Œuf
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Œuf du Serpent (L') | Serpent's Egg (The) [1] | Bergman Ingmar | Bergman Ingmar | 1977 | Allemagne, USA | 120 |
Yumurta | Yumurta (en turc l'œuf) | Kaplanoğlu Semih | Kaplanoğlu Semih, Köksal Orçun | 2008 | Grèce, Turquie | 97 |
Œufs Brouillés (Les) | Œufs Brouillés (Les) | Santoni Joël | Carrière Jean-Claude, Curtelin Jean | 1975 | France | 95 |
Mort a pondu d'un Oeuf (La) | Morte ha fatto l'Uovo (La) | Questi Giulio | Arcalli Franco, Questi Giulio | 1968 | Italie | 101 |
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Alien | Alien | Scott Ridley | Hill Walter, O'Bannon Dan d'après une histoire d'O'Bannon D. et Shusett Ronald | 1979 | Angleterre, USA | 116 |
Âmes Grises (Les) | Âmes Grises (Les) | Angelo Yves | Angelo Yves, d'après l'oeuvre de Philippe Claudel | 2005 | France | 106 |
Femmes du 6ème étage (Les) | Femmes du 6ème étage (Les) | Le Guay Philippe | Le Guay Philippe et Tonnerre Jérôme | 2011 | France | 106 |
Pays de la Violence (Le) §. L'adjoint Hunnicutt, surveille sa voiture en mangeant un sandwich. Sa femme à l'air agacée : « Tu veux pas arrêter de tourner en rond ? » Il éteint la lumière. Sa femme continue à le harceler : « Imbécile ! A manger dans le noir, tu vas t'en foutre partout... La mayonnaise va dégouliner sur ton pantalon... Qu'est-ce que tu regardes ? Qu'est-ce qu'il y a à voir ? C'est tout toi, ça. Regarder dans le noir. Imbécile. |
I walk the Line | Frankenheimer John | Sargent Alvin, d’après la nouvelle de Jones Madison | 1970 | USA | 97 |
Riaba ma Poule §. Serioga est poursuivi par la milice de la ville, pour avoir volé de l'argent et un œuf en or |
Kurochka Ryaba | Konchalovsky Andreï | Konchalovsky A. Merezhko V. |
1995 | France, Russie |
117 |
Stalker §. Propriétés des trois verres du plan 144 Le premier verre est opaque. Le second est transparent et à moitié plein d'un liquide rouge (vin ou sang). Le troisième verre (caché à l'image) contient une coquille d'œuf ouverte vide et une plume. |
Stalker | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Strougatski A. et B. |
1979 | URSS | 161 |
Visiteur (Le) | Muukalainen | Valkeapää Jukka-Pekka | Forsström J. Valkeapää J.-P. |
2008 | Finlande Angleterre |
98 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film
Âmes Grises (Les), d'Yves Angelo
0h 00’ 00’’ – Les premiers plan du film
L'ouverture du film est explosive, sur un fond noir, nous entendons en son-off, des nombreux tirs d'obus qui tombent au loin. Nous sommes donc à la frontière d'une guerre de position. C'est la bataille de Verdun : « l'une des batailles les plus dévastatrices et la plus longue de la Première Guerre mondiale et de l'histoire de la guerre. Verdun apparaît comme le lieu d’une des batailles les plus inhumaines auxquelles l’homme s'est livré. » [2] Afin de traduire les déviations inhumaines de l'homme, le réalisateur aura le souci permanent d'une approche réaliste. Il veut être au plus près de l'époque. Il tournera le film dans les environs de la ville de Verdun. (Cf. Carte géographique des lieux de tournage.)
Toujours sur le fond noir se déroule la liste du générique d'ouverture (00h 01' 00").
- Premier plan du film. 00h 01' 01" : Plan rapproché. Deux hommes, le col relevé, regardent vers le bas, vers la terre de Lorraine, un hors-champ qui a l'air horrible, car dans les yeux noirs de l'homme du fond, nous lisons une expression de dégoût et d'impuissance. (Cf. Photogramme 1. Les Âmes Grises)
La caméra fait un panoramique horizontale à droite de 180°. Il y a là d'autres personnes qui regardent avec le regard triste la même scène, entre autres : un officier de la gendarmerie qui grelotte de froid, le maire (Michel Vuillermoz), le policier en civil, Aimé Lafaille (Denis Podalydès) et enfin le juge Mierck (Jacques Villeret).
- 00h 01' 15" : Au bout du panoramique. Gros plan en plongé de la tête d'une fillette couchée sur une terre givrée et glacée, les yeux sont fermés, le teint de la peau de l'innocente est cadavérique. Elle est morte. Nous entendons, au loin, le son puissant et irrégulier de l'artillerie qui continue à bombarder, comme si le “cœur” de la nature, sur un rythme anarchique s'emballe et se détraque. La durée de cette scène insoutenable est de 4 secondes. (Cf. Photogramme 2. Les Âmes Grises)
- 00h 01' 19" : Plan générale de l'abominable scène. La construction est sophistiquée. Une rivière traverse en diagonale l'image. Un pont métallique sur deux gros piliers, croise la rivière, pour aboutir à une énorme usine qui crache des fumées gris, dans un ciel strié de bandes de nuages avec des nuances de gris. Neuf personnes entourent le corps sans vie de la fillette. Un brancard est disposé à gauche, dans le coin inférieur. (Cf. Photogramme 3. Les Âmes Grises)
0h 01’ 28’’ – Les œufs du juge Mierck - « Tuer dans l’œuf »
- Photogramme œuf 1. 00h 01' 28" : Plan rapproché. Dans le paroxysme de cette horrible scène, nous entendons le bruit caractéristique d'une coquille d’œuf qui tombe.
- Photogramme œuf 2 et Photogramme œuf 3 00h 01' 30" - 00h 01' 32" : Aussitôt, près de la tête de l'innocente victime, la coquille de l’œuf est écrasée par le pied du juge.
- Photogramme œuf 4. 00h 01' 38" : Mais le juge a encore faim, il n'a pas fini de nous étonner. Sur un plateau livré par un gendarme, le juge prend un second œuf, il sort de sa poche un petit marteau à tête ronde dorée et casse la coquille de l'œuf. Nous entendons le bruit des petits coups contre la coquille de l’œuf.
00h 01' 44" : Un narrateur commence à parler, en voix-off. C'est la voix du policier de la ville, Aimé Lafaille : « La petite on l'a surnommée : « Belle », et même parfois, « Belle du Jour » [3] Il y avait des morts par milliers, partout, et comme s'il n'y avait pas assez de morts, voilà maintenant qu'on tuait une enfant. La terre devenait folle. »
00h 01' 57" : Le maire du village regarde le juge qui mange son œuf avec un air ahuri. Il ne croit pas ses yeux grands ouverts qui fixent le geste déplacé du geste. Il est comme nous, à notre tour, très désappointés : Comment dans une telle situation, si tragique et si dramatique, un juge continue à manger des œufs mollets, comme si de rien n'était ? Nous voyons la même chose, mais nous n'agissons pas, pareillement, en conséquence. Comment se fait-il qu'il ne déroge pas à ses habitudes ? Est-ce que les scènes d'homicide infantile sont si habituelles pour le juge ?
- 00h 02' 14" : Deux gendarmes transportent sur la civière le corps de la fillette. L'un des deux gendarmes lève son képi, en signe de respect, (Cf. Photogramme 8. Les Âmes Grises) (le juge, lui, garde sur sa tête, son talpack, le bonnet tronconique d'astrakan. [4]
- Photogramme œuf 5. 00h 02' 17" : L’œuf à la main, le juge fait quelques pas, comme s'il voulait s'imprégner des lieux. Il s'arrête quelques instant devant une grille et regarde la scène avec un œil étrange.
Un flashforward en guise de prologue
Cette séquence du film, il faut le dire choquante, est un flashforward [5] qui appartient au corps du film, nous allons le revoir plus loin, une seconde fois, avec plus de détails.
Le choix du réalisateur est très pertinent, car il est difficile de rester indifférent devant une telle chaîne d'événement aussi dramatique et aussi courte : un peu plus de deux minutes, générique d'ouverture inclut.
L'image de la coquille d’œuf près de la tête de la fillette atteint le comble de l'horreur. Tout d'abord, elle constitue une grande faute professionnelle. En effet, il est important de ne pas modifier une scène de crime, en apportant des éléments étrangers, qui n'appartiennent pas à la scène. Dans The Pledge, dans presque le même contexte, Jerry (Jack Nicholson) est étonné de trouver un stylo sur la scène du crime : « A qui est ce putain de stylo ? » Nous avons déduit que c'est un témoignage de l’incompétence de la police locale. Et il nous semble qu'il en est de même pour le juge Mierck.
Mais ce qui est terrible, c'est le plaisir qu'il prend pour écraser la coquille. Il aurait pu par exemple, remettre la coquille sur le plateau que le gendarme portait, près de lui. Mais il a préféré l'écraser avec ces chaussures neuves. C'est comme si, par résonance, il écrasait la tête de la fillette une seconde fois. Son acte exprime à la lettre, la locution populaire : « Tuer dans l’œuf ».
Dans le prologue, le réalisateur insiste sur le comportement inhumain d'un juge, dans le chapitre suivant il présente la folie d'un instituteur.
Femmes du 6ème étage (Les), de Philippe Le Guay
Introduction : Les Femmes du 6ème étage ou À un étage du 7ème ciel
On peut le dire, Philippe Le Guay est un grand alchimiste du cinéma, très audacieux, il prend le risque de commencer son film avec des toilettes bouchées, et en prime, une image fixe presque en gros plan sur les toilettes. (On peut imaginer le sourire narquois des producteurs quand il devait annoncer l'ouverture de son film !)
Mais le réalisateur maîtrise la situation, car il ne tarde pas à transformer la merde en or, dans une ambiance de subtilité joyeuse, et surtout, d'une grande humanité, avec les conflits inévitables de la proximité. En effet, s'il prend la peine de montrer ce qu'on évite de voir, c'est qu'il se permet de donner une puissante charge à la scène d'ouverture, et on verra que c'est à cause des toilettes bouchées, que M. Joubert va accéder au 7ème ciel. Comme s 'il voulait nous dire, sur un registre spirituel, pour atteindre la joie il faut passer par là (la merde).
En fait, la grande intelligence du réalisateur et de lancer un premier brin (un fil, les toilettes) qu'il va tout de suite, enlacer, tresser avec un second brin (l’œuf coque), les liaisons cinématographiques sont alors d'une très grande poésie et d'un art inventif.
Chez les bonnes – le 1er fil, les toilettes
Chez la famille Joubert – le 2nd fil, l’œuf coque
Jean-Louis Joubert (Fabrice Luchini), un agent de change, lit son journal en attendant son petit déjeuner, surtout son “œuf à la coque”. Il écoute la radio, son attitude est paisible et soigné, elle propose un contraste fort avec les soucis des femmes du 6é étage.
Mais Jean-Louis est agacé, son petit-déjeuner ne vient pas. Il se lève et sonne à Germaine, qui finit par venir avec le plateau qu'elle dispose devant lui.
Jean-Louis, spécialiste des “œufs à la coque”, constate immédiatement que son œuf n'est pas comme il le souhaitait. (Cf. Photogramme œuf 6. 0h 03' 10")
Il est furieux, il lâche sa cuillère : « Germaine. Pour les œufs coque, c'est 3 minutes et demie. C'est pas 10, ni 5, ni 4.
- C'est pas le moment de m'ennuyer.
- Qu'y a-t-il ?
- C'est madame. Elle veut déménager la chambre de madame. Vous vous rendez compte ?
- Ma mère est morte il y a 6 mois. Le deuil est fini.
- Pas pour moi. Pour moi, elle est toujours là. Madame Suzanne l'a jamais aimée... »
Jean-Louis va mettre fin à la conversation. Et le lendemain, Germaine qui commençait à dépasser les bornes, prétendait que Madame Suzanne a assassinée la mère de Jean-Louis, elle sera donc congédiée et remplacée par une jeune espagnole Maria González (Natalia Verbeke), qui était la nièce de Concepción Ramírez (Carmen Maura), autre espagnole du 6è étage.
Maria est engagée comme bonne chez les Joubert
Suzanne conseillée par des amis engage Maria au couvent espagnole. Jean-louis va la voir pour la première fois : « Bonjour mademoiselle. Je suis M. Joubert, le mari de madame. Elle m'a parlé de vous, vous êtes Maria, vous venez d'arriver en France, vous venez d'Espagne, et êtes ici à l'essai. Si vous voulez rester dans notre maison, il y a une chose sur laquelle je ne transigerai pas. (temps de silence, presque gêné.) Ce sont les œufs coque. (Cf. Photogramme œuf 7. 0h 11' 54") Je suis très exigent pour ça. Je tiens ça de mon père. Un œuf trop dur, ou pas assez cuit, et la journée est fichue. Vous comprenez. (Regard crédule de Maria. Comme si elle ne comprenait pas très bien ce que M. Joubert voulait dire. D'ailleurs, il enchaîne : Vous comprenez pas du tout ce que je dis ? Alors,... Un œuf parfait, et la journée sera très bonne.
- Ahhh ! (Comme si tout à coup, Maria venait de comprendre.) En Espagne aussi, on a la superstition.
- Non, non, non, c'est pas de la superstition. (Cf. Photogramme œuf 8. 0h 12' 17") (M. Joubert vient de constater que finalement, il est superstitieux, mais il ne vas pas le reconnaître.) Non, ce serait plutôt... (Il ne trouve pas le mot, qu'il vient pourtant d'entendre.) Comment dire ? Ce serait... Non, ça n'a rien à voir avec la superstition. Absolument rien. (Sur ces propos, M. Joubert tourne le dos et s'en va d'un pas pressé, laissant Maria perplexe.) (Cf. Photogramme œuf 9. 0h 12' 21") »
Maria prépare le petit déjeuner de M. Joubert, elle l'apporte sur un plateau dans la salle à manger, elle dépose le plateau devant M. Joubert et attends de côte “le verdict”. (Cf. Photogramme œuf 10. 0h 12' 40")
Il casse le bout de l' œuf avec la petite cuillère. Ce premier geste est significatif car il détermine déjà, si l'œuf est à point. L'air sévère, il prends une petite cuillère et la dépose dans sa bouche, il déglutit, il commence à savourer, il apprécie, il est heureux, il regarde Maria avec “émerveillement” (comme si elle vient lui apporter un élixir de jouvence.) Maria, heureuse, lui réponds : « Trois minutes et demie. »
Premières conséquences de l'œuf à la coque de Maria
Le lendemain, deux surprises attendent M. Joubert :
- 1. Maria exige 400 francs de salaire, ce dernier veut lui donner seulement 250, mais il finira par accepter les conditions de Maria, à condition de ne rien dire à sa femme.
- 2. Dans son agence, il reçoit Madame Bettina de Brossolette (Audery Fleurot) : « Mon dieu, ça y est, c'est le grand jour. Je suis si excitée.
- M. Joubert : Très honoré Madame de Brossolette, voici mon fondé de pouvoir, M. Piquer. Mme de Brossolette nous confie la gestion de son patrimoine. » (Cf. Photogramme 10. Les Femmes du 6ème étage) 0h 19' 16 " et Photogramme 11. Les Femmes du 6ème étage) 0h 19' 29 " )
Visiteur (Le), de Jukka-Pekka Valkeapää
Résumé du film
Il était une fois, un enfant qui vivait avec sa mère dans le cœur d'une forêt, dans le grand nord, son père était en prison.
L'enfant était muet, il avait comme seul compagnon un cheval blanc qui s'approchait peu de lui, le cheval était toujours caché au fond de l'étable.
L'enfant et le père avaient un secret, il s'agit d'un petit objet mystérieux que l'enfant caché soigneusement dans un double fond d'une petite boîte métallique en forme de coffre. Avant de rendre visite à son père, l'enfant cherchait l'objet mystérieux dans un puits abandonné, au fond de la forêt.
Un jour, un visiteur (mystérieux) apparaît, avec un billet du père, afin de rester un moment avec la mère et l'enfant.
Une journée « or-dinaire » de l'Enfant - 1
Photogramme œuf 11 - Plan 29. 10' 20" : L'Enfant entre dans le poulailler, il ramasse les œufs des poules, et les dépose dans le tablier de sa Mère. L'image est intéressante car le tablier représente comme un second ventre, un ventre supplémentaire, qui vient accueillir les œufs, des embryons en germe. Ne peut-on pas dire que cette image est une métaphore du « complexe d'Œdipe » ?
Photogramme œuf 12 - Plan 33. 10' 42" : L'Enfant sort du poulailler et veut fermer la porte derrière lui, mais il se heurte la tête au toit du poulailler et un œuf tombe en se cassant.
Photogramme œuf 13 - Plan 34. 10' 49" : Gros plan de l'œuf cassé, mais hélas, nous apercevons l'embryon d'un petit poussin en formation. L'Enfant est perplexe. Et, en fonction de ce que nous venons de dire précédemment, ne peut-on pas voir dans cet œuf cassé une espèce d'avortement maternel ?
C'est par ailleurs, la première image d'une série qui représente un organisme vivant. Nous en aurons d'autres dans le film.
Une journée « or-dinaire » de l'Enfant – 2
Plan 35 : L'Enfant est assis autour de la table de cuisine, il a devant lui un plat creux avec un œuf. Il est hésitant et dubitatif. Très doucement, il approche la main vers l'œuf.
Photogramme œuf 14 - Plan 36. 11' 17" : L'Enfant saisit l'œuf et le porte à l'oreille, comme s'il voulait vérifier le contenu.
Plan 37. 11' 26" : Il emprunte l' escalier (4ème représentation), et se dirige vers sa cachette.
Photogramme œuf 15 - Plan 39. 11' 42" : Dans sa cachette, l'Enfant va disposer l'œuf à côté de la plume striée. Soulignons qu'il dispose les objets de droite à gauche.
La séquence de l'œuf est un autre indice significatif, puisqu'il sera à la fin du film (plan 552), « l'objet » de la libération de l'Enfant, en substituant la tête d'une poule à « l'objet mystérieux ». C'est en fait, « un objet de substitution ».
Photogramme œuf 16 - Plan 40. 12' 01" : L'Enfant se dirige vers le trou-oeilleton (3ème fois), il regarde à travers, et cette fois-ci nous allons voir ce qu'il regarde.
Photogramme œuf 17 - Plan 41. 12' 10" : En fait, il regarde sa Mère qui dort. Et il nous semble que c'est elle, le véritable « trésor ».
Conclusion : La forme du film
Le Visiteur : « un film-coffre »
Nous avons vu ailleurs, qu'il y a des variations dans la forme générale d'un film. Habituellement, les films sont des « films-flèches » (une suite linéaire avec un début, un milieu et une fin). Cependant, il y a des exceptions, comme par exemple, « le film-éventail » , (Mathilde, Mimica Nina), ou alors, « le film-cloche » , (Andreï Roublev d'Andreï Tarkovski), et, il nous semble qu'avec Le Visiteur, nous avons affaire à un « film-coffre ».
En effet, au fur et à mesure de nos commentaires, nous avons souvent parlé des innovations du film (les barrages, le cadrage et la bande-son). En fait, ces innovations participent à l'émergence d'une qualité qui résume la forme générale du film : Le Visiteur est un « film-coffre ».
Cette forme-coffre, consolide les vœux du réalisateur : 1. Le film conte ; 2. Inspiration d'une peinture-image d'Andrew Wyeth, Christina's World.
Description d'un coffre
En principe, un coffre est un ouvrage fabriqué à partir de différents matériaux (bois, métal, céramique). Dans le film, c'est un coffre en fer, cette matière s'associe avec la cellule de prison où se trouve « coffrer » le Père.
Un coffre peut avoir plusieurs formes. Dans le film, il a une forme traditionnelle, en miniature : « c'est un meuble en forme de caisse ». (Dictionnaire Hachette) muni d'un couvercle mobile, attaché sur un côté à la caisse.
Un coffre sert à ranger des objets précieux, des souvenirs, des images, des objets auxquels on tient. Le mot dérive du grec « kophinos » (corbeille), latinisé en « cophinus ».
Double-coffre : Double-emploi : Double-vision
Dans Le Visiteur, l'objet coffre a un double-empoi :
- 1. Il sert à déposer un objet mystérieux ;
- 2. Il sert à passer illicitement « l'objet mystérieux » à l'intérieur du coffre, grâce à un dispositif simple.
Il nous semble que cette dernière caractéristique, participe également dans la construction filmique, dans le sens que le film s'articule sur deux registres :
- 1. Un registre connu (le tabac) ;
- 2. Un registre inconnue (l'objet mystérieux).
Cette qualité du double est largement distribuée tout au long du film. A commencer par les deux mondes : le monde du Père (la prison) et de la Mère (la maison), les deux « Pères » (le Père et le Visiteur - ce qui implique un double complexe d'Œdipe), les deux étages de la maison, les deux édifices (la maison et l'étable), les deux puits (le puits de la maison et le puits en ruines), les deux types de cordages (l'une traditionnelle, la seconde fabriquée), les deux handicaps (la Mère qui boîte, l'Enfant qui est muet), la forêt divisée en deux (par la rivière), les deux manivelles (celle du puits et du phonographe).
Le Visiteur : « un film poético-hypnotique »
Au niveau de la bande-image
Au niveau de la bande-son
(30 décembre 2011)
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Le titre fait référence à une tirade de Brutus dans Jules César de Shakespeare : And therefore think him as a serpent's egg / Which hatch'd, would, as his kind grow mischievous; / And kill him in the shell. La traduction en français de ce vers par François-Victor Hugo : Et, en conséquence, regardons-le comme l'embryon d'un serpent qui, à peine éclos, deviendrait malfaisant par nature, et tuons-le dans l'œuf. (Source : Wikipédia.)
- ↑ L'artillerie y causa 80 % des pertes, le rôle des hommes y consiste surtout à survivre — et mourir — dans les pires conditions sur un terrain transformé en enfer, tout cela pour un résultat militaire nul. (Source : Wikipédia.)
- ↑ C'est la jeune fille de l'aubergiste Bourrache (Joséphine Japy)
- ↑ Coiffure militaire des chasseurs à cheval du Second Empire (1852 – 1870). (Source : Wikipédia.)
- ↑ Un flashforward est une anticipation, un saut en avant, il exprime un fait qui aura lieu plus tard dans l'intrigue. Un flashforward s'oppose à un flashback qui est un retour en arrière.