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==Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films==
==Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films==


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<ref>Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.</ref>
<ref>Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode, le troisième chiffre aux plans du films depuis le début de la partie. </ref>




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=====Le thème de l'arbre=====
=====Le thème symbolique de l'arbre=====
 
C'est l'un des thèmes symboliques les plus riches et les plus répandus. <ref>Cf. '''Gilbert Durand''', ''Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, Introduction à l'archétypologie générale'', Éditions Dunod, (1969), 11é éditions, 1992. pp. 54 ; (...) "Tout lieu sacré, commence par le "bois sacré" (Bastide, Sociologie et psychologie, p. 63.)" pp. 280-281 ; arbre lactifère, 296 ; 297 ; 322 ; arbre-bâton, 369 ; croix, 379 ; feu, 381 ; l'imagination de l'arbre, 390-396 ; arbre renversé, 397 ; l'arbre croissant démesurément, 429. </ref> La bibliographie de ce thème pourrait, à elle seule, faire l'objet d'un livre. Nous allons en mentionner quelques traits essentiels. Dans son "Traité d'histoire des religions", Mircea Eliade distingue sept interprétations principales du thème de l'arbre qui s'articulent toutes autour de l'idée du "cosmos vivant" en perpétuelle régénérescence. <ref>'''Mircea Eliade''', T''raité d'histoire des religions'', Paris, (1949) 1964, pp. 230-231. </ref> "L'arbre source de vie", précise Mircea Eliade, (...) "présuppose que la source de vie se trouve concentrée dans ce végétal ; donc, que la modalité humaine se trouve là à l'état virtuel, sous formes de germes et de semences." <ref> '''Mircea Eliade''', ''Ibid'', p. 261.</ref> Selon Spencer et Gillen cités par le même auteur, la tribu Warramunga, du nord de l'Australie, croit que "l'esprit des enfants", petit comme un grain de sable, se trouve à l'intérieur de certains arbres, d'où (...) "il se détache parfois pour pénétrer par le nombril dans le ventre maternel." Ceci n'est pas sans rappeler la croyance très répandue, selon laquelle (...) "le principe du feu, comme celui de la vie, est caché dans certains arbres d'où on l'extrait par frottement." <ref> '''M. Granet''', ''Fêtes et chansons anciennes de la Chine'', Paris, 1919.</ref> Plus encore, ces aspects rejoignent les caractéristiques générales de l'arbre : (...) "L'arbre met en communication les trois niveaux du cosmos : le souterrain, par ses racines fouillant les profondeurs où elles s'enfoncent ; la surface de la terre, par son tronc et ses premières branches ; les hauteurs, par ses branches supérieures et sa cime, attirés par la lumière du ciel. Des reptiles rampent entre ses racines ; des oiseaux volent dans sa ramure : il met en relation le monde chtonien et le monde ouranien. Il réunit tous les éléments : l'eau circule avec sa sève, la terre s'intègre à son corps par ses racines, l'air nourrit ses feuilles, le feu jaillit de son frottement." <ref>'''Chevalier/Gherrbrant''', ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', pp. 62 sq. </ref> Par ailleurs, "l'arbre source de vie" peut, brusquement, renverser sa polarité et devenir "arbre de mort". C'est le cas de Nabuchodonosor en proie à ses songes <ref>Cf. '''Daniel''' 2, 3, 4, 2, 78, 11, 17, 22. Cf. également, '''Ezéchiel''', 31, 8-10 ; '''Isaïe''' 14, 13. </ref> : chez Daniel, le songe de Nabuchodonosor, et chez Isaïe l'arbre de mort est un "arbre abattu". L'importance de la figure de l'arbre abattu est souvent annoncée dès l'ouverture d'un film. C'est, par exemple le cas dans le film <span id="ancre_che1"></span> Les Chevaux de Feu (1987), de Serge Paradjanov, dans lequel un arbre qui allait s'abattre sur Ivan-enfant s'abat sur son frère Oleska qui voulait le sauver in extremis en le poussant. <ref>Voir : Notre [[Objet|mémoire D.E.A.]] ''Le Lorgnon de Smirnov ; Place des Gros Plan d'Objets en Chute dans le Cinéma'', Université des Sciences Humaines de Strasbourg, juin 1994, pp. 26 sq. </ref> Il en est de même dans L'intendant Sancho (1954) de Kenji Mizoguchi.
 
 
 
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=====L'intendant Sancho, de Kenji Mizoguchi=====
 
 
Dès le début du film, Zuchio-enfant, avance en sautant à cloche-pieds sur un tronc d'arbre jeté en travers d'une rivière. (Cf. '''Photogramme – Arbre 9''')
 
 
<span id="ancre_int1"></span> [[Fichier:arbrep13.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Arbre 9''' : ''L'Intendant Sancho'', Zuchio sautant à cloche-pied sur un tronc d'arbre abattu. ]]
 
Cette image ressemble au [[#ancre_79p|plan 79]] du film ''[[Andreï Roublev]]'' : Thomas et Roublev qui marchent sur le tronc d'un arbre abattu. Est-ce à dire que les images d'un arbre abattu, expriment l'idée de la mort ? D'un cosmos mourant ? C'est peut être le cas de Thomas et d'[[#ancre_che1|Oleska]] mais nous ne pouvons pas en dire autant pour Roublev lui-même. En revanche, nous pouvons parler de la fin d'une péripétie dans sa vie. Il en est de même chez Zuchio qui, après cet événement, sera capturé et de simple esclave va acquérir le titre honorable de gouverneur, ce qui lui permettra de mettre fin à la cruauté de Sancho et au marché des esclaves.
 
 
Dans le registre de l'arbre abattu, il y a des traditions qui reposent sur une croyance. L'une de ces traditions, déjà signalée par Porphyre et répandue dans le monde entier, veut que l'arbre abrite une âme ou un esprit. Il en est de même pour les feuilles qu'il porte : (...) "ce n'est plus le [[vent]] qui les agite, c'est l'être vivant caché en elles." <ref>'''Angelo de Gubernatis''', ''La mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal,'' Editions C. Reinwald, Paris, 1878-1882, 2 volumes, p. 141. Cf. supra. L'histoire extraordinaire de l'arbre qui allait s'abattre sur Andreï Tarkovski en Sibérie. </ref> C'est de là que viennent tous les mythes que l'on rencontre, des deux côtés de l'Atlantique, en Chine, en Corée et qui sont relatifs en relation avec la coupe des arbres : (...) "couper un arbre, voire même un seul rameau, peut faire périr ou rendre infirme d'un membre." <ref> '''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des superstitions, Mythes, Croyances, Légendes'', ''op. cit.'', pp. 107 sq.</ref> Les exemples cinématographiques sont nombreux, il y en a un dans Andreï Roublev, au plan 107, nous ignorons si la branche d'arbre de Thomas et Roublev a été arrachée ou ramassée. <span id="ancre_mou1"></span>Dans ''Mouchette'' (1967) de Robert Bresson, le braconnier Arsène arrache un rameau pour piéger une poule d'eau, il sera violemment mordu à la [[main]] gauche par le garde forestier M. Michel.
 
Dans ''L'Intendant Sancho'' également, au plan 45, (Cf. '''Photogramme – Arbre 10.''') Anju-enfant aidée par son frère Zuchio, réussissent à casser une branche pour faire un petit abri. Le lendemain, avec leur mère ils deviennent des esclaves, et au milieu du film, la mère aura les tendons du pied coupé. Au plan 144, dix ans plus tard, le frère et la sœur vont refaire le même geste, sauf que cette fois-çi il s'agissait d'un abri pour une mourante. Quelques heures plus tard, Anju ira se noyer dans un lac...
 
<span id="ancre_int2"></span> [[Fichier:arbrep14.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Arbre 10''' : ''L'Intendant Sancho'', Anju et Zuchio qui arrachent une branche d'un arbre. ]]
 
Jacques Lacan note dans ses Écrits à propos de l'anagramme de l'arbre : (...) "C'est la barre : arbre circulatoire, arbre de vie du cervelet, arbre de Saturne ou de Diane, cristaux précipités en un arbre conducteur de la foudre." <ref>'''Jacques Lacan''', ''Ecrits'', Paris, 1966, pp. 504-505. </ref> Mais c'est encore la croix, (...) instrument de supplice et de rédemption, qui rassemble en une seule image les deux signifiés extrêmes de ce signifiant majeur qu'est l'Arbre : par la mort vers la vie ; "per crucem ad lucem", par la croix vers la lumière. <ref>'''Chevalier/Gherrbrant''', ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 68. </ref>
 
 
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=====L'arbre : Image archétypale du père ou de la mère=====
 
 
 
L'arbre peut avoir une signification ambivalente, comme image de l'androgyne initial : le tronc de l'arbre dressé vers le ciel est le phallus, image archétypale du père, tandis que l'arbre creux, de même que l'arbre au feuillage dense et enveloppant, évoque l'image archétypale de la mère fertile. Jung additionne les deux polarités et nous livre une interprétation androgynale ou plutôt hermaphrodite. <ref>''Métamorphoses et tendances de la libido'', traduction de L. de Vos, Paris, 1927, pp. 411-412. Cf. également, J. M. Pelt, Fleurs, fêtes et saisons, Librairie Artheme Fayard, Paris, 1988, pp. 112 sq. Roger Parisot, L'arbre, Editions Pardès, Puiseaux, 1998. </ref> Cette ambivalence du symbolisme de l'arbre, à la fois phallus et matière, se manifeste plus nettement encore dans l'arbre double : (...) "un arbre double symbolise le processus d'individuation au cours duquel les contraires en nous s'unissent." <ref>'''C.G. Jung''', ''L'homme et ses symboles'', Éditions Robert Laffont, (1964) 1983, p. 187. </ref>  Est-ce une direction d'interprétation du [[#ancre_178p|plan 178]] (Cf. Photogramme – Arbre 7) ? Le plan symétrique qui montre Roublev et Kyril de part et d'autre du grand chêne ? Et que vient faire-là Kyril ? Est-il le double de Roublev ? Un double négatif ? Est-il le contraire de Roublev ? Mais est-ce que l'homme n'est fait que d'un seul contraire ? Qu'est-ce qui nous empêche de parler de plusieurs contraires ? Entre le jour et la nuit, il y a l'aube et le crépuscule ; entre le blanc et le noir, il y a le gris clair et le gris foncé. Kyril peut être le double ou le contraire de Roublev, comme l'ont été avant lui, le Christ et le bouffon. Mais il peut aussi être l'élément [[Absence|absent]] de Roublev. Est-ce pour cette raison qu'il est présent à l'image ? Est-ce que sa présence est une nécessité d'une confirmation de cette partie dans l'épisode ? De plus, l'arbre dont il est question dans les plans 176-179, n'est pas n'importe quel arbre, c'est un robuste chêne, reconnaissable à ses feuilles.
 
 
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=====Le chêne est la figure de "l'axe du monde"=====
 
Le chêne est un "arbre sacré dans de nombreuses traditions, [il] est investi des privilèges de la "divinité" suprême du ciel, sans doute parce qu'il attire la foudre <ref>Que nous allons bientôt entendre. </ref> et qu'il symbolise la majesté : chêne de Zeus à Dodone, de Jupiter Capitolin à Rome, de Ramowe en Prusse, de Perun chez les Slaves. La massue d'Hercule est de chêne. Il indique particulièrement solidité, puissance, longévité, hauteur, au sens spirituel autant que matériel. (...) Le chêne est la figure par excellence de "l'arbre" et de "l'axe du monde", tant chez les Celtes qu'en Grèce à Dodone. C'est encore le cas chez les Yakoutes Sibérien. (...) Chez les Celtes, le chêne est l'équivalent d'un temple. <ref> '''Chevalier/Gherrbrant''', ''Dictionnaire des Symboles'', op. cit., p. 221.</ref>
 
 
 
A propos "d'axe du monde", nous observons souvent dans le cinéma des portions de troncs d'arbre, qui coupent parfois l'image en deux. Il y a, ainsi, une forte participation active dans la composition plastique de l'image. Un exemple déjà cité parmi beaucoup d'autres, le plan II 26-5 où le bouffon cogne sa tête contre un tronc d'arbre, un [[poteau]] au milieu de l'auberge. Dans ce plan, le tronc devient un axe, il annonce le plan 39 : le plan à 360°. Le poteau, accentue la volumétrie de l'image, il devient un support de l'écran, comme une colonne qui, tout en soulageant du poids de la masse verticale du hors-champ, devient comme un obstacle dans le champ horizontal. Chez Tarkovski le thème de l'arbre est presque complet. Il est parfois un être, comme par exemple le Buisson ardent dans ''[[Le Miroir]]'' ou parfois, la [[foule]], évoquée par une forêt d'arbre, comme au plan 3. Efim, poursuivi au loin par la foule, traverse l'écran de droite à gauche et au cours de son passage, il y a un cadrage sur le tronc d'un arbre, puis sur trois arbres, puis sur un petit bois à l'orée de la rivière.
 
Pour finir le [[#ancre_176p|plan 176]], (Cf. Photogramme – Arbre 7) l'inclusion de cette partie dans l'épisode n'est pas uniquement importante pour la prise des vues et de ce quelle montre : l'arbre et les deux hommes évoquent comme une idée d'une figure archétypale de la tentation d'Adam et Eve. (Le corbeau serait-il devenu le serpent ?) Bien plus, cette partie est importante par l'affirmation d'une rupture des plans, à l'intérieur de l'épisode. C'est une partie-moteur, si l'on ose dire, dans la mesure aussi où elle permet des interprétations multiples. Les deux peintres sont debout, ils ne font rien, mais ils donnent beaucoup à penser, mais ce qui donne surtout à penser c'est avant tout l'arbre, disposé avec une si grande évidence. En outre, c'est grâce à cette technique particulière du découpage des séquences en partie, que le dernier plan d'une partie se trouve en quelque sorte en raccord libre. Le cinéaste est ainsi libre d'amorcer autre chose. Au plan 175a, Roublev regarde par la fenêtre, et le passé nous est dévoilé. C'est une espèce de plan dynamique indirect : la caméra traverse la fenêtre pour se trouver ailleurs, au-dessus des trois moines qui courent sous la pluie. Nous avons l'impression que c'est une action dans son prolongement, or il n'en est rien. La caméra nous introduit dans l'inconscient du peintre. C'est une technique audacieuse, qui risque cependant de créer une confusion. Comme nous l'avons déjà dit, Tarkovski n'utilise guère le fondu-enchaîné, technique qui permet d'adoucir la transition entre deux séquences (ou parties) différentes, comme le fera par exemple systématiquement Kenji Mizoguchi. Cependant le fondu-enchaîné conduit à un inconvénient, il engendre automatiquement l'amorce d'une espèce de plan flash en surimpression, qui parfois, du point de vue de l'observation [[cinémantique]] risque de troubler les fins et les débuts des séquences.
 
 
 
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====L'arbre aux chaudrons====
 
 
Au cours du VIIIème épisode, la Cloche :
 
''' <span id="ancre_355">Plan</span>    355-44  : ''' '' 2h 47' 21&quot;'' :
Boris muni d'un piquet, commence à son tour à casser le moule. De grands morceaux d'argile commencent à se détacher, laissant apparaître par endroit la surface lisse de la cloche.
 
''' <span id="ancre_357">Plan</span>      357-46 :''' '' 2h 48' 10&quot;'' :
La cloche est complètement délivrée du moule d'argile. Boris pose sa tête contre elle, il médite. Changement de plan : trois plans en insert se succèdent :
 
*Insert 1 : ''' <span id="ancre_358">Plan</span>      358-47 : ''' ''2h 48' 54&quot;'' : Plan rapproché d'un arbre imposant avec des chaudrons métalliques en feu suspendus à ses branches. (Cf. '''Photogramme – Arbre 11''')
*Insert 2 : ''' <span id="ancre_359">Plan</span>      359-48 : ''' ''2h 49' 06&quot;'' : Le plan 314-3, celui du filet de sang.
*Insert 3 : ''' <span id="ancre_360">Plan</span>      360-49 :''' '' 2h 49' 17&quot;'' : Le plan 319, celui du drap plié en cloche.
 
 
<span id="ancre_358p"></span> [[Fichier:arbrep11.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Arbre 11''' : ''Andreï Roublev'', '''Plan  358'''.  L'arbre et les chaudrons métalliques en feu. ]]
 
Que signifient ces trois inserts ? Le plan le plus particulier est celui de l'arbre avec les chaudrons en feu. Comment l'interpréter ? Devient-il un arbre d'offrande ? Tout d'abord, la succession de ces trois images, s'inscrivent dans le contre-champ de Boris. Il médite et nous voyons défiler ces trois images. Ce sont des images qui lui sont propres, des images subjectives. Les deux derniers inserts correspondent à la séquence d'avant la [[Cloche#Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski |cloche]] : il se rappelait peut-être tout le chemin parcouru jusqu'à la fonte de la cloche. Cependant l'image complexe de l'arbre aux chaudrons pose problème, comme d'ailleurs la suite des trois inserts. Nous pensons qu'il faudrait d'une part l'analyser en tant que telle, ensuite analyser les liaisons avec les autres arbres et enfin, analyser sa place par rapport aux plans de la séquence.
 
Tout d'abord, le plan de l'arbre est inclus en insert parmi d'autres plans sans liens apparents et logiques entre eux. De plus c'est la troisième fois que nous avons ce type d'image d'un arbre isolé. Le réalisateur insiste donc sur cette figure puissante, pourquoi ? Regardons d'abord la place des deux premiers arbres. On se souvient, le [[premier]] était dans le cadre de la petite séquence en V-176 (Cf. Photogramme – Arbre 7) : l'arbre en perspective. La seconde fois, c'est de nouveau le même arbre, en plan isolé, après l'[[hésitation]] de Roublev. Deux aspects distinguent les deux arbres, celui des chaudrons et celui en perspective : au [[#ancre_176p|plan 176]], l'arbre est en vue générale, il paraît minuscule. Au plan 358, l'arbre est en plan rapproché. Au plan [[#ancre_176p|plan 176]], l'arbre avait à ses pieds Roublev et Kyril. Au [[#ancre_358p|plan 358]], l'arbre porte à ses branches les chaudrons en feu. N'établit-il pas un lien direct avec les fondeurs de la cloche ? Comme s'il traçait l'arbre généalogique de Boris ? Surtout que le plan qui suit, c'est le petit filet de sang sur la neige. Ce filet devient comme une racine vivante de l'arbre. Pour aboutir enfin, en fondu-enchaîné, (sans doute le premier fondu-enchaîné du film), au [[Drap#Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski |plan du drap plié en cloche]]. Cette seconde représentation de ce plan important implique que le réalisateur a peut-être délibérément effectué la "cloche" sur le drap. Ce qui veut dire, que c'est une expérience réelle, vécue. Nous pouvons ajouter que cet arbre n'est pas uniquement en liaison avec Boris, mais aussi avec Roublev : ainsi le plan du filet de sang peut alors devenir l'homicide de Roublev, et le drap en cloche, une direction de sa guérison.
 
 
 
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====Liens spécifiques du film====
 
Voir : ''[[Andreï Roublev]]''
 
 
 
 
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C'est l'un des thèmes symboliques les plus riches et les plus répandus. <ref>Cf. '''Gilbert Durand''', ''Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, Introduction à l'archétypologie générale'', Éditions Dunod, (1969), 11é éditions, 1992. pp. 54 ; (...) "Tout lieu sacré, commence par le "bois sacré" (Bastide, Sociologie et psychologie, p. 63.)" pp. 280-281 ; arbre lactifère, 296 ; 297 ; 322 ; arbre-bâton, 369 ; croix, 379 ; feu, 381 ; l'imagination de l'arbre, 390-396 ; arbre renversé, 397 ; l'arbre croissant démesurément, 429. </ref> La bibliographie de ce thème pourrait, à elle seule, faire l'objet d'un livre. Nous allons en mentionner quelques traits essentiels. Dans son "Traité d'histoire des religions", Mircea Eliade distingue sept interprétations principales du thème de l'arbre qui s'articulent toutes autour de l'idée du "cosmos vivant" en perpétuelle régénérescence. <ref>'''Mircea Eliade''', T''raité d'histoire des religions'', Paris, (1949) 1964, pp. 230-231. </ref> "L'arbre source de vie", précise Mircea Eliade, (...) "présuppose que la source de vie se trouve concentrée dans ce végétal ; donc, que la modalité humaine se trouve là à l'état virtuel, sous formes de germes et de semences." <ref> '''Mircea Eliade''', ''Ibid'', p. 261.</ref> Selon Spencer et Gillen cités par le même auteur, la tribu Warramunga, du nord de l'Australie, croit que "l'esprit des enfants", petit comme un grain de sable, se trouve à l'intérieur de certains arbres, d'où (...) "il se détache parfois pour pénétrer par le nombril dans le ventre maternel." Ceci n'est pas sans rappeler la croyance très répandue, selon laquelle (...) "le principe du feu, comme celui de la vie, est caché dans certains arbres d'où on l'extrait par frottement." <ref> '''M. Granet''', ''Fêtes et chansons anciennes de la Chine'', Paris, 1919.</ref> Plus encore, ces aspects rejoignent les caractéristiques générales de l'arbre : (...) "L'arbre met en communication les trois niveaux du cosmos : le souterrain, par ses racines fouillant les profondeurs où elles s'enfoncent ; la surface de la terre, par son tronc et ses premières branches ; les hauteurs, par ses branches supérieures et sa cime, attirés par la lumière du ciel. Des reptiles rampent entre ses racines ; des oiseaux volent dans sa ramure : il met en relation le monde chtonien et le monde ouranien. Il réunit tous les éléments : l'eau circule avec sa sève, la terre s'intègre à son corps par ses racines, l'air nourrit ses feuilles, le feu jaillit de son frottement." <ref>'''Chevalier/Gherrbrant''', ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', pp. 62 sq. </ref> Par ailleurs, "l'arbre source de vie" peut, brusquement, renverser sa polarité et devenir "arbre de mort". C'est le cas de Nabuchodonosor en proie à ses songes <ref>Cf. '''Daniel''' 2, 3, 4, 2, 78, 11, 17, 22. Cf. également, '''Ezéchiel''', 31, 8-10 ; '''Isaïe''' 14, 13. </ref> : chez Daniel, le songe de Nabuchodonosor, et chez Isaïe l'arbre de mort est un "arbre abattu". L'importance de la figure de l'arbre abattu est souvent annoncée dès l'ouverture d'un film. C'est, par exemple le cas dans le film Les Chevaux de Feu (1987), de Serge Paradjanov, dans lequel un arbre qui allait s'abattre sur Ivan-enfant s'abat sur son frère Oleska qui voulait le sauver in extremis en le poussant. <ref>Voir : Notre [[Objet|mémoire D.E.A.]] ''Le Lorgnon de Smirnov ; Place des Gros Plan d'Objets en Chute dans le Cinéma'', Université des Sciences Humaines de Strasbourg, juin 1994, pp. 26 sq. </ref> Il en est de même dans L'intendant Sancho (1954) de Kenji Mizoguchi.




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<span id="ancre_107ap"></span>[[Fichier:eaup5.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Sac 6''' : ''Stalker'', '''Plan 107a'''.  ]]
<span id="ancre_107ap"></span>[[Fichier:eaup5.jpg|200px|thumb|right|'''Photogramme - Sac 6''' : ''Stalker'', '''Plan 107a'''.  ]]


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====Liens spécifiques du film====
Voir : ''[[Andreï Roublev]]''




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