« Couteau » : différence entre les versions
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==Titres des films== | ==Titres des films== |
Version du 19 juillet 2012 à 13:48
Titres des films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée (min.) |
---|---|---|---|---|---|---|
Grand couteau (Le) | The big knife | Aldrich Robert | Poe J. | 1955 | USA | 111 |
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
---|---|---|---|---|---|---|
12 Hommes en Colère | 12 Angry Men | Lumet Sidney | Rose R. | 1957 | USA | 89 |
Into the Wild §. Christopher fait fondre de la glace sur la cheminée, en remuant avec son couteauPlan 125 |
(Voir détail : Into the Wild) | Penn Sean | Sean Penn, roman de Jon Krakauer |
2007 | USA | 147 |
Maître (Le) | (Voir détail : Mistrz) | Piotr Trzaskalski | Lepianka W. Trzaskalski P ; |
2005 | Allemagne Pologne |
117 |
Miroir (Le) | (Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Le Maître, de Piotr Trzaskalski
Le couteau attribut du Maître
Nous avons introduit dans nos hypothèses, à propos des niveaux de lecture du film Le Maître, l’idée qu’un protagoniste (peut) représenter métaphoriquement un pays. Mais dans le même ordre d’idée, quelle sera la valeur d’un objet ? Qu’est-ce qu’un objet peut représenter ? Est-ce qu-il représente simplement ce qu’il est ? Qu’en est-il d’un couteau ? Est-ce uniquement une manche munie à son extrémité d’une lame. Plus que dans d’autres films, l’objet couteau a une valeur majeure dans la structure narratologique du film. C’est l’accessoire qui représente l’attribut du personnage central, Alexandre Sakoulov, dit « le Maître ». Mais au fait, qui le dit que c’est un « Maître » ? L’intéressé se présente comme étant un : Maître des arts du cirque. Diplômé. Chez nous on avait un diplôme pour tout. Mais, c’est uniquement Angela, l’assistante du « Maître », qui va le qualifier de la sorte, au cours des spectacles qui exigeaient une concentration forte, à savoir, lancer des couteaux, les yeux bandés sur une cible vivante.
Les représentations du couteau dans le film
La première allusion d’un couteau se trouve au plan 7, elle est typographique. Alexandre est de bonne humeur, il peint sur son Bus les lettres : cirque de couteaux. (Cf. Photogramme - Couteau 1. )
C'est à ce moment-là qu'il entend les cris d'une personne qui se fait agressée.
Plan 10b : 00h 07' 35" : Alexandre se dirige vers le lieu de l’agression afin de secourir la personne qui hurle. Il sort un couteau de la main gauche. C'est la première apparition d'un couteau. Il faut dire, qu'il y avait un instant, il tenait un pinceau ! (Cf. Photogramme - Couteau 2. )
Constatons en outre, que pour sa première apparition le couteau n'était pas un accessoire spectaculaire de cirque, mais un instrument de libération, un outil de défense et de protection. Alexandre avait en face de lui deux personnes déterminées et visiblement hostiles et malveillants, mais Alexandre n'était pas non plus seul, il avait son couteau, ils étaient donc à égalité.
Alexandre libère la fille des mains des agresseurs, en les blessant avec son « double ». Il embarque la jeune femme en larmes dans son Bus. Et, il lui propose de devenir son assistante.
Plan 24 : 10' 38" : Au cours d'un spectacle. Les yeux bandés, Alexandre doit « délivrer » (pour la seconde fois) Angela des bras de Polyphème. Mais Angela prise de panique, prendra la fuite en public, laissant Alexandre dans le noir. (Cf. Photogramme - Couteau 3.)
Plan 49 : 23' 02" : Angela invite une spectatrice de monter sur scène et de tourner un disque géant sur lequel sont disposés symétriquement et en croix quatre cœurs. Alexandre avec maîtrise crèvera les quatre cours. Les indices proposés par cette scène sont de l'ordre de la prémonition et de la psychologie. Ils annonceront bientôt, le cœur « percé » d’Anna. Et, ils présentent les caractères psychologiques du porteur de l'objet : détermination, rapidité et dextérité. (Cf. Photogramme - Couteau 4. )
Plan 67a : 39' 27" : Alexandre cuisine, afin de faire une omelette, il utilise son couteau pour casser l’œuf en deux. Ainsi, le couteau n'est pas seulement un instrument perçant, il devient également un objet cassant, il divise en deux, il s'interpose en séparant. L’objet divisé, l’œuf, impose également une valeur qui sera grandissante dans la suite des événements. (Cf. Photogramme plan 67a. )
Plan 67b : 00h 37' 35" : En attendant la cuisson de l'omelette, il s'assied près du Musicien, ce dernier lui dit :
- On fait quoi, maintenant ? (Rappelons qu'ils ont perdu la route, la batterie du Bus est vide et Angela a disparu avec l'argent.)
- Alexandre : De quoi tu parles ?
- Le Musicien : Avec tout ça. Avec, tout ce bazar.
- Alexandre : Comme d'habitude, on fait de l'art.
Et, à ce moment précis, à peine il termine sa phrase, nous entendons le couteau qui tombe, et nous déduisons, en fonction du son, que le couteau se fiche sur le plancher du Bus. Nous verrons l'aspect sonore d'un couteau plus loin. (Cf. Photogramme - Couteau 5. )
Plan 68 : 40' 34" : Entre temps, les deux hommes ont oubliés la cuisson de l'omelette, qui commençait à brûler. Le Musicien réagit promptement, en emportant la poêle pour la jeter dehors.
Plan 88 : 45' 21" : Au cours d'un spectacle, Angela demande à un amateur courageux de se placer devant le Maître. Une jeune femme, Anna, accepte l'expérience. Le Maître, lance, les yeux bandés trois couteaux autour du visage inquiet d'Anna. (Cf. Photogramme - Couteau 6. )
Plan 119 : 01h 05' 22" : Le Maître veut réaliser un nouveau numéro de cirque. Il travaille avec des forgerons sur la fabrication d'une épée « magique », qui aura une répercussion dans la suite des événements. (Cf. Photogramme - Couteau 7.)
Plan 128 : 01h 08' 17" :
- Angela : « Le Maître flotte dans les airs ». (Cf. Photogramme - Couteau 8. )
Les sept premiers photogrammes montrent une palette riche et dense des qualités de l'objet couteau. Ces qualités ne sont jamais les mêmes, ce qui dit en passant, témoignent de la capacité du réalisateur à offrir des nouvelles images avec à chaque fois des nouvelles propositions. En effet, dans l'ordre, le couteau sera d'abord, un mot écrit (plan 7), ensuite, successivement il va devenir un instrument de libération (plan 10b), un objet d'humiliation (plan 24), un outil de précision (plan 49), un ustensile de cuisine (plan 67a), un signe prémonitoire (plan 67b), un sujet d'admiration (plan 88). Et ce n'est pas tout, l'objet couteau, sous nos yeux, va grandir, gonfler, prendre de l'ampleur et devenir une épée (plan 119), une épée magique et mystérieuse (plan 128). Cet aspect d'agrandissement, nous l'avons abordé ailleurs, il s'agit de l'aspect de miniaturisation/monumentalisation d'un objet.
La représentation sonore du couteau
Au plan 67b, au cours de l’épisode de « l’Omelette », le couteau du Maître tombe en se fichant sur le plancher du Bus. C’est un fait sonore qui inclut un fait visuel important. Nous allons nous appuyer sur une image du Cuirassé Potemkine de Sergei M. Eisenstein, afin d’illustrer nos propos. Il s’agit de la sainte croix avec laquelle le pope du navire n’a cessé de s’amuser, notamment durant la scène du prélart (grosse bâche goudronnée dont on recouvre les objets que l’on veut mettre à l’abri sur un navire), (Acte II). Et lors de la révolte, le pope ne sera pas épargné. Lui aussi va être poursuivi, et lors de la poursuite, la sainte croix tombera et telle une flèche, ira se ficher, inclinée, par un côté de son croisillon contre le sol en bois du navire. De plus, cette image sera montrée en gros plan deux fois de suite, (avant la fameuse scène du lorgnon). (Cf. Photogramme – Couteau 9.)
Ainsi, dans le cas du Cuirassé Potemkine, les faits filmiques montrent d’une part, le docteur qui a été jeté par-dessus bord, seul témoignage de sa présence est le lorgnon suspendue à un filin d’acier, et d’autre part, la croix qui se fiche au sol. Ne devient-il pas, pour notre cas, un argument anti-religieux ? Il nous semble, qu’on peut dire, qu’il s’agit de la chute d’une double vision : politique et religieuse. A cette nuance près, que la première, la politique est « suspendue », car elle représente par prolongement « la science » ; c’est peut-être pour cette raison que le réalisateur a opté pour une vision aérienne, tandis que la seconde, la religieuse, est définitivement « condamnée » ; image iconoclaste.
Mais, qu’en est-il du couteau du Maître ? Quel sens peut-on donné à ce fait sonore ? Notons d’une part, qu’il s’agit d’une méprise, le couteau est tombé sans une intention délibérée, en lui échappant des mains. Et d’autre part, que le couteau tombe à ses pieds, comme si la cible, cette fois-ci, devient le lieu sur lequel il se trouve, le même lieu où se trouve Anna.
Liens spécifiques du film
Voir : Le Maître
Le Miroir, d’Andreï Tarkovski
Miroir brisé : séquence et conséquence
Au Plan116, Maroussia se trouve au milieu d'une pièce jonchée sur toute sa surface de débris de verre ou de miroirs brisés et de la neige. Elle saisit un morceau de verre et grâce à un couteau, elle essaye de gratter les bords, "de gratter les limites"(Cf. Photogramme – Couteau - 10). Un petit chat noir et blanc circule dans les débris. [1]
Plan 117 : 1h 03' 35" : Nous entendons en voix-off le père qui dit : "où sont les enfants ?" [2] Nous l'apercevons durant une courte seconde, il est habillé en soldat, il passe sa main sur ses cheveux. [3]
Plan 118 : 1h 03' 38" : Les enfants sont à l'extérieur. Ici, s'intercalle la seconde référence à la Renaissance italienne. [4]
Cette contradiction (guerre et paix) nous la rencontrons avec la fin et le début de cet épisode court ; car, pour la première fois, nous avons la figure du miroir brisé, cassé, éparpillé. Et, comme nous venons de le dire : il y a une double guerre, l'une extérieure générale, une autre intérieure, particulière. L'une avec des bombes, l'autre avec une arme blanche, un couteau, comme instrument de séparation, instrument tranchant et coupant. Couteau que Maroussia tient dans sa main. (Cf. Photogramme – Couteau 10)
Liens spécifiques du film
Voir : Miroir (Le)
Notes et références
- ↑ Comme le chat noir dans Andreï Roublev, qui traverse en oblique, l'église dévastée par les tatars.
- ↑ C'est encore un clédon, qui se traduit de la sorte : "Où sont-ils nos enfants ?" "Que devient-ils ?"
- ↑ Comme l’Écrivain dans Stalker, c'est le geste d'une personne qui n'a "plus son chapeau", qui n'a plus sa tête.
- ↑ Il s'agit du "portrait de jeune femme au genièvre de Léonard de Vinci", Andreï Tarkovski, Le Temps Scellé, op. cit., pp. 102-103.