Représentation (métaphorique)

De Cinémancie
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Photogramme : Aguirre, la colère de dieu. Aguirre qui s'amuse à regarder le paresseux, le petit animal devient une représentation métaphorique de sa propre fille.
Aguirre, la colère de dieu. Aguirre qui s'amuse à regarder le paresseux, le petit animal devient une représentation métaphorique de sa propre fille.





Autres titres de films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Aguirre, la Colère de Dieu
§. Animal
Aguirre, der Zorn Gottes Herzog Werner Herzog Werner 1973 Allemagne 95
Angel-A
§. Un jeune homme qui ne s'aime pas va apprendre à s'aimer au contact d'une jeune femme qu'il rencontre à Paris... (Pitch du film.)
Angel-A Besson Luc Besson Luc 2005 France 90
Miroir (Le)

§. La séquence du sac a une forte connotation interprétative.

Plan 80
Zerkalo Tarkovski Andreï Tarkovski A.

Micharine A.

Et poèmes d'Arseni Tarkovski.
1975 URSS 106
Nostalghia

§. Représentation métaphorique du Poète.

Plan 81c,
Nostalghia Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Guerra T.
1983 URSS
Italie
130
Pledge (The)

§. Le dessin de Ginny Larsen.
Φω. 0h 39’ 40’’
§. Les vaches qui barrent le chemin de Jerry
Φω. 45. 1h 35’ 19’’

Pledge (The) Penn Sean Kromolowski Jerzy, Olson-Kromolowski Mary 2001 USA 124
Viridiana Virdiana Buñuel Luis Buñuel L.
Alejandro J.
1961 Mexique
Espagne
90
* * *

Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films

Angel-A de Luc Besson

La première rencontre avec Angel-A

00h 11' 24" : André décide de commettre l'irréparable, l'acte insensé de mettre fin à ses jours. Il enjambe la balustrade du pont Alexandre III à Paris, il hurle d'un air vindicatif : «  Tout le monde s'en fout de ma gueule, c'est ça. Ok. … Je vais y aller.  » (Il regarde le ciel.) C'est ça que tu veux ? Pourquoi tu m’abandonnes ? Et pourquoi tu ne réponds jamais à mes questions.

00h12' 16" : André regarde à sa gauche. Cf. (Photogramme 1.) Une “réponse” l'attendait, elle mesure 1m80, cheveux blond platine, robe noire moulante. C'est Angel-A. André est très surpris  : «  Qu'est-ce que vous faites là ?
- Ben, la même chose que vous.
- C'est-à-dire ?  »

 
Angel-A de Luc Besson. Photogramme 1.
A l'instant précis ou André veut mettre fin à ces jours, en voulant se jeter du pont Alexandre III à Paris, il est surpris par la présence inopinée d'une belle femme qui est à quelques mètres de lui et qui a décidé de sauter également.

Angel regarde une dernière fois André et saute dans l'eau. André crie inutilement. Et finit par sauter, il s'approche prés d'elle : «  Ne vous inquiétez pas, j'arrive. Je suis là...  »

 
Angel-A de Luc Besson. Photogramme 2.
Un ange sur le dos.

Il a l'ange sur le dos. Cf. (Photogramme 2.) Il arrive jusqu'au bord de la berge et dépose Angel. André n'est pas de bonne humeur, il commence par crier : «  Ce n'est pas vrai, putain. On ne peut pas se foutre en l'air tranquillement. Même là, on vient me faire chier. (Angel récupère lentement, elle est abasourdie du saut.) Je ne peux avoir une minute peinard, pour pouvoir partir avec un peu de dignité. Et vous qu'est-ce que vous venez me faire chier à cette heure, dimanche matin ? Vous ne pouvez pas faire la grasse matinée comme tout le monde ?
- Je n'arrivais pas à dormir.
- Eh bien, il fallait choisir un autre pont. Ce n'est pas les ponts qui manque dans cette ville. Vous avez bien vu que celui-là était occupé, non.
- On a eu la même idée, c'est drôle.
- (Sarcastique) Oui, drôle, je suis mort de rire.
(...)

00h14' 50" Angel se relève : «  Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Comment ça, qu'est-ce qu'on fait ?
- Vous m'avez sauvez la vie, je suppose c'est pour faire quelque chose.
- Non, je ne vous ai pas sa sauvée la vie, j'ai sauté par instinct. »
(...)

00h15' 37" André furieux, s'en va, mais revient aussitôt vers Angel : « C'est quoi votre prénom ?
- Angel-A
- Si, je vous laisse comme ça, vous allez recommencer ?
- Pourquoi faire ?
- Sauter du pont.
- Il y a des chances.  » (...)


*

Angel-A donne sa vie à André

 
Angel-A de Luc Besson. Photogramme 3.
Le baiser de l'ange.

00h16' 57" André repart une seconde fois, et reviens :« Et pourquoi vous ne donnez pas votre vie à une cause ?
- Quelle cause ?
(...)
- Si je vous donne ma vie, vous saurez quoi en faire ? (...)
- Bien sûre je saurais quoi en faire.
- OK, j'accepte, je suis à vous.
- Vous foutez de ma gueule ?
- Non. Pas du tout, c'est très censé ce que vous avez dit. Vous avez raison, vous êtes une bonne cause. Je suis à vous.
- Vous voulez dire, vous allez resté là, à côté.
- Eh bien, oui, je vais faire tout ce que vous me demander, sans discuter.
- Alors, vous êtes vraiment en train de vous foutre de ma gueule.
- Non, mettez-moi à l'épreuve.
- Embrassez-moi ! (Elle l'embrasse, assez longuement, elle s'arrête.) Encore ! Cf. (Photogramme 3.)
- C'est bon, je te crois.  »


*

Chez Franck, le caïd

André doit une certaine somme d'argent à Franck, un chef de gang impitoyable. Ils vont se rendre chez lui, en tant qu'associés, pour lui faire une proposition. Franck est vivement séduit par Angel. André est très inquiet, il se précipite vers Angel : «  Ce mec est très dangereux .
- Chut, laisses-moi faire. Je vais lui faire une proposition qu'il ne pourra pas refuser. Sois sage. »

A ce moment-là, Angel-A passe devant une copie de la Victoire de Samothrace, l'ange retrouve ses ailes. Cf. (Photogramme 4.)

 
Angel-A de Luc Besson. Photogramme 4.
Une représentation métaphorique d'un ange, au moment où Angel-A passe derrière la Vitoire de Samothrace. On peut ajouter aussi, que c'est un bel exemple de résonance.


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Viridiana de Luis Buñuel

0h 02’ 50’’ – Plans 2 – 4. Viridiana accepte l'invitation de Don Jaime – « La Corde – Serpent »

 
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme 5 - Plan 2.
Première apparition de la corde à sauter.

Plan dynamique 1 : les pieds de Rita

  • Photogramme 5 – Plan 2. 00h 02' 48" : Plan dynamique. [1] Plan rapproché sur les jambes de la petite Rita qui saute à la corde. Rita est la fille de Ramona, la servante de Don Jaime. Elle joue à la corde avec une grande dextérité. Avec ses pieds, elle fait rapidement, différentes petites figures, elle avance, elle recule. Derrière elle, apparaît Don Jaime. Il suit pendant quelques secondes les jambes de Rita.

Comme nous allons le voir plus loin, il nous semble qu'à travers ce “plan acrobatique”, on trouve réunit des arguments forts du film. Et on peut aller encore plus loin, pour dire que chaque plan d'un film de Buñuel offre des qualités exceptionnelles : il y a souvent une si grande justesse dans la présentation des éléments qui composent le plan, sans parler des magnifiques liaisons entre les plans, que l'artiste effectue avec un grand art. En effet, on peut se demander si le plan 2 n'est pas une réponse au plan 1b, comme le dit l'expression populaire : Viridiana devant la Mère Supérieure « ne sait jamais sur quel pied danser ».

Mais pour revenir sur les arguments du plan 2, il faut distinguer d'abord, la corde à sauter qui aura un rôle actif dans le film. En passant de main en main, la corde relie le film de bout en bout. Ainsi, le film commence par Rita qui saute avec la corde, et il termine par la corde, négligemment suspendu à une poutre (là où elle devrait être), avec l'ombrede la corde qui suggère une corde de potence. Ensuite, les mouvements des sauts de Rita semble avoir des correspondances avec les mouvements de Viridiana, elle avance (devant Don Jaime), elle recule (quand il lui propose de porter les habitsde mariés de sa femme défunte), elle va de côté (en acceptant de les porter). Enfin, il y a l'intérêt de Don Jaime au fétichisme du pied comme symbole érotique.


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Plan dynamique 2 : les pieds de Rita 2

 
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme 6 - Plan 3b.
« Don Jaime : ... Elle te plaît, la corde que je t'ai offerte ?
- Rita : On peut mieux sauter parce qu'elle a des poignées.  »

Plan[2] 3a  : Plan rapproché sur Rita essoufflée. Don Jaime s'approche d'elle. Nous entendons le bruit d'une voiture à cheval qui s'arrête non loin. Rita cesse de sauter et regarde la voiture : «
- Don Jaime : C'est assez pour aujourd’hui, Rita. Elle te plaît, la corde que je t'ai offerte ?
- Rita : On peut mieux sauter parce qu'elle a des poignées. (Cf. (Photogramme 06.)
- Don Jaime : Aller, va jouer.  »

  • Photogramme 7 – Plan 3b. 00h 03' 22" : Rita court en abandonnant la corde à Don Jaime qui l'accroche à un clou fixé au tronc d'un grand arbre.


Une question s'impose : Pourquoi Don Jaime accroche la corde à un arbre ? Est-ce une place ordinaire pour une corde ? Mais, il nous semble qu'avec Buñuel, nous devons passer à un autre registre, ne peut-on pas dire que la corde devient une représentation métaphorique du serpent. Dans son essai sur les civilisations sud-américaines, Hermann von Keyserling écrit  : “le serpent est un complexe archétypale, lié à la froide, gluante et souterraine nuit des origines. Une unique multiplicité primordiale, qui ne cesse de se détortiller, de disparaître et de renaître. La vie des bas-fonds doit précisément se refléter dans la conscience diurne sous la forme d'un serpent.[3]

Ainsi, la corde comme un serpent va se faufiler dans le film pour proposer à chaque apparition une nouvelle charge significative, en reflétant les couches profondes de la conscience des protagonistes.

 
Viridiana de Luis Buñuel. Photogramme 7 - Plan 3b.
Don Jaime accroche la corde à un clou fixé à un tronc d'arbre.
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Voir aussi

Notes et références

  1. Le Plan dynamique est un plan cinématographique singulier, nous l'avons appelé ainsi, faute d'autre nom. Le plan dynamique ne correspond pas complètement à la notion classique de la profondeur de champ, qui se définit comme : (…) "La profondeur de la zone de netteté… La P.D.C. est plus grande lorsque la focale est plus courte." (Aumont, Marie, Bergala, Vernet, Esthétique du film, op. cit., p. 22.) Le plan dynamique s'effectue en fait de plusieurs façons. Soit le début du plan rapproché (ou gros plan) est fixe, et à ce moment là, l'objet ou la personne s'écarte et laisse entrevoir à l'arrière tout le champ. De plus, il y a soit un accompagnement d'un zoom avant, soit d'un travelling-avant ou latéral, ainsi nous entrons en profondeur dans le champ, comme ce sera le cas dans le plan 6 d'Andreï Roublev. Soit alors à partir d'un plan rapproché (ou gros plan) qui subit un mouvement panoramique de bas en haut ou de haut en bas, de gauche à droite ou de droite à gauche. Lire la suite
  2. "Ibid"
  3. KEYSERLING H. von, Méditations sud-américaines. Traduction de A. Beguin. Paris, 1932, p. 20.
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