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Porte

12 187 octets ajoutés, 2 novembre 2011 à 02:41
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<td> '''[[#Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson|Condamné à mort s’est échappé (Un) ]] '''<br/>&#167;. </td>
<td><em>[[Condamné à Mort s'est échappé (Un)]]</em></td>
<td><strong>[[Bresson Robert]]</strong></td>
<ref> </ref>====La chute de la couronne au passage d’Andreï Roublev====
''' <span id="ancre_30">Plan</span> ''' '' ''&quot;
 Au plan 124, c'est la nuit, Roublev est dans les champs, en présence d'une jeune femme. Dans le plan qui suit : ''' <span id="ancre_1ancre_125">Plan</span> 125 - 19 :''' '' 1h 01' 10''&quot; : C'est le jour, il entre dans la cour fermée d'une ferme, il passe derrière une vieille femme qui, curieusement, se balance sur une [[balançoire]] au son strident. Elle est face à nous. Il s'arrête quelques instants. C'est en fait, un premier indice du "vieillissement"de Roublev. <ref>Là aussi, ne peut-on pas dire qu'il s'agit d'une espèce de transfert d'identité ou de [[résonance]] ? </ref> Il traverse toute la cour, et passe sous un porche. Il fait à peine quelques pas, une [[Couronne#Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski|couronne]] en [[Paille#Andreï Roublev, d’Andreï Tarkovski|paille]], parmi d'autres couronnes fixées sur le porche, tombe en silence sur le sol. (Cf. '''Photogramme – Porte 5.''')  <span id="ancre_66p"></span> [[Fichier:pCouronne_Andreïroublev_Tarlovsky_plan0126b_1600p.jpg|200px300px|thumb|right|'''Photogramme - Génuflexion 1Porte 5''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan 66.'''La couronne de paille qui tombe (la flèche verte) au passage d'Andreï Roublev. ]] Nous avons parlé des cas de figures de la porte. Nous avons également parlé de sa structure architectonique. Le [[passage]], si l'on ose dire, du rationnel à l'[[irrationnel]] ou du raisonnable au [[superstitieux]], s'effectue simplement par la fixation d'un élément hétérogène à la structure élémentaire de la porte à un niveau singulier, généralement dans sa partie supérieure. Nous voulons préciser, que le substantif "porte" doit être considéré dans un sens très large : toute ouverture pratiquée dans un mur (ou un obstacle) à savoir, de la porte d'entrée d'une [[maison]] jusqu'à la grange (comme c'est le cas ici, au plan 126.) Ensuite, en ce qui concerne les objets spécifiques de fixation, ils sont disposés en fonction de leur caractère magique, en fait essentiellement prophylactique. <ref>Sur cette question, Cf. Hervé Fillipetti et Janine Trotereau, Symboles et pratiques rituelles dans la maison paysanne.- Architecture et Vie Traditionnelles, ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' </ref> La question de la [[prophylaxie]] est essentielle à la [[Thèse:Résumé#cinémancie|cinémancie]]. Elle s'inscrit de fait, si l'on ose dire, dans un processus pro-mancie, par l'ambition de favoriser des périodes heureuses, grâce à l'intervention d'objets spécifiques selon un rituel et une période précise. Cette question est prépondérante, nous allons la traiter par morceaux, au fur et à mesure des exemples filmiques, car elle déborde sur des figures majeures et spécifiques.  [[Couronne|Lire la suite]]  
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====La colère d’Andreï Roublev====
 
Hélas, Kyril est devenu un signe qui ne trompe pas, dès qu’il est là ou dès que son image est suggérée, la colère est tout près. De retour au chantier du Jugement Dernier, (Vème episode) nous retrouvons les mêmes personnages, c’est-à-dire les compagnons de Roublev, Daniel et la sourde-muette.
 
'''<span id="ancre_180">Plan</span> 180-38''' <ref>Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.</ref>: ''1h 28' 22"'' : Roublev est en proie à une excitation inhabituelle, que nous ne lui connaissons pas. Il parle sarcastiquement à Daniel et lui dit enfin : "'' Pourquoi des pêcheurs ? Tu appelles ça une pécheresse !'' (Désignant la sourde-muette assise au sol) ''Même sans foulard sur la [[tête]].''"
 
'''<span id="ancre_181">Plan</span> 181-39''' : ''1h 29' 01"'' : Tout à coup, il sort en riant sous l'orage. Il ouvre le premier battant de la porte de l'église. Nous entendons un coup de tonnerre. La sourde-muette ramasse la paille sur laquelle elle était installée, une grande moitié tombe au sol. Le tonnerre gronde une seconde fois.
 
'''<span id="ancre_182">Plan</span> 182-40''' : ''1h 30' 05"'' : La sourde-muette suit Roublev. Avant de sortir, elle ouvre la seconde moitié de la porte à double battant(Cf. '''Photogramme – Porte 6.''' )
 
 
<span id="ancre_182p"></span>[[Fichier:portep7.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 6''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan 182'''. La sourde-muette qui suit Andreï Roublev en ouvrant la seconde moitié de la porte. ]]
 
'''<span id="ancre_183">Plan</span> 183-41''' : 1h 30' 12" : Plan général sur les compagnons stupéfaits de l'atelier de Roublev.
 
Fin de l'épisode.
 
Le plan 181 est la seconde sortie colérique dans le film. La première fut celle de Kyril au [[Inversion#Les « inversions » de Kyril|plan 68]] (IIIème épisode), c'est peut être cet aspect qui établit une liaison avec Kyril. De plus, les deux sorties ont un aspect en commun : elles sont immédiatement suivies par la réaction d'un être fidèle. Près de nous, c'est la sourde-muette qui suit Roublev, au [[Chien#ancre_69| plan 68]], c'est le chien qui suit Kyril. Roublev prendra la sourde-muette sous ses "ailes" alors que Kyril tuera son chien avec ses "griffes". Roublev construit, Kyril détruit.
 
Nous insistons sur le rôle prépondérant de la sourde-muette, car les arguments ne manquent pas pour lui attribuer une figure d'animal métamorphosé, ou plus précisément de "l'homme-animal-couché", comme elle l'était au plan 181, ou en "homme-droit", comme elle le sera dans le septième épisode, qui est une anticipation du mariage de la sourde-muette avec le chef des tatars. Mais d'autres arguments nous sont livrés dans cet épisode. C'est d'abord, comme nous venons de le voir, la correspondance avec le [[chien]]. Le second argument, c'est la présence incongrue de la paille à l'intérieur d'une église ; de plus, la sourde-muette ne portait pas de foulard – attribut féminin, pour cacher ses [[cheveux]] - mais de la paille – attribut animal. Un troisième argument issu du second, est la moitié de la paille qui tombe, et qui trouve sa correspondance avec la seconde moitié de la porte ouverte : c'est-à-dire que, comme elle n'a plus besoin d'ouvrir la première moitié pour sortir, elle n'aura plus besoin non plus de la seconde moitié de la paille pour dormir.
 
 
 
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====Liens spécifiques du film====
 
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=== Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson===
 
 
====La perception d'une porte====
 
Michel Cournot, critique du Nouvel Observateur, discute la question de la porte dans le film de Bresson Au hasard Balthasar (1966) : (…) "Les créatures de Balthasar passent le plus clair de leur temps à ouvrir, fermer, passer et repasser des portes. Il suffit d'être un tant soi peu sensible à la transcendance, pour voir qu'une porte n'est pas simplement une ouverture pratiquée dans un mur. (…) Selon qu'elle est fermée, ouverte, fermée à clef, battante, une porte est, sans changer du tout de nature, présence ou absence, appel ou défense, perspective ou plan aveugle, innocence ou faute. (…) Dans l'état d'esprit bressonien, "universel" se dit "œcuménique" : il n'est pas "d'image plus œcuménique de l'immanence de la vie" que celle d'une porte ouverte et refermée : une porte permet aussi de signifier sans déchoir." <ref>''Le Nouvel Observateur'', 1966, N° 80, p. 40. </ref>
 
La conclusion de Michel Cournot reste à discuter. Nous l'avons citée pour démontrer l'ampleur de la valeur de cet objet architectonique mobile. Il y a effectivement dans ''Au Hasard Balthasar'', une place importante accordée aux portes. Mais outre la fonction de passage métaphorique, la multiplication des images de porte fermée ou ouverte indique l'inconstance et la légèreté des différents protagonistes par rapport à l'âne Balthasar, qui est malmené de bout en bout dans le film, et qui poursuit son chemin en toute innocence. Il essaye tant bien que mal de trouver une place dans cette société hostile à son égard, mais il est tout le temps méprisé. Le film ne propose pas un regard au premier degré, d'où sa perplexité. A la limite, il faut se demander s'il s'agit réellement d'un âne ou d'une métaphore qui propose l'idée d'un âne. A partir de ce constat, les portes aussi prennent une place métaphorique. Le film est en fait à considérer minutieusement, plan par plan.
 
Mais Au Hasard Balthasar n'est pas chez Bresson le seul film à proposer la figure de la porte.
 
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====Le condamné s'échappe à travers une porte====
 
 
Dans ''Un condamné à mort s'est échappé (Le vent souffle où il veut)'', le réalisateur insiste particulièrement sur la porte par laquelle le condamné à mort, Fontaine va s'échapper. Le plan 32 du film nous livre un début de réponse : c'est un gros plan de la [[main]] ouverte de Fontaine qui se ballade sur la porte de sa cellule. (Cf. '''Photogramme – Porte 7.''')
 
 
<span id="ancre_32p"></span> [[Fichier:portep1.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 7''' : ''Un condamné à mort s'est échappé'', '''Plan 32'''. La main de Fontaine qui « caresse » la porte de sa cellule, comme s’il caressait sa liberté. ]]
 
 
En voix off, nous l'entendons réfléchir : " …''elle (la porte) était faite de deux panneaux de six planches de chênes, dans deux cadres de même épaisseur. Dans un intervalle entre deux planches, le bois n'était pas du chêne mais un bois d'une autre couleur, du hêtre ou peuplier… Il y a sûrement un moyen pour démonter cette porte…''" A partir de ce plan, toute l'activité de Fontaine sera focalisée sur cette porte et de la façon par laquelle il va s'échapper. Au plan 33, il transforme une [[cuillère]] en une sorte de ciseau à bois. Petit à petit il va réussir à démonter trois planches de la porte, se frayant ainsi un [[chemin]] pour accéder au toit de la prison. Cependant, nous ne devons pas considérer la porte uniquement pour son aspect architectonique. Elle ne représente pas seulement sa liberté, elle devient aussi sa lutte acharnée contre l'envahisseur. L'essence du bois, le chêne, représente la dureté de l'obstacle, mais elle représente aussi la dureté de l'occupant nazi. En fait, tout le charme de ce film est dans ces [[Métamorphose|métamorphoses]] : d'un homme seul qui lutte au milieu d'une horde d'hommes sans pitié. Au plan 45, sa cuillère-ciseau se casse, il n'abandonne pas pour autant sa lutte. Au plan 47, il a réussit à obtenir deux autres cuillères. En forçant sur le cadre de la porte, afin de l'écarter, pour faire glisser les planches de chênes ; il fait éclater un bout du cadre de la porte, qui se casse et tombe par terre. (Cf. '''Photogramme – Porte 8.''')
 
 
<span id="ancre_47p"></span> [[Fichier:portep2.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 8''' : ''Un condamné à mort s'est échappé'', '''Plan 47'''. Fontaine qui fait éclater un bout du cadre de la porte.]]
 
Là aussi, il ne s'agit pas non plus d'un morceau de bois qui s'est cassé, mais par métaphore, c'est un signe prémonitoire qui annonce qu'il va "casser" le cadre du système de surveillance nazi. (Cf. '''Photogramme – Porte 9.''')
 
 
<span id="ancre_50p"></span> [[Fichier:portep3.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Porte 9''' : ''Un condamné à mort s'est échappé'', '''Plan 47'''. Fontaine qui peut, à présent, voir sa libération, à travers de sa porte.]]
 
 
 
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====Liens spécifiques du film====
 
*[[Chapeau#Un Condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson|Chapeau]]
*[[Corde#Un Condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson|Corde]]
*[[Crochet#Un Condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson|Crochet]]
*[[Cuillère#Un Condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson|Cuillère]]
*[[Grillage#Un Condamné à mort s'est échappé, de Robert Bresson|Grillage]]
*[[Main#Condamné à mort s'est échappé (Un), de Robert Bresson|Main-œil]]
*[[Porte#Un Condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson|Porte]]
*[[Sac#Un Condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson|Sac-mouchoir]]
 
 
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''' <span id="ancre_30">Plan</span> ''' '' ''&quot;
 
<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:p.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Génuflexion 1''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan '''. ]]
 
 
 
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== Notes et références ==