« Les Femmes du 6ème étage » : différence entre les versions
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====M. Joubert découvre l'atrocité de la guerre d'Espagne==== | |||
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M. Joubert raccompagne Dolorès à la porte de service, il remarque Carmen, la réfractaire, qui monte les escaliers : « ''Bonsoir Carmen. Si vous devez passer un coup de téléphone urgent, vous pouvez venir téléphoner, vous le savez ? '' <br/> | |||
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L'économie des moyens est remarquable, Carmen qui explique à M. Joubert la Guerre d'Espagne en quelques mots, laissant l'imagination faire le reste, comme en témoigne, l'image de M. Joubert dubitatif. Cf. ''' [[#ancre_fem23|Photogramme 23.]]''' ''0h 30' 41"'') | |||
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M. Joubert dubitatif, ferme la porte, et va se servir un verre d'eau à la cuisine. Il fait quelques pas en réfléchissant. | |||
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Version du 11 septembre 2013 à 13:49
Aspects techniques du film
- Titre : Les Femmes du 6ème étage
- Titre original : Les Femmes du 6ème étage
- Réalisation : Philippe Le Guay
- Année de réalisation : 2011
- Pays : France
- 106 minutes, couleur
- Langue : Finnois
- Production : Étienne Comar et Philippe Rousselet
- Scénario : Philippe Le Guay et Jérôme Tonnerre
- Directeur Photographie : Jean Claude Larrieu
- Décors : Sabine Delouvrier et Laura Musso
- Costumes : Christian Gasc
- Musique : Jorge Arriagada
- Montage :
Principaux acteurs
- La famille Joubert :
- Fabrice Luchini : Jean-Louis Joubert, un patron sympathique et serviable ;
- Sandrine Kiberlain : Suzanne Joubert, épouse de Jean-Louis ;
- Jean-Charles Deval : Olivier Joubert, le fils aîné des Joubert ;
- Camille Gigot : Bertrand Joubert, le fils cadet des Joubert ;
- Michèle Gleizer : Germaine Le Bronech, une bretonne, l'ancienne bonne de la familleJoubert ;
- Les bonnes espagnoles du 6ème étage :
- Natalia Verbeke : Maria González, la nouvelle bonne des Joubert ;
- Carmen Maura : Concepción Ramirez, la tante de Maria ;
- Lola Dueñas : Carmen, la communiste
- Berta Ojea : Dolores Carbalán ;
- Nuria Solé : Teresa, elle est courtisée par un coiffeur ;
- Concha Galán : Pilar, elle est battue par son mari ;
- Anne Mercier : Madame Triboulet, la concierge de l'immeuble ;
- Audrey Fleurot : Bettina de Brossolette, une mondaine ;
- Marie-Armelle Deguy : Colette de Bergeray, une amie mondaine de Suzanne ;
- Muriel Solvay : Nicole de Grandcourt, une autre amie mondaine de Suzanne ;
- Philippe Duquesne : Gérard, l'extra de la fête ;
- Jeupeu : Boulard, le plombier ;
- Vincent Nemeth : M. Armand, le directeur du salon de coiffure, il courtise Teresa ;
- Philippe de Janerand : Piquer, le fondé de pouvoir de Jeau-Louis ;
- Joan Massotkeiner : Fernando, le mari de Concepción ;
- Ivan Martin Sala : Miguel, le fils de Maria.
Introduction : Les Femmes du 6ème étage ou À un étage du 7ème ciel
On peut le dire, Philippe Le Guay est un grand alchimiste du cinéma, très audacieux, il prend le risque de commencer son film avec des toilettes bouchées, et en prime, une image fixe presque en gros plan sur les toilettes. (On peut imaginer le sourire narquois des producteurs quand il devait annoncer l'ouverture de son film !)
Mais le réalisateur maîtrise la situation, car il ne tarde pas à transformer la merde en or, dans une ambiance de subtilité joyeuse, et surtout, d'une grande humanité, avec les conflits inévitables de la proximité. En effet, s'il prend la peine de montrer ce qu'on évite de voir, c'est qu'il se permet de donner une puissante charge à la scène d'ouverture, et on verra que c'est à cause des toilettes bouchées, que M. Joubert va accéder au 7ème ciel. Comme s 'il voulait nous dire, sur un registre spirituel, pour atteindre la joie il faut passer par là (la merde).
En fait, la grande intelligence du réalisateur et de lancer un premier brin (un fil, les toilettes) qu'il va tout de suite, enlacer, tresser avec un second brin (l’œuf coque), les liaisons cinématographiques sont alors d'une très grande poésie et d'un art inventif.
Les photogrammes pertinents du film
Chez les bonnes – le 1er fil, les toilettes
C'est le matin, les femmes du 6ème étage se réveillent, parmi elles : Marie-Carmen de Toledo, Amparito de Salamanca, Marie-Isabel de Segovia, elles sont espagnoles.
Germaine Le Bronech (Michèle Gleizer), une bretonne, la bonne de la famille Joubert sort de sa chambre, elle se dirige vers les latrines, la porte est fermée. Germaine est furieuse, elle donne quelques coups sur la porte en disant avec une voix forte :« Que se passe-t-il, là ? Je suis pressée, j'ai du travail.
- Une espagnole sort des latrines : Je vous préviens, c'est tout bouché. » (Cf. Photogramme 1. 0h 02' 22") et (Cf. Photogramme 2. 0h 02' 28")
En matière de prologue, on ne peut pas faire mieux. Tout est dit en deux minutes. Pour faire court, on peut dire que les femmes du 6é sont dans la “merde”.
Chez la famille Joubert – le 2nd fil, l’œuf coque
Jean-Louis Joubert (Fabrice Luchini), un agent de change, lit son journal en attendant son petit déjeuner, surtout son “œuf à la coque”. Il écoute la radio, son attitude est paisible et soigné, elle propose un contraste fort avec les soucis des femmes du 6é étage.
Mais Jean-Louis est agacé, son petit-déjeuner ne vient pas. Il se lève et sonne à Germaine, qui finit par venir avec le plateau qu'elle dispose devant lui.
Jean-Louis, spécialiste des “œufs à la coque”, constate immédiatement que son œuf n'est pas comme il le souhaitait. (Cf. Photogramme 3. 0h 03' 10")
Il est furieux, il lâche sa cuillère : « Germaine. Pour les œufs coque, c'est 3 minutes et demie. C'est pas 10, ni 5, ni 4.
- C'est pas le moment de m'ennuyer.
- Qu'y a-t-il ?
- C'est madame. Elle veut déménager la chambre de madame. Vous vous rendez compte ?
- Ma mère est morte il y a 6 mois. Le deuil est fini.
- Pas pour moi. Pour moi, elle est toujours là. Madame Suzanne l'a jamais aimée... »
Jean-Louis va mettre fin à la conversation. Et le lendemain, Germaine qui commençait à dépasser les bornes, prétendait que Madame Suzanne a assassinée la mère de Jean-Louis, elle sera donc congédiée et remplacée par une jeune espagnole Maria González (Natalia Verbeke), qui était la nièce de Concepción Ramírez (Carmen Maura), autre espagnole du 6è étage.
La journée de Jean-Louis Joubert
Jean-Louis sort de chez lui pour se rendre à son travail, il rencontre Mme Triboulet (Anne Mercier), la concierge :« M. Joubert, ça peut plus durer. Les Espagnoles ont encore fait la fête toute la nuit. Ça criait, ça chantait. J'ai pas pu fermer l’œil. Parler au Syndic.
- J'en parlerai. Bonne journée... »
L'arrivée de Maria
Concepción, la tante de Maria, est heureuse d’accueillir sa nièce à l'arrêt de bus. Maria était accompagné de Pilar, une autre bonne espagnole.
Quand elles arrivent à l'immeuble, elles sont accueillies pas Mme Triboulet qui les obligent de prendre l'escalier et non pas l'ascenseur : « l'ascenseur c'est pour les patrons. Prenez l'escalier. » (Cf. Photogramme 4. 0h 06' 09")
Germaine est licenciée
Germaine qui a du caractère, refuse de déménager la chambre de la mère de Jean-Louis. Elle sera licenciée.
Maria, fraîchement arrivée au 6é, remarque que la “française” est en train de pleurer, elle va prévenir les autres bonnes et vont tenter de la consoler. Maria va lui offrir du vin de Malaga. : « Tenez. Prenez ça. C'est du vin de Malaga. Ça réchauffe bien.
- Germaine : Vous êtes qui ?
- Concepción : C'est Maria, ma nièce... » (Cf. Photogramme 5. 0h 08' 42")
Sans Germaine, l'appartement des Joubert est négligé. Jean-Louis ne trouve aucune chemise propre et repassée, Suzanne Joubert (Sandrine Kiberlain), l'épouse collet monté de Jean-Louis lui propose de mettre un pull-over pour aller au bureau. La vaisselle déborde l'évier.
Maria est engagée comme bonne chez les Joubert
Suzanne conseillée par des amis engage Maria au couvent espagnole. Jean-louis va la voir pour la première fois : « Bonjour mademoiselle. Je suis M. Joubert, le mari de madame. Elle m'a parlé de vous, vous êtes Maria, vous venez d'arriver en France, vous venez d'Espagne, et êtes ici à l'essai. Si vous voulez rester dans notre maison, il y a une chose sur laquelle je ne transigerai pas. (temps de silence, presque gêné.) Ce sont les œufs coque. (Cf. Photogramme 6. 0h 11' 54") Je suis très exigent pour ça. Je tiens ça de mon père. Un œuf trop dur, ou pas assez cuit, et la journée est fichue. Vous comprenez. (Regard crédule de Maria. Comme si elle ne comprenait pas très bien ce que M. Joubert voulait dire. D'ailleurs, il enchaîne : Vous comprenez pas du tout ce que je dis ? Alors,... Un œuf parfait, et la journée sera très bonne.
- Ahhh ! (Comme si tout à coup, Maria venait de comprendre.) En Espagne aussi, on a la superstition.
- Non, non, non, c'est pas de la superstition. (Cf. Photogramme 7. 0h 12' 17") (M. Joubert vient de constater que finalement, il est superstitieux, mais il ne vas pas le reconnaître.) Non, ce serait plutôt... (Il ne trouve pas le mot, qu'il vient pourtant d'entendre.) Comment dire ? Ce serait... Non, ça n'a rien à voir avec la superstition. Absolument rien. (Sur ces propos, M. Joubert tourne le dos et s'en va d'un pas pressé, laissant Maria perplexe.) (Cf. Photogramme 8. 0h 12' 21") »
Maria prépare le petit déjeuner de M. Joubert, elle l'apporte sur un plateau dans la salle à manger, elle dépose le plateau devant M. Joubert et attends de côte “le verdict”. (Cf. Photogramme 9. 0h 12' 40")
Il casse le bout de l' œuf avec la petite cuillère. Ce premier geste est significatif car il détermine déjà, si l'œuf est à point. L'air sévère, il prends une petite cuillère et la dépose dans sa bouche, il déglutit, il commence à savourer, il apprécie, il est heureux, il regarde Maria avec “émerveillement” (comme si elle vient lui apporter un élixir de jouvence.) Maria, heureuse, lui réponds : « Trois minutes et demie. »
Premières conséquences de l'œuf à la coque de Maria
Le lendemain, deux surprises attendent M. Joubert :
- 1. Maria exige 400 francs de salaire, ce dernier veut lui donner seulement 250, mais il finira par accepter les conditions de Maria, à condition de ne rien dire à sa femme.
- 2. Dans son agence, il reçoit Madame Bettina de Brossolette (Audery Fleurot) : « Mon dieu, ça y est, c'est le grand jour. Je suis si excitée.
- M. Joubert : Très honoré Madame de Brossolette, voici mon fondé de pouvoir, M. Piquer. Mme de Brossolette nous confie la gestion de son patrimoine. » (Cf. Photogramme 10. 0h 19' 16 " et Photogramme 11. 0h 19' 29 " )
La Chambre de Maria - Première rencontre de M. Joubert avec les femmes du 6ème
A la demande de Mme Joubert, M. Joubert aide Maria à déménager la chambre de sa mère. Ils montent avec des boîtes, tout en parlant, M. Joubert apprend un peu plus sur la vie dure de Maria en Espagne. : « (…) J'étais ouvrière dans l'usine à tabac. On travaillait 15h par jours. On dormait sur place dans le dortoir. On entendait le bruit des machines toute la nuit. Ici, au moins, j'ai ma chambre pour moi toute seule.
- Vous auriez la gentillesse de me montrez votre chambre ?
- Non, elle n'est pas en ordre.
- Soyez gentille, montrez la moi. (Elle lui montre sa chambre. (Cf. Photogramme 12. 0h 22' 46")
- Où est le lavabo ?
- Le lavabo ! Il n'y en a pas.
- Et, pour la toilette ? (A ce moment, Carmen (Lola Dueñas), une bonne espagnole communiste, sort de sa chambre en fumant une cigarette, et sans scrupules, écoute la conversation d'une oreille attentive.)
- Avec la bassine... qu'on apporte dans la chambre. (M. Joubert remarque la présence de Carmen.)
- Mais, l'eau est froide.
- Carmen s'adresse à Maria en espagnole : Qu'est-ce qu'il fait ici, celui-là ?
- Maria répond en espagnole : On range.
- M. Joubert à Carmen : Bonsoir.
- Une autre bonne espagnole sort sur le palier : Bonsoir, monsieur. Je suis Dolorès Carvaillal. Je travaille chez Mme Bergeret, une amie de votre femme.
- M. Joubert : Oui bien sûre, ma femme joue au bridge avec elle. (Cf. Photogramme 13. 0h 12' 40")
- Une autre bonne espagnole : Je suis Concepción Garcia, la tante de Maria.
- M. Joubert : Nous sommes enchantés de l'avoir à notre service.
- Concepción : Faites attention de bien la surveiller.
- Teresa Lopez du 5ème étage.
- M. Joubert : Bonsoir, mademoiselle. (Il s'adresse alors, à Carmen) Vous m'avez pas dit votre nom, chère madame ?
- Carmen : Non, non. … Je ne suis pas votre chère madame ! Vous vous fichez de nous. Vous venez faire un petit tour ici... et après, vous retournez dans votre jolie appartement.
- Dolorès intervient : Qu'est-ce que tu dis. (A l'intention de M. Joubert) Ne l'écoutez pas.
- Carmen à Dolorès en espagnole : Tais-toi. Moi, j'accepte pas tout. (A l'intention de M. Joubert) Venez monsieur. Je vais vous montrer quelque chose. (Ils se dirigent vers les latrines. Carmen ouvre la porte, M. Joubert veut s'introduire dans la petite pièce, il s'arrête net, avec une grimace de dégoût et d’écœurement. (Cf. Photogramme 14. 0h 23' 27")
- M. Joubert : Ah, oui !
- Dolorès : Mais non, on s'y fait très bien. Ce n'est pas grave.
- Concepción : Pour mes besoins, je vais en bas. Dans les toilettes de la cour.
- Tereza : Moi aussi, même en pleine nuit.
- M. Joubert : Je suis ravi de vous avoir rencontrées... Excusez-moi. (Les bonnes espagnoles lui ouvre un passage.) Pardon. (Il descend les escaliers d'une humeur méditatif.) »
Les derniers propos de M. Joubert sont significatifs. Ce sont des formules de politesse déguisées d'une forme de culpabilité. M. Joubert reconnaît que les femmes du 6ème vivent dans des conditions inacceptables.
Les toilettes débouchées
Dès le lendemain, Mme Joubert est très étonnée de recevoir un plombier, elle lui ouvre même la porte. Pour elle, c'est déjà de trop... Le plombier lui dit : « Madame, bonsoir, c'est pour vos toilettes. On m'a dit qu'elles sont bouchées (Cf. Photogramme 15. 0h 24' 14")
- Mme Joubert : Ah bon ? Première nouvelle.
- Le plombier : Votre mari m'a dit que ça débordait de partout. (En rigolant.) Une vraie fosse au purin.
- Mme Joubert : Je vous en prie. Entrez. (S'approche M. Joubert.)
- M. Joubert (Il s'approche de la porte d’entrée) : Bonsoir, M. Boulard. Merci de vous êtes déplacé si vite.
- Le plombier : Bonsoir
- Mme Joubert : Qu'est-ce que cette histoire de toilettes.
- M. Joubert : Je t'expliquerais. (Il s'adresse au plombier.) Vous avez la gentillesse de me suivre. »
M. Joubert conduit le plombier au 6ème étage. Dans les toilettes, le plombier est dégouté : « Oh. Les toilettes, c'est pas fait pour mettre n'importe quoi.
- Carmen répond avec ironie : Non, les toilettes c'est fait pour mettre la « mierda ». (Cf. Photogramme 16. 0h 25' 00") (Les bonnes rient.)
- Le plombier : Ben, je n'ai pas que çà à faire.
- M. Joubert : M. Boulard je ne vous demande pas votre opinion, je vous ai dit au téléphone, que je vous paierai le double. Soyez gentil, faites le nécessaire. Allez-y. » (Cf. Photogramme 17. 0h 25' 07")
Le lendemain, Dolorès sort des toilettes avec une attitude douce et émerveillée et prononce devant les autres espagnoles deux mots : « Merci, Seigneur ! » Les espagnoles qui attendaient, applaudissent spontanément, très heureuses de “l'événement”. (Cf. Photogramme 18. 0h 25' 30")
Dans la journée, au moment ou M. Joubert veut se rendre à son agence, les espagnoles l'attendaient, elles le saluent en chœur : :« Bonjour, M. Joubert.
- Bonjour, Mesdames !
- Une espagnole à une amie : Les W.-C., c'est grâce à lui.
- Toutes ensemble, elles saluent une seconde fois, M. Joubert : Bonjour, M. Joubert. (Cf. Photogramme 19. 0h 25' 50")
- Ah, bonjour. Bonne journée. »
Mme Joubert
Les matinées de Mme Joubert sont épuisantes. En attendant le petit déjeuner, servit par Maria, elle se redresse : : « Je ne sais pas ce que j'ai. Je suis épuisée. Cf. Photogramme 20. 0h 25' 58") C'est simple, je n'arrête pas. Vivement les vacances. Enfin, je dis ça, mais c'est pire. (Maria pose le plateau sur les genoux de Mme Joubert.) Ah, je dois vous dire, ma petite Maria, que je vous apprécie beaucoup. Et surtout, je vous trouve très propre.
- Merci, madame.
- Mon mari me dit que vous n'avez rien pour faire la toilette, là haut ?
- Si Madame.
- Vous savez, vous pouvez descendre quand vous voulez dans la salle de bains des garçons pour prendre votre douche.
- Merci, madame.
- De rien, Maria. (…) »
Mme Joubert : « Quelle heure est-il ?
- Il est 10h, madame.
- Il est 10h ! Je suis atrocement en retard, j'ai un rendez-vous chez ma couturière. (Elle se précipite vers sa coiffeuse pour arranger ses cheveux.) Ma petite Maria, vous avez un fiancé ? Vous pouvez tout me dire.
- Il y a un homme, que j'ai aimé.
- Et vous avez pas osé lui dire... Mais, les hommes ne savent pas ce qu'ils veulent. Si vous attendez sa déclaration, vous finirez vieille fille. Moi quand j'ai rencontré monsieur, vous croyait qu'il voulait se marier. Non, il hésitait, il ne savait pas. Moi qui venait de ma province, j'ai tenu bon. Et, il m'a épousée. Parce que quand vous tenez un homme, ma petite Maria, il faut plus le lâcher.
- Moi, si un homme ne me veut pas, tant pis pour lui.
- Ah oui, tiens ! »
L'idée d'un voyage en Espagne de M. Joubert
M. Joubert est avec M. Piquer, son fondé de pouvoir, ce dernier lui parle de la fin de la grève dans le site de Dunkerque : « A mon avis, ce serait le moment idéal pour acheter de l'Usinor.
- Dites-moi, M. Piquer, où prenez-vous vos congés d'été ?
- En Espagne.
- C'est bien ce qu'il me semblait. Mais où, exactement ?
- Sur la Costa-Brava.
- Mais quel village.
- Palafrugell.
- Palafrugell
- Vous avez sympathisé avec des Espagnols ?
- Oh, un petit peu, Mais, on est un groupe d'habitués, alors on reste entre Français.
- Bien sûr. Parlez-moi de Palafrugell. Il y a la mer ?
- Palafrugell, c'est retiré dans les terres, à 2 kilomètres de la mer. C'est splendide. Au détour d'une rue, on tombe sur une fontaine. »
Mme Joubert occupée avec une partie de bridge
Ses amis vont lui parler de Bettina de Brossolette : « Tous les hommes en sont fous. C'est la nouvelle coqueluche. »
M. Joubert communique indirectement avec l'Espagne
Le soir, en entrant chez lui, M. Joubert assiste à une agitation inhabituelle dans l'entrée de son immeuble . Mme Triboulet (concierge de l'immeuble qui s'adresse à une personne) : «Puisque je vous dis que vous n'avez pas de courrier. Vous ne comprenez pas le français.
- Dolorès : Trois semaines sans nouvelles de ma sœur
- Mme Triboulet : Moi la mienne bat le beurre.
- Dolorès (en espagnole) : Si je trouve ses lettres, je te les fais bouffer.
- M. Joubert : Je vous demande pardon, que se passe-t-il ?
- Mme Triboulet : Elle m'accuse, elle dit que je lui vole son courrier.
- Dolorès : M. Joubert, est-ce que ma sœur a accouché ? Mme Triboulet ne nous donne pas la lettre. Alors, je sais pas si elle va bien. (Elle continue en espagnole.)
Cut. Transition avec la partie de bridge de Madame. M. Joubert invite Dolorès a téléphoné de chez lui : « Merci beaucoup Maria, Venez, Dolorès. On va appeler. (Il prend le combiné téléphonique.) Bonjour, Pourriez-vous me passer l'inter en Espagne s'il vous plaît. (A Dolorès) Ca s'appelle comment ?
- Dolorès : Pontevedra.
- 56, 27, 12. merci beaucoup, c'est à vous.
- Dolorès : Hola. José c'est Dolorès... C'est une fille ! … 4 kilos. » Cf. Photogramme 21. 0h 29' 32")
M. Joubert découvre l'atrocité de la guerre d'Espagne
M. Joubert raccompagne Dolorès à la porte de service, il remarque Carmen, la réfractaire, qui monte les escaliers : « Bonsoir Carmen. Si vous devez passer un coup de téléphone urgent, vous pouvez venir téléphoner, vous le savez ?
- Téléphoner ?
- A votre famille, par exemple.
- Ils sont tous morts, dans ma famille.
- Je vous demande pardon.
- Vous connaissez la guerre d'Espagne ?
- Comme tout le monde.
- Mon père et ma mère ont été tués.
- Les Franquistes ont égorgé mes parents sous mes yeux. Cf. Photogramme 22. 0h 30' 35") Après, ils ont traîné les cadavres dans la rue. C'était ça, la guerre d'Espagne. Bonsoir Monsieur.
- Bonsoir »
L'économie des moyens est remarquable, Carmen qui explique à M. Joubert la Guerre d'Espagne en quelques mots, laissant l'imagination faire le reste, comme en témoigne, l'image de M. Joubert dubitatif. Cf. Photogramme 23. 0h 30' 41")
M. Joubert dubitatif, ferme la porte, et va se servir un verre d'eau à la cuisine. Il fait quelques pas en réfléchissant.
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