sans ralentir. (Cf. '''Photogramme - Chemin.''' ) | ''' <span id="ancre_147">Plan</span> 147-5 :''' '' 1h 11' 32''" : Tout à coup, apparaît, dans le coin gauche de l'image, un point noir qui grossit rapidement, et qui avance en oblique en direction des deux peintres. C'est un cavalier sur un cheval noir qui galope à toute vitesse. Il arrive à la hauteur des deux peintres, sans ralentir. (Cf. '''Photogramme - Chemin.''' ) | ||
<span id="ancre_147p"></span>[[Fichier: Doute_Andreïroublev_Tarlovsky_plan0147_cavaliernoir_1600p.jpg|400px|thumb|right| '''Photogramme - Chemin''' :''Andreï Roublev'', '''plan 147. ''' Le cavalier noir avance rapidement vers les deux peintres, pour disparaître aussitôt.]] | <span id="ancre_147p"></span>[[Fichier: Doute_Andreïroublev_Tarlovsky_plan0147_cavaliernoir_1600p.jpg|400px|thumb|right| '''Photogramme - Chemin''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''plan 147. ''' Le cavalier noir avance rapidement vers les deux peintres, pour disparaître aussitôt.]] | ||
''' <span id="ancre_148">Plan</span> 148-6 :''' '' 1h 12' 25''" : La caméra pivote de 90 degrés de gauche à droite et suit le cavalier qui file en oblique vers le coin droit de l'image. Nous devons nous arrêter sur cet étrange cavalier qui file comme l'éclair. Quelle est sa place dans ce contexte ? Pourquoi ce rappel au [[cheval]] noir ? De plus la question ne concerne pas uniquement le cheval, mais aussi le carrefour. <ref>(...) "Le carrefour est un germes de routes qui fusent vers ailleurs." J. Epstein, tome 1, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', p. 87. </ref> Ici ; nous avons plus précisément à faire à une intersection dite en patte d'oie, ce qui semble avoir encore une autre signification. En ce qui concerne le terme carrefour, il est formé des mots carré et four. Ils expriment, dans leur sens immédiat, le four qui évoque la chaleur, la forge, les forgerons, les métallurgistes. Son sens étymologique dérive du latin "quadrifurcum", composé de "quadrus" (à quatre côtés) et de "furcum" (fourche). C'est un sens quasi topographique, exactement comme aux plans 147-148. Ce qui est troublant dans un carrefour, c'est que : (…) "Dans la mythologie grecque, Hécate, divinité des ténèbres, pouvait prendre la forme soit d'une jument, soit d'un chien. Elle hantait les carrefours suivie d'une meute infernale." <ref>'''E. Pike Royston''', ''Dictionnaire des religions'', adaptation française de Serge Hutin, Paris, 1954. </ref> Le cavalier noir exprime-t-il les idées négatives de Roublev ? Ne serait-il pas plutôt la nouvelle direction que Roublev choisit ? Et dans ce cas, le cheval noir ne représente-t-il pas, de nouveau l'âme libre de Roublev ? Ainsi nous nous apercevons, comme nous l'avons dit, que nous entrons dans des "canaux de significations". Il faut voir où exactement dans le dialogue entre les deux peintres le cavalier surgit. La dernière phrase de Roublev est : "''je ne peux pas Daniel.''" C'est à ce moment-là qu'on aperçoit le point noir qui va grossir pour devenir un cavalier éclair. Rappelons-nous les plans du Bouffon quand les trois moines, vus à travers la lucarne, étaient des points minuscules ou quand le bouffon était couché sur le dos d'un cheval. C'est donc la troisième fois dans le film que Tarkovski utilise ce procédé. Pourquoi ? La première raison qui s'impose c'est que le réalisateur effectue un choix poétique dans l'animation de l'image cinématographique. Comme pour la lucarne, le contraste fort entre le loin et le tout près, suggère l'idée de distance qui sépare le religieux du profane. En revanche dans le plan 147, l'idée est plus ambiguë, donc plus riche encore. Il nous semble qu'elle propose l'idée du doute qui, de plus est, s'effectue sur un carrefour, aux prémices de nouvelles directions. Et la première phrase que Daniel dit en réponse à Roublev, tout de suite après la disparition du cavalier noir : "''Pourquoi n'as-tu pas protesté à Moscou ? Il ne fallait pas accepter. Ce n'est pas honnête.''<br/> | ''' <span id="ancre_148">Plan</span> 148-6 :''' '' 1h 12' 25''" : La caméra pivote de 90 degrés de gauche à droite et suit le cavalier qui file en oblique vers le coin droit de l'image. Nous devons nous arrêter sur cet étrange cavalier qui file comme l'éclair. Quelle est sa place dans ce contexte ? Pourquoi ce rappel au [[cheval]] noir ? De plus la question ne concerne pas uniquement le cheval, mais aussi le carrefour. <ref>(...) "Le carrefour est un germes de routes qui fusent vers ailleurs." J. Epstein, tome 1, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', p. 87. </ref> Ici ; nous avons plus précisément à faire à une intersection dite en patte d'oie, ce qui semble avoir encore une autre signification. En ce qui concerne le terme carrefour, il est formé des mots carré et four. Ils expriment, dans leur sens immédiat, le four qui évoque la chaleur, la forge, les forgerons, les métallurgistes. Son sens étymologique dérive du latin "quadrifurcum", composé de "quadrus" (à quatre côtés) et de "furcum" (fourche). C'est un sens quasi topographique, exactement comme aux plans 147-148. Ce qui est troublant dans un carrefour, c'est que : (…) "Dans la mythologie grecque, Hécate, divinité des ténèbres, pouvait prendre la forme soit d'une jument, soit d'un chien. Elle hantait les carrefours suivie d'une meute infernale." <ref>'''E. Pike Royston''', ''Dictionnaire des religions'', adaptation française de Serge Hutin, Paris, 1954. </ref> Le cavalier noir exprime-t-il les idées négatives de Roublev ? Ne serait-il pas plutôt la nouvelle direction que Roublev choisit ? Et dans ce cas, le cheval noir ne représente-t-il pas, de nouveau l'âme libre de Roublev ? Ainsi nous nous apercevons, comme nous l'avons dit, que nous entrons dans des "canaux de significations". Il faut voir où exactement dans le dialogue entre les deux peintres le cavalier surgit. La dernière phrase de Roublev est : "''je ne peux pas Daniel.''" C'est à ce moment-là qu'on aperçoit le point noir qui va grossir pour devenir un cavalier éclair. Rappelons-nous les plans du Bouffon quand les trois moines, vus à travers la lucarne, étaient des points minuscules ou quand le bouffon était couché sur le dos d'un cheval. C'est donc la troisième fois dans le film que Tarkovski utilise ce procédé. Pourquoi ? La première raison qui s'impose c'est que le réalisateur effectue un choix poétique dans l'animation de l'image cinématographique. Comme pour la lucarne, le contraste fort entre le loin et le tout près, suggère l'idée de distance qui sépare le religieux du profane. En revanche dans le plan 147, l'idée est plus ambiguë, donc plus riche encore. Il nous semble qu'elle propose l'idée du doute qui, de plus est, s'effectue sur un carrefour, aux prémices de nouvelles directions. Et la première phrase que Daniel dit en réponse à Roublev, tout de suite après la disparition du cavalier noir : "''Pourquoi n'as-tu pas protesté à Moscou ? Il ne fallait pas accepter. Ce n'est pas honnête.''<br/> | ||
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Il nous semble qu'à partir de là, nous commençons à discerner le sujet du [[doute]] qui tiraille Roublev. A cette époque, les peintures étaient destinées à décorer l'intérieur d'une église. Dans notre [[Andreï Roublev#Aperçu biographique du peintre Andreï Roublev |biographie sur Roublev]], l'expression que nous avons utilisée est "décoration", dans le sens d'ornementation. Or, quand il dit : "''ça me répugne de peindre ces choses,''" cela peut bien signifier qu'il a une répugnance pour le sujet : le Jugement Dernier, les damnés, les élus, etc. Mais rien non plus ne nous empêche de voir une répugnance à "l'objet" : décorer l'intérieur d'une église, dans la mesure ou il faut glorifier le Grand Prince. De plus, Roublev est, en fait, déjà sur la voie de l'innovation dans la création picturale. Une image révélatrice de ce don se trouve dans le plan 161 dans la 3ème partie de cet épisode. (Cf. '''Photogramme – Peinture.''') | Il nous semble qu'à partir de là, nous commençons à discerner le sujet du [[doute]] qui tiraille Roublev. A cette époque, les peintures étaient destinées à décorer l'intérieur d'une église. Dans notre [[Andreï Roublev#Aperçu biographique du peintre Andreï Roublev |biographie sur Roublev]], l'expression que nous avons utilisée est "décoration", dans le sens d'ornementation. Or, quand il dit : "''ça me répugne de peindre ces choses,''" cela peut bien signifier qu'il a une répugnance pour le sujet : le Jugement Dernier, les damnés, les élus, etc. Mais rien non plus ne nous empêche de voir une répugnance à "l'objet" : décorer l'intérieur d'une église, dans la mesure ou il faut glorifier le Grand Prince. De plus, Roublev est, en fait, déjà sur la voie de l'innovation dans la création picturale. Une image révélatrice de ce don se trouve dans le plan 161 dans la 3ème partie de cet épisode. (Cf. '''Photogramme – Peinture.''') | ||
<span id="ancre_161p"></span> [[Fichier:Peinture_Icône_Andreïroublev_Tarlovsky_plan0149_1600p.jpg|400px|thumb|right|'''Photogramme - Peinture''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan 161'''. Andreï Roublev dessinant d'esprit, sans modèle, un saint terrassant un dragon. ]] | <span id="ancre_161p"></span> [[Fichier:Peinture_Icône_Andreïroublev_Tarlovsky_plan0149_1600p.jpg|400px|thumb|right|'''Photogramme - Peinture''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 161'''. Andreï Roublev dessinant d'esprit, sans modèle, un saint terrassant un dragon. ]] | ||