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Porte

8 171 octets ajoutés, 19 février 2015 à 15:24
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[[Fichier: Porte_Polanski_9e_Porte_3__4_40_800p.jpg|600px450px|thumb|centerright| alt=''La Neuvième Porte'', de Roman Polanski. Premier plan du film.|''La Neuvième Porte'', de Roman Polanski. Premier plan du film.]]<br/>  <center>* * *</center>
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[[Fichier: Diego_Lerman_L_oeil_invisible_Porte.jpg|450px|thumb|right|alt= '' L'Œil Invisible'' de Diego Lerman. Maria qui épie à travers les portes de la [[#ancre_sub|subversion]].| '' [[Œil#ancre_oeil|L'Œil Invisible]] '' de Diego Lerman. Maria qui épie à travers les portes de la subversion<ref><span id="ancre_sub"> </span> Du latin, ''subversio'', “renversement, destruction”, du participe passé, ''subvertere'', “mettre sens dessus dessous”, Renversement de l'ordre existant. (Source : Dictionnaire Hachette.)</ref>.]]
==Titres des films==
<table class="wikitable sortable">
<tr>
<th><strong>Titre</strong></th> <th><em>Titre original</em></th> <th><strong>Réalisation</strong></th>
<th>Scénario</th>
<th><strong>Année</strong></th>
<th>Pays</th>
<th>Durée (min.)</th>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_agirl"> </span> ''' A Girl At My Door''' <br/>
'''&#167;.''' Young-Nam, jeune commissaire de Séoul, est mutée d'office dans un village de Corée. Elle se retrouve confrontée au monde rural avec ses habitudes, ses préjugés et ses secrets. Elle croise une jeune fille, Dohee dont le comportement singulier et solitaire l'intrigue. Une nuit, celle-ci se réfugie chez elle… . (Pitch du film.) </td>
<td>''A Girl At My Door'' </td>
<td>'''Jung July'''</td>
<td>Jung July</td>
<td>'''2014'''</td>
<td> Corée du Sud</td>
<td> 119</td>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_ang04"> </span> ''' Angel Heart''' <br/>
'''&#167;.''' New York, 1955. Harry Angel, détective privé, est engagé par un étrange client pour définir si un certain Johnny Favourite est mort ou non... Au fur et a mesure que son enquête avance, les témoins sont assassinés de façon sauvage. (Pitch du film.)</td>
<td>'' Angel Heart, (Aux Portes de l'Enfer)'' </td>
<td>'''Parker Alan'''</td>
<td>Parker Alan, d'après le roman '' Falling Angel'' de Hjortsberg William</td>
<td>'''1987'''</td>
<td> Angleterre, Canada, Etats-Unis</td>
<td> 113</td>
</tr>
<tr>
<td><strong> Neuvième Porte (La)</strong></td>
<td>100</td>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_port1"> </span> ''' Porte s'ouvre (La)''' <br/>
'''&#167;.''' Un médecin raciste accuse un médecin noir d'avoir causé la mort de son frère : le braqueur cherche à soulever la population contre la communauté. (Pitch du film.) </td>
<td>''No Way Out'' </td>
<td>'''Mankiewicz Joseph L.'''</td>
<td>Mankiewicz Joseph L., Samuels Lesser</td>
<td>'''1950'''</td>
<td> USA</td>
<td> 106</td>
</tr>
<tr>
<td><strong>Portes de la nuit (Les)</strong></td>
<center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center> 
<span id="ancre_2m"> </span>
==Autres titres de films==
<tr>
<th>Titre</th>
<th><em>Titre original</em></th>
<th>Réalisation</th>
<th>Scénario</th>
<tr>
<td> '''[[#Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski|Andreï Roublev]]'''</td>
<td>(Voir détail : ''[[Andreï Roublev|Andre&iuml; Rublyov]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />Konchalovsky A.</td>
</tr>
<tr>
<td>''' Boulevard du Crépuscule '''<br/>'''&#167;.''' Portes sans serrures</td> <td>'' Sunset Boulevard''</td> <td>''' Wilder Billy '''</td> <td> Brackett Charles, Marshman Jr. D. M., Wilder Billy. </td> <td>''' 1950 '''</td> <td> USA</td> <td>110</td></tr><tr> <td> '''[[#Un condamné Condamné à mort s’est échappé , de Robert Bresson|Condamné à mort s’est échappé (Un)]] '''</td>
<td><em>[[Condamné à Mort s'est échappé (Un)]]</em></td>
<td><strong>[[Bresson Robert]]</strong></td>
<tr>
<td>''' [[#Nostalghia d’Andreï Tarkovski|Nostalghia]] '''</td>
<td>(Voir détail : ''[[Nostalghia |Nostalghia]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />Guerra T.</td>
<td>130</td>
</tr>
<tr>
<td> <span id="ancre_oei"> </span>''' Œil Invisible (L')'''<br/>
'''&#167;.''' ''Cf.'' [[Œil#ancre_oeil|Commentaire.]] </td>
<td>'' La Mirada Invisible''</td>
<td>'''Lerman Diego'''</td>
<td>Lerman Diego, Kohan Martin d'après son roman éponyme</td>
<td>'''2010'''</td>
<td> Argentine, France, Espagne</td>
<td> 97</td>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_ple"> </span>''' Pledge (The) '''<br/>
'''&#167;. [[Pledge (The)#ancre_12|&#934;&#969;. 1. ''0h 34’ 19’’'']] - [[Pledge (The)#ancre_64| 2. ''0h 34’ 30’’'']]'''</td>
<td>'' [[Pledge (The)]] ''</td>
<td>''' Penn Sean'''</td>
<td> Kromolowski Jerzy, Olson-Kromolowski Mary </td>
<td>''' 2001 '''</td>
<td> USA</td>
<td>124</td>
</tr>
<tr>
<td>''' Portrait de Dorian Gray (Le)''' <br/>
'''&#167;.''' Porte doublée de grille</td>
<td>'' Dorian Gray ''</td>
<td>''' Parker Oliver'''</td>
<td> Finlay Toby, d’après l’unique roman éponyme de Wilde Oscar </td>
<td>'''2009'''</td>
<td> Angleterre</td>
<td> 106</td>
</tr>
<tr>
<td>''' Travail au noir'''</td>
<td>'' Moonlighting''</td>
<td>''' Skolimowski Jerzy'''</td>
<td> Skolimowski Jerzy</td>
<td>'''1982'''</td>
<td> Angleterre</td>
<td> 97</td>
</tr>
<tr>
<td><span id="ancre_vis"> </span>'''Visiteur (Le)'''<br/>
'''&#167;. [[Visiteur (Le)#ancre_8p|&#934;&#969;. Plans : 8 ]] - [[Visiteur (Le)#ancre_20p|20]] - [[Visiteur (Le)#ancre_152p|152]] - [[Visiteur (Le)#ancre_403p|403]]'''</td>
<td>''[[Visiteur (Le)|Muukalainen]]''</td>
<td>'''Valkeapää Jukka-Pekka'''</td>
<td>Forsström J.<br/>
Valkeapää J.-P.</td>
<td>'''2008'''</td>
<td>Finlande<br/>
Angleterre<br/>
Allemagne<br/></td>
<td>139</td>
</tr>
</table>
<center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
<span id="ancre_4m"> </span>
==Les valeurs d’une porte au cinéma==
En littérature, le mot "porte" ne nous donne, par lui-même, qu'une signification étroite et restreinte. Mais au cinéma, et selon la formule de Dziga Vertov : (…) "Le cinéma est un déchiffrement documentaire du réel". L'objet "porte", représenté à l'écran, nous donne d'emblée et immédiatement un certain nombre d'indice : nombre de battant, couleur, aspect général, matérialité, décoration éventuelle, type de poignée, etc. Jean Mitry précise : (…) "Mais, il ne s'agit jamais d'une réalité "quelconque" considéré objectivement. Le "réel" tout entier, élaboré, composé, n'est saisi que pour ce qu'il peut avoir de "signifiant". Rien n'est gratuit, chaque geste, chaque objet est lourd de signification." <ref> '''Jean Mitry''', ''Esthétique et Psychologie au cinéma'', P.U.F. 1963, p. 238.</ref> Au cinéma, il y a plus encore, il y a une transcendance temporelle du réel, qu'il s'agisse de la topographie géographique : une porte japonaise par rapport à une porte russe ou de la situation chronologique : une porte des hommes de caverne (une entrée primitive) ou d'un western. C'est en fait une transcendance transversale du réel. Nous avons placé en appendice des faits symboliques ou [[Superstition|superstitieux]], récurrents de la figure de la porte, des faits que nous rencontrons tous les temps. Il y a cependant un fait qui va nous intéresser de plus près : il s'agit de la porte d'une demeure, et notamment l'entrée principale qui joue un rôle essentiel dans la mesure où elle est un lieu de passage obligé : (…) "C'est au-dessus d'elle que sont traditionnellement accrochés porte-bonheur (fer à cheval, gui, etc.) et autres amulettes -épingles, ou paire de ciseaux plantées dans les montants par exemple - destinés à refouler les individus malveillants et les esprits qui cherche à pénétrer dans le foyer." <ref>'''Eloïse Mozzani''', ''Le livre des superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 1472. </ref> Ce point est intéressant par l'apport d'un élément supplémentaire à la structure de la porte. Nous en parlerons plus loin au IVème épisode au [[#ancre_126bpancre_125p|plan 126-20125]] du film [[Andreï Roublev]].
<center>[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
==Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films==
<span id="ancre_3m1"> </span>
====Premières apparitions d’une porte dans le film====
<span id="ancre_5p"></span>[[Fichier:portep5.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 5.''' Efim, [[Hésitation|hésitant]], devant la grande porte de l’église. |'''Photogramme - Porte 1''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 5.''' Efim, [[Hésitation|hésitant]], devant la grande porte de l’église. ]]
La première apparition directe de la figure de la porte dans Andreï Roublev, est la porte de l'église, au premier épisode. Efim, paysan-explorateur [[Hésitation|hésite]] d’entrer dans l’église (plan 5). Il reste relativement longtemps sur le seuil de la porte avant d'y pénétrer. (Cf. '''Photogramme – Porte 1.''')
 
 
<span id="ancre_5p"></span>[[Fichier:portep5.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 1''' : ''Andreï Roublev'',
'''Plan 5.''' Efim, hésitant, devant la grande porte de l’église. ]]
 
L'église étant une construction avec un plan à croix grecque, c'est-à-dire avec quatre côtés équidistants, Efim sort par une porte opposée à celle qu'il a prise pour entrer. A ce moment là, sur son passage, nous apercevons à gauche une troisième porte ouverte, située perpendiculairement à l'axe principal du trajet d'Efim, et à travers de laquelle on voit le [[Cheval#Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski|cheval noir]] traverser le cadre.
 
<center>* </center>
<span id="ancre_3m1a"> </span>
====Au début du IIème épisode====
D’autre part, il reste encore à définir les apparitions indirectes de la figure de la porte. Ce sont la porte de la navigation, par l'eau et par la "porte du ciel". Cette dernière caractéristique impose au Ier épisode des mouvements verticaux de la caméra. Dans le second épisode nous avons exclusivement des mouvements horizontaux de la caméra, qui culminent avec le plan développé à 360° (à l’intérieure de la datcha), pour s'arrêter relativement longtemps devant la porte sombre de l'auberge. Au :
 
<span id="ancre_32p"></span>[[Fichier:inversionp1.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 2''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 32'''. Le bouffon suspendu : 2ème cas d'inversion.|'''Photogramme - Porte 2''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 32'''. Le bouffon suspendu : 2ème cas d'inversion.]]
''' <span id="ancre_44">Plan</span> 44–23 <ref>Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.</ref>: ''' ''16' 28''&quot; : Au niveau de sa structure, le plan de la porte propose une autre variante de la lucarne : avec seulement trois côtés sombres. Le quatrième côté s'ouvre vers le bas, vers le hors champ du sol, qui n'est pas à proprement parlé un hors-champ, car le sol s'étale perspectivement devant nous, vers l'arbre qui deviendra l'instrument de torture… (Voir : Les inversions du Bouffon.En particulier, le plan 32, le bouffon suspendu à la porte.) (Cf. '''Photogramme – Porte 2.''')
<span id="ancre_32pancre_44p"></span>[[Fichier:inversionp1portep4.jpg|200px300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 23''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 3244.'''. Le A travers la porte, deux cavaliers qui cognent le bouffon suspendu contre un arbre.|'''Photogramme - Porte 3''' : 2ème cas d'inversion'[[Andreï Roublev]]'','''Plan 44.''' A travers la porte, deux cavaliers qui cognent le bouffon contre un arbre.]]
Le plan fixe de cette porte ouverte réduit considérablement la taille de l'image. Il n'est pas seulement le théâtre des instants tragiques du bouffon, mais il devient aussi la cause (la trahison de Kyril et la présence des cavaliers-bourreaux) et les effets de cette tragédie (le châtiment par les cavaliers). (Cf. '''Photogramme – Porte 3.''')
 
 
<span id="ancre_44p"></span>[[Fichier:portep4.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 3''' : ''Andreï Roublev'',
'''Plan 44.''' A travers la porte, deux cavaliers qui cognent le bouffon contre un arbre.]]
<center>* </center>
<span id="ancre_3m1b"> </span>
====La colère de Kyril====
Andreï Roublev s'[[Génuflexion|agenouille]] et embrasse la [[main]] de Daniel qui pleurait. A ce moment-là :
''' <span id="ancre_66ancre_66p">Plan</span> 66[[Fichier:portep6.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme -19 Porte 4''' : ''[[Andreï Roublev]]' ', '35' 07'Plan 66.'''&quot; : Kyril ("le diable" (!) est au seuil de la porte, en apercevant la scène de la réconciliation, il s'en va. (CfDaniel. |'''Photogramme - Porte 4''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 66.''')Kyril au seuil de la porte de Daniel.]]
''' <span id="ancre_66pancre_66">Plan</span>[[Fichier:portep6.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme 66- Porte 4''' 19 : ''Andreï Roublev'', '35''Plan 66.'07'' &quot; : Kyril ("le diable" (!) est au seuil de la porte , en apercevant la scène de Daniella réconciliation, il s'en va.]](Cf. '''Photogramme – Porte 4.''')
''' <span id="ancre_68">Plan</span> 68-21 : ''' ''36' 06''&quot; : Kyril portant un baluchon, traverse la cour du monastère en fustigeant les moines rassemblés : "''Nous avons placé le profit au-dessus de la foi, et oublié la raison de notre sacerdoce. (…) Le monastère ressemble à un marché.'' " L'évêque arrive : "''Sais-tu ce qui se passe pour des gens comme toi. Va-t-en [[chien]].''" Kyril lui tourne le dos, et s'en va, il tombe sur un genou. Il est à noter, qu’au plan suivant, Kyril, tuera son chien avec son [[bâton]].
<center>* </center>
<span id="ancre_3m1c"> </span>
====La chute de la couronne au passage d’Andreï Roublev====
Au plan 124, c'est la nuit, Roublev est dans les champs, en présence d'une jeune femme. Dans le plan qui suit :
 
<span id="ancre_125p"></span>[[Fichier:Couronne_Andreïroublev_Tarlovsky_plan0126b_1600p.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 5''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 125.''' La couronne de paille qui tombe (la flèche verte) au passage d'Andreï Roublev. |'''Photogramme - Porte 5''' : ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 125.''' La couronne de paille qui tombe (la flèche verte) au passage d'Andreï Roublev. ]]
''' <span id="ancre_125">Plan</span> 125 - 19 :''' '' 1h 01' 10''&quot; : C'est le jour, il entre dans la cour fermée d'une ferme, il passe derrière une vieille femme qui, curieusement, se balance sur une [[balançoire]] au son strident. Elle est face à nous. Il s'arrête quelques instants. C'est en fait, un premier indice du "vieillissement"de Roublev. <ref>Là aussi, ne peut-on pas dire qu'il s'agit d'une espèce de transfert d'identité ou de [[résonance]] ? </ref> Il traverse toute la cour, et passe sous un porche. Il fait à peine quelques pas, une [[Couronne#Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski|couronne]] en [[Paille#Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski|paille]], parmi d'autres couronnes fixées sur le porche, tombe en silence sur le sol. (Cf. '''Photogramme – Porte 5.''')
<span id="ancre_66p"></span>[[Fichier:Couronne_Andreïroublev_Tarlovsky_plan0126b_1600p.jpg|300px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 5''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan 66.''' La couronne de paille qui tombe (la flèche verte) au passage d'Andreï Roublev. ]] Nous avons parlé des cas de figures de la porte. Nous avons également parlé de sa structure architectonique. Le [[passage]], si l'on ose dire, du rationnel à l'[[irrationnel]] ou du raisonnable au [[Superstition|superstitieux]], s'effectue simplement par la fixation d'un élément hétérogène à la structure élémentaire de la porte à un niveau singulier, généralement dans sa partie supérieure. Nous voulons préciser, que le substantif "porte" doit être considéré dans un sens très large : toute ouverture pratiquée dans un mur (ou un obstacle) à savoir, de la porte d'entrée d'une [[maison]] jusqu'à la grange (comme c'est le cas ici, au plan 126.) Ensuite, en ce qui concerne les objets spécifiques de fixation, ils sont disposés en fonction de leur caractère magique, en fait essentiellement prophylactique. <ref>Sur cette question, Cf. Hervé Fillipetti et Janine Trotereau, Symboles et pratiques rituelles dans la maison paysanne.- Architecture et Vie Traditionnelles, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' </ref> La question de la [[prophylaxie]] est essentielle à la [[Thèse:Résumé#cinémancie|cinémancie]]. Elle s'inscrit de fait, si l'on ose dire, dans un processus pro-mancie, par l'ambition de favoriser des périodes heureuses, grâce à l'intervention d'objets spécifiques selon un rituel et une période précise. Cette question est prépondérante, nous allons la traiter par morceaux, au fur et à mesure des exemples filmiques, car elle déborde sur des figures majeures et spécifiques.
<center>* </center>
<span id="ancre_3m1d"> </span>
====La colère d’Andreï Roublev====
'''<span id="ancre_181">Plan</span> 181-39''' : ''1h 29' 01"'' : Tout à coup, il sort en riant sous l'orage. Il ouvre le premier battant de la porte de l'église. Nous entendons un coup de tonnerre. La sourde-muette ramasse la paille sur laquelle elle était installée, une grande moitié tombe au sol. Le tonnerre gronde une seconde fois.
'''<span id="ancre_182ancre_182p">Plan</span> 182[[Fichier:portep7.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme -40Porte 6''' : ''1h 30[[Andreï Roublev]]' 05"', ' : ''Plan 182'''. La sourde-muette qui suit Andreï Roublev. Avant de sortir, elle ouvre en ouvrant la seconde moitié de la porte à double battant(Cf. |'''Photogramme - Porte 6.''' ): ''[[Andreï Roublev]]'', '''Plan 182'''. La sourde-muette qui suit Andreï Roublev en ouvrant la seconde moitié de la porte. ]]
'''<span id="ancre_182">Plan</span> 182-40''' : ''1h 30' 05"'' : La sourde-muette suit Roublev. Avant de sortir, elle ouvre la seconde moitié de la porte à double battant(Cf. '''Photogramme – Porte 6.''' )
<span id="ancre_182p"></span>[[Fichier:portep7.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 6''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan 182'''. La sourde-muette qui suit Andreï Roublev en ouvrant la seconde moitié de la porte. ]]
'''<span id="ancre_183">Plan</span> 183-41''' : 1h 30' 12" : Plan général sur les compagnons stupéfaits de l'atelier de Roublev.
<center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
<span id="ancre_3m2"> </span>
 === Un condamné Condamné à mort s’est échappé , de Robert Bresson===
Michel Cournot, critique du Nouvel Observateur, discute la question de la porte dans le film de Bresson Au hasard Balthasar (1966) : (…) "Les créatures de Balthasar passent le plus clair de leur temps à ouvrir, fermer, passer et repasser des portes. Il suffit d'être un tant soi peu sensible à la transcendance, pour voir qu'une porte n'est pas simplement une ouverture pratiquée dans un mur. (…) Selon qu'elle est fermée, ouverte, fermée à clef, battante, une porte est, sans changer du tout de nature, présence ou absence, appel ou défense, perspective ou plan aveugle, innocence ou faute. (…) Dans l'état d'esprit bressonien, "universel" se dit "œcuménique" : il n'est pas "d'image plus œcuménique de l'immanence de la vie" que celle d'une porte ouverte et refermée : une porte permet aussi de signifier sans déchoir." <ref>''Le Nouvel Observateur'', 1966, N° 80, p. 40. </ref>
 
<span id="ancre_32cp"></span> [[Fichier:portep1.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 7''' : ''[[Condamné à Mort s'est échappé (Un)|Un Condamné à Mort s'est échappé]]'', '''Plan 32'''. La main de Fontaine qui « caresse » la porte de sa cellule, comme s’il caressait sa liberté. |'''Photogramme - Porte 7''' : ''[[Condamné à Mort s'est échappé (Un)|Un Condamné à Mort s'est échappé]]'', '''Plan 32'''. La main de Fontaine qui « caresse » la porte de sa cellule, comme s’il caressait sa liberté. ]]
La conclusion de Michel Cournot reste à discuter. Nous l'avons citée pour démontrer l'ampleur de la valeur de cet objet architectonique mobile. Il y a effectivement dans ''Au Hasard Balthasar'', une place importante accordée aux portes. Mais outre la fonction de passage métaphorique, la multiplication des images de porte fermée ou ouverte indique l'inconstance et la légèreté des différents protagonistes par rapport à l'âne Balthasar, qui est malmené de bout en bout dans le film, et qui poursuit son chemin en toute innocence. Il essaye tant bien que mal de trouver une place dans cette société hostile à son égard, mais il est tout le temps méprisé. Le film ne propose pas un regard au premier degré, d'où sa perplexité. A la limite, il faut se demander s'il s'agit réellement d'un âne ou d'une métaphore qui propose l'idée d'un âne. A partir de ce constat, les portes aussi prennent une place métaphorique. Le film est en fait à considérer minutieusement, plan par plan.
<center>* </center>
<span id="ancre_3m2a"> </span>
====Le condamné s'échappe à travers une porte====
Dans <span id="ancre_47p"></span> [[Fichier:portep2.jpg|300px|thumb|right|alt=''Un condamné 'Photogramme - Porte 8''' : ''[[Condamné à mort Mort s'est échappé (Le vent souffle où il veutUn)'', le réalisateur insiste particulièrement sur la porte par laquelle le condamné |Un Condamné à mort, Fontaine va Mort s'échapper. Le plan 32 du film nous livre un début de réponse : c'est un gros plan de la [[mainéchappé]] ouverte de '', '''Plan 47'''. Fontaine qui se ballade sur fait éclater un bout du cadre de la porte de sa cellule. (Cf. |'''Photogramme - Porte 7.8''': ''[[Condamné à Mort s'est échappé (Un)|Un Condamné à Mort s'est échappé]]'', '''Plan 47'''. Fontaine qui fait éclater un bout du cadre de la porte.]]
<span id="ancre_50p"></span> [[Fichier:portep3.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 9''' : ''[[Condamné à Mort s'est échappé (Un)|Un Condamné à Mort s'est échappé]]'', '''Plan 47'''. Fontaine qui peut, à présent, voir sa libération, à travers de sa porte.|'''Photogramme - Porte 9''' : ''[[Condamné à Mort s'est échappé (Un)|Un Condamné à Mort s'est échappé]]'', '''Plan 47'''. Fontaine qui peut, à présent, voir sa libération, à travers de sa porte.]]
<span id="ancre_32p"></span> [[Fichier:portep1.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 7''' : Dans ''Un condamné à mort s'est échappé(Le vent souffle où il veut)'', le réalisateur insiste particulièrement sur la porte par laquelle le condamné à mort, Fontaine va s'''Plan échapper. Le plan 32du film nous livre un début de réponse : c'''. La est un gros plan de la [[main ]] ouverte de Fontaine qui « caresse » se ballade sur la porte de sa cellule, comme s’il caressait sa liberté. ]](Cf. '''Photogramme – Porte 7.''')
En voix off, nous l'entendons réfléchir : " …''elle (la porte) était faite de deux panneaux de six planches de chênes, dans deux cadres de même épaisseur. Dans un intervalle entre deux planches, le bois n'était pas du chêne mais un bois d'une autre couleur, du hêtre ou peuplier… Il y a sûrement un moyen pour démonter cette porte…''" A partir de ce plan, toute l'activité de Fontaine sera focalisée sur cette porte et de la façon par laquelle il va s'échapper. Au plan 33, il transforme une [[cuillère]] en une sorte de ciseau à bois. Petit à petit il va réussir à démonter trois planches de la porte, se frayant ainsi un [[chemin]] pour accéder au toit de la prison. Cependant, nous ne devons pas considérer la porte uniquement pour son aspect architectonique. Elle ne représente pas seulement sa liberté, elle devient aussi sa lutte acharnée contre l'envahisseur. L'essence du bois, le chêne, représente la dureté de l'obstacle, mais elle représente aussi la dureté de l'occupant nazi. En fait, tout le charme de ce film est dans ces [[Métamorphose|métamorphoses]] : d'un homme seul qui lutte au milieu d'une horde d'hommes sans pitié. Au plan 45, sa cuillère-ciseau se casse, il n'abandonne pas pour autant sa lutte. Au plan 47, il a réussit à obtenir deux autres cuillères. En forçant sur le cadre de la porte, afin de l'écarter, pour faire glisser les planches de chênes ; il fait éclater un bout du cadre de la porte, qui se casse et tombe par terre. (Cf. '''Photogramme – Porte 8.''')
 
<span id="ancre_47p"></span> [[Fichier:portep2.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 8''' : ''Un condamné à mort s'est échappé'', '''Plan 47'''. Fontaine qui fait éclater un bout du cadre de la porte.]]
Là aussi, il ne s'agit pas non plus d'un morceau de bois qui s'est cassé, mais par métaphore, c'est un signe prémonitoire qui annonce qu'il va "casser" le cadre du système de surveillance nazi. (Cf. '''Photogramme – Porte 9.''')
 
 
<span id="ancre_50p"></span> [[Fichier:portep3.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 9''' : ''Un condamné à mort s'est échappé'', '''Plan 47'''. Fontaine qui peut, à présent, voir sa libération, à travers de sa porte.]]
 
 
<center>* </center>
====Liens spécifiques du film====
*[[Chapeau#Un Condamné à mort s’est échappé , de Robert Bresson|Chapeau]]*[[Corde#Un Condamné à mort s’est échappé , de Robert Bresson|Corde]]*[[Crochet#Un Condamné à mort s’est échappé , de Robert Bresson|Crochet]]*[[Cuillère#Un Condamné à mort s’est échappé , de Robert Bresson|Cuillère]]*[[Grillage#Un Condamné à mort s'est s’est échappé, de Robert Bresson|Grillage]]*[[Main#Un Condamné à mort s'est s’est échappé (Un), de Robert Bresson|Main-œil]]*[[Porte#Un Condamné à mort s’est échappé , de Robert Bresson|Porte]]*[[Sac#Un Condamné à mort s’est échappé , de Robert Bresson|Sac-mouchoir]]
<center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
<span id="ancre_3m3"> </span>
===Nostalghia, d’Andreï Tarkovski===
Quand le Poète se trouve seul dans sa chambre d'hôtel, tous ces faits et gestes sont à considérer attentivement, c'est comme si nous entrions dans une autre dimension, celle d'un "[[passage]]" spirituel.
<span id="ancre_27cp"></span> [[Fichier:portep8.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 10''' : ''Nostalghia'', '''Plan 27c'''. A travers la porte de la salle de bain, le Poète dispose un gobelet sur le bord du lavabo, pour finalement boire directement au robinet. Pourquoi ?|'''Photogramme - Porte 10''' : ''Nostalghia'', '''Plan 27c'''. A travers la porte de la salle de bain, le Poète dispose un gobelet sur le bord du lavabo, pour finalement boire directement au robinet. Pourquoi ?]]
''' <span id="ancre_27">Plan</span> 27 :''' '' 19' 45&quot;'' : Long plan circulaire à 360°. Le Poète ouvre les volets, il les ferme aussitôt. (27a) Il allume un [[néon]](27b). Il se dirige vers la salle de bains. Il veut boire un verre d'eau, il pose le verre près du robinet, mais il boit directement du robinet. <ref>Certes, c'est à juste titre que François Ramasse écrit : (…) "le déplacement du gobelet d'un côté à l'autre… n'est-il pas le geste machinal de quelqu'un qui remet un objet à sa place habituelle ?" (Présenté par Michel Estève ), ''Andreï Tarkovski, Études cinématographiques, N° 135-138'', Éditions Lettres Modernes, Minard, Paris, 1983, p. 130.) Toutefois, ce plan "intriguant" dit beaucoup plus encore : d'une part, le déplacement du gobelet est une représentation du geste final de Gortchakov : déplacé la [[bougie]], le lavabo devient une piscine en miniature ; d'autre part, c'est le comportement de Gortchakov qui est à prendre en considération, il s'agit en effet, d'une posture de révérence du "lieu" et à l'eau. C'est deux remarques montrent l'importance de la salle de bain. </ref> (27c) (Cf. '''[[Photogramme – Porte 10]]'''.) <span id="ancre_27cp"></span> [[Fichier:portep8.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 10''' : ''Nostalghia'', '''Plan 27c'''. A travers la porte de la salle de bain, le Poète dispose un gobelet sur le bord du lavabo, pour finalement boire directement au robinet. Pourquoi ?]]
Il avance vers une [[armoire]] (27d), il ouvre les portes, elle est vide, il la referme (27 e). Il se dirige vers un meuble avec un [[miroir]], il prend un [[Livre#Nostalghia, d’Andreï Tarkovski|livre]] (27f). Le livre toujours à la [[main]], il l'ouvre. Un objet tombe, sans que nous sachions ce que c'est. D'après le son de la chute, c'est plutôt un bouton (d'un [[Manteau#Nostalghia, d’Andreï Tarkovski|manteau]] !) qu'une pièce de monnaie. Le livre, c'est une Bible. <ref>La Bible ouverte est un fait remarquable. (...) "Il semble qu'une simple Bible ouverte refoule les mauvais esprits." '''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 225. "De même les Romains pour y trouver les réponses divines à leurs angoisses pratiquaient une divination appelée rhapsodo-mancie (ou stichomancie), à l'aide d'ouvrage de poésie (Virgile, Homère). On ouvrait le livre au hasard, et le premier passage qui se présentait délivrait l'oracle et renseignait sur la conduite à tenir." ''Ibid''. p. 1002. </ref> Il remarque, à la première page de la bible, une mèche de [[Cheveux#Nostalghia, d’Andreï Tarkovski|cheveux]] enroulée autour d'un peigne.
Le 13 août 1981, Tarkovski est à Moscou. Il n'est pas sûr de tourner le film. Il écrit dans son cahier journal : (…) "Je ne pense qu'aux problèmes italiens. (…) Pourvu que ça marche avec les Italiens ! J'ouvre l'Évangile au hasard. Saint Jean, chapitre X : " ''En vérité en vérité je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y entre autrement est un voleur et un brigand. Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis entendent sa voix, et il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent et il les conduit dehors.''" Cela n'est-il pas dit à propos de mon projet ?" <ref> '''Andreï Tarkovski''', ''Cahier Journal 1970-1986'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 273. </ref> La [[bibliomancie]], (…) "c'est la divination qui consiste à ouvrir au hasard une bible et à tirer un [[présage]] ou à définir une conduite d'après le passage sur lequel en a posé, sans réfléchir ou en fermant les yeux, le [[doigt]] (une épingle d'or, <ref> Comme peut-être dans le film, la mèche de cheveux enroulée autour d'un peigne. </ref> au siècle dernier.)" <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', op. cit., p. 228. </ref> Dans le cas cité, nous ne sommes plus en présence d'un indice, mais d'un argument. <ref>Dans le sens peircien. </ref> Andreï Tarkovski pratiquait donc la bibliomancie (ou encore la rhapsodomancie). Cette pratique se pose d'une façon visible dans ce film. <ref>Et surtout dans ''[[Andreï Roublev]]'', avec l'exemple du '''livre''' des Ecritures. </ref> Même si le Poète, n'a pas tourné les pages de la Bible, le fait de l'avoir laissée telle quelle, témoigne déjà d'une espèce de réponse. Certes, cette pratique n'est pas unanimement perceptible. Mais le texte biblique en question détermine selon lui "le propos de son projet". Le texte a un double sens : d'une part, le sens de la vocation du cinéaste qui est d'entrer par la "porte" ; d'autre part, le sens de la vocation du film et de sa portée. Nous verrons plus loin la valeur de la "porte flanquée au milieu du grenier du Fou", une porte qui n'a aucune raison d'être ([[#ancre_60bp|plan 60]]).
<span id="ancre_28p"></span> [[Fichier:livrep5.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 11''' : ''''Nostalghia'''', '''Plan 28'''. Le Poète ouvre la porte, sans que la Traductrice ait à frapper. Notez le fait que sa tête est dans l'ombre, comme si elle est absente.|'''Photogramme - Porte 11''' : ''''Nostalghia'''', '''Plan 28'''. Le Poète ouvre la porte, sans que la Traductrice ait à frapper. Notez le fait que sa tête est dans l'ombre, comme si elle est absente.]]
'''<span id="ancre_28">Plan</span> 28''' : ''22' 28"'' : Réponse oraculaire de la [[bible]], le Poète ouvre la [[porte]] de la [[chambre]]. La Traductrice est en face de lui, dans l'[[ombre]] (Cf. [[Photogramme – Porte 11.]]) : <span id="ancre_28p"></span> [[Fichier:livrep5.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 11.''' ) : ''Nostalghia'', '''Plan 28'''. Le Poète ouvre la porte, sans que la Traductrice ait à frapper. Notez le fait que sa tête est dans l'ombre, comme si elle est absente.]]
- Le Poète : "''Tu as frappé ?'' "<br/>
''' <span id="ancre_30">Plan</span> 30 : ''' ''22' 50&quot;'' : Il sort dans le couloir sombre de l'hôtel. Il prend le [[livre]] (de poésie) des mains de la Traductrice et entre dans sa chambre, laissant la Traductrice dans le couloir, sans lui dire un mot.
 
<span id="ancre_31ap"></span> [[Fichier:livrep6.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 12''' : ''Nostalghia'', '''Plan 31a'''. Le Poète jette le livre dans le coin droit de la chambre, devant la salle de bain.|'''Photogramme - Porte 12''' : ''Nostalghia'', '''Plan 31a'''. Le Poète jette le livre dans le coin droit de la chambre, devant la salle de bain.]]
''' <span id="ancre_31">Plan</span> 31 : ''' ''24' 23&quot;'' : (Long plan) Le Poète jette le livre qu'il a pris des mains de la Traductrice dans le coin droit de la chambre, dans un coin sombre, <ref>'''G. Bachelard''', ''La poétique de l'espace'', chapitre VI, Les coins, op. cit., pp. 130-139, l'auteur écrit : (…) "… le coin est un refuge qui nous assure une première valeur de l'être : l'immobilité. Il est le sûr local, le proche local de mon immobilité. Le coin est une sorte de demi-boîte, moitié murs, moitié porte. Il sera une illustration pour la dialectique du dedans et du dehors…", p. 131. </ref> en direction de la salle de bains (Cf. Photogramme – Porte 12.)
<span id="ancre_31ap"></span> [[Fichier:livrep6.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 12''' : ''Nostalghia'', '''Plan 31a'''. Le Poète jette le livre dans le coin droit de la chambre, devant la salle de bain.]]
La Traductrice n'a pas jeté le livre, (comme il le lui demandera dans le hall de l’hôtel), lui s'en charge. Un peu plus tard, la Traductrice jettera sa brosse à cheveux dans ce même coin (plan 74e).
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====Le rêve, porte de la conscience====
''' <span id="ancre_35a">Plan</span> 35a :''' '' 29' 46''&quot;: Le poète se lève et quitte le lit, laissant derrière lui sa femme enceinte, allongée. Elle est dans le lit de la chambre de l'hôtel. Le lit n'est plus perpendiculaire au mur, mais parallèle. (Cf. '''Photogramme – Porte 13''')
<span id="ancre_35ap"></span> [[Fichier:litp1.jpg|200px300px|thumb|right|alt=|'''Photogramme - Porte 13''' : ''Nostalghia'', '''Plan 35a'''. La femme enceinte du Poète allongée sur le lit, parallèle au mur. ]]
<span id="ancre_35bp"></span> [[Fichier:litp2.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 14''' : ''Nostalghia'', '''Plan 35b'''. Un exemple de l'éclairage particulier du film qui passe du noir (photogramme précédent) à la lumière. Le contraste de la lumière est une caractéristique filmique dans ''[[Nostalghia]]''. Elle participe dans la représentation du concept de l'[[hésitation]].|'''Photogramme - Porte 14''' : ''Nostalghia'', '''Plan 35b'''. Un exemple de l'éclairage particulier du film qui passe du noir (photogramme précédent) à la lumière. Le contraste de la lumière est une caractéristique filmique dans ''[[Nostalghia]]''. Elle participe dans la représentation du concept de l'[[hésitation]].]]
 
''' <span id="ancre_35a">Plan</span> 35a :''' '' 29' 46''&quot;: Le poète se lève et quitte le lit, laissant derrière lui sa femme enceinte, allongée. Elle est dans le lit de la chambre de l'hôtel. Le lit n'est plus perpendiculaire au mur, mais parallèle. (Cf. '''Photogramme – Porte 13''')
''' <span id="ancre_35b">Plan</span> 35b :''' '' 30' 12''&quot; : Un zoom avant lent va cadrer la femme allongée, mais au fur et à mesure, l'image va s'obscurcir complètement, jusqu'au point où le fond (nostalgique) va devenir noir. (Cf. '''Photogramme – Porte 14'''.)
<span id="ancre_35bp"></span> [[Fichier:litp2.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 14''' : ''Nostalghia'', '''Plan 35b'''. Un exemple de l'éclairage particulier du film qui passe du noir (photogramme précédent) à la lumière. Le contraste de la lumière est une caractéristique filmique dans ''[[Nostalghia]]''. Elle participe dans la représentation du concept de l'[[hésitation]].]]
Le sens s'établit à partir de la [[Cheveux#Nostalghia, d’Andreï Tarkovski|chevelure]] de la Traductrice, en passant par la grossesse de la femme du Poète et donc de la fertilité créatrice, pour culminer dans le fond noir, laissant illuminé le ventre gonflé de sa femme, comme une montagne magique avec à son sommet l'auréole de son espoir ! En outre, le plan 35b constitue une seconde "image-clé", car il résume "la mission" du Poète. En effet, le Poète est partagé entre deux grandes aspirations : 1. retrouver sa famille (représentée par "la [[Maison#Nostalghia d’Andreï Tarkovski|maison]]"), 2. "sauver le monde", en traversant la piscine. Or, le plan 35b, nous présente en une seconde, les deux pôles de cette alternative : les fenêtres "fermées", qui correspondent à la 1ère mission, et la porte "ouverte" de la salle de bains, qui représente la 2nde mission. Cela explique le fait mystérieux de la sortie impromptue du [[Chien#Nostalghia d’Andreï Tarkovski|chien]] de la salle de bain, qui annonce le dernier plan du film. De plus, [[Résonance#ancre_37a|l'épisode suivant]] du film s'attache à montrer le lien qui va unir la salle de bain et la piscine Sainte-Catherine.
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====La porte inutile de « La Maison de la fin du monde »====
 
<span id="ancre_60bp"></span> [[Fichier:portep12.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Porte 15''' : ''Nostalghia'', '''Plan 60b'''. Le Fou traverse une porte inutile.|'''Photogramme - Porte 15''' : ''Nostalghia'', '''Plan 60b'''. Le Fou traverse une porte inutile.]]
'''<span id="ancre_60">Plan</span> 60''' : ''0h 57' 58&quot;'' : Le Poète veut prendre congé. "Le Fou" l'accompagne. Ils traversent le grenier. "Le Fou" passe inutilement une porte flanquée en plein milieu de l'énorme pièce. Il prend le soin d'ouvrir la porte, de se retourner, et de la fermer calmement (60b). (Cf. Photogramme – Porte 15.)
 
 
<span id="ancre_60bp"></span> [[Fichier:portep12.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 15''' : ''Nostalghia'', '''Plan 60b'''. Le Fou traverse une porte inutile.]]
 
Voir : [[Nostalghia]]
 
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==Symbolisme==
<center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center> 
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==Superstition==
7. Deux personnes qui ouvrent une porte au même moment se disputeront bientôt.<br/>
8. Les Russes se répugnent à prendre congé d'un visiteur sur le pas d'une porte car une brouille suivrait, ce qu'on explique par le fait qu'une "porte est une séparation interposée, elle indique une rupture."<br/>
9. Il est maléfique de se trouver dans une pièce dont deux portes sont ouvertes en même temps et, lorsqu'on effectue une démarche importante, il faut éviter de se placer dos à une porte ouverte. <ref> '''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', [[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 687.</ref>
<center>* * *[[#ancre_1|▲ ▲ ▲]]</center>
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