Modifications

Aller à : navigation, rechercher

Attente

415 octets ajoutés, 8 décembre 2012 à 18:14
<span id="ancre_1"></span> [[Fichier:attentep1_Tarkovski_lemiroir_plan6_barriere_1400.jpg|500px450px|thumb|right|alt=''[[Miroir (Le)|Le Miroir]]'', '''plan 25'''. Maroussia assise sur la [[clôture]] en bois en fumant une [[cigarette]].| ''[[Miroir (Le)|Le Miroir]]'', '''plan 25'''. Maroussia assise sur la [[clôture]] en bois en fumant une [[cigarette]]. ]]
<tr>
<td>''' [[#Le Miroir, d’Andreï Tarkovski|Miroir (Le)]] ''' </td>
<td>(Voir détail : ''[[Miroir (Le) |Zerkalo]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />
<tr>
<td>''' [[#Nostalghia, d’Andreï Tarkovski|Nostalghia]] '''</td>
<td>(Voir détail : ''[[Nostalghia |Nostalghia]]'')</td>
<td> '''[[Tarkovski Andreï]]'''</td>
<td>Tarkovski A.<br />Guerra T.</td>
Mais d'abord, qui sont ces personnages ? Un enfant et trois femmes vêtues d'un châle noir. Pourquoi cette enveloppe sombre ? Est-ce pour une époque sans [[ombre]] ? Pourtant, entre les personnages se promène un [[chien]],<ref>Nous distinguons difficilement le chien dans le photogramme proposé. </ref> un berger allemand. Et, détaché du groupe, au fond de l'image, un [[cheval]] blanc broute paisiblement. C'est en fait le pays de Gortchakov, le poète soviétique. Son pays est beau, mais ses habitants sont aux bords de la pente, ils sont statufiés, comme ce fut le cas pour Andreï Tarkovski lui-même. Ce court prologue présente indirectement le point de vue du cinéaste. Nous devons être attentifs à ce type de plan, la succession de ces "petits faits" présente admirablement, en un temps bref, "une vision réaliste" des états de choses <ref>Cet aspect important explique le soin que nous portons dans la "description" méticuleuse de l'image. Ce n'est qu'à partir d'une telle précision que nous avons l'espoir d'interpréter avec pertinence nos hypothèses. </ref> : les quatre personnages quittent le plateau d'un talus (un équilibre est rompu), en entreprenant une descente lente (une chute inéluctable), tout en s'enveloppant d'un [[habit]] sombre (une protection indispensable ?). De plus, ils se dirigent vers un [[Chemin|sentier]] qui ne mène nulle part (absence de projet).
Il faut remarquer qu'en général, les [[Déplacement|déplacements]] topologiques <ref>Cf. '''André Gardies''', ''L'espace au cinéma'', 3ème partie : "L'espace narratif", en particulier, chapitre 1. "Essai de topographie". pp. 105-130. Nous suivons, sans difficultés A. Gardies lorsqu'il cite A.-J. Greimas, "au-delà même des seules contraintes narratives, l'espace n'est là que pour être pris en charge et signifie autre chose que l'espace, c'est-à-dire l'homme, qui est le signifié de tous les langages. ( '''Greimas''', ''Sémiotique et sciences sociales'', Ed. Seuil, Paris, 1976, p. 130.)" op. cit., p. 115. Toutefois, nous pensons, contrairement à A. Gardies, qu'il y a "urgence" dans la création de néologisme (p. 110.) En effet, dans ''<span id="ancre_sala"></span>Le Salaire de la peur'' (pp. 117-127) la série d'épreuves que traverse Mario ne sont-elles pas des indices "[[Thèse:Résumé|cinémantiques]]" ? L'image de Mario dans la "mare de pétrole"noire, n'annonce-t-elle pas le noir avenir qui l'attend ? Cf. également, '''F. Cesarman''', (...) "on comprend aujourd'hui ce que sont les déplacements, les condensations, les projections, la façon qu'ont les symptômes de se transformer en problèmes organiques et de changer l'image du corps propre, la symbolisation qui répond à la représentation verbale des images, véritable langage de l'inconscient… " ''Luis Buñuel'', traduit de l'espagnol par Annie Morvan, Editions Éditions du Dauphin, Paris, 1982, pp. 39 et 49. </ref> des protagonistes dans les films, participent pleinement dans l'établissement de faits [[Thèse:Résumé|cinémantiques]]. Ici, "la transformation-déplacement" présente la "souffrance de l'attente". Car, on peut dire que le film est comme ''[[Miroir (Le)|Le Miroir]]'', autobiographique. Du moins trop d'incidences nous permettent de le dire : le prénom du poète dans le film, Andreï ; la traductrice qui lit les poèmes d'Arseni Tarkovski ; les diverses allusions à la littérature russe, Tolstoï, Pouchkine. Enfin, c'est le moment où le cinéaste choisit de ne plus entrer en URSS. Les autorités réagissent en gardant son fils et sa belle-mère. Il a fallu l'intervention des grands de ce monde,<ref>Ronald Reagan, Président des USA, et François Mitterrand, Président de la France. </ref> pour laisser partir sa famille. Le réalisateur a donc vécu "la nostalgie" de l'intérieur. D'ailleurs, l'étymologie du terme dérive du grec, "nostos", "retour au pays" et "olgos", "souffrance", désigne le mal du pays. Ce qui explique, peut-être en partie, l'immobilité des personnages. En effet, l'aspect statique peut exprimer soit un ultime stade d'inactivité, de non-recherche, un stade paradisiaque, si l'on ose dire (accentué par le cheval blanc, qui suggère ici une figure de liberté ou d'innocence <ref>Cf. '''F. Farago''', "La réalité plénière du spirituel", ''Andreï Tarkovski, Etudes cinématographiques'', N° 135-138, Editions Lettres Modernes, Minard, Paris, 1983. p. 28. </ref>), soit un stade "d'attente". Reste à savoir de quelle attente il s'agit. Ce premier plan sera montré une seconde fois, au milieu du film.<ref>Cf. Plans 79-80. </ref> L'épisode suivant va nous offrir quelques éléments de réponse.
<span id="ancre_3np"></span> [[Fichier:arbrep12.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Arbre''', '''Plan 3'''. L'arrivée de la voiture dans le champ embrumé. Au centre de l'image, un arbre. Comme si le poteau central du plan 1 se métamorphosait en un arbre.|'''Photogramme - Arbre''', '''Plan 3'''. L'arrivée de la voiture dans le champ embrumé. Au centre de l'image, un arbre. Comme si le poteau central du plan 1 se métamorphosait en un arbre.]]
''' <span id="ancre_3">Plan</span> 3 :''' '' 2' 26''&quot; : Passage à la couleur. Passage à un autre paysage, presque identique au prologue. (Cf. [[Arbre#ancre_3p|'''Photogramme – Arbre]].''') Une voiture (Volkswagen) s'arrête. La Traductrice, Eugenia sort du véhicule, elle dit en russe : "''C'est un paysage extraordinaire… Cette lumière me rappelle l'automne à Moscou.''"<ref>François Ramasse,dans son article sur Nostalghia, se trompe quand il écrit que c'est Gortchakov qui fait la remarque à propos de "la lumière", cela a pour conséquence de modifier son analyse. (Présenté par Michel Estève), Andreï Tarkovski, Études cinématographiques, N° 135-138, Éditions Lettres Modernes, Minard, Paris, 1983, p. 120. </ref> Son compagnon, le Poète Gortchakov, reste dans la voiture, et lui demande de parler en italien. Il restera d'ailleurs longtemps dans la voiture. La Traductrice s'éloigne dans les brumes en empruntant un petit sentier. Après quelques longues secondes d'[[hésitation]], le Poète sort de la voiture en raillant : "''J'en ai assez de ces beautés écœurantes.''"<ref> Pour sa part, Rainer Maria Rilke écrit : (...) "Car le beau n'est rien d'autre que ce début de l'horrible qu'à peine nous pouvons encore supporter.". "Denn das Schöne ist nichts als des Schrecklichen Anfang, den wir noch grade ertagen, und wir bewundern es so, ..." ''Élégies de Duino'', traduction de J. – P. Lefebvre, Poésie/Gallimard, Paris, (1912-1922) 1994, 1ère Élégie, vers 4,5, p. 29.</ref> C'est une phrase fracassante, contradictoire qui d'emblée installe (de nouveau) la qualité nostalgique du film : aucune beauté ne peut remplacer le sentiment du pays natal. Mais paradoxalement un fait souligne les deux plans (plans 1 et 3).
''' <span id="ancre_4">Plan</span> 4 :''' '' 5' 46''&quot; : La Traductrice entre dans une église. Des femmes voilées, agenouillées, prient. Un prêtre entre à gauche du cadre. Il s'adresse à la Traductrice, mais il parle face à la caméra.«<br/>- Le prêtre : "''Vous voulez avoir un enfant ou une grâce de ne pas en avoir ?'' "<br/>- La Traductrice : "''Je regardais seulement''".<br/>- Le prêtre : "''Quand il y a quelqu'un de distrait, d'étranger à cette invocation, il ne se passe rien.''"<br/>- La Traductrice : "''Que devrait-il se passer ?''"<br/>- Le prêtre : "''Tout ce que tu veux, tout ce dont tu as besoin. Mais le "[[Nostalghia#L'importance des objets : aspect de miniaturisation/monumentalisation |minimum]]" il faut te mettre à genoux''».
Les paroles du prêtre sonnent comme un oracle, non pas seulement pour la Traductrice, mais aussi, par extension pour les spectateurs en général. Cela explique l'attitude singulière du prêtre qui parle face à la caméra ou en contre- champ (hors-champ), c'est-à-dire au public. "Le minimum" du discours du prêtre est une donnée centrale du film. Car, quelques secondes plus tard,