Pays de la Violence (Le)

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I walk the line de Frankenheimer John. L’omniprésence de la ligne dans le film. Le shérif qui traverse le pont suspendu pour rejoindre la maison des McCain.
I walk the line de Frankenheimer John. L’omniprésence de la ligne dans le film. Le shérif qui traverse le pont suspendu pour rejoindre la maison des McCain.

Aspects techniques du film

  • Titre : Le pays de la violence
  • Réalisation : Frankenheimer John
  • Année de réalisation : 1970
  • Titre original : I walk the line
  • Pays : USA
  • 95 minutes, couleur
  • Langue : Anglais
  • Production : Cohen Harold D. et Lewis Edward
  • Scénario : Sargent Alvin, d’après la nouvelle de Jones Madison
  • Directeur Photographie : Walsh David M.
  • Décors : March Marvin
  • Costumes : Brown Lewis
  • Son : Overton Tom, Piantadosi Arthur
  • Musique : Cash Johnny
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Principaux acteurs

  • Gregory Peck : Shérif Tawes
  • Tuesday Weld : Alma McCain
  • Estelle Parsons : Ellen Haney
  • Lonny Chapman : Bascomb
  • Charles Durning : Hunnicutt (adjoint au shérif)
  • Nora Denney : Darlene Hunnicutt
  • Ralph Meeker : Carl McCain
  • Freddie McCloud : Buddy McCain
  • Jeff Dalton : Clay McCain
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Résumé du film

Henry Tawes (Gregory Peck)[1], la cinquantaine passée, est le shérif d’une petite ville du Tennessee (centre est des Etats-Unis). C’est un homme honnête et bon. Un jour, il rencontre une jolie jeune femme, Alma McCain (Tuesday Weld), qui pourrait être sa fille. Le père d’Alma tient une distillerie clandestine, c’est la seule ressource de la famille. Alma, transformé en « Lolita », séduira le sérieux shérif afin qu’il « ferme les yeux » sur l’activité illégale de son père. Le shérif ne résistera pas longtemps aux charmes irrésistibles de la jeune fille, il va finir par succomber à cette douce folie amoureuse, non seulement en protégent son père, mais aussi en décidant d’enlever sa fille, de quitter sa femme et son travail.


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Introduction

Le titre du film : Le Pays de Violence

Jamais titre de film n’a porté si mal son nom (il n’est pas le seul). Le titre original, en anglais est : I walk the line, littéralement, « Je marche la ligne », qu’on peut traduire par « Je marche droit ». Or, un grand écart se creuse entre les deux titres qui présentent le film de deux manières différentes. Sans entrer dans les détails, le titre en français compromet le film et ira jusqu’à le corrompre en négligeant un élément central du « procès narratif » [2] : la ligne.

Il est vrai que la fin du film bascule dans la violence, en particulier, quand l’adjoint au shérif, Hunnicutt tuera le chien noir, le gardien d’Alma, afin de la violer, il sera à son tour tué par le père d’Alma. Et encore une fois, le bon shérif viendra au secours de la famille McCain.

*

Les valeurs de la « ligne »

Mais le film ne baigne pas dans la violence, elle reste ponctuelle, de l’ordre de quelques secondes. Et justement ce qui est intéressant à observer c’est les moments qui précèdent cette explosion de violence, car les moments forts du film se déroulent physiquement, plastiquement, géographiquement et spatialement, sur une « ligne », comme par exemple, une route départemental (Alma qui autorise son jeune frère à conduire une voiture), un petit chemin de campagne (le premier baiser du couple Alma-shérif Henry), un pont suspendu et une échelle (la découverte de la distillerie), une petite rivière (le shérif qui se débarrasse du corps de Hunnicutt).

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 1. Premier plan du film. Un large fleuve qui coupe en diagonale l’image. Au fond, un barrage hydroélectrique.


Dans un sens élémentaire et laconique, Euclide définissait une ligne comme étant : « une longueur sans largeur. » [3] C’est un élément naturel ou artificiel qui a une forme continue longitudinal ou filiforme. Au cinéma et en particulier dans le film I walk on the line, cette forme particulière va acquérir une dimension particulière, elle aura une part active et déterminante dans la composition des plans filmiques. Comment ? Par la simple action de diviser la surface du plan, la plupart du temps, la division est horizontale, mais aussi en diagonale, comme le premier plan du film (Cf. Photogramme - 1. )

Ainsi, dans un sens élargit et métaphorique la ligne va nous conduire à la question de limite, de frontière, de séparation, à la confrontation de deux espaces, de deux mondes. Elle va rythmer les espaces, installer des confrontations, comme nous pouvons le voir au photogramme 2.

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Découpage du film en chapitres simplifiés

0h 00’ 00’’ – Générique : Un barrage de sentiment

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 2. La voiture du shérif qui roule sur le barrage monumental.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 3. Apparaît en surimpression, le titre en français.


Photogramme 1. Premier plan du film. 00h 00' 06" : L’ouverture du film est révélatrice, d’emblée elle présente un paysage fluvial transformé par un barrage hydroélectrique qui « bouche » le fond de l’image, qui barre le paysage d’un trait (une ligne) monumental en ciment. Face à cette contradiction, la nature s’exprime d’une manière différente : les arbres poussent dans l’eau, mais ils n’ont pas de feuilles, est-ce un paysage d’automne ? Les arbres vivent dans l’eau, mais ils ont l’air desséchés, comme l’est peut-être le shérif, en hors-champ, qui observe les alentours. Il est pensif, songeur. On l’appelle sur la ligne interne du véhicule de service. Il ne répond pas. Il entre dans le véhicule, il démarre et roule à vive allure.

Photogramme 2. 01' 03" : Aussitôt, nous nous retrouvons sur le gigantesque barrage du fond de l’image précédente. Une division en diagonale : à gauche l’eau, et à droite, les contreforts du barrage. L’image est impressionnante, elle semble suggérer, l’état provisoire des principaux protagonistes : est-ce que l’eau suggère la personnalité d’Alma qui va finir par déborder sur les contreforts, la force naturelle de Henry ?

Photogramme 3. 01' 25" : Plan général, de profil, du véhicule du shérif. Apparaît en surimpression, le titre en français : Le Pays de la Violence.

Durant le parcours sinueux du shérif, nous allons découvrir des plans qui représentent un panorama de la population rurale de la ville, des portraits instantanés, principalement des personnes âgées assissent, qui prennent le frais, sous les toits des vérandas. Ce qui est frappant dans ces portraits, c’est un caractère dominant de stoïcisme, de résignation. En fait, les regards de ces personnes âgées est comparable à celui du shérif quand il était près de l’eau.

Cependant Frankenheimer ponctue sa présentation par des images d’enfants qui jouent, à « dépasser des limites », à fumer une vraie cigarette. Ainsi, le répertoire des représentations de la « ligne » s’épaissit et déborde dans d’autres cadres, nous venons de la sorte, de traverser des lignes biologiques, des lignes générationnelles, ou encore des lignes interdites (la cigarette).

Photogramme 4. 02' 49" : Pourtant le réalisateur semble insister sur le côté « abandonné », « obscur » de la société, le shérif traverse une casse d’épaves de voitures alignées et rouillées.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 4. Le shérif traverse une casse d’épaves de voitures.
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0h 03’ 40’’ – Alma et Buddy « jouent » avec une camionnette

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 5. Buddy et Alma McCain dans la camionnette.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 6. Le shérif qui observe la fuite du conducteur (Buddy McCain).

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 7. Image révélatrice : Première rencontre du shérif et d’Alma qui se retrouve au fond de la camionnette. Au fond d’un véhicule qui est en infraction aux codes de la route.


À un virage, une vieille camionnette déboule d’une manière inquiétante, en dépassant largement les limites réservées à sa trajectoire, la voiture enjambe un talus, revient sur la route. La conduite est dangereuse. Nous devinons aisément que le conducteur ne sait pas conduire.

Soulignons au passage, encore un franchissement de limite, de ligne.

Photogramme 5. 03' 46" : Gros plan sur le conducteur et son coéquipier. Il s’agit du jeune Buddy et de sa sœur Alma, son aînée. Buddy est fou de joie de conduire une vraie voiture. Sa sœur lui demande d’aller plus vite.

A cet instant précis, le shérif en embuscade, voit passer la conduite bizarre de la « camionnette ivre » et immédiatement se lance à sa poursuite.


Photogramme 6. 04' 30" : L’enfant est pris de panique, la camionnette s’enfonce dans un près, aussitôt Buddy sort du véhicule, sans s’inquiéter de sa sœur, et prend la fuite. Le shérif s’arrête sur le bas-côté, il observe la scène.

Il sort de sa voiture de fonction et se dirige calmement, vers la camionnette, la contourne, s’approche de la porte du conducteur.

Photogramme 7. 04' 52" : Alma est tapie au fond du véhicule, elle a l’air craintive. Le shérif s’incline légèrement à l’intérieure de la camionnette et demande : « 
- Ca va ?
- Oui, shérif.
- Sortez de là.
- Bien, shérif.
- C’est qui dans les taillis ?
- Hein !
- Quelqu’un s’est échappé.
- Ça c’est Buddy. Mais c’est qu’un gamin.
(…) (Elle raconte l'incident des chaussures de crocodiles de grande taille.)
- Votre nom ?
- Alma McCain. (Cf. Photogramme - 8. 05' 55")
- Où habitez-vous ?
- Gatesboro Road. On est arrivés récemment. Avant, on était à Loomis Canyon.(Cf. Photogramme - 9.)
- Qui ça, « on » ?
- Mon père, Buddy, Clay et moi. Clay a presque 18 ans. Mais ils sont pas à la maison, ils bossent.
- Où ça ?
- A l’usine. Mais c’est du travail quand même. Ca fait rentrer de l’argent, c’est bien. (Elle sourit. Henri est dubitatif. )
- C’est très bien (Elle sort de la camionnette.)
- Ils sont chez Kingman. Ils fabriquent des cafetières.
- Et votre mère ?
- J’en ai pas. Je fais la cuisine et je m’occupe de Buddy.
- Moi, je vous dis ce que j’ai vu : c’était un petit garçon qui conduisait. Et vous êtes pas un petit garçon à ce que je sache. (Elle rit.)
- Non, shérif. (Temps de silence prolongé.) N’arrêtez pas Buddy. Je suis responsable de lui. Il est encore petit. (Elle lui prend le chapeau de Buddy des mains. (Cf. Photogramme - 10. 07' 17") Je vous en serais vraiment reconnaissante.
- Montez. (Cf. Photogramme - 11. 05' 55")
- Dites à votre père que le shérif Tawes a dit : que les gens qui conduisent doivent avoir leur permis…
- Entendu shérif. Je vous remercie infiniment.
- Et dites aussi à votre frère de mettre des chaussures à sa taille.
- Oui shérif.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 8. - Henri (off) : Votre nom ?
- Alma : Alma McCain.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 9. Tentative de localisation géographique des lieux : A : Nashville, Tennessee, Etats-Unis : Ville repère (n’existe pas dans le film) ; B : Old Gainsboro Road, Baxter, Tennessee (Gainsboro Road) ; C : Loomis Avenue, Melba, Canyon, Idaho, États-Unis. (Loomis canyon).

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 10. Alma prend le chapeau de Buddy des mains du shérif.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 11. Derrière la pare-brise fêlée de la camionnette, l’impact des lignes de fêlures sur l’âme du shérif.
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0h 08’ 51’’ – La famille du shérif Henry Tawes

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 12. Le dîner de la famille du shérif Henry Tawes.


Photogramme 12. 08' 53" : Le soir. Plan moyen sur le dîner de la famille du shérif Henry Tawes, il est de dos. Au fond, une porte ouverte sur la cuisine, avec une ampoule ronde et brillante qui illumine la pièce : est-ce une allusion à Alma ? Comme une petite lueur qui va s’épanouir et envahir tout son espace.

Photogramme 13. 09' 46" : Gros plan du visage du shérif, perdu un long moment dans sa pensée. Il pense peut-être au « petit interrogatoire » impromptu, qu’il a fait subir à Alma, il a pu savoir beaucoup de choses : son nom, le travail de son père, elle n’a plus de mère, mais deux frères, ils habitent à Gatesboro Road, avant ils étaient à Loomis Canyon. (Cf. Photogramme - 9. ) Et puis, elle lui a raconté des histoires amusantes, des histoires de clown, son petit frère qui portait des grandes chaussures de crocodile, le chapeau percé de Buddy. En bref, Alma n’est pas une personne commune.

Le sourcil gauche suggérant la forme d’un accent circonflexe est un trait anatomique singulier de Gregory Pech, star des années 60. Cette particularité remarquable contribue à amplifier un indicateur sensible d’une poussée d’une tension indéfinie. En fait, ce gros plan annonce la grande séquence de la seconde rencontre du shérif et d'Alma au commissariat qu'on verra deux chapitres plus loin.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 13. Le shérif écoute à peine sa petite fille, il est perdu dans sa pensée, qui pourrait s’appeler : Alma.


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0h 10’ 08’’ – La famille d’Alma McCain

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 14. Alma prépare le dîner. Son père l’interroge sur le shérif Tawes.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 15. Le père inquiet, déduit qu’il ne faut pas perdre la distillerie.

Au même moment, dans un autre côté de la ville, plan général de nuit, de la maison des McCain. A l’intérieur la famille est réunie, Buddy est absent. Après « l’interrogatoire » du shérif, Alma subit, à présent, « l’interrogatoire » de son père Carl. Il veut connaître les détails de sa rencontre avec le shérif.

Le grand frère d’Alma, Clay, suit la conversation de près, en allumant une cigarette. Alma, l’air innocente, répond aux questions de son père, tout en préparant le dîner. Le père : « 
- On est mieux ici, pas vrai ? On est tous mieux ici, hein ? … Alors, redis-moi. Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
- Il m’a demandé mon nom.
- Et tu lui as dit ?
- J’ai juste dit Alma McCain. (Cf. Photogramme – 14. 10' 19" )
- Et qu’est-ce qu’il a répondu exactement ?
- Il a demandé ce que tu faisais.
- Et qu’est-ce que t’as dit ?
- J’ai dit que tu faisais. Que tu fabriquais des cafetières.
- Tu as parlé de Georgie ?
- J’ai rien dit sur Georgie.
(…) ( A propos du sucre et de la distillerie…)
- Il t’a touchée ?
- Hein
- Est-ce qu’il t’a touchée ?
- Non.
- (Jeff  intervient) : Il devait en avoir envie.
- Le Père : Il en avait envie ?
- Alma : Je sais pas.  »

Photogramme 15. 12' 05" : Plan intéressant : un mur divise la pièce en deux, le père et le fils avancent de part et d’autre du mur. Le père reste dubitatif : « Si on perd ce qu’on a… Si on nous prend notre distillerie, on aura plus rien. On vaudra pas plus que des Nègres.  »

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0h 12’ 25’’ – Commissariat 1 – Rencontre avec Hunnicutt

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 16. Au fond de l’image, discret, l’adjoint au shérif Hunnicutt accueille le shérif en restant assis et en continuant à lire un document en mangeant des gâteaux.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 17. En fait, Hunnicutt les pieds sur la table, est en train de lire une revue de charme féminine.


Le jour. Le shérif entre dans le bâtiment. Les couloirs sont animés par la discussion de nombreuses personnes. Le shérif prend un dossier à un bureau, il salue des personnes au passage et se dirige vers son bureau.

Photogramme 16. 12' 57" : Première rencontre avec le sergent Hunnicutt, il est assis au fond, les pieds sur la table. Au premier plan, la secrétaire du shérif qui vient de recevoir une plainte de Mme Wesson, (car le vieux Linton a pété les plombs – la séquence de l’arbre abattu.)

Photogramme 17. 13' 06" : Non seulement Hunnicutt a les pieds sur la table, signe évident d’irrespect du lieu qu’il représente ; il est en fonction et il s’amuse à regarder une revue de charme féminine, à manger des gâteaux et à boire un soda.

C’est du grand art, le réalisateur brosse le personnage en quelques « traits ».

Photogramme 18. 13' 35" : Le shérif s’installe à son bureau, il commence à consulter des dossiers. Hunnicutt, les pieds toujours sur la table, lui annonce sournoisement, l’air narquois, en mangeant un gâteau : « Shérif… J’allais oublier, il y a un agent fédéral en ville. (Le shérif répond sans le regarder.)
- Il est venu ici. (Cf. Photogramme - 19. 13' 39")
- Non. Il a parlé à Kelly. C’est Kelly qui l’a flairé et qui m’a dit qu’il y avait un agent fédéral en ville.
- Laissons-le. Il va pas tarder à se manifester. »

Si l’on compare les bureaux des deux hommes de la loi, nous pouvons relever des indices pertinents. Le bureau du shérif est compatible avec sa fonction : des crayons, un microphone (contact et intervention avec l’extérieur – la voix su shérif peut porter loin), une multitude de dossier et de fichier, de différents formats, une tasse de café, une agrafeuse, enfin, le chapeau sur la table indique que l’un pose sa « tête » (sa partie supérieure) sur la table, tandis que l’autre pose son « pied » (sa partie inférieure). En revanche, le bureau de Hunnicutt ressemble plutôt au bureau d’un adolescent, désordonné et négligé.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 18. Gros plan du pied de Hunnicutt sur la table, qui divise l’image en deux, à gauche les gâteaux et une bouteille de soda, à droite la revue. Hunnicutt est occupé !

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 19. Le shérif s’installe à son bureau et pose son chapeau sur la table. En comparant les bureaux du shérif et de son adjoint, nous saisissons des traits remarquables des caractères respectifs des deux protagonistes.


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0h 14’ 03’’ – Alma se transforme en “Lolita”

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 20. L’entrée d’Alma au commissariat. Ce n’est plus la même, elle a changé d’habits, elle porte une jolie robe au col large, les cheveux sont relevés en chignon.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 21. Soudain, le shérif entend une voix qui l’appelle : en contre-champ Alma.


C’est le soir. Alma marche dans une rue obscure et déserte. Elle se dirige vers le commissariat. Elle monte le petit escalier. Elle pénètre à l’intérieur.

Photogramme 20. 14' 27" : Elle ferme la porte derrière elle. À présent nous la voyons mieux. Les cheveux repris en chignon, une jolie robe au large col, un petit sac à la main. Elle est méconnaissable.

Les couloirs sont déserts. Elle marche lentement. Elle entend de loin une personne au téléphone, c'est le shérif, il est dans son bureau. À un moment, il raccroche, il éteint la lumière, il sort de son bureau. Alma se cache derrière un mur. Il passe à côté d’elle, il ne la remarque pas. Il monte un escalier.

Photogramme 21. 15' 06" : Tout à coup, une voix l’interpelle, celle de sa pensée d’hier soir : « Shérif. » Ce dernier se retourne brusquement. Il croit rêver. Il regarde en direction de la voix. Elle est là, devant lui.

Photogramme 22. 15' 08" : Elle avance vers lui, et se présente : «
- Alma McCain. De Gatboro… (Le shérif a l’impression de voir une « apparition ». Il est médusé. Il n’arrive pas à parler, comme s’il la voyait pour la première fois. Alma enchaîne.) La camionnette qui a quitté la route… (Le shérif acquiesce en hochant de la tête.) Eh… Clay et moi, on est descendus pour aller au drive-in… Je lui ai dit que je voulais voir le shérif personnellement pour le remercier de pas avoir arrêté Buddy… Il m’a dit de me grouiller et j’ai dit que je voulais pas. Alors, il s’est mis en colère. Et il est parti sans moi. »

Photogramme 23. 15' 08" : Le shérif n’a toujours pas bougé. Il est figé comme une statue. Son regard devient grave. Les traits sont durs. Il n’est pas insensible. Il doit lutter. Comment réagir ?

Alma continue son monologue, comme une leçon bien apprise, comme s’il fallait l’enivrer de sa douce voix, presque enfantine, qui va se transformer en chant de sirène : « Il (Clay) est parti d’un seul coup… Il avait peur d’être en retard. (Alma baisse la tête, comme si elle ne voulait pas voir la transformation progressive du shérif à son égard, sachant (par expérience ?) l'effet qu'elle peut produire sur les hommes. Le shérif finit par dire quelques mots.)
- C’est pas des choses à faire.
- Clay, il a vraiment un sale caractère… Il travaille avec papa à l’usine.
- Les cafetières.
- C’est ça, les cafetières. (Temps de silence.) Je voudrais pas vous déranger. Je voulais juste vous dire que j’ai apprécié… (C’est la troisième fois qu’elle remercie le shérif.) ce que vous avez fait pour Buddy. C’est tout ce que j’avais à dire… Je vous retiens pas. (Elle tourne le dos pour partir.)
- Non... Vous me retenez pas. (Elle le regarde sans rien dire.) Ça va. (Second temps de silence. )
- Vous voulez un soda ? (Dr Pepper.)
- D’accord.»

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 22. Le plan en plongée impose, pour le moment, la stature dominante du shérif. Alma est réduite à une « miniature », presque une « petite poupée », elle est littéralement « aux pieds » du shérif.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 23. Le shérif va écouter Alma, sans dire un seul mot. Son visage change. Il a l’air plus sévère, le regard droit, la bouche fermée.


* * *


0h 16’ 52’’ – Le shérif montre le tribunal à Alma – La bouteille de Dr. Pepper

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 24. Le shérif offre à Alma un Soda, Dr. Pepper.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 25. Le shérif propose à Alma de visiter le tribunal.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 26. Le shérif ému, la bouche pincée, s'approche de la table du juge, en donnant des petites tapes sur la table.


Photogramme 24. 16' 35" : Plan moyen, le shérif et Alma devant un distributeur de boisson. Ils commencent par boire à la bouteille. Le shérif demande à Alma : « 
- Vous avez déjà vu un tribunal ?
- Non, shérif. » (Ils entrent dans le tribunal. Le shérif met la lumière. Il commence par expliquer.)
  - Il a brûlé en 1928. Mais il a été reconstruit. (Il se dirige au fond du tribunal, vers la tribune et la table du juge.) (Cf. Photogramme - 25. 17' 07")
- Maintenant, il est comme neuf.
- Ça l’a jamais été, non… Il y a plein de sièges… (en donnant une petite sur la table.) Là, c’est où le juge s’assied. (Cf. Photogramme - 26. 17' 19") (en montrant de la main) Le drapeau américain…
- Ça, je sais. Je sais reconnaître le drapeau.
- (Le shérif commence à sourire.) Évidemment, vous savez le reconnaître.
- J’ai prêté serment devant le drapeau. Mais jamais devant un drapeau aussi gros.  »

*

Nous arrivons alors, à la séquence qui a retenu toute notre attention et qui nous a interpellé jusqu’au point à vouloir considérer ce film attentivement. La séquence en question commence au moment où Alma boit « de travers » et des bulles de soda lui remonte au nez. Il faut d’abord constater que cet acte involontaire (boire de travers) surgit, immédiatement après la fin de sa phrase, à propos du drapeau : «  J’ai prêté serment devant le drapeau.  » A peine, elle termine la phrase, elle boit de la bouteille et elle commence à toussoter, comme si c’était une réponse de la part de la bouteille, un bouillonnement gazeux qui déborde. Cet acte involontaire semble traduire un mensonge : «
- Mince, ça m’est remonté dans le nez. (Cf. Photogramme - 27. 17' 43")(Le shérif avance vers elle en riant, c’est la première fois qu’on le voit rire, et puis, il sort de la poche de poitrine de sa veste un mouchoir.)
- Ça va ? (En rigolant.)
- Ça pique. (En rigolant.)
- C’est les bulles du soda. (Dr Pepper) (Il lui passe son mouchoir.) (Cf. Photogramme - 28. 17' 49")
- Sûrement. (Elle s’essuie avec le mouchoir du shérif.) (Cf. Photogramme - 29. 17' 51")
- Ça va mieux ?
- Merci.» (Elle lui rend son mouchoir. Le shérif reprend le mouchoir et le dépose dans la poche de sa veste.) (Cf. Photogramme - 30. 17' 59")

Alma boit de la bouteille, le shérif baisse les yeux pour la seconde fois, la première fois, c’était devant le distributeur. À chaque fois le shérif détournait son regard devant cette attitude suggestive et troublante.

Un long moment de silence. Comme si Alma attendait une réaction du shérif. (Cf. Photogramme - 31. 18' 08") Le shérif hésite : « 
- Hum ! Vous êtes coincée ici puisque votre frère est parti. (Alma acquiesce en hochant de la tête.)
- Il est parti comme ça…
- Il va revenir ?
- Connaissant Clay, après le drive-in, il va aller se saouler et il oubliera tout jusqu’à demain matin. C’est typique de Clay. » (C'est un mensonge, puisque Clay est à la distillerie avec son père. Elle regarde le shérif dans les yeux. Le shérif tient son regard quelques instants mais il ne dit rien, il se déplace à droite en faisant quelques pas.) Alma qui constate que le silence s’installe, elle continue : «  Ce serait pas sur votre chemin, par hasard ? »

Le seconde d’après, ils sont en voiture et roulent dans une nuit noire.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 27. L'instant décisif. Alma boit de travers et commence à toussoter.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 28. Le shérif se précipite pour assister la jeune femme, il lui offre aussitôt un mouchoir, qu'il tire de sa poche de poitrine de sa veste.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 29. Alma s'essuie le nez, heureuse du rapprochement du shérif.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 30. Le shérif range le mouchoir dans sa poche. Il commence par donner son mouchoir, pour lui offrir, un peu plus tard, son cœur.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 31. C'est la seconde fois (en gros plan) qu'Alma boit de la bouteille, à chaque fois le shérif détourne son regard devant cette attitude suggestive et troublante.


* * *



0h 18’ 57’’ – Le shérif ramène Alma chez elle – premier baiser

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 32. En voiture, pour meubler le silence prolongé du shérif, Alma sort une petite radio, et commence à donner quelques tapes, car il ne fonctionnait pas correctement.


Le couple est silencieux. À un moment, Alma sort un petit transistor (une petite radio) et essaye de tirer un son en le secouant et en donnant quelques petits coup : « Ca marche plus très bien. (Cf. Photogramme - 32. 19' 18")
- C’est ça, le problème. Les piles s’usent avant la fin de la chanson. (Alma éteint la radio. Long temps de silence.)
- Vous pouvez tourner au prochain buisson. (La voiture tourne.) Vous pouvez vous arrêter là si vous voulez.
- (Le shérif arrête la voiture.) La route continue pas ? (Elle hoche la tête, et regarde droit devant elle.) (Cf. Photogramme - 33. 20' 01")
- Ça va aller.
- Écoutez-moi… J’avais pas d’arrière-pensée.
- Ça va aller.»
Le shérif allonge sa main pour l’enlacer. Elle s’approche de lui et l’embrasse.(Cf. Photogramme - 34. 20' 34")

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 33. Alma demande au shérif de tourner après le buisson et de s'arrêter. Le shérif lui demande : « La route ne continue pas. » Alma acquiesce de la tête, et reste silencieuse.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 34. Le shérif commence par allonger son bras pour enlacer Alma, elle profite de ce geste pour l'embrasser.
* * *

0h 20’ 49’’ – La distillerie clandestine McCain

La fille McCain s’engage dans un amour clandestin, le père alimente une distillerie clandestine.

Photogramme 35. 20' 49" : Dans une cave, la famille d’Alma s’active énergiquement autour d’un grand alambic nourrit par un grand feu. Il y a des bonbonnes d’alcool un peu partout. Il fait très chaud, le père est torse nu. Nous entendons en voix-off, un chien aboyé, ensuite quelqu’un qui parle : « C’est moi. » Alma ouvre une trappe, plan en contre-plongée, Alma regarde longtemps son père dans les yeux sans dire un seul mot. Mais les regards en disent longs. (Cf. Photogramme - 36. 21' 25")

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 35. La distillerie clandestine de la famille McCain. Le père et ses deux enfants : Clay et Buddy.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme - 35. Alma ouvre la trappe de la distillerie, et regarde longtemps son père sans rien dire.


* * *

0h 21’ 32’’ – Le shérif chez lui – 1

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 37 Le shérif devant le miroir de sa salle de bain. Il coiffe des mèches de cheveux. Est-ce qu’il cherche à être coquet ?

Photogramme 37. 22' 02" : Le shérif fait sa toilette, dans la salle de bain, la porte est entrouverte sur la chambre à coucher. Le shérif, comme Narcisse, se regarde dans le miroir de sa salle de bain. Il coiffe des mèches de cheveux qui tombent. Est-ce qu’il cherche à être coquet ? Sa femme est dans le lit, mais elle ne dort pas. Elle a l’air soucieuse. Elle parle à travers la porte : « 
- Un certain M. Bascomb [4] a appelé. Tu l’as eu ? Il a essayé au bureau mais tu n’y étais pas.
- J’ai dû intervenir, y avait du grabuge à Horsepike. Des gamins de Sutton.
- Il a dit qu’il appellerait demain. (Le shérif se coiffe devant le miroir, il veut être coquet. Il sort de la salle de bain, sa femme continue à lui poser des questions)
- Qui c’est ?
- Un inspecteur des fraudes.
- Pour le whisky ?
- Hum !
- (En voix-off. La caméra continue à cadrer le shérif.) Je croyais que seuls les Denton avaient encore une distillerie. Pourquoi il les embêtent ? Ils font de mal à personne. (Le shérif range ses habits.) A moins qu’il y ait des nouveaux…»

Cut.[5]

* * *


0h 22’ 44’’ – L’inspecteur fédéral Bascomb

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 38. Au commissariat, l’agent Bascomb entouré du shérif et de son adjoint.

Photogramme 38. 23' 36" : Un homme moustachu, en costume cravate, parle au shérif : « 
- Quand vous aurez un peu de temps, Washington a demandé que vous établissiez une liste de tous les contrevenants. (Hunnicutt est très attentif aux propos de Bascomb.) Les gens que vous avez chopés, ou ceux sur qui pesaient des soupçons. Dressez une liste exhaustive, des gens de Polderaine, Loomis Canyon, Finchberg. (…)
- Hunnicutt : Pour maintenant ?
- Bascomb : Non, c’est pas à la minute. Je repasserai dans quelques jours.
- Hunnicutt : Je vous fais une liste pendant que j’y pense. Elsie notez.
- Bascomb : Monsieur… ?
- Hunnicutt : Hunnicutt.
- Bascomb : M. Hunnicutt, faut pas donner l’impression à ceux des hautes sphères que notre tâche est facile. Prenez votre temps. (Il passe devant le shérif, il lui serre la main, le shérif évite de le regarder.)
- Shérif : On va se mettre au boulot.
- Bascomb : Il se passe pas grand-chose dans le coin, hein ? Le coiffeur m’a dit qu’il fallait aller à Sutton pour trouver de l’ambiance, le soir. (…)
- Shérif : Vous trouverez rien de bien fascinant dans le coin.
- Bascomb : Ouais, j’imagine.
- Shérif : Certains ici essaient de survivre en distillant de l’alcool. Ils font de mal à personne. S’il leur arrive d’en vendre, c’est pour pas passer leur temps à se tourner les pouces.»

* * *



0h 24’ 32’’ – L’enquête du shérif

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 39 Le shérif marche sur un pont suspendu. Il marche littéralement sur la ligne.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 40 Le shérif découvre la trappe, l’ouvre et descend l’échelle qui mène à la distillerie clandestine.

24' 32" Le shérif traverse à pieds un petit pont en bois qui enjambe une rivière. Il visite une vieille maison délabrée, c’est la maison des McCain, il n’y avait personne. Il s’engage dans un petit sentier. Ensuite, il emprunte un pont suspendu avec des cordes.(Cf. Photogramme - 39. 25' 28")

Au bout du pont se dresse une bâtisse encombré de végétation. Le shérif essaye d’ouvrir la porte principale, elle est fermée, il contourne la bâtisse. Il trouve une autre porte, elle est ouverte, il entre dans ce qui ressemble à un vieux moulin. Il remarque une trappe, il l’ouvre, il descend une petite échelle. (Cf. Photogramme - 40. 27' 26") Gros plan du shérif, les traits sur son visage se creusent. (Cf. Photogramme - 41. 27' 30") Il comprend qu’il vient de découvrir la distillerie clandestine de McCain. Il entend un chien aboyé. Alma n’est donc pas loin. Le chien s'arrête devant la trappe ouverte et continue à aboyer sur le shérif. Le shérif reste sur l’échelle. Une personne, Alma, appelle le chien : «  Au pied ! »

Le shérif sort de la cave, il regarde Alma avec fureur. Il ne dit rien, c’est encore elle qui parle : « 
- Ils savent pas que je suis venue vous voir. (C’est un mensonge, puisqu’elle lui avait dit qu’elle était avec Clay au drive-in. Elle ne sait plus quoi dire.)
- (Il s’approche d’elle, et lui dit sur un ton autoritaire.) Dites-leur de tout débarrasser.
- Je suis venue vous voir de mon plein gré.
- Débarrassez tout ça et vite.
Le shérif sort très furieux, elle le poursuit :
- Je vous jure que ça n’avait aucun rapport. Je vous écrirai.
- Non. (Il retourne sur le pont suspendu.)
- Je vous ferai savoir quand vous pourrez revenir.
- Ne faites pas ça. Vous entendez ?  »
Alma regarde le shérif sans comprendre. Le shérif lui dit encore : «  Prenez surtout pas ce risque. » (Cf. Photogramme - 42. 27' 30")

Le frère d’Alma Buddy sort de derrière des buissons (il était donc témoin de toute la scène) : «  On va avoir des problèmes, Alma ?
- Je sais pas, Buddy.  »

Cut.



 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 41 Gros plan du shérif inspectant la distillerie clandestine.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 42 Alma qui s’accroche à un « fil », mais non le dernier afin de retenir le shérif.


* * *


0h 28’ 53’’ – La page arrachée du registre

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 43 La main du shérif qui compose la combinaison du coffre de la police pour sortir un grand registre. Est-ce le registre des arrivées dans la comté, comme l’a prétendu Alma ?


Photogramme 43. 28' 53" : Gros plan de la main du shérif qui ouvre un coffre métallique en faisant tourner le code d'une combinaison. Il sort un grand livre du genre registre. Il s’installe à son bureau et commence à consulter le registre. Est-ce le registre des arrivées dans la comté, comme l’a prétendu Alma ?Il arrive à la page McCain. (Cf. Photogramme - 44. 29' 21") Il boit un verre de whisky. Il déchire la page.(Cf. Photogramme - 45. 29' 38")

29' 43" : Au même moment, en face du commissariat, Hunnicutt est en civile dans une salle de jeux où l’on joue au billard, il mange des pop-corn. Mais d’une nature fouineuse, il monte de la cave de la salle de jeux, pour observer le shérif qui est encore dans son bureau. Il continue à manger ses pop-corn pour voir que le shérif sort de son bureau, monte dans sa voiture, et part.


 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 44 Le shérif consulte le registre et trouve la page des McCain, la page qui représente Alma.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 45 Le shérif vide un verre de whisky et sépare la page des McCain en la déchirant.
* * *


0h 30’ 53’’ – Le shérif chez lui - 2

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 46 À son retour du commissariat, le shérif trouve son père assis dans une véranda en verre, qui ressemble à une cage en verre.

De retour, le shérif passe voir son père qui est assis paisiblement dans une véranda vitrée qui ressemble à une cage en verre. Le shérif derrière la porte vitrée de la véranda sourit à son père : «  T’es pas couché ? (Cf. Photogramme - 46. 31' 19")
- Ils ont coupé l’arbre du vieux Linton.
- Oui, je sais.
- Il essayait de se raccrocher à quelque chose.
- C’était pas son arbre.
- J’ai eu vision. Je dormais. Le chien a aboyé et je me suis réveillé. Les filles vont revenir. Ta mère aussi. On ira pêcher tous ensemble.
- D’accord, papa.
- Le chien aboie. La campagne est en feu. Je reste assis. J’entends tes sœurs. Elles vont revenir, je le sais.
- C’est possible, papa. (Il se déplace vers la porte d’entrée de la maison.) tarde pas à aller te coucher.»

32' 09" : La femme du shérif est couchée dans le lit, comme l’autre nuit : « - T’as finis ta paperasserie ?
- (Le shérif, les mains croisées derrière la tête.) Oui.
- T’as l’air crevé…»

Cut.


* * *


0h 33’ 04’’ – Commissariat 2 – L'attente de la lettre

Une autre journée commence. Elsie, la secrétaire pose le courrier du matin sur la table. Hunnicutt regarde le registre des noms : «  Ils sont tous sur la liste. Ou presque. Cullen. J’ai pensé à Cullen. Deux condamnations. Mais il a 87 balais. (Le shérif s’approche du courrier du jour, et le consulte, l’air de rien, de la main gauche.) (Cf. Photogramme - 47. 34' 22") Dans ce satané comté, y a que des dinosaures.
- Elsie : Tout ici date de l’époque des dinosaures. (Gros plan sur Hunnicutt qui regarde la manœuvre du shérif, son regard on dit long, comme on le saura plus loin.) (Cf. Photogramme - 48. 34' 37") Avant que j’oublie, la tente pour la chorale religieuse… Assurez-vous qu’il y ait pas trop de chaises.»


 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 47 Le shérif s’approche du courrier du jour, et le consulte, l’air de rien, de la main gauche.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 48. Tout en sifflant sa boisson, Hunnicutt est très intéressé par la manœuvre du shérif. Il sait !


* * *

0h 34’ 41’’ – Le mot « perdu »

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 49. La tente géante illuminée avec des guirlandes alignées. Une ligne en pointillée.

 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 50. Le shérif veut voir Alma. Il est hésitant. Il entre dans la maison. Personne. Il monte des escaliers.


Dans une nuit noire, une tente géante est illuminée avec des guirlandes alignées. Une ligne en pointillée.(Cf. Photogramme - 49. 34' 42")

De l'autre côté de la ville, le shérif attend devant la maison des McCain. Il est hésitant. Il avance très doucement. Il entre dans la maison. Personne. Il monte des escaliers. (Cf. Photogramme - 50. 34' 58")Alma l'attendait, elle est toute souriante : «  - Merci d'être venu. Ils sont tous partis... pour un petit bout de temps... (Elle se jette sur lui.) Je suis contente de vous voir.
- (Le shérif est heureux, il marmonne des sons incompréhensibles.) Il fallait que je te voie. J'en avais trop envie... J'attendais de tes nouvelles.
- Je te l'avais dit.
- (Il la porte.) Je pouvais plus attendre.
- Je savais qu'on se retrouverait.
- (Ils s'embrassent longuement.) (Cf. Photogramme - 51. 35' 37") C'est pas mieux comme ça ?
- Maintenant, si.
- J'ai cru que je me ferais choper... Il y avait du monde.
- « Choper » ?
- Près de votre voiture... Vous l'avez pas trouvé ?
- De quoi tu parles ?


 
I walk the line de Frankenheimer John. Photogramme 51. Le shérif porte Alma et l'embrasse ardemment.



La suite est en préparation




Notes et références

  1. 5 avril 1916 – 12 juin 2003
  2. Pour reprendre le mot d’André Gardies, L’Espace au cinéma, op. cit., p. 90.
  3. 300 av. J.-C., Éléments : Livre 1er - Définitions, Postulats, et Notions Communes, (Anglais : A line is breadthless length. ) - Grec ancien : Στοιχεια ; prononciation : Stoikheía ; traduction française : éléments. (Source : Wikipédia)
  4. C’est l’inspecteur fédéral.
  5. De l'anglais, couper, dans le langage cinématographique, c'est une une transition instantanée à une nouvelle scène, un nouveau plan.


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