Thèse:Auteur

De Cinémancie
Version datée du 9 janvier 2013 à 19:12 par Dimitri Dimitriadès (discussion | contributions) (A protégé « Thèse:Auteur » (‎[edit=sysop] (infini) ‎[move=sysop] (infini)))
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L'Auteur

Il est toujours difficile de parler de soi-même, suivant en cela la formule des universitaires : « Le Moi est haïssable ». J’ai donc choisi d’une part, de vous faire part de l’existence d’un site : le site du Projet E2 qui met en avant un panorama de mes activités plastiques ; et d’autre part, de mettre, par ordre chronologique, des extraits des professeurs d’université qui ont fait un rapport sur la thèse.

J’avais par ailleurs, exprimé toute ma gratitude de mon regretté Directeur de Thèse, Pierre Haffner, disparu prématurément, à la première page de la thèse :


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Témoignage et éternel reconnaissance

Cette thèse n'aurait jamais vu le jour sans l'appui de l'enseignement et la pédagogie exceptionnelle de mon regretté Directeur de Thèse, feu Monsieur Pierre Haffner, disparu prématurément le 12 novembre 2000.

Dès notre première rencontre, en mars 1991, j'ai été vivement séduit par sa bonté, son optimisme et sa joie de vivre. Il était toujours souriant, présent et de bons conseils. Grand "manipulateur des mots", C’était toujours un immense plaisir de l'écouter et de suivre ses brillantes démonstrations qui avaient le grand mérite d'être rapidement accessibles. Trois mots revenaient souvent dans ses propos : simplicité (d'une démonstration), utilité et beauté.

Je lui dédie ma thèse et je n'oublie pas de remercier sa charmante famille et son épouse Ludmila.

Comme un phare dans une nuit noire.


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Extrait du pré-rapport du professeur Dominique Château

Le 9 octobre 2000.


« La thèse de M. Dimitri Dimitriadès est pour le moins atypique. Son écart vis-à-vis de la « norme » se manifeste d’abord dans sa présentation qui allie divers dispositifs d’illustration à un surdécoupage du texte épousant dans une large part la forme fragmentée d’un découpage cinématographique. Cette présentation atteste un évident travail, une évidente qualité qu’il convient de saluer, du moins au niveau de la disposition iconographique et typographique. (…) Mais, l’extrême sophistication de cette thèse ne facilite pas une lecture, par ailleurs, entravée par la complexité même du propos.

Cette thèse d’esthétique du cinéma comporte deux registres. Un registre « philosophique » ou, plutôt « para-philosophique », essentiellement dominé par une théorie un peu étrange nommée « cinémancie ». Un registre d’analyse cinématographique qui se fonde principalement sur l’œuvre d’Andreï Tarkovski. Les analyses sont d’une grande finesse, manifestant une attention minutieuse et sensible à la chair du film. L’auteur affirme que « si l’on veut bien faire, on doit analyser un film plan par plan » (p. 165 notamment – 1ère version), ce qui engage sur une analyse linéaire dans laquelle le propos central de la thèse se perd autant qu’il s’épanouit, en quelque sorte : se perd pour s’épanouir. À tout moment, en effet, dans un film, on peut observer l’émergence de « l’objet cinémantique » (pour employer le jargon de l’auteur), s’agissant d’épingler cette émergence et de l’analyser au microscope en vue de saisir « un moment particulier (le moment cinémantique) [où] il y a un déclenchement, une soudaine irruption de qualités ou de propriétés intrinsèques de l’objet » (p. 415 – 1ère version) et, du même coup, d’examiner l’effet de cette irruption sur les éléments du film. D’abord « éteint », dit l’auteur, l’objet « s’allume » et de lui « émanent des qualités qui rayonnent sur les personnes ou sur une aire déterminée ».

Le présent rapporteur est très sensible à cette préoccupation de l’auteur. Il constate que ses analyses confirment l’intérêt de son intuition. (…) Le rapporteur croit identifier dans cette thèse une préoccupation ontologique qui, à ses yeux, eût gagné considérablement à être développé justement dans le vocabulaire de l’ontologie. (…) »

Dominique Château, Professeur à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.


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Extrait du Rapport de la soutenance du professeur Jean-Louis Fleckniakoska

Le 29 octobre 2001


Je sais le désarroi qu’a causé la disparition de Pierre Haffner pour ses étudiants et je sais que vous, Dimitri, vous avez été très affecté par cette épreuve, qui plus est, à un moment crucial de votre doctorat puisque le dépôt de votre thèse avait eu lieu et les pré-rapports étaient en cours.

Il fait en effet souligner la capacité de travail, le tempérament passionné, entier, audacieux de Dimitri Dimitriadès… mais ces qualités ont leur revers et c’est ce que je vais pointer dans mon rôle (…) de passeur plus que de directeur dans ces circonstances particulières.

(…)

En restant volontairement hors des débats strcitement cinématographiques que mes collègues aborderont, je perçois quelque chose qui est de l’ordre de l’inédit ; ce qui est le propre de la création, mais peut-on à la fois créer et s’inscrire dans une démarche de recherche. C’est sans doute ce que je retiendrai de cette thèse, elle comporte en effet, un je-ne-sais-quoi d’entrevu qui mérite attention, mais je pense que la culture certaine et surtout l’œil de Dimitri Dimitriadès qui lui permettent de discerner des symptômes dans le temps et l’espace filmiques auraient pu servir une réflexion moins ambitieuse et sans doute plus juste au regard des travaux existants et des concepts déjà en place. »

Jean-Louis Fleckniakoska, Professeur à l’Université Marc Bloch, Strasbourg.


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Extrait du Rapport de la soutenance du professeur Jean-François Robic

Le 29 octobre 2001

« La thèse de M. D.D. (désormais, j’utiliserais l’abréviation M.D. pour me désigner) partage avec le lecteur plasticien que je suis l’intérêt pour ce qui n’en a pas, pour ce qui habituellement reste dans l’ombre des discours sur le cinéma. (…) Cette culture de l’insignifiance est en effet partagée avec l’art contemporain, y compris dans ses développements les plus récents, qui ne cessent par ailleurs de tourner autour de ce qui manque au cinéma, le temps entre le temps, la fixité, le temps que la peinture, par exemple, nous offre pour débusquer ce que personne ne voit.

Sur cette première donnée, qui résume la position d’où je souhaite m’exprimer sur le travail de M. D.D., je retiendrai évidemment l’ambivalence d’un mot : insignifiance. Ce qui n’a pas d’importance, ce qui ne signifie rien, un doublet sémantique sur lequel se construit votre théorie du cinéma comme forme moderne de la divination : c’est justement dans les signes sans signification apparente que peuvent s’édifier les déclarations arbitraires de la voyance. Et j’utilise ce dernier terme à dessein, car il introduit la dimension visuelle dans laquelle se manifestent et le cinéma et les signes qu’il propose. Voir, faire voir.

(…)

Curieusement, à travers votre volonté de fonder une nouvelle « science » de l’interprétation, on redoute de ne voir dans la cinémancie (…) qu’une variante de l’analyse filmique, axée surtout sur une sorte d’iconologie dont les éléments ne seraient pas culturels comme chez Panofsky, mais strictement et de façon un peu réductrice, symboliques. Pas de place à d’autres types de signification, ce qui est dommage, car justement, cette forme que le tome 3 avec le répertoire, met en place reste à mon sens un dispositif particulièrement fécond et un outil efficace. Ce système de répertoire (…) permettant une efficacité de recherche car elle permet de se représenter les relations entre les différents niveaux actifs dans un film, les objets iconiques comme les éléments du langage cinématographique. Il permet également de prendre conscience de l’intérêt du détail « catalogique » dans la téléologie du film. On est là, à mon avis, dans ce qu’il y a de plus fécond dans votre travail, et ce qui est analytiquement cinématographique, les rapports entre les objets et les personnes, les objets et le film, on sent la possibilité de construction d’une anthropologie du cinéma. »

Jean-François Robic, Professeur à l’Université Marc Bloch, Strasbourg.


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Extrait du Rapport de la soutenance du professeur Dominique Avron

Le 29 octobre 2001

« Dominique Avron commence en rappelant les critiques qu’il a adressées à M.D. après la lecture de la première version de son travail. Celui-ci aurait pu céder au découragement et abandonner la recherche, ou se figer sur ses positions. Qu’il ait accepté de revoir son texte et de la corriger notamment en développant tout un appareil de notes est le signe de qualités indispensable à un chercheur. M. Avron se demande cependant s’il n’est pas allé un peu trop loin en ce sens et s’il avait bien pris connaissance de tous les ouvrages et les thèses cités. Par sa réponse, M. D. montre à la fois le sérieux de sa recherche bibliographique et l’étendue de sa culture classique.

(…)

« Sur le fond, M. Avron reconnaît à M. D.D. des capacités dans l’analyse des films. Il fait preuve d’une finesse de regard remarquable et respecte ainsi toute la richesse de l’œuvre de Tarkovski tout en faisant acte de pédagogie. Peut-être aurait-il pu seulement écourter certaines descriptions tautologiques des plans. M. D. répond qu’il a fait attention à cet aspect et que toutes ses analyses de séquences comportent des observations personnelles utiles à son propos.

Ce qui pose le plus problème pour M. Avron, ce sont les concepts à forte polysémie qui ont été utilisé sans grande discussion sur leur choix – comme celui de « figure », et les montage théoriques comme celui de »l’arbre cinémantique », enfin et surtout le recours répété à cette étiquette de « cinémancie ». (…) D. Avron, pense que l’essentiel du travail réside dans le repérage et le décryptage des signes, la « fonction indicielle des objets ». Dans ce domaine, la thèse de M. D. est imposante et utile pour la recherche future sur Tarkovski. »

Dominique Avron, Professeur à l’Université des Sciences Humaines d’Amiens.


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