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<span id="ancre_1"></span>[[Fichier: Eau_trzaskalskilemaitrep.jpg|500px|thumb|right|''[[Maître (Le)|Le Maître]]'', '''plan 103b.''' Alexandre et Anna sont dans une barque sur un plan d’eau luxuriant, vaporeux et impressionniste, qui rappelle le monde proustien. Alexandre offre un livre à Anna : Démocrite. Il raconte : ''Il a imaginé le monde, toi, moi, la barque, l’eau, même ces étoiles, au-dessus, les poissons… Tout ça… C’est ça… Des petites billes. Des atomes. Petites comme ça… La ville, la campagne, même les chiens dans leurs niches sont faits de ces petites billes. Tout est organisé une fois pour toutes, et c’est immuable…Tout… Mais, tu vois, parfois une de ces billes peut se tromper, perdre son [[chemin]], errer, sortir de son orbite…'' ]] | <span id="ancre_1"></span>[[Fichier: Eau_trzaskalskilemaitrep.jpg|500px|thumb|right|''[[Maître (Le)|Le Maître]]'', '''plan 103b.''' Alexandre et Anna sont dans une barque sur un plan d’eau luxuriant, vaporeux et impressionniste, qui rappelle le monde proustien. Alexandre offre un livre à Anna : Démocrite. Il raconte : ''Il a imaginé le monde, toi, moi, la barque, l’eau, même ces étoiles, au-dessus, les poissons… Tout ça… C’est ça… Des petites billes. Des atomes. Petites comme ça… La ville, la campagne, même les chiens dans leurs niches sont faits de ces petites billes. Tout est organisé une fois pour toutes, et c’est immuable…Tout… Mais, tu vois, parfois une de ces billes peut se tromper, perdre son [[chemin]], errer, sortir de son orbite…'' ]] | ||
==Titres des films== | ==Titres des films== |
Version du 13 mai 2012 à 12:03
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Ailes de l'Enfer (Les) | Con Air | West Simon | Rosenberg S. | 1997 | USA | 110 |
Boudu sauvé des eaux | Boudu sauvé des eaux | Renoir Jean | Renoir J., Valentin A. |
1932 | France | 83 |
Eaux printanières (Les) | Acqua di primavera | Skolimowski Jerzy | Bonaccorso A., Skolimowski J., Turgenev I. |
1989 | France, Italie |
105 |
Faro, la reine des eaux | Faro, la reine des eaux | Traore Salif | Lorelle O., Traore S. |
2008 | Mali, France, Canada, Burkina, Allemagne |
93 |
Autres titres de films
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Enfant sauvage (L') | Enfant sauvage (L') | Truffaut François | Truffaut fr. Gruault J. d'après le roman Mémoires et rapport sur Victor de l'Aveyron de Itard J. |
1970 | France | 83 |
Miroir (Le) | (Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106 |
Nostalghia | (Voir détail : Nostalghia) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Guerra T. |
1983 | URSS Italie |
130 |
Saveur de la pastèque (La) | Tian bian yi duo yun | Tsaï Ming-liang | Tsaï Ming-liang | 2005 | Chine, France, Taïwan |
114 |
Révoltés du Bounty (Les) | Mutiny on the Bounty | Milestone Lewis | Reed Carol | 1962 | USA | 178 |
Stalker | (Voir détail : Stalker) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Strougatski A. et B. |
1979 | URSS | 161 |
Visiteur (Le) | Muukalainen | Valkeapää Jukka-Pekka | Forsström J. Valkeapää J.-P. |
2008 | Finlande Angleterre |
139 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film.
Le Miroir, d'Andreï Tarkovski
L’Eau en feu
Dès le début du film, l’eau a une valeur importante qui va jouer un rôle considérable. En effet, après la séquence de l’attente, au :
Plan 18 : 13' 08" : Plan rapproché sur Maroussia qui pleure. Un homme crie à l'extérieur. Maroussia sort, les enfants restent à table. Elle revient, elle leur dit : "Le feu, mais ne hurlez pas." Les enfants se précipitent dehors.
Plan 19 : 13' 53" : L'image est immobile. Plan rapproché sur la table. La caméra est fixe en plongée. Tout à coup, le verre d'une lampe à pétrole vacille, tombe par terre. A l'extérieur, au :
Plan 20 : 14' 45" : Maroussia avance vers un puits, elle saisit un seau d'eau suspendu, elle s'asperge le visage, (Cf. Photogramme – Eau 1) et s'assied au bord du puits pour observer le fenil en feu.
L'accumulation et la cristallisation dans un temps court, d'un certain nombre d'indices irrationnels, étranges et insolites sont des données significatives pour la cinémancie. Ainsi, si nous reprenons dans l'ordre la suite des indices, nous avons :
- Plan 11 : la clôture s'effondre ;
- Plan 12 : le buisson agité ;
- Plan 15 : le livre qui tombe ;
- Plan 17 : le chat noir qui lape le lait renversé ;
- Plan 19a : le verre de la lampe à pétrole qui tombe.
L'épisode commence par Maroussia qui regarde des champs verts, et se termine par l'image de l'héroïne qui contemple un fenil en feu rouge. Notons à ce propos le fait significatif au plan précédent : elle asperge son visage de quelques gouttes d'eau devant l'énorme feu. En revanche, dans l'épisode suivant, elle plonge la tête, d'une manière étrange dans une bassine d'eau. L'eau et le feu vont devenir les éléments de liaison entre les épisodes et particulièrement entre les deux premiers, puisque dans le premier épisode, Maroussia attendait son mari, et dans le second elle est avec son mari, qui va lui verser de l'eau sur la tête. (Voir : Danse et cheveux.)
Or, dans le premier épisode, l'eau se réduit à quelques gouttes, et le feu est très intense. C'est en fait, toute la "maison" qui brûle, dans son sens psychanalytique, "sa maison", son chez-soi, c'est cela qui brûle. Et au début du second épisode, "Le rêve d'Aliocha", "la maison" est en quelque sorte inondée, "la maison" part littéralement en morceau, des morceaux de plâtres du plafond. (Cf. Photogramme – Eau 2.)
Mais au plan 25, le feu est réduit à une petite flamme minuscule. En fait, Tarkovski présente une composition en équation par analogie de contraste. Ne s'agit-il pas "d'équation amoureuse" ? La passion amoureuse est-elle hors mariage ? La passion amoureuse est-elle au détour d'un chemin ? Il est émouvant de voir qu'avec l'étranger le feu est bouleversant, et avec son mari, le feu est discret. Et, c'est précisément ce que nous allons voir.
Eau et cheveux : métaphore du feu
Plan 24 : 16' 57" : Première brève apparition du père : gros plan rapproché rapide, il est debout, il verse de l'eau sur la tête de son épouse. (Cf. Photogramme – Eau 3.)
Plan
Maroussia est accroupie devant une bassine d'eau remplie jusqu'au bord. Ses longs cheveux flottent dans l'eau. La scène est particulièrement inquiétante et bouleversante. En effet, nous avons l'impression, d'avoir le double d'une tête qui émerge de l'eau, une tête "miroirisée". Mieux encore, c'est comme une deuxième personne qui surgit de l'eau, une personne qui avale l'autre, qui l'aspire. (Lire la suite : Danse et cheveux.).
Liens spécifiques du film
Voir : Miroir (Le)
Nostalghia d’Andreï Tarkovski
L’eau de « La Maison de la fin du monde »
Plan 50 : 50' 56" : Le Poète entre dans une grande salle, accompagné de la chienne du "Fou", Zoé. Le toit de la salle est ajouré par endroits. Il pleut intensément. L'eau tombe abondamment dans la demeure-grenier. Long travelling de droite à gauche. Arrêt de l'image sur une énorme flaque d'eau, Zoé se couche au milieu de la flaque. (Cf. Photogramme – Eau 4.)
Plan 54 : 53' 24" : Trois bouteilles posées au sol. Elles sont à peine remplies d'eau. Des gouttes d'eau tombent du plafond, et par intermittence quelques gouttes entrent dans la bouteille. [1]
Plan 55 : 53' 55" : Retour aux deux hommes.
- Le Fou (en voix off) : "Il faut avoir des idées plus grandes." [2]
- Le Poète : "Comment ?"
Le terme ici n'est pas à considérer d'une manière interrogative, mais d'une manière exclamative. En effet, le Poète était encore perdu dans ses pensées (dans son passé). [3]
« L’eau qui fume »
Plan 56 : 54' 14" :
- Le Fou : " J'étais égoïste… Je voulais sauver ma famille… Il faut sauver le monde, le monde entier." (56b)
- Le Poète : "Comment ?" Maintenant le terme est un adverbe interrogatif. La question devient : "Comment sauver le monde ?"
- Le Fou : "C'est simple… Tu vois cette bougie." Il éteint une petite bougie qu'il tenait à la main. " Traverse l'eau avec la bougie allumée."
- Le Poète : " Quelle eau ?"
- Le Fou : " L'eau chaude, la piscine de Sainte Catherine, celle qui fume. "
- Le Poète : " Bon, quand ? "
- Le Fou : " Tout de suite… (…) Moi, je ne peux pas… On me crie "tu es fou."
Plan 57 : 56' 02" :
- Le Poète : " Très bien."
- Le Fou : (En criant.) " Très mal."
Autre subtilité du discours. Car, quand le Poète dit : "Très bien", c'est pour dire : " J'irai dans la piscine." Mais "le Fou", rectifie le sens. En effet dans la suite du dialogue, la réplique du Poète est une affirmation de ce que les gens disent à son propos. Par ailleurs, ce dialogue évoque un fait superstitieux pour sauver le monde. Comment ? D'abord par la "vision" : "Tu vois cette bougie." Ensuite par la traversée d'une piscine sanctifiée, et enfin par la combustion de la bougie, dont la flamme évoque l'idée de purification par le feu. " Elle symbolise la vie dont Macbeth parle d'ailleurs comme d'une "brève bougie." [4]
L'église inondée - Pré-figuration et trans-figuration : Le poème, la plume et l'ange : figures ascensionnelles
Plan 83 : 1h 17' 40" : C'est un plan rapproché d'une fontaine d'où jaillit une eau abondante (83a).(Cf. Photogramme – Eau 5.)
L'abondance des eaux contraste vigoureusement, d'une manière visuelle et auditive, avec le lait et le sang parcimonieux de l'épisode précédent. Le Poète, visiblement saoul, marche en titubant dans une église en ruine, inondée. Il est mouillé jusqu'au genou. Un livre à la main, il récite un poème, d'un ton grave, et d'une façon discontinue : (83b) (Voir : plume)
Plan 84 : 1h 18' 30" : Intérieur de l'église inondée. D'un côté d'un mur en ruine apparaît une petite fille qui se cache aussitôt que le Poète entre dans l'église. (84a) Sous un autre angle, et d'un autre côté de l'église, la petite fille apparaît de nouveau. (84b)
Plan 85 : 1h 19' 06" : Le Poète ne s'aperçoit pas de la présence de la petite fille. Il laisse tomber le livre. Il fait un petit feu, il boit de la vodka. Il pose le gobelet près du feu, le gobelet vacille, il le retient à la dernière seconde. Soudain, il remarque la petite fille : (85b) " Que fais-tu ici, tu as peur. (Plan 86.)
Plan 87a : 1h 20' 25" : "C'est moi qui devrais avoir peur de toi." Le Poète est saoul. Lui, d'habitude si réservé, si laconique, se met à parler sans arrêt. Il commence par raconter une histoire à la petite fille. Adossé à un petit poteau au milieu de l'église, le Poète pose son gobelet de vodka au bout d'un poteau flanqué au milieu de l'église, sans aucune raison apparente. Comme si le poteau (axe du monde) au plan 1 commençait à émerger ? (87c) (Cf. Photogramme – Eau 6.)
Il se met à parler seul (…) Il s'adresse à la petite fille (87d) :
-" Comment t'appelles-tu ? "
- La petite fille (off) : " Angela. "
- Le Poète : "Angela, bravo…"(89)
Il veut se débarrasser de la cigarette suspendue à sa bouche, mais, cette dernière étant humide, le bout de la cigarette se détache du filtre, qui reste collé dans sa bouche. Ce bout de cigarette ne suggère-t-il pas le bout de la bougie ?
Plan 90 : 1h 24' 01" : La petite fille s'installe dans une structure de l'ordre d'une "annonciation", d'une "apparition". (Cf. Photogramme – Eau 7.)
C'est sous le regard de la petite fille pythique que s'accomplit l'opération de la "participation mystique" ou de l'accomplissement de l'intégration du "Bush soul" du Poète par le Fou : à partir d'un changement vocal. L'apparence physique reste identique, mais la voix (du Poète-off) est devenue celle du "Fou", et inversement dans le songe (à venir) du Poète, c'est par la voix du "Fou" qu'il s'exprime. D'ailleurs la voix du "Fou" commence à s'exprimer, [5]sur un long plan fixe de la petite fille assise sur le petit rocher.
L'importance des objets : aspect de miniaturisation/monumentalisation
Liens spécifiques du film
Voir : Nostalghia
L'eau dans Stalker d’Andreï Tarkovski
Plan 15: 14' 55" : Le Stalker et l'Écrivain se rendent au bar, ils sont attendus par le Professeur. Avant d'entrer dans le bar, et en montant les quelques marches d'un escalier, l'Écrivain trébuche, glisse et tombe un genou à terre : "(râlant) C'est plein de flotte ici.". Ce court plan nous révèle deux indices. Le premier indice est la génuflexion involontaire de l'Écrivain. Le second indice c'est la raillerie de l'Écrivain, sur "la flotte". En effet, cela n'est que le début, comme nous allons le voir, il sera souvent mouillé.
Comme par exemple, au plan 107a, l'Écrivain descend dans la "flotte" qui monte jusqu'à ses épaules, les mains tendues en avant.(Cf. Photogramme - Eau 8.)
Ou encore, quand il est devant le puits.(Cf. Photogramme - Eau 9.)
Par ailleurs, l'image qui couronne l'apothéose du sac à dos du Professeur est le plan 107b, lorsque pour passer une partie immergée, il tient le sac au-dessus de sa tête, comme un calice suprême.(Cf. Photogramme - Eau 10.)
Liens spécifiques du film
Voir : Stalker
Notes et références
- ↑ Ce plan suggère une vision de la communication tarkovskienne. La pluie traverse "le toit d'un individu", certaines gouttes tombent dans son âme, représentée par les bouteilles. Nous pouvons appliquer au cinéma l'équation suivante : une bouteille = un individu. Il en va ainsi, avec la bouteille de vin qui tombe dans Le journal d'un curé de campagne, la carafe de lait dans Le Miroir. La bouteille de lait dans Nostalghia (Photogramme Lait 5, Plan 65) L'incursion de l'imagination dans un objet passe par une constante métamorphose de ce type.
- ↑ Cette phrase ressemble à la réponse du prêtre à l'intention de la Traductrice, au IIème épisode, plan 10. Cette dernière lui dit :
- La Traductrice : "Pourquoi les femmes prient autant ?"
- Le prêtre : "Moi je suis un simple homme. Une femme sert à avoir des enfants, à les élever avec patience et sacrifice."
- La Traductrice : "Elle ne sert qu'à ça."
- Le prêtre : "J'en sais rien. Il y a des choses plus importantes." - ↑ Nous remarquons que cette subtile nuance propose une variante de "clédon", comme d'ailleurs celle du "Fou", à l'entrée de la maison. Quand le Poète lui dit : "je sais pourquoi vous avez fait ça !" "Le Fou" répond : "le vélo !"
- ↑ Éloïse Mozzani, Le Livre des Superstitions. Mythes, Croyances, Légendes, op. cit., p. 257 sq.
- ↑ (Voix-off du Fou ) " …Ma vue s'obscurcit, ma force… Deux dards occultes adamantines… L’ouïe se trouble pour le tonnerre lointain de la maison paternelle. (…) Dans mon dos resplendissent deux ailes… Dans la fête, chandelle… Je me suis consumé.(…)