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Le film est divisé en deux grandes parties. La première concerne le recrutement et l’entraînement d’un groupe de jeunes recrues en vue d’obtenir des « marines » américains, impitoyables et féroces. Dans la seconde partie, un contingent du groupe va être confronté à la dure réalité de la guerre au Vietnam. Or, le réalisateur insistera à deux reprises, à la fin de la première et au début de la seconde parties, sur un type de regard particulier, des yeux convulsés vers le ciel. (Cf. '''Photogramme – Yeux vers le ciel 1.''') Nous rencontrons également ce regard dans d’autres films de Kubrick, Shining et Orange Mécanique. | |||
Il est important de suivre en détail, la chronologie des événements filmiques, nous pourrons alors saisir des aspects pertinents. Le film étant principalement centré sur la recrue J. T. Davis, surnommé « Guignol » (Joker, dans la version originale, interprété par Mattew Modine), il sera témoin de ces deux moments forts. | |||
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====Les yeux inquiétants de « Grosse Baleine »==== | |||
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C’est la dernière nuit dans la base militaire, avant de partir pour la guerre au Vietnam. Guignol est de garde, il entend des bruits dans les toilettes. Il y entre, il trouve Baleine qui charge son arme (Léonard Lawrence, dit « Gomer Pyle » (« Grosse Baleine », interprété par Vincent D’Onofrio). Il a au visage un regard presque satanique, il charge très lentement son chargeur. Il sourit à Guignol (son seul véritable ami dans le groupe), et lui dit d’un air diabolique. (Cf. '''Photogramme – Yeux vers le ciel 2.''')<br/> | |||
« ''Salut, Guignol.'' (Ce dernier apercevant les balles) <br/> | |||
- ''Est-ce que c’est des vraies balles ?'' <br/> | |||
- ''Des 7 – 62 mm. Balles.. chemisées, métal'' - (Version anglaise)<ref> Guignol : <span style="color:#4C9960"> « ''Are those... live rounds?''</span> <br/> | |||
Baleine : <span style="color:#4C9960"> « ''Seven-six-two millimeter. Full metal jacket.'' </span>(Source : IMDB) </ref><br/> | |||
- ''Leonard… si Hartman se pointe et nous pique… On va se retrouver dans un monde merdique…'' <br/> | |||
- ''J’y suis déjà, moi, dans un monde merdique…'' » (Cf. '''Photogramme – Yeux vers le ciel 3.''') - (Version anglaise) <ref> Guignol : <span style="color:#4C9960"> « ''Leonard, if Hartman comes in here and catches us, we'll both be in a world of shit.'' </span> <br/> | |||
Baleine : <span style="color:#4C9960"> « ''I *am*... in a world... of shit.'' </span> (Source : IMDB) | |||
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Il se lève brusquement avec une grande détermination et il crie, dans la nuit silencieuse : « ''Epaule gauche ! Epaule droite… Apprivisionné-Chargé. Arme… au pied. Ça, c’est mon fusil ! Il y en a beaucoup comme ça, mais lui, c’est le mien !'' (Les soldats commencent à se réveiller, ils se lèvent… Le sergent Hartman (inerprété par Lee Ermey) sort de sa chambre en criant : « ''Rerournez au pieu !'' » Il entre dans les toilettes : <br/> | |||
- « ''Qu’est-ce que c’est ce cirque à la con ? Bordel de bande de chiens, vous foutez quoi, dans mes chiottes ?'' » …. <br/> | |||
- Guignol : « ''Chef, il est du devoir de l’Engagé de vous informer que l’Engagé Baleine a un fusil M. 14. « Chargeur engagé, apprivsionné/chargé'' » ! <br/> | |||
- Le sergent Hartman : « ''Maintenant, écoute-moi, Engagé Baleine… et écoute moi-bien, et de toutes des oreilles…Je veux cette arme et tout de suite ! Tu vas me reposer cette arme au pied… et tu recules de trois pas…'' (Baleine, recule d’un pas, en pointant l’arme sur le sergent, (Cf. '''Photogramme – Yeux vers le ciel 4.''')) le sergent continue de crier : « ''Dans quelle case il te manque un bout de fusible, tête de nœud. Papa-maman t’ont pas assz couvé quand t’étais petit ?'' » - (Version anglaise)<ref> <span style="color:#4C9960">« ''What is your major malfunction, numbnuts? Didn't Mommy and Daddy show you enough attention when you were a child ?'' » </span></ref>Baleine tire à bout portant, le sergent tombe en arrière, Guignol est médusé, il regarde l’arme de Baleine, qu’il pointe doucement sur lui. : « ''Du calme, Léoanrd….'' » Baleine baisse son arme, s’assied sur le siège des toilettes et se tire une balle dans la bouche. | |||
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''La suite est en préparation'' | |||
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====La vue du réel ou la vision globale du monde==== | |||
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Regardons la place des plans qu’occupent les yeux et la vision dans ce film, et nous constaterons qu’ils ont une place de choix. En effet, dès le premier plan, dans le [[Maître (Le)#La valeur du prologue : Hypothèse qu'un protagoniste représente métaphoriquement un pays|prologue]], le film met l’accent sur les yeux. Il s’agit de l’enfant aveugle près d’une [[balançoire]], munie de clochettes. (Cf. '''Photogramme – Yeux 1.''') | |||
Toutefois, après le prologue, le film dévie de l’enfant aveugle, pour présenter la libération d’[[Animal|animaux]] de cirque dans une ville en Pologne, par « le Maître », Alexandre Sapalov, lanceur de couteaux. [[Maître (Le)#ancre_2|Les images sont surréalistes]]. | |||
<span id="ancre_24p"></span> [[Fichier:Yeux_Trzaskalski_lemaitre_1200p2.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Yeux 2''' : ''[[Maître (Le)|Le Maître]]'', '''Plan 24'''. ''10' 38"''. Alexandre au cours son spectacle. Les yeux bandés, il doit « délivrer » (pour la seconde fois) Angela des bras de Polyphème. |'''Photogramme - Yeux 2''' : ''[[Maître (Le)|Le Maître]]'', '''Plan 24'''. ''10' 38"''. Alexandre au cours son spectacle. Les yeux bandés, il doit « délivrer » (pour la seconde fois) Angela des bras de Polyphème. ]] | |||
Un peu plus loin, après avoir libéré [[Maître (Le)#Le viol d’Angela|Angela]] de deux malfaiteurs, et durant un spectacle, il va lancer des couteaux, les yeux bandés, sur Angela emprisonée par Polyphème, le cyclope à l’œil unique. <ref>'''Polyphéme''' : « C’est un personnage célèbre qui joue un rôle dans l’Odyssée. Il est le fils de Poséidon et de la nymphe Thoosa, elle-même fille de Phorcys. Le récit homérique le présente comme un géant horrible. (…) Ulysse et ses douze compagnons ont été capturés par Polyphéme… Alors que le Cyclope était profondément endormi, sous l’effet du vin, Ulysse et ses compagnons aiguisèrent un immense pieu, le durcirent au feu et l’enfoncèrent dans l’œil unique du géant. (…) Une fois en liberté, Ulysse se moqua de lui… C’est à partir de ce moment que date la colère de Poséidon, le père de Polyphème contre Ulysse. » '''Pierre Grimal''', ''Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_12|op. cit.]]'', p. 386. </ref> (Cf. '''Photogramme – Yeux 2'''.) | |||
Angela, prise de panique, prendra la fuite en public, laissant Alexandre dans le noir. Par la suite, dans la soirée, elle viendra s’excuser auprès d’Alexandre. | |||
<span id="ancre_88p"></span> [[Fichier:maitrep30.jpg|300px|thumb|right|'''Photogramme - Yeux 3''' : ''[[Maître (Le)|Le Maître]]'', '''Plan 88'''. ''45' 21"''. Au cours du spectacle, une jeune femme, Anna, accepte de faire l’expérience : Le Maître, lance, les yeux bandés trois couteaux autour de son visage inquiet.]] | <span id="ancre_88p"></span> [[Fichier:maitrep30.jpg|300px|thumb|right|alt='''Photogramme - Yeux 3''' : ''[[Maître (Le)|Le Maître]]'', '''Plan 88'''. ''45' 21"''. Au cours du spectacle, une jeune femme, Anna, accepte de faire l’expérience : Le Maître, lance, les yeux bandés trois couteaux autour de son visage inquiet.|'''Photogramme - Yeux 3''' : ''[[Maître (Le)|Le Maître]]'', '''Plan 88'''. ''45' 21"''. Au cours du spectacle, une jeune femme, Anna, accepte de faire l’expérience : Le Maître, lance, les yeux bandés trois couteaux autour de son visage inquiet.]] | ||
Cependant, au cours d’un autre spectacle, Angela, qui est devenu, entre temps, l’assistante du « Maître », va demander à un spectateur courageux de se placer devant lui, afin qu’il lance ces couteaux. Une jeune femme, Anna, monte sur la scène, et contrairement à Angela, elle n’a pas tremblé. (Cf. '''Photogramme – Yeux 3.''') | |||
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_ L’enfant : ''Il y a comme une fissure.''<br/> | _ L’enfant : ''Il y a comme une fissure.''<br/> | ||
_ Alexandre : ''Voilà, je t’ai mis sur la voie.'' | _ Alexandre : ''Voilà, je t’ai mis sur la voie.'' | ||
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Il reste une seconde image, à la fin du film, qui fait d’ailleurs la jonction avec le prologue. Il s’agit du plan 211, quand le Musicien retourne dans sa maison, son fils, l’enfant aveugle, va le reconnaître grâce à ses mains, en prononçant tendrement : « Papa ». (Cf. '''Photogramme – Yeux 4.''') | Il reste une seconde image, à la fin du film, qui fait d’ailleurs la jonction avec le prologue. Il s’agit du plan 211, quand le Musicien retourne dans sa maison, son fils, l’enfant aveugle, va le reconnaître grâce à ses mains, en prononçant tendrement : « Papa ». (Cf. '''Photogramme – Yeux 4.''') | ||
Version du 19 août 2012 à 13:49
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Vie devant ses yeux (La) | Life before her Eyes (The) | Perelman Vadim | Kasischke L. Stern E. |
2008 | USA | 95 |
Yeux bandés (Les) | Yeux bandés (Les) (The) | Lilti Thomas | Chosson P. Lilti T. |
2008 | France | 81 |
Yeux noirs (Les) | Oci Ciornie | Mikhalkov Nikita | Adabashyan A. Amico S. C. |
1987 | Italie, Russie |
117 |
Autres titres de films
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
A Travers le Miroir §. La « main-œil » de Karen qui ouvre le tiroir. |
Såsom i en spegel | Bergman Ingmar | Bergman Ingmar | 1961 | Suède | 89 |
Andreï Roublev §. La forge qui propose l'image "des yeux de la création." |
(Voir détail : Andreï Roublev) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Konchalovsky A. |
1969 | URSS | 215 |
Condamné à mort s’est échappé (Un) §. Fontaine prend la main de Jost et lui fait saisir le crayon. |
Condamné à Mort s'est échappé (Un) | Bresson Robert | Bresson R. Devigny A. (mémoires) | 1956 | France | 89 |
Full Metal Jaket | Full Metal Jaket | Kubrick Stanley | Hasford Gustav, Herr Michael, Kubrick S. | 1987 | USA | 116 |
Maître (Le) | (Voir détail : Mistrz) | Piotr Trzaskalski | Lepianka W. Trzaskalski P ; |
2005 | Allemagne Pologne |
117 |
Miroir (Le) §. La psychothérapeute qui dit à Iouri : "Regarde-moi dans les yeux." |
(Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106 |
Orange Mécanique | A Clockwork Orange | Kubrick Stanley | Burgess A. Kubrick S. |
1972 | Angleterre | 136 |
Pledge (The) §. Le regard de Jerry vers son supérieur |
Pledge (The) | Penn Sean | Kromolowski Jerzy, Olson-Kromolowski Mary | 2001 | USA | 124 |
Reflets dans un œil d'or | Reflections in a Golden Eye | Huston John | Hill G. Mortimer C. |
1967 | USA | 109 |
Shining | The Sining | Kubrick Stanley | Johnson D., King S., Kubrick S., |
1980 | USA, Angleterre |
120 |
Slumdog Millionaire | Slumdog Millionaire | Boyl Danny | Beaufoy S., d'après le roman Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, de Vikas Swarup | 2008 | Angleterre | 120 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Full Metal Jacket, de Stanley Kubrick
Le film est divisé en deux grandes parties. La première concerne le recrutement et l’entraînement d’un groupe de jeunes recrues en vue d’obtenir des « marines » américains, impitoyables et féroces. Dans la seconde partie, un contingent du groupe va être confronté à la dure réalité de la guerre au Vietnam. Or, le réalisateur insistera à deux reprises, à la fin de la première et au début de la seconde parties, sur un type de regard particulier, des yeux convulsés vers le ciel. (Cf. Photogramme – Yeux vers le ciel 1.) Nous rencontrons également ce regard dans d’autres films de Kubrick, Shining et Orange Mécanique.
Il est important de suivre en détail, la chronologie des événements filmiques, nous pourrons alors saisir des aspects pertinents. Le film étant principalement centré sur la recrue J. T. Davis, surnommé « Guignol » (Joker, dans la version originale, interprété par Mattew Modine), il sera témoin de ces deux moments forts.
Les yeux inquiétants de « Grosse Baleine »
C’est la dernière nuit dans la base militaire, avant de partir pour la guerre au Vietnam. Guignol est de garde, il entend des bruits dans les toilettes. Il y entre, il trouve Baleine qui charge son arme (Léonard Lawrence, dit « Gomer Pyle » (« Grosse Baleine », interprété par Vincent D’Onofrio). Il a au visage un regard presque satanique, il charge très lentement son chargeur. Il sourit à Guignol (son seul véritable ami dans le groupe), et lui dit d’un air diabolique. (Cf. Photogramme – Yeux vers le ciel 2.)
« Salut, Guignol. (Ce dernier apercevant les balles)
- Est-ce que c’est des vraies balles ?
- Des 7 – 62 mm. Balles.. chemisées, métal - (Version anglaise)[1]
- Leonard… si Hartman se pointe et nous pique… On va se retrouver dans un monde merdique…
- J’y suis déjà, moi, dans un monde merdique… » (Cf. Photogramme – Yeux vers le ciel 3.) - (Version anglaise) [2]
Il se lève brusquement avec une grande détermination et il crie, dans la nuit silencieuse : « Epaule gauche ! Epaule droite… Apprivisionné-Chargé. Arme… au pied. Ça, c’est mon fusil ! Il y en a beaucoup comme ça, mais lui, c’est le mien ! (Les soldats commencent à se réveiller, ils se lèvent… Le sergent Hartman (inerprété par Lee Ermey) sort de sa chambre en criant : « Rerournez au pieu ! » Il entre dans les toilettes :
- « Qu’est-ce que c’est ce cirque à la con ? Bordel de bande de chiens, vous foutez quoi, dans mes chiottes ? » ….
- Guignol : « Chef, il est du devoir de l’Engagé de vous informer que l’Engagé Baleine a un fusil M. 14. « Chargeur engagé, apprivsionné/chargé » !
- Le sergent Hartman : « Maintenant, écoute-moi, Engagé Baleine… et écoute moi-bien, et de toutes des oreilles…Je veux cette arme et tout de suite ! Tu vas me reposer cette arme au pied… et tu recules de trois pas… (Baleine, recule d’un pas, en pointant l’arme sur le sergent, (Cf. Photogramme – Yeux vers le ciel 4.)) le sergent continue de crier : « Dans quelle case il te manque un bout de fusible, tête de nœud. Papa-maman t’ont pas assz couvé quand t’étais petit ? » - (Version anglaise)[3]Baleine tire à bout portant, le sergent tombe en arrière, Guignol est médusé, il regarde l’arme de Baleine, qu’il pointe doucement sur lui. : « Du calme, Léoanrd…. » Baleine baisse son arme, s’assied sur le siège des toilettes et se tire une balle dans la bouche.
La suite est en préparation
Le Maître, de Piotr Trzaskalski
La vue du réel ou la vision globale du monde
Regardons la place des plans qu’occupent les yeux et la vision dans ce film, et nous constaterons qu’ils ont une place de choix. En effet, dès le premier plan, dans le prologue, le film met l’accent sur les yeux. Il s’agit de l’enfant aveugle près d’une balançoire, munie de clochettes. (Cf. Photogramme – Yeux 1.)
Toutefois, après le prologue, le film dévie de l’enfant aveugle, pour présenter la libération d’animaux de cirque dans une ville en Pologne, par « le Maître », Alexandre Sapalov, lanceur de couteaux. Les images sont surréalistes.
Un peu plus loin, après avoir libéré Angela de deux malfaiteurs, et durant un spectacle, il va lancer des couteaux, les yeux bandés, sur Angela emprisonée par Polyphème, le cyclope à l’œil unique. [4] (Cf. Photogramme – Yeux 2.)
Angela, prise de panique, prendra la fuite en public, laissant Alexandre dans le noir. Par la suite, dans la soirée, elle viendra s’excuser auprès d’Alexandre.
Cependant, au cours d’un autre spectacle, Angela, qui est devenu, entre temps, l’assistante du « Maître », va demander à un spectateur courageux de se placer devant lui, afin qu’il lance ces couteaux. Une jeune femme, Anna, monte sur la scène, et contrairement à Angela, elle n’a pas tremblé. (Cf. Photogramme – Yeux 3.)
On dit souvent que « l’amour est aveugle ». Alexandre est séduit par le courage et la beauté d’Anna. Il va la rencontrer de nouveau, et au cours d’une promenade dans les champs avec des vélos, il va lui demander : (Plan 101)
- Alexandre : Tu n’as pas eu peur hier.
- Anna : Si.
- Alexandre : Pourquoi tu es montée sur scène.
- Anna : Je me disais que si je le faisais tout s’arrangerait dans ma vie… Comme un pari.
- Alexandre : Et moi qui croyais que tu avais confiance en mon art… (Il l’invite à une soirée).
Anna accepte, mais avant de partir, elle lui dit : « Tu as un problème de roue ». La roue du vélo est a rapprochée avec le plan 66, et le disque géant (plans 49 et 53)
"A voir" des visions
Sur la barque, (plan 103b), il y a l’allusion à Démocrite, rappelons qu’il va se crever les yeux, c’est une façon, dit-on, de : « Fermer les yeux à toutes les distractions du dehors et de concentrait toute son activité dans la pensée ».[5]
Le film, comme il a commencé, conclut sur une allusion importante à la faculté de voir, ou devrons-nous dire, au don de voir,[6] il s’agit de la confession du Musicien sur son fils, aveugle de naissance (plan 208). Et, en parallèle, avec la question des yeux, c’est la question de la direction à prendre (plan 38b), du choix d’un itinéraire (plan 57), et de la route perdu (plan 58) qui se posent.[7] Nous comprenons alors le message du réalisateur à un moment dramatique du film (plan 67b). Quand ils sont perdus au milieu de nulle part, la batterie du Bus vide et l’argent est volé. Le Musicien demande : « On fait quoi, maintenant ? » Alexandre répond : « Comme d’habitude, on fait de l’art. ».
Dans le même registre, il y a le dialogue de la quinzième séquence, entre le pompier et Alexandre : « J’éteindrai (le feu) d’une main, comme ça. » (Plan 53). Ainsi, la question de la vue du réel déborde sur la question de la vision globale du monde. Et il nous semble que ces messages, ne s’adressent pas uniquement aux protagonistes du film, mais aussi aux spectateurs du film… La finesse du message est plein d’espoir : l’art est essentiellement salvateur.
Voir avec les mains
On ne voit pas uniquement qu’avec les yeux. Les mains sont aussi susceptibles de « voir », et de comprendre des valeurs que les yeux sont incapables de saisir. Il en est ainsi, au plan 142 : C’est la fin du nouveau spectacle, Alexandre entre dans le Bus, Anna et son petit frère l’attendent.
_ L’enfant (intrigué, par la prouesse de « Maître », d’être suspendu dans les airs) : Tu peux me dire comment tu fais ?
_ Alexandre : Si tu veux être un artiste, tu dois trouver tout seul.
_ L’enfant : Mais, dis-moi un peu, quand même.
_ Alexandre (il prend la main de l’enfant et lui fait sentir la poignée de l’épée) : Tu vois ça.
_ L’enfant : Il y a comme une fissure.
_ Alexandre : Voilà, je t’ai mis sur la voie.
Il reste une seconde image, à la fin du film, qui fait d’ailleurs la jonction avec le prologue. Il s’agit du plan 211, quand le Musicien retourne dans sa maison, son fils, l’enfant aveugle, va le reconnaître grâce à ses mains, en prononçant tendrement : « Papa ». (Cf. Photogramme – Yeux 4.)
Liens spécifiques du film
Voir : Le Maître
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Guignol : « Are those... live rounds?
Baleine : « Seven-six-two millimeter. Full metal jacket. (Source : IMDB) - ↑ Guignol : « Leonard, if Hartman comes in here and catches us, we'll both be in a world of shit.
Baleine : « I *am*... in a world... of shit. (Source : IMDB) - ↑ « What is your major malfunction, numbnuts? Didn't Mommy and Daddy show you enough attention when you were a child ? »
- ↑ Polyphéme : « C’est un personnage célèbre qui joue un rôle dans l’Odyssée. Il est le fils de Poséidon et de la nymphe Thoosa, elle-même fille de Phorcys. Le récit homérique le présente comme un géant horrible. (…) Ulysse et ses douze compagnons ont été capturés par Polyphéme… Alors que le Cyclope était profondément endormi, sous l’effet du vin, Ulysse et ses compagnons aiguisèrent un immense pieu, le durcirent au feu et l’enfoncèrent dans l’œil unique du géant. (…) Une fois en liberté, Ulysse se moqua de lui… C’est à partir de ce moment que date la colère de Poséidon, le père de Polyphème contre Ulysse. » Pierre Grimal, Dictionnaire de la Mythologie grecque et romaine, op. cit., p. 386.
- ↑ Démocrite : « Né entre 520 et 460 av. J.-C. à Abdère, en Thrace, (200 km. à l’est de Thessaloniki, nord de la Grèce), un des plus grands noms de la philosophie grecque avant Socrate. (…) Démocrite s’attache à réhabiliter l’être phénoménal. De là les deux grandes thèses : 1° la matière n’a qu’une divisibilité limitée ; 2° le vide existe aussi bien que le plein. La divisibilité de la matière n’est pas infinie, il y a des particules élémentaires et indivisibles au delà desquelles il est impossible de remonter : c’est ce qu’on appelle des atomes (insécables, indivisbles). » Nouveau Larousse Illustré.
- ↑ Elle nous livre également, par la même occasion une réponse concernant le prologue.
- ↑ C'est une "description indirecte" du parcours du Musicien.