« Les Âmes Grises » : différence entre les versions

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===0h 04’ 34’’ – L'arrivée de la nouvelle institutrice : Lysia Verhareine===
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_13_0h_05_46_classe_institutrice_gant_1.jpg|300px|thumb|right|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 13.'''  Le gant de Lysia qui tombe. | '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 13.''' <br/>
Le gant de Lysia qui tombe. ]]
L'institutrice habillée d'un long '''[[manteau]]''' rouge, qu'elle ne quitte jamais, arrive dans une calèche, elle se rend à la mairie, elle rencontre le maire qui est heureux de la recevoir : « ''Bonjour, bonjour, vous tombez du ciel, on peut dire que vous me sauvez, 20 jours que les gamins n'ont pas école. (…) Enfin, vous êtes là, c'est le principal, je vous montre l'école et puis votre logement.  Alors comme ça vous êtes du Nord.''<br/>
- ''Arras. ''<br/>
- ''Arras, Ah ! Vous étiez institutrice là-bas ? '' (A peine, il termine sa phrase, un gant de l'institutrice tombe au sol, elle s'arrête pour le ramasser.)  (Cf. ''' [[#ancre_ame13|Photogramme 13.]]''' ''0h 05' 46&quot;'' et ''' [[#ancre_ame14|Photogramme 14.]]''' ''0h 05' 48&quot;'')  '' Arras, c'est une grande ville. Jamais mis les pieds. Et comment vous êtes venu par chez nous ? Vous avez de la famille ici ? ''<br/>
- ''Je voulais m'éloigner. ''<br/>
- ''Vous savez chez nous, c'est tout petit. '' (Ils sont à l'extérieur. Des nombreux soldats traversent la rue. ) ''Vous vous habituerais, il y en a de plus en plus. C'est comme le canon, au début on entend que ça, et après, on finit par s'y faire... Vous verrez, en plus, on a de la chance,  on a le coteau, ça nous fait comme un '''[[rideau]]'''. '' (Avant d'entrer  dans un bâtiment, il lui montre avec le menton, puisqu'il porte les sacs de l'institutrice.) ''La guerre est de l'autre côté. '' (L' institutrice s'arrête une seconde et regarde le fameux coteau.) ''Le logement est au fond. Il y aura sans doute un petit peu de ménage, je me chargerais de ces affaires, je n'ai pas eu le temps de m'en occuper et puis il y a eu personne qui est venu les réclamer.  '' (Il sort un trousseau de clés et ouvre la porte.) »
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[[Fichier: Angelo_Ames_Grises_14_0h_05_48_classe_institutrice_gant_2.jpg|400px|thumb|center|alt= '' Les Âmes Grises '' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 14.'''  Lysia ramasse le gant avant d'entrer dans la chambre de l'instituteur. | '' Les Âmes Grises'' d'Yves Angelo.  ''' Photogramme 14.''' <br/>
Lysia ramasse le gant avant d'entrer dans la chambre de l'instituteur. ]]
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Version du 12 février 2014 à 14:47

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. L'affiche du film. Nous pouvons lire : « Pour une victime, combien de coupables ? »
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. L'affiche du film. Nous pouvons lire : « Pour une victime, combien de coupables ? »

Aspects techniques du film

  • Titre : Âmes grises (Les)
  • Titre original : Âmes grises (Les)
  • Réalisation : Angelo Yves
  • Année de réalisation : 2005
  • Pays : France
  • 106 minutes, couleur
  • Langue : Français
  • Production : Brillion Frédéric, Legrand Gilles
  • Scénario : Angelo Yves, Claudel Philippe, d'après son roman éponyme (2003)
  • Directeur Photographie : Alméras Jérôme, Vandermeeren Yves
  • Décors : Morin Loula
  • Costumes : Boisgontier Catherine, Chavanne Pascaline
  • Musique : Bruzdowicz Joanna
  • Montage : Derocles Thierry
* * *

Principaux acteurs

  • Jean-Pierre Marielle : le Procureur Pierre-Ange Destinat
  • Jacques Villeret : le Juge Mierck
  • Denis Podalydès : Aimé Lafaille, le policier
  • Camille Panonacle : Clémence Lafaille, la femme du policier, enceinte
  • Marina Hands : Lysia Verhareine, l'institutrice amoureuse
  • Michel Vuillermoz : le Maire
  • Henri Courseaux : le Docteur Victor Desharet
  • François Loriquet : Le Contre, l'instituteur fou
  • Serge Riaboukine : Bourrache, l'aubergiste
  • Joséphine Japy : "Belle de jour", la jeune fille de l'aubergiste
  • Nicole Dubois : Barbe, la servante du Procureur
  • Daniel Isoppo : Fauvel, le jeune déserteur accusé
  • Jean-Michel Lahmi : l'Autre déserteur accusé
  • Agnés Soudillon : Joséphine Maulpas, la récupératrice (de peaux)
  • Franck Manzoni : le Colonel Matziev
  • Thomas Blanchard : le Soldat Yann Le Floc
  • Grégory Gadebois : le Soldat Maurice Rifolon
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Les photogrammes pertinents du film

0h 00’ 00’’ – Les premiers plan du film

L'ouverture du film est explosive, sur un fond noir, nous entendons en son-off, des nombreux tirs d'obus qui tombent au loin. Nous sommes donc à la frontière d'une guerre de position. C'est la bataille de Verdun : « l'une des batailles les plus dévastatrices et la plus longue de la Première Guerre mondiale et de l'histoire de la guerre. Verdun apparaît comme le lieu d’une des batailles les plus inhumaines auxquelles l’homme s'est livré. » [1] Afin de traduire les déviations inhumaines de l'homme, le réalisateur aura le souci permanent d'une approche réaliste. Il veut être au plus près de l'époque. Il tournera le film dans les environs de la ville de Verdun. (Cf. Carte géographique des lieux de tournage.)

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Repère géographique des lieux de tournage :
A : Nancy ;
B : Dombasle-sur-Meurthe, (ville natale de Philippe Claudel, l'auteur de l’œuvre ) ;
C : Ville-sur-Saulx ;
D : Vic-sur-Seille ;
E : Théméricourt (les obsèques de l'institutrice à l'église de la ville).

Toujours sur le fond noir se déroule la liste du générique d'ouverture (00h 01' 00").

  • Photogramme 1. Premier plan du film. 00h 01' 01" : Plan rapproché. Deux hommes, le col relevé, regardent vers le bas, vers la terre de Lorraine, un hors-champ qui a l'air horrible, car dans les yeux noirs de l'homme du fond, nous lisons une expression de dégoût et d'impuissance.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 1. L'expression du regard des deux hommes.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 1.
L'expression du regard des deux hommes.

La caméra fait un panoramique horizontale à droite de 180°. Il y a là d'autres personnes qui regardent avec le regard triste la même scène, entre autres : un officier de la gendarmerie qui grelotte de froid, le maire (Michel Vuillermoz), le policier en civil, Aimé Lafaille (Denis Podalydès) et enfin le juge Mierck (Jacques Villeret).

  • Photogramme 2. 00h 01' 15" : Au bout du panoramique. Gros plan en plongé de la tête d'une fillette couchée sur une terre givrée et glacée, les yeux sont fermés, le teint de la peau de l'innocente est cadavérique. Elle est morte. Nous entendons, au loin, le son puissant et irrégulier de l'artillerie qui continue à bombarder, comme si le “cœur” de la nature, sur un rythme anarchique s'emballe et se détraque. La durée de cette scène insoutenable est de 4 secondes.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 2. La mort de l'innocence.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 2.
La mort de l'innocence.
  • Photogramme 3. 00h 01' 19" : Plan générale de l'abominable scène. La construction est sophistiquée. Une rivière traverse en diagonale l'image. Un pont métallique sur deux gros piliers, croise la rivière, pour aboutir à une énorme usine qui crache des fumées gris, dans un ciel strié de bandes de nuages avec des nuances de gris. Neuf personnes entourent le corps sans vie de la fillette. Un brancard est disposé à gauche, dans le coin inférieur.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 3. Plan général de l'abominable scène.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 3.
Plan général de l'abominable scène.


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0h 01’ 28’’ – Les œufs du juge Mierck - « Tuer dans l’œuf »

  • Photogramme 4. 00h 01' 28" : Plan rapproché. Dans le paroxysme de cette horrible scène, nous entendons le bruit caractéristique d'une coquille d’œuf qui tombe.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 4. Le son et l'image d'une coquille d' œuf qui tombe.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 4.
Le son et l'image d'une coquille d' œuf qui tombe.
  • Photogramme 5 et 6 00h 01' 30" - 00h 01' 32" : Aussitôt, près de la tête de l'innocente victime, la coquille de l’œuf est écrasée par le pied du juge.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 5. La coquille d'œuf écrasée par le pied du juge.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 5.
La coquille d'œuf écrasée par le pied du juge.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 6. Le reste écrasé de la coquille.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 6.
Le reste écrasé de la coquille.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 7. Grâce à un petit marteau à tête ronde, le juge casse un second œuf « mollet ».
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 7.
Grâce à un petit marteau à tête ronde, le juge casse un second œuf « mollet ».
  • Photogramme 7. 00h 01' 38" : Mais le juge a encore faim, il n'a pas fini de nous étonner. Sur un plateau livré par un gendarme, le juge prend un second œuf, il sort de sa poche un petit marteau à tête ronde dorée et casse la coquille de l'œuf. Nous entendons le bruit des petits coups contre la coquille de l’œuf.

00h 01' 44" : Un narrateur commence à parler, en voix-off. C'est la voix du policier de la ville, Aimé Lafaille  : « La petite on l'a surnommée : « Belle », et même parfois, « Belle du Jour » [2] Il y avait des morts par milliers, partout, et comme s'il n'y avait pas assez de morts, voilà maintenant qu'on tuait une enfant. La terre devenait folle. »

00h 01' 57" : Le maire du village regarde le juge qui mange son œuf avec un air ahuri. Il ne croit pas ses yeux grands ouverts qui fixent le geste déplacé du geste. Il est comme nous, à notre tour, très désappointés : Comment dans une telle situation, si tragique et si dramatique, un juge continue à manger des œufs mollets, comme si de rien n'était ? Nous voyons la même chose, mais nous n'agissons pas, pareillement, en conséquence. Comment se fait-il qu'il ne déroge pas à ses habitudes ? Est-ce que les scènes d'homicide infantile sont si habituelles pour le juge ?


  • Photogramme 8. 00h 02' 14" : Deux gendarmes transportent sur la civière le corps de la fillette. L'un des deux gendarmes lève son képi, en signe de respect, (le juge, lui, garde sur sa tête, son talpack, le bonnet tronconique d'astrakan. [3]

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 8. En signe de respect, un des deux gendarmes veut enlever son képi de la tête.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 8.
En signe de respect, un des deux gendarmes veut enlever son képi de la tête.
  • Photogramme 9. 00h 02' 17" : L’œuf à la main, le juge fait quelques pas, comme s'il voulait s'imprégner des lieux. Il s'arrête quelques instants devant une grille et regarde la scène avec un œil étrange.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 9. L'œuf à la main, le juge inspecte la scène du crime qu'il vient de bafouer en écrasant la coquille d'un œuf.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 9.
L'œuf à la main, le juge inspecte la scène du crime qu'il vient de bafouer en écrasant la coquille d'un œuf.


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Un flashforward en guise de prologue

Cette séquence du film, il faut le dire choquante, est un flashforward [4] qui appartient au corps du film, nous allons le revoir plus loin, une seconde fois, avec plus de détails.

Le choix du réalisateur est très pertinent, car il est difficile de rester indifférent devant une telle chaîne d'événement aussi dramatique et aussi courte : un peu plus de deux minutes, générique d'ouverture inclut.

L'image de la coquille d’œuf près de la tête de la fillette atteint le comble de l'horreur. Tout d'abord, elle constitue une grande faute professionnelle. En effet, il est important de ne pas modifier une scène de crime, en apportant des éléments étrangers, qui n'appartiennent pas à la scène. Dans The Pledge, dans presque le même contexte, Jerry (Jack Nicholson) est étonné de trouver un stylo sur la scène du crime : « A qui est ce putain de stylo ? » Nous avons déduit que c'est un témoignage de l’incompétence de la police locale. Et il nous semble qu'il en est de même pour le juge Mierck.

Mais ce qui est terrible, c'est le plaisir qu'il prend pour écraser la coquille. Il aurait pu par exemple, remettre la coquille sur le plateau que le gendarme portait, près de lui. Mais il a préféré l'écraser avec ces chaussures neuves. C'est comme si, par résonance, il écrasait la tête de la fillette une seconde fois. Son acte exprime à la lettre, la locution populaire : « Tuer dans l’œuf ».

Dans le prologue, le réalisateur insiste sur le comportement inhumain d'un juge, dans le chapitre suivant il présente la folie d'un instituteur.


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0h 02’ 25’’ – L'instituteur fou

Carton : Quelques mois plus tôt.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 10. L'Instituteur Le Contre explique aux enfants la fixation d'un masque à gaz.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 10.
L'Instituteur Le Contre explique aux enfants la fixation d'un masque à gaz.

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 11. L'Instituteur, presque nu, sort de la fenêtre pour saisir le drapeau tricolore.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 11.
L'Instituteur, presque nu, sort de la fenêtre pour saisir le drapeau tricolore.


  • Photogramme 10. 00h 02' 41" : Dans une salle de classe, l'instituteur Le Contre (François Loriquet) montre à des enfants, la fixation d'un masque à gaz. L'instituteur est très animé : « Bon, les yeux d'abord. On plaque les lunettes. Compris. Après la sangle, allez !! On prend les petites ficelles et on sert derrière la tête, on sert, on sert, on sert fort. (En criant.) Appuyez, nom de Dieu, plus de place. (Les enfants essayent, tant bien que mal, à fixer, chacun, son masque.) Il ne faut pas laisser passer le gaz, il y en a partout, partout du gaz, comme les boschs, partout, vous ne le voyez pas, mais il est là. Vous ne le voyez pas, mais il est là, et après fini plus rien, mort. (Les enfants ne font pas encore attention aux propos de l'instituteur, ils sont occupés à fixer l'étrange masque.) Mort, vous êtes mort, mort, (L'instituteur commence à désigner avec les mains les enfants.) mort, mort, (Il répète le dernier mot plusieurs fois – douze fois !) Tout le monde est mort, avec plein de gaz, plein de boschs, saloperie. (A partir de là, le comportement de l'instituteur commence à devenir très inquiétant, certains enfants commencent à comprendre.) On est en plein saloperie. Maintenant on chante, je veux vous entendre. Allez-y... (Il commence à chanter une chanson patriotique.) »

Tout en chantant, l'instituteur se dirige au fond de la salle, enlève sa chaussure et la lance devant le tableau, en imitant un lanceur de grenade et en se cachant derrière ses bras, il lance sa seconde chaussure, en chantant La Marseillaise. Il devient de plus en plus agité. Il enlève son masque, sa veste, son gilet, sa chemise, son pantalon. Il commence à rire d'une façon hystérique et spasmodique, les enfants arrêtent de chanter. L'instituteur se dirige vers la fenêtre, l'ouvre, sort sur le bord et saisit le drapeau tricolore. (Cf. Photogramme 11. 0h 04' 03")

Il retourne vers le tableau, avec des grands éclats de rire sardoniques, les enfants commencent à avoir peur, ils regardent l'instituteur avec un air effrayé. L'instituteur pose le drapeau au pied du mur, tourne le dos aux enfants et commence à uriner sur le drapeau. Ensuite, il tombe à genoux devant le drapeau et commence à pleurer. (Cf. Photogramme 12. 0h 04' 23")

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 12. L'Instituteur à genoux, urine sur le drapeau.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 12.
L'Instituteur à genoux, urine sur le drapeau.
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0h 04’ 34’’ – L'arrivée de la nouvelle institutrice : Lysia Verhareine

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 13. Le gant de Lysia qui tombe.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 13.
Le gant de Lysia qui tombe.


L'institutrice habillée d'un long manteau rouge, qu'elle ne quitte jamais, arrive dans une calèche, elle se rend à la mairie, elle rencontre le maire qui est heureux de la recevoir : « Bonjour, bonjour, vous tombez du ciel, on peut dire que vous me sauvez, 20 jours que les gamins n'ont pas école. (…) Enfin, vous êtes là, c'est le principal, je vous montre l'école et puis votre logement. Alors comme ça vous êtes du Nord.
- Arras.
- Arras, Ah ! Vous étiez institutrice là-bas ? (A peine, il termine sa phrase, un gant de l'institutrice tombe au sol, elle s'arrête pour le ramasser.) (Cf. Photogramme 13. 0h 05' 46" et Photogramme 14. 0h 05' 48") Arras, c'est une grande ville. Jamais mis les pieds. Et comment vous êtes venu par chez nous ? Vous avez de la famille ici ?
- Je voulais m'éloigner.
- Vous savez chez nous, c'est tout petit. (Ils sont à l'extérieur. Des nombreux soldats traversent la rue. ) Vous vous habituerais, il y en a de plus en plus. C'est comme le canon, au début on entend que ça, et après, on finit par s'y faire... Vous verrez, en plus, on a de la chance, on a le coteau, ça nous fait comme un rideau. (Avant d'entrer dans un bâtiment, il lui montre avec le menton, puisqu'il porte les sacs de l'institutrice.) La guerre est de l'autre côté. (L' institutrice s'arrête une seconde et regarde le fameux coteau.) Le logement est au fond. Il y aura sans doute un petit peu de ménage, je me chargerais de ces affaires, je n'ai pas eu le temps de m'en occuper et puis il y a eu personne qui est venu les réclamer. (Il sort un trousseau de clés et ouvre la porte.) »

Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 14. Lysia ramasse le gant avant d'entrer dans la chambre de l'instituteur.
Les Âmes Grises d'Yves Angelo. Photogramme 14.
Lysia ramasse le gant avant d'entrer dans la chambre de l'instituteur.
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Notes et références

  1. L'artillerie y causa 80 % des pertes, le rôle des hommes y consiste surtout à survivre — et mourir — dans les pires conditions sur un terrain transformé en enfer, tout cela pour un résultat militaire nul. (Source : Wikipédia.)
  2. C'est la jeune fille de l'aubergiste Bourrache (Joséphine Japy)
  3. Coiffure militaire des chasseurs à cheval du Second Empire (1852 – 1870). (Source : Wikipédia.)
  4. Un flashforward est une anticipation, un saut en avant, il exprime un fait qui aura lieu plus tard dans l'intrigue. Un flashforward s'oppose à un flashback qui est un retour en arrière.


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