Les Ailes du désir.
Les Ailes du désir.

Titres des films

Mode d'emploi de la figure (mot) et abréviations

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée (min.)
Ailes de l'Enfer (Les) Con Air West Simon Rosenberg S. 1997 USA 110
Ailes de la colombe (Les) Wings of the Dove (The) Softley Lain Amini H. 1998 USA 102
Ailes de la nuit (Les) Night Flier (The) Pavia Mark Pavia M.
O'Donnell J.
1997 USA 93
Ailes du courage (Les) Wings of Courage Annaud J.-J. Annaud J.-J.
Godard A.
1996 France
USA
50
Ailes du désir (Les) Der Himmel über Berlin Wenders Wim Wenders W.
Handke P.
1997 USA 126
Battement d'ailes du papillon (Le) Battement d'ailes du papillon (Le) Firode Laurent Firode L. 2000 France 90
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Autres titres de films

Titre Titre original Réalisation Scénario Année Pays Durée (min.)
Andreï Roublev Andreï Rublyov Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Konchalovsky A.
1969 URSS 215
Aviateur (L’) The Aviator Scorsese Martin Logan J. 2004 USA 170
Brasil
§. Les ailes de Sam Lowry (Jonathan Pryce) : l'homme volant
Brasil Gilliam Terry Gilliam Terry, McKeown Charles, Stoppard Tom 1985 Angleterre 142
Into The Wild
§. Plan 1126
Into the Wild Penn Sean Sean Penn,
roman de Jon Krakauer
2007 USA 147'
Nostalghia Nostalghia Tarkovski Andreï Tarkovski A.
Guerra T.
1983 URSS
Italie
130
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Photogrammes extraits des films - Analyse et liens spécifiques du film.

"L'aile" dans Andreï Roublev, d'Andreï Tarkovski

C'est la séquence de la Passion du Christ sur une terre enneigée.

Photogramme - Aile 1 : Andreï Roublev, Plan 92. Le bout d'étoffe ne suggère-t-il pas une figure "d'aile" ?
Photogramme - Aile 1 : Andreï Roublev, Plan 92. Le bout d'étoffe ne suggère-t-il pas une figure "d'aile" ?

Plan 92-45[1] : 47' 20" :
Gros plan sur le bout d'un drap qui flotte sur l'eau. (Cf. Photogramme Aile 1.) Zoom arrière et en plan rapproché du Christ accroupi au bord de la rivière. Il retire l'étoffe de l'eau, il s'essuie le visage. Le bout de l'étoffe ne suggère-t-il pas une figure "d'aile" ? Est-ce une métaphore du baptême du Christ ?


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Liens spécifiques du film

Voir : Andreï Roublev


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Nostalghia, d'Andreï Tarkovski

L'église inondée - Pré-figuration et trans-figuration : Le poème, la plume et l'ange : figures ascensionnelles

« Et nous : spectateurs, toujours, partout,
tournés vers tout cela et jamais au-delà ! »

— R. M. Rilke.[2]

Plan 83 : 1h 17' 40" : C'est un plan rapproché d'une fontaine d'où jaillit une eau abondante (83a). Le Poète, visiblement saoul, marche en titubant dans une église en ruine, inondée. Il est mouillé jusqu'au genou. Un livre à la main, il récite un poème, d'un ton grave, et d'une façon discontinue : (83b)

"Enfant, je tombai malade de faim et de peur / J'arrache des petites peaux de mes lèvres. / Dans le souvenir, je lèche des traces de sel et de fraîcheur. " (...) Ma mère vole sur le pavé / Fait des signes de la main et s'envole. (...)

Ce poème fait appel à l'histoire de la "genèse du film". Un indice va nous intéresser particulièrement : c'est "la plume blanche"[3], qui s'interpose dans le livre, en tant que métaphore d'une "Aile en mouvement". Nous citerons la fin du poème, car en fin de compte, ce poème est la quintessence même du film, "son hymne invisible". D'autre part, "la plume blanche" est un fait capital, car il est à l'origine du film.

(…) "... Et blanche au pied du lit se trouve l'infirmière, Ailes en mouvement. Et tous sont restés là. Ma mère vint, et fit un signe de sa main - Elle s'est envolée ..."[4]

Dans son livre, Le Temps Scellé, nous décelons à travers la plume un certain nombre d'indices "d'image ascensionnelle" : l'escalier d'honneur (vers 6)[5] , les sept pas (v. 12 et 14), les cheveux aux galops (v. 18), le pont (v. 19), les ailes en mouvement (v. 26). Ces indices sont à mettre au rang des principes fondamentaux que Bachelard a appelé "psychologie ascensionnelle" (…) : "L'invitation au voyage aérien, si elle a, comme il convient, le sens de la montée, est toujours solidaire de l'impression d'une légère ascension."[6] Le philosophe cite Ramon Gomez de la Serra : (…) "Dans l'homme tout est chemin." Et il ajoute pour sa part, (…)"Tout chemin conseille une ascension. Le dynamisme positif de la verticalité est si net qu'on peut énoncer cet aphorisme : qui ne monte pas tombe."[7]

Il reste "une combinaison", celle d'une "échelle graduelle" qui est suggérée par l'équation suivante : mère → plumeange. Cette combinaison s'engage, comme le décrit Bachelard, dans une espèce "d'opération spirituelle".[8] Dans Le Temps Scellé, Tarkovski subsume l'être originel, la mère en plume, pour devenir dans Nostalghia, un ange. Nous verrons qu'au plan 94, l'opération est encore plus étrange, et plus mystique, puisque le plan de la plume qui tombe est précédé par un dialogue entre "le Seigneur" et "une Sainte".

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Liens spécifiques du film

Voir : Nostalghia

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Croyances Symboliques et / ou Superstitieuses

"L'image de l'aile évoque aussitôt l'univers céleste et ceux qui, rompant avec la pesanteur de l'ici-bas et le poids des corps, se meuvent dans un monde de légèreté associée à la spiritualité et à la quête de celle-ci. Dans l'iconographie chrétienne, la colombe n'est-elle pas le symbole de l'Esprit Saint ? Les créatures ailées sont d'ailleurs bien souvent les messagers des dieux.

Les ailes suggèrent immanquablement le vol et la liberté d'atteindre ou du moins d'approcher le Paradis. Elles symbolisent alors cette recherche du sublime, cette libération de ce qui entrave l'homme et le soumet à ses pulsions terre à terre.

On retrouve le symbolisme du vol et des ailes dans les traditions du taoïsme, du bouddhisme ou de l'hindouisme. Les ailes évoquent alors la connaissance majeure. " Celui qui comprend a des ailes ", dit un Brâhmana (Pancavimca Brâhmana, XIV, 1, 13) tandis que le Rig Veda (VI, 9, 5) précise que "l'intelligence est le plus rapide des oiseaux ". On sait aussi que le "vol" bouddhique est réservé aux seuls initiés. La tradition islamique intègre aussi la symbolique de l'aile. Ainsi, en 629, le porte-drapeau des armées islamiques, Djaâfar, perd-il les deux bras au combat et les voit-il remplacés par des ailes."

Texte de Miguel Mennig, article : Ailes © Eyrolles Pratique : www.editions-vm.com

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Voir aussi


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Notes et références

  1. Le premier chiffre correspond aux plans du film depuis le début du film, le second chiffre aux plans du film depuis le début de l'épisode.
  2. Elégies de Duino, Huitième élégie, (…) "Und wir : Zuschauer, immer, überall, / dem allen zugewandt und nie hinaus !" traduction de J. - P. Lefebvre, Éditions Poésie/Gallimard, (1922) 1994, pp.92-93.
  3. Qu'on a déjà vue au plan 17, et qu'on verra au plan 95. Pour dire l'importance de ce poème et de son développement dans le film.
  4. Andreï Tarkovski, Le Temps Scellé, traduit du russe par Anne Kichilov et Charles H. de Brantes, Éditions de l'Étoile/Cahier du Cinéma, 1989., p.85. Les traductions (celles du livre) sont de Claude Ernoult.
  5. Cf. Le poème, Enfant quand j'étais malade, op. cit., p. 85.
  6. G. Bachelard, Air et les songes, op. cit., p. 16.
  7. op. cit., p. 18.
  8. Ibid, p. 55.


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Dernière modification le 15 janvier 2015, à 16:56