5 932
modifications
Aucun résumé des modifications |
|||
Ligne 182 : | Ligne 182 : | ||
Le plan 61 n'est-il pas un développement du mythe de Narcisse ? Il est aujourd'hui, (…) "tout particulièrement prisé par les psychanalystes qui, depuis 1914, ont même fait dériver de son nom un concept à succès : le narcissisme." <ref>Cf. Article '''Annie Gutmann''', "Infortuné Narcisse", dans ''L'attente. Et si demain…'', dirigé par Claudie Danzigu et Alice Chalonnet, Editions Autrement – Série Mutations, N° 141, Paris, 1994, p. 75-89. </ref> Rappelons que Narcisse, "est un jeune homme, qui méprisait l'amour. Sa légende est rapportée de façons différentes selon les auteurs. <ref> "La version la plus connue est celle d''''Ovide''' dans les "''Métamorphoses''"… A sa naissance ses parents interrogèrent le divin Tirésias, qui leur répondit que l'enfant "vivrait vieux s'il ne se regardait pas." Arrivée à l'âge d'homme… La nymphe Echo devint amoureuse de lui. Mais Narcisse reste insensible. Désespérée, Echo se retira… maigrit, et de sa personne il ne resta bientôt plus qu'une voix gémissante. Les filles méprisées par Narcisse demandent vengeance au ciel. Némésis les entend… Un jour de grande chaleur, après une chasse, Narcisse se penche sur une source afin de s'y désaltérer. Là, il aperçoit son visage, si beau, qu'il en devint amoureux. Insensible au monde, il se penche sur son image et se laisse mourir. Encore, sur le Styx, il cherche à distinguer les traits aimés." '''Pierre Grimal''', ''Dictionnaire de la Mythologie'', P.U.F. Paris, 1988, p. 308. Cf. également d'autre versions de Narcisse : '''Conon''', ''Narrations'', 24' ; '''Pausanias''', ''Descriptia Graecae'', IX. 13. 72. </ref> Cette séquence obligatoirement narcissique, ne s'agit-il pas d'un effet de tournage cinématographique ? Car Tarkovski, en voulant abolir le procédé du champ-contre-champ, était obligé d'user de cette technique. Toutefois, ce qui est sûr, c'est que la séquence soulève impudemment, outre la question du miroir et du reflet, la problématique du regard, du double et de l'illusion. <ref>Cf. à ce sujet, la thèse de Doctorat de '''F. Frontisi-Ducroux''', ''Prosopopon : valeurs grecques du masque et du visage'', EHESS, dir. J.-P. Vernant, 1987. </ref> Nous le voyons, la question du Narcissisme ouvre des perspectives multiples, qu'on ne peut développer inconsidérément. Bachelard dit dans'' L'eau et les rêves'' : "Un livre entier serait nécessaire pour développer la "psychologie du miroir." (Voir : [[Eau]]) Cependant, nous devons regarder de près les différents sens attribués au miroir. (…) "Si, en vertu de sa surface réfléchissante, le miroir est un symbole de sagesse et de la connaissance de soi-même – il reflète la vérité, la sincérité, le contenu du cœur et de la conscience – il permet également la connaissance de l'avenir et des choses cachées. C'est le fameux miroir magique (Blanche-Neige.) <ref>'''Chevalier/Gherrbrant''', ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 634. </ref> "Le miroir, "speculum", d'où vient spéculation, fut utilisé comme moyen d'évocation dès la plus haute antiquité. On appelait d'ailleurs "spéculaires" les magiciens qui "faisaient voir dans un miroir les personnes ou les choses qu'on désirait connaître." <ref>'''Collin de Plancy''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12| | Le plan 61 n'est-il pas un développement du mythe de Narcisse ? Il est aujourd'hui, (…) "tout particulièrement prisé par les psychanalystes qui, depuis 1914, ont même fait dériver de son nom un concept à succès : le narcissisme." <ref>Cf. Article '''Annie Gutmann''', "Infortuné Narcisse", dans ''L'attente. Et si demain…'', dirigé par Claudie Danzigu et Alice Chalonnet, Editions Autrement – Série Mutations, N° 141, Paris, 1994, p. 75-89. </ref> Rappelons que Narcisse, "est un jeune homme, qui méprisait l'amour. Sa légende est rapportée de façons différentes selon les auteurs. <ref> "La version la plus connue est celle d''''Ovide''' dans les "''Métamorphoses''"… A sa naissance ses parents interrogèrent le divin Tirésias, qui leur répondit que l'enfant "vivrait vieux s'il ne se regardait pas." Arrivée à l'âge d'homme… La nymphe Echo devint amoureuse de lui. Mais Narcisse reste insensible. Désespérée, Echo se retira… maigrit, et de sa personne il ne resta bientôt plus qu'une voix gémissante. Les filles méprisées par Narcisse demandent vengeance au ciel. Némésis les entend… Un jour de grande chaleur, après une chasse, Narcisse se penche sur une source afin de s'y désaltérer. Là, il aperçoit son visage, si beau, qu'il en devint amoureux. Insensible au monde, il se penche sur son image et se laisse mourir. Encore, sur le Styx, il cherche à distinguer les traits aimés." '''Pierre Grimal''', ''Dictionnaire de la Mythologie'', P.U.F. Paris, 1988, p. 308. Cf. également d'autre versions de Narcisse : '''Conon''', ''Narrations'', 24' ; '''Pausanias''', ''Descriptia Graecae'', IX. 13. 72. </ref> Cette séquence obligatoirement narcissique, ne s'agit-il pas d'un effet de tournage cinématographique ? Car Tarkovski, en voulant abolir le procédé du champ-contre-champ, était obligé d'user de cette technique. Toutefois, ce qui est sûr, c'est que la séquence soulève impudemment, outre la question du miroir et du reflet, la problématique du regard, du double et de l'illusion. <ref>Cf. à ce sujet, la thèse de Doctorat de '''F. Frontisi-Ducroux''', ''Prosopopon : valeurs grecques du masque et du visage'', EHESS, dir. J.-P. Vernant, 1987. </ref> Nous le voyons, la question du Narcissisme ouvre des perspectives multiples, qu'on ne peut développer inconsidérément. Bachelard dit dans'' L'eau et les rêves'' : "Un livre entier serait nécessaire pour développer la "psychologie du miroir." (Voir : [[Eau]]) Cependant, nous devons regarder de près les différents sens attribués au miroir. (…) "Si, en vertu de sa surface réfléchissante, le miroir est un symbole de sagesse et de la connaissance de soi-même – il reflète la vérité, la sincérité, le contenu du cœur et de la conscience – il permet également la connaissance de l'avenir et des choses cachées. C'est le fameux miroir magique (Blanche-Neige.) <ref>'''Chevalier/Gherrbrant''', ''Dictionnaire des Symboles'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 634. </ref> "Le miroir, "speculum", d'où vient spéculation, fut utilisé comme moyen d'évocation dès la plus haute antiquité. On appelait d'ailleurs "spéculaires" les magiciens qui "faisaient voir dans un miroir les personnes ou les choses qu'on désirait connaître." <ref>'''Collin de Plancy''', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'' </ref> "Originaire de Perse, la divination par le miroir, appelée "catopromancie" ou "cristallomancie", qui est un des plus anciens systèmes divinatoires, est signalée dès le VIème siècle avant notre ère, en Grèce, où l'on utilisait des miroirs en métal poli (cuivre, bronze, argent ou or). <ref>'''Éloïse Mozzani''', ''Le livre des Superstitions'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 1139. </ref> A. Delatte prétend que les miroirs magiques "sont essentiellement des organes de condensation de la lumière astrale ; aussi le charbon, le cristal, le verre et les métaux pourront-ils être employés." <ref>'''A. Delatte''', ''La catoptromancie grecque et ses dérivées'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 114. </ref> "Du point de vue médical, la fixation pendant un certain temps d'un corps brillant conduit à un état hypnotique propice aux hallucinations." | ||