Ceinture
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Autant en emporte le vent | Gone with the Wind | Fleming Victor, Wood Sam, |
Howard Sidney | 1939 | USA | 224 |
Into the Wild | Into the Wild | Penn Sean | Sean Penn, roman de Jon Krakauer |
2007 | USA | 147' |
Luna (La) | Luna (La) | Bertolucci Bernardo | Arcalli F. Bertolucci B. |
1979 | Italie | 140 |
Viridiana §. Le boiteux qui utilise la corde à sauter en guise de ceinture |
Viridiana | Buñuel Luis | Buñuel L. Alejandro J. |
1961 | Mexique Espagne |
90 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Into the Wild de Sean Penn
Les citations de la ceinture dans le livre de Jon Krakauer
La ceinture sera citée deux fois dans le livre de Krakauer (qui est, nous le rappelons, à l’origine du scénario) : au chapitre 6, Anza-Borrego (réserve naturelle située dans l'état de Californie, à l'ouest des États-Unis) - Janvier - mars 1992 ; et au chapitre 7, Carthage - Avril 1992 - Retour chez Wayne, Christopher offre sa ceinture à Wayne.
Voir : Les rapports entre le film de Sean Penn et le livre de Jon Krakauer
Première allusion indirecte
La première allusion concernant la ceinture est indirecte. Elle remonte au plan 127, avec le panneau d'écriture. Christopher met de l'ordre dans le bus, et commence à écrire en majuscule, en gravant avec un couteau, ce que nous avons appelé son « credo » (sa profession de foi). C'est donc par la gravure, et les leçons de Ron sur l'utilisation du cuir, que Christopher va fabriquer sa propre ceinture, sur laquelle il va ajouter son périple avec des motifs qui représentent les principales étapes parcourues. C'était en hiver 1992, trois mois avant le bus. Ainsi, au plan 127, aux premiers jours du bus, il portait « déjà » sur lui, le discours de son credo : « deux ans à parcourir la terre », « le summum de la liberté », « un voyageur qui est chez lui sur la route », etc. Il faut noter l'association morphologique entre une ceinture et une route, au niveau de la linéarité en bande de l'objet. De plus, les motifs sont dessinés linéairement et selon l'ordre chronologique des lieux, mais curieusement, les motifs courent de gauche à droite, c'est-à-dire de l'Ouest à l'Est : Dakota, les Rapides, Golfo, un parcours en flèche qui termine avec la lettre N, suivie d'un triangle, et que Christopher interprète comme étant le Nord.
Les allusions directes de la ceinture
Les allusions directes de la ceinture sont les suivantes :
Plan 1520. 1h 51' 20" : Dans l'atelier de Ron. Christopher découvre le cuir, il admire la matière : « C'est incroyable comme c'est malléable !
- Oui.
- Quand le cuir est mouillé, on peut faire tout ce qu'on veut.
- Oui. C'est comme du beurre, c'est formidable, et ensuite, ça durci, ça ne bouge plus. »
Christopher va profiter de ce nouveau savoir, pour se confectionner durant ces moments de loisirs, (entre des moments de préparation physique), une ceinture personnelle, celle qu'il va porter tout le temps. (Mais dans le livre de J. Krakauer, Christopher offrira la ceinture à Wayne. J.K. chapitre 7.)
Plan 1545. 1h 53' 32" : L'iconographie de la ceinture. Christopher raconte à Ron l'histoire de la ceinture, qu'il vient de finir : « Là, j'étais dans le Dakota du sud, j'ai bossé dans un silo à grain, pour un type qui s'appelait Wayne, il était vraiment génial. Après j'ai descendu le Colorado, jusqu'au Grand Canyon, je me suis payé les Rapides, et je peux vous dire, que c'est de loin, le truc le plus terrifiant que j'ai jamais fait de ma vie.
- Oui, je te crois.
- Et j'ai suivi le Colorado jusqu'au Mexique, je suis arrivé à Golfo, où je suis resté coincé. Là, c'est le mont du salut.
- Oui, et le N, qu'est-ce que ça veut dire ?
- C'est le Nord. »
Plan 1603. 1h 58' 12" : Christopher commence à perdre le contrôle sur lui-même. Il ne se maîtrise plus, il est énervé, de mauvaise humeur, car il a faim. Il enlève sa ceinture, et il ajoute encore un trou de maintien avec son couteau. Il faut noter qu'il fait les trous sur les figures qu'il a dessiné quand il était avec Ron.
Plan 1605. 1h 58' 18" : Christopher serre la ceinture sur un corps qui a beaucoup maigrit depuis son arrivée.
Au cours de son séjour en Alaska, nous constaterons qu'il consacre un temps considérable à la recherche de nourriture, aliment indispensable pour son corps, or Christopher recherchait surtout une nourriture spirituelle. Nous pensons qu'il voulait commencer à écrire son « livre ». Plusieurs indices semblent le démontrer. D'abord, à deux reprises, nous le verrons jeté, une boulette de papier dans une poubelle (plans 552 et 1070), et à deux reprises la boulette manque la poubelle et tombe à côté. En principe, nous jetons une boulette de papier dans une poubelle parce qu'elle est inutile, parce qu'elle nous ne satisfait plus. Ensuite, il écrivait souvent sur son petit carnet des mots numérotés. Il nous semble que ces mots, en majuscules, étaient des chapitres de son futur livre. Enfin, le seul livre qu'il aura écrit (dans le film), ce sont les dessins gravés sur sa ceinture, qui raconte linéairement, son voyage où « l'essentiel ce n'est pas d'aller loin, mais le chemin d'y arriver. »
La "Sainture"
Nous avons transformé le mot ceinture en « sainture » afin de lui donner, exceptionnellement, une connotation spirituelle, car il nous semble que c'est elle qui va métaphoriquement, représenter l'ascension spirituelle de Christopher, ou pour être plus précis, devrions-nous dire « l'étranglement corporelle » pour une élévation spirituelle.
Une ceinture est en principe, un accessoire vestimentaire destiné à tenir un pantalon au niveau de la taille. Généralement elle est constitué d'une bande de cuir munie d'une boucle formée d'un dispositif simple qui permet d'ajuster la ceinture en fonction de la taille des personnes.
Mais, chez Christopher, cet accessoire va acquérir une dimension nouvelle. Elle ne va pas se serrer seulement sur son corps, elle va aussi serrer son esprit. On s'explique.
Les trous de la ceinture
En arrivant donc au bus, sur la ceinture, il y avait les motifs gravés en surface sur le cuir avec deux trous pour accueillir le petit crochet de la boucle. Mais par la suite, Christopher en maigrissant, et afin de tenir son pantalon, il était obligé d'ajouter des trous supplémentaires, d'une façon rudimentaire, avec la pointe de son couteau (peut-être celui que Ron lui avait offert). Nous le verrons accomplir le geste de percer la ceinture deux fois dans le film, au plan 565 et au plan 1072. Or, en accomplissant ce geste, il ajoutait un trou noir sur les motifs qu'il a si joliment dessinés et gravés. Ainsi, des gros points noirs vont venir s'aligner sur une représentation des deux années qu'il a consacré à « parcourir la terre ». Il est à souligner qu'à la dernière image de Christopher debout, celle qui précède la rencontre avec l'ours, Christopher ne portait plus la ceinture.
Ainsi, la question qui se pose est celle de savoir quelle valeur doit-on accorder aux trous dans la ceinture ? Est-ce qu'on doit les interpréter comme des gros points de suspension ? S'agit-il d'un « esprit » en suspension ? Ou alors, comme le dit Christopher, encore une fois, on doit changer d'angle de vue, et regarder ailleurs. Ainsi, en regardant à travers les trous, c'est la question du livre qui s'impose, par une association parallèle d'écriture et de narration. (Voir également, le parallèle avec la parabole du Christ sur les trous d'une aiguille.)
Liens spécifiques du film
Voir : Into the Wild
La Luna de Bernardo Bertolucci
Le déplacement de fonction d'un attribut vestimentaire
Dès qu'il y a un déplacement il y a une transformation de propriété qui amorce une fonction cinémantique. Ici, il faut considérer le déplacement de la ceinture du corps, vers le bras. Ce plan est annoncé en quelque sorte, par l'auto-strangulation de Joe, à la 35'. D'autre part, remarquons le poing serré, comme dans le plan de l'accident. (Cf. Photogramme – Main 4)
Liens spécifiques du film
Voir :
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