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Donc, le Professeur peut cheminer tout seul dans la Zone, cela ne démontre-il pas qu'il ressemble à un Stalker ? Grâce à ces passages, toute l'ambiguïté du film est résolument contenue dans un "sac". Ainsi les vœux de Tarkovski sont en partie accomplis (…) : "Une action continue… Purement idéale, donc semi-transcendante, absurde et absolue." <ref> ''Andreï Tarkovski, Cahier Journal 1970-1986'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 114 : le 26 décembre 1974. </ref> Le détonateur de "l'idéal, de l'absurde <ref>Cf. '''J. Mitry,''' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', tome 1, usage de l'absurde, pp. 101 ; 126. </ref> et de l'absolu <ref>Cf. '''J. Mitry''', op. cit., tome 1, pp. 175 ; 365. </ref>" est donc à l'intérieur d'un sac à dos. C'est toute l'innovation du film par rapport au livre des Strougatski : le sac devient la colonne vertébrale du film. De plus, ce sac cataclysmique est subrepticement présent dès la première minute du film, avant le générique, au [[#ancre_3p| plan 3]]. C'est le moment où le Professeur entre au bar, de la même manière qu'il range son [[bonnet]] dans une des poches de sa veste. Il range son sac "apocalyptique" sous le guéridon, pour aller tranquillement s'accouder au comptoir, pour dire la banalité de son acte. | Donc, le Professeur peut cheminer tout seul dans la Zone, cela ne démontre-il pas qu'il ressemble à un Stalker ? Grâce à ces passages, toute l'ambiguïté du film est résolument contenue dans un "sac". Ainsi les vœux de Tarkovski sont en partie accomplis (…) : "Une action continue… Purement idéale, donc semi-transcendante, absurde et absolue." <ref> '''Andreï Tarkovski''', ''Cahier Journal 1970-1986'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 114 : le 26 décembre 1974. </ref> Le détonateur de "l'idéal, de l'absurde <ref>Cf. '''J. Mitry,''' ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|op. cit.]]'', tome 1, usage de l'absurde, pp. 101 ; 126. </ref> et de l'absolu <ref>Cf. '''J. Mitry''', op. cit., tome 1, pp. 175 ; 365. </ref>" est donc à l'intérieur d'un sac à dos. C'est toute l'innovation du film par rapport au livre des Strougatski : le sac devient la colonne vertébrale du film. De plus, ce sac cataclysmique est subrepticement présent dès la première minute du film, avant le générique, au [[#ancre_3p| plan 3]]. C'est le moment où le Professeur entre au bar, de la même manière qu'il range son [[bonnet]] dans une des poches de sa veste. Il range son sac "apocalyptique" sous le guéridon, pour aller tranquillement s'accouder au comptoir, pour dire la banalité de son acte. | ||
Ensuite il sera question du sac aux plans suivants : | Ensuite il sera question du sac aux plans suivants : |
Version du 1 avril 2012 à 19:35
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Cul-de-sac | Cul-de-sac | Polanski Roman | Polanski Roman | 1966 | Angleterre | 113 |
Huit têtes dans un sac | 8 Heads in a Duffel Bag | Schulman Tom | Schulman Tom | 1997 | USA | 91 |
Sac d’embrouilles | More dogs than bones | Browning Michael | Browning Michael | 2001 | USA | 92 |
Autres titres de films
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
Condamné à mort s’est échappé (Un) | Condamné à Mort s'est échappé (Un) | Bresson Robert | Bresson R. Devigny A. (mémoires) | 1956 | France | 89 |
Miroir (Le) | (Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106 |
Mullholland Drive | Mullholland Drive | Lynch David | Lynch David | 2001 | France USA |
146 |
Neuvième Porte (La) | The Ninth Gate | Polanski Roman | Brownjohn J., Polanski R., Urbizu E. œuvre de Pérez-Reverte Arturo. | 1999 | Espagne, France, USA | 133 |
Nostalghia | (Voir détail : Nostalghia) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Guerra T. |
1983 | URSS Italie |
130 |
Sierra Torride | Two Mules for Sister Sara | Siegel Don | Maltz A., Histoire de Boetticher Budd | 1970 | USA, Mexique | 116 |
Stalker | (Voir détail : Stalker) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Strougatski A. et B. |
1979 | URSS | 161 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Un Condamné à mort s’est échappé, de Robert Bresson
En prison, Fontaine n'avait qu'un mouchoir de poche. Un détenu lui jette une ficelle. Fontaine confectionne une espèce de sac-mouchoir dans laquelle des mains inconnues effectuent une livraison.
Dans ce sac improvisé, Fontaine trouve une épingle, une lame à rasoir et des morceaux de sucre.
Tout ce dont Fontaine a besoin pour s'évader est là, dans le sac-mouchoir.
Liens spécifiques du film
Le Miroir d’Andreï Tarkovski
Le sac renversé
Plan 80 : 43' 12" : La mère (Natalia) appelle son fils, perdu dans une contemplation interne : " Viens ici, je m'en vais." Son sac tombe involontairement par terre. Elle s'assied au sol et elle verse tout le contenu de son sac. Ignat l'a rejointe et s'assied aussi par terre.
Il commence à ramasser et à regarder des pièces de monnaie qui sont tombées loin du sac. En voulant s'approcher du sac, tout à coup, il reçoit comme une espèce d'étincelle électrique, il dit : "Il y a du jus." Il continue : "On dirait que ça s'est déjà passé. Mais je suis là pour la première fois." Sa mère le coupe sèchement : "Donne l'argent et arrête tes fantaisies." (Cf. Photogramme – Sac 3.)
Les propos de la mère suggèrent un clédon : "Je m'en vais." Mais il y a plus, car, la mère au sens littéral, "vide son sac". Et quand l'adolescent parle de "jus" électrique, il évoque une liaison qui le concerne, il devient en tout cas, le trait d'union entre sa mère et son père. A la fin, ayant ramassés toutes les affaires dans le sac, la mère dit à son fils : "Balaie pour qu'il n'y ait pas de saleté." Comme à propos du livre aux feuilles froissées, la séquence du sac a aussi une forte connotation interprétative : si le livre représente le fils, le sac représente la mère. Elle vide son sac, elle emporte ce qui a de la valeur, et laisse à son fils le soin de "nettoyer les saletés".
Liens Spécifiques du film
Voir : Le Miroir
Stalker d’Andreï Tarkovski
Première apparition du sac à dos du Professeur
Plan 3 : 01' 00" : "Le Professeur" est le premier protagoniste qui apparaît dans le film. C'est un physicien. Il entre dans un bar singulier, le sol est d'apparence mouillée, aux reflets brillants, presque argentés. Le Professeur porte un bonnet et tient une espèce de petit sac à dos, à bandoulière. (Cf. Photogramme – Sac 4.)
Le bar est le lieu de rencontre des gens qui se rendent dans la "Zone". Au-dessus de sa tête un néon blanc [1] ne cessera pas de clignoter, c'est le premier témoignage d'une incertitude dominante dans le film. Le Professeur est le premier arrivé. Il est donc avant l'heure, c'est un indice de sa ponctualité. Nous l'apercevons le temps du défilement du générique du film.
L’évolution du sac du Professeur
Plan 37 : 31' 05" : Durant la course-poursuite, le Stalker dit au Professeur : "Laissez tomber votre sac, il vous gêne." Le Professeur répond : "Vous êtes parti comme pour une promenade, vous." C'est la première esquive du Professeur pour faire "admettre" son sac. Car en réalité, dans ce sac, il y a une bombe atomique de vingt kilotonnes. Et cela nous ne le saurons qu'au plan 125.
C'est encore une donnée paradoxale du film, et cela à un double niveau : d'abord au niveau diégétique, à un moment clé du film, lors du passage du "tunnel" ou "le hachoir" (plans 105 à 108) ; l'Écrivain qui a pénétré le premier, arrive à la fin du tunnel. Il a devant lui une porte, à ce moment-là, il sort un pistolet. Or, le Stalker stupéfait de voir l'arme, lui dit : "Que tenez-vous ? Surtout pas d'armes ici ! C'est la mort pour vous et pour nous. Rappelez-vous les chars ! Jetez-le…" L'Écrivain résigné jette son arme dans une flaque d'eau. Le Stalker demande alors au professeur : "Vous n'avez rien dans le genre, j'espère" (…) Ce dernier répond : "J'ai une ampoule, pour le cas où." Ainsi, le Professeur prévoyant avait une bombe dans son sac, et une ampoule de cyanure à la porte de ses entrailles, le "mini-hachoir". Et l'Écrivain, pour beaucoup moins que cela, risquait sa mort, et celle des autres. Or, la Zone n'a manifesté aucune inquiétude à l'égard de la bombe, comme si elle souhaitait son propre anéantissement. Le Professeur, devient-il aussi un Stalker ? Une partie de réponse à ce paradoxe est déjà annoncée dans la bâtisse de la Zone (plans 69-74). Le Professeur perd son sac. Le Stalker lui dit : "On ne revient pas ni en arrière ni par le même chemin. Au diable ce sac, serait-il rempli de diamants ! Oubliez-vous que la chambre vous donnera tout ce que vous voulez ?" Mais, quelques secondes après, au plan 72, le Professeur disparaît. Le Stalker et l'Écrivain continuent leur chemin, car ils ne pouvaient pas l'attendre. Mais comble du paradoxe, ils rencontrent de nouveau le professeur (plans 73, 74). [2]
- Stalker : "Comment êtes-vous arrivé ?"
- Le Professeur : "Une grande partie du chemin…Je l'ai faite à quatre pattes. "
Donc, le Professeur peut cheminer tout seul dans la Zone, cela ne démontre-il pas qu'il ressemble à un Stalker ? Grâce à ces passages, toute l'ambiguïté du film est résolument contenue dans un "sac". Ainsi les vœux de Tarkovski sont en partie accomplis (…) : "Une action continue… Purement idéale, donc semi-transcendante, absurde et absolue." [3] Le détonateur de "l'idéal, de l'absurde [4] et de l'absolu [5]" est donc à l'intérieur d'un sac à dos. C'est toute l'innovation du film par rapport au livre des Strougatski : le sac devient la colonne vertébrale du film. De plus, ce sac cataclysmique est subrepticement présent dès la première minute du film, avant le générique, au plan 3. C'est le moment où le Professeur entre au bar, de la même manière qu'il range son bonnet dans une des poches de sa veste. Il range son sac "apocalyptique" sous le guéridon, pour aller tranquillement s'accouder au comptoir, pour dire la banalité de son acte.
Ensuite il sera question du sac aux plans suivants :
- Plan 35 : le Professeur tient son sac avant de monter dans la draisine.
- Plan 37 : le Stalker lui demande de laisser tomber son sac.
- Plan 44 : lorsqu'ils arrivent dans la Zone.
- Plan 48 : le Professeur cherche dans son sac des écrous afin d'y attacher des bandelettes. Nous verrons ultérieurement le rôle des écrous et des bandelettes, cependant nous constatons qu'il y en avait dans son sac, ce qui implique que le sac est la destination et le trajet du "voyage", puisque c'est grâce aux bandelettes lestées par des écrous, que le Stalker indique le chemin à ses visiteurs.
- Plan 65 : le Professeur enlève son sac à dos : "Vous savez, je préfère rester ici (…) J'ai des sandwiches, un thermos. "
- Plan 69 : le Professeur perd son sac.
- Plan 72 : l'Écrivain constate que le Professeur a disparu.
- Plan 74 : lorsque le Professeur apparaît.
- Plan 107b : quand le Professeur doit traverser une partie immergée, il lève son sac au-dessus de sa tête.
- Plan 120 : quand les trois protagonistes sont devant la chambre des désirs.
Et ce n'est qu'au plan 125, qu'il sort la bombe du sac, pour la monter et pour la démonter et la jeter aux quatre coins de l'anti-chambre de la chambre des désirs (plan 131).
L'image qui couronne l'apothéose de ce sac à dos est le plan 107, lorsque pour passer une partie immergée, le professeur tient le sac au-dessus de sa tête, comme un calice suprême. (Cf. Photogramme – Sac 7.)
Liens Spécifiques du film
Voir : Stalker
Notes et références
- ↑ Cf. Article Gérard Pangon, "Un film du doute sous le signe de la trinité", Etudes cinématographiques, Andreï Tarkovski, , op. cit., p. 105.
- ↑ A propos des apparitions/disparitions, cf. E. Morin, op. cit., pp. 61et 70. R. Dadoun, op. cit., p. 168.
- ↑ Andreï Tarkovski, Cahier Journal 1970-1986, op. cit., p. 114 : le 26 décembre 1974.
- ↑ Cf. J. Mitry, op. cit., tome 1, usage de l'absurde, pp. 101 ; 126.
- ↑ Cf. J. Mitry, op. cit., tome 1, pp. 175 ; 365.