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===Le Miroir, d’Andreï Tarkovski=== | |||
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''' <span id="ancre_8">Plan</span> 8 :''' '' 06' 28"'' : Maroussia est assise sur la [[Clôture#ancre_8p|clôture]]. | |||
''' <span id="ancre_9">Plan</span> 9 :''' '' 06' 41"'' : En contre champ, et du fond de l'arrière plan, nous commençons à distinguer un point noir qui ne cesse de grossir : c'est un homme sombrement habillé, comme si celui-ci allait annoncer une situation sombre. Il s'approche de Maroussia, et il lui demande la route de Tomchino. Il engage la conversation. <ref>- Le passant : " ''Qu'est-ce que vous faites là ?''<br/> | |||
- Maroussia : " ''Je vis ici.''"<br/> | |||
- Le passant : "''Où, sur la [[clôture]] ? J'ai pris tous les outils, mais j'ai oublié la clé. Vous n'auriez pas un clou ou un tourne-vis ? Pourquoi vous êtes si nerveuse ? Donnez-moi votre main, je suis médecin. (En lui saisissant la main et très ému) Vous me gênez !''<br/> | |||
- Maroussia : "''Faut-il que j'appelle mon mari ?''"<br/> | |||
- Le passant : " ''Vous n'avez pas de mari, on ne voit pas d'anneau.''" </ref> Il lui demande une [[cigarette]]. | |||
''' <span id="ancre_11">Plan</span> 11 :''' '' 08' 12"'' : L'homme jette sa trousse et veut s'asseoir sur la clôture, sans aucune gêne, près de Maroussia. Tout à coup, la clôture cède sous leur poids, et elle se casse, dans un bruit sec. Tous les deux se retrouvent au sol. Nous pouvons supposer que la scène de la clôture qui se casse sous le poids conjugué de Maroussia et du médecin-passant, comme étant une situation de consommation d'un acte transgresseur. Les barrières s'effondrent. Il y a désordre dans la limite des normes établies. Au : | |||
= | ''' <span id="ancre_12">Plan</span> 12 :''' '' 10' 04"'' : Le médecin prend congé, et sur le chemin du retour, à un moment donné, un vent souffle, les buissons s'agitent et s'animent. Il s'arrête et se retourne vers Maroussia. Le souffle du vent se dirige en vagues successives vers le premier plan, vers Maroussia. Tarkovski précise que la scène de la rencontre entre l'héroïne et l'inconnu, (…) "a paru exiger, à l'instant du départ de ce dernier, une sorte de lien pour unir ces deux personnages qui semblaient s'être rencontrés par hasard. Si, en partant, il s'était retourné pour jeter un regard expressif à l'héroïne, tout serait devenu linéaire et faux. C'est alors que nous est venue l'idée du coup de vent dans le champ, dont la soudaineté surprenait l'inconnu et l'amenait à se retourner…" <ref>'''Andreï Tarkovski''', ''Le Temps Scellé'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 105. </ref> Ainsi, ce "coup de vent sur les buissons" (plan 12), devient une image-symbole dans le corps du film, une image-totalisante qui débordera de son cadre pour s'installer dans le domaine du sacré et du religieux : "le Buisson ardent". C'est, en quelque sorte, l'aboutissement constant des conclusions du réalisateur comme nous le verrons avec ''Stalker'' et ''Nostalghia'', et comme nous le voyons ici. La totalité déborde et est ancrée dans le sacré. Pour Tarkovski tous les chemins doivent mener au sacré. Au festival de Cannes 1983, lors d'un entretien télévisé accordé à Antenne 2, Andreï Tarkovski, situait le mal moderne : (…) "L'abîme entre le progrès matériel et l'absence ou l'indigence de la vie spirituelle de l'homme contemporain." "C'est dans ce manque que vient s'inscrire l'utilisation qu'il fait du septième art comme regard initiatique, explorateur de l'invisible. Donner à deviner et sentir, suggérer l'impalpable présence de l'Etre, de Dieu…" <ref>'''France Farago''', "La réalité plénière du spirituel, Andreï Roublev", dans ''Andreï Tarkovski, Etudes cinématographiques'', ''[[Thèse:Bibliographie#ancre_1|op. cit.]]'', p. 25. </ref> Ainsi, le sens du "sacré" doit être nuancé, il ne s'agit pas d'une ferveur aveugle, et d'une foi hermétique, coupée du monde, mais, bien au contraire, d'une communion avec l'univers, comme il le dit, dans sa "totalité". Par ailleurs, le 2ème indice, qui nous dévoile le lien naissant et invisible qui unit Maroussia à l'inconnu, est un court poème récité en voix-off : "''Chaque instant de nos rendez-vous / Était épiphanie pour nous / Nous deux, seuls sur la terre, / Hardie et plus qu'une aile d'oiseau légère, / Tu dévalais les marches comme un vertige.''" | ||
''' <span id="ancre_15">Plan</span> 15 : ''' ''11' 00"'' : Plan général de la datcha avec la fenêtre ouverte par laquelle un livre s'envole et tombe vers l'extérieur. C'est comme un second rappel du coup de vent qui a soufflé. C'est aussi un fait qui a une résonance sur l'épisode de l'imprimerie. Le poème continue, il devient de plus en plus suggestif sur l'existence d'un lien intime et affectif qui lie le couple :" ''Tu m'emmenais dans tes états / De l'autre côté du miroir, / Et quand vint la nuit, / J'ai eu enfin droit à la clémence, / S'ouvrirent les portes du sanctuaire, / et la nudité éclaira les ténèbres / et s'incline doucement.''" | |||
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====Liens spécifiques du film==== | |||
Voir : ''[[Miroir (Le)|Miroir (Le)]]'' | |||
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Version du 19 septembre 2011 à 15:01
Autres titres de films
Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations
Titre | Titre original | Réalisation | Scénario | Année | Pays | Durée |
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Autant en emporte le vent. | Gone by the Wind | Fleming Victor | Howard S. | 1939 | USA | 222 |
Miroir (Le) | (Voir détail : Zerkalo) | Tarkovski Andreï | Tarkovski A. Micharine A. |
1975 | URSS | 106 |
Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques des films
Le Miroir, d’Andreï Tarkovski
Des vagues de vent
Plan 8 : 06' 28" : Maroussia est assise sur la clôture.
Plan 9 : 06' 41" : En contre champ, et du fond de l'arrière plan, nous commençons à distinguer un point noir qui ne cesse de grossir : c'est un homme sombrement habillé, comme si celui-ci allait annoncer une situation sombre. Il s'approche de Maroussia, et il lui demande la route de Tomchino. Il engage la conversation. [1] Il lui demande une cigarette.
Plan 11 : 08' 12" : L'homme jette sa trousse et veut s'asseoir sur la clôture, sans aucune gêne, près de Maroussia. Tout à coup, la clôture cède sous leur poids, et elle se casse, dans un bruit sec. Tous les deux se retrouvent au sol. Nous pouvons supposer que la scène de la clôture qui se casse sous le poids conjugué de Maroussia et du médecin-passant, comme étant une situation de consommation d'un acte transgresseur. Les barrières s'effondrent. Il y a désordre dans la limite des normes établies. Au :
Plan 12 : 10' 04" : Le médecin prend congé, et sur le chemin du retour, à un moment donné, un vent souffle, les buissons s'agitent et s'animent. Il s'arrête et se retourne vers Maroussia. Le souffle du vent se dirige en vagues successives vers le premier plan, vers Maroussia. Tarkovski précise que la scène de la rencontre entre l'héroïne et l'inconnu, (…) "a paru exiger, à l'instant du départ de ce dernier, une sorte de lien pour unir ces deux personnages qui semblaient s'être rencontrés par hasard. Si, en partant, il s'était retourné pour jeter un regard expressif à l'héroïne, tout serait devenu linéaire et faux. C'est alors que nous est venue l'idée du coup de vent dans le champ, dont la soudaineté surprenait l'inconnu et l'amenait à se retourner…" [2] Ainsi, ce "coup de vent sur les buissons" (plan 12), devient une image-symbole dans le corps du film, une image-totalisante qui débordera de son cadre pour s'installer dans le domaine du sacré et du religieux : "le Buisson ardent". C'est, en quelque sorte, l'aboutissement constant des conclusions du réalisateur comme nous le verrons avec Stalker et Nostalghia, et comme nous le voyons ici. La totalité déborde et est ancrée dans le sacré. Pour Tarkovski tous les chemins doivent mener au sacré. Au festival de Cannes 1983, lors d'un entretien télévisé accordé à Antenne 2, Andreï Tarkovski, situait le mal moderne : (…) "L'abîme entre le progrès matériel et l'absence ou l'indigence de la vie spirituelle de l'homme contemporain." "C'est dans ce manque que vient s'inscrire l'utilisation qu'il fait du septième art comme regard initiatique, explorateur de l'invisible. Donner à deviner et sentir, suggérer l'impalpable présence de l'Etre, de Dieu…" [3] Ainsi, le sens du "sacré" doit être nuancé, il ne s'agit pas d'une ferveur aveugle, et d'une foi hermétique, coupée du monde, mais, bien au contraire, d'une communion avec l'univers, comme il le dit, dans sa "totalité". Par ailleurs, le 2ème indice, qui nous dévoile le lien naissant et invisible qui unit Maroussia à l'inconnu, est un court poème récité en voix-off : "Chaque instant de nos rendez-vous / Était épiphanie pour nous / Nous deux, seuls sur la terre, / Hardie et plus qu'une aile d'oiseau légère, / Tu dévalais les marches comme un vertige."
Plan 15 : 11' 00" : Plan général de la datcha avec la fenêtre ouverte par laquelle un livre s'envole et tombe vers l'extérieur. C'est comme un second rappel du coup de vent qui a soufflé. C'est aussi un fait qui a une résonance sur l'épisode de l'imprimerie. Le poème continue, il devient de plus en plus suggestif sur l'existence d'un lien intime et affectif qui lie le couple :" Tu m'emmenais dans tes états / De l'autre côté du miroir, / Et quand vint la nuit, / J'ai eu enfin droit à la clémence, / S'ouvrirent les portes du sanctuaire, / et la nudité éclaira les ténèbres / et s'incline doucement."
Liens spécifiques du film
Voir : Miroir (Le)
Notes et références
- ↑ - Le passant : " Qu'est-ce que vous faites là ?
- Maroussia : " Je vis ici."
- Le passant : "Où, sur la clôture ? J'ai pris tous les outils, mais j'ai oublié la clé. Vous n'auriez pas un clou ou un tourne-vis ? Pourquoi vous êtes si nerveuse ? Donnez-moi votre main, je suis médecin. (En lui saisissant la main et très ému) Vous me gênez !
- Maroussia : "Faut-il que j'appelle mon mari ?"
- Le passant : " Vous n'avez pas de mari, on ne voit pas d'anneau." - ↑ Andreï Tarkovski, Le Temps Scellé, op. cit., p. 105.
- ↑ France Farago, "La réalité plénière du spirituel, Andreï Roublev", dans Andreï Tarkovski, Etudes cinématographiques, op. cit., p. 25.