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Nom

0 octet ajouté, 22 mai 2012 à 12:12
/* La question du nom dans Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski */
La période de jeunesse d'Andreï Roublev ne nous permet toujours pas de savoir qui il est exactement. Nous l'avons vu, il a déjà une certaine renommée, il est reconnu par Théophane le Grec. Ce qui est révélateur dans cette séquence, c'est que, même absent il est présent rien que par son nom. Rien que par son nom, il porte le dialogue à la méditation, à la profondeur, à l'élévation, à la paix.
En revanche, il n'en est pas de même pour Kyril, même lorsqu'il adopte la plus belle rhétorique, le plus beau discours. Il suffit qu'il prononce son nom pour que Théophane entre dans une grande colère, jusqu'à fustiger avec véhémence l'abus de violence de la foule. D'ailleurs cette remarque s'applique dès le début de l'épisode : là où passe Kyril, passe l'amère torture. Il en est d'ailleurs de même dans le second épisode ([[Inversion#ancre_5ancre_44|'''plan 44''']]), lors de l'arrestation du bouffon, et dans le premier plan du même épisode, lors de la sortie des trois moines du monastère. Un moine sort en courant derrière eux, et leur dit : "''Le père a dit que vous reveniez.''" Kyril s'emporte contre lui, et c'est Andreï Roublev qui le ramènera au calme. Nous le voyons, c'est grâce à des constatations de ce type que nous sommes conduit à prendre en considération tous les détails et faits singuliers. C'est une caractéristique [[Thèse:Résumé|cinémantique]], dans la mesure où les images proposent en quelque sorte, comme dans un miroir, l'intérieur de l'âme violente de Kyril. A travers l'âme belliqueuse et querelleuse de Kyril, nous apprenons à connaître l'âme élevée et sereine de Roublev. Ainsi le procédé de "description" <ref> Cf. '''G. Deleuze''' établit une distinction entre la description "réaliste" traditionnelle et la "théorie des descriptions" de Robbe-Grillet (Pour un nouveau roman, "Temps et description", Editions de Minuit.) (…) "La description "réaliste" (…) suppose l'indépendance de l'objet, et pose donc une discernabilité du réel et de l'imaginaire. (…) Tout autre est la description néo-réaliste du nouveau roman : comme elle "remplace" son propre objet, pour une part elle en gomme ou elle en "détruit" la réalité qui passe dans l'imaginaire, mais d'autre part elle en fait surgir toute la réalité que l'imaginaire ou le mental "créent" par la parole et la vision." Tome 2, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', p. 15. (Cf. Robbe-Grillet, p. 127.) Peut-être, le cinéma de Tarkovski peut, en partie, rejoindre cette théorie, mais elle ne peut pas le suivre jusqu'au bout, car : (…) "Robbe-Grillet, répudiait non seulement le tactile, mais même les sons et les couleurs comme inaptes au constat, trop liés à des émotions et des réactions." p. 21. Or, le tactile, les sons et les couleurs sont à la base de l'œuvre de Tarkovski. Cf. également sur la même question, pp. 84 ; 86 ; 93 ; 165 ; 172-173. '''Apostolos Lampropoulos''', ''Le pari descriptif, l'effet d'une figure déjà-lue'', thèse doctorat littérature française, sous la direction de Philippe Hamon, Paris III, 2000. Yves Reuter, Décrire dans toutes les disciplines, Cahiers pédagogiques, n° 373, 1999, pp. 9-63. </ref> d'une personne par son contraire est une application d'une citation que Tarkovski a noté dans son journal et qui est intégré dans un monologue du Stalker : "''Le mal est actif, et le bien est passif.''"
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===La question des noms dans Stalker, d'Andreï Tarkovski===