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==Autres titres de films==
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==Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films==
==Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films==


 
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===Stalker, d’Andreï Tarkovski===
===Stalker, d’Andreï Tarkovski===


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Dans le système varié des nœuds, ce n&#156;ud s'appelle "l'empile à boucle". Nous constatons que le Professeur fait le nœud machinalement, comme s'il l'avait toujours fait. C'est une image qui a l'apparence d'une "image-clé", car elle renferme à elle seule un certain nombre de catégories symboliques qui s'enchevêtrent. D'abord, l'écrou polygonal ressemble à un anneau. Ensuite, le nœud de la bandelette, la boucle et l'entrelacs font partie de "la physionomie du film". En effet, la bandelette suggère les petits trajets effectués par les protagonistes, la boucle détermine le film en boucle, et les entrelacs enfin, proposent les ramifications de la Zone. Cette accumulation de symboles est au cœur même du "stalkrisme", si l'on ose dire, sa raison d'être. Ces bandelettes lestées sont les véritables clés de la Zone. Elles ouvrent des portes invisibles. C'est une problématique tarkovskienne. Dans "la maison de la fin du monde", du film ''[[Nostalghia]]'', Domenico traverse une [[porte]] plantée au milieu d'une pièce, qui n'a aucune raison d'être. Ici, c'est grâce à ces bandelettes lestées que les deux visiteurs vont pouvoir progresser dans la Zone, à travers des passages invisibles. (A partir du plan 52.) Le Stalker procède de la façon suivante : il lance l'écrou auquel est attachée la bandelette, qui atterrit à un endroit donné. L'écrou semble ainsi muni de petites "[[AIle|ailes]]" blanches. Le Professeur et l'Écrivain se dirigent vers le point de chute, <ref> '''Gerstenkorn et Strudel''' remarquent, à juste titre, que le point de chute de l'écrou (herbe, métal, sable, etc.) (…) "constituent un excellent indicateur matériel de la disposition spirituelle du personnage qui le lance." "La Quête et la Foi" ou "Le Dernier Souffle de l'Esprit." Cf. ''Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques'', 1983, pp. 92 et 102.</ref> le Stalker les suit. Ils ramassent l'écrou et le Stalker recommence son geste.  
Dans le système varié des nœuds, ce n&#156;ud s'appelle "l'empile à boucle". Nous constatons que le Professeur fait le nœud machinalement, comme s'il l'avait toujours fait. C'est une image qui a l'apparence d'une "image-clé", car elle renferme à elle seule un certain nombre de catégories symboliques qui s'enchevêtrent. D'abord, l'écrou polygonal ressemble à un anneau. Ensuite, le nœud de la bandelette, la boucle et l'entrelacs font partie de "la physionomie du film". En effet, la bandelette suggère les petits trajets effectués par les protagonistes, la boucle détermine le film en boucle, et les entrelacs enfin, proposent les ramifications de la Zone. Cette accumulation de symboles est au cœur même du "stalkrisme", si l'on ose dire, sa raison d'être. Ces bandelettes lestées sont les véritables clés de la Zone. Elles ouvrent des portes invisibles. C'est une problématique tarkovskienne. Dans "la maison de la fin du monde", du film ''[[Nostalghia]]'', Domenico traverse une [[porte]] plantée au milieu d'une pièce, qui n'a aucune raison d'être. Ici, c'est grâce à ces bandelettes lestées que les deux visiteurs vont pouvoir progresser dans la Zone, à travers des passages invisibles. (A partir du plan 52.) Le Stalker procède de la façon suivante : il lance l'écrou auquel est attachée la bandelette, qui atterrit à un endroit donné. L'écrou semble ainsi muni de petites "[[Aile|ailes]]" blanches. Le Professeur et l'Écrivain se dirigent vers le point de chute, <ref> '''Gerstenkorn et Strudel''' remarquent, à juste titre, que le point de chute de l'écrou (herbe, métal, sable, etc.) (…) "constituent un excellent indicateur matériel de la disposition spirituelle du personnage qui le lance." "La Quête et la Foi" ou "Le Dernier Souffle de l'Esprit." Cf. ''Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques'', 1983, pp. 92 et 102.</ref> le Stalker les suit. Ils ramassent l'écrou et le Stalker recommence son geste.
 


====Le rapport avec le livre des Strougatski====
====Le rapport avec le livre des Strougatski====
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Ainsi les "dangers" de la Zone sont exprimés par le Stalker lui-même, <ref>Cf. '''J. Mitry''', tome 2, ''Esthétique et Psychologie du cinéma'', 2 volumes, P.U.F. 1963 et 1965, aspects du dialogue, p. 99 ; structure du dialogue, p. 101. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|Op. cit.]]''</ref> car il les connaît et il les a vus, Ainsi, au plan 65, il dit : "''La Zone est un système très compliqué. Il y a plein de pièges, qui sont tous mortels.(…) Des pièges disparaissent, d'autres les remplacent.''(…)" Ou alors, le danger est exprimé par la Zone elle-même. Comme au plan 61, quand l'Écrivain voulait "prendre le chemin le plus court", une "voix" l'arrête : "''Halte, ne bougez pas''." Avec ce parti pris, il nous semble qu'Andreï Tarkovski réalise une "inversion des cadres" de projection de la réalité, c'est-à-dire que ce que nous voyons constitue les cadres de la conscience des protagonistes, <ref>Cf. '''Gerstenkorn et Strudel''', (…) "le décor de la zone n'est rien d'autre, en définitive, que la projection extérieur de leur monde intérieur." "''La Quête et la Foi''" ou "''Le Dernier Souffle de l'Esprit.''" Cf. ''Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques'', 1983, p. 91. </ref>comme le dit d'ailleurs le Stalker, au plan 65 : "''C'est ça la Zone. (…) à chaque instant, elle est telle que l'avons faite, (…) par notre propre état d'esprit. (…) Tout ce qui se passe ici dépend non de la Zone, mais de nous.''" Donc, en résumé, la Zone est compliquée, mortelle et capricieuse. Pour y progresser, il faut "stalker", marcher à pas de loup. La bandelette lestée constitue "l'appât" mécanique du complexe organique de la Zone.
Ainsi les "dangers" de la Zone sont exprimés par le Stalker lui-même, <ref>Cf. '''J. Mitry''', tome 2, ''Esthétique et Psychologie du cinéma'', 2 volumes, P.U.F. 1963 et 1965, aspects du dialogue, p. 99 ; structure du dialogue, p. 101. ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_4|Op. cit.]]''</ref> car il les connaît et il les a vus, Ainsi, au plan 65, il dit : "''La Zone est un système très compliqué. Il y a plein de pièges, qui sont tous mortels.(…) Des pièges disparaissent, d'autres les remplacent.''(…)" Ou alors, le danger est exprimé par la Zone elle-même. Comme au plan 61, quand l'Écrivain voulait "prendre le chemin le plus court", une "voix" l'arrête : "''Halte, ne bougez pas''." Avec ce parti pris, il nous semble qu'Andreï Tarkovski réalise une "inversion des cadres" de projection de la réalité, c'est-à-dire que ce que nous voyons constitue les cadres de la conscience des protagonistes, <ref>Cf. '''Gerstenkorn et Strudel''', (…) "le décor de la zone n'est rien d'autre, en définitive, que la projection extérieur de leur monde intérieur." "''La Quête et la Foi''" ou "''Le Dernier Souffle de l'Esprit.''" Cf. ''Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques'', 1983, p. 91. </ref>comme le dit d'ailleurs le Stalker, au plan 65 : "''C'est ça la Zone. (…) à chaque instant, elle est telle que l'avons faite, (…) par notre propre état d'esprit. (…) Tout ce qui se passe ici dépend non de la Zone, mais de nous.''" Donc, en résumé, la Zone est compliquée, mortelle et capricieuse. Pour y progresser, il faut "stalker", marcher à pas de loup. La bandelette lestée constitue "l'appât" mécanique du complexe organique de la Zone.


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Dernière version du 15 janvier 2015 à 18:19

Stalker, plan 48. Les bandes de tissu que le professeur va lester avec des écrous.
Stalker, plan 48. Les bandes de tissu que le professeur va lester avec des écrous.

Autres titres de films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations


Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée
Condamné à mort s’est échappé (Un)

§. Fontaine découpe un costume en bandes parallèles

Φω Corde 1, 2 et 3
Condamné à Mort s'est échappé (Un) Bresson Robert Bresson R. Devigny A. (mémoires) 1956 France 89
Manon des Sources
§. Ugolin amoureux de Manon, il va coudre le petit ruban rose de Manon sur son cœur, afin d’attirer la belle.
Manon des Sources Berri Claude Berri Claude, d'après l'œuvre éponyme de Marcel Pagnol 1986 France 120
Ruban Blanc (Le) WeiBe Band (Das) Haneke Michael Carrière Jean-Claude, Haneke Michael 2009 Allemage, Autriche, France, Italie 144
Stalker Stalker Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Strougatski A. et B.
1979 URSS 161
Visiteur (Le)
§. Φω. Plans 518c
Muukalainen Valkeapää Jukka-Pekka Forsström J.
Valkeapää J.-P.
2008 Finlande

Angleterre

Allemagne
139


* * *

Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films

Stalker, d’Andreï Tarkovski

Première citation des « bandelettes lestées à des écroux »

Avec l'arrivée et l'entrée dans la Zone, nous assistons à une introduction de symboles puissants: la croix et la couronne des fils de fer enchevêtrés, qui contrastent avec les symboles "hors-Zone" : verre, ampoule, serviette (torchon de cuisine), chapeau. Andreï Tarkovski établit alors une distinction entre le sacré (la Zone) et le profane (le "hors-Zone"). Au plan 44, apparaît pour la première fois, le nom de "Porc-épic", Le Stalker explique : " A l'époque on ne l'appelait pas "Porc-épic", on l'appelait Maître. Et puis il lui est arrivé quelque chose … ça s'est brisé en lui. (…) (Il s'approche du Professeur.) Voudriez-vous attacher ces bandes à ces écrous. (…) Moi, je vais aller faire un tour." Première allusion des bandes et des écrous.

Le Stalker s'éloigne du groupe.


Les bandes de tissu lestées par des écrous

Plan 48 : 43' 02" : Retour sur le Professeur et l'Écrivain. Ils discutent à propos du météorite. Le Professeur commence à lester les bandelettes avec des écrous. (Cf. Photogramme Bandes de tissu.)


Il attache "consciencieusement" le ruban de gaze à l'un des écrous. C'est grâce à ces écrous que le Stalker va guider les deux personnes dans la Zone. Gros plan sur les mains du professeur. Il plie la bandelette en deux afin d'obtenir une boucle, qu'il introduit dans le trou de l'écrou. Il fait passer les bouts du tissu dans la boucle et tire en serrant. Il en fait trois de la sorte (comme les trois protagonistes.)


Le n&#156;ud de la boucle

Dans le système varié des nœuds, ce n&#156;ud s'appelle "l'empile à boucle". Nous constatons que le Professeur fait le nœud machinalement, comme s'il l'avait toujours fait. C'est une image qui a l'apparence d'une "image-clé", car elle renferme à elle seule un certain nombre de catégories symboliques qui s'enchevêtrent. D'abord, l'écrou polygonal ressemble à un anneau. Ensuite, le nœud de la bandelette, la boucle et l'entrelacs font partie de "la physionomie du film". En effet, la bandelette suggère les petits trajets effectués par les protagonistes, la boucle détermine le film en boucle, et les entrelacs enfin, proposent les ramifications de la Zone. Cette accumulation de symboles est au cœur même du "stalkrisme", si l'on ose dire, sa raison d'être. Ces bandelettes lestées sont les véritables clés de la Zone. Elles ouvrent des portes invisibles. C'est une problématique tarkovskienne. Dans "la maison de la fin du monde", du film Nostalghia, Domenico traverse une porte plantée au milieu d'une pièce, qui n'a aucune raison d'être. Ici, c'est grâce à ces bandelettes lestées que les deux visiteurs vont pouvoir progresser dans la Zone, à travers des passages invisibles. (A partir du plan 52.) Le Stalker procède de la façon suivante : il lance l'écrou auquel est attachée la bandelette, qui atterrit à un endroit donné. L'écrou semble ainsi muni de petites "ailes" blanches. Le Professeur et l'Écrivain se dirigent vers le point de chute, [1] le Stalker les suit. Ils ramassent l'écrou et le Stalker recommence son geste.

Le rapport avec le livre des Strougatski

Il nous semble que ce procédé étrange n'a pas pris dans le film tout le poids dramatique qu'il mérite, sans doute pour des raisons techniques. En effet, dans le livre des Strougatski, [2] le danger est permanent et "visuel" ; dans le film, le danger est surtout textuel. Andreï Tarkovski élimine toute référence à la science-fiction, [3] il ne garde que la "Chambre des Désirs", ("la boule d'or" dans le livre) qui est la quête de quelques voyageurs audacieux.


Les dangers dans le film

Ainsi les "dangers" de la Zone sont exprimés par le Stalker lui-même, [4] car il les connaît et il les a vus, Ainsi, au plan 65, il dit : "La Zone est un système très compliqué. Il y a plein de pièges, qui sont tous mortels.(…) Des pièges disparaissent, d'autres les remplacent.(…)" Ou alors, le danger est exprimé par la Zone elle-même. Comme au plan 61, quand l'Écrivain voulait "prendre le chemin le plus court", une "voix" l'arrête : "Halte, ne bougez pas." Avec ce parti pris, il nous semble qu'Andreï Tarkovski réalise une "inversion des cadres" de projection de la réalité, c'est-à-dire que ce que nous voyons constitue les cadres de la conscience des protagonistes, [5]comme le dit d'ailleurs le Stalker, au plan 65 : "C'est ça la Zone. (…) à chaque instant, elle est telle que l'avons faite, (…) par notre propre état d'esprit. (…) Tout ce qui se passe ici dépend non de la Zone, mais de nous." Donc, en résumé, la Zone est compliquée, mortelle et capricieuse. Pour y progresser, il faut "stalker", marcher à pas de loup. La bandelette lestée constitue "l'appât" mécanique du complexe organique de la Zone.

Photogramme - Sac 6 : Stalker, Plan 107a.
Photogramme - Sac 6 : Stalker, Plan 107a.
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Liens spécifiques du film

Voir : Stalker


* * *


Voir aussi


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Notes et références

  1. Gerstenkorn et Strudel remarquent, à juste titre, que le point de chute de l'écrou (herbe, métal, sable, etc.) (…) "constituent un excellent indicateur matériel de la disposition spirituelle du personnage qui le lance." "La Quête et la Foi" ou "Le Dernier Souffle de l'Esprit." Cf. Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques, 1983, pp. 92 et 102.
  2. Le Stalker Shouhart dit à Kiril : (…) " Tu te rappelles l'histoire du Petit Poucet ? On te l'a apprise à l'école ? Eh bien, maintenant ça va être l'inverse." (…) Je jetai le quatrième écrou. Et celui-ci, justement, ne passa pas. Je ne pouvais pas expliquer ce qui n'allait pas, mais je sentis qu'il y avait quelque chose. (…) Je pris le cinquième écrou et l'envoyai plus haut et plus loin. La voilà, la "calvitie de moustique !" L'écrou partit vers le haut normalement, il commença à tomber aussi normalement, mais à mi-chemin, ce fut comme si quelqu'un l'avait tiré de côté avec une telle force qu'il s'enfonça dans l'argile et disparut." Dans le livre, la Zone est terriblement dangereuse, avec des lieux et des pièges indescriptibles, outre "la calvitie de moustique", il y a " la gelée de sorcière ", "(qui) pointait ses langues bleues, semblables aux flammèches de l'alcool hors du trou et, le comble, n'éclairait rien du tout" (p. 39), "le duvet brûlant" (p. 25), les crachats du "chou du diable" (p. 25), etc. Arcadi et Boris Strougaski, Pique-nique au bord du chemin, Titre original : Piknik na Obotchine. Traduit en français par Sveltana Delmotte, Éditions Denoël, 1981. Paru pour la première fois dans la revue soviétique Avrora, n° 7, 8, 9, 1972, pp. 34-35.
  3. C'est ce qu'il voulait, contrairement à Solaris dans lequel les références à la science-fiction sont évidentes.
  4. Cf. J. Mitry, tome 2, Esthétique et Psychologie du cinéma, 2 volumes, P.U.F. 1963 et 1965, aspects du dialogue, p. 99 ; structure du dialogue, p. 101. Op. cit.
  5. Cf. Gerstenkorn et Strudel, (…) "le décor de la zone n'est rien d'autre, en définitive, que la projection extérieur de leur monde intérieur." "La Quête et la Foi" ou "Le Dernier Souffle de l'Esprit." Cf. Andreï Tarkovski, Etudes Cinématographiques, 1983, p. 91.


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