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Main

12 octets ajoutés, 26 mars 2012 à 23:00
/* Le fond de la main */
====Le fond de la main====
Ainsi, le prologue, comme on le voit, est loin d'être un fragment "innocent". Il est au contraire chargé, au sens propre et au sens figuré, de charges électriques, voire magnétiques. D'abord, nous entendons une charge vocale : '''le [[Son (bande-son)|son]] vient avant la lumière''', le mental avant le visible, le verbe avant l'image. Quel sera l'instrument de la forme ? L'outil de base ? La forme s'inscrit dans un cadre simple : le fond est "bouché" par un mur blanc. Mais, caractéristique tarkovskienne permanente, "le fond n'a pas de fond". En effet, chez Tarkovski, le fond est toujours "vibrant", dense, non uniforme. Il est presque toujours tactile, plastique, comme dans ''[[Stalker]]''. La question du fond se révèle encore plus pertinente dans ce prologue, si l'on considère l'ensemble du début : Ignat qui tient le [[livre]] fermé sur un doigt de la main gauche devant la télévision. C’est une image de transition active, puisqu'il s'est arrêté de lire pour voir la télévision. L'écran noir de la télévision s'illumine sur une image-clinique, une image de soin. L'image qui soigne, c’est celle d’une femme et d’un adolescent, suggestion d'une mère et de son fils.
La psychothérapeute ne devient-elle pas le réalisateur ? Elle est habillée de blanc, comme le fond blanc, devenu un blanc de lumière. Un réalisateur de cinéma n'est-il pas celui qui cherche "la lumière de l'obscurité" ? Quel est l'instrument de base de la mise en lumière ? De la mise en forme ? N'est-elle pas le [[doigt]] ? Et par prolongement, la main ? <span id="ancre_yeux"></span>"L'interrupteur" du doigt, ce sont les [[yeux]] : tout en posant son doigt devant Iouri, la psychothérapeute lui dit : "''Regarde-moi dans les yeux.''" Un zoom avant cadre en plan moyen Iouri, qui penche en arrière, comme en "vénération devant le prodige". Ensuite, au cours de cette extraordinaire thérapie, nous constaterons que la guérison du bégaiement, pouvoir parler, passe par les mains.
=====La valeur du chiffre trois=====
Le bègue du film représente finalement "un miroir temporel" : un miroir qui nous renvoie la même image, l'écho de sa voix. '''Le bègue qui renvoie son propre [[Son (bande-son)|son]]'''. Et c'est ce qui fait justement problème. Il ne peut pas parler dans l'ordre naturel des [[Mot|mots]]. Il répète les mêmes mots dissociés. Pour cette raison, la main à elle seule, avec tous ses attributs en chaîne, <ref>De regard, de transfert d'énergie, de puissance, de domination, de manifestation d'emblème royal et même, en fin de compte, de loi. </ref> ne pourra pas mettre de "l'ordre" dans l'élocution du jeune homme. Pour cela, il faut le "dire", il fallait que la femme-médecin ordonne à son patient : "''Je vais dire "trois" et tes mains seront immobiles''" Voilà donc le mot magique : trois, c'est un nombre, mais qu’il faut encore dire dans l'ordre : "''Un, deux, trois, les mains ne bougent plus.''" Le chiffre trois est un chiffre emblématique chez Tarkovski. Nous l'avons déjà rencontré au niveau de la distribution des rôles principaux des protagonistes, une distribution en [[triangle]]. <ref> Comme par exemple dans ''[[Nostalghia]]'', ''[[Stalker]]'' ou ''[[Andreï Roublev]]''.</ref>
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