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'''<span id="ancre_4">Plan</span> 4''' : ''5' 46"'': La Traductrice entre dans une église. Des femmes voilées, agenouillées, prient. Un prêtre entre à gauche du cadre. Il s'adresse à la Traductrice, mais il parle face à la caméra. | '''<span id="ancre_4">Plan</span> 4''' : ''5' 46"'': La Traductrice entre dans une église. Des femmes voilées, agenouillées, prient. Un prêtre entre à gauche du cadre. Il s'adresse à la Traductrice, mais il parle face à la caméra. | ||
- Le prêtre : "''Vous voulez avoir un enfant ou une grâce de ne pas en avoir ?'' "<br/> | |||
- La Traductrice : "''Je regardais seulement''".<br/> | |||
- Le prêtre : "''Quand il y a quelqu'un de distrait, d'étranger à cette invocation, il ne se passe rien.''"<br/> | |||
- La Traductrice : "''Que devrait-il se passer ?''"<br/> | |||
- Le prêtre : "''Tout ce que tu veux, tout ce dont tu as besoin. Mais le "minimum" il faut te mettre à genoux.''" | |||
Les paroles du prêtre sonnent comme un oracle, non pas seulement pour la Traductrice, mais aussi, par extension pour les spectateurs en général. Cela explique l'attitude singulière du prêtre qui parle face à la caméra ou en contre- champ (hors-champ), c'est-à-dire au public. "Le minimum" du discours du prêtre est une donnée centrale du film. Car, quelques secondes plus tard, au : | Les paroles du prêtre sonnent comme un oracle, non pas seulement pour la Traductrice, mais aussi, par extension pour les spectateurs en général. Cela explique l'attitude singulière du prêtre qui parle face à la caméra ou en contre- champ (hors-champ), c'est-à-dire au public. "Le minimum" du discours du prêtre est une donnée centrale du film. Car, quelques secondes plus tard, au : | ||
<span id="ancre_6p"></span>[[Fichier:genuflexionp1.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Génuflexion 1''' : ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 6'''. La traductrice tente en vain de se mettre à genoux. Notez ses longs [[cheveux]] sans voiles qui contrastent avec les femmes aux cheveux couverts, au fond de l'image.|'''Photogramme - Génuflexion 1''' : ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 6'''. La traductrice tente en vain de se mettre à genoux. Notez ses longs [[cheveux]] sans voiles qui contrastent avec les femmes aux cheveux couverts, au fond de l'image. ]] | |||
'''<span id="ancre_6">Plan</span> 6''' : ''5' 54"'' : La Traductrice tente la modeste position de la génuflexion. Elle pose son [[sac]] sur le sol, se courbe, mais en vain, elle n'arrive pas à se mettre à genoux. (Cf. '''Photogramme <span id="ancre_1">- Génuflexion 1</span>'''.) | '''<span id="ancre_6">Plan</span> 6''' : ''5' 54"'' : La Traductrice tente la modeste position de la génuflexion. Elle pose son [[sac]] sur le sol, se courbe, mais en vain, elle n'arrive pas à se mettre à genoux. (Cf. '''Photogramme <span id="ancre_1">- Génuflexion 1</span>'''.) | ||
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<span id="ancre_madone"></span>[[Fichier:madonep1.jpg|300px|thumb|right|alt='''Image-Peinture''', ''La Madone del Prato'', de Pierro della Francesca, 1467, 206 x 203 cm. Fresque détachée, restaurée et transférée au musée de Monterchi en Toscane (Italie).|'''Image-Peinture''', ''La Madone del Prato'', de Pierro della Francesca, 1467, 206 x 203 cm. Fresque détachée, restaurée et transférée au musée de Monterchi en Toscane (Italie).]] | |||
Pourquoi la génuflexion acquiert-elle cette place privilégiée ? Il suffit de commencer par se mettre à genoux, et elle aura "tout ce qu'elle veut". Cela rappelle [[Chambre|"la Chambre des Désirs"]] dans ''[[Stalker]]''. <ref>C'est aussi l'hypothèse de François Ramasse, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 123. </ref> La génuflexion <ref>A cause de la "dissection linguistique" du terme, l'interprétation de C. G. Jung mérite d'être signalée : (…) "Si, par humilité, nous nous mettons à genoux, - ce que l'on nomme génuflexion - nous sommes dans la gêne (souligné dans le texte) physique, dans la nudité morale, dans la flexion corporelle ; et si nous le faisons avec attention, nous sommes dans la ré-flexion, donc dans l'EVEIL (en majuscule dans le texte), qui est conciliation des contraires : EVE + IL." Internet : http://www. Cgjung.net/alchimie/1987/novembre.htm (lien obsolète !)</ref> ne propose-t-elle pas une idée de "grandeur" selon son double sens, moral et physique ? En effet, la grandeur "morale" correspond à l'acceptation, la soumission, la révérence, la supplication, et la grandeur physique est une espèce de régression évolutive de l'âge, jusqu'à l'âge où on était enfant. (…) "Car le royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux." <ref>Mathieu '''19''', 14. </ref> Cela renvoie à l'étymologie du mot "minimum", qui signifie "très peu, très petit", et enfin au but de sa visite : voir le portrait de ''la Madone del Prato'', de Pierro della Francesca, une Madone monumentale enceinte, entourée de deux petits anges. (Cf. '''Image - Peinture''' ) | Pourquoi la génuflexion acquiert-elle cette place privilégiée ? Il suffit de commencer par se mettre à genoux, et elle aura "tout ce qu'elle veut". Cela rappelle [[Chambre|"la Chambre des Désirs"]] dans ''[[Stalker]]''. <ref>C'est aussi l'hypothèse de François Ramasse, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 123. </ref> La génuflexion <ref>A cause de la "dissection linguistique" du terme, l'interprétation de C. G. Jung mérite d'être signalée : (…) "Si, par humilité, nous nous mettons à genoux, - ce que l'on nomme génuflexion - nous sommes dans la gêne (souligné dans le texte) physique, dans la nudité morale, dans la flexion corporelle ; et si nous le faisons avec attention, nous sommes dans la ré-flexion, donc dans l'EVEIL (en majuscule dans le texte), qui est conciliation des contraires : EVE + IL." Internet : http://www. Cgjung.net/alchimie/1987/novembre.htm (lien obsolète !)</ref> ne propose-t-elle pas une idée de "grandeur" selon son double sens, moral et physique ? En effet, la grandeur "morale" correspond à l'acceptation, la soumission, la révérence, la supplication, et la grandeur physique est une espèce de régression évolutive de l'âge, jusqu'à l'âge où on était enfant. (…) "Car le royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux." <ref>Mathieu '''19''', 14. </ref> Cela renvoie à l'étymologie du mot "minimum", qui signifie "très peu, très petit", et enfin au but de sa visite : voir le portrait de ''la Madone del Prato'', de Pierro della Francesca, une Madone monumentale enceinte, entourée de deux petits anges. (Cf. '''Image - Peinture''' ) | ||
D'autre part, "le minimum" s'applique aussi au Poète, comme nous le verrons à la fin du film. Il suffira de traverser avec une ''bougie'' allumée la piscine thermale de sainte Catherine de part en part, pour sauver le monde. C'est par cet acte que s'exprimera son geste héroïque, c'est peu de chose pour une si grande tache. | D'autre part, "le minimum" s'applique aussi au Poète, comme nous le verrons à la fin du film. Il suffira de traverser avec une ''bougie'' allumée la piscine thermale de sainte Catherine de part en part, pour sauver le monde. C'est par cet acte que s'exprimera son geste héroïque, c'est peu de chose pour une si grande tache. | ||
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_ Le Poète : "''Tu as frappé ?'' "<br/> | _ Le Poète : "''Tu as frappé ?'' "<br/> | ||
_ La Traductrice : "''Pas encore… Je demande Moscou.''"<br/> | _ La Traductrice : "''Pas encore… Je demande Moscou.''"<br/> | ||
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'''<span id="ancre_30">Plan</span> 30''' : ''22' 50"'' : Le Poète sort dans le couloir sombre de l'hôtel. Il est dans l'[[ombre]]. C'est un être sans ombre, comme s'il n'était pas avec la Traductrice. Quant à elle, nous distinguons nettement son ombre sur le sol du couloir. Une lueur minuscule <ref>Comme le sera la lueur de la [[bougie]], lors de la traversée de la piscine de sainte Catherine. </ref> indique l'interrupteur de la lampe du couloir. Le Poète prend un [[livre]] (de poésie) des mains de la Traductrice et entre dans sa chambre, laissant la Traductrice dans le couloir, sans lui dire un mot. | '''<span id="ancre_30">Plan</span> 30''' : ''22' 50"'' : Le Poète sort dans le couloir sombre de l'hôtel. Il est dans l'[[ombre]]. C'est un être sans ombre, comme s'il n'était pas avec la Traductrice. Quant à elle, nous distinguons nettement son ombre sur le sol du couloir. Une lueur minuscule <ref>Comme le sera la lueur de la [[bougie]], lors de la traversée de la piscine de sainte Catherine. </ref> indique l'interrupteur de la lampe du couloir. Le Poète prend un [[livre]] (de poésie) des mains de la Traductrice et entre dans sa chambre, laissant la Traductrice dans le couloir, sans lui dire un mot. | ||
<span id="ancre_30p"></span>[[Fichier:genuflexionp2a.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Génuflexion 2''' : ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 30'''. La traductrice tente une seconde génuflexion, après avoir visité le Poète, mais elle va tomber en riant.|'''Photogramme - Génuflexion 2''' : ''[[Nostalghia]]'', '''Plan 30'''. La traductrice tente une seconde génuflexion, après avoir visité le Poète, mais elle va tomber en riant.]] | |||
A ce moment-là, la Traductrice va effectuer une étrange génuflexion, qui correspond au départ des athlètes dans une épreuve sportive. Contrairement au [[#ancre_1|plan 6]], elle ne posera pas son [[sac]] par terre, mais elle le dispose soigneusement derrière son dos. Comme si "les choses étaient derrière elle". Elle compte jusqu'à trois, et au moment du départ, elle [[Trébuchement|trébuche]] et tombe, à l'[[Instant (précis)|instant]] même où la lumière du couloir s'éteint. Elle rit. <ref> Cf. également, François Ramasse, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 124.</ref> (Cf. '''Photogramme - Génuflexion 2'''.) | A ce moment-là, la Traductrice va effectuer une étrange génuflexion, qui correspond au départ des athlètes dans une épreuve sportive. Contrairement au [[#ancre_1|plan 6]], elle ne posera pas son [[sac]] par terre, mais elle le dispose soigneusement derrière son dos. Comme si "les choses étaient derrière elle". Elle compte jusqu'à trois, et au moment du départ, elle [[Trébuchement|trébuche]] et tombe, à l'[[Instant (précis)|instant]] même où la lumière du couloir s'éteint. Elle rit. <ref> Cf. également, François Ramasse, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 124.</ref> (Cf. '''Photogramme - Génuflexion 2'''.) | ||
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Dernière version du 25 janvier 2015 à 14:52
Autres titres de films
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Andreï Roublev §. Génuflexion de Kyil, |
Andreï Rublyov | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Konchalovsky A. |
1969 | URSS | 215 |
Nostalghia | Nostalghia | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Guerra T. |
1983 | URSS Italie |
130 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film.
Nostalghia,d’Andreï Tarkovski
Première génuflexion de la Traductrice
Plan 4 : 5' 46": La Traductrice entre dans une église. Des femmes voilées, agenouillées, prient. Un prêtre entre à gauche du cadre. Il s'adresse à la Traductrice, mais il parle face à la caméra.
- Le prêtre : "Vous voulez avoir un enfant ou une grâce de ne pas en avoir ? "
- La Traductrice : "Je regardais seulement".
- Le prêtre : "Quand il y a quelqu'un de distrait, d'étranger à cette invocation, il ne se passe rien."
- La Traductrice : "Que devrait-il se passer ?"
- Le prêtre : "Tout ce que tu veux, tout ce dont tu as besoin. Mais le "minimum" il faut te mettre à genoux."
Les paroles du prêtre sonnent comme un oracle, non pas seulement pour la Traductrice, mais aussi, par extension pour les spectateurs en général. Cela explique l'attitude singulière du prêtre qui parle face à la caméra ou en contre- champ (hors-champ), c'est-à-dire au public. "Le minimum" du discours du prêtre est une donnée centrale du film. Car, quelques secondes plus tard, au :
Plan 6 : 5' 54" : La Traductrice tente la modeste position de la génuflexion. Elle pose son sac sur le sol, se courbe, mais en vain, elle n'arrive pas à se mettre à genoux. (Cf. Photogramme - Génuflexion 1.)
Pourquoi la génuflexion est-elle si importante ?
Pourquoi la génuflexion acquiert-elle cette place privilégiée ? Il suffit de commencer par se mettre à genoux, et elle aura "tout ce qu'elle veut". Cela rappelle "la Chambre des Désirs" dans Stalker. [1] La génuflexion [2] ne propose-t-elle pas une idée de "grandeur" selon son double sens, moral et physique ? En effet, la grandeur "morale" correspond à l'acceptation, la soumission, la révérence, la supplication, et la grandeur physique est une espèce de régression évolutive de l'âge, jusqu'à l'âge où on était enfant. (…) "Car le royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux." [3] Cela renvoie à l'étymologie du mot "minimum", qui signifie "très peu, très petit", et enfin au but de sa visite : voir le portrait de la Madone del Prato, de Pierro della Francesca, une Madone monumentale enceinte, entourée de deux petits anges. (Cf. Image - Peinture )
D'autre part, "le minimum" s'applique aussi au Poète, comme nous le verrons à la fin du film. Il suffira de traverser avec une bougie allumée la piscine thermale de sainte Catherine de part en part, pour sauver le monde. C'est par cet acte que s'exprimera son geste héroïque, c'est peu de chose pour une si grande tache.
Seconde génuflexion de la Traductrice
Plan 28 : 22' 28" : Réponse oraculaire de la bible, le Poète ouvre la porte de la chambre. La Traductrice est en face de lui, dans l'ombre (Cf. Photogramme – Chambre 2.) :
_ Le Poète : "Tu as frappé ? "
_ La Traductrice : "Pas encore… Je demande Moscou."
_ Le Poète : "Pas encore."
Plan 30 : 22' 50" : Le Poète sort dans le couloir sombre de l'hôtel. Il est dans l'ombre. C'est un être sans ombre, comme s'il n'était pas avec la Traductrice. Quant à elle, nous distinguons nettement son ombre sur le sol du couloir. Une lueur minuscule [4] indique l'interrupteur de la lampe du couloir. Le Poète prend un livre (de poésie) des mains de la Traductrice et entre dans sa chambre, laissant la Traductrice dans le couloir, sans lui dire un mot.
A ce moment-là, la Traductrice va effectuer une étrange génuflexion, qui correspond au départ des athlètes dans une épreuve sportive. Contrairement au plan 6, elle ne posera pas son sac par terre, mais elle le dispose soigneusement derrière son dos. Comme si "les choses étaient derrière elle". Elle compte jusqu'à trois, et au moment du départ, elle trébuche et tombe, à l'instant même où la lumière du couloir s'éteint. Elle rit. [5] (Cf. Photogramme - Génuflexion 2.)
Liens spécifiques du film
Voir : Nostalghia
Voir aussi
Notes et références
- ↑ C'est aussi l'hypothèse de François Ramasse, op. cit., p. 123.
- ↑ A cause de la "dissection linguistique" du terme, l'interprétation de C. G. Jung mérite d'être signalée : (…) "Si, par humilité, nous nous mettons à genoux, - ce que l'on nomme génuflexion - nous sommes dans la gêne (souligné dans le texte) physique, dans la nudité morale, dans la flexion corporelle ; et si nous le faisons avec attention, nous sommes dans la ré-flexion, donc dans l'EVEIL (en majuscule dans le texte), qui est conciliation des contraires : EVE + IL." Internet : http://www. Cgjung.net/alchimie/1987/novembre.htm (lien obsolète !)
- ↑ Mathieu 19, 14.
- ↑ Comme le sera la lueur de la bougie, lors de la traversée de la piscine de sainte Catherine.
- ↑ Cf. également, François Ramasse, op. cit., p. 124.
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