« Clôture » : différence entre les versions
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===Le Miroir, d'Andreï Tarkovski=== | |||
Version du 19 mars 2012 à 12:38
Définition de Clôture :
Ce qui enclot un espace. Du latin populaire, clausitura, de claudere, « clore ». Une clôture est une structure (en bois ou en métal) qui est fermée. Elle est immobile.
Définition de Barrière :
Assemblage de pièces de bois ou de métal formant une clôture. Clôture mobile au croisement d’une voie ferrée et d’une route. L’étymologie du mot provient p.e. du galloroman barra dérivé du gaulois barros (fin, extrémité) d’où le nom de la perche transversale qui limite un chemin. (Dictionnaire Hachette.)
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Andreï Roublev | (Voir détail : Andreï Rublyov) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Konchalovsky A. |
1969 | URSS | 215 |
Autant en emporte le vent | Gone with the Wind | Fleming Victor, Wood Sam, |
Howard Sidney | 1939 | USA | 224' |
Blue Velvet §. Le film commence et termine par une clôture blanche |
Blue Velvet | Lynch David | Lynch D. | 1987 | USA | 120 |
Loin de la Foule déchaînée | Far From the Madding Crowd | Schlesinger John | Raphael F. | 1967 | Angleterre | 168 |
Miroir (Le) | (Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106 |
Visiteur (Le) | Muukalainen | Valkeapää Jukka-Pekka | Forsström J. Valkeapää J.-P. |
2008 | Finlande Angleterre |
139 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski
La clôture et la bacchante
Plan 123-17 [1] : 1h 00' 15" : Andreï Roublev porte sa main à sa joue, et "touche le baiser" (quand il était attaché au poteau). Il se dirige à gauche. Une femme nue (celle de l'escalier ?) sort de derrière les buissons et se dirige vers une clôture en bois. Elle croise les bras sur la barrière, pose sa tête dans le creux de ses bras, et puis fixe des yeux Roublev. (Cf. Photogramme – Clôture 1.)
C'est la fin de la première partie du IVème épisode, celle qui correspond au dernier plan de la Nuit. Il nous semble, que tout porte à croire, que Roublev va céder à la tentation de la chair. Au total, dans la nuit, Roublev a été séduit par au moins deux femmes. Cela est beaucoup pour un moine qui vit dans un milieu androgyne.
La femme nue à la clôture rappelle à quelques détails près, l'une des premières scènes du Miroir : la mère du narrateur assise sur une clôture. A travers ces scènes nous avons la possibilité de dresser un schéma psychologique des protagonistes et du cinéaste. [2]
Liens spécifiques du film
Voir : Andreï Roublev
Le Miroir, d'Andreï Tarkovski
Clôture et rupture
Plan 8 : 06' 28" : Maroussia est assise sur la clôture. (Cf. Photogramme – Clôture 2.)
Plan 9 : 06' 41" : En contre champ, et du fond de l'arrière plan, nous commençons à distinguer un point noir qui ne cesse de grossir : c'est un homme sombrement habillé, comme si celui-ci allait annoncer une situation sombre. Il s'approche de Maroussia, et il lui demande la route de Tomchino. Il engage la conversation.
- Le passant : " Qu'est-ce que vous faites là ?
- Maroussia : " Je vis ici."
- Le passant : "Où, sur la clôture ? J'ai pris tous les outils, mais j'ai oublié la clé. Vous n'auriez pas un clou ou un tourne-vis ? Pourquoi vous êtes si nerveuse ? Donnez-moi votre main, je suis médecin. (En lui saisissant la main et très ému) Vous me gênez !
- Maroussia : "Faut-il que j'appelle mon mari ?"
- Le passant : " Vous n'avez pas de mari, on ne voit pas d'anneau."
Il lui demande une cigarette.
Plan 11 : 08' 12" : L'homme jette sa trousse et veut s'asseoir sur la clôture, sans aucune gêne, près de Maroussia. Tout à coup, la clôture cède sous leur poids, et elle se casse, dans un bruit sec. Tous les deux se retrouvent au sol. (Cf. Photogramme – Clôture 3.)
Aussitôt la jeune femme se lève, visiblement embarrassée. L'homme éclate de rire et reste couché aux pieds de la femme.
Ce long plan, filmé en continu, est riche de renseignements en ce qui concerne la cinémancie. C’est d'abord le fait de jeter la trousse. Il aurait pu, par exemple la déposer délicatement sur le sol ou bien il aurait pu la garder avec lui. Mais visiblement, il voulait avoir les mains libres. Il y a différents degrés dans le fait de jeter quelque chose. Ici, cela indique d'une part le peu d'égard que porte le médecin à sa profession, et d'autre part, ce fait témoigne d'un comportement d'hostilité et d'angoisse qui se manifeste par le fait de se débarrasser de la trousse au plus vite. Les propos de Maroussia en témoignent. Quand elle demande s'il a quelque chose, il lui répond : " Je n'ai rien à craindre, je suis médecin." Nous pouvons supposer que la scène de la clôture qui se casse sous le poids conjugué de Maroussia et du médecin-passant, comme étant une situation de consommation d'un acte transgresseur. Les barrières s'effondrent. Il y a désordre dans la limite des normes établies. Mais rien ne nous permet encore dans cette séquence d'affirmer avec précision l'exactitude de nos suppositions. Cependant, en nous basant sur les plans suivants, certains indices concourent à lever quelques voiles. En effet, au :
Plan 12 : 10' 04" : Le médecin prend congé, et sur le chemin du retour, à un moment donné, un vent souffle, les buissons s'agitent et s'animent. Il s'arrête et se retourne vers Maroussia. Le souffle du vent se dirige en vagues successives vers le premier plan, vers Maroussia. Tarkovski précise que la scène de la rencontre entre l'héroïne et l'inconnu, (…) "a paru exiger, à l'instant du départ de ce dernier, une sorte de lien pour unir ces deux personnages qui semblaient s'être rencontrés par hasard. Si, en partant, il s'était retourné pour jeter un regard expressif à l'héroïne, tout serait devenu linéaire et faux. C'est alors que nous est venue l'idée du coup de vent dans le champ, dont la soudaineté surprenait l'inconnu et l'amenait à se retourner…" [3]
Par ailleurs, le 2ème indice, qui nous dévoile le lien naissant et invisible qui unit Maroussia à l'inconnu, est un court poème récité en voix-off.
Plan 13 : 10' 35" : Pivot de la caméra de 180°. Maroussia avance vers une datcha en bois avec une fenêtre grande ouverte, comme si la fenêtre ouverte représentait en quelque sorte Maroussia "en miroir". Nous entendons ce poème: "Chaque instant de nos rendez-vous / Était épiphanie pour nous / Nous deux, seuls sur la terre, / Hardie et plus qu'une aile d'oiseau légère, / Tu dévalais les marches comme un vertige... "
Plan 15 : 11' 00" : Plan général de la datcha avec la fenêtre ouverte par laquelle un livre s'envole et tombe vers l'extérieur. C'est comme un second rappel du coup de vent qui a soufflé. C'est aussi un fait qui a une résonance sur l'épisode de l'imprimerie. Le poème continue, il devient de plus en plus suggestif sur l'existence d'un lien intime et affectif qui lie le couple :" Tu m'emmenais dans tes états / De l'autre côté du miroir, / Et quand vint la nuit, / J'ai eu enfin droit à la clémence, / S'ouvrirent les portes du sanctuaire, / et la nudité éclaira les ténèbres / et s'incline doucement."
Enfin, un 3ème indice semble présenter l’idylle entre les deux personnes. Il s’agit du plan 20, avec le fenil en feu. On peut observer la clôture éventrée au bas de l’image à droite. (Cf. Photogramme – Clôture 4.) C’est encore un cas de résonance.
Liens Spécifiques du film
Voir : Miroir (Le)
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.
- ↑ La place des plans de la clôture dans Le Miroir, dès le début du film, détermine bien la profonde réflexion que le cinéaste témoigne à cette figure.
- ↑ Andreï Tarkovski, Le Temps Scellé, op. cit., p. 105.