« Passion » : différence entre les versions

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====La figure dynamique de la passion====
====La figure dynamique de la passion====


Dès les deux [[Premier|premiers]] plans du film nous avons un élément de réponse à la translation cinématographique qu'effectue Tarkovski pour traduire une interprétation de la figure de la passion. Nous devons plus précisément dire la figure dynamique de la passion, car il ne peut pas en être autrement, puisque dans la passion, il y a un mouvement de [[passage]]. Nous l'avons déjà vu avec l'importance de l'insert du titre. De plus, la réponse tarkovskienne à la figure dynamique de la passion est une caractéristique technique particulière, originale et novatrice. Cette caractéristique est en fait un plan cinématographique singulier, que nous avons appelé tout simplement, faute d'autre nom, "le plan dynamique". Ce type de plan, ne correspond pas complètement à la notion classique de la profondeur de champ, qui se définit comme : (…) "La profondeur de la zone de netteté… La P.D.C. est plus grande lorsque la focale est plus courte." <ref> '''Aumont, Marie, Bergala, Vernet''', ''Esthétique du film'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_5|op. cit.]]'', p. 22.</ref> Le plan dynamique s'effectue en fait de plusieurs façons. Soit le début du plan rapproché (ou gros plan) est fixe, et à ce moment là, l'objet ou la personne s'écarte et laisse entrevoir à l'arrière tout le champ. De plus, il y a soit un accompagnement d'un zoom avant, soit d'un travelling-avant ou latéral, ainsi nous entrons en profondeur dans le champ, comme ce sera le cas dans le [[Montgolfière #ancre_15p|plan 6]] d'[[Andreï Roublev]]. Soit alors à partir d'un plan rapproché (ou gros plan) qui subit un mouvement panoramique de bas en haut ou de haut en bas, de gauche à droite ou de droite à gauche.
Dès les deux [[Premier (plan d'un film)|premiers]] plans du film nous avons un élément de réponse à la translation cinématographique qu'effectue Tarkovski pour traduire une interprétation de la figure de la passion. Nous devons plus précisément dire la figure dynamique de la passion, car il ne peut pas en être autrement, puisque dans la passion, il y a un mouvement de [[passage]]. Nous l'avons déjà vu avec l'importance de l'insert du titre. De plus, la réponse tarkovskienne à la figure dynamique de la passion est une caractéristique technique particulière, originale et novatrice. Cette caractéristique est en fait un plan cinématographique singulier, que nous avons appelé tout simplement, faute d'autre nom, "le plan dynamique". Ce type de plan, ne correspond pas complètement à la notion classique de la profondeur de champ, qui se définit comme : (…) "La profondeur de la zone de netteté… La P.D.C. est plus grande lorsque la focale est plus courte." <ref> '''Aumont, Marie, Bergala, Vernet''', ''Esthétique du film'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_5|op. cit.]]'', p. 22.</ref> Le plan dynamique s'effectue en fait de plusieurs façons. Soit le début du plan rapproché (ou gros plan) est fixe, et à ce moment là, l'objet ou la personne s'écarte et laisse entrevoir à l'arrière tout le champ. De plus, il y a soit un accompagnement d'un zoom avant, soit d'un travelling-avant ou latéral, ainsi nous entrons en profondeur dans le champ, comme ce sera le cas dans le [[Montgolfière #ancre_15p|plan 6]] d'[[Andreï Roublev]]. Soit alors à partir d'un plan rapproché (ou gros plan) qui subit un mouvement panoramique de bas en haut ou de haut en bas, de gauche à droite ou de droite à gauche.


Le <span id="ancre_dyna">plan</span> dynamique ne correspond donc pas à la profondeur de champ, ni aux notions classiques des mouvements de la caméra : le travelling, le panoramique ou le zoom. A la limite, nous pouvons parler d'une sorte mixte, d'un pano-travelling, mais avec des réserves, car le plan dynamique consiste souvent en une construction à l'intérieur d'une seule prise de vue, et à partir d'un plan rapproché, voire souvent un gros plan, une image particulière qui agit en somme d'une manière prospective, dans une recherche perspective des côtés latéraux ou horizontaux du hors-champ. On s'explique : Cette conception technique du plan engendre tout d'abord une dynamique de "lecture", basée souvent en un glissement d'éléments contraires : près/loin, gros/maigre, droit/couché, etc. Elle se fixe sur un cadre précis, pour suivre le mouvement dans le plan, ce qui implique une répartition en deux moments. Tout le secret du plan dynamique est dans la durée du premier moment fixe, en général très bref, et du second moment, plus long. Ainsi le premier moment est seulement aperçu, et le second moment nettement perçu. Ensuite, l'inclusion de plan dynamique à l'intérieur d'autres plans, développe une espèce de trajectoire, toujours ouverte. Grâce à cette trajectoire ouverte, tous les côtés du cadre sont ouverts, et par la même occasion, il y a une abolition de la notion classique champ/contre-champ, qui devient en quelque sorte superflue. Le cinéma d'Andreï Tarkovski est un cinéma du champ ouvert, tout particulièrement dans Andreï Roublev. Ce type de plan dynamique, Tarkovski l'utilise avec une grande maîtrise, mais pas d'une manière systématique. De plus, il l'utilise presque exclusivement pour Andreï Roublev.
Le <span id="ancre_dyna">plan</span> dynamique ne correspond donc pas à la profondeur de champ, ni aux notions classiques des mouvements de la caméra : le travelling, le panoramique ou le zoom. A la limite, nous pouvons parler d'une sorte mixte, d'un pano-travelling, mais avec des réserves, car le plan dynamique consiste souvent en une construction à l'intérieur d'une seule prise de vue, et à partir d'un plan rapproché, voire souvent un gros plan, une image particulière qui agit en somme d'une manière prospective, dans une recherche perspective des côtés latéraux ou horizontaux du hors-champ. On s'explique : Cette conception technique du plan engendre tout d'abord une dynamique de "lecture", basée souvent en un glissement d'éléments contraires : près/loin, gros/maigre, droit/couché, etc. Elle se fixe sur un cadre précis, pour suivre le mouvement dans le plan, ce qui implique une répartition en deux moments. Tout le secret du plan dynamique est dans la durée du premier moment fixe, en général très bref, et du second moment, plus long. Ainsi le premier moment est seulement aperçu, et le second moment nettement perçu. Ensuite, l'inclusion de plan dynamique à l'intérieur d'autres plans, développe une espèce de trajectoire, toujours ouverte. Grâce à cette trajectoire ouverte, tous les côtés du cadre sont ouverts, et par la même occasion, il y a une abolition de la notion classique champ/contre-champ, qui devient en quelque sorte superflue. Le cinéma d'Andreï Tarkovski est un cinéma du champ ouvert, tout particulièrement dans Andreï Roublev. Ce type de plan dynamique, Tarkovski l'utilise avec une grande maîtrise, mais pas d'une manière systématique. De plus, il l'utilise presque exclusivement pour Andreï Roublev.

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