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En général, les instances scientifiques considèrent une expérience comme étant valable (donc vraie) uniquement si celle-ci est reproductible dans un laboratoire. La reproduction étant une signature de la vérité. Mais que se passe-t-il pour les expériences qu'on ne peut pas reproduire dans un laboratoire ? Comme les "actes irrationnels", c'est-à-dire les actes insolites, illogiques, déraisonnables, accidentels, absurdes, énigmatiques, inconséquents, etc. Tout film dans son ensemble devient en quelque sorte un "laboratoire idéal"pour l'observation de tels actes (en images). Il devient une espèce de "simulation in vivo", des comportements humains, reproductible à volonté. Mieux encore, nous pensons que le cinéma semble nous offrir un répertoire complet de ces comportements, avec des détails dignes d'intérêts, puisqu'un film décrit et garde en mémoire, avec une grande minutie, des "possibilités téléologiques" d'une simulation déterminée. Cet aspect s'inscrit dans le complexe projection-identification-transfert décrit par E. Morin. | En général, les instances scientifiques considèrent une expérience comme étant valable (donc vraie) uniquement si celle-ci est reproductible dans un laboratoire. La reproduction étant une signature de la vérité. Mais que se passe-t-il pour les expériences qu'on ne peut pas reproduire dans un laboratoire ? Comme les "actes irrationnels", c'est-à-dire les actes insolites, illogiques, déraisonnables, accidentels, absurdes, énigmatiques, inconséquents, etc. Tout film dans son ensemble devient en quelque sorte un "laboratoire idéal"pour l'observation de tels actes (en images). Il devient une espèce de "simulation in vivo", des comportements humains, reproductible à volonté. Mieux encore, nous pensons que le cinéma semble nous offrir un répertoire complet de ces comportements, avec des détails dignes d'intérêts, puisqu'un film décrit et garde en mémoire, avec une grande minutie, des "possibilités téléologiques" d'une simulation déterminée. Cet aspect s'inscrit dans le complexe projection-identification-transfert décrit par E. Morin. | ||
Nous pouvons distinguer dans l'irrationnel trois grandes catégories.<ref>B. Balázs écrit : (...) "L'irrationnel peut être associé par la suggestion du montage", op. cit., pp. 162 ; 166 ; "Fondu formel", (…) "Cette valise qui se balance dans le filet (dans Narkose ) s'enchaîne en fondu sur un enfant en maillot qui se balance dans un filet.- On sent une relation irrationnelle, une corrélation de signification, sans qu'on puisse l'interpréter…", 175 ; "L'image est représentation pure, irrationnelle", 210. F. Cesarman, op. cit., p. 33 ; (…) "La psychanalyse est une théorie qui se propose d'expliquer l'irrationnel de façon rationnelle…", 37 ; 45 ; 64 ; 171. J. Donner, (…) "Bergman pensait que l'adaptation cinématographique d'une œuvre littéraire tue la plupart du temps la dimension irrationnelle de l'œuvre", op. cit., pp. 13 ; 126.</ref> La première catégorie est "psycho-philosophique", il fait appel à des concepts philosophiques et psychologiques. Ce groupe est universel. Aussi, Françoise Bonardel<ref>Françoise Bonardel, L'Irrationnel, P.U.F. Paris, 1996.</ref> précise que les émotions, les sensations, nos états d'âmes et d'autres notion encore entrent sans difficultés dans cette catégorie. De ce fait, par exemple, pourquoi préférons-nous une couleur à une autre ? Une musique à une autre ? Pourquoi aimons-nous telle personne et pas une autre ? Elle affirme que "l'Ironie" de Socrate, "l'Illimité" d'Anaximandre, "l'Incohérence" de Montaigne, "le Doute" et "les Passions" de Descartes, "la Nécessité" de Hume, "le Sublime" de Diderot, "la Folie" d'Erasme, "la Volonté de puissance" de Nietzsche, "l'Elan vital" de Bergson, etc., tous ces concepts appartiennent et baignent dans l'Irrationnel. Deux exemples vont illustrer cette catégorie. Le premier exemple est issu du prologue d'Andreï Roublev. C'est le moment où Efim est devant la porte grande ouverte de l'église, il hésite quelques longues secondes avant d'entrer. Ici, "l'hésitation",<ref>Définition du Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse : "Etat d'incertitude, d'irrésolution ou de crainte qui retarde le moment d'une action, d'une décision." p. 5253.</ref> qui est toujours inscrite dans le temps, ne constitue-elle pas un cas de figure cinémantique ? Le protagoniste n'est-il pas devant un dilemme ? Un choix à faire ? Une décision à prendre ? Il en est de même dans Le Miroir, quand l'inconnu-médecin, après avoir quitté Maroussia, se retourne en direction de la jeune femme, s'arrête quelques instants, et puis continue son chemin. Ces deux moments, ne sont-ils pas des moments cinémantiques ? N'annoncent-ils pas un certain fait ? Ainsi, cet aspect est important, car il nous permet d'élargir la cinémancie non pas uniquement vers les catégories traditionnelles de la mancie, qui constituent la seconde catégorie, mais d'asseoir notre hypothèse de travail conjointement sur les deux catégories, en privilégiant la première, étant donné qu'elle est rarement abordée. | Nous pouvons distinguer dans l'irrationnel trois grandes catégories.<ref>B. Balázs écrit : (...) "L'irrationnel peut être associé par la suggestion du montage", op. cit., pp. 162 ; 166 ; "Fondu formel", (…) "Cette valise qui se balance dans le filet (dans Narkose ) s'enchaîne en fondu sur un enfant en maillot qui se balance dans un filet.- On sent une relation irrationnelle, une corrélation de signification, sans qu'on puisse l'interpréter…", 175 ; "L'image est représentation pure, irrationnelle", 210. '''F. Cesarman''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', p. 33 ; (…) "La psychanalyse est une théorie qui se propose d'expliquer l'irrationnel de façon rationnelle…", 37 ; 45 ; 64 ; 171. '''J. Donner''', (…) "Bergman pensait que l'adaptation cinématographique d'une œuvre littéraire tue la plupart du temps la dimension irrationnelle de l'œuvre", ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_3|op. cit.]]'', pp. 13 ; 126.</ref> La première catégorie est "psycho-philosophique", il fait appel à des concepts philosophiques et psychologiques. Ce groupe est universel. Aussi, Françoise Bonardel<ref>'''Françoise Bonardel''', ''L'Irrationnel'', P.U.F. Paris, 1996.</ref> précise que les émotions, les sensations, nos états d'âmes et d'autres notion encore entrent sans difficultés dans cette catégorie. De ce fait, par exemple, pourquoi préférons-nous une couleur à une autre ? Une musique à une autre ? Pourquoi aimons-nous telle personne et pas une autre ? Elle affirme que "l'Ironie" de Socrate, "l'Illimité" d'Anaximandre, "l'Incohérence" de Montaigne, "le [[Doute]]" et "les Passions" de Descartes, "la Nécessité" de Hume, "le Sublime" de Diderot, "la Folie" d'Erasme, "la Volonté de puissance" de Nietzsche, "l'Elan vital" de Bergson, etc., tous ces concepts appartiennent et baignent dans l'Irrationnel. Deux exemples vont illustrer cette catégorie. Le premier exemple est issu du prologue d'''[[Andreï Roublev]]''. C'est le moment où Efim est devant la [[porte]] grande ouverte de l'église, il [[Hésitation|hésite]] quelques longues secondes avant d'entrer. Ici, "l'hésitation",<ref>Définition du Grand Dictionnaire Encyclopédique Larousse : "Etat d'incertitude, d'irrésolution ou de crainte qui retarde le moment d'une action, d'une décision." p. 5253.</ref> qui est toujours inscrite dans le temps, ne constitue-elle pas un cas de figure cinémantique ? Le protagoniste n'est-il pas devant un dilemme ? Un choix à faire ? Une décision à prendre ? Il en est de même dans ''[[Miroir (Le)|Le Miroir]]'', quand l'inconnu-médecin, après avoir quitté Maroussia, se retourne en direction de la jeune femme, s'arrête quelques instants, et puis continue son chemin. Ces deux moments, ne sont-ils pas des moments cinémantiques ? N'annoncent-ils pas un certain fait ? Ainsi, cet aspect est important, car il nous permet d'élargir la cinémancie non pas uniquement vers les catégories traditionnelles de la mancie, qui constituent la seconde catégorie, mais d'asseoir notre hypothèse de travail conjointement sur les deux catégories, en privilégiant la première, étant donné qu'elle est rarement abordée. | ||
La seconde catégorie est anthropologique, elle obéit à la large définition de F.Khodos, à savoir : | La seconde catégorie est anthropologique, elle obéit à la large définition de F.Khodos, à savoir : (...) "C'est ce qui s'écarte de la raison (en Occident), la récuse ou du moins la déconcerte".<ref>'''F.Khodoss''', article, "Irrationnel", dans Notions philosophiques, P.U.F. Paris, 1993.</ref> Cette catégorie appartient aux catégories "traditionnelles" de l'irrationnel. Nous distinguons deux grands pôles. Le premier pôle, concerne essentiellement le domaine de la [[divination]] et de la [[superstition]] dans les films. Le second pôle, nous l'aborderons très rarement. Il concerne le domaine de l'ésotérisme, avec ses trois principaux piliers: l'alchimie, l'astrologie et la magie. La principale raison que nous avançons par rapport au choix que nous avons effectué, tient du fait qu'en général, le second pôle nécessite une espèce de calcul hermétique. Or la cinémancie est basée essentiellement sur la temporalité de l'image [[Vue|visuelle]] ou [[Son (bande-son)|auditive]]. Elle est instantanée, spontanée et ne nécessite aucune arithmétique particulière. Elle découle toujours d'une proposition issue de l'image. Nous venons de le voir avec l'exemple de la poudre soufflée, cette image est en quelque sorte "une réponse cinémantique". Elle traduit "immédiatement" un certain devenir. Enfin, il reste une troisième catégorie qui n'appartient pas directement aux deux premières. C'est "la poésie", qui est une catégorie à part, et qui mérite une partie spécifique. | ||
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