Trébuchement

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Stalker, plan 15. L’Ecrivain glisse et tombe genou à terre : (râlant) "C'est plein de flotte ici."



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Autres titres de films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Andreï Roublev

§. Φω. La figure du drap plié en cloche. Plan 319.

§. Φω. Le clédon de l'argile. Plan 329.
(Voir détail : Andreï Rublyov) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Konchalovsky A.
1969 URSS 215
Gran Torino Gran Torino Eastwood Clint Johannson D.
Schenck N.
2009 USA 116'
Mathilde
§. Φω. Le T. de Mathilde. Plan 1392.
(Voir détail : Mathilde) Mimica Nina Mimica Nina 2004 Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne 97
Nostalghia
§. Φω. Le T. de la Traductrice. Plan 30.
(Voir détail : Nostalghia) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Guerra T.
1983 URSS
Italie
130
Stalker (Voir détail : Stalker) Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Strougatski A. et B.
1979 URSS 161


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Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films

Stalker, d’Andreï Tarkovski

Le trébuchement de l'Ecrivain

Plan 15: 14' 55" : Le Stalker et l'Écrivain se rendent au bar, ils sont attendus par le Professeur. Avant d'entrer dans le bar, et en montant les quelques marches d'un escalier, l'Écrivain trébuche, glisse et tombe un genou à terre : "(râlant) C'est plein de flotte ici.". (Cf. Photogramme – Trébuchement 1. )


Ce court plan nous révèle deux indices. Le premier indice est la génuflexion involontaire de l'Écrivain. Le second indice c'est la raillerie de l'Écrivain, sur "la flotte". En effet, cela n'est que le début, comme nous allons le voir, il sera souvent mouillé. (Cf. Photogramme - Eau 8.)


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Le trébuchement du Professeur

Aussitôt après la fin du poème, au plan 69, le Professeur trébuche. Ses compagnons l'aident à se relever. Le Stalker lui dit : "Ne nous portez pas malheur." Voilà que le Stalker devient superstitieux (…) : "Le faux pas, qui contrarie l'ordre des choses, symbolise un obstacle tout en mettant dans une posture délicate, passe généralement pour un mauvais présage. L'origine de cette croyance remonterait à un temps où le manque de tenue, même involontaire, était très sévèrement jugée. (…) Trébucher en partant en voyage ou en débutant une entreprise devrait inciter à modifier ses projets." [1]

Soulignons le fait qu'au plan 15, lorsque l'Écrivain accompagne le Stalker au bar, il monte les marches de l'escalier, glisse et tombe un genou à terre, il dit en râlant : "C'est plein de flotte ici." A ce moment-là, le Stalker ne dit rien. Ce n'est que dans la Zone qu'il est attentif aux gestes de ces compagnons. L'Écrivain sent que le Professeur défaille, puisqu'il demande au Stalker : (dans un endroit de la Zone où ils ont de…l'eau jusqu'aux chevilles.) : " Mais où est le Professeur. (…) (il) a disparu." (Plan 72.) Le trébuchement du Professeur nous relie de nouveau au sac. Car c'est le moment où il le perd, et en le perdant, il perd son vœu le plus cher : détruire "la chambre des désirs". Non seulement le Professeur va défaillir (en ne voulant plus s'engager dans la Zone), il va aussi disparaître. Mais pas pour longtemps, puisqu'il réapparaît au plan 74. Le Stalker lui dit : "Comment êtes-vous arrivé ?" Il répond : "Une grande partie du chemin… Je l'ai fait à quatre pattes." [2] C'est-à-dire, sur les mains et les genoux. Comme un nouveau-né ! D'ailleurs peu après, aux plans 76 et 78, les paroles du Professeur vont prendre "forme". En effet, au moment du repos du groupe, le Professeur essaie de trouver une manière confortable pour s'asseoir, il plie les genoux et pose la tête sur son sac. Il n'est plus un nouveau-né, mais un fœtus, "le fœtus de la Zone". (…) "Les bambaras appellent le genou le"nœud du bâton de la tête", et y établissent le siège du pouvoir politique." [3] "Ils rejoignent en cela de nombreuses traditions anciennes qui font du genou "le siège principal de la force du corps… le symbole de l'autorité de l'homme et de sa puissance sociale." [4] "De là le sens des expressions : plier le genou = faire acte d'humilité ; faire plier les genoux = imposer sa volonté à quelqu'un, voir le tuer ; etc." [5]

Chez Tarkovski, les êtres et les objets ont une tendance irrésistible de se courber vers la terre. Nous l'avons vu avec l'Ecrivain et le Professeur, mais le Stalker aussi exprime cette attirance. En effet, au plan 47, le Stalker se détache du groupe, il est au milieu des herbes hautes, il s'agenouille et il s'allonge de tout son long dans les herbes, ventre contre terre. En témoignage de quoi ? En signe de vénération ou de respect? Ou par peur ? Par soumission ? Ou par adoration ? Par ailleurs, cette attraction est particulièrement représentée dans la partie suivante.

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Le second trébuchement de l’ Écrivain

Au plan 130 : l'Écrivain comprend que dans "la chambre" : "seuls les vœux les plus sacrés sont exaucés… (…) " Cependant, un petit incident intéressant conclut l'analyse de l'Écrivain. En effet, à la fin de son discours, il se retourne vers le seuil de "la chambre", et se penche en avant, comme s'il voulait saisir le mystère de "la chambre". Mais il est à cet instant en déséquilibre, et manque de tomber au-delà du seuil. Le Stalker l'aide en le tirant en arrière par le manteau. (Cf. Photogramme – Trébuchement 2.)

Photogramme - Trébuchement 2 : Stalker, Plan 130. L'Écrivain en déséquilibre au seuil de "la Chambre des Désirs", il est retenu au dernier instant par le Stalker.


L'Écrivain s'affaisse et reste assis à terre, visiblement heureux de n'être pas tombé dans "la chambre". Il s'agit encore d'un trébuchement, le troisième dans le film, et que ce petit incident semble finalement contredire le véritable désir de l'Écrivain. On peut dire une chose et faire son contraire. Ainsi à la fin de leur périple dans la zone, que peut-on déduire ? L’Écrivain ne veut pas entrer dans la chambre : "je ne déverserai pas sur la tête d'autrui... toutes les saletés de mon âme, pour me pendre ensuite comme Porc-épic. Je préfère me noyer dans l'alcool à notre Club des Écrivains." (Plan 130.)


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Liens Spécifiques du film

Voir : Stalker



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Notes et références

  1. Éloïse Mozzani, Le livre des Superstitions, op. cit., p. 1728. Par ailleurs, cf., J. Donner, dans La Nuit des forains (1953) Frost (le clown) dans l'eau qui trébuche devant Alma et les officiers. Ces derniers ont défiés Alma de se baigner nue avec eux. Op. cit., p. 49.
  2. Cf. Gerstenkorn et Strueder, op. cit., p. 78.
  3. Zahan Dominique, Sociétés d'initiation Bambara, Le N'Domo, le Kore, Paris-La Haye, 1960.
  4. Lanao-Villene G., Le livre des symboles, 6 vol. 6, 1, 26. Bordeau-Paris, 1926-1935.
  5. Chevalier/Gherrbrant, Dictionnaire des Symboles, op. cit.,p. 476


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