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<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:attentep1_Tarkovski_lemiroir_plan6_barriere_1400.jpg|300px|thumb|right| : ''[[Miroir (Le)|Le Miroir]]'', '''Plan 25'''.  Maroussia assise sur la clôture en bois en fumant une [[cigarette]]. ]]
<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:attentep1_Tarkovski_lemiroir_plan6_barriere_1400.jpg|300px|thumb|right| ''[[Miroir (Le)|Le Miroir]]'', '''Plan 25'''.  Maroussia assise sur la clôture en bois en fumant une [[cigarette]]. ]]


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''' <span id="ancre_30">Plan</span>  6 :''' '' 05' 24''&quot; : Une jeune femme interprète un double rôle : celui de Maroussia, mère d'Alexeï (Aliocha), le narrateur du film, et celui de Natalia, épouse d'Alexeï et mère d'Ignat qui est le fils du narrateur. C'est Maroussia qui est assise sur une [[clôture]] en bois à l'allure incertaine et branlante. Elle fume une [[cigarette]]. Elle regarde au loin vers des étendues de champs verdoyants. Panoramique général. D'emblée, deux éléments de la thématique tarkovskienne sont annoncés: l'attente et la limite <ref>Cf. '''G. Deleuze,''' ''L'Image-Mouvement'', Les Éditions de Minuit, Paris, 1983. pp. 25 ; 254. </ref> (la clôture). (Cf. [[#ancre_1|Photogramme – Attente 1]])
''' <span id="ancre_6">Plan</span>  6 :''' '' 05' 24''&quot; : Une jeune femme interprète un double rôle : celui de Maroussia, mère d'Alexeï (Aliocha), le narrateur du film, et celui de Natalia, épouse d'Alexeï et mère d'Ignat qui est le fils du narrateur. C'est Maroussia qui est assise sur une [[clôture]] en bois à l'allure incertaine et branlante. Elle fume une [[cigarette]]. Elle regarde au loin vers des étendues de champs verdoyants. Panoramique général. D'emblée, deux éléments de la thématique tarkovskienne sont annoncés: l'attente et la limite <ref>Cf. '''G. Deleuze,''' ''L'Image-Mouvement'', Les Éditions de Minuit, Paris, 1983. pp. 25 ; 254. </ref> (la clôture). (Cf. [[#ancre_1|Photogramme – Attente 1]])




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====La souffrance de l’Attente====
====La souffrance de l’Attente====


''' <span id="ancre_30">Plan</span>  1 :''' '' 00' 00''&quot; : (1er flash-back.) Une image en noir et blanc. Un paysage brumeux, vaporeux, comme s'il désignait une autre époque, un autre âge, les voiles d'un autre temps. Quatre personnages avancent au centre de l'image. Le temps du passage du générique, ils descendent une pente. Ils restent debout, presque immobiles, figés sur place, incapables de se mouvoir. Comme dans un [[rêve]] ? C'est un rêve. (Cf. '''Photogramme – Attente 2''')
''' <span id="ancre_1nos">Plan</span>  1 :''' '' 00' 00''&quot; : (1er flash-back.) Une image en noir et blanc. Un paysage brumeux, vaporeux, comme s'il désignait une autre époque, un autre âge, les voiles d'un autre temps. Quatre personnages avancent au centre de l'image. Le temps du passage du générique, ils descendent une pente. Ils restent debout, presque immobiles, figés sur place, incapables de se mouvoir. Comme dans un [[rêve]] ? C'est un rêve. (Cf. '''Photogramme – Attente 2''')


<span id="ancre_1np"></span> [[Fichier:nostalghiap1.jpg|600px|thumb|center|  ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 1'''. Le prologue. Premier plan du film. Premier objectif du Poète Gortchakov : les retrouvailles avec sa famille. Notez en fait, le sentier qui mène au poteau, ce dernier n'a apparemment aucune raison d'être et de plus, il détermine deux espaces.]]
<span id="ancre_1np"></span> [[Fichier:nostalghiap1.jpg|600px|thumb|center|'''Photogramme – Attente 2.''' ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 1'''. Le prologue. Premier plan du film. Premier objectif du Poète Gortchakov : les retrouvailles avec sa famille. Notez en fait, le sentier qui mène au poteau, ce dernier n'a apparemment aucune raison d'être et de plus, il détermine deux espaces.]]




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''' <span id="ancre_3">Plan</span>  3 :''' '' 2' 26''&quot; : Passage à la couleur. Passage à un autre paysage, presque identique au prologue. (Cf. Photogramme – Arbre 10.) Une voiture (Volkswagen) s'arrête. La Traductrice, Eugenia sort du véhicule, elle dit en russe : "C'est un paysage extraordinaire… Cette lumière me rappelle l'automne à Moscou."[3] Son compagnon, le Poète Gortchakov, reste dans la voiture, et lui demande de parler en italien. Il restera d'ailleurs longtemps dans la voiture. La Traductrice s'éloigne dans les brumes en empruntant un petit sentier. Après quelques longues secondes d'hésitation, le Poète sort de la voiture en raillant : "J'en ai assez de ces beautés écœurantes."[4] C'est une phrase fracassante, contradictoire qui d'emblée installe (de nouveau) la qualité nostalgique du film : aucune beauté ne peut remplacer le sentiment du pays natal. Mais paradoxalement un fait souligne les deux plans (plans 1 et 3).
''' <span id="ancre_3">Plan</span>  3 :''' '' 2' 26''&quot; : Passage à la couleur. Passage à un autre paysage, presque identique au prologue. (Cf. [[Arbre#ancre_3p|Photogramme – Arbre]].) Une voiture (Volkswagen) s'arrête. La Traductrice, Eugenia sort du véhicule, elle dit en russe : "''C'est un paysage extraordinaire… Cette lumière me rappelle l'automne à Moscou.''"<ref>François Ramasse,dans son article sur Nostalghia, se trompe quand il écrit que c'est Gortchakov qui fait la remarque à propos de "la lumière", cela a pour conséquence de modifier son analyse. (Présenté par Michel Estève), Andreï Tarkovski, Études cinématographiques, N° 135-138, Éditions Lettres Modernes, Minard, Paris, 1983, p. 120. </ref> Son compagnon, le Poète Gortchakov, reste dans la voiture, et lui demande de parler en italien. Il restera d'ailleurs longtemps dans la voiture. La Traductrice s'éloigne dans les brumes en empruntant un petit sentier. Après quelques longues secondes d'[[hésitation]], le Poète sort de la voiture en raillant : "''J'en ai assez de ces beautés écœurantes.''"<ref> Pour sa part, Rainer Maria Rilke écrit : (...) "Car le beau n'est rien d'autre que ce début de l'horrible qu'à peine nous pouvons encore supporter.". "Denn das Schöne ist nichts als des Schrecklichen Anfang, den wir noch grade ertagen, und wir bewundern es so, ..." ''Élégies de Duino'', traduction de J. – P. Lefebvre, Poésie/Gallimard, Paris, (1912-1922) 1994, 1ère Élégie, vers 4,5, p. 29.</ref> C'est une phrase fracassante, contradictoire qui d'emblée installe (de nouveau) la qualité nostalgique du film : aucune beauté ne peut remplacer le sentiment du pays natal. Mais paradoxalement un fait souligne les deux plans (plans 1 et 3).


''' <span id="ancre_4">Plan</span> 4 :''' '' 5' 46''&quot; : La Traductrice entre dans une église. Des femmes voilées, agenouillées, prient. Un prêtre entre à gauche du cadre. Il s'adresse à la Traductrice, mais il parle face à la caméra.
''' <span id="ancre_4">Plan</span> 4 :''' '' 5' 46''&quot; : La Traductrice entre dans une église. Des femmes voilées, agenouillées, prient. Un prêtre entre à gauche du cadre. Il s'adresse à la Traductrice, mais il parle face à la caméra.
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- Le prêtre : "''Quand il y a quelqu'un de distrait, d'étranger à cette invocation, il ne se passe rien.''"<br/>
- Le prêtre : "''Quand il y a quelqu'un de distrait, d'étranger à cette invocation, il ne se passe rien.''"<br/>
- La Traductrice : "''Que devrait-il se passer ?''"<br/>
- La Traductrice : "''Que devrait-il se passer ?''"<br/>
- Le prêtre : "''Tout ce que tu veux, tout ce dont tu as besoin. Mais le "minimum" il faut te mettre à genoux''.
- Le prêtre : "''Tout ce que tu veux, tout ce dont tu as besoin. Mais le "[[Nostalghia#L'importance des objets : aspect de miniaturisation/monumentalisation |minimum]]" il faut te mettre à genoux''.


Les paroles du prêtre sonnent comme un oracle, non pas seulement pour la Traductrice, mais aussi, par extension pour les spectateurs en général. Cela explique l'attitude singulière du prêtre qui parle face à la caméra ou en contre- champ (hors-champ), c'est-à-dire au public. "Le minimum" du discours du prêtre est une donnée centrale du film. Car, quelques secondes plus tard,
Les paroles du prêtre sonnent comme un oracle, non pas seulement pour la Traductrice, mais aussi, par extension pour les spectateurs en général. Cela explique l'attitude singulière du prêtre qui parle face à la caméra ou en contre- champ (hors-champ), c'est-à-dire au public. "Le minimum" du discours du prêtre est une donnée centrale du film. Car, quelques secondes plus tard,


''' <span id="ancre_6">Plan</span> 6 :''' '' 5' 54''&quot; : la Traductrice tente la modeste position de la génuflexion. Elle pose son sac sur le sol, se courbe, mais en vain, elle n'arrive pas à se mettre à genoux.
''' <span id="ancre_6">Plan</span> 6 :''' '' 5' 54''&quot; : la Traductrice tente la modeste position de la [[génuflexion]]. Elle pose son sac sur le sol, se courbe, mais en vain, elle n'arrive pas à se mettre à genoux.


''' <span id="ancre_9">Plan</span> 9 :''' '' 8' 11''&quot; : La Traductrice décide de partir de l'église. Le prêtre lui dit : "Attends !" C'est un mot oraculaire. Plusieurs structures du film sont basées sur le concept de l'attente.[5] Celui-ci s'articule d'une part d'une manière spatiale, physique. Il est en ainsi par exemple au plan 1, l'attente des personnages dans le prologue, ou au long plan 31 (IVème épisode.), quand le poète après la visite "de la chambre sans fenêtre" s'assied sur le côté gauche du lit : la caméra l'encadre alors sans bouger presque deux minutes. Enfin, au plan 103b, l'attente est représentée lors du discours final du "Fou".[6] Il s'agit de l'étrange disposition en diagonale des personnes sur l'escalier monumentale, attendant l'immolation du "Fou". D'autre part, le concept d'attente s'articule d'une manière temporelle, morale : celle de la Traductrice, vis-à-vis du poète (plan 40 et le plan 72); celle du rêve du compositeur russe Sisnovski, dans sa lettre : "obligés de rester immobiles (plan 77) ; celle de Domenico "le Fou" : "il a gardé sa famille sous clé pendant sept ans, il attendait la fin du monde." (Plan 38.)
''' <span id="ancre_9">Plan</span> 9 :''' '' 8' 11''&quot; : La Traductrice décide de partir de l'église. Le prêtre lui dit : "Attends !" C'est un mot oraculaire. Plusieurs structures du film sont basées sur le concept de l'attente.<ref>Cf. '''J. Mitry,''' tome 2, la séquence de l'attente qui précède l'attaque des Chevaliers Teutoniques, dans Alexandre Nevsky, de S. Eisenstein, ''Esthétique et Psychologie du cinéma'', 2 volumes, P.U.F. 1963 et 1965, pp. 149-151. '''J. Donner''', ''Ingmar Bergman'', Editions Seghers, Paris, (1962) 1970, ''L'Attente des femmes'' (''Kvinnodröm Väntran'') p. 35 ; ''A travers le miroir'', 108. '''I. Lotman''', Attente de l'auditoire, ''Esthétique et sémiotique du cinéma'', traduit du russe par Sabine Breuillard, Editions sociales, Paris, 1977, p. 93. Cf. Internet : ''Apologie de l'attente'', '''Josianne Rigoli''' écrit : (...) "A force de vivre en accéléré, et de vouloir tout tout de suite, on se prive de l’essentiel : la capacité de forger son destin dans l’imaginaire. Sans attente, pas de rêves, pas de projets, la vie est plate. Et frustrante." </ref> Celui-ci s'articule d'une part d'une manière spatiale, physique. Il est en ainsi par exemple au [[#ancre_1np|plan 1]], l'attente des personnages dans le prologue, ou au long [[Chambre#ancre_31ap|plan 31]] (IVème épisode.), quand le poète après la visite "de la chambre sans fenêtre" s'assied sur le côté gauche du lit : la caméra l'encadre alors sans bouger presque deux minutes. Enfin, au [[Escalier#ancre_103bp|plan 103b]], l'attente est représentée lors du discours final du "Fou".<ref>"L'illuminé" dans le texte de présentation du film, c'est Domenico, nous l'appellerons "le Fou", car il est ainsi appelé dans le film. </ref>  Il s'agit de l'étrange disposition en diagonale des personnes sur l'escalier monumentale, attendant l'immolation du "Fou". D'autre part, le concept d'attente s'articule d'une manière temporelle, morale : celle de la Traductrice, vis-à-vis du poète (plan 40 et le [[Bougie#ancre_72|plan 72]]); celle du rêve du compositeur russe Sisnovski, dans sa lettre : "obligés de rester immobiles ([[#Le rêve de Sisnovski|plan 77]]) ; celle de Domenico "le Fou" : "il a gardé sa famille sous clé pendant sept ans, il attendait la fin du monde." ([[Résonance#ancre_38|Plan 38.]])


Ainsi, la question qui se pose est celle de savoir si la Nostalgie n'est pas une longue attente spatio-temporelle ? Nous verrons souvent, à cet effet, une composition de l'image en perspective classique avec un seul point de fuite.[7] Il faut dire que l'architecture des lieux le permet. La composition en perspective impose à l'image un équilibre latéral des masses, qui suggère une construction "en miroir". Toutefois, cette perspective est souvent arrêtée, "bouchée", elle n'ouvre pas l'espace vers l'infini, mais bien au contraire, elle arrête l'image sur un obstacle (des murs ou un escalier, pour les scènes dans le couloir de l'hôtel). Pourquoi ? Ne peut-on pas dire que le Poète est arrivé au terme de sa mission? Ne devient-il pas ainsi, confondu avec le point de fuite de la perspective fermée ? Cela ne contraint-il pas le regard à revenir ou à se fixer aux premiers plans ?
Ainsi, la question qui se pose est celle de savoir si la Nostalgie n'est pas une longue attente spatio-temporelle ? Nous verrons souvent, à cet effet, une composition de l'image en perspective classique avec un seul point de fuite.<ref>Comme la plupart des plans dans le hall de l'hôtel Palma : [[Passage#ancre_19|plans 19-24]], [[Rêve#ancre_75|76-77]], et surtout le dernier plan du film, le [[Maison#ancre_122|plan 122]], le Poète, le chien, la flaque d'eau et la maison du Poète, au centre du transept de la cathédrale en ruine. </ref>  Il faut dire que l'[[architecture]] des lieux le permet. La composition en perspective impose à l'image un équilibre latéral des masses, qui suggère une construction "en miroir". Toutefois, cette perspective est souvent arrêtée, "bouchée", elle n'ouvre pas l'espace vers l'infini, mais bien au contraire, elle arrête l'image sur un obstacle (des murs ou un escalier, pour les scènes dans le couloir de l'hôtel). Pourquoi ? Ne peut-on pas dire que le Poète est arrivé au terme de sa mission? Ne devient-il pas ainsi, confondu avec le point de fuite de la perspective fermée ? Cela ne contraint-il pas le regard à revenir ou à se fixer aux premiers plans ?


''' <span id="ancre_10a">Plan</span> 10a :''' '' 10' 17''&quot; : L'attente de la Traductrice n'a pas été vaine. D'abord elle voit passer la procession de la vierge. Ensuite elle assiste à un spectacle unique en son genre. Il s'agit d'une "ouverture symbolique" du ventre de la Vierge de la procession, dont va sortir "triomphalement", une nuée d'oiseaux, tout à coup extrêmement bruyants.[8] (Cf. Photogramme – Attente 3, plan 10b)
''' <span id="ancre_10a">Plan</span> 10a :''' '' 10' 17''&quot; : L'attente de la Traductrice n'a pas été vaine. D'abord elle voit passer la procession de la vierge. Ensuite elle assiste à un spectacle unique en son genre. Il s'agit d'une "ouverture symbolique" du ventre de la Vierge de la procession, dont va sortir "triomphalement", une nuée d'[[Oiseau|oiseaux]], tout à coup extrêmement bruyants.<ref>Cf. '''François Ramasse''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_2|op. cit.]]'', p. 125. </ref> (Cf. '''Photogramme – Attente 3, plan 10b''')


Nostalghia, d’Andreï Tarkovski .Photogramme – Attente 3 : plan 10b. Photogramme – Attente 3 :
Nostalghia,
Plan 10b.
La sortie triomphante des oiseaux des "entrailles" de la Vierge.


''' <span id="ancre_14">Plan</span> 14 :''' '' 11' 17''&quot; : Mieux encore, après ce spectacle-prodige, la Traductrice, stupéfaite, regarde s'étaler sur un autel chargé de dizaines de cierges, les plumes des oiseaux. (Cf. Photogramme – Attente 4)
<span id="ancre_10bp"></span> [[Fichier:attentep3.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Attente 3''' : ''Nostalghia'', '''Plan 10b'''.  La sortie triomphante des oiseaux des "entrailles" de la Vierge. ]]
 
''' <span id="ancre_14">Plan</span> 14 :''' '' 11' 17''&quot; : Mieux encore, après ce spectacle-prodige, la Traductrice, stupéfaite, regarde s'étaler sur un autel chargé de dizaines de cierges, les [[Plume|plumes]] des oiseaux. (Cf. '''Photogramme – Attente 4''')
 
 
<span id="ancre_14p"></span> [[Fichier:plumep3.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Attente 4''' : ''Nostalghia'', '''Plan 14'''. Les plumes (imperceptibles ici) viennent s'échouer sur la multitude de cierge. (L'autel ici, représente, comme nous allons le voir, l'humanité.)]]
 


Nostalghia, d’Andreï Tarkovski .Photogramme – Attente 4 : plan 14. Photogramme – Attente 4 :
Nostalghia,
Plan 14.
Les plumes (imperceptibles ici) viennent s'échouer sur la multitude de cierge. (L'autel ici, représente, comme nous allons le voir, l'humanité.)


Ce plan semble constituer "l'image-clé" du film. Et, quelques secondes plus tard, à l'extérieur, au :
Ce plan semble constituer "l'image-clé" du film. Et, quelques secondes plus tard, à l'extérieur, au :
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''' <span id="ancre_17">Plan</span> 17 : ''' ''11' 57''&quot; : (2ème série d'images en flash-back, en noir et blanc.) le poète attend la Traductrice dehors, ne voulant plus admirer l'œuvre de Pierro della Francesca.
''' <span id="ancre_17">Plan</span> 17 : ''' ''11' 57''&quot; : (2ème série d'images en flash-back, en noir et blanc.) le poète attend la Traductrice dehors, ne voulant plus admirer l'œuvre de Pierro della Francesca.


''' <span id="ancre_18">Plan</span> 18 :''' '' 12' 18''&quot; : Il voit tomber à ses pieds, dans une flaque d'eau, une plume blanche. (Cf. Photogramme - Attente 5)
''' <span id="ancre_18">Plan</span> 18 :''' '' 12' 18''&quot; : Il voit tomber à ses [[Pied|pieds]], dans une flaque d'[[eau]], une [[plume]] blanche. (Cf. '''Photogramme - Attente 5''')
Nostalghia, d’Andreï Tarkovski .Photogramme – Attente 5 : plan 18. Photogramme Attente 5 :
 
Nostalghia,
 
Plan 18.
<span id="ancre_18p"></span> [[Fichier:plumep5.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Attente 5''' : ''Nostalghia'', '''Plan 18'''. Le Poète ramasse une plume blanche qui vient de tomber à ses pieds. Première allusion et "annonciation" de l'acte héroïque du Poète. ]]
Le Poète ramasse une plume blanche qui vient de tomber à ses pieds. Première allusion et "annonciation" de l'acte héroïque du Poète.
 
 
Seconde "image-clé" qui devient une "image-passage". Et plus précisément, "passage du banal, du quotidien à l'héroïque". Car, l'accomplissement du "mystère de sainte-Catherine" est inclus dans le plan 18. Il correspond au point de chute de la plume, dans une flaque d'eau. Il en sera de même au [[ANge#ancre_95p|plan 95]], une autre plume tombe du ciel, dans une... flaque d'eau. La représentation d'une même figure confirme l'idée que le plan 14 est un plan déterminant. Un symbole.<ref> '''François Ramasse''' parle à juste titre de "dédoublement", ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_2|op. cit.]]'', pp. 124 ; 127-128 ; 138. D'un point de vue anthropologique, on peut parler d'une "[[protase]]", (...) "La protase marque, au "présent" ou au "passé", un état de fait, réalisé et observé. Elle donne la situation du "présage", c'est-à-dire l'aspect précis de l'objet supposé propre à laisser entrevoir l'avenir, à le pronostiquer. L'[[apodose]], au "futur", marque presque toujours ce pronostic lui-même : la portion d'avenir que commande et laisse deviner le présage ; elle contient "l'oracle". Aussi peut-on dire indifféremment "présage" ou "protase", d'une part ; et "oracle" ou "apodose" de l'autre." Cf. Article de '''Jean Bottéro''', "Symptômes, signes, écritures en Mésopotamie ancienne" in, ''Divination et rationalité'', (Recherches anthropologiques sous la direction de Remo Guidieri), Editions du Seuil, Paris, 1974, pp. 82-83.</ref>
 
Le Poète, intrigué, ramasse la plume. Il la contemple, il dirige son regard <ref>Il est à remarquer la grande valeur du "jeu de regard", dans ce film, et dans les films d'Andreï Tarkovski en général, qui équivaut à un mouvement de caméra. Ici, le regard (comme un contre-champ) se [[métamorphose]] souvent en [[chemin]], particulièrement de la part du Poète, qui parle peu, avec la bouche, mais qui est prolixe des yeux.  </ref> vers le [[Chemin|sentier]] que la Traductrice a emprunté pour se rendre à l'église. La caméra suit le sentier (Cf. '''Photogramme - Attente 6'''), mais au bout du sentier, nous voyons la "[[maison]] natale" du Poète, dans les bois. Voilà son église.


Seconde "image-clé" qui devient une "image-passage". Et plus précisément, "passage du banal, du quotidien à l'héroïque". Car, l'accomplissement du "mystère de sainte-Catherine" est inclus dans le plan 18. Il correspond au point de chute de la plume, dans une flaque d'eau. Il en sera de même au plan 95, une autre plume tombe du ciel, dans une... flaque d'eau. La représentation d'une même figure confirme l'idée que le plan 14 est un plan déterminant. Un symbole.[9]


Le Poète, intrigué, ramasse la plume. Il la contemple, il dirige son regard [10] vers le sentier que la Traductrice a emprunté pour se rendre à l'église. La caméra suit le sentier (Cf. Photogramme - Attente 6), mais au bout du sentier, nous voyons la "maison natale" du Poète, dans les bois. Voilà son église.
<span id="ancre_18cp"></span> [[Fichier:attentep6.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Attente 6''' : ''Nostalghia'', '''Plan 18c'''. Au bout du regard du Poète, le sentier qui mène à sa maison familiale. Remarquons dans ce plan la jonction du poteau au plan 1 et de l'arbre au plan 3.]]
Nostalghia, d’Andreï Tarkovski .Photogramme – Attente 6 : plan 18c. Photogramme Attente 6 :
Nostalghia,
Plan 18c.
Au bout du regard du Poète, le sentier qui mène à sa maison familiale. Remarquons dans ce plan la jonction du poteau au plan 1 et de l'arbre au plan 3.


C'est le dilemme du poète : "l'inconnu qui s'éveille".[11] Cette jonction des deux espaces, dysphorique et euphorique dirait A. Gardies, est une constante du film, elle s'engage sur plusieurs voies qui est souvent dominée par une structure de base, celle d'une thématique tarkovskienne : le concept de passage. Nous verrons finalement que tout le film s'organise autour de ce concept. De plus, si nous suivons la perspective sémiotique, de définir le récit comme "le passage d'un état antérieur à un état ultérieur opéré à l'aide d'un faire (ou d'un procès)."[12] Nous constaterons, et cela nous ne cessons pas de le répéter que, "la cinémancie" s'articule également sur une "transformation- changement " ou un "passage" entre deux états. Comme l’est l’attente.
C'est le dilemme du poète : "l'inconnu qui s'éveille".<ref>R. M. Rilke continue la 1ère élégie ainsi : (...) "Et nous le trouvons beau parce qu'impassible il se refuse à nous détruire ; tout ange est terrifiant." ''Élégies de Duino'', traduction de J. – P. Lefebvre, Éditions Poésie/Gallimard, (1922) 1994, pp. 28-29. "weil es gelassen verschmäht, uns zu zerstören. Ein jeder Engel ist schrecklich." </ref> Cette jonction des deux espaces, dysphorique et euphorique dirait A. Gardies, est une constante du film, elle s'engage sur plusieurs voies qui est souvent dominée par une structure de base, celle d'une thématique tarkovskienne : le concept de [[passage]]. Nous verrons finalement que tout le film s'organise autour de ce concept. De plus, si nous suivons la perspective sémiotique, de définir le récit comme "le passage d'un état antérieur à un état ultérieur opéré à l'aide d'un faire (ou d'un procès)."<ref>'''A.J. Greimas et J. Courtès''', ''Sémiotique, dictionnaire raisonné de la théorie du langage'', Hachette, Paris, 1980. Citée par '''A. Gardies''', ''L'Espace au Cinéma'', Éditions Méridiens Klincksieck, 1993, p. 136. </ref> Nous constaterons, et cela nous ne cessons pas de le répéter que, "la [[Thèse:Résumé#cinémancie|cinémancie]]" s'articule également sur une "transformation- changement " ou un "passage" entre deux états. Comme l’est l’attente.




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====Le rêve de Sisnovski====




La Traductrice revient avec les valises (77d). Cette fois-ci, elle a les [[cheveux]] enroulés sous un [[béret]]. Elle se dirige vers la [[chambre]] du Poète. Elle sort de son sac la lettre qu'il lui a donnée la veille, à propos du compositeur russe Sisnovski. Elle hésite à frapper. Elle tente de glisser la lettre dans la fente de la [[porte]] (77 e). Elle n'y parvient pas. Elle regarde la lettre. Elle se dirige à un endroit éclairé du couloir (77f), et lit la lettre.


Voici en grande partie le contenu de la lettre, il est important :"''Cher Piotr Nicolaïvitch… Je suis en Italie depuis deux ans. (…) J'ai fait un rêve angoissant. Je devais représenter une œuvre au théâtre de Monsieur le Comte. Le 1er acte se déroulait dans un parc avec des statues. C'était des hommes nus '''obligés de rester immobiles'''. Moi aussi, j'étais une statue. Si l'on bougeait, on subissait des châtiments terribles. Car notre seigneur et maître nous observaient personnellement. Je sentais le froid du socle en marbre. Les feuilles se posaient sur mon bras levé. J'étais immobile. Quand j'ai senti que j'allais bouger, je me suis réveillé. J'étais effrayé'' (…)." La traductrice n'a pas terminé de lire la lettre. Paradoxe : le Poète entre à gauche du cadre en premier plan dans le couloir.


<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:genuflexionp1.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Génuflexion 1''' : ''Nostalghia'', '''Plan 6'''.   ]]
Il y aurait beaucoup à dire sur cette lettre, notamment en ce qui concerne l'aspect politique : "Car notre seigneur et maître nous observait continuellement", c'est une représentation de "l'œil", celle de "Big Brother" du roman d'Orwell. Mais ce qui peut paraître pertinent dans ce rêve, c'est qu'il suit à cinq minutes près "le rêve de la Traductrice", et que le rêve est lu par elle. Il y a ensuite une double opposition matérielle, d'une part, la mollesse organique de l'insecte, et la solidité minérale de la statue de marbre, d'autre part le mouvement de l'insecte et l'immobilité.<ref>Dans ''[[Andreï Roublev]]'' nous analyserons "[[Rêve#Le rêve de la tête dévissée|le rêve de la tête dévissée d'Andreï Roublev]]", dans lequel le peintre rêva qu'il était aussi une statue. </ref> Enfin, il reste le fait d'avoir raconté son rêve au Poète dans sa chambre, et de lire le rêve de Sisnovski dans le couloir. En outre, soulignons que le poète avait la lettre dans sa poche, et elle a été remplacée par un autre "rêve", la bougie du "Fou". Mais ce n'est pas tout. Dès que la Traductrice termine la lecture du rêve, le Poète est allongé sur un canapé, il rêve...






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====Liens spécifiques du film====
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